LILLEHAMMER – A l’heure du monde et du cœur
Lundi 6 juillet 2009 – 21h30 |
Championnat du Monde / Bilan 1ere phase de poule |
Bonsoir à toutes et tous. Avant la reprise de la compétition et à la veille de ce jour de repos, je vous propose un petit récapitulatif de ce qu’il s’est passé ces 5 derniers jours. Dans la poule A, Le Danemark, la France et l’Allemagne dans cet ordre quittent Aalborg (Danemark) pour rejoindre Herning (toujours au Danemark) avec respectivement 4, 2 et 0 point au compteur pour le tour suivant. Elles seront rejointes par les trois première de la poule B : la Russie 4 points, l’Autriche 2 points et la surprenante équipe de l’Angola avec 0 point. Dans cette nouvelle poule, le Danemark à domicile semble bien parti mais la lutte sera sévère et elles devront laisser derrière la Russie et la France pour être sûres d’accrocher une des deux places qualificatives. Dans la poule C, la Norvège va quitter son camp de base de Larvik pour Lillehammer avec 4 points dans sa besace. Elles seront accompagnées par la Roumanie et leur 2 points et par la Hongrie 0 point. Leurs adversaires seront : l’Espagne 4 points, la Corée du Sud 2 points et la Chine. Le dernier match de la Norvège au tour précédent a été serré contre la Roumanie mais la rotation était importante chez les scandinaves. Elles vont recroiser dès demain les sud-coréennes et personne n’a oublié cette demi-finale au Jeux Olympiques où sur le buzzer ANDERSEN marquait le but qui qualifiait son équipe. La seule ombre au tableau pour l’instant est la blessure de LUNDE HARALDSEN touchée au coude gauche. Dans les tribunes de l’Arena de Larvik, il était possible de voir des banderoles de bienvenue au quatuor en prévision de la saison prochaine. Alors que pour le premier match toute l’équipe de Norvège portait un brassard noir en hommage à Hans KASLER, seule l’arrière droit le portait pour la suite de la compétition. Il a même été intégré à son maillot par l’ajout d’une bande noir au bas de sa manche gauche. Interrogée en conférence de presse Ikka SORENSEN a déclaré que c’était quelque chose d’important pour la joueuse et que c’était un moyen de ne pas oublier que sans lui, elle jouerait pour la France ou la Suisse. Rendez-vous après demain pour la reprise de la compétition. Bonne soirée ! |
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Liv posa ses sacs avec les autres près du car avant de se diriger vers les supporters qui attendaient pour un autographe ou une photo. Il était huit heures du matin et ils étaient déjà là. Elle ne put s’empêcher de sourire en voyant que des maillots de Larvik avaient déjà été floqués à leurs noms et aussi à l’hybride devenu célèbre : KASSEN. En parlant du couple, elles étaient, depuis leur arrivée en Norvège, littéralement happées par les journalistes, les fans et autres. Solveig faisait de son mieux pour protéger Dane mais cette dernière n’était plus la petite nouvelle et était à présent une vraie star de l’équipe. Ses statistiques étaient impressionnantes sur la première partie des Championnats du monde. Elle fleurtait avec les 85% de réussite au tir. Et commençait à avoir une sérieuse réputation de tireuse au-delà des 9 mètres.
Ikka donna le signal du départ et Liv capta le soupir de soulagement de Dane qui courut presque dans le bus pour se mettre à l’abri. Il y avait encore du travail pour qu’elle soit complètement à l’aise dans cet exercice. La gardienne s’installa derrière le couple et devant Katri qui était au téléphone avec Kjerstin. De son coté, Ellen avait été présente lors des deux derniers matchs mais avait dû partir hier soir car elle avait un rendez-vous. Elle ne lui avait pas dit où ou avec qui et la gardienne norvégienne sentait déjà comme un vide. Elle lui avait promis d’être là pour la rencontre face à la Corée du Sud mais elle aurait aimé partager son après-midi de libre avec la chirurgienne. Elle n’avait toujours pas réussi à lui parler et leurs différentes rencontres se traduisaient la plupart du temps par des séances de sexe torrides. Après les Championnats du Monde, elle devrait avoir cette conversation. Pour arrêter de réfléchir, elle appliqua la méthode de Dane, elle mit les écouteurs de son lecteur MP3 et lança U2.
