Chapitre 1
C'est au milieu de ma troisième que j'ai rencontré une fille qui a changé ma vie, pour le meilleur et pour le pire... Cette fille c'était l'orage et le beau temps à la fois, le calme et la vivacité incarnée, elle avait ce petit quelque chose des gens qui ont gardé leur fleur d'enfance. Sa présence était rafraichissante par ses petites mimiques, sa parole dénuée d'hypocrisie, sa curiosité face à des choses que nous regardions déjà, du haut de nos 15 ans, d'un air blasé.
J'avais déjà, à ce moment là, choisi que la vie que je vivais ne m'intéressait pas et qu'il fallait seulement que j'attende, sagement, la suite... le mieux... autre chose quoi ! Alors je patientais, sans vraiment savoir si un jour ce serait véritablement mieux, je regardais défiler ma vie en vivant par procuration de mes personnages de séries. Je restais passive et ne supportais le collège et tout ce qu'il comprennait que grâce à mon monde à moi, celui que je m'étais construit à Chichilianne, où se trouvait une ferme équestre dans laquelle je passais mes vacances. Ce monde là n'était ni tout à fait inventé, ni tout à fait réel, il était basé sur des impressions de relations que je pensais...voulais... construire avec ceux qui le composaient. Ma timidité m'empêchait de tenter quoi que ce soit pour rendre ces relations réelles, palpables et plus intenses... Alors j’espérais secrètement qu'on me comprenne et que l'on m'aide à les construire et comme rien ne venait, je m'inventais ce que cela aurait pu être et je le racontais à mes amies, une fois rentrée chez moi. Je me sentais comme une imposture où que je sois... à Chichilianne... Chez moi...Devant mes amies. Il me semblait que partout, je jouais un rôle, d'un côté celle de la fille timide mais parfaite qui avait de bonnes notes et semblait heureuse et de l'autre celle qui prenait beaucoup de responsabilités et qui était aimée et attendue à cette ferme dont je parlais sans cesse. Mes amies d'alors ne me connaissaient pas et ne me comprenaient pas, mais je ne pouvais les blâmer car je leur cachais tant de choses qu'ils auraient été bien trop dur d'essayer. Je ne m'ouvrais à personne et me glissais tant bien que mal dans le moule qu'on avait bâti pour moi, je travaillais au minimum, je rapportais un bulletin correct à mes parents, j'étais la fille mature qui avait grandi trop vite et qui ne se retrouvais pas dans ce monde de collégiens, je justifiais ainsi mon manque d'envie des garçons, par leur manque de maturité. Mes amies, au nombre de deux, sortaient , elles, avec des garçons, relativement souvent, et je me voyais alors devenir la confidente d’espoirs plus ou moins vains, d'amours passionnés et de déceptions cuisantes parfois. Je soutenais leurs arguments qui me décrivaient le plus beau mec de l'école et ceux qui, une semaine après, me parlaient de ce « gros con ». Enfin voilà, j’étais un peu en perdition, mais elle était lente et doucereuse alors je la supportais sans rechigner trop.
Mais cette année de troisième a bouleversée ma vie, et changé ma façon de voir ce monde réel qu'est le notre, j'ai enfin pu l'observer, voir comme il pouvait être beau, étonnant et excitant à la fois. Cette année là, alors que nous avions passé trois ans avec la même classe inchangée depuis la sixième, ils décidèrent de nous mélanger avec l'autre classe de musique du collège. Pour vraiment comprendre l'effet que cela a fait il faut que je vous dise ce que signifiaient ces deux classes. Nous, la 4, nous étions les cancres, qui faisaient du chahut, avaient de mauvaises notes etc... Au contraire la 1 représentait l'exemple à suivre, elle regroupait les quelques danseurs et les allemands première langue, autant dire les intellos. Ceux là étaient toujours cités pour nous dire comme nous étions indisciplinés. Donc, cette année, ils prirent la décision de nous classer par seconde langue, peut-être pour mixer, mélanger et tirer les cas en perdition vers le haut grâce à de bons exemples.
