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| Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack | |
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Auteur | Message |
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Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Mar 15 Sep 2015 - 23:41 | |
| Pseudo de l'auteur : Mack Nombre de chapitres : 24 Rating de l'histoire : NC18 (scènes très détaillées) Genre de l'histoire : Romance - Sport Résumé de l'histoire : Danielle emménage avec Solveig et doit faire face aux retombées des Jeux Olympiques. Pendant que Katri et Liv verront de leur côté leurs habitudes se faire un peu bousculer. Remarques diverses : Suite de Soleil de Minuit, Aurore boréale tome 2 (toujours logique) | |
| | | Mack Modo
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| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Mar 15 Sep 2015 - 23:42 | |
| EUROPE - Prologue
Lundi 01 septembre 2008 – 21h05 | Nouvelle saison | Bonjour à tous ! Les Jeux Olympiques ne sont terminés que depuis une semaine qu’il faut déjà penser à la nouvelle saison. Et qui dit année Olympique dit chamboulement dans les compétitions internationales. La saison 2008-2009 verra se jouer les championnats d’Europe en décembre en Macédoine et les championnats du monde en Juillet co-organisés par la Norvège et le Danemark. Après les jeux Olympiques, retour en Europe avec la ligue des champions, compétition dans laquelle Copenhague va remettre son titre en jeu avec pour objectif de le conserver. Après l’Europe : le Danemark avec le championnat et la Nordéa Cup. Copenhague peut remporter ces deux compétitions pour la troisième fois consécutive, ce qui établirait un record. Et cette équipe mérite d’écrire son nom dans le livre d’histoire du handball féminin. Le championnat débute dans moins d’une semaine, le 6 septembre… Parlons à présent des joueuses. Pour la première fois dans l’histoire du club, le groupe est exactement le même. Pas de départ, pas d’arrivée, ce qui a en partie facilité le travail de Thia HAMERSEN pendant l’intersaison. La préparation s’est faite avec un groupe tronqué car 8 joueuses de l’équipe étaient à Pékin pour les Jeux Olympiques. Les 8 joueuses en question (surtout les 5 Norvégiennes) n’ont eu qu’une semaine de vacances pour se remettre du décalage horaire et de l’euphorie des JO avant de reprendre le chemin des terrains. L’entraîneur de Copenhague a émis des craintes sur l’état physique des joueuses qui n’ont pas arrêté depuis août 2007. Pour confirmer ses dires, KASLER revient de Pékin avec une fracture du nez, heureusement presque guérie. Elle devrait au moins être sur le banc pour le premier match. Liste des joueuses :
1 | Liv | ARLENSEN | Gardienne | (Nor) | 16 | Sabine | ENGLERT | Gardienne | (All) | 5 | Danielle | KASLER | Arrière droit | (Nor) | 8 | Lotta | SHELING | Arrière droit | (Swe | 3 | Linnea | TORSTENSON | Arrière gauche | (Swe) | 4 | Trine | TROELSEN | Arrière gauche | (Dan) | 10 | Solveig | ANDERSEN | Demi-centre | (Nor) | 14 | Lena | SNORROEGGEN | Demi-centre | (Nor) | 12 | Katri | AAMODT | Ailière gauche | (Nor) | 2 | Fie | WOLLER | Ailière gauche | (Dan) | 11 | Eva | MERTENS | Ailière droite | (Bel) | 9 | Anne | PEDERSEN | Ailière droite | (Dan) | 6 | Linda | BLANKAERT | Pivot | (Bel) | 7 | Mia | BILTOFT | Pivot | (Dan) | Vous remarquerez que j’ai modifié la fiche de KASLER qui est officiellement norvégienne à présent. Les fans du couple KASSEN ont remarqué sur les photos et les apparitions télévisées de la capitaine norvégienne qu’elle portait à l’annulaire gauche un magnifique anneau. Depuis, de nombreuses rumeurs courent sur le couple : fiançailles, mariage, bébé… |
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| | | Mack Modo
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| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 27 Sep 2015 - 23:29 | |
| IKAST – Reprise douloureuse Danielle rangea sa dernière paire de chaussettes dans le tiroir de la commode. L’ensemble de ses affaires était rentré sans problème dans la maison de Solveig. Cette dernière lui avait libéré la moitié des placards et de la commode. Leurs affaires de handball cohabitaient sur les mêmes étagères. Ses livres avaient trouvé leur place dans la bibliothèque et son ordinateur portable traînait comme d’habitude dans le salon. Sa brosse à dents, qui vivait dans son loft, était venue rejoindre celle qui vivait depuis le début dans la salle de bain de Solveig. Toute l’équipe était venue donner un coup de main pour le déménagement qui n’avait, de ce fait, pas duré longtemps. Par contre, l’apéro dînatoire qui avait suivi avait été beaucoup plus long. Après l’effervescence des Jeux Olympiques, l’atterrissage à Oslo pour saluer le public norvégien et le retour au Danemark, le calme de la maison était reposant. Le lendemain de la cérémonie de clôture, elles étaient toutes dans l’avion et la plupart avaient dormi pendant plus de la moitié du voyage. Dans moins de cinq jours, elles allaient reprendre le championnat. Son nez allait mieux, ses points de suture lui avaient été enlevés aujourd’hui, mais elle se sentait fatiguée psychologiquement. Il allait falloir attendre quelques semaines pour que tout revienne à la normale. Danielle referma le tiroir et sortit de la maison. Solveig était assise sur la terrasse. Elle regardait Bones courir. Elle faisait tourner sa bague autour de son doigt. Elle n’avait pas prévu que Danielle lui offre cet anneau. Le fait qu’elle accepte d’habiter avec elle était déjà un grand pas dans leur relation. Les lignes rouges et bleues qui couraient autour de son annulaire étaient le symbole de leur union, signe extérieur de ce qu’elles partageaient en dehors des terrains de handball. Elle ne l’enlevait que pour jouer et beaucoup de journalistes lui avaient déjà posé des questions sur sa signification. Elle avait éludé, utilisant des fuites linguistiques pour ne pas partager cela avec eux. C’était son jardin secret, sa vie privée… Solveig sourit en sentant la main de Danielle se poser sur son épaule alors qu’elle prenait place entre ses jambes sur les marches. Elle l’entoura de ses bras et posa son menton sur le sommet de sa tête. « Tu as fini ton rangement ? » — Oui, tout est rangé. — Ton chargeur traîne dans le salon ? — Avec mon ordinateur, oui. — J’aime quand tu les laisses traîner. — Je sais. Solveig attira Danielle un peu plus près d’elle. Elle l’inclina dans ses bras pour voir son arcade droite. — Tu n’as pas eu trop mal quand Tero t’as enlevé tes points ? — Non, il m’a mis un baume anesthésiant. Et je suis contente de ne plus les avoir. Ils commençaient à gratter et je préfère attaquer le championnat sans trace de blessure. Un de mes amis hockeyeur disait que voir des points de suture ça donnait envie de les rouvrir. Sans oublier que la saison dernière, je me suis fait ouvrir l’arcade au cours du premier match de championnat. Je n’ai pas très envie que l’histoire se répète à la fin de la semaine. — Ne t’inquiète pas, nous commençons par Ikast. Il n’y aura pas CHRISTIANSEN pour te faire un câlin. — Tu parles d’un câlin. Ce mot ne doit pas avoir la même signification en danois… — C’est peut-être sa manière à elle de te parler d’amour. — Super ! Ben elle peut m’oublier alors. Solveig passa son index le long de l’arcade de Dane. — Cette nouvelle cicatrice te donne un certain charme. — Ah oui ? — Oui, ça te donne un petit côté rebelle… — Rebelle ? — Oui. — Si ça te plaît il faudra que tu envoies un mot de remerciement à Isa. — Ce n’est pas un petit mot que j’ai envie de lui envoyer… — De toute façon, l’IHF l’a suspendue pour quatre mois donc tu ne la verras pas aux Championnats d’Europe. Et par la même occasion, elle a fait un joli trou dans le budget de la Fédération Française de Handball. — Nous ne la verrons pas… Tu penses échapper à l’équipe nationale après ce que tu as fait aux Jeux. — Je ne sais pas, nous verrons bien c’est dans trois mois. Solveig se retint d’argumenter plus et posa ses lèvres sur celles de Danielle. La jeune championne olympique se laissa aller dans les bras de sa petite amie, profitant de ce moment de calme si rare depuis leur retour. Bones, comme s’il avait compris l’importance du moment, vint se coucher à leurs pieds ; fini de courir pour aujourd’hui. *** Trois jours avant le début du championnat, le terrain de l’Aréna avait été transformé en studio photo. Tout d’abord pour les photos officielles de l’équipe en groupe puis en individuel. Tout s’était passé dans un joyeux désordre que Katri avait accentué en s’occupant de la mise en place. Elle avait pris un malin plaisir à alterner grandes et petites comme pour faire les créneaux d’un château, symbole, selon elle, de leur défense. Danielle avait fait la remarque qu’elles ressemblaient à des barres de Toblerone ainsi positionnées. Devant les airs interrogateurs de ses coéquipières, elle avait dû expliquer le parallèle entre les défenses antichars suisses construites dans les années 1930 et la confiserie au chocolat mondialement connue. A présent, il ne restait que Solveig et Danielle chacune dans leurs tenues aux couleurs de la Norvège. Dès la finale des JO remportée, les sollicitations publicitaires avaient plu sur le couple. Ce soir, elles étaient là pour une marque de sous-vêtements de sport. Le fait que la capitaine norvégienne était déjà sous contrat avec cette marque et que Danielle la portait pour jouer au handball avaient facilité leur décision. Pour Dane c’était un concept nouveau de se servir de son image pour gagner de l’argent mais son père l’avait convaincue d’en profiter et de le placer comme ça quand tout serait fini, elle aurait de quoi financer certains de ses projets. Solveig et Danielle étaient assises dos à dos, un ballon dans leur main de tir respective. La jeune internationale devait faire un effort pour sourire au photographe. Elle n’était pas à l’aise face à l’objectif. Pendant les Jeux, Katri avait fait cette remarque pleine de sens : « Quand tu enfiles le maillot norvégien ce n’est pas que pour jouer au handball. Tu t’offres à toute la Norvège… » Elle sentit l’autre main de Solveig passer dans son dos et se saisir de son maillot. Ce contact la fit sourire et détendit un peu son corps. Pour la séquence suivante, elles étaient toutes les deux en short et brassière. Dane n’avait qu’une envie croiser ses bras sur son ventre. Elle n’était pas foncièrement pudique car prendre sa douche devant le reste de l’équipe ne lui posait pas de problème mais se faire prendre en photo, le nombril à l’air, pour une publicité était très différent. Solveig était à l’aise, comme à son habitude. Il faut dire qu’elle avait tous les atouts pour ça. Même si elle connaissait ses courbes, la voir ainsi lui faisait toujours de l’effet. De son côté, Solveig laissait le regard de l’assistant du photographe glisser sur elle sans y faire attention. Le seul qui l’intéressait était celui de Danielle. Elle aimait voir ses yeux s’allumer, même si sa timidité faisait qu’elle détournait rapidement la tête pour cacher ses émotions, cette seconde capturée lui faisait toujours un doux frisson le long du dos. Elles posèrent à nouveau dans la même position, puis en situation de tirs et pour finir Danielle défendait sur Solveig qui déclenchait en extension au dessus d’elle. Le contact de son épaule nue contre le ventre tout aussi nu de Solveig avait légèrement tendance à la déconcentrer et à échauffer ses sens. *** Dimanche 07 septembre 2008 – 19h00 | J01 / Copenhague - Ikast | Bienvenue pour le premier match de la saison. L’équipe est au complet. Toutes les internationales sont là et les cinq championnes olympiques ont été acclamées par le public de l’Aréna. ARLENSEN, ANDERSEN, KASLER, AAMODT et SNORROEGGEN ont présenté leur médaille d’or et ont reçu un bouquet de fleurs de la part du président du club. Sans oublier SHELING et TORSTENSON qui se sont hissées à la 5ème place du classement olympique. ENGLERT était aussi de la fête pour son parcours. Passons maintenant au jeu. Ikast est comme les années précédentes une équipe prétendante aux Play Off et peut-être au titre. Mais ce sera dur face à Copenhague, Viborg, Aalborg qui a fait un gros recrutement et Vejen. Le changement cette année c’est que les Play Off se joueront avec 6 équipes en 2 poules de 3 sous forme de mini championnat. Les 1ers de chaque poule se rencontreront pour le titre national. Ce qui rajoute 2 matchs au calendrier. La saison va être longue… Pour cette première mi-temps les rotations vont se faire côté gauche pour Copenhague. 1ère minute : 01 - 00 On ne change pas un principe qui marche : KASLER qui fait la dernière passe pour envoyer ANDERSEN au tir. La double capitaine ouvre son compteur but pour la saison.
[…] 11ème minute : 05 - 03 KASLER monte au contre sur PETERSON. Elle détourne la balle en touche et prend au passage une jolie claque dans la figure. Rappelons qu’elle s’est fait fracturer le nez par une joueuse française aux Jeux Olympiques. Elle ne semble plus en souffrir car il n’y a aucune appréhension dans ses interventions.
[…] 23ème minute : 12 - 08 Arrêt d’ARLENSEN relance rapide sur KASLER qui change de côté pour AAMODT qui d’un tir haut trompe la gardienne. Les internationales sont en formes !
[…] Mi temps : 15 – 10 Il y a du rythme et Copenhague recommence comme elles avaient terminé la saison précédente. Il y a du sérieux et de l’application dans la finition. Il semble que la longue période de préparation pour les JO ait renforcé les automatismes entres les joueuses norvégiennes.
[…] 41ème minute : 27 - 21 ANDERSEN est au sol, sur un choc avec son adversaire directe, il semblerait que leurs genoux se soient heurtés. |
Solveig serrait les dents pour ne pas hurler tellement la douleur dans son genou était forte. Elle était couchée sur le côté la jambe gauche pliée, ses deux mains serrant son articulation. Elle n’osait plus bouger. Elle essayait de se concentrer sur sa respiration mais à part avoir envie d’insulter la terre entière rien n’arrivait à la soulager. Elle reconnut les mains de Dane se poser sur son bras et son mollet. Une oasis de douceur dans ce désert de douleur. « Sveig ça va ? Qu’est ce qui se passe ? » — Ça a craqué, quelque chose a craqué dans mon genou. — D’accord reste calme ne bouge pas. Tero arrive. Danielle recula pour laisser le kiné faire son travail. Elle croisa mentalement les doigts pour que ce ne soit pas trop grave. Le genou était une articulation complexe où beaucoup de choses pouvaient aller de travers. Elle essayait de se repasser la scène pour voir si son genou avait tourné ou autre. Elle faisait l’inventaire de toutes les blessures possibles quand le cri de douleur de Solveig la ramena à la réalité. Tero venait de lui demander de tendre le genou, elle avait réussi mais elle était à présent toute blanche, les mâchoires contractées. « Reste avec nous Sol, ne tombe pas dans les pommes. » — Je ne vais pas tomber dans les pommes mais ça fait un mal de chien. Un truc n’est pas à sa place. — Ok. Tero fit signe au banc que Solveig était out et à la tête qu’il faisait Thia compris que c’était plutôt inquiétant. Elle se tourna vers Lenna et lui donna les consignes de jeu. ANDERSEN sort du terrain soutenue par le kiné et par KASLER. Elle semble sérieusement touchée au genou. SNORROEGGEN prend sa place au poste de demi-centre. Le match reprend, ANDERSEN a été directement emmenée aux vestiaires ce qui n’est jamais très encourageant.
[…] 50ème minute : 27 - 24 KASLER d’un tir croisé au dessus de la défense stop l’hémorragie. Ikast est revenu à 3 buts. Copenhague semble, depuis 10 minutes, complètement déstabilisé par la sortie de sa capitaine.
[…] 55ème minute : 28 - 27 Ikast revient à 1 but. Copenhague n’y arrive plus. Trop d’imprécisions dans le placement et dans la transmission du ballon. Elles semblent déconcentrées.
[…] 58ème minute : 29 - 27 AAMODT, sur une passe risquée à travers la zone de KASLER, redonne un peu d’air aux locales. 59ème minute : 30 - 27 Arrêt d’ARLENSEN relance sur KASLER qui sert TORSTENSON pour un +3 presque inespéré il y a 10 minutes. Fin du match : 30 - 27 Premier match et première victoire en championnat pour les tenantes du titre. Première mi-temps parfaitement maîtrisée avec du jeu propre et direct. Deuxième mi-temps un peu plus chaotique avec de nombreuses pertes de balle et une désorganisation dans le repli défensif. Faut-il mettre ça sur la fatigue des 7 internationales qui ont joué ce soir ? Ou sur ce que certains journalistes pointent du doigt : « la ANDERSEN dépendance ! » Le gros point noir de ce soir est la sortie d’ANDERSEN à la 41ème minute sur blessure. Elle semble touchée au genou mais aucune information supplémentaire n’a été transmise venant du staff. Suivez les nouvelles sur le site du club. Si j’ai des infos avant je ferai un post spécial. Prochain match : Sønderjyske - Copenhague le 12/09/2008 Bonne soirée ! |
Danielle et Liv se regardaient, elles avaient la même envie dans les yeux : enlever le micro attaché à leur maillot respectif et quitter le plateau de TV2 Danemark. Elles souhaitaient toutes les deux rejoindre Solveig. Danielle avait l’impression de répéter les mêmes choses interview après interview. « Est-ce que les JO étaient une bonne expérience ? » « Est-ce que la joie était à la hauteur de l’évènement ? » « Est-ce qu’elle en voulait à Isabelle GADAGNE ? » « Avait-elle aimé porter le maillot norvégien ? » « Est-ce que son Grand-Père était fier d’elle ? » La réponse à toutes ces questions était « oui ». Comment aurait-il pu en être autrement ? Elle se voyait mal répondre : « Non, c’était nul d’aller au JO. » « Bof une médaille d’or olympique c’est banal. » « Non, j’ai adoré qu’elle me casse le nez. » « Ben c’est un maillot comme un autre. Je n’allais pas jouer en brassière. » « Mon Grand-Père ? Le hand il s’en moque, il était content de venir à Pékin. » Impossible qu’un jour elle ait de tels sentiments et si cela devait arriver elle arrêterait tout de suite le sport. Enfin la journaliste sportive rendit l’antenne et c’est dans un même élan que les deux joueuses de Copenhague se tournèrent vers le technicien qui devait les libérer de leur attache audio. De retour dans les vestiaires, Danielle enleva rapidement ses chaussures de match, ses chaussettes et son short. Elle enfila un jeans, un pull par-dessus son maillot, d’autres chaussettes et ses baskets de ville. Liv de son côté avait fait la même chose. Sur le parking, la voiture de Solveig était sagement garée à côté de celle de Liv. Dane déposa le sac de sa petite amie et le sien dans le coffre et pris le volant pour suivre Liv jusqu’au centre médico-sportif. Le chemin n’était pas très long mais les feux rouges parurent durer de très très longues minutes. Toutes les joueuses étaient connues du personnel soignant et inversement. Chacune y avait au moins fait un passage et certaines plusieurs, plus ou moins longs. A l’accueil on leur apprit que Solveig était en salle d’examen et qu’il fallait attendre. Attendre, Liv n’aimait pas ce mot car prononcé dans ce genre d’endroit, il n’était jamais bon signe. Attendre un avion ou un train pour partir en vacances cela faisait partie de l’aventure, attendre le facteur pour un colis faisait partie des aléas de la poste mais attendre dans un hôpital, il n’en ressortait rien de bon sauf peut-être dans le service maternité mais c’était loin d’être leur cas ce soir. Dane, assise sur une chaise, avait la tête appuyée contre le mur les yeux fermés pour ne plus voir les affiches qu’elle avait déjà lues cent fois. De son côté, Liv tournait les pages d’un magazine sans rien voir des articles qui défilaient. Elle finit par jeter la revue sur la table basse et se lever. « J’en ai marre d’attendre. Je vais voir où est Sol. » Alors qu’elle sortait de la salle et prenait la direction des box d’examens, elle entendit une voix dans son dos. « A moins que vous ne soyez cassée quelque part, je ne vous conseille pas de franchir la ligne rouge au sol ! » Cela n’avait pas été dit sur le ton de l’ordre et la voix n’avait même pas eu besoin de s’élever pour que le message soit clair. Liv se tourna pour faire face à celle qui venait de l’arrêter dans son élan. Elle se trouva face à une femme brune, les cheveux frôlant ses épaules. Elle n’eut pas besoin de baisser les yeux pour croiser le regard qui la détaillait. C’était rare pour Liv de ne pas avoir à faire ce mouvement. Elle rendait un centimètre à Solveig ce qui la classait dans la moyenne très haute chez les femmes. « Alors vous êtes blessée ? » La voix était toujours calme. — Non, je cherche mon amie Solveig ANDERSEN. — L’accueil ne vous a pas dit d’attendre dans la salle prévue à cet effet ? — Si mais personne n’est venu nous parler. — Je suis là pour ça. — Vous êtes la nouvelle assistante du Professeur AVSEN ? — Non sa remplaçante. Mon prédécesseur a décidé de se concentrer uniquement sur l’enseignement. — Oh ! — Vous êtes sa petite amie ? — Non sa copine est dans la salle d’attente. — Au moins une qui écoute ce qu’on lui dit. Comment elle s’appelle ? — Ben, c’est Dane KASLER. — Je suis sensée connaître ? Liv n’eut pas le temps de répondre que le nouveau médecin lui avait déjà tourné le dos. Elle portait une de ces tenues de chirurgien : pantalon et t-shirt bleu. Et la gardienne norvégienne ne put se retenir de détailler sa plastique vu de l’arrière. Danielle était sur le point de répondre au message de sa petite sœur qui s’inquiétait pour Solveig quand elle vit quelqu’un rentrer dans la pièce. « Mademoiselle KASLER ? Je suis le Docteur PETERSEN. Je m’occupe du cas de votre petite amie. — Comment va-t-elle ? — Elle souffre d’une lésion au ménisque interne gauche. Elle a été transférée dans une chambre à l’étage. Elle sera opérée demain matin sous arthroscopie pour recoudre et retailler son cartilage. — D’accord, je peux la voir ? — Oui, montez au premier mais elle a été mise sous morphine. Les blessures au ménisque sont très douloureuses. — D’accord. C’est vous qui allez l’opérer ? — Oui. — Merci d’être venue nous parler. Dane serra la main du médecin. Alors qu’elle allait prendre congé pour se rendre à l’étage, elle entendit le médecin rajouter. « Je vais faire en sorte de vous la remettre d’aplomb. » Elle répondit par un sourire et alla rejoindre Liv dans le couloir. Ellen PETERSEN regarda les deux joueuses de hand quitter le service. Elle avait été étonnée de trouver deux membres de l’équipe dans sa salle d’attente. Elle était plutôt habituée à voir des agents inquiets ou des kinés qui n’attendaient que de connaître la durée d’indisponibilité. Le Professeur AVSEN avait mentionné que l’équipe féminine de handball de Copenhague fonctionnait comme une famille mais elle n’avait pas voulu le croire, jugeant cela comme de la poudre aux yeux et une façade pour les médias. Mais dans le regard de ces deux-là, il y avait de la vraie inquiétude. Restait à savoir si c’était pour leurs médailles ou leur amie… Quand Liv et Danielle pénétrèrent dans la chambre, Solveig était allongée sur le dos. Sa jambe gauche était maintenue dans une attelle, ce qui l’empêchait de bouger et de lui faire mal. La faible lumière au-dessus de son lit éclairait son visage endormi. L’opiacé avait eu raison de sa douleur et de sa colère. Pendant tout le temps qu’elle avait passé dans la salle d’examen, elle avait dû lutter contre l’envie d’insulter la terre entière ou de jeter contre le mur tout ce qui lui passait sous la main. Une fois seule dans sa chambre, elle avait retenu ses larmes de frustration. Elle avait résisté longtemps contre les effets de l’analgésique, espérant que Dane viendrait la voir mais le médicament avait gagné et elle avait sombré dans un sommeil sans rêve. Danielle passa doucement le bout de ses doigts sur la joue de Solveig. Elle glissa derrière son oreille une mèche échappée qui barrait son front. Dans son sommeil, elle n’avait pas son air détendu habituel. Comme quoi la morphine apaisait peut être les douleurs du corps mais n’apportait pas la paix de l’âme. Sur le fauteuil à côté du lit, elle avait abandonné son sac de sport au cas où elle aurait besoin de ses effets personnels. Avant de quitter la chambre, elle déposa un baiser sur sa joue. Aucun muscle ne bougea sous le contact de ses lèvres. Sa petite amie n’était vraiment pas là. Liv était restée sur le pas de la porte. Il n’y avait pas grand chose à faire cette nuit. Sol était à l’hôpital, shootée par la morphine. Demain, elle allait être opérée et le plus dur allait commencer : rester tranquille, respecter les consignes, ne pas faire n’importe quoi, être patiente… et la patience n’avait jamais vraiment fait partie du caractère de leur capitaine. Elles se quittèrent sur le parking. Liv regarda Dane disparaître au bout de la rue. Alors qu’elle allait monter dans sa voiture, elle se souvint du maillot de Solveig posé sur une chaise et ne croyant en aucun dieu, elle adressa un vœu au ciel constellé d’étoiles : que sa meilleure amie et son numéro 10 soient rapidement sur les terrains. Comme s’il avait compris que quelque chose était arrivée, Bones resta très calme quand Danielle rentra à la maison. Après avoir abandonné ses affaires dans le hall, elle accompagna le chien jusqu’à la porte de derrière pour le laisser sortir. Elle alla s’asseoir sur les marches de la terrasse et regarda le golden retriever faire son tour habituel. La nuit était déjà tombée, Danielle prit rapidement une douche, se fit un sandwich et s’installa dans le canapé. Bones vint prendre place à ses côtés et posa sa tête sur sa cuisse. Elle regardait la télévision sans vraiment voir les images. Elle espérait juste que l’opération de demain se passerait bien et que Solveig récupérerait rapidement. | |
| | | Mack Modo
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| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 4 Oct 2015 - 23:56 | |
| COPENHAGUE – Anesthésie
Lundi 08 septembre 2008 – 09h00 | INFIRMERIE | L’information est tombée tard dans la nuit. ANDERSEN souffre d’une lésion au ménisque interne gauche. Appelée anse de seau, c’est quand une tranche du ménisque se découpe et vient bloquer l’articulation. Cette blessure, bien moins grave qu’une rupture des ligaments croisés, nécessite tout de même une opération pour découper la partie bloquante. Celle d’ANDERSEN est programmée pour ce matin. La durée d’indisponibilité de la capitaine norvégienne n’est pas encore connue. Sa participation au Championnat d’Europe en décembre en Macédoine est en suspend. En attendant, l’équipe de Copenhague va devoir montrer qu’elle n’est pas anderseno-dépendante et qu’elle est capable de jouer et de gagner sans sa capitaine emblématique. HAMERSEN avait peut-être eu un pressentiment en s’inquiétant de l’état physique des joueuses présentes aux Jeux Olympiques et du risque de blessures. Elle pensait sans doute à des pépins musculaires mais la fatigue cumulée n’a tout de même pas dû aider le genou d’ANDERSEN. Rendez-vous en fin de journée pour plus d’informations sur les suites de l’opération. Bonne journée ! |
*** Solveig attendait allongée dans son lit d’hôpital. Elle allait bientôt être emmenée pour son opération. Danielle avait dû passer dans la soirée car elle avait trouvé son sac de sport sur le fauteuil à côté de son lit. Elle aurait aimé la voir mais la morphine avait dû avoir raison d’elle avant qu’elle n’arrive. Les visites étant interdites le matin, elle ne risquait pas de la voir avant son arthroscopie. La douleur était revenue dès le réveil avec sa peur et sa colère. Elle hésitait entre envoyer la bouteille d’eau à travers la pièce ou bien fondre en larmes. Elle avait toujours eu peur des hôpitaux. Cela remontait à son enfance et le jour où elle attendait dans la salle des urgences. Elle était là pour une entorse du poignet et avait d’un seul coup entendu une alarme se déclencher. Le personnel avait rejoint la chambre, dans leur précipitation, ils n’avaient pas fermé la porte si bien qu’elle avait vu toutes leurs interventions : toutes les phases de réanimation, l’intubation, la pose de drain thoracique pour finir par la déclaration de l’heure de la mort. Elle avait compris ce jour là que quand on rentrait à l’hôpital, on risquait de ne pas en ressortir vivant. C’était sa première expérience avec la mort et vingt ans plus tard, elle tremblait encore lorsqu’elle passait les portes coulissantes de ce genre d’établissement. Elle connaissait les blessures aux genoux pour avoir eu plusieurs entorses mais elle n’avait jamais eu mal à ce point. Elle n’avait jamais eu besoin d’opération pour l’ensemble des problèmes physiques qu’elle avait eu. Et heureusement car rien que l’idée de se retrouver avec une aiguille plantée dans le bras lui donnait des sueurs froides. *** Dès son arrivée à l’Aréna, Liv était allée trouver Tero. Il était en train de préparer le matériel pour la séance de récupération prévue dans une heure. « Tu la connais la nouvelle médecin du centre ? » — Bien sûr, je l’ai rencontrée dès son arrivée. — Elle vaut quoi ? — Elle est très douée dans sa spécialité. — Tu en es sûr ? — Liv, avant d’accepter le poste ici, elle s’est occupée de l’équipe de ski autrichienne et de l’ensemble de l’équipe de Norvège de ski de fond biathlon compris. C’est une des meilleures et c’est une chance pour nous qu’elle ait acceptée d’assurer le poste du vieux AVSEN le temps que le Centre lui trouve un remplaçant. Et si le centre médico-sportif a accepté de casser sa tirelire pour s’aligner sur ses prétentions salariales c’est qu’il compte bien se servir de sa notoriété dans le domaine pour se faire encore mieux connaître. — Donc Sol est entre de bonnes mains ? — Deux des meilleures qu’elle puisse trouver. — Tu peux m’en dire plus sur elle ? Tero arrêta ce qu’il faisait et se tourna face à Liv. — Elle t’intéresse ? — Non pas du tout, je veux juste savoir à qui nous allons confier nos muscles, os, tendons et autres… — Hum je vois… Laisse-moi me rappeler de son CV. Tero se grattait le dessous du menton faisant mine de réfléchir. — Alors, Ellen PETERSEN née le 03 février 1972 à Stockholm. Sortie major de sa promotion à l’école de médecine de Copenhague. Elle a fait son internat sous les ordres du Professeur AVSEN. Ensuite elle s’est fait un nom en remettant d’aplomb des sportifs de haut niveau. L’équipe de ski alpin d’Autriche lui a très vite mis la main dessus dès l’année préolympique de Nagano. Ensuite, elle a rejoint l’équipe de ski nordique de Norvège en 1999. Ole Einar [url=#_ftn1] [1][/url]l’a même remerciée dans une interview après sa victoire dans le sprint. — Elle a soigné Ole Einar Bjørndalen le multiple champion olympique ? — Oui. En 2002, Après les Jeux de Salt Lake City, elle est revenue en Suède. Anja Pärson n’en dit que du bien. — Elle a aussi soigné Anja Pärson [url=#_ftn2] [2][/url]? Elle ne fait que dans le champion ou championne olympique ? — Faudra lui demander. Son contrat s’est terminé l’année dernière. Le Professeur AVSEN qui souhaitait prendre sa retraite, l’a contactée pour lui proposer le poste en attendant. Il ne voulait pas vous laisser entre les mains de n’importe qui. Tu peux donc lui confier tes petits muscles sans hésitation. — D’accord. Merci pour les précisions. Je vais aller me changer. — Ok. Si tu vois Dane avant moi dis lui que j’ai eu PETERSEN ce matin au téléphone et que Sol sera opérée à 10h30. — Je lui transmets. A tout à l’heure Tero. Liv laissa leur kiné finir ses préparations et prit la direction des vestiaires où elle retrouva Danielle en train d’enfiler ses baskets. *** Solveig, toujours allongée sur le dos, qui regardait les ombres jouer au plafond, entendit son portable vibrer sur la tablette. ## Toute l’équipe pense à toi ! Je viens te voir dès la fin de la séance de décrassage. Courage ! Tu es une guerrière norvégienne n’oublie pas ! ## Elle ne put retenir un sourire. « Un message d’une de vos admiratrices ? » Ellen PETERSEN venait d’entrer dans la chambre de la capitaine norvégienne. — Non, c’est un message de Dane, ma petite amie. — La jeune femme brune que j’ai vue hier sans doute. — Les yeux bleus ? — Oui environ un mètre soixante dix. Elle était accompagnée d’une jeune femme blonde. — Liv sans doute. — Liv ? — Liv ARLENSEN, notre gardienne. — Désolée je ne connais pas encore les membres de votre équipe. — Je pense que vous apprendrez vite à les reconnaître. Nous avons tendance à souvent venir traîner ici. — Je verrai ça. En attendant, je vais m’occuper de votre genou. Dans cinq minutes, une infirmière va passer vous donner un petit décontractant et dans le quart d’heure qui suit, vous allez être descendue en salle d’opération. — L’opération va durer longtemps ? — Non ne vous inquiétez pas, l’anesthésie locale fera rapidement effet. Et les interventions sous arthroscopie ne durent pas longtemps. Ce n’est pas comme si je vous opérais des ligaments croisés. — On va éviter de parler de catastrophe. — Si vous suivez bien mes recommandations post-opératoires vous devriez retrouver le terrain rapidement. — C’est quoi rapidement pour vous ? — Deux mois. — Deux mois ? Nous n’avons pas la même échelle de temps docteur. — Vous n’êtes pas la première à me le faire remarquer. — Solveig jaugea du regard la personne qui allait l’opérer. Elle avait du mal à lui donner un âge. De visage elle paraissait avoir un peu moins de 30 ans mais il y avait quelque chose dans ses yeux qui montrait qu’ils avaient quelques années de sagesse en plus. En quittant la chambre de Solveig, Ellen prit la direction du bureau des infirmières. Tout en remplissant le dossier de la capitaine, elle donna ses directives. « Notre star du hand a l’air un peu tendue et nerveuse. On applique le protocole en fonction de cet état de fait, tout en faisant attention aux produits sur la liste des dopants. Et si nous ne voulons pas avoir de problème avec la Norvège, nous avons plutôt intérêt à leur rendre leur gloire nationale réparée. » Des sourires apparurent sur les visages. Beaucoup avaient eu peur quand le Professeur AVSEN les avait informés qu’il quittait le centre de médecine et chirurgie sportive et qu’il serait remplacé par une de ses anciennes élèves. Mais Ellen PETERSEN était arrivée avec son sérieux et son pragmatisme. Elle n’avait pas chamboulé le service juste remis au goût du jour quelques règles oubliées depuis longtemps par son prédécesseur. Comme celle des lignes tracées au sol pour interdire l’accès à la zone d’examen aux visiteurs. Déjà à cette époque, tout le personnel avait souri en se demandant combien de temps les joueuses de l’équipe de handball locale allaient respecter cette directive. Car loin de se croire tout permis, elles avaient pris l’habitude de se promener partout pour accompagner et prendre des nouvelles de leurs coéquipières. Le récit de la scène de la veille entre Ellen PETERSEN et Liv ARLENSEN avait déjà fait le tour de tous les étages. Des paris avaient même été lancés pour savoir qui gagnerait cette opposition. La chirurgienne menait un à zéro mais tout le monde ici connaissait l’abnégation de la gardienne championne olympique. Leurs futures rencontres risquaient de faire des étincelles. *** Danielle avait tenu sa promesse et dès la session de récupération terminée, elle s’était rendue au centre médico-sportif accompagnée de Liv. Sauf qu’elles étaient arrivées avant l’heure des visites et n’avaient pas eu le droit d’aller plus loin que la salle d’attente. C’était un « ordre » du docteur. Liv commençait à en avoir un peu marre des ordres de cette PETERSEN : ne dépassez pas cette ligne, attendez ici, ce n’est pas l’heure… Elle avait beau être mignonne, cela ne la rendait pas moins agaçante. L’espace d’un instant, elle fut tentée de transgresser les règles mais une part de son côté adulte la fit gentiment asseoir. De son côté Solveig était revenue de son opération sous arthroscopie. Elle avait deux petits pansements sur le genou et la tête