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Mercredi 8 juillet 2009 – 19h00 |
Championnat du Monde / Norvège – Corée du Sud |
[…] Mi-temps : 14 – 13 La Corée du Sud n’est vraiment pas une équipe qui réussit à la Norvège. Après leur bonne entame de match et leur +3
AAMODT | 1 | (2') | 0 | | NØSTVOLD | 2 | (4') | 0 | | KASLER | 3 | (6') | 0 | | | 3 | (6') | 1 | YU E | Les joueuses norvégiennes n’ont pas réussi à maintenir l’écart. ARLENSEN est en difficulté sur les tirs à 6m. La pivot sud-coréenne, très basse sur ses appuis, semble échapper aux bras des grandes défenseuses scandinaves. Seule KASLER arrive à l’attraper quand elle vient dans sa zone. Du coté des buteuses, elles sont 8 à avoir marqué sur les 14 buts. KASLER mène les débats :
KASLER | 4 | AAMODT / NØSTVOLD / RIEGELHUTH | 2 | LARSEN / LOKE / ANDERSEN / BLANCO | 1 | La mobilité des joueuses sud-coréennes force les norvégiennes à jouer en passes rapides et elles ont du mal à trouver des intervalles. Les tirs à 8 ou 9 mètres sont compliqués par la montée rapide des défenseurs. Il va falloir trouver des solutions en deuxième mi-temps. |
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Liv jeta encore un coup d’œil dans les tribunes derrière leur banc mais la place d’Ellen était toujours vide. Elle avait espéré qu’elle ne serait qu’en retard et pas complètement absente. La gardienne norvégienne était en colère contre elle-même car elle n’arrivait pas à occulter de son esprit la non présence de la chirurgienne et cela jouait sur sa concentration. Elle était dans la situation qu’elle redoutait. Sa vie personnelle venait interférer avec sa vie sur le terrain. Tous les moments qu’elle avait passés avec Ellen avaient été intenses sexuellement. Elle ne connaissait pas cette partie de sa personnalité qui voulait masquer sa peur par du sexe débridé. La chirurgienne avait répondu favorablement à toutes ses envies et demandes. Elle lui avait même demandé de la mordre. Elle avait craint que la trace soit encore visible lorsqu’elle avait rejoint l’équipe mais que la sensation avait été bonne. Elle ne raconterait à personne la fois où elle avait réveillé Ellen au milieu de la nuit en la pénétrant avec son pouce et en s’allongeant sur son dos pour la plaquer contre le matelas. Elle avait fait des mouvements de va et vient en elle tout en caressant son clitoris avec son index. Liv avait aimé entendre les gémissements et le cri de délivrance d’Ellen mais au matin, elle avait eu honte de son comportement. Elle avait essayé de s’éclipser mais la chirurgienne l’avait retenue et attirée dans ses bras, sous la couette, en lui murmurant :
« Si je n’avais pas aimé ce que tu me faisais, je te l’aurais dit. J’aime que tu me surprennes. »
Liv était à présent assise dans les vestiaires. Elle n’arrivait pas à écouter le discours d’Ikka et encore moins relire ses notes sur les attaquantes sud-coréennes. Elle se demandait si se cogner la tête contre le mur, la ferait revenir à la logique. Elle sursauta presque en sentant la main de Dane sur son épaule
« On va l’attraper cette pivot. Elle va arrêter de t’embêter. »
* Si tu savais qui m’embête vraiment…* ***
[…] 35ème minute : 16 – 13 SORENSEN a modifié sa tactique. KASLER est en strict sur KIM O et verrouille la pivot. ANDERSEN glisse au poste d’arrière droit. C’est aussi KASLER qui prend à son compte la préparation des attaques. Dans cette partie où le défi physique est peu présent mais la vivacité primordiale, la sélectionneuse norvégienne s’appuie sur la vitesse et la précision de passe de KASLER et cela paye en ce moment
[…] 48ème minute : 22 – 20 Le match est un « à toi à moi » : un but pour un but ou un arrêt pour un arrêt. ARLENSEN est dans des stats tout à fait convenables pour cette compétition mais elle est en dessous de ses pourcentages d’arrêts à elle. Elle n’arrive pas à avoir le poids qu’elle a d’habitude sur le match. Ce qui montre bien l’importance qu’elle a dans l’effectif norvégien.