J'entrai alors avec mes amies dans la nouvelle troisième 4 dans laquelle des 1 s'étaient insidieusement glissés, nous nous regardions sans comprendre vraiment pourquoi cette année. Pourquoi nous avoir bouleversés ainsi en changeant pour cette dernière année ? Même si j'étais heureuse du changement car nous avions perdu ainsi des personnes que je n’appréciais guère, je n’espérais pas grand chose de cette nouvelle classe, j'étais bien trop blasée du collège pour cela. Et j'avais grand tort de penser ça car, dans cette salle où je m'ennuyais déjà alors que la professeur commençait à peine son discours de début d'année, se trouvait celle qui allait changer ma vie.
Je ne crois pas que je l'ai remarqué ce premier jour, peut-être bien, il faut dire qu'elle était remarquable avec ses vêtements colorés dans ce monde de noirceur collégien.
Chapitre 2
L'année a donc commencé, j'ai attendue avec impatience les vacances de Toussaint pour aller faire du cheval comme chaque année, j'ai déprimée quand je suis revenue à la ville, la veille de la rentrée.
J'ai repris les cours sans motivation pour me lever, sans envie autre que celle que les vacances reviennent vite. Et puis, quelque chose de nouveau est arrivé, une nouvelle amitié : la découverte d'un être exceptionnelle. Aurore était quelqu'un de brillant dans tous les sens du terme, dans sa prestance, sa parole, en cours, en langue, en musique... Je crois que ma fascination a tout d'abord été une grande curiosité et de l'admiration principalement, toujours est-il que son amitié est tout de suite devenue une chose très importante pour moi au point que je me demandais si j'avais vraiment eu des amies jusque là.
Je découvrais une nouvelle personne, quelque chose qui ne m'était pas arrivé depuis trop longtemps et rien que cela, c'était déjà beaucoup. Je restais relativement la même mais cette rencontre apportait un peu de vent dans ma vie. Elle est assez vite entrée dans mon « groupe » d'amies, bien que se soit moi qui ait incité ce mouvement et que j'étais celle qui l’appréciais le plus. Je pense qu'elle les intimidaient, comme beaucoup de gens d'ailleurs, et que cela les mettait mal à l'aise en sa présence. Moi mis à part que je me rendais compte à quelle point j'étais à la dérive dans ma vie, dans mes choix, je ne me sentais pas intimidée, ou alors si mais ça ne la rendait que plus attirante à mon goût. Ça n'était pas encore la grande révélation mais je me sentais déjà mieux, plus heureuse, je me sentais tout de même bien inférieure à elle mais je le mettais de côté pour profiter de sa présence. De plus, elle n'était absolument pas vantarde, et pourtant elle aurait eu de quoi, elle restait simple et curieuse, elle arrivait même à me faire sentir utile lorsqu'elle cherchait des mots particuliers en français alors qu'ils me venaient, à moi, très facilement. Elle m'interrogeait sur les chevaux, feignant sûrement de ne rien y connaître, pour me faire parler. En cela elle était tellement plus mature que moi, elle avait, je suis sur, conscience de ce dont j'avais besoin pour être avec elle.
Puis les vacances de Noël sont arrivées et, alors que nous faisions une énième bataille de boules de neige dans la cour, Aurore vint me demander si je voulais venir à une fête chez elle pendant les vacances et si en plus je voulais rester dormir chez elle. Je ne devais pas parler de ce second élément car je serai la seule à pouvoir en bénéficier. Je me suis sentie bêtement flattée qu'Aurore m'invite, il faut dire qu'elle semblait tellement géniale et n'ayant besoin de rien, que je me demandais si mon envie d'amitié était réciproque. Je savais qu'elle n'avait pas beaucoup d'autres amis, au collège du moins, mais c'était pour moi un signe d'indépendance plus qu'autre chose ce qui me faisait me dire qu'elle ne tenait sûrement pas autant que moi à notre relation.
Quand elle m'a invité elle m'avait inconsciemment montré qu'elle m’appréciait particulièrement alors que j'étais si insignifiante et peu intéressante à mon goût. Bref j'étais sur un petit nuage après ça et j'attendais avec impatience autre chose que le cheval pour une fois ! J'ai passé Noël chez ma grand mère avec mes frères et sœurs revenus de leurs vies d'adultes pour l'occasion. J'ai passé mes jours à mon passe-temps préféré : regarder des filmes et des séries d'ados nian nian.