encore un peu dans le coton. Les cachets que l’infirmière lui avait donnés l’avaient complètement assommée. Elle n’avait rien vu de l’intervention et n’avait aucune notion du temps qui s’était écoulé. Pour l’instant, elle essayait de se concentrer sur ce que lui disait Ellen PETERSEN. « Evitez de laisser votre genou plié trop longtemps : donc pas de longs voyages en voiture, en car ou en avion. » — C’est quoi long ? demanda Solveig légèrement inquiète vu la différence qu’il y avait dans leur expression mutuelle du temps. — Au-delà de vingt minutes. Si vous prenez place dans les tribunes pour surveiller vos coéquipières faites en sorte de pouvoir tendre votre jambe à intervalle régulier. Au minimum une fois par mi-temps. — D’accord, ça veut dire pas de déplacement avec l’équipe. Autre chose ? — Pas de course avant un mois, surtout jamais de position accroupie et ne vous mettez pas à genou. Evitez au maximum les impacts fémur tibia pour permettre une bonne cicatrisation, donc ne sautez pas. — Ok je dois donc rester assise sans bouger, enfin sauf pour tendre et détendre mon genou. — Oui. — Vous vous rendez bien compte de ce que vous me demandez ? s’agaça quelque peu Solveig. Sans se départir de son calme et de sa voix posée Ellen reprit la parole. — Si vous m’autorisez un conseil : profitez de votre convalescence pour vous reposer aussi bien physiquement que mentalement. Sans vous avoir vu jouer, il est facile de se rendre compte que vous êtes épuisée. Vous avez le choix : faire n’importe quoi et vous blesser plus gravement dans les mois voire les semaines à venir ou écouter ce que je vous dis et retrouver votre meilleur niveau. Pour appuyer ses dires, la chirurgienne plongea son regard dans celui de Solveig. Elle considérait les sportifs comme des grands enfants qu’il ne fallait pas hésiter à envoyer au piquet de temps en temps. Métaphoriquement parlant bien entendu… — Bien je vous ai tout dit. Je repasserai avant votre sortie. Je vais laisser vos amies venir vous rendre visite. Elles attendent depuis un moment et je crois que l’une d’elle est en train de perdre patience. — Malgré son air renfrogné, Sol ne put s’empêcher de sourire à la description qui ne pouvait coller qu’à une seule personne. — Une grande blonde les cheveux mi-long ? — Oui, Liv ARLENSEN. — Vous avez retenu son nom ? — J’apprends très vite mademoiselle ANDERSEN. — Je n’en doute pas. — A tout à l’heure et restez allongée jusqu’à votre heure de sortie. Solveig regarda la chirurgienne quitter sa chambre. Prendre le temps de se reposer, elle en avait de bonne. En décembre avait lieu les championnats d’Europe et elle voulait y être pour jouer à nouveau sous le maillot norvégien avec Dane. Liv surveillait l’horloge. Elle avait décidé qu’à l’heure pile fixée par les règles de PETERSEN, elle sortirait de cette pièce pour aller rendre visite à son amie. Et que la chirurgienne en chef ne s’avise pas de l’en empêcher. La trotteuse continuait sa course, Liv était dans les starting-blocks, plus que dix secondes, neuf, huit, sept, six, cinq… « Bonjour mesdemoiselles. » Liv sursauta en entendant la voix d’Ellen. — L’opération de votre coéquipière s’est bien déroulée. Elle avait les cheveux attachés aujourd’hui, remarqua la gardienne et cela lui donnait un petit air d’adolescente. — Elle devra éviter de forcer sur son genou pendant au moins un mois alors évitez de lui faire faire n’importe quoi. — Comme si c’était notre genre de faire n’importe quoi, lui répondit Liv un peu sèchement. Ellen se tourna vers elle et la regardant en face. — Ce ne serait pas la première fois que les sportifs ne suivent pas les protocoles. — Je ferai en sorte qu’elle suive votre protocole, intervint Danielle sentant la tension monter. Nous pouvons aller la voir ? — Oui, elle récupère un peu et vers 18 heures elle pourra sortir. — D’accord. Merci docteur. Dane attrapa Liv par le bras et la tira à sa suite dans le couloir. Après avoir tourné à gauche, Liv jeta un coup d’œil par-dessus son épaule, pour vérifier que personne ne les suivait et reprit la parole. « Elle m’énerve avec ses grands airs. Liv se mit à imiter la voix de la chirurgienne. « Ça ne serait pas la première fois que les sportifs ne suivent pas les protocoles. » Tu parles, pourquoi elle bosse avec nous si elle ne nous aime pas ? » — C’est peut-être un peu comme quand toi tu sors un super arrêt et que l’adversaire arrive tout de même à marquer dans un deuxième temps car nous n’étions pas assez concentrées. Je pense que c’est la même frustration. Elle met de l’application à nous réparer, ce n’est pas pour que nous allions tout casser tout de suite. — Mouais… Mais quand même… Sur ces derniers mots Liv frappa à la porte de la chambre de Solveig. La capitaine norvégienne savait qui était derrière la porte. Elle avait reconnu l’accent propre à Dane qui s’exprimait de plus en plus en norvégien quand elle était avec elle ou avec Liv. Elle était encore timide avec Katri et les autres bien que toute la préparation pour les Jeux Olympiques l’ait beaucoup aidée à apprivoiser la langue de son Grand-Père. Et Liv, elles se connaissaient depuis tellement longtemps qu’elle connaissait presque chaque intonation de sa voix et là, elle semblait exaspérée. « Salut Cap’tain ! » — Salut Liv. Danielle contourna le lit et vint déposer un baiser sur les lèvres de sa petite amie. Le contact était agréable sur la bouche sèche de Solveig. Elle passa son bras dans le dos de sa petite amie pour la garder près d’elle. — Comment tu te sens ? — Encore un peu dans les vapes. Je ne sais pas ce qu’ils m’ont donné comme cachet mais c’est plutôt efficace. — Tu as mal ? — Non pas vraiment, je sens juste que mon genou se réveille. — Ils pourront rajouter cette blessure dans la pub[url=#_ftn3] [3][/url]. — Je ne pensais pas que ça faisait aussi mal les ménisques. — La plupart du temps quand tu t’arraches les ligaments croisés ce qui fait mal c’est que les ménisques bougent avec. Solveig se pencha sur le côté pour voir sa coéquipière qui avait pris place dans le fauteuil. — Pourquoi tu ronchonnes Liv ? Quelqu’un t’a volé ton goûter ? — Non. — Elle a rencontré ta chirurgienne et je crois que leur avis diverge. — Ah oui ? Sur quoi ? — L’application des règles et les sportifs. — Je ne sais pas si c’est les effets des médicaments mais je ne comprends pas tout. — Pour résumer : Liv s’est fait grondée hier car elle voulait aller là où elle n’avait pas le droit d’aller et tout à l’heure elle s’est presque fait traiter de sportive irresponsable. Solveig regarda Liv attentivement puis : — Elle te plaît, n’est ce pas ? — Mais non ! Liv reprit après une pause. Enfin peut-être. Je ne sais pas… Elle m’intrigue c’est tout. — Mouais. La dernière fille qui t’a intriguée t’a presque expédiée en Slovénie. Tu voulais jouer où déjà ? A Ljubljana ? — Vous avez rencontré Ljubljana en coupe EHF, il me semble, intervint Dane. — Oui et Liv a joué contre son ex. — Oh !? C’était laquelle ? — Leur pivot, précisa Liv en faisant la grimace. — Celle que tu as mis en échec tout le match si mes souvenirs sont bons ? — Oui. C’est Sol qui répondit à sa place. Faut jamais faire de crasse à une blonde intelligente. — Qu’est ce qu’elle t’avait fait ? — Elle pensait qu’elle avait le droit de jouer sur plusieurs tableaux. — Oh, je vois. Pas cool. — Non pas cool, conclut Liv. Avant que l’une d’entre elles puisse ajouter quelque chose, quelqu’un frappa à la porte. Ce fut au tour de Katri de se montrer. « Salut Cap’tain. Alors tu es réparée ? » — Je te répondrais dans deux mois quand on m’aura autorisé à rejouer au handball. — Ok. C’est qui la petite nouvelle qui remplissait des dossiers à l’accueil ? Enfin petite façon de parler. — Tu dois parler de la remplaçante d’AVSEN, répondit Solveig. Grande, brune… — Les yeux verts, compléta Liv. C’est en remarquant que tous les regards étaient tournés vers elle qu’elle se rendit compte de ce qu’elle venait de dire. — Enfin je crois, se reprit-elle en haussant les épaules. Katri allait lancer une de ses répliques mais Solveig la coupa dans son élan en reprenant la parole. — Elle s’appelle Ellen PETERSEN et c’est elle qui m’a opérée. — Hum, ça donnerait presque envie de se faire mal. — Méfie toi Katri, elle ne semble pas portée sur les sportifs aussi bien masculin que féminin, l’informa Dane. — Masculin ça c’est sûre mais féminin ça changera quand elle me connaîtra. — Tu comptes la faire changer de bord en plus de lui faire apprécier les sportives ? demanda Dane. — Pas besoin de lui faire changer de bord, elle joue déjà dans la bonne cour… — Katri, tu n’es pas croyable. Tu croises une fille et tu peux affirmer si elle est hétéro ou non ? — Les autres ne te l’ont pas dit Dane, j’ai un Gaydar de haute technologie. — Donc pour toi elle est lesbienne ? On frappa de nouveau à la porte. Eva et Linda entrèrent à leur tour dans la chambre. — Salut Cap’tain, lancèrent-elles en cœur. — Salut les filles. Tout l’été, les deux belges avaient joué au jeu du chat et de la souris, s’allumant copieusement alors qu’elles regardaient les Jeux Olympiques à la télévision. Le soir de la finale, remportée par leurs amies et coéquipières, elles avaient passé la nuit ensemble. Au matin, elles avaient décidé qu’il valait mieux faire comme si rien ne s’était passé. Mais les regards qu’elles se lançaient, étaient très explicites. — Oui, elle est lesbienne, j’en suis sûre, reprit Katri après l’interruption due aux nouvelles arrivées. — Vous parlez de la grande brune que nous avons croisée dans l’ascenseur ? demanda Eva. — Quoi toi aussi, d’un simple regard tu peux le dire ? — Non Dane, je n’ai pas le talent de Katri, loin de là. C’est même plutôt l’inverse. Je perds toujours à ce jeu. C’est juste que c’est la seule nouvelle tête en tenue dans le centre. Et connaissant notre chère ailière, c’était sûr qu’elle l’avait remarquée. — Ben oui, je remarque toujours les jolies filles… Et les beaux mecs aussi… Vous ne savez pas ce que vous manquez à vous restreindre à une partie de la population terrestre. — Nous n’avons pas toutes le même appétit que toi Katri, déclara Liv. — Pour ça, il faudrait que tu recommences à manger, goalkeeper[url=#_ftn4] [4][/url] de mon cœur. — Laisse la tranquille Katri, intervint Solveig. Katri allait argumenter mais le Docteur PETERSEN choisit cet instant pour rentrer dans la chambre. Cette dernière ne put se retenir de froncer les sourcils en voyant tant de monde. « Le nombre de visiteurs est normalement de deux maximum par chambre. » — Et bien dites-vous que nous sommes une seule entité, l’équipe de Copenhague. Katri avait fait son plus beau sourire en disant cela mais ça ne toucha nullement la nouvelle responsable du centre médico-sportif. — Je vais vous demander de sortir. Je dois transmettre des informations à mademoiselle ANDERSEN. Chacune se dépêcha de prendre le chemin de la sortie encouragée par le ton froid d’Ellen. Danielle prit tout de même le temps de déposer un baiser sur les lèvres de Solveig. — Je vais attendre dans le couloir. — D’accord. A tout de suite. Sveig aurait voulu que Dane reste avec elle mais la nouvelle chirurgienne avait l’air très à cheval sur le protocole. Danielle referma doucement la porte et rejoignit le reste du groupe. « Et ben ! Plutôt coincée la nouvelle Doc, s’exclama Katri. » — Pourquoi ? Parce qu’elle n’a pas succombé à ton charme ? se moqua Eva. — N’importe quoi. Elle se cache derrière ses grands airs mais ça changera quand elle me connaîtra. — Tu veux dire quand elle nous connaîtra. — Si tu veux Linda quand elle nous connaîtra… Bon faut que je vous laisse j’ai rendez-vous. — Fille ou garçon, demanda Liv ? — Mec, vrai beau mec. — Amuse-toi bien alors, conclut Eva. Danielle lui fit un salut de la main. Elle attendait qu’Ellen PETERSEN autorise Solveig à sortir. Dans la chambre, la capitaine norvégienne écoutait attentivement. « Donc voici les papiers pour votre sortie, ainsi que votre ordonnance. Je l’ai aussi transmise à votre kiné avec le compte-rendu de l’opération. Je vous ai prescrit des antidouleurs. Prenez-les avant d’avoir trop mal. Ça ne sert à rien de souffrir pour rien. — J’évite au maximum les antidouleurs du fait que la plupart sont sur la liste des produits dopants. — Ne vous inquiétez pas pour ça, j’ai l’habitude de travailler avec des sportifs de haut niveau. Tous les médicaments qui sont sur cette feuille sont autorisés sur ordonnance après une intervention chirurgicale. — D’accord. — Par contre ne dépassez pas la dose maximum par jour. Si vous sentez une dépendance s’installer contactez-moi. — Vous dites ça comme si cela arrivait souvent. — Plus que vous ne le pensez. Est-ce que quelqu’un peut vous aider chez vous ? — M’aider ? — Pour les courses, les repas… — Oui, il y a Dane, ma petite amie. — Vous vivez ensemble ? — Oui. Solveig n’avait pu s’empêcher de sourire en prononçant la réponse. — Bien. Mettez le plus souvent possible de la glace sur votre genou, cela évitera qu’il enfle. Et si vous sentez la moindre gêne ou une douleur qui ne passe pas, là aussi n’hésitez pas à venir. — D’accord. — Je vais vous laisser rentrer chez vous à présent. Bon courage Mademoiselle ANDERSEN. Je vous revois dans trois semaines. — Merci. Elle déposa tous les papiers sur la tablette avant de sortir de la chambre. Dans le couloir elle fit signe aux joueuses que c’était bon leur capitaine pouvait sortir. Elle dut tout de même se retenir de leur dire que le couloir n’était pas une salle d’attente. Sans pouvoir l’expliquer, elle sentait que les joueuses de cette équipe de handball allaient lui en faire voir de toutes les couleurs. *** Danielle se trouvait dans la cuisine, elle finissait de préparer le repas. Solveig s’était installée dans le canapé, devant la télévision. Une poche de glace sur le genou, elle caressait distraitement la tête de Bones posée sur sa cuisse. « Tu as besoin de quelque chose ? demanda Danielle alors qu’elle apportait son assiette à Solveig. Antidouleur ? Jus d’orange ? Glaçons ? » — Juste que tu te poses. Nous ne nous sommes pratiquement pas vues seules de la journée. — Je vais juste chercher une bouteille d’eau et je m’installe à côté de toi. Moins d’une minute plus tard elle s’assit à côté de sa petite amie. — Tu as mal ? — Non ça va. Les antidouleurs que PETERSEN m’a donnés sont assez efficaces. — C’est une bonne chose, c’est stupide de rester avec la douleur quand il est possible de l’éliminer. Et puis il est prouvé que la rééducation et la récupération sont bien meilleures sans la douleur. Tu vois Tero demain ? — Non pendant quinze jours, il ne va rien se passer. La rééducation commencera le 22 septembre. — D’accord. Tu veux venir à l’entraînement avec moi demain matin ? — Peut-être pour la séance de l’après-midi. Je pense que je vais me reposer demain matin. — Pas de problème. Il y a quoi ce soir à la télé ? — Tout dépend de la langue que tu choisis… En disant cela, Solveig posa un baiser sur la joue de Dane. Sa petite amie avait tenu sa promesse et avait été avec elle dès qu’Ellen PETERSEN lui en avait donné l’autorisation. Liv avait été là aussi. Et voir débarquer le reste du noyau dur de l’équipe lui avait presque fait oublier son état.
[url=#_ftnref1] [1][/url] Ole Einar Bjørndalen, né le 27 janv 1974 à Drammen (Norvège), est un biathlète norvégien. Il possède le plus grand palmarès de l'histoire du biathlon : 6 titres olympiques, dont les 4 mis en jeu lors de l'édition de Salt Lake City, et 19 mondiaux, dont 11 titres individuels et 6 gros globes de cristal, trophée récompensant la victoire au classement général de la Coupe du monde de biathlon. [url=#_ftnref2] [2][/url] Anja Pärson, née le 25 avril 1981 à Umeå (Suède), est une skieuse alpine suédoise. Spécialiste des épreuves techniques (slalom et slalom géant) au début de sa carrière, elle devient de plus en plus polyvalente et évolue progressivement vers les épreuves de vitesse (descente et super G). Elle fait partie des rares skieuses à avoir remporté au moins une victoire en coupe du monde dans les cinq disciplines du ski alpin et est la seule qui a été championne du monde dans les cinq épreuves (slalom en 2001, slalom géant en 2003 et 2005, super G en 2005 et 2007, descente en 2007 et super-combiné en 2007). [url=#_ftnref3][3][/url] Tome 1 : Publicité de Solveig pour une bande élastoplaste où la liste de ses blessures était détaillée. [url=#_ftnref4] [4][/url] Gardien de but | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 18 Oct 2015 - 23:38 | |
| SØNDERJYSKE – Test en situation Dès son arrivée à l’Aréna de Copenhague, Danielle avait dû répondre aux questions des journalistes et de ses coéquipières sur l’état de santé de Solveig. Elle avait bien sûr choisi ses mots suivant ses interlocuteurs. Pour les journalistes, elle avait juste confirmé que l’opération s’était bien passée et que Solveig se reposait tranquillement à la maison. Aux joueuses, elle avait pu préciser que leur capitaine avait passé une bonne nuit mais que son genou l’empêchait de pouvoir se positionner comme elle en avait l’habitude. « Allez les filles, on parie sur le temps que Sol va tenir avant de devenir insupportable ? » C’était Katri qui venait de lancer l’idée. — Tu es vache Katri, commenta Liv, mais je lui donne deux semaines avant de craquer. — Deux semaines ? T’es gentille, je lui donne même pas une semaine, continua Eva. Tu ne te rappelles pas pour sa béquille à la cuisse ? Elle a été pas possible jusqu’à ce que Tero l’autorise à jouer. La prise de paris continua et Danielle ne savait pas si elle devait sourire à ça ou défendre sa copine. Mais dans le fond, la majorité des filles dans ce vestiaire connaissait Solveig mieux qu’elle. ***
Vendredi 12 septembre 2008 – 18h00 | J02 / Sønderjyske - Copenhague | Deuxième journée de championnat et premier déplacement de la saison pour les joueuses de Copenhague. Premier match aussi sans ANDERSEN qui a été opérée en début de semaine. Les nouvelles transmises par le staff médical du club sont plutôt rassurantes. Tout se serait bien passé. Si tout va bien, elle devrait reprendre la compétition dans deux mois minimum. Ce qui amène à mi-novembre, juste un mois avant le début des Championnats d’Europe. La grande question est de savoir si cela suffira à ANDERSEN pour revenir physiquement. Mais revenons au match de ce soir, Sønderjyske, promu cette saison, qui a remplacé Frederikshavn a perdu son premier match face à Randers par 13 buts d’écart. Une défaite ici serait une grosse contre-performance pour Copenhague. Au niveau tactique, comme en sélection nationale SNORROEGGEN va suppléer l’absence d’ANDERSEN au poste de demi-centre. HAMERSEN a déclaré avoir toute confiance en son équipe et que dès ce soir elles allaient montrer leurs ressources mentales. Le coup d’envoi va être donné… |
Solveig installée dans le canapé, lieu où elle passait le plus de temps ces derniers jours avec Bones, était prête à regarder le match. Elle avait posé son ordinateur portable à côté d’elle pour suivre aussi les commentaires en direct du blog de Johanne ADONSEN, apprentie journaliste. La petite douleur lancinante dans son genou calmait son envie d’être sur le terrain. Rien que le fait de se lever et d’aller chercher quelque chose lui rappelait son état. Avant son départ Danielle avait tout préparé pour qu’elle n’ait plus qu’à réchauffer ses repas et stocké des bouteilles d’eau sous la table basse. 1ère minute : 00 – 01 KASLER donne le ton d’entrée. Elle monte très haut au-dessus de la défense adverse pour lâcher un tir puissant.
[…] 10ème minute : 03 – 05 Arrêt d’ARLENSEN, relais avec SNORROEGGEN avant de poursuivre sur AAMODT, duel un contre un face à la gardienne, tir lucarne droite.
[…] 20ème minute : 08 – 10 La balle circule vite d’une aile à l’autre pour finir dans les mains de BLANCO qui d’un tir au sol trompe la gardienne.
[…] Mi-temps : 10 – 15 5 buts d’écart et du jeu très fluide. Sønderjyske essaie de s’accrocher mais elles semblent parfois dépassées par la vitesse de jeu de l’équipe de Copenhague. |
Solveig souriait devant sa télévision. L’équipe jouait un jeu très plaisant à regarder. Les transmissions étaient sûres et les tirs précis. Face à ce genre d’équipe, jugée plus faible, la clé était le sérieux et l’application. Et pour l’instant ses coéquipières étaient bien dans le rythme. Elle claudiqua jusqu’à la cuisine pour changer les glaçons de sa poche. Bones en profita lui pour aller se dégourdir les pattes dehors mais tout le monde fut à sa place pour la reprise du match.
[…] 40ème minute : 13 – 20 MERTENS s’ouvre une porte sur son aile et d’un beau mouvement du poignet marque.
[…] 50ème minute : 16 – 25 KASLER pose un volt (clin d’œil à sa capitaine ?) et marque de manière acrobatique.
[…] Fin du match : 20 - 30 La stat de ce match c’est que Copenhague a marqué à peu près toutes les 2 minutes. Si on met de côté le Kung Fu raté entre PEDERSEN et KASLER, les automatismes étaient présents. Les joueuses de Copenhague ont su passer outre l’absence de leur capitaine mais il faudra confirmer cela face à un adversaire plus solide. Prochain match : Copenhague - Arhus le 16/09/2008 Bonne soirée ! |
*** Danielle posa son sac dans le hall, juste avant que Bones ne vienne lui dire bonjour. Elle avait fait un crochet par le traiteur chinois pour ramener un des plats préférés de Solveig : des nouilles au curry avec du poulet. Pendant le voyage retour, elle lui avait dit qu’elle l’attendait pour manger. Sa petite amie arriva quelques minutes après Bones. Appuyée sur ses béquilles, elle l’observait. « Il a regardé le match lui aussi. » — J’avais deux fans alors, dit Dane en caressant le chien entre les deux oreilles. Elle se releva et vint embrasser Solveig. — Je préfère tes baisers à ceux de Bones. — Ah oui ? — Oui, moins humide. Quoi que parfois… Solveig la fit taire d’un baiser. — Tu as fait un super match. — Merci mais je n’étais pas toute seule sur le terrain et nos adversaires manquaient un petit peu de répondant. — Oh ! Tu préfères sans doute te bagarrer comme un beau petit diable. — Ces victoires-là, ont une saveur différente… — Je n’en doute pas. En parlant de saveur, c’est bien ce que je pense ce qu’il y a dans ton sac ? — Nouilles au curry et poulet. — Miam. — Installe-toi dans le salon, j’arrive avec les bols et les couverts. Bones a eu à manger ? — Oui. Cinq minutes plus tard, Solveig dévorait le contenu de son bol. Se léchant les lèvres après chaque bouchée comme si elle ne voulait pas perdre une miette de son plat. — Et ben tu avais drôlement faim ? — J’ai toujours faim pour un plat comme celui-là. — Je vois ça. Comment va ton genou ? — Ça va, il est un peu raide et tout froid à cause de la glace. — Tant que tu n’as pas mal c’est l’essentiel. — Oui. Et toi pas de douleur due au match ? — Non tout va bien. Elles étaient plutôt gentilles. Enfin Katri dit qu’on allait trop vite pour qu’elles arrivent à nous attraper. — Je vois que ses chevilles se portent toujours aussi bien. — N’aies aucun doute là-dessus. Tu en veux encore ? — Il y en a encore ? Le regard de Solveig s’était allumé à cette nouvelle. — Oui encore un peu, sourit Dane. Solveig tendit son bol, salivant d’avance à ce deuxième service. *** A deux heures du matin, Solveig ne dormait toujours pas. Elle regardait sa petite amie étendue à ses côtés. La fatigue du match, même s’il n’avait pas été trop dur, avait eu raison de son attention. Sa respiration calme et profonde montrait qu’elle avait bien rejoint Morphée. L’eau et le feu dans le même corps. Calme et posée dans la vie de tous les jours ; explosive et combative sur le terrain. Elle avait montré la force de son mental la saison dernière en résistant à la pression des médias à l’annonce de sa sélection et avant le match contre l’équipe de France. Tout au long des Jeux Olympiques, ses stats avaient justifié le fait qu’elle porte le maillot norvégien. Tous les spectateurs aussi bien dans la salle que devant leur télévision avaient pu apprécier la puissance et la précision de ses tirs ainsi que son sens du jeu. La saison dernière, elle avait fini meilleure passeuse du championnat et à cette occasion un trophée lui serait remis fin novembre, au gala des sports collectifs danois. Solveig posa doucement sa main sur le ventre de Danielle. Elle aimait sentir le léger gonflement à chaque inspiration. Ce simple mouvement la rassurait instantanément. Elle s’endormit dans cette position calant, sans s’en rendre compte, sa respiration sur celle de Dane. *** Solveig prit place dans les tribunes du Copenhague Aréna. Elle avait assisté à toute la préparation de l’équipe. Comme à chaque début de saison, Thia avait annoncé quelle joueuse avait vendu le plus de maillots. La gagnante devait payer à boire au reste de l’équipe. Solveig était à nouveau bonne pour se plier à la « corvée ». Mais à bien y regarder aujourd’hui, elle se demandait si les chiffres étaient bons. Plein de petits KASLER avaient poussé ici et là. Elle sourit en voyant passer une petite fille portant un maillot légèrement trop grand pour elle floqué du nom de sa petite amie. Le match allait commencer.
Mardi 16 septembre 2008 – 19h00 | J03 / Copenhague - Arhus | Arhus, l’adversaire du jour est 10ème avec 1 défaite et 1 victoire à son actif. La saison dernière sur l’ensemble des 2 matchs, Copenhague termine avec deux victoires et un +10. Mais ce match n’a rien de facile car Arhus est une équipe qui au fil des années a montré qu’elle était parfaitement capable de faire tomber les équipes du podium. ANDERSEN est dans les tribunes ce qui offre aux supporteurs l’occasion d’avoir un autographe. A ce rythme, elle va avoir des courbatures à la main demain. Tout comme en équipe nationale, ARLENSEN a hérité du brassard de capitaine en l’absence d’ANDERSEN et est donc chargée du discours d’avant match. Les deux équipes sont en place, les arbitres aussi…
[…] 1ère minute : 00 – 00 Premier impact sur KASLER qui glisse sur le sol. Ça commence fort.
[…] Mi temps : 12 – 12 Les joueuses d’Arhus ont dû avoir pour consigne de casser le rythme de jeu. Elles font beaucoup de fautes pour arrêter l’équipe de Copenhague.
[…] 58ème minute : 22 – 23 Les joueuses d’Arhus jouent les poulpes et s’accrochent aux attaquantes de Copenhague. Impossible pour ces dernières d’aller au tir. C’est une succession de fautes à 9 mètres depuis plus d’une minute.
[…] 59ème minute : 22 – 23 Dernier coup franc. Arhus positionne son mur. AAMODT et TORSTENSON masque le ballon. KASLER et SNORROEGGEN sont en position pour le tir. C’est KASLER qui prend le ballon. Elle prend son impulsion et son tir puissant s’écrase sur la transversale.
[…] Fin du match : 22 – 23 La première défaite de Copenhague arrive lors de la 3ème journée de championnat. Elles n’auront pas réussi à se défaire de la défense collante d’Arhus. Est-ce qu’ANDERSEN aurait pu trouver une solution à cette situation. Notons la défense individuelle sur KASLER. Est-ce qu’elle commencerait à faire peur à ses adversaires ? affaire à suivre. Prochain match : Viborg - Copenhague le 20/09/2008 Bonne soirée ! |
*** Danielle était assise dans le canapé. Elles étaient rentrées depuis deux heures et venaient de finir de manger. Au journal télévisé, elles avaient pu entendre l’interview de Solveig enregistré après le match. « Même quand tu ne joues pas, ils te courent après, s’exclama Dane. » — Oui et avec ces béquilles, je n’ai pas pu me sauver. — Dans quelques jours tu ne les auras plus. A partir de ce week-end tu pourras marcher sans. — Oui vivement vendredi. Dane se pencha et posa un baiser sur les lèvres de Sveig — Je vais aller sortir Bones et ensuite on va au lit ? — Oui. Je vais prendre ma douche pendant ce temps là. Danielle était assise sur les marches de la terrasse. Elle regardait le chien se rouler dans l’herbe pour se gratter le dos. Elle sentait qu’elle avait des bleus de partout. Elle était beaucoup allée au sol aujourd’hui. Elle commençait à comprendre ce que ressentait Solveig quand elle subissait un marquage strict constant. Elle savait qu’il faudrait un peu de temps à sa petite amie pour revenir sur les terrains mais elle était impatiente de la retrouver. ***
Samedi 20 septembre 2008 – 18h00 | J04 / Viborg - Copenhague | Déroute complète à Viborg ! Douze buts d’écart entre les deux équipes un score de 32 à 20 qui ne laisse aucun doute sur la physionomie de la rencontre. Heureusement que c’était à Viborg sinon la pilule aurait été encore plus dure à avaler. Se faire humilier dans sa propre salle aurait été très dérangeant. Ce résultat fait chuter Copenhague à la 7ème place du classement, ce qui n’était pas arrivé depuis la saison 2003/2004. Les deux dernières contre-performances semblent à nouveau montrer la Anderseno-dépendance de l’équipe. C’est un peu comme si elles avaient perdu l’âme de leur jeu avec la blessure d’ANDERSEN. KASLER a subi un marquage strict qu’elle ne sait pas encore déjouer. C’est dans ces situations que l’on voit encore son manque d’expérience à ce niveau. Il va falloir qu’elle étoffe son panel de feintes pour tromper ses adversaires directes. ARLENSEN n’est pas dans une bonne période non plus, ses statistiques sont très basses sur les deux derniers matchs. Pour faire un constat plus général, toutes les joueuses ayant participé aux Jeux Olympiques ne semblent pas dans le tempo. Elles sont sûrement émoussées physiquement. En espérant que tout le monde retrouve un second souffle et le sens du but, je vous donne rendez-vous pour le prochain match. Prochain match : Copenhague -Slagelse le 26/09/2008 Bonne soirée ! |
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| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Sam 28 Nov 2015 - 22:32 | |
| SLAGELSE – Programmation du réveil. Le lundi suivant la déroute à Viborg, toute l’équipe était réunie dans les vestiaires au Copenhague Aréna. Même Solveig qui devait commencer sa rééducation aujourd’hui avait tenu à être avec ses coéquipières. Thia se tenait au milieu et prit la parole. « Je ne vais pas vous faire la leçon. Vous êtes des professionnelles et vous savez ce que vous avez à faire. Ce que je vous demande, c’est de ne pas vous laisser déstabiliser par les commentaires des journalistes. L’équipe doit rester unie. Perdre deux matchs n’est pas une catastrophe. Je sais que certaines d’entre vous sont fatiguées mais il va falloir aller puiser dans vos réserves. Viborg nous a mis une claque mais à nous de relever la tête. Vous êtes un groupe solide, je ne m’inquiète pas sur votre capacité à rebondir. Ça n’est qu’une question de second souffle. Cela fait deux saisons que nous sommes l’équipe à battre. Le fait de ne plus faire la course en tête va peut-être alléger la pression. Je vous le répète ce qui est important c’est de rester concentrées sur nos objectifs et de ne pas vous laisser déstabiliser par les commentaires extérieurs. » Pendant tout le discours de Thia, toutes les joueuses étaient restées silencieuses et attentives même Katri n’avait fait aucun commentaire. L’heure n’était pas encore grave. La saison n’en était qu’à son début. « Nous avons quatre jours pour préparer le match face à Slagelse. Sérieux et application seront nos mots d’ordre toute la semaine. Avant de vous laisser vous mettre en tenue, je vous donne la bonne nouvelle de la journée : Sol va lâcher ses béquilles et commencer sa rééducation aujourd’hui. » Toutes applaudirent cette nouvelle. « Et une dernière chose : tu peux recommencer à parler Katri, je ne voudrais pas que tu exploses. » Thia fit un clin d’œil avant de sortir des vestiaires. Et Katri enchaîna. « Alors Cap’taine, prête à en chier ? » — Merci de tes encouragements Katri. — A ton service Cap’taine. — Vas-y doucement tout de même, tempéra Liv. Quand revois-tu PETERSEN ? — Lundi prochain pour faire le point après une première semaine de rééducation. — Ok. Tu connais ton programme pour la semaine ? — Ça va juste être de la mobilisation pour l’instant. Je n’ai pas le droit de courir ou de sauter. C’est PETERSEN qui donnera le signal pour la reprise de la course. — Wow c’est la belle chirurgienne qui a ton programme entre ses belles mains ? se moqua Katri. — Et oui que veux-tu, il va falloir s’y habituer, elle a l’air d’aimer tout contrôler. A défaut de ses partenaires Solveig n’enfila pas sa tenue habituelle. Juste un bermuda, un t-shirt et des baskets. Alors que le reste de l’équipe prenait à droite en sortant des vestiaires, elle partit à gauche en direction du bureau de Tero et de la salle de soins. Elle sentit une main attraper la sienne pour la retenir. C’était Dane. Elle l’embrassa avant de lui dire. « Amuse-toi bien avec Tero mais pas de folie. On se retrouve après. » Ces quelques mots permirent à Solveig de se sentir un peu moins triste de ne pas suivre ses coéquipières. Le kiné était assis sur son petit tabouret à roulettes. Les coudes sur la table de massage, il lisait un document de plusieurs pages recto-verso. Il leva la tête en voyant Solveig arriver dans son champ de vision. « Salut Sol. Comment vas-tu ce matin ? » — Salut Tero. Je suis raide comme un piquet. — Ok. Nous allons essayer d’assouplir tout ça. De toute façon ce sont les préconisations d’Ellen. — Ellen ? — PETERSEN. — Oh ! Tu l’appelles par son prénom ? — Ben oui. Qu’est-ce qu’elle vous a fait, vous semblez toutes terrorisées par cette femme. — C’est juste qu’elle est moins cool que AVSEN et que nous n’avons plus l’habitude de la rigueur hospitalière. — Je vois. — Mais ne t’inquiète pas Katri a tout de même l’idée de la prendre dans ses filets. — Oh ! Et bien je lui souhaite bon courage. Elle va se prendre une jolie veste. Ça va être drôle à voir. — Tu pourrais être plus sympa avec ta cousine. — Comme si vous n’aviez pas déjà lancé des paris. — Ce n’est pas notre genre… En disant cela, Solveig n’avait pu s’empêcher de sourire. Dans l’équipe, elles avaient tendance à parier sur tout. Les mises en cours étaient sur : quand Eva et Linda allait enfin coucher ensemble et combien de temps allaient durer la relation actuelle de Katri. Pour le premier, la capitaine norvégienne était presque sûre que cela c’était déjà produit mais sans confirmation des principales intéressées la mise courait toujours. Il ne fallait pas non plus oublier les paris sur le football, le rugby et autres matchs. Mais jamais sur le handball. Il n’y avait pas vraiment d’explication. Peut-être parce que ce sport était leur job et qu’on ne rigolait pas avec ce qui remplissait la marmite. Et elles ne pariaient pas plus d’un euro, c’était l’autre règle. — Allez installe-toi que je regarde comment ce genou se comporte. Tu as essayé de marcher sans béquille ? — Non, Dane m’a surveillée comme le lait sur le feu. — Ok. Tero commença à manipuler doucement l’articulation de la capitaine de Copenhague. — Ton programme pour la semaine c’est récupération de la flexion complète et du flexum si tu l’as perdu. Travail musculaire de la cuisse pour ne pas que tu fondes et beaucoup d’assouplissements. A croire qu’Ellen aussi te trouve raide comme un piquet. — Elle devrait savoir que les grands ne sont pas souples. Elle fait la même taille que Liv. — En parlant de Liv, elle, elle pourrait plaire à Ellen… — A bon ? Qu’est-ce qui te fait dire ça ? — Son ex, c’est la chanteuse suédoise Erika BRENSON. La grande blonde à la voix suave, qui s’engage dans de nombreuses associations. Il n’en dit pas plus et Solveig se retint de poser des questions pour ne pas trahir l’attirance de Liv pour la nouvelle chirurgienne. Mais, en elle-même, elle se demandait bien ce qui poussait Tero à penser ça : quel était le point commun entre une chanteuse et une handballeuse internationale ? ***
Vendredi 26 septembre 2008 – 20h00 | J05 / Copenhague - Slagelse | 1ère minute : 01 – 00 KASLER attrape la balle main droite, pose un volt sur son adversaire direct tout en changeant de main et tire bras gauche. Le ton du match donné
[…] 2ème minute : 01 – 00 ARLENSEN ferme son premier poteau et met en échec l’ailière adverse.