[…] 59ème minute : 26 – 27 ARLENSEN est bien présente pour fermer le tir. Elle détourne la balle sur son poteau mais manque de chance, le ballon au retour tape son genou et rentre dans la cage. Ce n’est pas le jour d’ARLENSEN. La Corée du Sud prend l’avantage à 25 sec de la fin. Fin du match : 27 - 27 KALSER s’appuie sur ANDERSEN avant de jouer les anguilles dans la défense pour aller maquer son seul but de la 2ème mi-temps mais qui permet à la Norvège d’accrocher le match nul. Un match compliqué comme à chaque fois contre la Corée du Sud. Le match nul est un moindre mal et il faudra gagner toutes les autres rencontres de la poule. KASLER vient de déclarer en interview d’après match : « que pour être championne du monde, il faut battre tout le monde. C’est toujours ce que nous avons en tête. Pas de calcul. La Corée du Sud est une équipe que j’aime rencontrer car elle a un jeu très différent et cela évite de s’endormir sur ses acquis. C’était un bon défi. » Il faudra attendre le prochain match pour savoir si ce résultat n’était qu’un accro dans le parcours. Prochain match : Chine – Norvège le 8 juillet (demain) |
***
Liv était la dernière dans les vestiaires. Son match avait été tellement merdique qu’elle ne voulait pas parler aux journalistes. Elle terminait avec 31% d’arrêt. Son plus mauvais score depuis au moins cinq ans en sélection nationale. Elle était émotionnellement fatiguée. Elle venait de ramasser son sac quand elle entendit frapper à la porte, elle vit la tête de Sol apparaître.
« Ça va ? »
—
Oui, j’arrive.
Solveig rentra complètement dans le vestiaire.
—
Je suis là si tu as besoin de parler. Je sens bien que quelque chose ne va pas.
—
Je me suis mise dans la merde toute seule et je ne vois pas trop comment tu pourrais m’aider.
—
Tu peux toujours essayer de m’expliquer. Je ne trouverai peut-être une solution miracle mais peut être un petit truc pour aider.
—
Dane ne va pas t’attendre ?
—
Ne t’inquiète pas pour Dane, elle est occupée de son côté aussi. Elle essaie de convaincre Katri de ne pas faire le mur pour rejoindre Kjerstin qui dort chez mes parents.
—
Ho ! C’est vrai que cela risque de lui prendre du temps surtout si elle doit l’attacher à son lit.
—
Si elle doit en arriver là, rappelle-moi de prendre des photos. Ellen doit aussi loger dans le chalet familial mais elle n’est pas encore arrivée.
Solveig avait sciemment évoqué la chirurgienne pour voir l’expression de son amie. Et elle ne s’était pas trompée. Le visage de Liv s’était complètement fermé.
—
Vous vous êtes disputées ?
—
Non, même pas.
—
Comment ça même pas.
—
Pour s’engueuler, il faut se parler.
—
Il me semblait que vous vous étiez vues pendant le stage et avant de venir ici.
—
Oui mais…
Liv ne termina pas sa phrase. Elle n’était pas prête à avouer à Solveig ce qu’elle avait fait avec Ellen lorsqu’elles s’étaient retrouvées. Elle dut même fermer les yeux pour empêcher d’autres souvenirs de remonter à la surface. Elle avait déjà été assez ébranlée par ses pensées à la mi-temps du match.
—
Mais vous étiez occupées à autre chose.
—
Oui.
Liv laissa tomber son sac et s’écroula sur le banc.
—
Liv tu as le droit d’avoir une vie sexuelle. Ce n’est pas un drame. Et ça n’a tué personne dans l’équipe.
—
Oh non ! s’exclama la gardienne en cachant son visage dans ses mains. Je ne voulais pas avoir ce genre de conversation avec toi quand nous étions en sport étude et je ne veux pas l’avoir non plus aujourd’hui.
—
Nous ne sommes pas obligées de parler de sexe. Je ne suis pas Katri. Nous pouvons juste parler de sentiments.
Solveig alla s’asseoir à côté de Liv et posa sa main sur son genou. Elle vit son amie inspirer un grand coup, avant de parler.
—
Comment tu as fait ?
—
Comment j’ai fait quoi ?
—
Pour gérer ta relation à distance avec Dane, pour la convaincre de te rejoindre.
—
Tu sais très bien que je n’ai pas vraiment bien géré et que je ne gère toujours pas bien l’absence de Dane. Tu m’as surprise plusieurs fois à regarder les vols pour Genève. Et tu étais assise dans mon canapé à me tenir la main quand elle était chez son Grand Père. Quand tu aimes quelqu’un il n’y a pas de recette miracle quand cette personne n’est pas là. Et en ce qui concerne le fait de convaincre Dane, il a fallu beaucoup parler…
—
Et comment on fait pour parler ?
—
On arrête le sexe !
—
Sol…
—
Je me moque mais c’est tout de même un début ou alors il faut parler après.
—
Sol !
—
Ok. Prends le temps de te poser avec Ellen. Vous n’êtes pas obligées de prendre une décision dans la semaine. Tu n’as même pas encore déménagé de Copenhague. Termine les Championnats du Monde et tu auras toutes les vacances pour clarifier la situation.