Puis un soir alors que je m'ennuyais un peu, puisque regarder des films ça va un moment mais il faut savoir varier les plaisirs, Aurore a appelé. Elle voulait me passer l'adresse où aurait lieu la fête, nous avons alors discuté de tout et de rien pendant plus de deux heures, nous avons parlé politique, futur, envies et encore politique. Et quand est venu le moment de raccrocher, je n'en avais pas du tout envie, j'avais l'impression que notre discussion n'avait duré que quelques instants, j'en voulais encore, je voulais en savoir plus sur elle et lui parler encore et encore ! J'ai donc raccroché à contre cœur et j'ai repris ma non-activité...
Ce soir là au moment de m'endormir, comme à l’accoutumé, je me racontais des histoires où je vivais des histoires d'amour avec des garçons hors du commun. Mais soudain, je me suis imaginée remplacer ces garçons mystérieux aux visages indéfinis par Aurore et, ce qui était une idée un peu en l'air tout d'abord est devenue, au fur et à mesure que j'explicitais la chose, une envie qui grandissait en moi. Pour commencer, cette fois une histoire que j'imaginais était plausible rien que par la réalité tangible de la personne concernée et de plus je me figurais que si cette « amitié » était aussi importante pour moi c'était peut-être parce que c'était plus profond que cela. Autant dire que mon esprit a cogité cette nuit là, j'ai réfléchi à cela en tournant et retournant les différentes questions que je me posais : comment montrer que l'on ressent plus que de l'amitié pour quelqu'un ? Et surtout par rapport à une fille ? Est-ce cela être homosexuelle ? Est-ce définitif ? Est-ce que ce n'est pas parce que je n'ai jamais eu de véritable amie jusque là que j'ai ce sentiment ? Puisque en vérité je ne ressentais rien physiquement parlant, je veux dire au niveau du sexe ! Est-ce une obligation de ressentir du désir ? Si je ne le ressens pas, je ne suis pas amoureuse ? Enfin bref je vous épargne la suite vous avez compris l'idée.
Il se trouve que l'homosexualité était un sujet peu abordé... ou plus exactement, pas abordé chez moi, j'étais donc particulièrement inculte face à cette nouvelle culture. Ainsi j'avais très légèrement conscience de, pardonnez-moi l'expression, « l’existence d'homosexuelle » et c'est pourquoi cette question qui m'est venue a bouleversé ma vision du monde qui m'entourait. Je connaissais bien sur la plupart des mots les plus courants que l'on donne aux homosexuels filles et garçons. J'avais une amie qui me parlait d'un oncle lointain habitant aux États-Unis qui était homosexuel mais je n'y avais jamais porté aucune importance ne me sentant pas concernée par le sujet. C'est comme si soudainement le monde se peignait de plus de couleurs et que sur ma vie se dessinait de nouveaux reliefs, l'arbre des possibilités se ramifiait un peu plus.
Bon, je l'avoue, ces considérations ne me sont venues que plus tard dans l'année, cette nuit là j'ai juste expérimenté ce nouveau sentiment en imaginant jusqu'à ne plus en pouvoir tous les scénarios possible. A partir de ce jour là, il m'est devenue très difficile de ne pas penser en permanence à Aurore, de ne pas vouloir la voir tout le temps et ce besoin fut comme un nouveau but, un nouvel ancrage pour ma quinzaine qui s’essoufflait. J'ai donc attendu avec impatience le jour de la fête avec un caractère exécrable car malgré mon apparente tranquillité face à ma « révélation » j'étais tout de même gênée et un peu perdue puisque pour la première fois, je ne pouvais raconter à personne ce qui m'arrivait, je ne m'en donnais pas le droit... trop étrange...trop insolite...