[…] 3ème minute : 02 - 00 AAMODT quitte son aile gauche pour rentrer dans l’axe et trouver la lucarne.
[…] 5ème minute : 03 – 00 BLANKAERT, sur une passe de KASLER dans le dos de la défense, se bagarre et arrive à déclencher un tir au sol.
[…] 6ème minute : 04 – 00 SNORROEGGEN profite de l’écran de TORSTENSON pour lâcher son bras à 9m.
[…] 7ème minute : 05 – 00 TORSTENSON à son tour profite du travail de passes rapides de l’équipe pour trouver l’ouverture. L’équipe de Copenhague vient d’infliger un 5-0 à Slagelse dès l’entame du match.
[…] Mi temps : 17 – 12 |
Dans les vestiaires, Thia traçait une phase de jeu sur le tableau. « Il faut garder cette explosivité. Les temps faibles vont se multiplier en deuxième mi-temps. Il va falloir les gérer correctement. On évite les efforts solitaires. On fait tourner la balle. Moins de puissance mais plus de précision et de la rigueur dans le placement. Dane, sur les tirs adverses, c’est toi qui reste pour suivre les arrêts de Liv. Les autres, vous étirez la défense adverse. Linnea tu joues en relais, tu vas chercher Katri ou Eva sur les ailes ou Linda en redoublé. Liv est dans un grand soir on va en profiter. Et n’oubliez pas, rigueur et concentration. 31ème minute : 18 – 12 KASLER et TORSTENSON pour un magnifique Kung Fu. La 2ème mi-temps redémarre fort.
[…] 36ème minute : 20 – 13 Arrêt d’ARLENSEN, KASLER à la relance sur TORSTENSON qui trouve AAMODT qui va au tir et trouve les filets. Cela avait le goût d’une action répétée à l’entraînement.
[…] 40ème minute : 22 – 15 Longue passe de KASLER qui traverse tout le terrain pour SNORROEGGEN qui remporte son face à face avec la gardienne.
[…] 40ème minute : 29 – 21 ARLENSEN laisse sa place à ENGLERT. Elle semble touchée au pouce de la main droite.
[…] Fin du match : 35 - 25 Beaucoup de buts marqués en contre attaque. De la vitesse dans la transmission du ballon et une défense plus appliquée. Copenhague s’appuie sur ses fondamentaux pour renouer avec la victoire. ANDERSEN était dans les tribunes sans béquille cette fois. Elle semblait marcher normalement ce qui est encourageant et rassurant pour la suite. C’est TORSTENSON qui finit meilleure marqueuse ce soir et KASLER meilleure passeuse. Après deux défaites, cette victoire fait du bien au compteur points. Copenhague gagne 2 places. Il faudra bien sûr que les joueuses de HAMERSEN confirment cette performance lors de la prochaine journée. Prochain match : Aalborg - Copenhague le 03/10/2008 Bonne soirée ! |
*** Liv se gara sur le parking du Centre Médico-sportif. « Merci Liv. C’est sympa de m’accompagner. » — De rien Sol. Je préfère être ici qu’à la place de Dane. Les journalistes sont légèrement pénibles en ce moment. Ils sont en boucle au niveau des questions. J’ai limite envie de les envoyer promener. — C’est pour TV3 Danemark, c’est ça ? — Oui. Thia a tiré au sort entre Lena, Katri, Dane et moi. — J’aurai bien aimé être là pour voir sa tête. Elle n’est pas fan des interviews. — Ni des conférences de presse, ni des présentations, ni des réceptions. Elle est presque asociale ta copine. — Elle est simplement timide. — Mouais. — Et en parlant de timide, prête à revoir PETERSEN ? — A quel moment PETERSEN s’est montrée timide ? J’ai dû rater ça. — C’était pour amener un contre exemple. — Ah oui, là je comprends mieux. Allez, allons voir le dragon avant que tu ne sois en retard et qu’elle se mette à cracher du feu. — Tu exagères Liv. — Si peu. Dans le CMS, Liv n’alla pas plus loin que l’accueil. Elle prit place dans la salle d’attente. « Aurais-tu peur Liv ? demanda Solveig. » — Non, je joue la sportive sage et obéissante. — Oh, je vois. A tout à l’heure alors. La gardienne de but regarda sa meilleure amie rejoindre le bureau de PETERSEN et attrapa un magazine sur la table basse. Elle ne ferait rien qui permettrait à la nouvelle chirurgienne de lui faire à nouveau la leçon. Solveig s’installa face au bureau de PETERSEN. « Bonjour Mademoiselle ANDERSEN. Comment allez-vous ? » — Ça va. — J’ai le compte-rendu de votre kiné mais j’aimerais que vous, vous me parliez de votre première semaine de rééducation. — La flexion complète est revenue, le flexum n’était pas parti. Je ne suis pas fan du Compex[url=#_ftn1] [1][/url] mais c’est un mal nécessaire si je ne veux pas perdre mes muscles. — Des douleurs ? — Pas quand je marche. Un peu quand je monte les escaliers. — Pouvez-vous me décrire cette douleur ? — C’est quelque chose de très diffus et difficile à localiser. — C’est un résidu de l’opération. Les tissus finissent de cicatriser et votre genou envoie l’info à votre cerveau qu’il a plusieurs zones encore sensibles. Mais tout ceci est normal. Si vous voulez bien enlever votre jeans, je vais regarder où en sont les fils résorbables et comment se comporte votre genou. Solveig se déshabilla et s’installa sur la table d’examen. Elle regarda PETERSEN faire ce qu’elle avait annoncé. Elle manipulait son genou avec précaution comme si elle avait peur de le casser à nouveau. Elle avait envie de lui dire qu’elle n’était pas en sucre mais elle se retint. A chacun son métier. — Bien dans une semaine tout devrait avoir fini de cicatriser. La flexion est bonne et la tonicité musculaire aussi. J’ai fini, vous pouvez vous rhabiller. De retour à son bureau, Sol la vit pianoter sur son PC portable. — Je vais envoyer la suite du protocole à votre kiné. Vous pourrez recommencer à jouer avec le ballon dans dix jours. — Toujours pas de saut et de course ? — Non encore un peu de patience. — Vous savez que ce n’est pas un mot que les sportifs aiment. — Patience ? C’est pourtant un bon créneau de vie. Vous êtes venue toute seule ? — Non. Pourquoi ? demanda Solveig étonnée de la question. — Je n’ai vu personne traîner dans les couloirs de mon service. — Liv m’a accompagnée, Dane était retenue sur un plateau de télévision. — Comment va le pouce de Mademoiselle ARLENSEN ? — Vous savez déjà qu’elle est blessée ? — J’étais de garde vendredi soir et le service n’était pas débordé. J’ai eu le temps de regarder votre match. — Vous surveillez vos futures clientes ? — Je ne connais pas bien la pratique du handball. Vous regarder me permet d’appréhender les manières dont vous pourriez vous blesser. — Il vous arrive d’arrêter de travailler ? — Et vous, vous pouvez arrêter d’être une joueuse mondialement connue ? — Une fois j’y suis arrivée en Irlande. — Alors j’ai dû y arriver quelques fois aussi. Vous ne m’avez pas répondu pour Mademoiselle ARLENSEN et son pouce. Solveig se fit la remarque que PETERSEN ne se laissait pas distraire de son but. — Je crois que ça va mais vous pouvez l’examiner pour être sûre si vous voulez. — C’est une bonne idée, je vous accompagne. Liv qui venait de finir de lire un article sur la politique énergétique danoise, vit arriver Sol et PETERSEN. Son amie avait ce petit sourire qui annonçait qu’elle avait quelque chose derrière la tête. « A ton tour Liv, s’exclama Solveig. » — Mon tour ? — Oui j’aimerais regarder votre main si cela ne vous dérange pas, intervint PETERSEN. — Ma main ? ça va, ce n’est rien de grave. — Il vaut mieux s’en assurer, tu ne penses pas ? renchérit sa capitaine. — Ok. Si ça peut te rassurer. — Oui. Je t’attends là… sagement. Le clin d’œil que lui fit Sol ne rassura pas Liv qui se demandait dans quoi elle essayait de la pousser. Liv suivit PETERSEN et ne put empêcher son regard de descendre jusqu’à sa chute de rein. Même la tenue du CMS n’arrivait pas à atténuer l’effet que son corps produisait sur Liv. C’était un truc de dingue. Elle faillit lui rentrer dedans quand le médecin ralentit pour ouvrir la porte. Son corps s’arrêta à cinq centimètres du sien. Le contact avait été évité mais elle ne put rien faire quand le parfum de la nouvelle chirurgienne envahit ses narines. La fragrance était fruitée et légère. Liv dut faire appel à toute sa maîtrise pour ne pas fermer les yeux et rester là à respirer la douce senteur de la nuque de celle qui avait tendance à un peu trop occuper ses pensées. « Installez-vous sur le tabouret près de la table d’examen, j’arrive. » Liv obéit et profita du moment où PETERSEN se lavait les mains pour observer la pièce. Les murs étaient nus, pas d’affiche ou de poster, pas de représentation du corps humain en diverses coupes ou couches et surtout pas de diplôme. La gardienne norvégienne s’était attendue à trouver en bonne place, dans des jolis cadres, toutes les distinctions de la jeune femme. Mais rien, aucun signe ostentatoire de vanité. « Désolée pour l’attente. Je vais regarder votre pouce. Vous avez mal ? » — Non ça va. — Vous avez pris des antidouleurs ? — Non, la douleur était supportable hier soir et cette nuit. La règle de base, à Copenhague, c’est de ne pas prendre de cachet tant que la douleur n’est pas trop forte. Cela évite de masquer les amplifications et de suivre l’évolution des blessures. Liv remarqua les longs doigts de celle qui était en train de manipuler doucement son pouce et le reste de ses articulations. — C’est une bonne règle au demeurant mais une étude a montré qu’une convalescence sans douleur permettait une meilleure récupération. — Si vous bourrez votre patient de médicaments comment vous arrivez à évaluer sa douleur et l’évolution de celle-ci ? — D’autres méthodes existent pour palier une douleur. — Ah oui lesquelles ? Aïe ! PETERSEN venait de faire tourner le pouce de Liv vers l’extérieur. Concentrée sur la conversation, elle n’avait pas eu le temps de se préparer à masquer ses réactions. — Je m’en doutais un peu. Vous avez une faculté à minimiser, vous, les sportifs. Dire que vous avez mal ne vous rendra pas plus faible. Cela permettra surtout de vous soigner comme il faut. — Ça ne fait pas mal. Vous m’avez eu par surprise. — Et où est la différence ? — C’est une ancienne blessure qui fait que ce geste est douloureux. — Ceci illustre encore mieux mes propos. Vous avez dû masquer votre douleur pendant la rééducation de votre pouce et maintenant vous avez mal presque tout le temps. — Et après vous allez me dire que les sportifs sont des bébés ou des irresponsables, voire même des tricheurs menteurs dopés ? Liv n’avait pu retenir son agacement. Elle se leva et sortit du bureau sans un au revoir. Solveig la vit revenir. « Alors ? » — On rentre. — Oh ! A ce point là. — Oui. — Ok. La capitaine norvégienne suivit son amie sans rien ajouter en se disant intérieurement qu’à trop faire des étincelles elles allaient allumer un grand feu. *** Solveig regardait Dane arriver sur le plateau de télévision. Elle portait un de ses jeans favori avec une chemise aux couleurs de Copenhague. Sa coiffure donnait à penser que la coiffeuse de l’émission avait essayé de les discipliner. Chose impossible à faire. Elle avait été surnommée « Imp » sur plusieurs forums. Ce qui voulait dire lutin en norvégien et en danois. Dane prit place autour de la table et posa ses mains jointes devant elle. Solveig connaissait bien cette émission sportive sur TV3 Danemark pour y avoir participé à de nombreuses reprises. Il y avait deux animateurs : un homme et une femme. Le premier traitait de l’aspect terrain et la deuxième plus le côté loisir et people. Elle craignait que sa petite amie n’aime pas ses questions qui pouvaient être très personnelles parfois. « Hej[url=#_ftn2] [2][/url], Danielle ! » — Hej til dig[url=#_ftn3] [3][/url]. — Merci d’avoir accepté de participer à notre émission. Je tiens à préciser que bien que Danielle KASLER maîtrise quelques mots de danois et parle couramment le norvégien, l’interview se fera en anglais, langue avec laquelle elle est plus à l’aise. Solveig ne fut pas étonnée de cette demande. Depuis leur rencontre, Dane avait montré qu’elle était moins timide dans la langue de Shakespeare. — Danielle comment vous sentez-vous après la victoire de ce week-end ? — Ça va toujours bien après une victoire. — Depuis trois ans c’est le plus mauvais départ de Copenhague en championnat. A quoi pensez-vous que cela est dû ? — Il y a plein de facteurs qui rentrent en ligne de compte. Beaucoup de joueuses n’ont pas fait de pause cet été. C’est la rançon du succès. Quand votre équipe est composée de plusieurs internationales, il faut s’attendre à ce genre de situation. — C’est là que les remplaçantes devraient jouer leur rôle ou alors n’ont-elles pas le niveau ? Solveig n’aimait pas le ton du journaliste. Il n’en était qu’à sa troisième question et il avait déjà essayé de mettre Dane en mauvaise posture à deux reprises. — Copenhague a le problème des grandes équipes, répondit Danielle. — Qui est ? — Qui est que même les remplaçantes sont internationales. C’est juste une question de récupération. Une saison c’est comme une suite de vagues. Parfois au sommet quand le physique va bien. Parfois dans le creux quand les efforts consentis se font sentir. Celui qui gagne à la fin c’est celui qui sait le mieux gérer ses temps faibles. — Vous avez dit qu’il y avait plusieurs facteurs. Quels sont les autres à part la fatigue ? — Notre capitaine s’est blessée dès le premier match. — Vous reconnaissez que Copenhague est dépendant d’ANDERSEN ? — Il est plus facile de jouer avec Solveig que sans, que se soit en équipe nationale ou en club. Le dernier match a montré que nous retrouvions nos automatismes. — Cela n’efface pas la raclée que vous avez prise à Viborg. Le journaliste était incisif et il commençait à agacer Dane mais elle ne lui ferait pas le plaisir de l’envoyer promener. — Non. Parfois il y a des matchs sans et celui-ci en était un. Il vaut mieux qu’il soit arrivé maintenant plutôt que pendant les Play-Off. — Etes-vous confiante pour la Ligue des Champions ? Espérez-vous conserver votre titre ? — La Ligue des Champions est une compétition à part qui ne se prépare pas de la même manière. — Le triplé comme l’année dernière est-il toujours votre objectif ? — Toujours. — Vous ne pensez pas courir trop de lièvres à la fois dans cette saison post-olympique ? — Ce sont les objectifs qui nous font avancer, progresser et qui nous font nous dépasser. Oscar Wild disait : « Il faut toujours viser la lune car même si on la rate, on finit dans les étoiles. » L’idée est de faire la meilleure saison possible et ramener le maximum de titres. Il y a encore de la place dans la vitrine du club. Ce fut au tour de la journaliste de prendre la parole. « La saison dernière, vous avez été longtemps blessée au dos. Comment se passe votre début de saison de ce côté là ? » — Très bien. L’hiver dernier, j’ai fait un gros travail de renforcement musculaire et cela à l’air de porter ses fruits. — Comment vivez-vous l’absence d’ANDERSEN sur le plan personnel ? Solveig grimaça. Les questions d’ordre privé commençaient. — Elle n’est absente que sur le terrain. Et sur le terrain elle n’est que ma capitaine et coéquipière. Si elle n’aimait pas les interviews, c’était pour ça : les questions d’ordre privé venaient immanquablement au cours de l’entretien. — Que ressentez-vous quand vous voyez des maillots floqués KASSEN[url=#_ftn4] [4][/url] ? — C’est marrant. — Est-ce que vous vous sentez comme un modèle ? — Un modèle ? — Oui pour la communauté lesbienne. Vous donnez l’image d’un couple équilibré. Vous vivez votre relation au grand jour. Est-ce une manière de dire aux hétéro : regardez, nous sommes tout à fait normales. — Nous ne faisons pas de prosélytisme. Nous vivons simplement notre vie. Après si cela aide des jeunes femmes ou jeunes filles à se sentir plus à l’aise avec ce que l’on présente comme une différence, c’est un plus. Je n’ai pas les galons pour être un modèle. Mère Teresa, l’Abbé Pierre, Gandhi eux sont de vrais modèles à suivre. Je ne suis qu’une privilégiée qui a la chance de gagner sa vie en pratiquant un sport que j’aime. — Votre baiser sur le podium olympique était-il une provocation envers le régime chinois ? — Non, juste un moment partagé. Si nous avions voulu jouer la provoc, nous serions montées sur le podium toutes habillées du t-shirt de reporters sans frontière. Sentant que l’interview glissait vers des sujets politiques, le journaliste reprit la parole. « Revenons-en au terrain. Pouvez-vous nous donner des nouvelles de Liv ARLENSEN ? » — Sa blessure ne l’empêche pas de s’entraîner. — Avez-vous peur des blessures ? — Si vous commencez à avoir peur de ça, vous ne jouez plus, et la blessure fait partie du sport. — Merci Danielle pour cette interview. Nous allons à présent nous intéresser au handball masculin où Aalborg a… Solveig bascula sur une chaîne de musique et partit dans la cuisine pour préparer le dîner. Dane s’en était bien sortie malgré les questions incisives et tendancieuses des deux journalistes. Liv était installée dans son canapé et malgré les heures qui avaient passé et la diffusion de l’interview de Danielle, elle continuait de repenser à son entrevue avec PETERSEN. Elle avait déjà entendu le couplet sur les sportifs dopés et autres mais que ce discours sorte de la bouche de la nouvelle chirurgienne la dérangeait. Depuis sa rencontre avec Ellen, Liv ne savait pas sur quel pied danser. Elle était partagée entre l’envoyer sur les roses et l’embrasser à pleine bouche. Grand écart pas très agréable pour son équilibre émotionnel. Si elle était célibataire, c’était par choix car elle avait toujours eu du mal à gérer ce genre d’émotions. Sur ce plan là, elle ne ressemblait pas du tout à Solveig. Elle n’aurait pas tenu un an loin de sa petite amie. Heureusement pour elle Mariana avait dévoilé son jeu avant qu’elle ne fasse la bêtise de partir pour Ljubljana. Elle avait donc décidé de museler les élans de son cœur pour se concentrer sur le handball. Elle se disait qu’elle aurait bien le temps de faire n’importe quoi quand elle ne serait plus une joueuse de haut niveau. En attendant, il fallait qu’elle range PETERSEN dans une case bien fermée de son esprit. Chose qui n’allait pas être facile à faire si la chirurgienne posait encore ses mains sur elle. Ellen PETERSEN était installée dans son bureau et lisait le dossier d’un patient. En fait elle n’en donnait que l’impression car elle n’avait aucune idée de quoi souffrait le patient en question. Elle était déconcentrée, ce qui lui arrivait rarement, voir jamais. Liv ARLENSEN avait quelque chose de dérangeant. Etait-ce dans son regard, dans sa manière de bouger, dans le mouvement de ses mains quand elle parlait, dans les intonations de sa voix différente suivant les interlocuteurs ou dans son sourire timide ? Bien trop de détails auxquels elle ne faisait pas attention habituellement. Elle n’avait pas du tout anticipé sa réaction et son départ bien qu’on lui ait souvent donné comme qualité de prévoir la réaction des gens. Elle n’avait pas pu terminer son examen et la grimace de douleur qui était apparue sur le visage de la gardienne de but, ne présageait rien de bon. Elle prit la décision de se rendre à son entraînement le lendemain pour finir ce qu’elle avait commencé. Forte de cette idée, elle se concentra réellement sur le dossier de son patient. *** Solveig serrait les dents pour éviter de grimacer. Le courant, conduit par les électrodes collées sur sa cuisse, faisait se contracter douloureusement ses muscles. Elle savait que c’était un mal nécessaire mais ce n’était jamais agréable à subir. Elle profita de la baisse d’intensité pour inspirer un grand coup. Elle entendit aussi des voix venir du bureau à côté. « Salut ! » — Bonjour. — J’en conclus que tu as bien eu mon message. — Oui, merci de prendre de ton temps pour me recevoir. Solveig reconnut la voix de Tero mais ne put identifier l’autre avant de voir passer PETERSEN dans l’entrebâillement de la porte. — Pas de problème. Mon emploi du temps n’est pas aussi chargé que le tien. Je n’ai que Sol en soin en ce moment. Mais tu parlais de Liv sur le message que tu as laissé sur mon répondeur. Elle ne m’a pas parlé d’une douleur quelconque. Le strap à l’air de suffire à soulager sa blessure du dernier match. — Je ne suis pas très sûre de mon diagnostic encore car je n’ai pas pu terminer l’examen hier. Si cela ne te dérange pas, j’aimerai bien contrôler deux trois petites choses aujourd’hui. — Pas de problème pour moi. Par contre, tu vas devoir attendre la fin de l’entraînement. — Ça ne me dérange pas. Je ne suis pas de garde. — OK. Je vais débrancher Sol et nous irons au bord du terrain pour suivre la fin de la séance. Concentrée sur la conversation Solveig en avait oublié les électrodes et le courant qui y passait. L’entrée de Tero coïncida justement avec une montée d’intensité et elle ne put éviter la grimace. « OK, Sol. C’est bon pour aujourd’hui. Vu ta tête, tu dois avoir les cuisses qui chauffent. » — Un peu oui. — Je vais t’enlever tout ça. Tu termines par la séance d’étirements habituels puis tu peux filer à la douche. Et n’oublie pas de boire. Ce n’est pas parce que tu ne cavales pas sur le terrain que ton corps n’a pas besoin d’eau. Son conseil donné, Tero sortit de la pièce. Solveig le vit partir avec PETERSEN. Méthodiquement, elle fit sa routine d’étirements. Chaque joueuse avait la sienne car aucune n’avait la même morphologie musculaire. Katri était sensible des adducteurs, Dane des dorsaux, Linnea de l’épaule, Liv des abdominaux, elle des quadriceps, Linda des mollets et elle pouvait continuer cette liste pour toutes les joueuses. Chacune avait un rythme, une procédure d’échauffement, d’étirements et de récupération propre. Alors qu’elle faisait le flamant rose pour étirer sa cuisse, Solveig repensa à ce qu’elle venait d’entendre. Liv semblait avoir plus mal au pouce qu’elle voulait bien le montrer sinon pourquoi PETERSEN se serait déplacée. Ou alors… Une idée germa dans l’esprit de la capitaine : et si la nouvelle chirurgienne cherchait juste une excuse pour revoir Liv ? Elle sourit à cette possibilité. Il était grand temps que leur gardienne sorte de son couvent. Ellen s’installa sur la première rangée de gradins, à côté de Tero. Les joueuses de Copenhague étaient en train de répéter une tactique. Elles répétaient les mêmes gestes. L’une faisait la passe à l’autre, qui la donnait à une troisième, pendant que la première croisait dans le dos de la deuxième. Beaucoup de mouvements et aucune collision. Ellen reconnut facilement Danielle KASLER avec ses cheveux en bataille. La brune à la coupe mi-longue qui avait essayé de la charmer devait être Katri AAMODT. Et bien sûr Liv ARLENSEN dans les buts. La nouvelle chirurgienne remarqua que la gardienne avait le même visage concentré que ce soit en match ou à l’entraînement. Elle plissait légèrement les yeux dès que le ballon arrivait dans la zone de tir. Tic lié à la concentration ou légère myopie ? Elle analysa aussi qu’elle était plus souple à gauche qu’à droite, qu’elle décalait toujours sa tête du même côté lors des tirs, elle avait une épaule légèrement plus basse que l’autre au repos et qu’elle masquait une grimace à chaque fois qu’elle utilisait sa main droite. Liv se déplaçait de la droite vers la gauche pour suivre la course du ballon. Suivant la tactique, Dane allait feinter d’ouvrir sur l’aile pour Eva avant de faire écran pour Linnea. Mais au moment où Dane ouvrait son bras à droite, le regard de Liv croisa celui d’Ellen et elle perdit le fil de l’action. Linnea monta au tir et elle n’esquissa aucun mouvement alors que le ballon passait à gauche de son épaule. « Hey goalkeeper de mon cœur tu t’endors, s’exclama Katri ! » Liv se reprit rapidement et lui répondit : « Non, mais j’ai beau savoir que c’est une feinte sur Eva, je me fais prendre parfois. » — Cela veut dire que l’attaque est bien masquée alors, commenta Thia. Encore deux passages de chaque côté puis la séance sera terminée. Liv se concentra doublement pour les quatre derniers tirs. Hors de question de déconnecter à nouveau de cette manière. Elle ne pourrait pas trouver une excuse à chaque fois. Pendant toute la séance d’étirements, Liv se força à fixer le sol pour ne pas regarder dans la direction d’Ellen. Elle pensait avoir réussi mais alors qu’elle ramassait sa serviette Tero vint la prévenir que la nouvelle chirurgienne voulait la voir. Liv retint de justesse un soupir de dépit. « Ok, j’y vais. » Elle s’avança vers la jeune femme qui se leva à son arrivée. « Bonjour Mademoiselle ARLENSEN. » — Bonjour. — Tout d’abord, j’aimerai vous dire que je n’ai jamais pensé que vous étiez une tricheuse menteuse dopée. Juste que pour ne pas abandonner vos coéquipières vous étiez prête à jouer blessée. — Je fais partie d’une équipe et chaque joueuse de cette équipe ferait la même chose. — Je sais, je l’ai vite compris. — Vous êtes juste venue pour me dire ça ? Il ne fallait pas vous déplacer un SMS ou un coup de fil aurait largement suffit. — Sans doute mais je ne suis pas venue juste pour ça. J’aimerai finir mon examen d’hier. Si c’est ce que je pense, j’aurai une proposition de rééducation qui pourrait soulager cette douleur. — J’ai ça depuis trois ans qu’est-ce qui vous fait penser que vous allez trouver une solution miracle ? — Pas de miracle, juste de nouvelles techniques. Vous me laissez regarder ? A contre cœur Liv tendit sa main droite. Il aurait été puéril de refuser même si PETERSEN lui donnait envie de retourner à ses années de maternelles pour régler le problème sans aucune contrainte de morale et de notion de barrière comportementale. Dès que les mains de la nouvelle chirurgienne touchèrent la sienne, elle faillit reculer à cause de la décharge que la douceur de ses doigts avait fait remonter le long de son bras. — Ne vous inquiétez pas, je vais essayer de ne pas vous faire mal. PETERSEN avait sentit sa réaction mais elle avait mis ça sur de l’appréhension. Même si Liv n’aimait pas trop passer pour une chochotte, elle préférait que la chirurgienne pense ça plutôt qu’elle ne découvre la vraie raison. La gardienne de Copenhague s’obligeait à regarder ailleurs mais inlassablement son regard revenait sur les gestes d’Ellen. Elle lui avait ôté son strap avec précaution et appuyait à certains endroits très précis de sa main. Elle fit bouger son pouce sans reproduire le mouvement qui l’avait faite grimacer dans sa salle d’examen. — Très bien. Cela ressemble fort à une inflammation du muscle opposant du pouce. Une échographie comparative main gauche main droite permettrait de voir si le muscle a gonflé ou pas. Pour ce genre de pathologie, je préconise des ultra sons, un passage de courant faible et des bains avec des huiles apaisantes. Passez dès demain pour que l’on fasse l’échographie. Liv entendit son cerveau se poser les questions suivantes : le bain c’est juste la main ou tout entière ? Et est-ce que vous m’accompagneriez dans ce bain ? Elle retira rapidement sa main que PETERSEN tenait toujours. — Je ne sais pas si je pourrais demain, il faut que je regarde mon emploi du temps. — Passez quand vous pouvez, à n’importe quelle heure, je suis de garde demain. — Je verrais. Alors que Liv hésitait sur la manière de lui dire au revoir, Katri arriva. — Bonjour Doc ! On vous manque tellement que vous venez nous voir sur le terrain ? — Bonjour Mademoiselle AAMODT. Et oui tout à fait, je viens surveiller mon fonds de commerce. — Oh ! Pour vos magnifiques yeux, je suis prête à casser ma tirelire et venir me faire soigner chez vous à la moindre alerte de prémisse de bobo. — Pour les alertes, je laisse Tero gérer. Je ne m’occupe que des cas graves. — Cela donnerait presque envie de se faire mal juste pour avoir la chance d’être auscultée par vous. Liv sentait quelque chose grandir dans son ventre alors que Katri draguait ouvertement Ellen. — Vous feriez mieux d’aller à la douche pour éliminer le reste d’acide lactique de vos muscles, répondit Ellen. Liv, je vous vois demain. Je vais informer Tero. Bonne soirée. Elle tourna le dos aux deux jeunes femmes et rejoignit le kiné. Liv vit Katri pencher légèrement la tête sur le côté, signe chez elle qu’elle était en train de mater. Ce qui fut confirmé quand elle dit tout bas : — Je passerai des heures à la regarder côté pile. — Katri ! Liv attrapa sa coéquipière par le bras et la tira en direction des vestiaires. Elle ne la laisserait pas plus longtemps regarder PETERSEN de cette manière, cela l’agaçait au plus au point. Ce qui n’était pas une bonne nouvelle.
[url=#_ftnref1] [1][/url] Appareil de musculation par impulsions électriques. Très souvent utilisé dans les protocoles de rééducation. [url=#_ftnref2] [2][/url] Bonjour[url=#_ftnref3] [3][/url] Bonjour à vous[url=#_ftnref4] [4][/url] Contraction de KAS LER et d’ ANDERSEN | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 20 Déc 2015 - 22:33 | |
| AALBORG – Exposition Solveig était à nouveau assise dans les gradins. Elle avait fait le déplacement à Aalborg avec le reste du groupe. Elle espérait que l’équipe allait confirmer le bon résultat de la dernière journée. Pas parce qu’elle craignait pour le classement car la saison était encore longue et que les six premières étaient qualifiées mais une victoire ce soir laisserait les journalistes à distance. Encore six jours avant qu’elle puisse rejouer avec le ballon. Cela ne consisterait qu’à des jeux arrêtés mais elle pourrait au moins faire travailler son bras et continuer le travail sur la chaîne musculaire dorsale. En attendant, elle rongeait son frein. Elle en avait assez de la télévision, elle avait dû regarder tous les sports de la création et ne supportait plus les films romantiques de l’après-midi. Elle avait terminé son quatrième magazine de mots croisés et s’était surprise à réciter les définitions des mots qu’elle entendait. L’ordinateur lui sortait par les yeux. Elle avait tellement lu d’articles qu’elle devait être au courant de tous les faits se passant dans le monde. Elle avait dévoré trois piles de romans si bien que le libraire près du square avait dû doubler son chiffre d’affaires du mois. Du policier à la science-fiction en passant par les historiques tout y était passé. Elle avait même essayé la cuisine mais à part déclencher le détecteur de fumée, rien n’avait été très concluant. Même Bones avait détourné la truffe de ses gâteaux. C’est dire ! L’inactivité commençait à lui peser. Elle détestait de plus en plus le Compex et pas plus tard qu’hier elle avait failli envoyer promener Tero. Il fallait qu’elle se calme sinon elle allait rentrer dans sa phase insupportable et c’était une part de sa personnalité qu’elle ne voulait pas montrer à Danielle. Elle lui avait déjà donné un gros avant-goût de son côté jalouse aux Jeux Olympiques quand Frida s’était mise à lui tourner autour.