—
Oui. Tu as raison. J’en ai marre de me prendre la tête.
—
Il était peut-être temps que ça t’arrive, non ?
—
J’aurais préféré plus tard, après le hand.
—
Je ne suis pas sûre que la vie nous laisse le choix du moment.
—
Elle fait chier la vie !
—
Je ne te le fais pas dire. Je te propose de sortir de ce vestiaire et d’aller voir ce que Dane et Katri font.
—
Ok.
Les deux jeunes femmes se levèrent et avant de passer la porte, Liv retint Solveig.
—
Merci.
—
De rien. On remet ça quand tu veux. Ou quand tu en as besoin.
La capitaine poussa légèrement son amie en dehors de la pièce. C’était le moment de se changer les idées. Elle espérait que sa petite amie ait dû attacher Katri pour vraiment détendre l’atmosphère.
***
Jeudi 9 juillet 2009 – 19h15 |
Championnat du Monde / Chine – Norvège |
[…] Fin du match : 19 - 34 La Norvège s’impose +15 et encaisse moins de 20 buts. ARLENSEN termine avec des stat à 53% d’arrêts. Le match d’hier n’était qu’un accro dans le parcours de la gardienne internationale qui remonte à 49% sur l’ensemble de la compétition. AAMODT, KASLER et ANDERSEN s’en sont données à cœur joie, nous offrant même un kung fu à 3 : aile droite, aile gauche et remise au centre. Demain dernier match de poule conte l’Espagne qui déterminera le 1er de la poule. Dans l’autre poule cela se jouera entre la Russie et la France. Bonne soirée. |
***
Katri piaffait d’impatience pour être libérée. Elles avaient quartier libre ce soir et elle voulait aller rejoindre Kjerstin. La veille, Dane l’avait séquestrée dans sa chambre. Quand Solveig et Liv les avaient rejointes. L’arrière droit venait de la plaquer au sol pour l’empêcher de sortir par la fenêtre. Une interview et elle pourrait s’éclipser. Elle devait retrouver la photographe chez les ANDERSEN à qui elle avait laissé l’organisation de leur soirée.
Dane en avait fini avec les journalistes et s’était mise à l’écart pour essayer de joindre Ellen. Elle ne l’avait pas vue depuis qu’elles avaient quitté Larvik et Liv ne semblait pas avoir plus de nouvelle. Sur son portable, elle tomba directement sur sa messagerie et quand elle prit contact avec le CMS, sa secrétaire lui indiqua qu’elle était à Oslo.
Liv avait espéré voir Ellen aujourd’hui mais sa place était encore restée vide. Les appels sur son portable et son fixe étaient restés sans réponse. Sol lui avait proposé d’aller boire un coup ce soir mais elle ne se sentait pas de jouer la comédie. Elle avait juste envie d’être seule. Ses statistiques étaient bons mais c’était un leurre. Elle ne s’était pas sentie dans le tempo et avait dû sa réussite qu’à la maladresse de ses adversaires. Elle avait marché dans les rues de Lillehammer mais elle avait croisé trop de fans qui lui avaient demandé des autographes. Elle était allée frapper chez les ANDERSEN et Marit lui avait ouvert. La mère de Solveig lui avait fait une bise sur la joue et ne lui avait pas posé de question. Elle lui avait précisé que sa fille et Dane étaient sorties et que Katri était avec Kjerstin dans leur chambre. Elle lui précisa que si elle le voulait, elle pouvait s’installer dans la chambre qu’elle avait occupée la dernière fois qu’elle était venue.
Voilà comment elle se retrouvait allongée sur le dos à regarder le plafond depuis une demi-heure en entendant des bruits significatifs venant de la pièce d’à-côté. Alors qu’elle commençait à somnoler, elle dériva dans un de ces rêves-souvenirs. Ellen l’avait rejointe après sa garde et comme souvent ces derniers temps, elles s’étaient vite retrouvées nues dans son lit. Les préliminaires étaient bien avancés et la température avait fortement monté quand Liv ouvrit le dernier tiroir de sa table de chevet en rougissant. Elles n’avaient pas échangé un mot alors qu’Ellen s’équipait sous le regard mi gêné mi impatient de la gardienne. Elle avait laissé la chirurgienne prendre les rênes de leur ébat et elle l’avait laissée la pénétrer profondément. Profitant de la monté du plaisir avant d’étouffé dans son oreiller le cri accompagnant son orgasme. Elle se réveilla en gémissant, sentant son entrejambe à nouveau humide. Elle étouffa un gémissement de frustration cette fois-ci. Elle se leva et alla prendre une douche. Froide.