Chap 3
Puis le jour fatidique est arrivé, pour la première fois je prenais le temps de me pomponner, je bouclais mes cheveux désespérément lisses, je soulignais au noir mes yeux verts bien trop petits à mon goût et je rougissais mes lèvres pour mieux trancher avec ma peau blanche. Bref j'essayais de me faire belle avec mon corps, fruit d'une ingrate adolescence qui avait troqué mon corps d'enfant contre un corps de femme encore inabouti. J'allais à la soirée qui se passa dans une atmosphère tranquille puisque, si sa sœur avait invité une dizaine de jeunes, Aurore, elle, n'avait invité que Julia, une autre fille du collège, et moi. Puis vint le moment de partir, pour le commun des mortel en tout cas, parce que moi j'avais le privilège de rester dormir. Je découvris alors son appartement, puisque la fête avait eu lieu dans une maison prêtée par des amis de la famille, et fis irruption dans un monde de couleurs, de livre et de musique. Le salon aurait pu me paraître dérangé mais il m’apparus en fait très harmonieux, c'était un monde d'imagination à lui tout seul : des livres titrés en anglais, en russe ou encor en espagnol s'étalaient sur tous les murs de la petite pièce. Les instruments de musique sortis de leurs housse trônaient fièrement dans ce décor hétéroclite, le sapin ; vestige de la nuit de noël, semblait s'épanouir encore tant il était chargé de décoration et d’élans artistiques. Bref l'endroit était enclin à la rêverie et à l'extravagance, ce qui, je trouvais, correspondait plutôt bien à Aurore. Sa chambre était dans le même style, elle était composée de deux lits en hauteur, un pour elle, un pour sa sœur. Le siens était à l'image de son salon puisqu'elle avait construit en dessous de celui-ci un petit univers composé d'objets insolites qui invitaient à l'interrogation plus que tout et je n'ai d'ailleurs pas encore découvert aujourd’hui tous les secrets qu'il recèle... Nous avons alors discuté pendant la majeure partie de la nuit et je crois que le liens entre nous c'est renforcé à ce moment. Le lendemain, nous jouâmes comme deux enfants sur un branche coincée au bord du rivage de la rivière qui avoisinait son immeuble, je redécouvrais l'envie d'imaginer des contes, d'utiliser ma capacité à faire de belles phrases pour écrire, parler, raconter à tous... Je retrouvais la faculté de partager, de me confier, en bref je réinvestissais ma vie.
On ne peut pas dire que j'ai eu une révélation, que j'ai changé du tout au tout en un rien de temps, et si je vous le disait vous ne me croiriez pas, la métamorphose s'est faite petit à petit et elle à était entièrement voulue. Et je pense que c'est essentiel, on ne change pas sans s'en rendre compte, à part physiquement, il faut le vouloir pour incliner son évolution d'un chemin à un autre. Cette année là j'ai redécouvert ma joie de vivre et une motivation pour me lever le matin. En effet chaque nouveau jour je me disais « quoi qu'il arrive je vois Aurore aujourd'hui » il m'arrivais même de ne pas avoir envie d'être en week-end si je savais que je ne la verrais pas. J'ai aussi cette année là ré-expérimenté l'amour, parce qu'après mes expériences infructueuses avec les garçons je me pensais incapable de ressentir un tel sentiment, et je ne l'ai pas aimé n'importe comment. Cet amour était inconditionnel, épatant d'intensité, révélateur et... et désespérément unilatérale. Oui parce que là vous attendez tous le moment où je me déclare! Mais je vous le dit clairement: «ne cherchez pas, il n'arrivera pas!» enfin pas tout de suite, c'est trop tôt. Non non, ne croyez pas que je vous est gâche le suspens, rassurez-vous et patientez...
Donc je ne lui est absolument rien dit, déjà je ne voyais pas comment lui dire, ensuite je n'imaginais même pas vivre un refus et je trouvais ça moi même un peu bizarre le coup de la fille amoureuse de sa meilleure amie. Donc j'attendais un signe quelconque de sa part qui bien sur n'arrivait pas puisque qu'Aurore n'était pas amoureuse de moi et n'avait aucune conscience de mon sentiment, et je la comprenais tout à fais, j'étais une ado en pleine recherche d'elle même, mal dans sa peau et hyper timide qui ne montrait que peu ses émotions, je n'avais rien pour moi.