Vendredi 3 Octobre 2008 – 18h00 | J06 / Aalborg - Copenhague | Bonsoir tout le monde ! Copenhague est en déplacement à Aalborg. Mis à part ANDERSEN l’effectif est au complet pour affronter les troisièmes du championnat. Je vous rappelle que Copenhague est actuellement cinquième. Plusieurs bruits courent dans les couloirs des vestiaires. LE premier concerne le poste de gardienne. ARLENSEN débutera bien le match mais étant légèrement blessée à la main, il semblerait que ce soit ENGLERT qui jouerait la plus grande partie du match au poste de gardienne. Et le deuxième est que KASLER assurerait le rôle de demi-centre sur les phases défensives au moins en première mi-temps. La réponse dans quelques minutes sur le terrain.
[…] 1ère minute : 00 – 00 Un premier bruit se confirme KASLER en demi-centre pour cette première phase défensive. La raison de ce changement de poste c’est que SNORROEGGEN a eu de la fièvre ces deux derniers jours et HAMERSEN préfère la réserver pour les phases offensives.
[…] 15ème minute : 03 – 07 Les couloirs avaient vraiment raison ENGLERT prend la place de ARLENSEN qui a déjà commencé à dégoûter les attaquantes adverses.
[…] Mi temps : 09 – 14 Je ne vous cache pas que j’ai un peu de mal à analyser le jeu de Copenhague sur cette première mi-temps car à les regarder jouer, elles donnent l’impression de changer de poste constamment. KASLER passe du poste de demi-centre à arrière droit. TORSTENSON reçoit la balle de partout. AAMODT s’est même retrouvée plusieurs fois sur l’aile opposée à la sienne. C’est déroutant mais cela semble fonctionner. La défense d’Aalborg semble aussi perdue que moi.
[…] Fin du match : 20 - 30 La deuxième mi-temps a été l’inverse complet de la première. Une défense en zone stricte. Chacune sa place. Et en attaque des phases de jeu classique. Il serait intéressant d’avoir une explication d’une joueuse ou de HAMERSEN sur ce match. En attendant Copenhague engrange 2 points et passe devant Aalborg. Attendons la semaine prochaine et la réception de Horsens pour voir si c’est la nouvelle tactique de jeu des coéquipières d’ANDERSEN. Prochain match : Copenhague - Horsens le 10/10/2008 Bonne soirée ! |
*** Solveig et Danielle étaient assises à l’arrière de la maison et dégustaient un chocolat chaud en regardant le soleil se coucher. Elles avaient passé la journée tranquille. Après une bonne grasse matinée, elles étaient allées faire quelques courses pour remplir le frigo. Elles avaient dû se plier à une séance d’autographes improvisée dans la galerie marchande. Elles étaient ensuite allées au cinéma et Dane avait dû ruser pour que Sveig ne mange pas tout le pop corn. La capitaine norvégienne avait appris depuis longtemps qu’il fallait profiter au maximum de ce genre de journée car elles étaient rares. Plus le mois de décembre allait approcher, et avec eux les Championnats d’Europe, plus la pression allait monter. Il ne faisait aucun doute que Danielle serait reconduite dans la sélection norvégienne, pour Solveig tout dépendrait de comment se déroulait la suite de sa rééducation et quel serait son état physique au moment de l’annonce de la liste. Tant qu’elle n’aurait pas recommencé à courir, elle ne pouvait pas savoir comment se comportait son genou. Elle se rendit compte qu’elle était en train de masser justement son articulation récalcitrante. « Tu as mal ? lui demanda Danielle. » — Non et c’est pour ça que c’est vraiment frustrant. Je n’ai pas mal et je n’ai le droit de rien faire. — Je comprends, c’est comme après mon opération du ligament croisé antérieur. Au bout du troisième mois, je n’avais aucune douleur, je marchais normalement mais j’avais interdiction de courir car mon ligament n’était pas encore correctement vascularisé et donc fragile. C’est un concept difficile à assimiler. Tu te sens bien mais en fait tu n’es pas guérie. C’est peut-être le pire. Parfois, il vaudrait mieux avoir mal au moins tu n’as pas envie de faire ce que tu n’as pas le droit de faire. — Je suis d’accord là-dessus. — En parlant d’avoir mal, tu as eu des nouvelles de Liv ? — Elle m’a dit qu’elle devait voir PETERSEN cet après-midi mais je n’ai pas eu de nouvelles depuis. — D’accord. Nous verrons bien demain. C’est jeudi que tu rejoues avec le ballon ? — Oui. — Impatiente ? — Pas le moins du monde. — Mouais c’est ça. Si tu voyais ta tête. Tu vas le bouffer le ballon. — Possible… Solveig attira Dane à elle pour l’embrasser. Elle avait plutôt envie de manger quelqu’un d’autre à cet instant. Mais ce fut aussi ce moment que Bones choisit pour vouloir jouer à la balle. — Le câlin ça sera pour plus tard. Il faut faire courir ce chien avant qu’il ne fasse du gras, déclara Dane avant de se lever et de commencer à courir après le golden. Solveig la regarda avec envie et une pointe de jalousie. Elle aussi elle voulait courir avec Bones. *** Le lendemain Liv était au centre Médico-sportif à la place de l’entraînement. Elle regardait tremper sa main dans un bain à remous rempli d’eau chaude dans lequel PETERSEN avait ajouté de l’arnica sous forme de cristaux, ainsi que diverses huiles sensées guérir l’inflammation de son pouce. Elle doutait de l’efficacité de la méthode mais elle devait reconnaître que la sensation était agréable sur sa main douloureuse. Elle aurait presque aimé que le petit bac soit remplacé par une grande baignoire dans laquelle elle aurait allègrement trempé. Elle y aurait peut-être fait une petite sieste et si PETERSEN l’avait rejointe cela aurait été parfait. A cette idée Liv sursauta éclaboussant légèrement autour du bac. Qu’est-ce-qui lui prenait de penser à la chirurgienne de cette manière. Le plan était justement de ne pas penser à elle et surtout pas de cette manière pour éviter tous problèmes. Et s’imaginer en train de prendre un bain avec PETERSEN entièrement nue, les gouttes d’eau coulant le long de sa peau qui devait sûrement être très douce et… *Mais stop !* PETERSEN décida de faire son apparition alors que Liv se battait toujours avec les égarements de son esprit. « Comment ça se passe ? » — Bien, arriva à articuler la gardienne norvégienne. — Encore un quart d’heure et ensuite, nous ferons quelques ultra-sons. — D’accord. Liv luttait pour remonter à la surface et pouvoir prononcer plus d’un mot. Mais les images de PETERSEN dans un bain semblaient coller à ses rétines. — Ça serait une bonne chose que vous puissiez être au repos une semaine car la sensibilité de votre pouce a augmenté après le dernier match. Vous pensez que cela peut être envisagé ? — Heu… Oui. Comme si les paroles d’Ellen avaient eu besoin d’une post-traduction, après un laps de temps, Liv sembla comprendre. — Attendez ! Vous me demandez de ne pas jouer le prochain match et de ne pas m’entraîner ? — Vous pouvez vous entraîner mais rien qui ne fasse forcer sur votre main droite. — Vous êtes marrante, je joue au hand, je suis droitière et je suis gardienne. — Vous pouvez continuer de courir, sauter, faire votre travail d’assouplissement pendant cette semaine. — Il faut en parler avec Thia. Sûre que son entraîneur la soutiendrait, elle ne risquait rien en avançant cet argument. — Très bien, pendant que vous terminez votre bain, je vais aller prendre rendez-vous avec Madame HAMERSEN. Alors que PETERSEN lui tournait le dos pour sortir de la pièce, Liv ne put s’empêcher de sourire. Thia viendrait d’abord lui demander comment elle se sentait avant de se ranger derrière l’avis d’une chirurgienne fraîchement arrivée. Et elle pouvait déjà dire qu’elle allait jouer le prochain match. *ARLENSEN 1 - PETERSEN 0.* *** Il fallut à Liv moins de trente secondes pour déchanter, le lendemain matin, en voyant la nouvelle chirurgienne sortir de l’Aréna le sourire aux lèvres. Elle se précipita à la rencontre de Thia mais croisa Tero avant. — Salut Liv ! — Salut Tero ! Tu sais ce que voulait PETERSEN ? demanda innocemment Liv. — Oui, bien sûr. Elle est venue discuter avec Thia d’un planning de rééducation pour ton pouce. — Est-ce qu’elle a réussi à la convaincre de ne pas me faire jouer vendredi ? — Je crois bien que oui. — Et merde ! — Désolée pour toi. Je te vois dans vingt minutes pour ton strap. Liv n’avait plus le temps de parler à Thia avant l’entraînement. Elle prit donc la direction des vestiaires. Elle était la première comme souvent. Du fait qu’elle devait passer par la case Tero avant chaque entraînement, elle arrivait un peu plus tôt que ses coéquipières. Et cela l’arrangeait aujourd’hui car cela lui donnerait le temps de se calmer avant l’arrivée des autres. Liv était tout de même curieuse de savoir ce que la nouvelle chirurgienne avait pu dire à Thia pour la convaincre. Alors qu’il était en train de lui faire son habituel strap, Tero pouvait sentir la mauvaise humeur de Liv. S’il n’avait pas été au courant de la décision de Thia, il aurait pu facilement le deviner en voyant la gardienne taper la mesure, avec son pouce, sur la table de massage. Signe chez elle de tempête intérieure. Il se retint de faire tout commentaire sur sa rythmique de peur de subir les foudres de la jeune femme. Liv était connue pour son calme. Mais comme tous les calmes quand elle s’énervait, la comparaison avec un tsunami n’était pas erronée. Il se concentra donc sur sa tâche, se faisant la remarque qu’elle avait la main droite toute douce. Liv participa à toute la partie physique mais ce fut Sabine qui prit sa place dans les cages pour le travail technique. Toujours en colère, elle se lança dans une longue séance de renforcement abdominal. Elle en souffrirait sûrement demain mais pour l’instant elle s’en moquait. Elle voulait juste évacuer sa frustration. Alors qu’elle montait et descendait, elle pouvait voir ses coéquipières enchaîner les tirs. Sabine se faisait toujours prendre sur le tir croisé de Dane et Linnea. Elles avaient le même : le ballon commençait par partir tout droit donnant l’impression qu’il allait sortir mais sur le dernier tiers de sa course, il prenait une trajectoire courbe qui le ramenait dans la lucarne. Ce qui fait que depuis le début de l’exercice. Les deux arrières gauches et droits avaient nettoyé les deux angles hauts de la cage. Aux Jeux Olympiques, pendant la rencontre en poule Norvège Suède, ces deux là s’en étaient données à cœur joie. Elles se connaissaient presque par cœur. Elles connaissaient leur force et leur précision sur les tirs à neuf mètres, leur sens du placement, leur rigueur défensive et leur amour non avoué pour le défi physique. Si l’opposition entre Solveig et Frida avait tourné à la petite humiliation de la capitaine suédoise, celui entre les deux arrières avait été beau à voir. Liv avait le même constat pour les deux joueuses que pour Sol : elle préférait largement jouer avec elles que contre elles. Elle n’avait pas oublié le but que Danielle lui avait mis en finale de la coupe EHF dans les dernières secondes, une sorte de feinte haute pour un tir à la hanche tout ça en extension. Dès la fin de l’entraînement, elle alla voir Thia pour avoir enfin des réponses à ses questions. « Thia, nous pouvons parler ? » — Bien sûr. Je suppose que c’est au sujet de la visite d’Ellen. — Tu l’appelles Ellen ? — Ben oui pourquoi ? — Tu n’as jamais appelé le Professeur AVSEN par son prénom que je sache. — C’est vrai mais j’ai le respect des anciens et AVSEN aurait pu être mon père, voir mon grand-père alors que PETERSEN est plus jeune que moi. Il est donc naturel que je l’appelle par son prénom. — Je vois. Pourquoi tu es allée dans son sens sans me consulter avant ? Tu sais très bien que je peux jouer vendredi. — Je n’en doute pas, comme beaucoup de joueuses dans cette équipe, vous êtes capables de jouer sur une jambe, sans un bras, avec trente neuf de fièvre et j’en passe d’autres. Vous me l’avez déjà montré. — Alors pourquoi tu ne me fais pas confiance ? — Je te fais confiance mais tu traînes cette blessure depuis un an. Tu n’as pas fait de coupure cet été ce qui a accentué ton inflammation. Elle propose un protocole qui pourrait te débarrasser de cette douleur perpétuelle et de tes straps quotidiens. Pour cela elle demande deux semaines sans que tu forces sur ta main. — Deux semaines ? mais cela fait deux matchs de championnat et le premier tour de coupe ! — C’est quoi trois matchs pour ne plus avoir mal ? — Et si son truc ne marche pas ? J’aurai raté trois matchs pour rien. — Peut-être mais cela vaut le coup d’essayer. Et je préfère que tu essaies de te soigner maintenant plutôt que tu sois complètement out quand nous allons attaquer les matchs de Ligue des Champions. — Ok pour deux semaines mais pas plus. Même s’il n’y a pas d’amélioration, je recommence à jouer. — Ta phrase est très étrange mais d’accord. Deux semaines de protocole et tu rejoues. — Bien. Liv ramassa sa gourde et sa serviette. *Ajustement du score ARLENSEN 0 - PETERSEN 1.* Elle allait se diriger vers le couloir qui menait aux vestiaires quand Thia la rappela. — Liv, laisse-lui une chance. C’est une des meilleures. — On verra ça. Thia regarda sa gardienne titulaire disparaître dans le couloir. Le comportement de celle-ci était assez étrange. Pendant un moment elle avait cru qu’elle se sentait menacée par Sabine mais le problème venait plutôt de la venue de la nouvelle chirurgienne. Liv n’aimait pas les changements. Thia se rappela les négociations pour sa venue à Copenhague. C’était en 2005, mais le premier contact avait eu lieu en 2004. Il avait fallu plusieurs rencontres et de longues discussions pour la convaincre de quitter la Norvège. Le fait que Solveig signe un contrat dans la capitale danoise avait débloqué la situation. Thia s’était rendue compte que Liv n’aimait pas prendre de décisions. Elle aimait les choses fluides et sa vie simple en était un parfait exemple. Mise à part son histoire passagère avec une joueuse de Ljubljana, elle ne lui connaissait aucune autre histoire d’amour et ce depuis trois ans. Et c’était peut-être cela le problème. Depuis que sa meilleure amie était en couple, son célibat lui pesait peut-être. C’était un sujet qu’elles n’avaient jamais abordé. Liv étant très privée de ce côté là. *** En sortant de l’entraînement et alors qu’elle rejoignait sa voiture, Danielle envoya un message à Solveig. ## Liv est out pour deux semaines. Elle n’a participé qu’à la partie physique ce matin. Elle semblait agacée, tu devrais l’appeler. Je quitte l’Aréna. ## *** La capitaine norvégienne sentit son portable vibrer alors qu’elle se battait avec l’ouverture facile du pack de lessive. Elle prit l’excuse de lire le message pour laisser au paquet de lessive un moment de répit avant qu’il ne finisse dans la machine à laver ou contre le mur. Plus les jours passaient, plus son taux de patience diminuait. Et les petites choses du quotidien, comme les ouvertures faciles qui ne l’étaient pas, prenaient des proportions inappropriées. Elle sourit tout de même en lisant les mots de sa petite amie. Dane avait la faculté de lire entre les émotions des gens pour aller trouver celle qui était vraie. Elle remarquait les moindres changements d’attitude ou d’habitude, les gestes différents, en bref tout ce qui pouvait montrer qu’il y avait quelque chose de différent chez les personnes qui l’entouraient. Ce qui était une preuve suffisante, en plus de sa manie d’étudier le jeu des adversaires, qu’elle était très observatrice. Elle l’avait déjà prouvé avec elle à Pékin quand elle l’avait forcée à avouer qu’elle était jalouse de Frida. Solveig savait que Liv avait dû cacher sa mauvaise humeur pour ne pas faire de vague mais sa petite amie avait dû percevoir des petits détails subtils. Elle laissa tomber la lessive et sortit de la salle de bain pour aller téléphoner à Liv. *** Liv rentra chez elle, referma la porte, jeta les clés sur la table basse et alla poser son sac d’entraînement dans la buanderie. Elle alla ensuite dans la cuisine prendre une bouteille d’eau avant de s’installer dans le salon. Après la première gorgée, son téléphone se manifesta. « Salut Sol ! » — Tu m’invites à manger ? — Tu ne manges pas avec Dane ? — Pas quand ma meilleure amie a besoin de parler. — Comment tu sais que… Oh, je vois. Dane t’a déjà prévenue pour les prochains matchs. — Oui. Alors tu me fais quoi à manger ? — Brocolis et steak. — Ce n’est pas ce que je préfère mais cela fera l’affaire. J’arrive dans vingt minutes. — Si tu y tiens. Mais Solveig avait déjà raccroché. Liv n’était pas étonnée que l’information soit arrivée aussi vite aux oreilles de sa capitaine. Elle était presque contente que son amie passe la voir. Elle avait besoin de parler et celle qui la connaissait le mieux et qui la comprenait aussi le mieux était Solveig. Il ne lui restait plus qu’à faire cuire du brocoli pour deux. *** ## Je vais rejoindre Liv. Ton repas est prêt dans le frigo. Bones a fait sa promenade du matin et a couru. J’ai préparé une machine mais je n’ai pas mis la lessive. On se voit tout à l’heure à l’Aréna. ## Danielle sourit en lisant le message pas parce qu’elle se doutait que Solveig allait rejoindre Liv mais parce que sa petite amie avait toujours des problèmes avec la machine à laver. Elle confondait les bacs pour mettre soit l’adoucissant soit la lessive. Pour résoudre ce problème Dane avait acheté des doses tout en un. Il y avait dû avoir un autre problème… *** Liv venait de finir de raconter toute l’histoire à Solveig. De l’intervention de PETERSEN à son forfait pour les trois prochaines rencontres et passant par l’approbation de Thia. « C’est bien une des premières fois que Thia se range du côté d’un médecin. D’habitude, elle se fie plutôt à notre jugement, commenta Sol. » — Je ne sais pas qui est vraiment cette PETERSEN mais tout le monde semble suivre ses avis les yeux fermés. — Et tu aimerais bien la suivre les yeux fermés aussi, n’est-ce pas ? — Mais non. Elle est mignonne c’est indéniable mais… — Mais ? — Tu connais très bien la réponse. — Elle n’est pas à l’autre bout de l’Europe. Elle est juste à côté, au centre médico-sportif. — Et ça change quoi ? Je ne sais pas gérer mes sentiments qu’ils soient à l’extérieur ou à domicile. — C’est parti d’où cette histoire de gestion des sentiments ? Il me semble que quand nous étions à Oslo tu n’avais aucun problème pour t’engager. — Tu parles. Nous n’étions que des gamines et s’engager ne voulait pas dire grand-chose. Je ne vais pas te faire la liste des garçons avec lesquels tu es sortie. — Non c’est bon, merci. Mais tu ne réponds pas à la question. — Je ne sais pas, je dirais la première année à Larvik. — Tu étais avec Elsie, si mes souvenirs sont bons. — Oui. — Mais votre relation n’a pas duré très longtemps. Tu ne m’a jamais dit pourquoi d’ailleurs. Tu es arrivée un matin à l’entraînement en avance pour une fois et tu m’as annoncé que votre histoire était finie. — La veille, j’avais eu une discussion avec Jorgen. Il m’a bien fait comprendre que si je ne me concentrais pas un peu plus sur le handball, je ne progresserais pas, que je resterais gardienne remplaçante et que je pouvais dire au revoir à l’équipe de Norvège. Il n’avait pas tort. J’arrivais toujours en retard, je n’étais pas très attentive aux séances de vidéo, je comptais uniquement sur mes réflexes et mes acquis, je ne respectais pas les plages de repos, je me couchais tard et sortais un peu trop. Je ne sais pas si ce jour là il a cherché à me faire peur pour me faire réagir ou bien s’il pensait vraiment que j’allais me planter mais ça été plutôt efficace. — Oui. Je m’en rappelle après ça, tu as fait une saison d’enfer, tu es devenue la gardienne titulaire en club et en équipe de Norvège B avant de faire tes débuts en A. — Tu te rappelles des discours de notre entraîneur à Oslo ? — Lequel car il y en a eu plusieurs ? C’était un peu les chaises musicales à une période. — Celui qui avait des grandes envolées philosophiques. — Ah oui celui qui parlait de l’équipe comme d’une cordée en montagne. Je me rappelle. Il avait juste oublié qu’il était le premier de cordée et que c’est lui qui a décroché. — Oui. Un jour il avait fait un diagramme représentant nos carrières. Avec la phase ascendante : notre formation, le premier palier : notre premier contrat, une deuxième ascension : pour la maturité, un pic : pour l’apogée de notre carrière, puis la redescente. — Tu penses que tu es sur la pente descendante ? demanda Solveig étonnée du chemin que les idées de Liv prenaient. — Non, bien sûr que non ! Je pense que nous sommes au point culminant de notre carrière au contraire. — Ok mais je ne vois toujours pas le lien avec tes sentiments. Liv se leva et commença à faire des va-et-vient devant Solveig. — Je pense que sans grosse blessure, il nous reste environ trois saisons à être au top, avant de commencer à penser à notre reconversion. — Oui, et ? — Tu fais exprès de pas comprendre ? Solveig se leva à son tour et arrêta Liv avant qu’elle n’use vraiment le parquet. — Ce que je comprends c’est que tu te caches derrière le fait que tu seras peut être moins concentrée si tu te lances dans une relation avec quelqu’un. Alors qu’à mon avis tu as tout simplement peur de laisser quelqu’un entrer dans ton univers bien réglé. Et PETERSEN pourrait bien être celle qui y parviendra. — Dans trois ans, je pourrais faire les bêtises que je veux. Il n’y aura pas la même pression, ni les même objectifs. — Ton idée, c’est de rester seule jusqu’à la fin de ta carrière ? — Je ne suis pas seule. Il y a l’équipe. — L’équipe ne t’attend pas chez toi quand tu rentres le soir. Et je peux t’assurer que c’est agréable d’avoir quelqu’un sur qui t’appuyer. — De toutes les manières PETERSEN n’est pas à l’ordre du jour. Et puis même si hypothétiquement, je voulais qu’il se passe quelque chose avec elle, c’est plié d’avance. A mon avis, même si le gaydar de Katri dit vrai, elle ne doit pas être attirée par les sportives. — Ça tu n’en sais rien. Ce n’est pas parce qu’elle nous considère comme des enfants qu’elle ne nous aime pas. — Peu importe. Et je croyais que tu étais venue pour me remonter le moral après l’annonce de mon forfait, pas que j’allais avoir droit à une analyse de ma vie sentimentale. — Mais je compatis à ton forfait. Bienvenue à l’infirmerie. Je te chauffe une place si tu veux. — Rigole va ! En attendant, je dois voir PETERSEN cet après-midi pour commencer son nouveau protocole. — Je suis de tout cœur avec toi pour que ça fonctionne. Le protocole j’entends pour le reste il ne tient qu’à toi de faire le premier pas. Liv se retint de répondre pour ne pas que Solveig interprète encore ses dires. *** « Je suppose que vous êtes contente de vous. » Ellen leva la tête du compte rendu d’opération qu’elle lisait pour voir à qui s’adressait cette remarque. Liv ARLENSEN se tenait sur le seuil de son bureau. — Bonjour Mademoiselle ARLENSEN. Et pour répondre à votre question : pas plus que d’habitude. Vous êtes venue pour continuer votre protocole ? — Bien obligée vu que vous avez convaincu tout le staff que du repos me ferait du bien. — Vous n’en êtes pas convaincue vous-même ? — Là n’est pas la question. Nous avions parlé d’une semaine et je me retrouve avec au total trois matchs d’indisponibilité. Sachez Docteur PETERSEN que je n’aime pas les coups dans le dos. — Je prends note. Je reconnais que c’était maladroit de ma part de ne pas vous informer que j’avais modifié le protocole pour lui donner plus de chance d’aboutir. Faut-il que je sache autre chose ? — Après le huitième de finale de Nordéa cup, je retourne à l’entraînement. — D’accord mais vous devez me promettre de respecter le fait de ne pas forcer sur votre main pendant la période que votre entraîneur m’a donné pour vous réparer. — Ne vous inquiétez pas je ne saboterai pas votre travail. Je ne suis pas une gamine écervelée. Pouvons-nous commencer ? — Bien sûr. Ellen se leva. Suivez-moi. Nous allons commencer par un bain. Liv emboîta le pas de la chirurgienne se préparant à passer une demi-heure la main dans l’eau chaude. ***
Jeudi 9 octobre 2008 – 17h30 | Infirmerie | Info du jour : ARLENSEN rejoint ANDERSEN à l’infirmerie. L’indisponibilité de la gardienne est estimée à 2 semaines. Elle souffrirait d’une inflammation ligamentaire à la main droite qui nécessite un repos complet. Sur le forum du club, ses fans se proposent déjà pour lui préparer des bons petits plats pour qu’elle ne se fatigue pas. D’autres fans ont vu ANDERSEN rejouer avec le ballon. Elle n’est pas encore dans le groupe mais chaque évolution est encourageante pour la retrouver rapidement sur les terrains. ARLENSEN et ANDERSEN out qui va hériter du brassard de capitaine ? Réponse demain… |
*** Solveig traînait sous la douche. Le groupe n’avait pas encore fini la séance tactique toujours planifiée la veille d’un match. Elle était donc toute seule dans les vestiaires, au calme. Ce qui lui permit de faire un premier bilan de la suite de sa blessure. Aujourd’hui, Elle avait pu rejouer avec le ballon mais Tero l’avait obligée à le faire assise pour ne pas risquer que prise dans son élan, elle ne fasse des gestes inconsidérés pour son genou. Les bras répondaient bien mais de cela elle n’en avait jamais douté. Le kiné avait même proposé de profiter de cette période pour refaire un cycle de renforcement musculaire sur le haut du corps. Elle savait que ce travail était important et qu’il fallait le répéter plusieurs fois dans la saison. Dane en avait été la preuve. Elle était arrivée à Copenhague avec des problèmes de douleurs dorsales récurrentes et grâce à un protocole adapté, elle avait pu terminer la saison sans problème à ce niveau. Ce qui inquiétait toujours la capitaine norvégienne était son genou. Tant qu’elle n’aurait pas recommencé à courir, elle ne pourrait pas savoir ce qu’il en était et c’était comme une ombre dans le paysage. *** Danielle rentra dans l’axe et se servit de l’écran de Lena pour monter au tir. Elle avait passé tout l’après midi à travailler des phases de tirs au dessus de la défense et elle commençait à avoir les muscles des cuisses qui chauffaient. Encore vingt minutes de travail, puis ce serait les étirements et la douche avant de rentrer et de se reposer. Ce soir, elle avait juste envie de regarder un film tranquille dans le canapé avec Solveig. *** Liv prenait son mal en patience alors que sa main barbotait pour la troisième séance consécutive dans ce qu’elle avait surnommé le thé PETERSEN. Elle était venue tous les après-midi depuis qu’elle n’avait plus le droit de défendre sa cage. Hier, après la trempette habituelle, la nouvelle chirurgienne lui avait fait poser la main sur une plaque. Elle l’avait regardé toucher à plusieurs boutons et avait tout de suite sentit la plaque vibrer et sa main fourmiller. « Un courant basse densité passe dans la plaque. C’est lui qui crée cette sensation. » — Cette technique a déjà fonctionné sur quelqu’un ou je suis un cobaye ? — Je n’utilise jamais les sportifs de haut niveau dont j’ai la responsabilité comme cobaye. Cela coûte trop cher ! — Trop cher ? — Je dois vous réparer pas vous casser un peu plus. Mon assurance ne me le pardonnerait pas. Et la Norvège encore moins. Le cycle dure vingt minutes mais si la sensation est trop désagréable, je vous ai laissé la commande. Il suffit d’appuyer sur le bouton rouge. Elle avait tenu le temps imparti mais elle avait eu l’impression que sa main avait vibré pendant encore de longues minutes une fois la séance terminée. Elle se demandait ce qui l’attendait aujourd’hui. *** Ellen relisait le dossier de Liv ARLENSEN. L’historique remontait à son arrivée à Larvik et la liste des blessures était assez longue. Cheville, genou, épaule, poignet, main et pour chaque, le temps de repos avait été trop court. A chaque fois, elle avait repris, en moyenne, trois semaines trop tôt. Son pouce ne devait être qu’un exemple des nombreuses douleurs avec lesquelles elle vivait. Ellen avait toujours eu comme projet de réaliser une étude à long terme sur des sportifs de haut niveau, pour voir l’évolution de leur morphologie au fil des années suivant les efforts et les blessures. Elle referma le dossier et se leva en se disant : « Liv, tu dois être un vrai baromètre.» | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 20 Déc 2015 - 22:33 | |
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Vendredi 10 octobre 2008 – 19h00 | J07 / Copenhague – Horsens | Fin du suspense, la capitaine ce soir est TORSTENSON. Horsens est actuellement 9ème du championnat. L’équipe de Copenhague va jouer ce soir sans ses deux stars. ARLENSEN et ANDERSEN sont toutes les deux dans les tribunes. |
Assises côte à côte dans les tribunes, Liv expliquait à Solveig, à grand renfort de gestes, son après-midi au centre médico-sportif. « Je vais finir par avoir la main palmée à force de tremper. Et après la plaque électrique d’hier, j’ai eu le droit à de l’acuponcture cet après-midi. Elle m’a planté des aiguilles du bout du pouce jusqu’à l’épaule. Elle m’a parlé de méridien de la douleur ou un truc comme ça. » — Et tu n’es pas tombée dans les pommes ? — C’est Linnea qui éteint la lumière à la vue d’une aiguille, pas moi. Et il est hors de question que je tombe dans les pommes devant elle. — Pourquoi pas, elle est médecin. Elle saura te faire du bouche-à-bouche. — Très drôle Sol, très drôle. Si j’avais la place, je me roulerais par terre. — Méfie-toi, tu commences à tourner vieille fille, commenta Solveig en souriant. Tu perds ton sens de l’humour. — Concentre-toi sur le terrain au lieu de dire des âneries. 1ère minute : 00 – 00 Premier tir de TORSTENSON qui vient s’écraser sur le poteau. Son nouveau brassard de capitaine ne lui a pas coupé le bras. Ça commence fort.
[…] 10ème minute : 05 – 03 Depuis le début du match, c’est KASLER qui commande la base arrière en défense. La position 5-1 ralentit les adversaires dans leur circulation du ballon
[…] 25ème minute : 12 – 04 Horsens arrête l’hémorragie après avoir encaissé un 7-0, elles trouvent enfin le chemin des filets. Tout le monde a marqué sauf ENGLERT mais elle a à son actif une passe décisive sur KASLER en contre-attaque.
[…] Mi temps : 15 – 05 AAMODT conclut cette mi-temps sur un tir aile gauche après un décalage de KASLER.