***
« A notre qualification pour les demi-finales. » dit Katri en levant son verre de Coca Cola. Même si elle préférait la bière, elle n’en consommait jamais pendant les grandes compétitions et encore moins avant un entrainement. Après son interview pour TV3 Norvège, elle avait rejoint Sol, Dane, Liv et Kjerstin dans un des restaurants de Lillehammer. Elles étaient encore libres jusqu’à 15 heures avant leur entrainement.
« Du coup, vous rencontrez qui en demie ? demanda la photographe. »
—
La Russie, répondit Liv.
—
Comme aux derniers Championnats d’Europe ?
—
Heu, oui… Mais comment tu le sais, demanda Katri. Il me semblait que tu ne suivais pas le handball.
Kjerstin se saisit de son portable et fit une rapide recherche sur le net avant de présenter une photo de Katri en extension juste avant de lâcher son bras.
—
Cette photo vous dit quelque chose ?
—
Bien sûr, Katri l’a envoyée à tout le monde par mail au cas où nous ne l’aurions pas vu en première page du journal, expliqua Solveig.
—
Un ami journaliste m’a demandé si je pouvais remplacer son photographe en Macédoine. Je me suis retrouvée là-bas pour les demi-finales et la finale. Et j’ai pris, entre autres, cette photo.
Leur expliqua-t-elle en leur indiquant les initiales KZ pour Kjerstin ZIGER.
—
Comme quoi le monde est petit parfois, commenta Solveig en poussant Katri avec son coude.
***
Comme la veille, Liv était la dernière dans les vestiaires. C’était presque devenu une habitude de traîner ici. En ce moment, elle avait besoin de solitude. Ikka avait prétexté une gestion de la fatigue, suite à la blessure de Katrine LUNDE HARALDSEN, pour alléger son entraînement de cet après-midi. Mais elle pensait que la sélectionneuse avait compris que quelque chose n’allait pas et qu’elle lui laissait un espace de repos mental. Mais que ce soit Solveig ou Ikka personne ne pouvait lui apporter la solution.
Alors qu’elle entendit frapper à la porte, elle pensait comme la veille voir la tête de sa meilleure amie apparaître. Elle fut étonnée de croiser le regard d’Ellen.
« Que fais-tu ici ? demanda Liv en se levant. »
—
Je t’attendais dehors mais tu ne sortais pas. Et puis j’ai croisé Solveig qui m’a dit de te rejoindre ici. Donc me voilà.
—
Tu as raté plusieurs matches.
—
Je les ai vus à la télévision.
—
Alors tu as vu une grande part de mon fiasco personnel. C’est sans doute mieux comme ça.
La gardienne ramassa son sac et prit la direction de la sortie. Ellen l’arrêta dans sa fuite en posant sa main sur son bras lui faisant lâcher son sac.
« Liv, si enfin tu me parlais de ce qui ne va pas ? »
La question avait été presque murmurée.
—
Je ne peux pas, je ne suis pas encore prête.
—
Prête à quoi ?
*
Allez parle !* s’invectiva mentalement Liv.
—
A te perdre.
L’internationale s’éloigna de la chirurgienne et lui tourna le dos.
—
Comment ça ? Pourquoi tu me perdrais ?
—
Parce que si je te parle de ce qui me met dans cet état, tu auras envie de partir.
Ellen s’approcha de Liv et l’enlaça plaquant sa poitrine conte son dos.
—
Dis-moi.
—
Je veux plus.
—
Plus ?
Liv ferma les yeux et inspira à fond. Le parfum d’Ellen l’enveloppait. Sa chaleur contre son dos lui donna la force de continuer.
—
Quand j’ai pris la décision de signer à Larvik, je me disais que j’arriverai à gérer une relation à distance avec toi. Que tu pourrais être à Copenhague et moi à Larvik et ça me suffirait de te voir de temps en temps. Mais c’est faux. Je te veux tous les jours. J’ai besoin de te sentir quand je me couche ou quand je me lève ou les deux c’est encore mieux. J’ai besoin de nos petits déjeuners ou nos dîners tardifs quand tu rentres de garde. Je me suis rendu compte que je te cherche dans les tribunes après chaque arrêt. Je savais que je ne saurais pas gérer mais je ne pouvais pas te garder à distance. Et je sais que tu n’aimes pas les sportifs, que tu ne souhaites pas gérer les bébés que nous sommes et qu’il n’a jamais été question de sérieux dans notre relation mais…
—
Hey… Et si tu me laissais le loisir d’avoir mes propres souhaits ?