Chap 4
La seconde étape, qui à suivie de façon radicale et cassante la première, fut la haine, ne dit-on pas d'ailleurs que l'amour et la haine sont très proche? Quelques semaines avant le brevet j’eus une discussion houleuse avec ma mère concernant mes notes et mon avenir puisque mon bulletin entrait en jeu dans le choix de mon lycée. J'avais choisis de mettre en premier vœux un lycée relativement réputé, dans un option sélective, non par envie particulière mais parce qu'Aurore avait elle aussi demandé ce lycée. L'autre choix était mon lycée de quartier dans lequel j'avais toujours dit que j'irais parce que c'était un endroit engagé où tous mes frères et sœur étaient passés. Enfin bon, je me disputait alors avec ma mère, comme il était de coutume à chaque nouveaux bulletins, au sujet de mes résultats du brevet blancs, qui n'étaient, il faut le dire, pas fameux fameux. Cette engueulade dans laquelle ma mère me reprocha d'être passive, de passer mon temps devant des séries et d'avoir la tête dans les étoiles me secoua particulièrement parce que c'était la première fois que ma mère me reprochait cela (bon d'accord par pour les séries) et je mis ce nouveau comportement sur ce sentiment qu'il me semblait ressentir pour Aurore. À partir de ce moment là, je décidais qu'elle n'avais pas du tout était une bonne chose pour moi, qu'elle était en plus totalement insensible à ma personne si elle n'avait pas remarqué mon trouble. J'essayais alors de lui mettre tous mes problème sur le dos et je n'en suis pas fière aujourd'hui. Dès lors je devins distante avec elle, sans raisons aucune à lui donner, je pense qu'elle en à souffert mais cela m'a été utile parce que mon sentiment encore trop précoce et non maitrisé c'était mué en admiration inconditionnelle et maladive jusqu'à me trouver tellement nul par rapport à elle et à ne plus avoir confiance dans mes capacités. Autant dire que j'étais du genre «tout ou rien»! Je passais donc mon brevet en m'éloignant de Aurore en me rapprochant de mes anciennes amies que j'avais un peu délaissées. Et puis vinrent les annonces concernant nos lycées respectifs. Comme je n'avais pas eu d'excellents bulletins, je pensais ne pas être prise dans le lycée où Aurore allait aussi et cela m'arrangeait bien, je m'étais faite à l'idée que j'irais dans mon lycée de secteur et que je ne la reverrais jamais. Mais hélas le destin fais bien les choses puisqu'une semaine après mon brevet j’apprenais que j'avais été accepté dans ce fameux lycée. Sur le moment j'en aurait pleuré. J'allais me retrouver avec une fille que je détestais, dans un lycée inconnu et je ne verrai plus mes amies, du fait, malgré l'arrivée des vacances je n'arrivais pas à me réjouir et je redoutais cette rentrée au lycée plus que tout. Moi qui l'avais attendue pendant si longtemps, il me semblait avoir louper le coche et m'être trompé de chemin... Je passais donc l'été à ruminer cela tout en essayant au maximum de l'oublier. Puis la rentrée arriva inévitablement, inexorablement devrais-je dire... Je la redoutais comme jamais je n'avais appréhendé un jour pareil... Je me savais peu encline à faire facilement des connaissances, le contraire d'Aurore, et je ne voulais pas devoir dépendre d'elle pour me faire de nouveaux amis. Et c'est pourtant ce qui c'est passé, il est difficile de lutter contre sa nature, j'ai fais comme si de rien n'était en apprenant à user du sarcasme et de l'ironie pour tenter de lui faire mal sans en avoir l'aire. Ridicule et absolument inefficace puisque je sais maintenant qu'elle ne s'en est même pas rendue compte. Et nos amis, que nous avons toujours, sont devenus tel grâce à elle. Ce début d'année je m'investit très peu dans le lycée et dans ma classe, il m'apparait d'ailleurs comme flouté et en pointillés, comme s'il y avait des parties manquantes... Je séchais pas mal de cours, découvrant la liberté du lycée, et essayait au maximum de ne rester que rarement après les cours prétendant un quelconque je ne sais quoi à faire. Je n'étais pas heureuse, et ce n'était pas du tout ce que j'avais pu imaginer du lycée, de plus je voyais en parallèle mes amies du collège qui trouvaient tout naturellement leur place dans leur lycée et moi je restais là, le cu entre deux chaises, je ne me sentait pas à ma place....