[…] Fin du match : 31 - 17 Difficile de tirer un bilan quand l’équipe adverse existe si peu. Si ce n’est que chaque joueuse de Copenhague a soigné ses stats au niveau des buts. KASLER continue d’additionner les passes décisives. ENGLERT a passé une soirée tranquille. Pas trop de pression pour ce premier match complet de la saison. Prochain match : Svendborg - Copenhague le 15/10/2008 Bonne soirée ! |
*** Cinq jours plus tard, au lendemain de la victoire sur Svendborg, toute l’équipe de Copenhague était au Danish pub pour fêter l’anniversaire de Linnea et le fait que Solveig ait enfin le droit de courir. La capitaine norvégienne avait passé vingt minutes à courir sur le tapis. Les premiers appuis avaient été hésitants. Solveig avait une certaine appréhension à mettre tout son poids sur son genou. Ensuite, elle avait fait du travail d’équilibre sur le plateau, pour tester la stabilité de son articulation. Ce soir, elle avait un peu mal mais c’était normal après la période de non sollicitation de ses muscles. Alors que Linda allait mettre la deuxième tournée, Katri s’excusa de les abandonner mais elle avait rendez-vous ailleurs. « Et on peut savoir pour qui tu nous laisses en plan ? demanda Linnea. » — J’ai un super beau mec qui m’attend de l’autre côté de la ville. — Plus beau que celui de septembre ? continua Fie. — C’est le même. — Wow deux mois ! Il doit vraiment être canon pour avoir résisté au couperet de la fin du mois, se moqua Thia. — C’est un super coup au lit, j’en profite ! — Tu nous le présentes quand ? demanda Mia. — Pas tout de suite sinon vous allez vous faire des films. Et puis je ne voudrais pas que certaines se transforment en escargots et que l’on puisse les suivre à la trace. — Katri ! s’exclamèrent toutes les joueuses. *** La veille du quart de final de la Nordea Cup, Katri arriva en trombe dans les vestiaires. Elle avait un air tout excité, ce qui voulait dire chez elle qu’elle avait une nouvelle très importante à communiquer. « Hey les filles ! Une d’entre vous est passée par le boulevard Englandsvej. Parce que j’ai failli avoir un accident à hauteur de Løjtegårdsvej. » — Katri, nous t’avons déjà expliqué, feu rouge tu t’arrêtes, feu vert tu avances. C’est Linnea qui avait pris son ton de maîtresse d’école pour se moquer de la manière de conduire de l’ailière gauche. — Ça n’a rien à voir. — Tu as oublié un stop ? demanda Liv en souriant, se rappelant comment elle avait rencontré son mec actuel. — Mais non ! Je me suis retrouvée avec Sol et Dane en brassière de sport en quatre par trois. Devant le manque de réaction du vestiaire, Katri se sentit obligée de s’expliquer. — Il y a Sol et Dane sur une grande affiche en tenue de match version Norvège mais sans leur maillot, avec juste une brassière. — Elles n’ont qu’une brassière pour deux ? interrogea Lena. — Mais non, une chacune. Vous faites exprès de pas comprendre. Et pourquoi voudrais-tu qu’elles en aient une pour deux, le slogan n’est pas : « Confortable comme un parachute deux places. » — Lena arrête d’embêter Katri intervint Liv. Elle est toute retournée car elle vient de voir sur papier ce qu’elle peut voir tous les jours dans les vestiaires. — Fous-toi de moi mais Imp a l’air beaucoup plus grande sur l’affiche. Vous allez voir qu’avant ce soir, il y aura eu un accident à ce carrefour. — C’est un pari ? réagit Lotta. — Oui pourquoi pas. Liv fera la banque comme d’habitude. — On parie sur quoi ? demanda Danielle qui venait de rentrer dans les vestiaires. — Sur le nombre d’accidents que tu vas provoquer, lui expliqua Katri. — Hein ?!? ***
Dimanche 19 octobre 2008 – 15h00 | Nordea Cup 1/4 de final / Copenhague – Randers | Plusieurs informations à vous donner avant le début de ce match. Tout d’abord certains d’entre vous ont pu voir dans la rue et dans certains magazines les photos de la campagne publicitaire de KASLER et ANDERSEN pour des sous-vêtements de sport. Les deux joueuses nous dévoilent une partie de leur chaîne musculaire pour rester dans le domaine du sport. Un bruit court sur le net disant que le taux d’accrochages en voiture, aux carrefours où sont disposées ces affiches, aurait augmenté. Je ne vois pas en quoi la ceinture abdominale de la nouvelle joueuse norvégienne pourrait distraire. Je suis ironique bien sûr. Le slogan « Au plus proche des athlètes » ne peut qu’être confirmé au vu de ces photos. Celle que je préfère pour ma part est celle où KASLER et ANDERSEN sont assises dos à dos. Certains petits malins (ou petites malignes vu l’écho que le couple a dans la communauté lesbienne) ont proposé que ce soit la nouvelle tenue pour jouer au handball, pour les femmes s’entend bien. L’endroit où écrire le numéro et le nom reste à déterminer. Deuxième information de la soirée. Thia HAMERSEN a annoncé en conférence de presse ce midi que KASLER sera capitaine ce soir et pour tous les matchs de la Nordea Cup. Cette joueuse, inconnue il y a encore trois ans, prend de plus en plus d’envergure et de responsabilités dans l’équipe. HAMERSEN s’appuie beaucoup sur elle sur le terrain. Tout comme Ikka SORENSEN l’a fait en équipe nationale aux Jeux Olympiques, en demi-finale contre la Corée du Sud. Troisième nouvelle avant de vraiment vous parler du match de ce soir : ANDERSEN aurait repris la course depuis jeudi et tout se passerait bien. ARLENSEN reprendra l’entraînement complet après demain après un contrôle au centre médico-sportif lundi. |
Solveig changea de place sur son siège. Son genou tirait plus que la veille. Le fait de le garder plié la gênait. Elle avait peut-être un peu trop forcé hier. Elle rechangea à nouveau de place essayant d’étendre un peu sa jambe. L’adversaire de ce soir est Randers vainqueur au tour précédent d’Aalborg dans un match où il y a eu beaucoup de buts. Actuellement 7ème du championnat, Les deux équipes ne se sont pas encore rencontrées cette saison. Cette année Copenhague vise la passe de trois dans cette compétition ce qui voudrait dire que le trophée resterait définitivement au club et serait remplacé la saison prochaine par une autre création. KASLER est au centre du groupe pour le traditionnel discours d’avant match. La question est dans quel état d’esprit se trouve-t-elle ? |
« Bon soyez indulgentes les filles c’est ma première fois. » — Ah oui, j’aurais pensé que tu en avais connu d’autres avant vu ton âge et… — Katri ! — Je parlais du capitanat, tu as bien dû l’être au foot. — Oui mais c’est différent. Alors ce que j’ai à dire c’est que tant que nous appliquons les consignes, nous sommes dans le tempo. Thia dit que notre plus grand adversaire c’est nous. Alors même si le match devient plus facile, restons sérieuses et concentrées. Nous pouvons faire du jeu efficace et joli à voir. Contentons tout le monde : Thia par le résultat et les spectateurs par le spectacle. Sérieux et application sont maîtres de toutes les valeurs. Bon match. Elles se tapèrent toutes dans les mains comme à leur habitude. Que ce soit Sol, Liv, Linnea ou Dane qui porte le brassard peu importait. Il fallait jouer son meilleur handball, match après match. Et une équipe montrait sa force quand elle arrivait à s’affranchir mentalement des absences. Après dans le jeu, il était plus facile de jouer avec Sol dans l’axe et la défense était plus rassurée avec Liv dans leur dos mais le plus important était de ne jamais rentrer battues sur le terrain. Fin du match : 34 - 25 Randers n’aura existé que huit minutes. Ensuite la vague noire et blanche s’est mise en marche. Dépassées dans tous les secteurs du jeu les visiteuses ont essayé de limiter la casse. HAMERSEN a fait tourner son groupe au maximum. Elle doit sûrement avoir dans un coin de sa tête les prochaines échéances dont la Ligue des Champions qui débute le mois prochain dès le 1er novembre. KASLER a encore fait un gros match. Il paraîtrait qu’elle aurait fini son discours d’avant match par la phrase suivante : « Sérieux et application sont maîtres de toutes les valeurs. » A méditer… Prochain match : Copenhague - Esbjerg le 24/10/2008 Bonne soirée ! |
*** Danielle aimait bien les matchs de Nordea Cup à domicile car ils se jouaient plus tôt dans l’après-midi que les matchs de championnat. Du coup, elles étaient rentrées plus tôt à la maison et pouvaient profiter de leur soirée. Solveig préparait le repas dans la cuisine alors que la capitaine du jour regardait les informations. Une heure plus tôt, elle avait eu sa petite sœur au téléphone qui était « comme une dingue » qu’elle ait porté le brassard. Alors que Sveig amenait leur assiette respective dans le salon Dane remarqua qu’elle boitait légèrement. « Ton genou te fait mal ? » — Non, ne t’inquiète pas, ce sont les courbatures de reprise et aussi d’être restée assise longtemps sans pouvoir étendre mes jambes. A force de regarder les rencontres dans les tribunes, je commence à comprendre les spectateurs qui amènent leur petit coussin. — Tu as mal aux fesses aussi ? — Ça va je n’ai pas encore été out assez longtemps. — D’accord au pire nous irons t’acheter un petit coussin aux couleurs du club. Ça pourrait être un bon plan marketing. Pour cinq euros offrez-vous le coussin Solveig ANDERSEN. Danielle avait pris les intonations d’un camelot. — Et pour cette somme modique vous pourrez vous assoir pas avec mais sur une championne olympique ! compléta Solveig sur le même ton. — Ça c’est de l’argument de vente. La communauté lesbienne va se jeter dessus rien que pour pouvoir dormir avec toi. — Il faut que je négocie bien les royalties, si je veux gagner beaucoup d’argent. — Oh oui. Solveig fit encore un pas pour pouvoir poser les assiettes sur la table. Mais alors qu’elle s’appuyait sur sa jambe, elle ne put retenir une grimace. — Tu es sûre que ça va. — Oui, ne t’inquiète pas. Ça va passer à l’entraînement. — D’accord. Installe-toi, je vais chercher l’eau. — Merci. Tu peux ramener des serviettes aussi. — Bien sûr Cap’taine. — Tu t’en es très bien sortie aujourd’hui, dit Solveig une fois que Dane fut revenue de la cuisine. — Merci mais ce n’est pas très compliqué d’être capitaine de Copenhague. Sur le terrain j’entends car en dehors, je ne pourrais pas faire ce que tu fais. Devoir se rendre à toutes les sollicitations médiatiques et répondre aux questions qui sont souvent les mêmes. — Je suis sûre que tu t’en sortirais très bien. Tu as déjà prouvé que tu savais répondre aux journalistes. — Je prends ça comme un match. J’associe leurs questions pièges à des phases d’attaques. Pour les empêcher de marquer, et donc d’avoir ce qu’ils cherchent, je dois assurer mon placement, et donc bien réfléchir mes réponses. Il faut toujours être concentrée. — Tu sais si tu ne prends pas les interviews comme une guerre des tranchées cela peut être très drôle. — Sans doute mais je n’ai pas encore ta maîtrise. Je n’ai pas fait journaliste en deuxième langue. — Tu veux dire en sixième langue. — Six ? — Anglais, français, allemand, italien, norvégien et je pourrais même dire septième car je t’ai surprise à parler deux trois mots de danois avec Mia. — Ça ressemble au norvégien mais je pense qu’il est facile de faire un esperanto scandinave si tu ne fais pas attention. — Esperanto ? demanda Solveig qui cherchait une traduction à ce mot. — L’espéranto est une langue construite de la fin du XIXème siècle. Pendant un temps, l’Europe économique a voulu en faire sa langue officielle mais les populations n’ont pas adhéré et sont restées à l’anglais. C’est basé sur une grammaire simplifiée sans exception et où les lettres q, w, x et y n’existent pas dans l’alphabet. — J’aurais peut-être dû apprendre cette langue plutôt que le français. Cela m’a l’air plus simple. — Tu sais dans pas longtemps nous pourrons abandonner le français et ne garder que le norvégien et l’anglais. Solveig sourit à ces mots car ils voulaient dire que Dane se sentait de plus en plus norvégienne. Elle n’employait plus le terme ton pays quand elle parlait de la Norvège. Et n’hésitait plus à utiliser la langue scandinave pour parler avec ses compatriotes. Il lui manquait encore des mots pour tenir toute une conversation mais elle les remplaçait par de l’anglais et tout le monde comprenait. — Non, Dane, nous garderons toujours le français car il est une partie de toi et c’est ta langue maternelle. — Pas vraiment en fait. — Encore une autre surprise ? Solveig leva un sourcil interrogateur dans une grimace comique. Ta grand-mère était roumaine et était la tante de Nadia Comaneci, j’ai bon ? — Non, bien que j’aurais été très fière d’avoir des liens avec Nadia Comaneci. C’est une gymnaste que j’adore. Pour en revenir à ma langue maternelle ce serait l’allemand. La famille de ma mère vient du canton de Zurich qui est germanophone. — Ta mère parle couramment allemand donc. — Oui, ma mère a fait des études d’interprète. — Vous êtes tous polyglottes alors dans la famille. — Les langues ont toujours été mises en avant dans notre éducation. Et je pense que nous sommes des éponges. — Des éponges ? — Papa se moque car avec Zoé en plus de vite saisir les mots d’une nouvelle langue, nous prenons aussi les accents qui vont avec. — J’ai remarqué qu’après deux jours chez tes parents, tu parles complètement avec l’accent suisse. J’aimerai bien voir ce qui se passe en Angleterre, si ton côté so british s’accentue encore. — Katri se moque toujours quand je parle norvégien. Solveig attira Dane dans ses bras pour un petit câlin. — Ne t’inquiète pas, tout le monde aime t’entendre parler dans la langue des vikings. Elle sentit vibrer la cage thoracique de sa petite amie quand celle-ci essaya de reproduire une onomatopée gutturale rappelant le côté barbare de ses ancêtres. Elle rigola franchement et manqua de s’étrangler quand Dane se mit à tousser, sa gorge n’ayant pas aimé la contraction. — Bon il semble que les grandes invasions ne soient pas pour tout de suite, conclut l’arrière droit après avoir remis d’aplomb ses cordes vocales. — Tu peux partir à la conquête du titre européen en Macédoine. — C’est une idée mais je vais laisser le Drakkar au port, sinon cela fera trop cliché ! Solveig lui lança un coussin que Dane attrapa au vol et s’en servit pour s’installer plus confortablement. *** Le lendemain, devant l’Aréna, après la séance de décrassage de l’après-midi, plusieurs supporters attendaient. Pour être plus précise un groupe d’une vingtaine de filles étaient prêtes, livret du club à la main, pour récupérer un maximum d’autographes. Sabine, Lotta, Linnea, Trine, Lena, Katri, Fie, Eva, Anne, Linda et Mia perdirent vite le fil des prénoms et du nombre de signatures qu’elles venaient de faire. Mais le plus grand engouement fut pour Danielle. « Dane, tu peux nous signer un autographe. » — On vient toutes de France. — On a vu ton match hier. — On peut faire une photo ? Alors que Danielle allait faire un pas en arrière pour reprendre de la distance avec ce groupe euphorique, Thia arriva dans son dos et l’arrêta dans son geste. « Bonjour tout le monde. D’accord pour toutes vos demandes mais nous allons faire cela dans le calme et l’ordre pour ne pas gêner trop de monde, déclara Thia assez fort pour être entendue. » Et plus bas à Dane en norvégien : « Respire à fond, elles ne sont pas plus dangereuses que les barges du match en Serbie. » — Je n’en suis pas sûre. — Relax. Et se tournant vers le groupe repassant en anglais : Bien mesdemoiselles, nous allons commencer par les autographes puis nous ferons une photo de groupe. Elles se mirent en ligne et la séance commença. Elles étaient toutes armées du magazine danois, dans lequel était parue la photo que son sponsor avait choisi pour la campagne de publicité. — Salut, je m’appelle Estelle. Je viens de Lille. Nous sommes toutes joueuses de handball. Nous faisons partie d’un groupe sur un forum fan de l’équipe de Norvège. Nous avons décidé de venir à Copenhague pour faire du tourisme et venir te voir jouer aussi. — C’est sympa. Vous avez aimé la ville ? — Oui, nous sommes allées au Danish Pub, là où tu as fait ta première interview à Copenhague. — Oh. La suivante portait un maillot rouge de la Norvège. — Salut, moi c’est Emilie et je suis de Paris. Je suivais déjà un peu ta carrière en France. Je t’ai même vu jouer la finale de la coupe à Bercy. J’avais déjà essayé d’avoir un autographe à l’époque mais je t’avais ratée à la sortie des vestiaires. Danielle lui tendit le magazine signé. — Tu l’as aujourd’hui et en prime tu as pu visiter une capitale européenne. La suivante semblait plus calme mais tout était relatif. — Hey, je m’appelle Elise et je suis de Genève. Je voulais savoir s’il était possible d’avoir les coordonnées de ta petite sœur. Nous voudrions qu’elle rejoigne notre groupe. — Prenez contact avec elle par son blog. — Nous l’avons fait mais elle reçoit tellement de message que le notre a dû se perdre dans la masse. — Et bien laissez-moi une adresse mail et je lui transmettrai. — Merci c’est super. Tiens voici ma carte, elle est notée dessus. Danielle regarda la carte et la rangea dans la poche arrière de son jean. — Bonjour moi c’est Julie. Solveig n’est pas là aujourd’hui ? — Non, elle s’est entraînée ce matin. — Mince. Et Liv ? — Non plus. Elle avait d’autres engagements cet après-midi. — Dommage. Je verrais si je peux repasser demain avant que l’on prenne l’avion. Un peu plus loin, Katri et Eva regardaient la scène. L’internationale norvégienne attrapa son portable et appela Solveig. « Allo ! » — Salut Cap’taine. Tu sais ce qui se passe devant l’Aréna ? — Salut Katri. Non qu’est ce qui se passe ? Ton fan club s’est réuni ? — Pas le mien mais un bout de celui de ta copine. Elle est en train de signer des autographes à la pelle. — Merde. Et elle va bien ? — De ce que j’en vois, elle sait très bien gérer un groupe de lesbiennes en folie. Ne t’inquiète pas. — Elles ne doivent pas toutes être lesbiennes. Tu exagères encore Katri. — Elles ont toutes un rainbow flag quelque part. Ah et j’oubliais, elles sont françaises. — Ok. Quelqu’un est avec elle ? — Ne t’inquiète pas Cap’taine. Thia veille sur elle. Bon je te laisse, si je reste plus longtemps ici je vais être en retard à mon rencart. — Toujours le même ? — Toujours le même. — Alors bonne soirée. — Bonne soirée. La séance continua tranquillement et se termina par une photo de groupe ou chacune voulu être le plus près possible de Danielle. Une fois à l’abri dans sa voiture, elle prit le temps de gérer la masse d’informations qu’elle avait entendue. Ces filles savaient pratiquement tout d’elle : ses clubs précédents, ses stats, les lieux où elle allait et même ceux où elle était allée. Certaines qui n’habitaient pas très loin de Lyon étaient même allées dans le bar d’Andy pour voir où elle sortait quand elle était encore lyonnaise. Danielle connaissait ce genre de groupe de fans mais c’était pour les chanteurs ou les acteurs mais pas pour des sportives. Enfin pas pour une sportive comme elle. ***
Lundi 20 octobre 2008 – 17h20 | Presse | Aujourd’hui dans la presse sportive, les articles proposés faisaient une rapide analyse sur le match d’hier entre Copenhague et Randers et sur les autres rencontres qui ont vu la qualification de Viborg, Ikast et Vejen. Ce qui nous donne le même carré final que la saison dernière. Sauf que cette année Viborg et Copenhague ne se rencontreront pas en demi-finale. Les joueuses de la capitale recevront Vejen et Ikast ira défier l’équipe en tête du championnat et encore invaincue. Ces deux rencontres se dérouleront le mercredi 12 octobre. Mais c’est surtout Danielle KASLER qui a suscité l’engouement des journalistes. Capitaine pour la première fois depuis sa signature dans le championnat danois, et il semblerait depuis le début de sa carrière de handballeuse, elle a tenu son rang en emmenant son équipe en demi-finale. Il était possible de lire les déclarations suivantes dans la presse : « KASLER fait son chemin dans le handball de haut niveau sans bruit mais avec efficacité. » « Elle semble garder les journalistes à distance et préfère faire parler le ballon sur le terrain plutôt que de s’exprimer au micro des chaînes de télévision. » « KASLER donne cette impression, parfois agaçante pour le commun des mortels que nous sommes, que quoi qu’elle fasse elle le réussit. En football, elle évolue au plus haut niveau et finit même championne de France. Au handball, en trois ans, elle étoffe son palmarès d’une coupe de France, d’une Ligue des Champions, d’un titre de championne du Danemark et surtout d’une médaille d’or Olympique. Et du côté de sa vie sentimentale, rien de moins que Solveig ANDERSEN, la sportive préférée des norvégiens. » « ANDERSEN et ARLENSEN absentes ? Pas de problème, KASLER assure. » Ou encore : « KASLER à la passe, l’adversaire trépasse ! » Pour preuve de sa nouvelle popularité, plusieurs sites internet sur elle ont vu le jour en norvégien et en danois. Certains plus pro que d’autres, il n’en reste pas moins qu’elle rejoint ses coéquipières de l’équipe de Norvège sur la toile. Le plus complet reste tout de même celui de sa petite sœur Zoé KASLER (en anglais et en français). Dans le sujet infirmerie, ARLENSEN devait passer des tests, aujourd’hui, pour savoir si elle pouvait à nouveau participer aux entraînements complets et être dans le groupe pour le prochain match. Pas d’information pour l’instant à ce sujet en provenance du club. Je vous retrouve vendredi pour la 9ème journée de championnat. Bonne fin de journée! |
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| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 17 Jan 2016 - 23:50 | |
| NUREMBERG – Caillou dans la basket Liv, de son côté, attendait patiemment, installée dans le bureau de PETERSEN. La chirurgienne avait une demi-heure de retard sur leur rendez-vous. La gardienne norvégienne avait déjà lu deux fois le journal qu’elle avait amené. Elle se fit la remarque qu’il n’y avait rien pour accrocher l’œil dans cette pièce. Elle avait déjà eu cette impression dans sa salle d’examen. Mais ce qui étonna vraiment Liv c’est que mis à part les murs blancs, il n’y avait rien sur le bureau. Pas même un stylo, une feuille ou un dossier n’étaient laissés sur la surface de bois. L’ordre dans cette pièce était presque pathologique. Il donnait même l’impression d’être inoccupé. Si elle n’avait pas vu le nom de PETERSEN sur la porte, Liv aurait douté d’être dans le bon bureau. La porte s’ouvrit et PETERSEN entra dans la pièce. « Désolée pour ce retard, une urgence. » Liv remarqua que certaines mèches s’échappaient de sa queue de cheval, si impeccable d’habitude. Elle ne portait pas sa tenue de travail habituelle. Le jeans et le t-shirt lui donnait un côté moins sérieux. Elle avait déjà eu cette impression lors de sa venue à l’Aréna. « Grave l’urgence ? » — Un motard. — Oh ! — Il est en vie, ne vous inquiétez pas. Liv fut à nouveau étonnée de la perspicacité de la chirurgienne. Une expression sur son visage ou dans sa posture avait dû trahir ses sentiments car un accident impliquant un motard se terminait rarement bien pour le conducteur du deux-roues. C’est pour cela que le club avait interdit à toute joueuse d’utiliser ce mode de transport, ni moto, ni scooteur, même le vélo sur route était jugé dangereux mais autorisé sur les pistes cyclables heureusement nombreuses à Copenhague. « Si vous voulez bien me suivre nous allons aller dans le gymnase des kinés. » Liv ne dit rien et la suivit. De toutes manières quoi qu’il arrive à ce test, elle rejouerait dès le prochain match. Douleur ou pas douleur. Dans la pièce, il y avait trois personnes qui « souffraient » sur des engins de rééducation. Comme toute sportive de haut niveau, elle était déjà passée par là. Elle avait eu une double entorse du genou, entre autre, qui l’avait éloignée des terrains et enfermée trop longtemps dans ce genre de salle. « Nous allons nous installer par-là, lui dit Ellen en lui montrant un espace dégagé. » Alors que Liv marchait vers la zone indiquée, Ellen prit un petit ballon dans la caisse. « Liv ! » La gardienne se retourna et attrapa instinctivement la balle que la chirurgienne venait de lui lancer par surprise. « Alors, ce mouvement fait mal ? » Elle s’en était saisi main droite, paume bien ouverte et doigts écartés pour bien maîtriser le ballon. Ce geste, sans strap, lui était habituellement douloureux mais là, la décharge habituelle n’avait pas eu lieu. Elle renvoya le ballon doucement à PETERSEN ne connaissant pas sa dextérité. Elle était peut-être douée avec un scalpel mais la coordination face à un ballon était différente. Si Liv avait secrètement espéré que la chirurgienne se rate, elle dû vite abandonner cette idée. Sa prise de balle main gauche était très sûre. Elles firent plusieurs passes de suite en augmentant la puissance progressivement. Bien sûr les passes de PETERSEN n’avaient rien à voir avec celles des membres de son équipe mais le ballon claquait bien sur la paume de main de Liv et le fait de ne ressentir aucune douleur était agréable. « Comment sentez-vous votre main ? » — ça va. Liv ne voulait pas reconnaître trop facilement que son protocole pouvait avoir fonctionné. — Il faudrait que je la teste au cours d’un véritable entraînement. Là c’est un peu léger. — Je m’attendais à cette réponse. C’est pour cette raison que demain je viendrais vous voir à l’entraînement pour juger en situation. — Vous n’allez pas manquer à vos patients ? — C’est mon jour de repos demain. — Oh ! Alors je ne voudrais pas vous faire travailler sur votre temps de repos. Ellen s’approcha de Liv s’arrêta à cinquante centimètres d’elle. Leurs regards étaient à la même hauteur. — Qu’est-ce qui vous inquiète le plus Mademoiselle ARLENSEN ? Que ma méthode fonctionne ou que vous allez devoir vous habituer à jouer sans cette douleur. Liv respira un grand coup. Il fallait qu’elle fasse redescendre la pression qui était dangereusement montée quand PETERSEN s’était approchée. Elle était trop près, son parfum trop présent, ses yeux verts trop profonds, son souffle trop régulier et ses lèvres… Alors pour se défendre de toutes ses sensations et éviter de faire une bêtise, Liv attaqua. Son ton était dur et froid quand elle lui répondit. — Il ne vaut mieux pas que vous sachiez ce qui m’inquiète le plus. Et si vous voulez passer votre journée de repos à regarder des filles courir grand bien vous fasse. Pour ma part je rentre chez moi. Bonne soirée Mademoiselle PETERSEN. Liv quitta la salle et marcha sans s’arrêter jusqu’à sa voiture. C’est une fois assise dedans qu’elle put enfin respirer à fond et chasser toutes les pensées qui avaient germé dans son cerveau. * Elle va finir par me prendre pour une dingue cyclothymique à ce rythme-là. * Ellen de son côté était toujours dans la salle de rééducation à analyser ce qui s’était passé. Elle ne comprenait pas pourquoi elle prenait un malin plaisir à faire sortir de ses gonds la réputée très calme Liv ARLENSEN. Elle avait espéré que la gardienne norvégienne reconnaîtrait que sa méthode avait apporté du mieux mais elle avait encore eu le droit à une remise en cause. « Il faudrait que je la teste au cours d’un véritable entraînement », elle allait voir, oui, et demain Liv ARLENSEN devrait bien reconnaître qu’elle avait raison. *** Danielle salua le journaliste d’un magazine sportif danois dont elle avait oublié le nom. Elle était en interview depuis une heure et demie et avait déjà répondu à quatre journalistes différents. D’habitude c’était Solveig et Liv qui se chargeaient de cette corvée mais depuis leurs blessures c’est Linnea et elle qui devaient assurer. En ce moment, elle aurait dû être à l’entraînement depuis quarante-cinq minutes et plutôt que de répéter ses gammes avec ses coéquipières, elle jouait les perroquets. Elle était joueuse de handball pas responsable en communication. Et le politiquement correct l’agaçait. Déjà la saison dernière, elle avait dû bien peser ses réponses pour éviter de dire ouvertement ce qu’elle pensait au journaliste qui avait osé insinuer que son Grand-Père avait été un collabo ! Aujourd’hui la question qui lui avait presque fait perdre son calme avait été : « Est-ce que vous pensez que Solveig ANDERSEN va revenir à temps pour les Championnats d’Europe ? Et si oui, qu’elle sera son niveau ? Cette blessure n’est-elle pas celle de trop ? » Elle avait failli lui demander en retour si sa blessure au cerveau allait bientôt être guérie car ça commençait à faire une longue convalescence. Mais à la place, elle lui sourit et déclara pleine de confiance et d’assurance que la rééducation de Solveig se passait bien, qu’elle était parfaitement dans les temps et qu’elle serait au rendez-vous en Macédoine. Elle quitta la pièce aménagée pour les interviews dans l’Aréna. Elle se changea rapidement et alla rejoindre ses coéquipières. Dans la salle, il y avait certaines choses différentes du tableau habituel. La première était que Solveig était là en train de faire des passes avec Liv. Son retour dans le groupe n’étant pas prévu avant dix jours. La seconde était que Liv ne portait aucun strap à la main. Et la troisième était la présence de PETERSEN dans les gradins à côté de Tero. Pour un œil non initié la quatrième aurait pu être la force que les deux joueuses mettaient dans leurs passes mais c’était un exercice courant qui permettait de travailler la prise de balle. Liv sentait l’impact du ballon sur sa paume, s’en suivait la courte vibration habituelle mais la douleur qui suivait d’ordinaire n’était pas là. Elle ne pouvait pas prendre comme excuse la faiblesse des passes car Solveig ne faisait pas semblant. Ellen observait attentivement le duo et surtout les expressions du visage de Liv. Il n’y avait pas de grimaces ou de crispations dues à la douleur. Elle avait dû convaincre la gardienne norvégienne, son entraîneur et le kiné de faire le test sans strap. Du coin de l’œil, elle vit que Danielle KASLER était arrivée. Cette dernière commença son échauffement seule sur l’autre partie du terrain. Sveig remarqua l’air renfrogné de Dane. Depuis quelques temps, elle était de plus en plus sollicitée par les médias. Et quand on connaissait son aversion pour ce genre d’exercice, il était facile de comprendre pourquoi elle était bougonne en ce moment. La star norvégienne avait remarqué que sa petite amie aimait l’organisation, voir même la routine. Elle avait vite compris que Dane avait besoin d’un rythme. Les entraînements, les matchs, les phases de récupération lui donnaient ce rythme. Les interviews, les plateaux de télévision et les diverses sollicitations modifiaient son emploi du temps. Elle aurait voulu la rassurer et lui dire que tout cela allait se calmer mais elle savait bien que Dane allait continuer de progresser et prendre de plus en plus de responsabilités. Et que les médias continueraient de s’intéresser à elle encore longtemps. Thia annonça un nouvel exercice. Le travail continuait face à la cage. Liv retrouvait sa place. Enfin ! Elle prit ses marques en touchant d’abord le poteau gauche ensuite le droit puis la transversale. C’était son rituel. « Vous connaissez cet exercice. Passe en appui puis, on monte au tir à neuf mètres. Sol tu vas servir de pivot remiseur, ça te remettra un petit peu dans le bain, précisa Thia. » La première en lice fut Katri. Qui ne put retenir une petite phrase avant de s’élancer : « Prête à te faire allumer goalkeeper de mon cœur. » — Amène toi AAMODT, tu ne me fais pas peur. Depuis le matin, Liv était remontée. Pour être exact depuis l’arrivée de PETERSEN à l’Aréna. Elle avait presque espéré qu’elle ne vienne pas. Le terrain c’était son jardin et elle ne voulait pas d’un médecin au milieu du sien toute mignonne qu’elle soit. A cet instant, elle ignorait pourquoi, mais elle voulait l’impressionner. Elle était peut-être une chirurgienne reconnue dans sa profession mais elle, elle était gardienne de l’équipe de Norvège, championne d’Europe, championne du monde et championne olympique. Et elle comptait bien lui montrer de quoi elle était capable. Ellen vit Liv faire ses premiers arrêts : main gauche, pied droit, genou gauche, hanche… Un premier ballon lui échappa dans la zone de sa main droite. Les tirs s’enchaînaient avec puissance. Sa manière de bouger ressemblait à une danse, tout en appuis rapides et en sautillements. Elle était d’une souplesse certaine et allait très vite au sol pour sortir les tirs bas. Mais si le regard de la femme appréciait les mouvements de son corps, celui du médecin n’était jamais très loin. « Tero, tu aurais un bout d’élasto dans ta valisette ? » — Bien sûr. Tu en as besoin pour quoi ? — Pour faire de la psychologie de sportif. — Hein ? Tero la regarda se lever après qu’il lui ait donné un bout de bande élasto. Elle attendit au bord du terrain jusqu’à ce que Thia annonce une pause. Alors que toutes les joueuses allaient boire, elle s’approcha de Liv et alors qu’elle tenait sa gourde à hauteur de sa bouche, elle lui colla la bande adhésive le long de son pouce. Liv sursauta, faisant couler de l’eau sur son menton et son maillot. « Ben alors goalkeeper, tu sais plus boire, se moqua Katri. » Liv ne commenta pas et regarda PETERSEN attendant une explication. « Vous jouez avec de l’appréhension car vous ne sentez pas votre strap habituel qui vous rassure. A présent vous sentez la colle sur votre peau alors allez-y à fond que je sache enfin si j’avais raison et si vous êtes réparée. » La conversation n’avait échappé à personne et surtout pas à l’immanquable ailière gauche. — Wow, Liv se fait secouer par la Doc. — Katri ? appela Liv la voix très calme. — Oui ? — La ferme. Et toujours face à PETERSEN. Vous voulez que je me donne à fond, alors ouvrez grand vos yeux. Le spectacle est gratuit. Ellen regarda Liv reprendre sa place. Et se dit : * Si le spectacle est gratuit alors je vais en profiter.* A la fin de la séance de tirs Ellen dut reconnaître que Liv était une excellente gardienne. Elle venait de découvrir aussi que sous ses airs calmes et posés il y avait le feu qui couvait. Elle avait tout de suite réagi au défi qu’elle lui lançait. Il y avait dans son regard cette part de confiance en son talent, fruit de longues heures d’entraînement. Il y avait tout de même une ombre au tableau et elle venait d’ANDERSEN. Pendant tout l’entraînement, Ellen avait remarqué que la capitaine modifiait ses appuis et ne mettait pas tout son poids sur son genou. Il faudrait qu’elle surveille ça aussi. A la fin de l’entraînement Liv dut reconnaître sa défaite. Elle n’avait pas senti son pouce de toute la séance. Ce qui voulait dire que PETERSEN avait eu raison et que son nouveau protocole fonctionnait. Elle avait eu l’amabilité de ne pas fanfaronner et avait juste dit à Thia qu’elle était réparée et apte à jouer. *Mise à jour du score ARLENSEN 1 - PETERSEN 2. Oui un point pour moi pour le nombre d’arrêts.* *** Le surlendemain, Danielle proposa à Solveig d’aller faire un petit footing dans la forêt derrière chez elle. Il n’y avait pas entraînement ce matin et une petite course permettrait à Dane de se réveiller musculairement, à Solveig de continuer sa préparation physique et à Bones de faire du sport tout court. Mais sa petite amie déclina l’offre, expliquant que PETERSEN lui avait donné rendez-vous pour un contrôle de son genou. L’arrière droit alla donc courir seule avec le chien en demandant à sa petite amie de la tenir au courant de ce que dirait la chirurgienne. De son côté, la capitaine norvégienne quitta la maison et prit sa voiture pour aller en centre-ville. Elle s’installa à la terrasse d’un café et profita du soleil d’octobre qui repoussait l’arrivée des premiers grands froids. Elle n’avait aucun rendez-vous au CMS. Depuis quelques jours, elle avait constamment mal au genou et surtout quand elle courait. Elle arrivait à réduire cette douleur pendant les exercices qu’elle faisait à l’Aréna mais elle ne pourrait pas tenir pendant un footing d’une demi-heure avec Dane dans la forêt. ***
Vendredi 24 octobre 2008 – 19h30 | J09 / Copenhague - Esbjerg |
Nouvelle rencontre pour Copenhague qui affiche une bonne dynamique. De retour à la seconde place du classement depuis la 7ème journée grâce à leur série de 5 matchs sans défaite (6 en comptant le match de coupe), la pression qui pesait sur les joueuses est quelque peu retombée. Viborg, de son côté, fait toujours la course en tête en étant encore invaincu. Esbjerg, à la 6ème place, présente un bilan encore positif avec 5 victoires et 4 défaites et une différence de buts de +14. Dans un peu plus d’une semaine, les choses sérieuses débuteront pour les joueuses de Thia HAMERSEN avec le début de la phase de poule de la Ligue des Champions. L’équipe devra se passer de sa star internationale, Solveig ANDERSEN encore à l’infirmerie, son retour n’étant pas prévu avant mi-novembre. Ce même mois de novembre qui verra trois matchs de Ligue des Champions, deux matchs de championnat, une demi-finale et une finale de Nordéa Cup. Si Copenhague se qualifie pour le dernier tour de la coupe danoise cela fera sept matchs dans le mois. Même programme pour Viborg et Ikast (elles aussi engagées en Ligue des Champions). La récupération et la gestion des efforts seront déterminantes pour les trois équipes pour mener toutes les compétitions de front. La bonne nouvelle du soir est qu’ARLENSEN retrouve sa place dans les cages et par la même le brassard de capitaine. Sa blessure à la main semble être derrière elle. |
Dans les tribunes, Solveig fouillait dans son sac à la recherche des antidouleurs que PETERSEN lui avait donnés après son opération. Elle avait commencé à en prendre la veille, la douleur étant présente à chaque instant. Seuls les médicaments lui permettaient de bouger normalement et de pouvoir continuer à s’entraîner. Le compte à rebours était lancé ; dans moins d’un mois, juste après la finale de la Nordéa Cup, Ikka annoncerait sa liste pour les Championnats d’Europe. Et elle voulait en faire partie.