Ellen resserra son étreinte. Le discours de Liv était un peu décousu mais elle en avait saisi l’essentiel.
—
Oui je n’aime pas les sportifs mais il semblerait que les sportives ont un autre effet sur moi. Solveig, Dane, Katri et toi vous m’avez montré que le sport n’était pas qu’individualisme. Et je me suis rendue compte que j’aimais m’occuper de ton coté bébé pas si douillet que ça. Si tu veux tout savoir, notre relation a été sérieuse pour moi dès que tu m’as embrassée dans l’avion. Et peut-être même avant quand tu faisais de la résistance. Moi non plus je n’aime pas quand je m’endors ou me réveille seule. J’aime chaque moment que je passe avec toi. Tu es la première personne que j’autorise à rester dans mon bureau en attendant la fin de ma garde. Je ne pensais jamais dire ça un jour mais j’apprécie de regarder un match de handball. Tu es Liv ARLENSEN, gardienne internationale et je t’aime.
Liv se retourna dans les bras de cette femme qui ébranlait son monde. Elle cacha son visage dans son cou et murmura :
—
Je t’aime aussi mais comment allons-nous faire ?
Ellen posa un baiser sur sa tempe avant de la rassurer.
—
Choisir une maison ou un appartement assez grand pour nous deux.
—
Comment ça ? demanda Liv en relevant la tête.
—
C’est pour trouver une solution à mon problème géographique de cœur que j’ai dû m’absenter. J’ai dû rencontrer plusieurs personnes. Discuter de nombreuses heures. Participer à plusieurs dîners mais tu as devant toi et dans tes bras la future chirurgienne d’une partie des sportifs et sportives norvégiens. Je pourrais en même temps commencer mes études sur les blessures et leurs conséquences chez les sportifs de haut niveau. Et votre cher
quatuor a été désigné volontaire.
Ellen avait le sourire en finissant sa phrase mais leva un sourcil devant l’air perdu de Liv.
—
Tu n’es pas contente ? demanda la chirurgienne.
—
Heu si mais ça veut dire que tu me suis ? Tu ne restes pas à Copenhague ?
—
Non je ne reste pas à Copenhague, je serai basée à l’hôpital de Larvik où je ferai des gardes comme actuellement au CMS. Je serai en partie rattachée au club. Il faudra que j’anime des conférences mais rien de trop contraignant. Je pourrai donc être là pour les petits déjeuners le matin ou les repas tardifs.
—
Et tu veux vivre avec moi ?
—
Oui sauf si tu trouves que c’est trop tôt et que tu veux que l’on attende ou que…
—
Oh non ! Je veux tout, tout de suite. Nous allons trouver une maison. Pour nous.
Liv conclut en posant ses lèvres sur celles d’Ellen. Son cœur battait à cent à l’heure alors que son cerveau se relâchait. Elle croyait la perdre alors qu’elle cherchait une solution pour qu’elles soient ensemble. Elle aurait sûrement rit des bêtises que son manque de confiance en elle lui faisait faire si à cet instant, elle n’avait pas senti la langue de la chirurgienne demander l’autorisation de caresser la sienne. Liv était à deux doigts d’oublier où elle se trouvait quand elle entendit frapper à nouveau à la porte. Les deux jeunes femmes se séparèrent avant que la gardienne réponde.
« Oui ? »
Elles virent la tête de Solveig passer par l’entrebâillement de la porte.
—
Désolée de vous déranger. Juste pour dire qu’Ikka te redonne quartier libre ce soir Liv. Elle compte sur Ellen pour je cite : « te détendre » et que toi tu sois là à dix heures demain pour le réveil musculaire. Enfin Liv soit au reveil musculaire pas toi Ellen .
—
Merci, répondit Liv en souriant à son amie.
—
De rien. Je vous laisse. A demain.
Solveig referma la porte et se retrouva face aux regards interrogateurs de Danielle et Katri.
—
Je crois que tout va mieux.
—
Cool. Mais tu aurais pu demander un quartier libre pour moi aussi, se plaignit Katri.
—
Tu en as eu un hier et à mon avis tu en as bien profité. Heureusement que nos chambres chez mes parents sont à l’opposé du reste de la maison.
—
Mouais mais moi je n’ai pas ma copine dans ma chambre à l’hôtel.
—
Arrête de te plaindre et allons rejoindre les autres.
Katri marmonna encore alors qu’elles prenaient toutes les trois la direction de la sortie.
Dans les vestiaires, Liv reposa son front contre l’épaule d’Ellen.