Chap 5
Enfin bon, une fois qu'on a touché le fond, on ne peut que remonter me diras-t-on! Et j'ai remonté la pente, encore une fois, sinon grâce à Aurore, du moins à l'amour que je lui portais et l'envie de lui plaire qui me revins une nuit. Cette nuit là je fis un rêve, comme un message claire et nette de mon inconscient, où je vivais une histoire d'amour avec Aurore, ce rêve réveilla en moi tous les sentiments refoulés que j'avais pour elle et je décidais alors, avec une ferme détermination, de la séduire coûte que coûte!! Je voulu tout d'abord me déclarer directement, car il me semblait que mon erreur de l'année passée avait été de ne rien révéler, mais devant mon incapacité à lui en parler je décidais de me taire et d’apparaître, sinon désirable, au moins intelligente et drôle à ses yeux. Pour moi cette année fut un tournant dans mon choix d'évolution car je décidais que je voulais être quelqu'un de facile à vivre, à comprendre et à apprécier. Et cela était loin de mon idéal stoïque présenté par mes frères et sœur entre autres, mon but été alors de faire tout ce qui pourrait lui plaire. Je la savais joueuse, il me fallait apparaitre comme tel, elle aimais à faire des choses insolites, je prenais mon courage à deux mains et l'accompagnais. Tout été prétexte à lui plaire, sauf que quand on joue à un jeu on est pris par son personnage et moi j'étais tellement dans mon rôle que je me suis confondue avec mon image et je suis devenue celle que je voulais être à ses yeux. Vous pourrez me faire tous les reproches que vous voulez : me dire que j'ai joué avec mon image, que ce n'est qu'une apparence, que j'ai triché ou je ne sais quoi d'autre... Toujours est-il que je l'ai fait et que la personne que je suis devenue grâce à ça je l’apprécie enfin ! Ainsi, en changeant de tempérament j'ai enfin réussi à m'accepter tel que j'étais et à vivre en mon temps avec joie. Bien sur restait le problème de mon sentiment inavoué qui, au fur et mesure que notre amitié se renforçait, ne cessait de grandir. J'avais, une fois, tenté d'en aborder les prémisses mais je n'avais pu qu'avouer un faux sentiment envers une amie à moi, j'avais juste avant effleuré l'idée que j'aurais pu être amoureuse d'elle et elle avait eu une réaction qui m'avait fait faire marche arrière jusqu'à un certain point. Elle me croyait donc attirée par une amie du collège ce qui m'arrangeais en quelque sorte puisque j'avais enfin quelqu'un avec qui parler de tout ça sans avoir besoins de prendre de risque. Mais à partir de ce moment là quelque chose dans notre relation changea, une nuit alors qu'elle dormait chez moi, dans le lit deux places que j'avais, elle passa un bras par dessus mon dos et colla son buste contre mon dos. Autant dire que je n'ai pas franchement dormi cette nuit là parce qu'en plus d'une foule de questions qui me tenaillaient, je connus pour la première fois le désir physique pour une personne en particulier. Dans le lit, nos corps s'emboitaient, sans vraiment se toucher explicitement pour autant, et sa jambe se plaçait sur mon sexe et ses mains s'étendaient en de langoureuses caresse sur mon dos et mon ventre. Je lui rendais la pareil tout en me questionnant sur le sens de ces gestes et l'importance qu'elle y portait, alors qu'elle insouciante me répondis que « non elle ne faisait pas ça avec toutes ses amies » mais « c'était juste une envie comme ça » et surtout que « je me posais trop de questions ». Je n'insistais pas et profitais de ce moment agréable... très agréable... Cette relation ambiguë dura pendant plusieurs mois et si je puis dire ainsi ; elle s'empira. Pas que ces moments n'étaient pas agréables mais ils étaient pour moi une torture car je ne savais pas ce que cela signifiais pour elle et qu'elle avait un comportement plus qu'amicale pendant la nuit et au matin