[…] Mi-temps : 15 – 11 Copenhague déroule son jeu maintenant l’écart à +4. Le fait marquant de cette première mi-temps est que KASLER n’a toujours pas marqué. Par contre, elle affole les stats au niveau des passes décisives. ARLENSEN confirme qu’elle n’a aucune appréhension au niveau de sa main droite, auteur de deux gros arrêts en face à face justement sur ce côté.
[…] |
Ellen, installée dans la salle de repos du CMS, regardait le match en mangeant sa salade. La tendance semblait se confirmer qu’il ne se passait rien ici pendant les matchs de hand des joueuses de Copenhague. A croire que tout le monde les regardait sagement installé dans son canapé. Elle avait souri intérieurement quand elle avait vu le simple morceau de bande élasto que Liv portait sur son pouce. Elle avait parié avec elle-même que la gardienne aurait tout de même recours à son strap habituel. Elle avait perdu. Heureusement son « moi intérieur » ne lui demandait pas de régler ses dettes. Elle prit le geste de la capitaine du jour comme une marque de confiance en son travail. Mais Ellen était parfaitement consciente qu’il faudrait encore du temps pour que toutes les joueuses lui fassent confiance et arrêtent de la prendre pour celle qui leur mettait des bâtons dans les roues. Elle avait gagné une première manche avec Liv. Sa deuxième victoire serait avec Solveig, si elle se décidait à venir la voir pour son problème d’appui. Fin du match : 31 – 21 Un joli +10 pour cette fin de soirée. Pas de coup d’éclat mais un match sérieux et appliqué. HAMERSEN a fait tourner son effectif en prévision des échéances futures. Petit total de buts pour KASLER ce soir mais certains journalistes commencent à dire qu’elle pourrait bien finir sa carrière au poste de demi-centre au vu des derniers matchs, où depuis la blessure d’ANDERSEN, c’est elle qui assure les rotations à ce poste avec SNORROEGGEN. Prochain match : Randers - Copenhague le 28/10/2008 Bonne soirée ! |
*** Deux jours après la victoire contre Randers, Solveig et Danielle profitaient d’une après-midi de repos avant le départ pour la France et Metz le lendemain matin. Elles avaient regardé un film de Charlie Chaplin, les temps modernes. L’avantage des films muets c’est qu’il n’y avait pas de problème avec la langue. La veille, Dane avait encore essayé de suivre une émission en danois mais avait rendu les armes au bout de quarante-cinq minutes. Elle s’en sortait mieux avec le journal télé et les documentaires mais les talkshows allaient vraiment trop vite pour sa compréhension. Alors que le générique se terminait, Bones se réveilla en sursaut car l’on venait de sonner à la porte. Ce devait être Liv, Katri et d’autres membres de l’équipe qui venait voir le match de Viborg contre Ikast en ouverture de la Ligue des Champions. Alors que Solveig se levait pour aller ouvrir et qu’elle s’appuyait sur sa jambe gauche, une forte douleur lui traversa le genou. Elle dut s’appuyer sur la table basse pour ne pas complètement s’affaisser sur son appui. « Qu’est ce qui se passe, c’est ton genou ? demanda Danielle une forte inquiétude dans la voix. » — Non tout va bien. J’ai juste des fourmis dans la jambe. Je suis restée trop longtemps sans bouger. J’étais trop concentrée sur le coup de clé de Chaplin. Un deuxième coup de sonnette se fit entendre. — Je vais aller ouvrir car si c’est Katri, elle va nous faire tout un chapitre sur « ce que l’on pouvait bien être en train de faire pour mettre autant de temps à venir ouvrir ». — Va, mieux vaut éviter de lancer Katri sur ce genre de sujet en ce moment. Elle est déchaînée depuis que ça dure avec son « super coup au lit ». Solveig boitilla jusqu’à la porte. Sur le perron se tenait la bande habituelle, chacune trouva sa place et personne ne fit de remarque quand Eva proposa à Linda de lui faire une petite place dans son fauteuil. Même Katri arriva à tenir sa langue et à lancer discrètement un regard entendu à Liv. Prétextant d’aller chercher à boire pour tout le monde, Sveig en profita pour avaler un autre cachet. Elle en était à la dose maximum autorisée par jour. ***
Samedi 01 novembre 2008 – 17h00 | Ligue des Champions J1 / Metz - Copenhague | Début de la compétition européenne pour les joueuses de Copenhague. Pour cette année 3 clubs danois participent à la compétition : Copenhague, Viborg et Ikast. Les deux derniers se sont affrontés (dans le groupe B) il y a deux jours. Victoire de Viborg d’un petit but qui reste invaincu toutes compétitions confondues. Copenhague évoluera dans le groupe D et retrouvera en plus de Metz les équipes de Ljubljana et Nuremberg. L’équipe allemande était déjà dans leur poule la saison dernière et elles avaient rencontré les Slovènes en coupe EHF l’année de leur sacre. La rencontre d’aujourd’hui contre Metz aura un goût particulier pour KASLER qui retrouvera une équipe qu’elle a affronté à de nombreuses reprises quand elle évoluait dans le championnat français. Elle va aussi retrouver d’anciennes coéquipières telle que : Sarah ROSBANE et Sophie ORGANI. Il aurait pu y avoir aussi Isabelle GADAGNE mais le staff messin a préféré la laisser au repos suite aux événements des Jeux Olympiques. (Pour rappel : la joueuse française a été coupable d’un vilain geste qui a valu une fracture du nez à KASLER et à elle une suspension de trois mois en équipe nationale ce qui la privera des Championnats d’Europe.) Du côté de l’équipe danoise la seule absente est toujours ANDERSEN. Elle n’a d’ailleurs pas fait le déplacement pour continuer de travailler sur sa rééducation et sa préparation physique. Une bonne entrée en matière ce soir à l’extérieur lancerait sur de bons auspices la campagne européenne.
[…] Mi-temps : 12 – 17 Bonne 1ère mi-temps des joueuses de Copenhague qui appliquent simplement leur handball. Fortes en contre-attaque, elles font la différence en défense. Leur position en 6-1 perturbe les préparations d’attaques messines. Souvenez-vous des mots de KASLER : « Sérieux et application » cela semble être les principes du jeu de Copenhague en l’absence de leur capitaine.
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Alors que ses coéquipières mettaient en application le travail fait à l’entraînement, Solveig se glissait dans une baignoire pleine d’eau froide, très froide même. Elle avait couru ce matin sur le tapis et la douleur avait été telle qu’elle avait dû encore raccourcir ses appuis et modifier sa position pour compenser. Il en résultait qu’elle avait mal de partout. En plus de son genou la douleur remontait le long de sa cuisse et de son dos. Si à présent elle serrait les dents c’était autant pour les empêcher de claquer que de pleurer. Fin du match : 24 - 37 Treize buts d’avance pour ce premier match de Ligue des Champions. Dans le même groupe Ljubljana a battu Nuremberg en Allemagne de quatre buts. KASLER n’a fait aucun cadeau à ses anciennes coéquipières, inscrivant 6 buts à ORGANI et ne laissant aucune ouverture à ROSBANE pour l’empêcher de distiller ses passes décisives. Prochain match : Copenhague - Vejen le 04/11/2008 Bonne soirée ! |
*** Le retour de Metz avait été long à cause d’un orage sur le nord-est de la France qui avait empêché leur avion de décoller à l’heure. Elles étaient arrivées très tard dans la nuit et le décrassage du matin avait dû être annulé pour permettre aux joueuses de dormir suffisamment. En ce début d’après-midi, toutes étaient présentes pour une séance plus courte et plus tactique. Samedi, elles recevraient Nuremberg pour le deuxième match de Ligue des Champions. Elles n’avaient donc pas le temps de se reposer sur leurs lauriers. Le match contre Vejen, gagné de huit buts avait laissé des traces aussi bien physiques, le cocard de Linnea en attestait, qu’au niveau de la fatigue. *** Solveig, de son côté, avait pris le chemin du CMS. Le matin même, elle avait avalé le dernier cachet d’antidouleur qui lui restait et face au flacon vide, elle avait fait l’amer constat qu’elle ne se débarrasserait pas de la douleur seule. Les médicaments lui permettaient de vivre à peu près normalement mais ils n’étaient pas assez puissants pour qu’elle s’entraîne correctement. De toute façon, cette méthode ressemblait de plus en plus à un suicide sportif. Elle allait droit dans le mur. Quelque chose n’allait pas et cela empirait. La douleur qui était localisée au niveau de son genou, s’était à présent étendue musculairement à son mollet, sa cuisse, son dos et son épaule. Jouer l’autruche plus longtemps ne servirait pas à grand-chose à part créer de gros problèmes car depuis sa reprise de la course, elle mentait à tout le monde et surtout à Dane. Elle ne se donnait pas beaucoup de jours avant que sa petite amie se rende compte de quelque chose et soit blessée de sa dissimulation. Voilà pourquoi en ce mercredi après-midi, elle poussait la porte du Centre médico-sportif, avec une boule au ventre. Celle que tous les sportifs connaissent. Celle qui fait craindre un gros ennui physique. Elle avait plus peur aujourd’hui que lors de sa blessure au ménisque. Il y a deux mois, elle savait ce qu’elle avait, c’était ciblé, connu et la procédure pour guérir établie. A cet instant, il n’y avait rien, juste la douleur et la peur. *** Ellen remontait le couloir tout en lisant le dossier d’un joueur de foot qui de colère avait mis un coup de pied dans le poteau et c’était fracturé le gros orteil. . *Encore un qui réfléchira à deux fois avant de faire des gestes stupides. Enfin peut-être.* Elle tourna à droite pour se rendre au bureau des infirmières quand on l’interpela. « Dr PETERSEN ? » Elle se retourna pour voir Solveig ANDERSEN debout dans l’encadrement de la porte de la salle d’attente. — Mademoiselle ANDERSEN ? Nous avions rendez-vous ? Je n’ai reçu aucun message de Tero signalant un problème. — Non. J’ai juste appelé tout à l’heure votre secrétaire pour savoir si vous étiez de garde aujourd’hui. Ellen regarda plus attentivement la joueuse de hand. Elle avait l’air encore plus fatiguée que lors de sa visite à l’Aréna. Elle semblait aussi tendue. Pour l’instant, Ellen ignorait si Solveig s’appuyait contre le chambranle de la porte pour soulager sa jambe ou par habitude. En regardant par-dessus son épaule, elle ne vit personne d’autre du club de Copenhague. Cela devait être important et personnel pour qu’elle soit venue seule. L’idée que Liv avait encore mal sans oser l’avouer lui traversa l’esprit mais elle se reconcentra vite sur la jeune femme. Il y avait tout à penser que ce qu’elle avait remarqué deux semaines plus tôt se soit amplifié. — Venez dans mon bureau, nous serons plus à l’aise pour parler. — Je ne voudrais pas chambouler votre planning. Je peux attendre s’il le faut. — Ne vous inquiétez pas. J’irai martyriser mes patients plus tard. Solveig suivit donc la chirurgienne et une fois dans son bureau pris place sur la même chaise qu’elle avait occupée la dernière fois. — Je vous écoute. — J’ai mal. Depuis que j’ai recommencé à courir j’ai mal. Je pensais que cela allait passer ou que j’allais m’habituer à cette gêne mais cela empire et je suis sensée réintégrer le groupe dans quelques jours. L’équipe est très bien et je ne veux pas l’affaiblir car je ne suis pas à 100%. L’aveu surprit Ellen mais la rassura sur la première impression qu’elle avait eu de Solveig ANDERSEN et peut-être même du coup de l’ensemble de l’équipe de Copenhague qui pensaient au groupe avant l’individualité. — Je comprends. J’aurai besoin que vous me décriviez les douleurs. Quand vous les ressentez, si c’est tout le temps ou sur certains mouvements. Si elles durent ou si elles sont ponctuelles. — J’ai surtout mal quand je cours et à la réception des impulsions. Je n’ai presque pas mal en dehors des entraînements. C’est juste latent le reste du temps mais pendant les entraînements c’est gérable qu’avec compensation. — Ce qui n’est jamais très bon si vous ne voulez pas vous blesser ailleurs. La douleur se situe au niveau de votre ménisque ? — Non pas vraiment. Plus sur l’extérieur du genou. — D’accord. Une dernière question avant que je vous examine : vous prenez des antidouleurs ? — Oui. — Combien ? — La dose maximum prescrite. — Bien. Merci de votre franchise. Passez dans la salle d’examen à côté et ôtez votre jean. Je vais regarder ça et si besoin nous ferons des examens complémentaires. — Merci. Ellen laissa le temps à Solveig de se déshabiller. Elle se lava les mains machinalement encore un peu surprise de la franchise de la capitaine norvégienne. Elle savait qu’elle prenait des antidouleurs, ses pupilles étaient légèrement dilatées mais elle ne s’attendait pas à ce qu’elle avoue sa faiblesse sans détour. *Encore un bon point pour Mademoiselle ANDERSEN.* Ellen examina le genou de la capitaine norvégienne. Son ménisque n’était pas sensible au toucher ce qui était une bonne chose. Il n’y a avait pas non plus de grincement quand elle tendait la jambe ce qui éliminait des particules de cartilage qui se promèneraient dans l’articulation. Le problème semblait se situer plus sur l’avant du genou. — Quand vous courez vous ressentez la douleur au moment où votre talon touche le sol ? — Oui. Pour avoir moins mal je raccourcis la foulée. Solveig vit PETERSEN lui plier le genou jusqu’à faire reposer son pied à plat sur la table d’examen, avant de venir s’assoir sur ce même pied. Elle posa ses mains de chaque côté de sa jambe juste en dessous de son genou. Ses doigts commençant à appuyer derrière son mollet. — Cela va être plus impressionnant que douloureux, ne vous inquiétez pas. Elle tira d’un coup sec sur l’avant et Solveig eu la sensation de sentir son tibia venir heurter sa rotule. Dans un réflexe purement moteur, elle serra très fort les bords de la table. Ellen sourit d’un air satisfait. C’était bien ce qu’elle pensait, le tibia de la demi-centre s’était incliné sur l’arrière. Par acquit de conscience elle vérifia sa position au niveau de la cheville et replaça la tête du péroné qui avait lui aussi quitté sa place habituelle. — Voilà ! Ça devrait aller mieux. Je pense que vos douleurs à l’impact étaient dues à la mauvaise position de votre tête du péroné due à votre tibia incliné sur l’arrière. Par contre il vous faut quarante-huit heures de repos pour que votre ossature se souvienne de la bonne position. Je vais prévenir Tero que je vous convoque pour un test physique avant de donner mon accord pour la reprise complète avec le groupe. — Vous feriez ça ? Ce fut au tour de Solveig d’être étonnée devant la proposition de PETERSEN. Pourquoi ? Je pensais que vous prendriez cet exemple pour étayer votre argumentaire sur le fait que nous sommes immatures et tout le reste. — Le fait que vous soyez venue prouve que vous ne l’êtes pas complètement. Et vous êtes venue car vous ne vouliez pas pénaliser votre équipe et non pas parce que vous alliez moins briller. Vous auriez encore attendu jusqu’à la fracture, là je vous aurais traité ouvertement d’immature et d’irresponsable. — Me voilà donc sauvée d’une remontrance sur la place publique. Merci. — Je ne fais que mon travail mais pour que je le fasse bien, il faut que vous me laissiez le faire. Quand j’ai proposé ce nouveau protocole à Liv, je veux dire à Mademoiselle ARLENSEN, j’ai bien cru que je lui avais demandé de mettre fin à sa carrière. Solveig sourit au petit lapsus de la chirurgienne. Il lui arrivait de perdre un peu de sa maîtrise linguistique et qu’elle l’ait fait en parlant de Liv était encourageant pour la suite. — Vous pouvez l’appeler Liv, en tout cas quand vous me parlez d’elle. Comprenez que pour toute joueuse, s’arrêter alors que l’on peut encore jouer est toujours déstabilisant car nous savons quelle situation nous quittons mais pas celle que nous allons retrouver. C’est une question de perte de temps, pour peut-être rien. Je peux vous prévenir tout de suite, toute l’équipe de Copenhague préférera jouer à moitié blessée plutôt que d’abandonner les autres. — Abandonner. Ce n’est pas un peu exagéré ? Rater quelques matchs pour se soigner ne va pas faire couler l’équipe. — Sans doute mais nous sommes des enfants, c’est vous qui l’avez dit. Ellen sourit à ce dernier commentaire. — Ravie que vous le reconnaissiez. Je vous vois demain pour un peu de balnéothérapie cela vous fera du bien. — Eau chaude et bain à remous ? Je vote pour. — Très bien. Je vous laisse vous rhabiller et trouver la sortie toute seule. Je vais aller voir mes autres patients. Bonne fin de journée. PETERSEN se dirigeait vers la porte quand Solveig l’appela. — Ellen. Elle attendit que la chirurgienne se retourne. Merci encore. — De rien Solveig, j’espère que tu me feras confiance maintenant. — Assurément. Bienvenue à Copenhague. — Merci. *** Le lendemain, Solveig profita au maximum de la balnéothérapie. Ayant tout de même une petite pensée pour ses coéquipières qui devaient être en train de répéter des schémas tactiques en prévision de la rencontre face à la rugueuse défense allemande samedi. Elle n’échappa pas à une séance de sauna pour éliminer plus vite les résidus médicamenteux qui traînaient dans son corps suite à l’absorption des antidouleurs. Quand elle rentra le soir à la maison, mise à part des courbatures dues à la séance d’ostéopathie de la veille, elle n’avait mal nulle part. Elle retrouva avec joie, Dane et Bones. Libérée de n’avoir plus rien à cacher. | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Lun 8 Fév 2016 - 12:31 | |
| VIBORG – Revanche et plus si affinité
Lundi 10 novembre 2008 – 21h30 | Infos diverses | Après la défaite de Ljubljana contre Metz, Copenhague prend seule la tête de sa poule grâce à sa victoire contre Nuremberg, à domicile avec un +9. Dans deux jours c’est une demi-finale de Nordea Cup contre Vejen qui les attend. Thia HAMERSEN a déclaré en conférence de presse que la fatigue commençait à vraiment se faire sentir et que si elles n’avaient pas eu comme challenge de faire la passe de trois, elles auraient laissé filer cette compétition. Il semblerait que ce soit surtout les internationales qui commenceraient à piocher. En sachant que normalement, nous devrions les retrouver au Championnat d’Europe en décembre, elles ne sont pas prêtes de pouvoir souffler. Elle a aussi confirmé les rumeurs qui couraient sur le fait qu’ANDERSEN avait repris l’entraînement avec le groupe. Elle n’a par contre pas précisé quand il serait possible de la revoir en match officiel. La course contre la montre continue pour la capitaine norvégienne si elle veut être dans le groupe d’Ikka SORENSEN en décembre. Pour rappel le match de mercredi est à 17h (Nordea Cup oblige) Bonne soirée ! |
*** Solveig monta au tir et lâcha son bras pour trouver la lucarne opposée. « Hey ! Sol is back ! S’exclama Katri. » Depuis sa visite au CMS et ses deux jours de balnéothérapie, Solveig n’avait plus aucune douleur même celles récurrentes, qui la gênaient avant sa blessure, avaient disparu. Elle avait pu reprendre l’entraînement avec le groupe en pleine possession de ses moyens. Elle n’était pas encore prête à reprendre la compétition car si le physique était là, elle manquait de rythme. « PETERSEN a l’air douée avec ses mains en fin de compte, continua l’ailière gauche. » — Oui, Ellen a fait du bon boulot. Presque comme neuf, si on met de côté les deux petites cicatrices, confirma Solveig. — Tu l’appelles Ellen toi aussi ? questionna Liv qui venait de laisser sa place à Sabine. — Jalouse, goalkeeper de mon cœur ? la taquina Katri. — Mêle-toi de tes affaires, Katri ! La véhémence de la réponse surprit tout le monde et surtout Liv elle-même. — Pardon Katri, je ne voulais pas dire ça. Je suis désolée. — Non c’est moi, je ne savais pas le sujet si sensible. Désolée. — Bon tout le monde est désolé. Tout le monde s’excuse. Tout est ok. Intervint Solveig. On retourne martyriser Sabine ? Les trois joueuses se sourirent et retournèrent à l’exercice mais Solveig nota qu’elle devait avoir une sérieuse discussion avec Liv. Si sa non-vie sentimentale interférait avec le groupe, il fallait traiter le problème rapidement. *** L’Arena était presque pleine en ce soir de demi-finale. Les tribunes pouvaient ressembler à un musée du maillot et Solveig ne se lassait pas de cette visite atypique. Beaucoup de saisons étaient représentées sur les épaules des supporters. Toutes les couleurs aussi par lequel le club était passé au fil des années. Il y avait les noms aussi. Il y avait ceux qui arboraient leur propre prénom. Ceux qui soutenaient leur joueuse préférée. Ceux aussi, nostalgique, qui rendaient un hommage aux anciennes joueuses, aujourd’hui parties dans d’autres clubs ou qui avaient arrêté leur carrière. Et il y avait les hybrides, ce maillot floqué KASSEN, clin d’œil à leur couple. La première fois qu’elle l’avait vu c’était sur les épaules de Zoé, la petite sœur de Dane. Juste avant le nouvel an, Thia annonçait le résultat des ventes de maillots à mi-saison. Pas qu’il y ait une compétition entre les joueuses mais c’était le prétexte pour savoir qui payait le champagne du jour de l’an. Ce serait drôle que ce soit l’hybride qui gagne. Solveig ne fit pas tout de suite attention à la personne qui s’assit à côté d’elle. Ce fut quand elle l’entendit répondre sur son téléphone portable qu’elle reconnut les intonations d’Ellen PERTERSEN. Elle parlait en suédois et devait un peu hausser le ton pour se faire entendre de son interlocuteur. Elle sembla abdiquer et raccrocha. « Bonjour Solveig ! » — Bonjour Ellen ! Je suis étonnée de te voir ici. — Tero m’a invité pour la demi-finale. — Tero ? Oh, oh ! Un conseil ne dit à personne d’autre que c’est notre kiné qui t’a invitée sinon certaines joueuses se chargeront de faire le reste de l’histoire. Elle regarda Solveig avec un sourire en coin. — Je doute que l’histoire soit crédible vu que Katri m’a déjà rangée d’un certain côté de la barrière. — Oh ! Tu es au courant de ça ? — Je suis au courant de beaucoup de choses. Les couloirs du CMS sont une grande source d’informations. — Je n’en doute pas. Mais pour en revenir aux dires de Katri tu pourrais très bien marcher sur la barrière, comme elle. — Trop casse-gueule. Je suis une adepte des choses simples. — Simple comme hétérosexuel ? — Solveig ! Je te croyais plus perspicace que ça. — Simple vérification. On n’est jamais trop prudente. Les deux jeunes femmes souriaient. Ellen appréciait de discuter avec Solveig. Ce qui était surprenant car elle n’avait jamais vraiment eu d’affinité avec les sportifs de quelque sport qu’ils soient. Mais elle commençait à apprécier cette équipe de Copenhague où chacune semblait veiller sur l’autre. Elle se souvint du défilé qui avait eu lieu dans la chambre de leur capitaine juste après son opération. Elle surprit Solveig en pleine observation. Elle était concentrée sur l’échauffement de sa petite amie qui portait le brassard de capitaine. La laissant à son occupation, elle laissa son propre regard errer dans les tribunes et sur le terrain. Liv répétait une sorte de routine de prise de balle dans son dos et de renvoi au milieu de terrain. Elle la regardait se saisir du ballon main droite, pivoter sur sa jambe d’appui puis basculer son poids sur sa jambe gauche. — Liv s’est déjà blessé au bassin ? demanda-t-elle à Solveig. — Oui, elle se l’est légèrement déplacé en faisant de la luge à l’adolescence. C’était dans ses folles années d’insouciance. Pourquoi cette question ? — Elle a un léger déséquilibre quand elle s’appuie sur sa jambe gauche. Ellen vit le regard de Solveig changer comme si elle venait tout à coup d’avoir une conversation avec une extraterrestre. — Tu es impressionnante. Tu as un rayon X à la place des yeux. — Non. Juste de l’observation. C’est comme toi, tu dois être capable de voir les faiblesses de ton adversaire en moins d’une minute et bien pour ma part je vois les faiblesses du corps. A cette phrase, une idée traversa l’esprit de la capitaine norvégienne. — Quand je suis venue te voir il y a une semaine, tu savais déjà que j’avais mal au genou ? C’était plus une affirmation plus qu’une question. — J’en ai eu un aperçu fin octobre. — Pourquoi tu ne m’en as pas parlé à ce moment-là ? — Parce que c’est un travail que tu devais faire toute seule. Tu devais accepter le fait que la douleur était là et qu’elle ne disparaîtrait pas. Je ne force pas les gens à se soigner. — Ah oui ? Et pour Liv ? — Je lui ai juste fait une proposition. Je ne me rappelle pas l’avoir menottée à la table d’examen. Après l’idée ce fut une image qui traversa l’esprit de Solveig. Elle imaginait bien sa meilleure amie dans ce genre de situation avec PETERSEN. Le match était sur le point de commencer. Chacune des deux rentra dans la rencontre à sa manière. Solveig dans l’analyse technico-tactique et Ellen dans l’étude du mouvement. ***
Samedi 15 novembre 2008 – 20h00 | Ligue des Champions J3 / Ljubljana - Copenhague | Bienvenue dans la capitale Slovène pour cette 3ème journée de Ligue des Champions. La surprise du jour est qu’ANDERSEN est sur la feuille de match. Va-t-elle jouer là est toute la question. Les matchs s’enchaînent pour Copenhague qui n’a pas vraiment eu le temps de profiter de sa qualification pour la finale de la Nordea Cup qui se jouera contre Viborg.
[…] 11ème minute : 01 – 04 ARLENSEN qui mettait en échec les attaquantes slovènes semble touchée au niveau des côtes suite à un tir à bout portant de la pivot adverse, Mariana TARNOPOLKAYA, alors qu’un passage en force sur KASLER était déjà sifflé. Nouveau coup dur pour Copenhague. |
Liv marcha jusqu’au banc soutenue par Tero. Elle fulminait sur place. Sa seule pensée était de retourner sur le terrain pour régler quelques comptes. Elle voulait bien se faire allumer sur les tirs, conséquence du poste de gardienne mais elle n’appréciait pas trop les manières antisportives de son ex. Elle sentait bien que Tero essayait de faire un bilan de la situation mais elle ne pouvait détacher son regard de son bourreau. La colère muselait la douleur pour l’instant mais elle savait très bien qu’un joli hématome était en train d’apparaître sur sa peau. Elle avait du mal à respirer à fond. *** Ellen, de son côté se saisit de son organiseur, consulta ses rendez-vous du lendemain et après avoir annoté divers choses, elle envoya un message à Tero. ## Salut Tero. J’ai réservé un créneau horaire pour Liv à 17h demain, dimanche. Confirme-moi sa présence. Bonne soirée. ## *** […] Mi-temps : 16 – 16 Il y a énormément d’engagement physique dans ce match. Les joueuses slovènes sont très puissantes et jouent là-dessus. Une poche de glace a été posée sur les côtes d’ARLENSEN. Pour l’instant la douleur est localisée au niveau des côtes flottantes gauches. A suivre…
[…] Fin du match : 38 – 37 Un match avec beaucoup de buts et de coups en témoigne la sortie prématurée d’ARLENSEN et les différents stigmates présents sur le visage de certaines joueuses. Le jeu haché par les nombreux coups de sifflets des arbitres n’a pas permis à Copenhague de développer son jeu de passes. TORSTENSON, enrhumée depuis deux jours, a peiné dans le repli défensif. KASLER éprouvée physiquement a manqué de lucidité dans certains derniers gestes. Une victoire aurait permis de mieux préparer la finale. Dans les réactions d’après match, il ressort que l’accent sera mis sur la récupération lors des jours à venir. La note positive de ce match est le retour sur le terrain d’ANDERSEN. Elle n’a joué que 5 minutes mais elle a marqué 1 but et fait une passe décisive. Le retour de leur capitaine peut faire du bien à l’équipe de Copenhague en recherche de second souffle. Prochain match : Viborg – Copenhague finale de la Nordea Cup le 19/11/2008 à Ikast. Bonne soirée ! |
A la fin du match, alors que les équipes se tapaient dans les mains, quand Solveig arriva à la hauteur de l’ex de Liv, elle s’arrêta légèrement pour lui murmurer : « Tu n’aurais pas dû lui faire ça. Méfie-toi du match retour. » Elle n’attendait aucune réponse. Mariana n’avait jamais montré un courage très développé. Elle était plutôt championne du coup en fourbe. Preuve en avait encore été donnée aujourd’hui. Solveig ne l’avait jamais aimée ni comme joueuse, ni comme personne. La réticence de Liv à s’engager dans une relation venait peut-être de là. Elle s’était tellement trompée sur cette fille qu’elle ne faisait peut-être plus confiance en son jugement. A creuser… *** Liv était au supplice, pas à cause de la douleur plutôt supportable, mais parce que PETERSEN était en train de la masser. Et la gardienne norvégienne avait bien du mal à ne pas laisser divaguer son esprit. Solveig s’était déjà moquée d’elle en lui rappelant qu’elle voyait la chirurgienne de plus en plus souvent et que des rumeurs allaient courir signalant que Liv faisait exprès de se blesser juste pour être entre les douces mains d’Ellen. Liv retient sa respiration alors que les doigts de PETERSEN venaient de se déplacer le long de son muscle abdominal transversal gauche. « Désolée si je vous fais mal mais je dois aller en profondeur. » Plutôt s’arracher la langue que lui avouer la vraie raison de son attitude. Depuis qu’elle était allongée là, à aucun moment, elle ne lui avait fait mal. Elle devait reconnaître qu’elle savait s’y prendre pour faire travailler les muscles sans les brusquer. PETERSEN l’avait prévenue qu’elle ne pourrait rien faire pour le bleu, bien visible, qui couvrait la zone des côtes neuf à douze mais elle pouvait faire en sorte qu’elle n’ait pas mal ailleurs pour pouvoir aborder sa finale au mieux. C’est comme ça qu’elle s’était retrouvée allongée en sous-vêtements en train de se faire « tripoter » par la chirurgienne. Elle se félicitait d’avoir enfilé une brassière de sport, doublé au niveau des bonnets, qui ne laissait rien transparaître des émotions qu’exprimaient ses seins au contact trop présent de la jeune femme. « C’est bon pour aujourd’hui. » Au son de cette voix, Liv sortit de sa douce rêverie et jeta un coup d’œil à la pendule pour se rendre compte que cela faisait une demi-heure qu’elle avait décrochée. — Essayez de vous entraîner demain le plus normalement possible et revenez me voir en fin d’après-midi vers 18 heures. Nous verrons comment se sont comportés vos muscles et vos côtes. — D’accord. Merci d’avoir travaillé un dimanche. — J’étais de garde. Mais si demain vous avez un empêchement ou si vous voulez venir plus tôt, appelez-moi car je suis de repos. — Vous allez venir juste pour moi ? — Solveig m’a fait comprendre que, vous les joueuses de Copenhague, vous n’abandonniez jamais. Alors quitte à vous voir sur le terrain mercredi autant que vous le soyez dans les meilleures conditions possibles au vu de votre blessure. Liv voulut dire merci mais le mot resta coincé dans sa gorge. Après s’être rhabillée et alors qu’elle allait récupérer son sac posé sur la chaise face au bureau de PETERSEN cette dernière lui tendit une carte de visite. « J’ai noté mon numéro personnel au dos. Appelez sur celui-là s’il y a un changement de programme demain. Il n’est pas sûr que je réponde sur le pro si ce n’est pas le numéro du CMS. Reposez-vous mademoiselle ARLENSEN, je vous vois demain.» Les mots restèrent coincés cette fois dans sa bouche. Le discours de PETERSEN était déroutant. Elle semblait ne pas aimer les sportifs mais elle était prête à sacrifier des heures de repos pour lui permettre de jouer un match. Il n’y avait pas qu’elle alors qui avait un comportement déroutant. C’était plutôt rassurant. *** Le lendemain, à l’entraînement, pendant une pause Danielle et Solveig s’amusaient à faire un un contre un, la plus jeune fit rebondir le ballon entre les jambes de sa petite amie et le récupéra derrière elle avant d’aller au tir et toucher la transversale comme le voulait le règlement. « Ah non ! Il n’y a que moi qui aie le droit de faire ça, s’insurgea la capitaine norvégienne. Si tu veux l’ajouter à ta panoplie, tu dois respecter la règle qui dit qu’il est interdit de faire le geste sur son créateur. » — Je veux bien que tu sois parente du tir Andersen mais le volt et cette feinte-là ne t’appartiennent pas, argumenta Dane en revenant, le sourire aux lèvres, fière de son geste. Tu les maîtrises à merveille mais il me semble qu’ils ont été inventés ici au Danemark alors que tu faisais encore tes classes. — C’est pareil. — Qu’est ce qui t’arrive Cap’taine ? Tu t’es retrouvée dans la peau de Frida l’espace de quelques secondes ? intervint Katri, sa gourde à la main. Rassure-toi, ce n’était pas retransmis en direct. — Très drôle Katri mais Frida l’avait cherché. — Ça nous ne risquons pas de l’oublier. La pauvre tout de même. — Oui la pauvre, renchérit Liv. Tu veux peut-être qu’on t’achète du grillage au cas où elle jouerait les rebelles la petite. — Oh toi, n’en rajoute pas, sinon je me mets à parler de PETERSEN. Liv allait répondre qu’elle se moquait bien de la chirurgienne mais Katri la devança. — En parlant de PETERSEN, qu’est-ce qu’elle fait là ? Ellen entra, salua Tero et Thia avant de s’avancer vers le trio. — Bonjour Solveig, Liv et Katri c’est ça ? — Oui c’est ça. Je vois que vous avez appris nos prénoms depuis la dernière fois. Je peux vous appeler Ellen ? — Bien sûr. — Et nous pourrions nous tutoyer. — Aussi. Solveig devait se retenir de ne pas rigoler. Elle était toujours impressionnée par la facilité que Katri avait à passer en mode drague mais c’est surtout la tête de Liv qui était risible à cet instant. — Que nous vaut le plaisir de ta visite ? continua l’ailière. — J’étais dans le coin et je me suis dit que j’allais venir voir l’entraînement. — Tu devrais venir plus souvent. Tu pourrais remplacer mon cousin. — Tero est ton cousin ? Intéressant. — Oui, je n’arrive pas à m’en dépêtrer. Il m’a suivi jusqu’ici. — Ce ne doit être si dur que ça. C’est parfois bien d’avoir quelqu’un de proche quand on est expatriée. — Et est-ce qu’il y a quelqu’un de proche pour toi à Copenhague ? demanda comme si de rien était Katri. — Je ne suis là que depuis fin août et je n’ai amené personne dans mes bagages. Mais j’espère que les choses vont changer rapidement. — Intéressant. Katri avait sorti son sourire le plus charmeur, tout son corps envoyait un seul message. Celui qui disait qu’elle ne dirait pas non à être celle qui changerait les choses. Mais avant que l’échange n’aille plus loin Thia intervint. « Katri, arrête de draguer, on reprend l’exercice côté gauche cette fois. » — Mais je ne drague pas. Je fais la conversation. — Mais oui. Allez au boulot. Viborg ne va pas te laisser le temps de parler. Liv alla reprendre sa place dans les cages. En l’espace de cinq minutes, elle était passée par divers sentiments. Il y avait d’abord eu le fait que PETERSEN prononce son prénom, cela avait été une douce caresse à ses oreilles, puis il y avait eu un mélange de colère et de jalousie quand Katri s’était mise en route. Sans la regarder Liv sentait son regard sur elle. Elle devait observer ses moindres gestes pour déceler une trace de douleur. A ce moment-là, le tir de Danielle vint s’écraser sur la transversale. Le claquement ramena Liv à l’exercice. Elle ne devait pas perdre sa concentration. Si Katri n’avait pas le temps de parler après demain, elle, elle n’aurait pas le droit à la moindre baisse de vigilance. Il était hors de question de prendre la même rouste qu’en championnat. Ellen sursauta presque quand le ballon vint heurter la transversale. Depuis qu’elle s’intéressait aux matchs de handball, elle était impressionnée par la puissance que les joueuses étaient capables de mettre dans leurs tirs. Surtout Dane, qui plus petite que les autres, arrivait à allier puissance dans les jambes pour monter plus haut à l’impulsion et puissance dans l’épaule pour lâcher son bras. Tout ça dans un corps parfaitement proportionné musculairement. Elle n’avait pas encore lu son dossier mais il n’était pas difficile de voir qu’il avait souffert. La cicatrice sur son genou montrait une rupture du ligament croisé antérieur. D’autres petits signes montraient à penser qu’il y avait toute une histoire médicale sous la peau de Dane KASLER. L’entraînement terminé Ellen attendit que Liv vienne prendre ses affaires sur sa chaise pour aller lui parler. « Vous n’avez pas l’air trop gênée dans vos mouvements, sauf peut-être en hyper extension bras gauche mais c’est encourageant pour après-demain. » — Vous êtes venue m’espionner pour voir si je ne faisais pas n’importe quoi ? — Non, pas du tout. Je suis curieuse de nature et j’étais vraiment dans le coin. Je me suis dit que je pourrais vous masser ici pour éviter des déplacements inutiles pour chacune. — D’accord. Je vais à la douche. Nous nous retrouvons dans le bureau de Tero. — Ok. Je vous attends là-bas. Liv traîna sous la douche et dans les vestiaires. C’était puéril, elle le savait très bien, mais en venant assister à l’entraînement, PETERSEN envahissait son espace. Le terrain c’était son refuge. Sa zone sans problème extérieur. En plus, elle avait dit à Katri que sa situation sentimentale allait changer. Ce qui coupait court à toute histoire possible. Alors autant se faire une raison tout de suite. De toute façon, les priorités de Liv étaient : la finale d’après-demain, puis ce serait les Championnats d’Europe en décembre, la Ligue des Champions qui reprenait en janvier et bien sûr le championnat. Elle voulait la passe de trois. Trois Nordéa Cup, trois titres européens, trois coupes d’Europe, une EHF et deux Ligues des Champions et trois titres du Danemark. Elle avait vingt-huit ans et voulait laisser son empreinte dans le handball international. Mais toutes les bonnes résolutions de Liv vacillèrent quand, arrivant devant la porte ouverte du bureau de Tero, elle entendit le rire d’Ellen, doux, chaud. Son cœur s’emballa quelque peu et ses jambes flageolèrent. Elle était belle aussi. Ses yeux s’éclairaient et Liv n’avait qu’une envie : poser ses mains sur ses joues et embrasser ses lèvres attirantes. * Oh bordel ! Fait chier !* *** Toute l’équipe était au rendez-vous sur le parking de l’Arena. Le seul qui manquait à l’appel était Tero. Le pauvre avait les même symptômes que Linnea quelques jours plus tôt mais puissance dix. Il était donc au fond de son lit avec un fort mal de tête et le nez tout rouge. Au grand dam de Liv son remplaçant, ou plutôt sa remplaçante, n’était autre que PETERSEN. * Je suis poursuivie.* ***
Mercredi 19 novembre 2008 – 18h00 | Nordea Cup - Finale / Copenhague - Viborg | Premier grand rendez-vous de la saison. La saison dernière, les deux équipes s’étaient rencontrées en demi-finale. Copenhague l’avait emporté de 4 buts. Cette année c’est pour le trophée qu’elles vont en découdre. Depuis leur qualification, ça chambre pas mal sur internet. Les supporters de Viborg ne se gênant pas pour rappeler à ceux de Copenhague leur cuisante défaite en championnat. Mais une finale est un tout autre contexte, alors exit le championnat et place à la Nordea Cup. Copenhague se présente presque au complet. ANDERSEN est bien sur la feuille de match et des bruits de vestiaire murmurent qu’elle pourrait débuter le match. L’absent du soir est Tero PITKAMAKI, le kiné de l’équipe, cloué au lit. Nous lui souhaitons un bon rétablissement. KASLER porte toujours le brassard de capitaine conformément aux dires d’HAMERSEN. |
« Je te cache pas que ça me fait un peu bizarre de faire le discours d’avant match alors que tu es là Sveig. » — J’attends cet instant avec impatience, j’ai raté les autres. Allons rejoindre le groupe c’est l’heure. Dane pris sa place au milieu et commença à parler. Elle voyait déjà les sourires apparaître alors qu’elle arrivait à la phrase de conclusion de son discours. « Je sais que vous l’attendez avec impatience alors… Sérieux et application sont maîtres de toutes les valeurs. Bon match » Elles se claquèrent toutes les mains, remontées à bloc derrière cette philosophie de jeu. La salle d’Ikast est pleine à craquer. Les deux clubs ont déplacé en masse leurs supporters. Copenhague évolue avec son maillot noir alors que Viborg est en rouge. Dans ce que l’on pourrait appeler le carré VIP, il y a Ikka SORENSEN, la sélectionneuse norvégienne, et à sa gauche Jan PYTLICK son homologue danois. Cela ressemble à une revue d’effectif avant les Championnats d’Europe. Les équipes se saluent. Le match va pouvoir commencer. 1ère minute : 01 – 00 ANDERSEN est bien sur le terrain au début du match et elle ouvre son compteur but de la soirée sur la première action.