« Il semblerait que j’ai ma soirée et ma nuit de libre. »
—
Il semblerait que j’ai du travail en perspective aussi, sourit la chirurgienne. Nous y allons ?
—
Oui.
Liv glissa sa main dans celle d’Ellen, puis ramassa son sac et suivit la chirurgienne dans le couloir. Elle se fit la réflexion que si elle avait été moins concentrée sur ses interrogations, elle aurait vu plus tôt le laisser-passer qu’Ellen portait autour du cou et qui lui donnait accès à l’ensemble des installations. Son accréditation était tout ce qu’il y avait de plus officiel.
***
La soirée était bien avancée, Ellen venait de finir de masser Liv qui jouait les guimauves sur le lit. Elles avaient mangé avec les ANDERSEN et Kjerstin qui était sortie juste après pour faire des photos semi-nocturnes de la ville et qui n’était pas encore rentrée. Si la gardienne norvégienne n’avait pas vu l’énergie dépensée par Dane pour garder Katri dans sa chambre, elle aurait pu penser que les deux jeunes femmes s’étaient retrouvées. Mais Liv avait d’autre projet en tête à cet instant. Elle regardait Ellen qui se lavait les mains dans la salle de bain attenante à leur chambre. Elle avait laissé la porte ouverte et comme lorsqu’elle découpait sa viande, la suédoise avait une manière très médicale d’accomplir ce simple geste. Elle l’observait effectuer des ronds autour de ses mains puis frotter entre ses doigts avant de finir par les pouces. En y repensant, lors de leur première rencontre après s’être rendu compte qu’elles faisaient la même taille, son regard avait été attiré par les bras croisés de la chirurgienne et la main droite qu’elle voyait dépasser. Mais surtout ses longs doigts. Alors qu’elle luttait pour garder une distance émotionnelle avec Ellen ces mêmes mains l’avaient mise à la torture. A présent, elle les voulait sur elle mais pour un acte pas du tout médical. Elle avait cru perdre la jeune femme qu’elle aimait. Son cœur avait été rassuré mais son corps voulait sa part des réjouissances.
Ellen vint s’asseoir sur le lit le dos calé contre le montant au pied du lit. Faisant face à Liv qui était dans la même position à la tête.
« Comment te sens-tu ? demanda la chirurgienne. Tu as mal quelque part ? »
—
Non, je suis bien. Complètement détendue. A tous les niveaux.
—
Tu aurais dû me parler plus tôt, au lieu de te passer la rate au court bouillon.
—
En connaissant la réponse, oui il est vrai que j’aurais dû aborder le sujet avant de signer à Larvik.
—
J’aurai peut-être pu aborder le sujet aussi mais je ne pensais pas que tu me trouvais si distante. Il est vrai que je n’exprime pas beaucoup mes sentiments, ni ce que je ressens mais je pensais être assez explicite dans mes actes. Comme quoi, les mots sont toujours importants.
—
En parlant de mots, si Katri pose la question, ne lui avoue jamais que c’est dans des vestiaires que je t’ai dit « je t’aime » pour la première fois.
—
Pourquoi ?
—
Elle a toute une théorie là-dessus. Depuis qu’elle a appris que Dane l’a dit à Sol pour la première fois dans les vestiaires de l’Arena, elle a échafaudé une réflexion comme quoi les lieux où l’on avouait ses sentiments étaient représentatifs de notre personnalité.
—
Ça peut se défendre mais je pense que c’est surtout lié aux lieux que nous sommes amenés à fréquenter le plus. Et si une enquête était faite, je pense que le lieu qui arriverait en tête serait un lit.
—
Qu’est ce qui te fait dire ça ?
—
L’état dans lequel les gens sont après avoir fait des trucs dans un lit.
Ellen sourit et fit un clin d’œil à Liv qui rougissait légèrement.
—
Mais promis, je ne dirai rien à Katri, continua la chirurgienne. Tu dois tout de même reconnaître qu’en plus d’avoir le même palmarès avec Solveig, tu as les mêmes endroits pour avoir des discussions importantes. Vous êtes un peu comme les Demoiselles de Rochefort.
—
Qui ?
—
C’est un film français des années soixante ou par là. Dedans il y a deux sœurs, l’une blonde, l’autre brune.
—
Et ça raconte quoi ?
—
Je ne sais plus trop. Je ne me souviens que de ce trait de caractère.
—
Tu aimes les films français ?
—
Oui, surtout les vieux films de François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol…
—
Je ne connais pas.
—
Je te ferai découvrir en même temps qu’Imar Bergman.
—
J’aime beaucoup sa femme.