elle n'abordait pas le sujet. Enfin moi non plus puisque j'étais morte de trouille qu'elle s'arrête. Donc elle s'empira parce que les caresse devinrent plus insistantes, les mains plus baladeuses et l'envie plus forte. Petit à petit les seins que nous évitions scrupuleusement furent esquivés avec plus de laissé allez, nos corps se rapprochèrent et s'imbriquèrent plus précisément et nos bouches jusqu'alors inactives se mirent à mordre. Tout devenait plus sensuel et plus excitant, chaque geste était plus sexuel mais il semblait que nous nous interdisions à franchir La barrière ultime qui était capable de nous transporter de plaisir alors que nous en mourrions d'envie, enfin moi en tout cas;) mais rien ne se passait... Au fur et à mesure que l'équivoque de la situation augmentait je donnais moins d'importance à la signification de la situation et profitais justes de ces petits moments d'osmose corporel qui me suffisaient amplement. L'été passa dans cette semi-intimité qui me rendait encore plus accro à elle et alors que nous faisions ensemble une semaine de marche avec mes parents et des amis à eux, une nuit après avoir vu un magnifique feu d'artifice sur le lac du camping où nous étions nous avons franchie Le pas et nous avons fais l'amour pour la première fois. Ce fut bien sur très rudimentaire et simple mais le sens du moment et la découverte de la chose le rendais plus intense, il ne faut pas imaginer de découverte corporelle, de désinhibition ou autre. Mais à partir de ce moment là il nous est devenue indispensable d'être proche physiquement l'une de l'autre, c'était pour moi quelque chose d'important car si Aurore aimait le contacte avec les autres ça n'était pas mon cas jusque là. Et cette proximité physique représentais énormément pour moi de par sa nouveauté et son intensité. Puis la rentrée est arrivée avec son lot de déprime et de déception et pour cause Aurore n'était pas dans ma classe, je me retrouvais avec les amies que nous nous étions faites l'an dernier et elle était seule... Triste de se voir si peu nous faisions tout pour nous voir à la sortie des cours, quitte à rester une heure à attendre, les week-end et nous nous envoyons des mails. Puis nos mails tout d'abord simple et naïf devinrent ambiguë tout comme notre relation, des sous-entendus se glissaient peut à peut dans nos petits mots. Et un jours alors qu'elle devait me retrouver à la sortie du lycée pour qu'on aille voire ensemble une expo c'est son père qui vint à ma rencontre pour m'annoncer qu'elle avait eu un accident de vélo, qu'elle allait bien, mais qu'elle ne pourrait venir avec moi. Très déçus et un peu inquiète j'allais tout de même à l'expo avec ma mère et à mon retour un mail de sa part m'attendais. Elle écrivait qu'elle allait bien et qu'elle était triste de n'avoir pue venir et qu'elle pensait à moi... « un peu trop » rajoutait-elle à la fin. Un sourire béa sur mes lèvres je répondais finement l'aire de rien « est-il possible de trop penser à quelqu'un » cette remarque bien qu'un peu bête me permettait de la pousser un peu plus loin dans sa déclaration et c'est tout ce que je souhaitait. Le lendemain elle m'invita à aller voir un spectacle et de venir dormir chez moi ensuite, elle avait la lèvre bien amochée par l'accident et ne pouvait pas vraiment rire du fait. Cette soirée je le pense restera gravée à jamais dans ma mémoire... Allongées sur mon lit, enlacées nous dormions à moitié quand je me dis qu'il fallait que je dise quelque chose, je me retournais alors vers elle et dit : « Aurore, tu sais, je t'ai dis que j'étais amoureuse de Marion mais c'est pas vrai en fait... » Et là je ne pouvais plus continuer, je n'arrivais plus à dire un mots trop consciente de ce que je risquais de perdre.... Aurore m'a alors pris dans ses bras et ma dit : « Moi aussi... ».