[…] 13ème minute : 05 – 04 Nouvel arrêt d’ARLENSEN. 9 buts marqués en tout, en presque un quart d’heure, soit les gardiennes sont en forme, soit les attaquantes sont maladroites. Les stats tendent à montrer que c’est la faute des gardiennes.
[…] 15ème minute : 05 – 05 ANDERSEN prend 2 minutes.
[…] 28ème minute : 10 – 10 Encore un arrêt d’ARLENSEN mais elle semble touchée au même endroit que lors du match contre Ljubljana. Si elle devait encore quitter ses partenaires prématurément ce serait un nouveau coup dur pour Copenhague.
[…] Mi-temps : 11 – 10 KASLER donne un but d’avance à la mi-temps au club de la capitale au bout d’une action très physique. Il a fallu toute la détermination de l’arrière droit pour échapper aux bras des défenseurs de Viborg. Côté stats c’est le plus petit score à la mi-temps pour une finale de Nordea Cup. Mais même s’il n’y a pas beaucoup de buts c’est un match intéressant à regarder. Ces premières 30 minutes peuvent servir d’exemple au niveau de la rigueur et du sérieux défensif. |
Liv grimaçait dans les vestiaires. Le dernier ballon avait frappé pile sur la zone déjà touchée. Alors qu’elle avait les yeux fermés, cherchant à reprendre correctement son souffle, et qu’elle écoutait le discours de Thia, elle sentit le parfum de PETERSEN juste à côté d’elle. Cette trace olfactive sembla lui libérer quelques alvéoles malmenées plus tôt. « Enlève ton maillot, j’ai quelque chose pour soulager la douleur. » *Ton souffle sur ma joue est déjà un baume apaisant.* Se rendant compte de la tournure que prenaient ses pensées, Liv se redressa, sans pouvoir masquer une grimace, et se secoua mentalement. Elle enleva son maillot et laissa Ellen lui appliquer une sorte de compresse. Le contact froid sur sa peau la fit sursauter et elle ne put retenir un hoquet de surprise, coupant les explications tactiques de Thia. — Pardon, s’excusa Liv. — Pas de mal. Comment tu vas ? — C’est froid mais ça fait du bien. — Tu peux reprendre ta place ? — Bien sûr ! — Très bien. Les filles, nous sommes très bien en défense mais il va falloir lâcher les chevaux en attaque. Nous ne gagnerons pas en étant timorées. Il faut prendre des risques. C’est votre premier gros défi de la saison. Allez ! Nous allons chercher cette coupe ! Liv renfila son maillot juste avant que Sol se présente face à elle pour lui taper dans les mains. « Même pas mal, lui dit son amie. » — Même pas mal. 31ème minute : 11 – 10 Que les supporters se rassurent, ARLENSEN est bien à sa place dans les cages en ce début de 2ème mi-temps.
[…] 45ème minute : 17 – 17 HAMERSEN pose son temps mort. |
« Je sais que vous êtes fatiguées mais c’est maintenant qu’il faut accélérer. Utilisez un maximum les courses croisées. Faites les bouger, les chemins vont s’ouvrir. Dès que vous le sentez, prenez votre chance. » Ellen profita de cet arrêt de jeu pour changer la compresse de Liv. Elle devait reconnaître que la gardienne était dure au mal car son hématome avait viré au violet foncé et malgré le froid que distillait le pansement, la douleur devait être présente à chaque fois qu’elle levait le bras. 45ème minute : 17 – 17 Le match reprend. Nous avons pu assister à un mini strip-tease d’ARLENSEN qui a dû enlever son maillot pour être soignée. Elle semble tout de même souffrir des suites de sa blessure à Ljubljana.
[…] 45ème minute : 18 – 17 Copenhague accélère le rythme sous l’impulsion d’ANDERSEN, rentrée en jeu après sa sortie en 1ère mi-temps. Il y a beaucoup de mouvements dans la base arrière. Même les ailières rentrent dans l’axe pour proposer des solutions. Et à ce petit jeu c’est TORSTENSON qui se retrouve à l’aile gauche pour aller au tir. Elle ne tremble pas pour nettoyer la lucarne opposée.
[…] 47ème minute : 19 – 17 KASLER feinte le tir et transmet à BLANKAERT qui en pivot marque. +2
[…] 48ème minute : 20 – 17 Arrêt d’ARLENSEN. Relance rapide de KASLER sur AAMODT qui donne dans l’axe sur ANDERSEN qui arrive lancée pour tromper la gardienne +3.
[…] 59ème minute : 27 – 24 Un dernier tir de la demi-centre de Viborg qui heurte la transversale conclut cette rencontre
[…] Fin du match : 27 – 24 Dans un match de très haute intensité, Copenhague remporte sa 3ème Nordea Cup d’affilée ce qui veut dire que le trophée restera dans les vitrines du club. La 2ème mi-temps a été beaucoup plus débridée que la 1ère. Copenhague a fait la différence autour de la 45ème minute en accélérant le jeu et en infligeant un 3-0 à Viborg. Avantage, qu’elles ont su garder jusqu’à la fin de la rencontre. KASLER est sur le point de soulever son 1er trophée en tant que capitaine. Pour ma part je vous laisse ici. Je vais essayer d’avoir quelques réactions. Prochain match : IKAST - Copenhague le 22/11/2008 Bonne soirée ! |
Dane attendait. Le protocole suivait son cours. Il y eut d’abord la remise des médailles à chaque joueuse. Puis le président de la LDHF[url=#_ftn1] [1][/url] s’approcha d’elle avec la coupe. La troisième d’affilée pour Copenhague. La deuxième pour Danielle. Elle posa la main gauche sur le socle, fit la bise de rigueur et assura la prise de ses deux mains avant de soulever, aussi haut que lui permettait sa taille, le trophée. Comme un monde inversé, elle le transmit à Solveig. Il y aurait sûrement des journalistes ou des internautes ou peut-être les deux pour commenter cette image et en faire toute une étude mais elle s’en moquait. Thia lui avait fait confiance en lui confiant le brassard. Sveig était revenue à temps pour jouer cette finale. Et pour ne rien gâcher, elles avaient gagné effaçant un petit peu la déroute du match de championnat. Dès que Sveig eut transmis la coupe à Liv, elle vint la serrer dans ses bras et déposer un baiser dans son cou. *** Dans son bar, Andy offrit une tournée générale pour fêter la victoire de Copenhague. Tous les supporters de Lyon et les habitués étaient venus suivre le match sur grand écran. Une semaine avant il avait reçu le nouveau maillot de Dane et Solveig. Il les avait accroché avec les autres, sur le mur en face du comptoir, comme ça tous les soirs quand il levait les yeux, il voyait une part de celle qu’il considérait comme sa sœur. Et ce soir, il était fier de sa meilleure amie capitaine. *** Zoé, de son côté, tapait avec frénésie sur son clavier d’ordinateur. Elle avait plein de choses à dire. Parfois ses doigts allaient plus vite que sa tête ou l’inverse mais l’info devait circuler : sa sœur avait soulevé la Nordea Cup en tant que capitaine. Trop classe ! *** Après, les interviews s’enchaînèrent. TV3, Eurosport, des chaînes norvégiennes et d’autres, c’était la valse des micros. Sur le plateau mobile de TV2 Danemark, Liv, Danielle et Solveig essayaient de garder leur sérieux pour répondre aux questions. « Danielle comment vous sentez-vous après cette victoire ? » — Libérée d’une certaine manière. La Nordea Cup était un objectif du club avec l’occasion de la remporter pour la troisième fois consécutivement ce qui n’était pas arrivée depuis quinze ans il me semble. En plus, Thia m’avait confié le brassard de capitaine, alors cela aurait fait désordre si nous avions perdu. — Liv, cette victoire montre que la forte défaite en championnat n’était qu’un accro dans votre parcours et non le début de la fin annoncée par plusieurs journalistes ? — Le match de championnat contre Viborg a montré que nous n’étions pas infaillibles, que nous pouvions avoir des matchs sans et que surtout nous n’étions pas des machines. — Solveig, vous revenez juste au bon moment pour récupérer un titre supplémentaire. Etes-vous complètement rétablie ? — Mon genou va très bien. Ellen PETERSEN a fait du très bon travail. Pour l’instant, il me manque du rythme pour tenir tout un match. Et celui de ce soir n’avait pas beaucoup de temps mort. Ce n’était sûrement pas le match le plus facile pour reprendre vraiment mais une finale ne se rate pas. Alors que la journaliste sportive allait les libérer, Dane repris la parole. — Si vous le permettez, nous voudrions un peu partager la victoire avec notre kiné qui doit être devant sa télé, si les microbes et les médicaments n’ont pas eu raison de lui. Soigne-toi bien Tero, nous te ramenons la coupe. Dans les vestiaires, la joie était la même que pour les fois précédentes. Avec peut-être un petit quelque chose en plus, du fait que cette fois ci, elles n’étaient pas favorites après leur déroute face à Viborg en championnat. Même si aucune joueuse ne l’avait avouée, elles étaient tout de même rentrées sur le terrain avec la peur de perdre. Cette troisième victoire d’affilée en Nordea Cup était la récompense du travail accompli depuis de nombreuses années. Si Copenhague avait de si bons résultats depuis presque quatre ans, c’était en partie grâce aux moyens que le club avait mis pour faire venir les meilleures joueuses mais aussi et surtout grâce à l’état d’esprit de ces même joueuses. Il n’y avait pas de star système. Toutes étaient logées à la même enseigne du plus haut au plus bas salaire. Il y avait une équipe, et non un groupe d’individualités, qui avait prouvé qu’elle pouvait puiser dans ses ressources pour pallier l’absence de ses meilleures joueuses. Elles avaient atteint le premier objectif de la saison mais elles savaient que le chemin était encore long pour remplir complètement la feuille de route. La fatigue physique et mentale allaient peser énormément, surtout sur les épaules des internationales qui enchaînaient une deuxième saison sans coupure. La deuxième partie de championnat serait un révélateur sur la résistance de l’ensemble des joueuses aussi bien à Viborg qu’à Copenhague. *** Dans l’avion de nuit qui ramenait les joueuses de Copenhague dans la capitale, les hôtesses de l’air avaient du mal à faire régner le calme dans l’appareil. Heureusement, il n’y avait pas grand monde sur ce vol. Certains passagers avaient profité de l’occasion pour se faire prendre en photo avec les joueuses et avoir des autographes. Dans ce joyeux bazar, Liv essayait de trouver une position confortable dans son siège. Ses côtes lui faisaient mal. Elle n’avait plus les pansements réfrigérants de PETERSEN pour la soulager et elle n’avait pas assez bu pour que l’alcool annihile la douleur. Ellen regardait Liv se tortiller sur son siège en faisant la grimace. Elle devait reconnaître qu’elle avait été impressionnée par sa résistance à la douleur. Elle avait déjà vu des sportifs modifier leurs gestes pour gérer ou limiter la douleur mais le poste de gardienne qu’elle occupait ne permettait pas cette demi-mesure. Et c’était sans doute cela qu’elle n’avait jamais compris chez les athlètes : avoir mal par plaisir. Dit de cette manière ça ressemblait à une pratique sadomasochiste mais où était la barrière entre le dépassement de soi et se faire mal volontairement ? La réponse à cette question indiquait sûrement leur niveau de stabilité mentale. Dans l’état actuel des choses, il aurait presque mieux valu que Liv prenne une cuite au champagne, même si Ellen ne cautionnait pas la consommation d’alcool, elle aurait ainsi pu profiter de ses effets annihilants. Elle se leva donc pour aller prendre des nouvelles de la joueuse blessée. « Vous avez très mal ? » — Non ça va, répondit rapidement Liv. Elle n’avait aucune envie de discuter avec la Chirurgienne. — C’est pour ça que vous gigotez depuis plus de vingt minutes. — Je ne gigote pas, grogna Liv. — Laissez-moi voir. Il vaut mieux vérifier que cela n’a pas empiré. Une fracture des côtes n’est pas à exclure. Liv avait envie de protester mais elle savait que PETERSEN avait raison. Elle la laissa donc soulever son pull et son t-shirt. Le contact de ses doigts sur sa peau, fit monter la température de la gardienne norvégienne. Ellen réalisait son examen en cercles concentriques. Liv s’obligeait à regarder le signal lumineux interdisant de fumer pour ne pas laisser glisser ses yeux sur la nuque de la chirurgienne. Mais la petite cigarette barrée n’avait pas du tout le même charme. Alors qu’elle palpait doucement la zone endolorie Liv ne put retenir un gémissement, qui n’exprimait aucunement un mal quelconque. « Désolée. » En disant cela Ellen avait relevé la tête se trouvant à quelques centimètres du visage de Liv. Les lèvres légèrement humides de la chirurgienne étaient une invite au baiser. Et Liv sentait que le combat qu’elle menait depuis plusieurs semaines s’intensifiait avant le dénouement qui ne serait pas en sa faveur, elle le pressentait. Le parfum qui remplissait ses narines agissait comme un anesthésiant sur son cerveau. Elle ne faisait plus attention à ce qui l’entourait, le regard rivé sur cette bouche si attirante. Elle se sentait comme dans une caricature d’un film ou roman sentimental. Elle luttait pieds et poings pour ne pas craquer, pour ne pas se laisser prendre dans les filets de son parfum et de la douceur supposée de ses lèvres. Malgré sa garde qu’elle essayait encore de garder haute, elle ne put rien face à la dernière attaque. Ellen, consciemment ou inconsciemment, venait de passer le bout de sa langue sur ses lèvres. Alors sa volonté mit un genou au sol et elle fit ce qu’elle rêvait de faire depuis trop longtemps. Il n’y eut pas de ralenti, ni d’envolées de violons juste deux bouches rapidement en contact. Liv sentit sa main s’accrocher au pull d’Ellen et serrer le tissu entre ses doigts. Le reste avait disparu, black-out total. Le signal sonore signalant aux passagers de retourner à leur place et de boucler leur ceinture fit sursauter Liv et la ramena par la même occasion sur terre, enfin plutôt sur le plancher de l’avion. La main, qui quelques secondes plus tôt avait agrippé le pull d’Ellen pour l’attirer à elle, lâcha sa prise et repoussa même la jeune femme comme si le contact du tissu était devenu brûlant. Liv se leva en catastrophe mais elle n’alla pas bien loin. Une hôtesse de l’air l’intercepta avant qu’elle n’ait pu aller se cacher dans les toilettes. « Mademoiselle, vous devez vous assoir et attacher votre ceinture. Nous allons atterrir. » Vaincue, Liv se laissa tomber sur le siège libre à côté de Solveig. Cette dernière la regarda un instant mais ne fit aucun commentaire. De son côté, Ellen avait repris sa place, étonnée par le comportement de Liv. Pas à cause du baiser. Elle avait sciemment passé sa langue sur ses lèvres pour voir si la gardienne internationale allait craquer ou non. Elle avait bien vu dans son regard qu’elle en mourait d’envie. Ce qu’elle ne comprenait pas c’était sa fuite. Même si elle n’était pas aussi ouvertement lesbienne que Solveig ou Katri, elle ne se cachait pas non plus. Elle n’avait pas été étonnée quand la capitaine norvégienne avait fait son coming out. Avec ses collègues ou amis, elle avait souvent joué à deviner qui était gay ou non dans le monde des sportifs et les deux stars scandinaves avaient vite été repérées. Liv était beaucoup moins exposée que sa coéquipière ce qui allait très bien avec son caractère discret. Ellen devait reconnaître qu’elle avait beaucoup aimé le baiser comme elle avait apprécié dès leur première rencontre leurs échanges verbaux où chacune défendait son territoire et ses acquis. Elle avait toujours refusé de sortir avec une sportive. Elle n’avait pas envie de ramener du travail à la maison et la plupart du temps, elle ne les comprenait pas mais avec Liv les choses semblaient différentes. Même si elle l’avait déjà vue la majorité du temps dans sa salle d’examen, elle voyait plus la personne en elle que la sportive de haut niveau. Et ça c’était nouveau pour Ellen. ***
[url=#_ftnref1] [1][/url] Ligue Danoise de Handball Féminin | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Ven 19 Fév 2016 - 11:41 | |
| GAMS – Haut et Bas Liv tournait en rond dans son appartement. Depuis leur retour d’Ikast l’avant-veille et surtout le voyage en avion, elle n’était toujours pas arrivée à expliquer son geste. Embrasser PETERSEN était une erreur. Une agréable erreur mais une grosse erreur tout de même. Dans vingt minutes, elle devait être au CMS pour passer une radio de contrôle de ses côtes. Elle avait très envie de ne pas y aller mais elle n’avait pas encore trouvé une excuse assez plausible pour annuler. La conférence de presse d’Ikka n’avait lieu qu’en début de soirée et elle était privée d’entraînement justement pour soigner ses côtes. Faute d’excuse, Liv était donc à l’heure pour son rendez au CMS. Elle était debout dans la salle d’attente et regardait par la fenêtre essayant de trouver quelque chose à dire. Ses idées loin d’être sages passaient par beaucoup d’états dont ceux-ci : je suis désolée, c’était une erreur ; j’adore vos lèvres, recommençons ou encore j’ai envie de vous. Si le premier semblait de circonstance les deux autres s’égaraient sur une voie plutôt inappropriée. Si Katri était là, elle aurait à coup sûr encouragé la troisième proposition. Mais Liv n’était pas Katri et elle devrait s’excuser de son comportement déplacé. « Mademoiselle ARLENSEN ? » Liv se retourna à l’appelle de son nom. A l’entrée de la pièce se tenait une jeune femme blonde aux yeux bleus. « Bonjour, le Docteur PETERSEN a été appelé pour une urgence. Elle m’a demandé de m’occuper de votre radio. Elle la regardera dès qu’elle le pourra et elle vous transmettra ses conclusions. Vous voulez bien me suivre, nous allons aller directement en radiologie. Je ne voudrais pas vous faire perdre trop de temps. » Il fallut un moment à Liv pour assimiler que PETERSEN n’était pas là et qu’elle avait droit à un moment de répit. Rien n’était réglé mais au moins, elle n’aurait pas à se ridiculiser aujourd’hui. *** « Sveig tu peux arrêter de faire la danse de Saint Guy ? Tu es nerveuse ? » Danielle et Solveig étaient dans la voiture en direction de chez Thia. Ce soir Ikka annonçait la liste des joueuses pour les Championnats d’Europe. Depuis leur départ de la maison, la capitaine norvégienne n’arrêtait pas de faire bouger ses genoux et de battre la mesure avec son pied sur une musique inexistante. — Oui un peu. Je n’ai pas joué beaucoup de matchs, à peine un et demi. — Ikka sait ce que tu vaux et tu as prouvé pendant la finale que tu avais retrouvé toutes tes capacités. Il te manque juste un peu de rythme. Le point positif c’est que tu seras la seule de nous qui sera reposée. — Oui peut être mais Lena a fait une grosse première partie de saison. — Et alors ? Vous êtes les deux meilleures demi-centres en ce moment. Que tu sois numéro un ou deux n’a pas vraiment d’importance vu que l’équipe a besoin de vous deux. — Tu sembles sûre que je fais partie du groupe. — Tu es Solveig ANDERSEN. Même sur une jambe tu es bien meilleure que les autres. Et puis tu es le porte-drapeau de l’équipe norvégienne. Tu es notre capitaine. Solveig ne sut pas ce qui l’émut le plus : les mots que sa petite amie avait employés ou bien la ferveur qu’elle y avait mis. Dans le salon de Thia tout le monde était déjà arrivé. Liv, la première, qui en avait marre de cogiter dans son appartement. Katri, qui avait abandonné son rancard, lui expliquant qu’elle avait une réunion de famille. Et Line, qui était passée chez le coiffeur après l’entraînement. La conférence de presse débutait dans moins d’un quart d’heure. Juste le temps de trouver une place et un verre pour les deux retardataires.