—
Tu m’étonnes mais Ingrid Bergman n’est pas sa femme. Mais elle n’en est pas moins magnifique.
—
Oh ! Oups. Alors je préfère l’intégral d’Ingrid.
—
Et voilà une jolie femme montre le bout de son nez et mademoiselle est prête à se faire un marathon de film en noir et blanc.
—
Et alors, j’ai du goût. Et en parlant de jolie femme, il y en a une dans ce lit et elle est trop loin.
Ellen fit demi-tour dans le lit et vint prendre Liv dans ses bras.
—
Et qu’attends-tu de la jolie femme allongée dans ton lit ?
—
J’ai bien une idée.
—
Elle t’écoute.
—
Je vais plutôt lui montrer.
—
Avant que tu ne me le montres, j’aimerai te dire quelque chose.
—
Oui, répondit doucement la gardienne qui refusait que l’atmosphère de ce moment change.
—
A un moment j’ai cru que notre différence d’âge commençait à te poser un problème et que c’était pour me tester que tu pimentais nos relations sexuelles
—
Tu as pensé ça ? Je ne sais même pas quel âge tu as ?
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J’ai dix ans de plus que toi.
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Et ?
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Et ça aurai pu te déranger.
Liv enjamba Ellen et vint s’asseoir à califourchon sur son bassin.
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Ellen, ton coté posé et sérieux, c’est ce que j’aime chez toi car c’est ce qui me rassure. Qui me donne confiance en moi et en nous. Et si j’ai « pimenté » nos relations sexuelles, c’était pour combattre ma peur de te perdre. C’est comme si je voulais tout prendre avant que ça s’arrête. Je ne suis jamais aussi bien que quand tu me prends juste dans tes bras et que tu me gardes contre toi. Même si je ne te cache pas que j’ai aimé tout ce que nous avons fait, ce n’est pas ce que je veux être tout le temps.
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Je comprends et je suis d’accord avec toi. J’aime aussi quand tu es dans mes bras et que tout est calme.
Liv s’allongea sur le corps d’Ellen et vint doucement poser ses lèvres sur celles de la chirurgienne. Elle n’avait pas envie de quelque chose de sauvage. Elle voulait faire l’amour en douceur. Elle passa les mains sous la chemise d’Ellen et lui caressa doucement le ventre. Elle défit les boutons lentement en commençant par le bas tout en accompagnant sa remontée de tendres baisers sur la peau de la jeune femme. Elle détacha les deux agrafes sur le devant de son soutien-gorge et vint lécher la pointe de ses seins déjà dressés d’excitation.
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Qu’en pense la belle jeune femme ? demanda Liv un petit sourire aux lèvres
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Elle dit qu’elle aime et que tu devrais continuer.
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Continuer comme ça ?
Liv venait de glisser sa main dans le pantalon de toile d’Ellen et de trouver le point sensible de la femme qu’elle aimait. Elle variait la pression de ses doigts. Jouant avec la respiration d’Ellen. Etouffant ses gémissements sous de profonds baisers. Ellen s’accrocha au montant du lit pour ne pas gêner les mouvements de la gardienne. Cette dernière se mit à genoux pour faire glisser le pantalon et la culotte d’Ellen. Elle voulait la mettre dans le même état qu’elle était quand la chirurgienne lui faisait un cunnilingus. Elle s’installa entre les cuisses d’Ellen et recommença à la caresser doucement. Elle devait prendre sur elle pour faire durer. Elle voulait la gouter à pleine bouche mais continuait de juste l’agacer avec le bout de ses doigts. Croisant le regard de l’autre jeune femme qui lui demandait de continuer. Liv remplaça son pouce par sa langue et commença à la déguster. Ellen se cambra pour accentuer le contact et passa sa main dans les cheveux de l’internationale pour l’encourager à continuer. Liv passa ses bras autour de ses cuisses et posa ses mains sur son bassin pour limiter ses mouvements. Sur son clitoris, elle alternait entre coups de langue précis, mordillements et longues caresses. Ellen se mordait la lèvre inférieure pour limiter ses gémissements. Elles étaient tout de même chez les parents de Solveig. Mais elle dut se mordre le poing quand Liv appuya plus fort sa langue. La délivrance pour la suédoise se traduisit par un long frisson qui lui parcourut tout le corps et lui fit soulever les hanches. L’internationale suivit le mouvement pour profiter jusqu’au bout de l’orgasme d’Ellen.
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Le lendemain à dix heures, Liv était au rendez-vous pour le réveil musculaire avec un magnifique sourire que Katri ne manqua pas de relever mais fut bâillonner par Solveig avant de pouvoir dire quoi que ce soit.
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