Vendredi 21 novembre 2008 – 19h55 | Sélection norvégienne | Bonsoir à toutes et tous. Ikka SORENSEN est sur le point de commencer sa conférence de presse dans laquelle elle dévoilera son groupe pour les Championnats d’Europe. Pour les Jeux Olympiques, elle avait créé la surprise en appelant KASLER, que tout le monde pensait uniquement française. Tout devrait être plus calme aujourd’hui. La seule véritable question étant si ANDERSEN allait être sur la liste ou non. |
« Bonjour tout le monde. Coupons court à toutes les rumeurs et suppositions, Solveig ANDERSEN fera bien partie du groupe et elle garde son brassard de capitaine. Elle revient de blessure, certes mais elle est solide et sa finale de Nordea Cup a été très convaincante. De plus, ses deux mois d’arrêt lui ont permis de se reposer et elle aura une certaine fraîcheur très utile à l’équipe. Marit FRAFJORD étant blessée au genou, c’est Heidy LØKE qui prendra sa place. Pour le reste vous pouvez ressortir les images du mois de mars car la liste reste la même. Au poste de gardienne, Liv ARLENSEN et Katrine LUNDE HARALDSEN. En pivot Isabel BLANCO et Heidy LØKE. Les ailières : à gauche Katri AAMODT et Kari JOHANSEN, à droite Linn RIEGELHUTH et Tonje NØSTVOLD. Les deux demi-centres seront : Lena SNORROEGGEN et donc Solveig ANDERSEN. En ce qui concerne les arrières : à gauche Edda LARSEN et Ragnhild PERSON, à droite Kristine LUNDE et Danielle KASLER. *** Chez Thia, toutes se claquèrent dans la main à tour de rôle. L’entraîneur de Copenhague avait encore fait carton plein. Quand Solveig arriva en face de Danielle, elle l’embrassa. « Alors soulagée, Cap’taine ? » — Oui beaucoup. J’aurai été déçue de ne pas être en Macédoine. — Tu aurais pu me regarder des tribunes comme je l’ai fait aux Championnats du Monde. — Sans doute mais c’est tellement mieux d’être sur le terrain avec toi. — Tu veux dire avec nous Cap’tain, se moqua Katri en attrapant Solveig par les épaules. — Avec les autres aussi ça va sans dire. Mais pour toi je ne sais pas, j’hésite encore. — Pfff. Tu ne peux pas vivre sans moi tout le monde le sait. — Katri… *** […] Pas de surprise cette fois pour la sélection norvégienne. Ikka SORENSEN reconduit son groupe déjà médaillé d’or à Pékin. Elle confirme ANDERSEN à son poste de capitaine. Mises à part MERTENS et BLANKAERT, qui sont belges, toutes les joueuses de Copenhague dont les pays sont présents ont été sélectionnées. C’est un carton plein pour Thia HAMERSEN. Seul bémol, pas de repos pendant la trêve internationale. |
*** Ellen analysait la radio de Liv tout en écoutant la liste des joueuses sélectionnées. Elle ne s’inquiétait pas trop pour la gardienne norvégienne. Ses côtes avaient été quelques peu secouées mais rien de bien grave. Une bonne semaine de repos et tout irait bien. Les deux prochains jours seraient encore douloureux mais elle pourrait recommencer à bouger normalement dès le début de la semaine prochaine. Ce qui inquiétait la chirurgienne c’était l’état physique de toutes les joueuses. Elle se préparait à beaucoup les voir à partir de janvier prochain. A l’heure de la radio de Liv, un lanceur de marteau avait réussi l’exploit de s’assommer avec son propre engin. Une histoire de poteau de cage sur lequel il y avait eu ricochet. Elle n’avait pas tout compris mais le bilan était un traumatisme crânien et dix-huit points de suture. Elle aurait aimé la voir pour parler de ce baiser échangé. Comprendre ce qui l’avait motivée : un trop plein d’adrénaline suite à leur victoire, une faiblesse due à la douleur, une envie subite ou encore un profond désir. Elle avait connu bon nombre de sportifs dans sa carrière, aussi bien masculins que féminins, et la majorité étaient des joueurs. Ils géraient leur relation comme leur discipline. Les autres étaient des victoires à remporter. Ils aimaient la compétition mais perdaient tout attrait pour la suite du voyage. Elle était jusqu’à présent restée loin des sportives et avait clamé haut et fort qu’elle ne sortirait jamais avec l’une d’entre elles. Affirmation que ses amis s’étaient dépêchés de commenter en affirmant que celle qui lui ferait tourner la tête serait justement une sportive et de très haut niveau de surcroît. Il se pourrait bien qu’ils aient raison au final… ***
Dimanche 23 novembre 2008 – 18h30 | J12 / Ikast – Copenhague |
[…] Fin du match : 22 – 28 L’équipe de Copenhague commence bien la phase des matchs retours. Après cette victoire face à IKAST, elles confirment leur 2ème place avant la trêve internationale et les fêtes de fin d’année. Les internationales sont restées concentrées avant de partir pour leur sélection respective. Pas de blessure répertoriée ce qui est un bon point. Plusieurs articles sont parus commentant la liste d’Ikka SORENSEN. Certains sont unanimes sur la place d’ANDERSEN dans l’équipe, d’autres sont plus critiques et sceptiques sur son état de forme mais tous sont d’accord sur le fait qu’elle reste l’image emblématique du handball féminin norvégien. Ne pouvant malheureusement pas aller en Macédoine pour suivre la compétition (pour cause de cours immanquables à la fac) c’est, comme vous, devant ma télévision que je suivrai les matchs. N’oubliez pas la soirée des trophées du sport danois retransmis en direct après demain soir sur TV2. Les joueuses de Copenhague devraient être à la fête. Prochains matchs : Championnat d’Europe : Norvège – Espagne 10/12/2008 Danemark – France 10/12/2008 Ligue des Champions : Nürnberg – Copenhague 03/01/2009 Championnat : Copenhague – Sønderjyske 07/01/2009 Bonne soirée ! |
*** Alors qu’elles attendaient à l’aéroport de Copenhague pour rejoindre Oslo puis Larvik, Liv, Solveig, Danielle, Katri et Lena s’occupaient chacune de leur côté. Dane essayait de faire un mot croisé en norvégien. Liv était plongé dans son livre. Katri et Lena flânaient dans les boutiques. Solveig lisait le journal et particulièrement l’article concernant la remise des prix de la veille. [Hier soir, avait lieu la soirée des trophées du sport. Chaque année en décembre, une cérémonie est organisée pour récompenser les sportives et sportifs de la saison écoulée. […] Solveig se rappela lors de la réception de l’invitation des nominées que Katri avait insisté pour être de celle qui représenterait l’équipe de Copenhague. Pas parce qu’elle voulait se montrer, non loin de là, au contraire même. Elle n’aurait raté ça pour rien au monde. La cause : tout le monde avait troqué le survêtement et le jeans pour se mettre sur son trente et un. Et elle adorait mater les filles comme les garçons en tenue de gala. C’est comme ça que Liv, Dane, Solveig, Katri et Thia s’était retrouvées à cette soirée. […] Un pic d’audience semble avoir été enregistré au moment des résultats du handball féminin. La maitresse de cérémonie pour cette catégorie n’était autre que la très célèbre Camilla ANDERSEN[url=#_ftn1] [sup][1][/sup][/url]. N’ayant pas le charme de l’emblématique capitaine de la sélection danoise des années 1995 à 2000 je vais donc la citer : « Bonsoir à tous. C’est un réel plaisir d’être ici ce soir pour participer à cette fête du sport. La remise du premier trophée me permet de remercier toutes les joueuses avec qui j’ai évolué qui m’ont servi des buts sur un plateau. Cette année la meilleure réalisatrice de passes décisives est Danielle KASLER. » […] Danielle s’était donc retrouvée dans l’obligation de monter sur scène. C’était elle qui ouvrait le bal. Solveig avait remarqué qu’elle ouvrait et fermait les poings signe extérieur de nervosité chez elle. Elle était magnifique dans son pantalon à pinces noir, chemise blanche sous une veste noire manche trois quart. Katri avait insisté pour qu’elle porte un chapeau de feutre noir. Calé sur l’arrière de sa tête, ses mèches indisciplinées s’en échappaient accentuant encore son côté insouciant. Comme pour se rassurer, elle avait posé la main sur le trophée qui représentait un ballon de hand tenu par une main le tout transparent. […] C’est dans son anglais parfait que KASLER s’est exprimée : « Bonsoir à toutes et tous. Si Camilla remercie les joueuses qui lui ont donné de bons ballons pour ma part je me dois de remercier mes coéquipières qui font les déplacements nécessaires pour me donner les solutions. J’ai la chance d’être entourée par bon nombre d’internationales, ce qui facilite la prise de décision. Surtout quand elles sont multiples. » […] Solveig se souvint que Katri avait un petit peu charrié sa petite amie à son retour à leur table. « Tu vois, tu n’es pas morte. » — Merci de ta sollicitude Katri. — Va falloir t’y habituer. En plus avec le look que tu as ce soir toutes les petites lesbiennes de la planète vont vouloir s’habiller comme toi. Tu devrais demander un pourcentage sur les ventes de ce que tu portes. Tu viens de leur faire une pub d’enfer. — Katri ! Dane s’était tournée vers la scène pour empêcher l’ailière de continuer. […] Pour le trophée suivant, c’est sous ces mots que Camilla a accueilli son homonyme : « En ce qui concerne la meilleure buteuse, cela doit venir du nom de famille mais nous n’allons pas lui en vouloir de ne pas être danoise, tant elle a du talent, Solveig ANDERSEN. » La capitaine de Copenhague, habillée pour l’occasion d’une magnifique robe au demeurant très sage mais qui soulignait à merveille ses formes, nous a gratifié d’un discourt très humoristique : « Je ne sais pas si cela vient du nom. Il faudra faire une étude sur les ANDERSEN du handball. Mais il y a une chose avec laquelle je suis complètement d’accord avec elle c’est qu’il n’y a pas de buteuses sans bonnes passeuses. C’est pour cela que je remercie donc toutes mes coéquipières pour le travail qu’elles font et en particulier Dane avec laquelle j’ai le plus de connexions. Stats à l’appui bien sûr. » Personne ne peut affirmer si cette phrase avait un double sens au vu de leur connectivité hors terrain mais ça a tout de même bien fait rire l’assemblée. […] Solveig avait bien senti le regard de Dane sur elle alors qu’elle traversait la salle pour rejoindre la scène. A son retour, Liv lui avait fait part des commentaires de Katri lors de son départ : « C’est moi ou il fait de plus en plus chaud ici ? » Restait à savoir si cela venait de la vue de sa capitaine ou bien du décolleté de la fille de la table d’à côté. […] Ensuite, sont arrivés les trophées où le public ne connaissait pas les lauréates. Après les passeuses et les buteuses le relais était transmis aux gardiennes de but : « Elles ont été mes pires cauchemars pendant ma carrière. Elles peuvent faire basculer un match si elles sont dans un grand soir. Celle que nous honorons ce soir affiche des pourcentages d’arrêt à faire trembler toutes les attaquantes du pays et en dehors. Je vous demande d’applaudir Liv ARLENSEN. » Elle est restée sur le ton léger de cette soirée : « Bonsoir. Même si le poste de gardien est un peu à part et qu’il peut être considéré comme un sport individuel dans un sport collectif il n’en reste pas moins qu’il n’y a pas de bon gardien sans une bonne défense. Et j’ai la chance d’évoluer derrière l’une des meilleures. J’ai aussi l’avantage d’avoir dans mon camp, la meilleure buteuse, la meilleure passeuse et d’autres joueuses aux bras solides. Et je préfère les voir de dos que de face. » […] Fort avait été de constater que Katri était très en forme hier soir. Elle n’avait pas manqué de taquiner Liv : « Je ne savais pas que tu aimais à ce point mes petites fesses goalkeeper de mon cœur. » — Rappelez-moi pourquoi on l’a invitée ? avait demandé Liv en prenant les autres joueuses à témoin. […] Beaucoup se demandaient pourquoi récompenser la meilleure recrue étrangère et non pas la meilleure étrangère tout court. Camilla a donné la réponse hier soir : « Je pense que ce trophée a été créé pour remercier les joueuses d’être venues, avec courage, apprendre le danois. La bonne élève de cette année est capable, si sa fiche Wikipédia est juste, de parler anglais, français, allemand, italien, norvégien et danois. Je vous demande d’applaudir à nouveau la plus européenne des joueuses de notre championnat Dane KASLER. » KASLER remporte donc son deuxième trophée de la soirée avec en plus un défi à relever. « Merci pour la pression Camilla. Je vais donc devoir parler en danois pour ne pas faire mentir Wikipédia. Veuillez par avance excuser ma prononciation. Jeg tror, de udenlandske spillere ikke har brug for opmuntring. Vi har tilbøjelige til at komme i gang. Hvem kan motstå den charme af dette smukke land og hjemsted for dansk ? Ikke meg.[url=#_ftn2] [sup][2][/sup][/url] Après ce massacre linguistique. Je vous remercie au nom des joueuses étrangères. » […] Solveig avait admiré Dane d’avoir relevé le défi de Camilla. Connaissant la réserve de la jeune femme, se lancer dans un tel exercice devant les invités et les téléspectateurs nécessitait un gros effort sur elle-même. Personne n’avait fait de remarque sur le léger mélange de danois et de norvégien et personne ne s’était moqué de l’accent si particulier de Dane mais tous avaient applaudi l’effort et la prise de risque. […] L’humour était bien le fil conducteur de cette cérémonie, et Camilla ne s’est pas privée de surfer sur cette vague : « Je serais tentée de dire quatre sur quatre pour la Norvège mais je vais jouer sur le fait que KASLER soit aussi suisse pour redistribuer les points. Ce qui nous fait match nul entre la Norvège et la Suisse. » […] Solveig lut rapidement le passage suivant sur la meilleure espoir. Sofie SØRENSEN était un pur produit de l’école danoise. A 22 ans, elle avait déjà un long passé sous le maillot de son pays. Sélectionnée depuis les catégories jeunes, elle avait su faire évoluer son jeu pour être aussi performante en défense qu’en attaque. Elle manquait encore un peu de puissance sur les tirs à 9 mètres mais si les blessures l’épargnaient, elle était promise à une grande carrière. Elle avait aussi profité de l’occasion pour faire part de son admiration pour Camilla quand elle était jeune handballeuse. Sol lut aussi en travers le passage qui parlait de la remise de son prix de la meilleure joueuse. Celui de Thia, pour celui du meilleur entraîneur n’avait pas non plus été une surprise. Au vu des résultats de la saison, il était difficile de penser qu’il pouvait lui échapper. Sol voulait en arriver au Katri’s show. La machine avait été lancée avec l’annonce du prix de l’équipe de sport collectif de la saison. […] En ce qui concerne le trophée de la meilleure équipe, élue par les internautes, le résultat ne fut pas une surprise. Avec un palmarès tel qu’il comporte un triplé : Championnat, Nordea Cup et Ligue des Champions, il ne pouvait échapper à l’équipe féminine de handball de Copenhague. C’est Katri AAMODT qui est montée en tête sur scène accompagnée de ses coéquipières déjà récompensée ce soir. « Tout d’abord bonsoir à toutes et tous. Je me suis dit que vous les aviez déjà assez entendu parler alors je prends le relais. L’équipe de Copenhague c’est un savant mélange de complicité, y’a qu’à voir les deux à gauche dit-elle en indiquant Sol et Dane. De la confiance, j’ai prêté ma voiture à Linnea qui a une carte de fidélité chez son garagiste. De talent, vu que j’en fais partie. Cette dernière remarque sur ma personne n’est pas à prendre au sérieux bien entendu. Et surtout de solidarité, car il faut qu’elles soient soudées entre elles pour me supporter. Je les entends déjà me dire qu’il ne va pas aller au-dessus de ma cheminée mais dans la vitrine du club. Et blablabla mais pour l’instant je ne voudrais échanger ma place sous aucun prétexte. Et surtout un grand merci à tous ceux qui ont pris le temps de voter sur internet et à ceux qui à chaque match sont dans les tribunes pour nous soutenir. » C’est sur ce dernier discours plein de dynamisme que la soirée s’est conclue. Le grand vainqueur est le club de Copenhague. Un regret tout de même qu’il n’y ait qu’une seule danoise au palmarès de cette année. La prochaine édition sera peut-être plus fructueuse.] Pour Solveig cela avait été une bonne soirée, bilan d’une saison complète et sérieuse. Tout le monde avait rejoint la salle d’embarquement et il allait bientôt être temps de monter dans l’avion. Elles allaient retrouver le reste de l’équipe norvégienne. Une nouvelle aventure. *** Toute l’équipe était en stage, à Larvik, depuis à présent une semaine. Liv avait repris sa place dans la cage et pouvait travailler avec Katrine LUNDE HARALDSEN sans plus aucune gêne. Le groupe tournait bien et la plupart des exercices étaient tactiques ce qui n’obligeait pas à puiser encore dans les ressources physiques. Ce soir elles allaient fêter l’anniversaire de Dane qui allait souffler vingt-six bougies. Elle leur avait expliqué que le fait d’être au Danemark lui avait évité le chapeau de la Sainte Catherine. Une tradition française voulait que le 25 novembre toutes les jeunes femmes qui avait eu vingt-cinq ans depuis la dernière sainte Catherine et qui n’étaient pas mariées se voyaient offrir un chapeau décoré, la plupart du temps ridicule. Dommage qu’elles n’aient pas su cela avant car l’équipe se serait fait un plaisir de coller à la tradition. Danielle sentait que quelque chose se préparait. Solveig était bien trop souvent au téléphone depuis le matin. Et elle insistait pour partir maintenant alors qu’elles ne devaient rejoindre le groupe que dans vingt minutes. Devant l’hôtel un taxi les attendait. « Tu peux m’expliquer ce que l’on va faire à la gare ? » — Tu verras bien… Et elle ne dut pas attendre longtemps pour voir apparaître sur le quai les presque deux mètres de son meilleur ami. Elle lâcha la main de Solveig pour courir et se jeter dans les bras d’Andy. « Hey ! Salut championne ! Tu n’as pas peur des paparazzi ? demanda-t-il en souriant. » — Rien à taper des paparazzi. Ils peuvent prendre toutes les photos qu’ils veulent de nous. Je suis contente que tu sois là. — L’année dernière Solveig t’avait kidnappée pour ton anniversaire et tu préparais la finale de Nordea Cup mais cette année, hors de question de rater ça. — Tu es là jusqu’à quand ? — Je repars après demain en début de matinée. — Cool. Tu es prêt à faire la fête avec toute l’équipe de Norvège ? — Plus que prêt, fillette. Solveig les regardait, en retrait. Il y avait toujours ce même élan, cette joie de se retrouver, cette complicité qui se rallumait aussi facilement qu’en appuyant sur un interrupteur. Elle n’avait jamais connu ça avec Liv, bien qu’elle soit sa meilleure amie depuis l’adolescence. Elles n’avaient pas ce contact si facile. Sans doute le fait qu’elles soient lesbiennes toutes les deux et que chaque geste tendre puissent être interprété comme bien plus qu’une marque d’amitié, les freinaient. Il y avait aussi et surtout le fait qu’elles ne s’étaient jamais éloignées aussi longtemps l’une de l’autre. Leur parcours était le même : clubs, sélections… Seules leurs blessures différaient. Mais comme Dane avec Andy, elle pouvait compter sur Liv dans n’importe quelle circonstance. *** La fête avait été animée avec les interventions de Katri et les histoires que racontait Andy, dans l’atmosphère chaleureuse de l’équipe de Norvège. Maintenant qu’elle était terminée, Liv était assise sur une chaise sur la terrasse du bar-restaurant. Enroulée dans un plaid, elle laissait son esprit divaguer. Force était de constater qu’il en revenait toujours au même point : Ellen PETERSEN et leur baiser. Elle avait tourné la scène dans tous les sens si bien qu’elle ne savait plus ce qui s’était vraiment passé ou ce qu’elle avait extrapolé par analyse. Elle poussa un profond soupir. Si sur le terrain, elle arrivait à occulter la chirurgienne, tout était différent quand elle se retrouvait toute seule. A cet instant, elle ne souhaitait rien d’autre que sentir les bras de PETERSEN l’entourer. Autre soupir. *** Le lendemain, après l’entraînement, plusieurs joueuses allaient à une conférence de presse. Alors que Danielle suivait Solveig, Liv, Katri et Heidi pour retourner à l’hôtel, elle sentit son portable vibrer dans sa poche. « Salut papa ! » — Bonjour Dane. Tu vas bien ? — Oui, tout va bien la préparation se passe sans accro. — Et Solveig ? Son genou ? — Il va bien aussi. — Je ne te dérange pas au moins ? — Non, ne t’inquiète pas je suis sur le chemin de l’hôtel. Ça me fait plaisir de t’entendre. C’est rarement toi qui appelle. — Je sais. Il y eu un silence sur la ligne qui commença à inquiéter Dane. Son père laissait le soin à sa mère de prendre les nouvelles d’habitude. Et il semblait hésiter, ce qui était très rare pour lui. — Quelque chose ne va pas, papa ? Un autre silence. — Papa ? Les quelques secondes qui s’écoulèrent avant que son père reprenne la parole parurent très longues à Danielle. — Ton Grand Père a été hospitalisé, à Zurich. — Quand ? — Ce matin. Solveig avait très vite compris que quelque chose n’allait pas en entendant l’intonation de la voix de sa petite amie. Cette dernière s’était arrêtée de marcher. Sveig la rejoignit et attendit qu’elle termine sa conversation avant de l’interroger. — Qu’est-ce qu’il lui arrive ? demanda Dane à son père. — Un gros coup de fatigue d’après les médecins et il était déshydraté. Ils le gardent en observation pendant quelques jours. — Tu as pu lui parler ? — Non pas encore. Je suis sur la route, je viens de passer Fribourg. — D’accord. Tu me tiens au courant dès que tu as d’autres nouvelles. Elle parla encore quelques minutes avant de raccrocher. Elle résuma la situation à Solveig qui ne put retenir un : « Dritt[url=#_ftn3] [3][/url] ! » *** Le lendemain très tôt dans la matinée, Solveig accompagna Danielle et Andy à l’aéroport de Larvik. Le barman avait sans hésiter changé son billet pour accompagner son amie. La capitaine norvégienne aurait voulu être du voyage mais si Ikka avait donné son accord pour son arrière droit, elle n’avait pas libéré son porte-drapeau. Même si elle était inquiète, le fait qu’Andy soit avec elle la rassurait. La nuit avait été agitée. Sveig avait entendu Dane se tourner et se retourner dans son lit. Et les légers cernes, sous ses yeux bleus, attestaient du manque de sommeil. Solveig l’embrassa une dernière fois avant de la laisser passer les portes. « Passe le bonjour de ma part à ton Grand Père. » Ils avaient un premier vol pour Oslo et un deuxième pour Zurich. Ensuite, ils se rendraient directement à l’hôpital. Elle avait eu des nouvelles de son père tard dans la soirée. Quand il était arrivé, le médecin lui avait expliqué qu’ils avaient prévu plusieurs tests avant de donner un diagnostic précis. Le pronostic vital n’était heureusement pas engagé. Peter s’était installé dans un hôtel pas très loin du centre hospitalier et attendait l’arrivée de sa fille pour le lendemain. ***
Samedi 6 décembre 2008 – 15h30 | Danielle KALSER | Depuis tôt ce matin, la rumeur courait sur le fait que KASLER avait quitté Larvik et le groupe. L’information a été confirmée par Ikka SORENSEN à 14h30. Elle n’a pas donné de précision mais ce serait pour un problème familial que l’arrière droit norvégienne a dû se rendre en Suisse. Le reste de l’équipe s’envolera pour Skopje puis Ohrid demain pour les Championnats d’Europe en Macédoine. En espérant que KASLER sera bien au rendez-vous. Bonne fin de journée ! |
*** Danielle rentra doucement dans la chambre. Les murs n’étaient pas blancs comme elle s’y attendait mais d’un léger bleu. Il était 11 heures et le soleil d’hiver baignait le lit. Le bip régulier qu’elle entendait la rassurait sur le rythme cardiaque de son vieil homme préféré. Sur l’écran la courbe était sans arythmie. A l’autre bout des fils et des tuyaux : son géant. Son grand père dormait couché sur le dos. Voir sa poitrine se soulever était à cet instant le plus beau des spectacles. Dans le couloir, Andy s’était assis à côté de Peter. Le père de Dane posa sa main sur son épaule. « Merci de l’avoir accompagnée. » — C’est normal. Solveig voulait venir mais elle n’a pas eu de bon de sortie. — Je comprends. Je suis même étonné que Dane ait eu le sien si près des Championnats d’Europe. Cela confirme l’estime que j’ai pour Ikka SORENSEN. — Tout le groupe est génial là-haut. S’il ne pouvait pas le rassurer sur l’état de santé d’Hans, Andy pouvait par contre le faire pour la vie de sa fille. — Elles ont fait une super fête pour l’anniversaire de Dane. Et quand elles ont appris pour son Grand Père, elles l’ont toutes soutenue. — Je n’en doute pas. Ça se voit qu’elle se sent bien là-haut. Elle était norvégienne dès le départ. Bien avant que mon père la fasse rêver avec ses aurores boréales, son soleil de minuit, ses ours polaires et ses Trolls. Après un silence, ils soupirèrent tous les deux. Comme un assentiment au fait qu’ils savaient tous les deux que la vie de Danielle était là-haut et qu’elle ne redescendrait s’en doute jamais. Dans la chambre, Dane s’approcha du lit et toucha la main de son grand père. Elle était chaude. Toujours aussi calleuse. Tant de sillons, de creux, de bosses tracés par le temps et le travail. Enfant, elle cachait une certaine appréhension derrière un rire quand elle voyait sa main disparaitre dans la grande pogne de son aïeul. Même aujourd’hui, son poing semblait bien petit posé dans sa paume. Elle sentit les doigts de son Grand Père se refermer sur sa main et plongea dans son regard. « Bonjour, Grand Père. » Le vieil homme lâcha la main de sa petite fille pour pouvoir communiquer. — Qu’est-ce que tu fais là ? En voyant la manière dont il bougeait ses mains, Dane n’arrivait pas à savoir s’il exprimait de l’étonnement ou une certaine colère. — Je suis venue te voir. Quand Papa m’a annoncé que tu étais à l’hôpital, j’ai sauté dans le premier avion. — Et où est ton équipe ? — A Larvik. Elles partent demain pour Skopje. Je les rejoins dès que nous avons tous les résultats de tes examens. — Tu aurais dû rester à Larvik. Je vais très bien. — Dès que le médecin me le confirme, je pars. Hans se redressa sur ses oreillers et croisa les bras sur sa poitrine. Il avait son air boudeur qu’il prenait quand il n’aimait pas la situation. Il trouvait absurde que la moitié de la famille se soit déplacée pour un simple coup de fatigue. Il avait d’abord vu son fils débarquer la veille au soir. Puis ce matin sa petite fille qui devait normalement être en Norvège pour son stage de préparation. Il n’avait jamais été un douillet et ce n’est pas à 85 ans qu’il allait commencer à être chouchouté. — Et ne boude pas ça ne changera rien. Après une pause. Au fait, Solveig te passe le bonjour. Le vieil homme sourit. Il n’en attendait pas moins de la star norvégienne. Le portable de sa petite fille sonna au moment où il allait lui répondre de lui rendre son salut. — C’est elle justement. Il lui fit signe de la main de sortir de la chambre lui montrant tous les appareils qui l’entouraient. Dane se fit la remarque qu’elle devrait expliquer à son Grand Père que c’était un mythe et que le téléphone portable n’était vraiment proscrit que dans certaines zones de l’hôpital surtout celles où se déroulaient des examens comme les scanners, les IRM et autres ayant recours aux ondes magnétiques. *** Solveig venait de raccrocher quand Liv vint à sa rencontre. « Comment va le Grand Père de Dane ? » — Il se repose. Elle a pu lui parler et d’après ce que j’ai compris, elle s’est même fait engueuler d’être là. — Ah bon ? Pourquoi ? — Car elle avait quitté la sélection pour venir le voir. — Ben râler est un signe de bonne santé, non ? C’est quand les malades commencent à se plaindre de la nourriture que l’hôpital les met dehors. — Oui. Ils attendent les résultats de plusieurs examens avant d’établir le protocole de suite de soins. — C’est une bonne chose qu’il aille plutôt bien. Dane a l’air très attaché à son Grand Père. — Ils sont très complices. Je pense que leur manière de communiquer renforce cette proximité. Elle m’a montré les lettres qu’il lui écrivait quand elle était petite. Les premières étaient en anglais et puis le norvégien est apparu puis à la fin ce n’était que notre langue. En lisant, je comprends mieux qu’elle soit tombée amoureuse de la Norvège. Il la décrit comme un pays magique et magnifique, comme une nation fière et forte. — C’était son destin de finir en rouge… Elles se perdirent dans leurs pensées respectives. Celles de Solveig allaient vers sa petite amie qu’elle revoyait le premier jour où elle avait porté la tenue de la Norvège. Liv de son coté, se demandait qu’elle était la destinée d’Ellen mais avant de replonger dans l’introspection, elle se souvint qu’elle était venue rejoindre Sol pour un sujet précis. — Sol, il faut que je te montre quelque chose. Elle tendit son téléphone portable à sa capitaine. — Thia vient de m’envoyer le lien. Le journaliste qui s’en est pris à Dane pour les Jeux Olympiques remet le couvert. Il a publié un article sur son blog. [ Samedi 06 décembre 2008La lune de miel aura duré six mois entre Danielle KASLER et l’équipe de Norvège. Pas plus tard que ce matin, elle a quitté ses coéquipières, en stage à Larvik. Le staff essaie bien de noyer le poisson en déclarant, en conférence de presse, qu’elle a dû rejoindre sa famille en Suisse… Sauf que personne ne l’a vue à Lausanne. Reste à savoir s’il s’agit d’un problème avec l’équipe en elle-même ou bien avec Solveig ANDERSEN sa petite amie à la ville. Rappelez-vous qu’à Pékin, elle avait été vue à de nombreuses reprises avec Frida ISAKSON, la capitaine de l’équipe suédoise. Est-ce que l’étoile filante commencerait sa chute ? RG] Liv voyait les doigts de sa capitaine se serrer autour de son portable. Elle avait ce regard que la gardienne lui connaissait bien. Celui qu’elle avait en compétition quand une équipe n’était pas fair play. La plupart du temps sur le terrain cela se traduisait par un engagement physique accru. « Hey Sol, ne casse pas mon portable pour ce con ! J’en ai besoin. » — Ne t’inquiète pas. Je ne sortirais pas de mes gonds pour ce connard. J’espère juste que Dane ne lira pas ça. Elle a autre chose à penser en ce moment que devoir encore endurer les attaques de ce mec. — Je suis d’accord mais rends moi tout de même mon téléphone. Je préfère qu’il soit en sécurité dans ma poche. Solveig oublia un instant le journaliste et son article pour s’intéresser à la vie sentimentale de son amie. — Tu attends un appel d’Ellen ? — Non. Pas du tout, répondit Liv cachant difficilement sa panique si une telle situation se produisait. De toute façon, elle n’a pas mon numéro. — Tu ne veux toujours pas me dire ce qui te tourne dans la tête depuis la finale de la Nordea Cup ? — Ce n’est pas très important. Ça passera. Solveig s’approcha et prit Liv dans ses bras. — C’est rare que ce genre de sentiment disparaisse d’un claquement de doigt. Tu pouvais te mentir avant de l’embrasser mais à présent… Liv releva la tête. — Tu nous a vues ? — Oui. Mais j’attendais que tu m’en parles. Nous sommes amies Liv et tu peux compter sur moi pour te soutenir. Ellen m’a l’air plutôt sérieuse et à mon avis, elle ne s’engagera pas à la légère. — Qu’est ce qui te dit qu’elle veut s’engager ? — Elle ne t’a pas repoussée quand tu l’as embrassée et elle semble s’intéresser à ton bien-être physique. — Elle me voit peut-être comme un divertissement. Et puis rappelle-toi ce qu’elle a dit à Katri, que sa situation sentimentale allait changer. — Et qui te dit qu’elle ne parlait pas de toi ? — Je ne veux pas me bercer d’espoir et d’illusions, j’ai passé l’âge. — Parfois, je me dis que redevenir une ado ne te ferait pas de mal. — Non merci. Aucune envie de refaire le travail sur l’acceptation de mon homosexualité. — Il n’a pas été très long. A 15 ans tu embrassais déjà les filles. — Ça n’a rien à voir. Liv lui tourna le dos et repartit vers le reste du groupe pour couper court à cette conversation. ***
Dimanche 7 décembre 2008 – 17h25 | Championnat d’Europe arrivée | Toute l’équipe de Norvège est bien arrivée en Macédoine. Toute l’équipe sauf KASLER qui rejoindra le groupe dès qu’elle le pourra. La date de son vol n’est pas encore connue mais tout le monde espère que ce sera avant le match d’ouverture contre l’Espagne. ANDERSEN a mis les choses au clair dès sa descente de l’avion. Elle a coupé court à la polémique sur le départ de sa petite amie. « Dane est à Zurich. Son Grand Père a été hospitalisé. Il était normal qu’elle lui rende visite. La sélection est importante mais la famille l’est encore plus pour chacune d’entre nous. Dane nous rejoindra dès que possible. Dès qu’elle sera rassurée sur l’état de santé de son Grand Père. En attendant, je vous demande de ne pas envenimer les choses, de sorte que sa famille soit tranquille pour gérer cette situation peu agréable. » Tous les fans de Copenhague et de l’équipe de Norvège se joignent à moi pour souhaiter un bon rétablissement à Mr Hans KASLER. Bonne soirée ! |
*** Peter et Dane étaient dans le bureau du médecin qui avait pris en charge Hans à son arrivée à l’hôpital. Il était en train de leur présenter les conclusions des divers examens. « Monsieur KASLER n’a pas eu d’incident cardiaque. Ce qui avait d’abord été pressenti. Son taux de sucre est normal. Ses globules rouges et blancs sont en nombre satisfaisant. Tous ses autres résultats sont bons pour une personne de son âge. En fait, le problème vient justement de son âge. Monsieur KASLER est usé. Il n’a aucune pathologie mais juste un corps usé par le temps et la vie qu’il a mené. Le seul remède est le repos et le ménagement mais je ne suis pas sûre qu’un homme comme lui acceptera de rester assis très longtemps dans un fauteuil un plaid sur les genoux. » — Il n’y a que quand il regarde sa petite fille jouer au handball qu’il se tient tranquille, commenta Peter. — Alors jouez de longs matchs mademoiselle. Toutes les minutes de repos qu’il prendra lui feront du bien. — D’accord Docteur. — Je signerai sa sortie demain. Sur ces mots, ils remercièrent le Médecin et prirent congé. Dans la chambre de Hans, Andy était en train de se faire arracher la promesse de mettre Dane dans un avion le plus tôt possible. Même s’il ne parlait pas, il savait se faire comprendre et imposer ses idées. Andy avait dès sa première rencontre aimé le vieil homme. Il avait un amour indéfectible pour sa petite fille et un respect pour l’être humain remarquable. Il ne jugeait rien ni personne. Grâce à Dane qui servait d’interprète, il avait eu de longues conversations avec lui sur de nombreux sujets comme la guerre, la reconstruction, les relations humaines, le pardon et le devoir de mémoire. Alors qu’il quittait la chambre d’hôpital de Hans, Andy se dit qu’il ne s’en était pas trop mal sorti en ne s’engageant que sur le fait de faire son maximum pour que Dane quitte Zurich. Par contre, il n’avait pas pu échapper à la promesse de toujours veiller sur elle. Et celle-là il l’avait faite avec plaisir et honneur. ***
Lundi 8 décembre 2008 – 18h00 | Championnat d’Europe J-2 | L’équipe de Norvège s’est entraînée cette après-midi dans la salle de Ohrid qui accueillera les matchs des poules B et C. Les Norvégiennes devront se défaire de l’Espagne, de l’Ukraine et du Portugal. Le plus gros adversaire de la poule semble être les Espagnoles qui s’appuient sur une génération forte pour se placer de mieux en mieux dans les compétitions internationales. Les autres pays scandinaves se retrouvent dans les poules suivantes : Danemark, Roumanie, Hongrie et France ; Suède, Russie, Biélorussie et Autriche. La dernière poule verra le pays hôte la Macédoine en découdre avec l’Allemagne, la Croatie et la Serbie. KASLER n’avait toujours pas rejoint le groupe. Bonne soirée ! |
***
[url=#_ftnref1][1][/url] Camilla Andersen (née le 5 Juillet 1973) est une joueuse de handball danoise. Elle a reçu des médailles d'or avec l'équipe nationale danoise aux Jeux olympiques d'été de 1996 à Atlanta et aux Jeux olympiques d'été de 2000 à Sydney. Elle a été championne du monde en 1997, et deux fois championne d'Europe, en 1994 et 1996. [url=#_ftnref2] [2][/url] « Je pense que les joueuses étrangères n’ont pas besoin d’encouragement. Nous avons plutôt tendance à venir en courant. Qui pourrait résister au charme de ce magnifique pays et à l’accueil des danois ? Pas moi. » [url=#_ftnref3] [3][/url] Merde | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Ven 19 Fév 2016 - 11:41 | |
| Danielle attendait à l’aéroport de Skopje de pouvoir récupérer une voiture de location. Son avion avait pris du retard au départ de Zurich à cause de violentes chutes de neige sur la Suisse. La compétition commençait demain et elle avait encore un peu plus de deux heures de route devant elle pour rejoindre Ohrid. Elle avait attendu la sortie de l’hôpital de son Grand Père. Il allait s’installer à Lausanne jusqu’aux fêtes de Noël. Andy était arrivé à Lyon depuis un peu plus d’une heure et était déjà derrière son comptoir. De son côté, elle avait déjà raté le repas du soir avec l’équipe et espérait à présent arriver avant minuit. *** Ellen était de garde et profitait du calme de la soirée pour mettre à jour ses dossiers. Mais alors qu’elle pianotait sur son clavier, elle décida de faire quelque chose qu’elle avait repoussé jusqu’à présent. Dans Google, elle tapa Liv ARLENSEN et ce fut sa fiche Wikipedia qui apparut en tête de liste. http://fr.wikipedia.org/wiki/Liv_ Arlensen | Liv ARLENSEN, née le 24 avril 1980, est une joueuse de handball norvégienne occupant le poste de gardienne. Elle évolue dans le championnat danois sous les couleurs du club de Copenhague. Elle a été élue à de nombreuses reprises meilleure gardienne lors de compétitions internationales. Clubs : 1987 – 1995 : Trondheim (NOR) 1995 – 2001 : Oslo (NOR) 2001 – 2005 : Larvik (NOR) 2005 – … : Copenhague (DAN) Palmarès : Club : - 2008 : Ligue des champions avec Copenhague - 2007 : Coupe EHF avec Copenhague - 2007 et 2008 : double championne du Danemark avec Copenhague - 2001, 2002 et 2003 triple championne de Norvège avec Larvik - 2006, 2007 et 2008 : Nordea Cup avec Copenhague Sélection nationale Jeux Olympiques - Médaille d’or aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin Championnat du monde - Médaille d’or au championnat du monde en 2007 en France - Médaille d'argent au Championnat du monde 2001 en Italie Championnat d'Europe - Médaille d'or au Championnat d'Europe de handball féminin 2006 en Suède - Médaille d'or au Championnat d'Europe de handball féminin 2004 en Hongrie - Médaille d'argent au Championnat d'Europe de handball féminin 2002 au Danemark Autres - Internationale norvégienne depuis le 29 novembre 2001 contre la Pologne. - 183 sélections en équipe nationale après les Jeux Olympiques de 2008 de Pékin, pour 3 buts. Distinctions personnelles - Meilleure gardienne de l'année IHF 2004 – 2006 – 2007. - Meilleure gardienne de handball féminin aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin - Meilleure gardienne du Championnat du Monde de handball féminin 2007 en France. - Meilleure gardienne du Championnat d'Europe de handball féminin 2006 en Suède. - Meilleure gardienne du Championnat d'Europe de handball féminin 2004 en Hongrie. Liens externes (no) Fiche sur le site de la fédération norvégienne [1] Un site consacré à la championne |
Elle dut constater que la jeune femme avait déjà un sacré palmarès. Par curiosité, elle afficha celle de Solveig pour comparer. http://fr.wikipedia.org/wiki/Solveig_Andersen | Solveig ANDERSEN, née le 17 mai 1980, est une joueuse de handball norvégienne évoluant au poste de demi-centre. Elle est capitaine de la sélection depuis deux ans. Elle évolue dans le championnat danois sous les couleurs du club de Copenhague. Un tir porte son nom et tout le monde craint son célèbre volt. En 2007, elle a fait son coming out et a rendu publique sa relation avec Danielle KASLER (autre joueuse de handball). Clubs : 1987 – 1995 : Bergen (NOR) 1995 – 2001 : Oslo (NOR) 2001 – 2005 : Larvik (NOR) 2005 – … : Copenhague (DAN) Palmarès : Club : - 2008 : Ligue des champions avec Copenhague - 2007 : Coupe EHF avec Copenhague - 2007 et 2008 : double championne du Danemark avec Copenhague - 2001, 2002 et 2003 triple championne de Norvège avec Larvik - 2006, 2007 et 2008 : Nordea Cup avec Copenhague Sélection nationale Jeux Olympiques - Médaille d’or aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin Championnat du monde - Médaille d’or au championnat du monde en 2007 en France - Médaille d'argent au Championnat du monde 2001 en Italie Championnat d'Europe - Médaille d'or au Championnat d'Europe de handball féminin 2006 en Suède - Médaille d'or au Championnat d'Europe de handball féminin 2004 en Hongrie - Médaille d'argent au Championnat d'Europe de handball féminin 2002 au Danemark Autres - Internationale norvégienne depuis le 29 novembre 2001 contre la Pologne. - 183 sélections en équipe nationale après les Jeux Olympiques de 2008 de Pékin, pour 721 buts. Distinctions personnelles - Meilleure handballeuse de l'année IHF 2006 et 2007. - Meilleure joueuse de handball féminin aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin - Meilleure joueuse du Championnat du Monde de handball féminin 2007 en France. - Meilleure joueuse de la coupe EHF 2007 - Meilleure joueuse du Championnat d'Europe de handball féminin 2006 en Suède. - Meilleure joueuse du Championnat d'Europe de handball féminin 2004 en Hongrie. Liens externes (no) Fiche sur le site de la fédération norvégienne [1] Un site consacré à la championne | Elles étaient pratiquement identiques. Mise à part leur enfance, à partir de 15 ans, elles avaient le même parcours. A présent, elle comprenait presque le comportement de Liv quand son amie s’était blessée. Elle avait été prête à transgresser les règles. Elle se demandait s’il y avait eu quelque chose entre les deux joueuses… Sur sa lancée, elle avait aussi consulté celle de Danielle, dernier membre de ce trio. http://fr.wikipedia.org/wiki/Danielle_ Kasler | Danielle KASLER est née le 4 décembre 1982, à Lyon en France d’un père norvégien et d’une mère suisse. Elle a grandi en Angleterre avant de s’installer en Suisse puis en France. Aujourd’hui, elle a posé ses valises au Danemark. Jusqu’en 2003, elle est une joueuse de football qui gravit toutes les marches pour atteindre le très haut niveau dans le championnat français. Une grave blessure au genou stoppe sa carrière. En 2004, à la surprise générale, elle réapparaît sur un terrain de handball. Il lui faudra deux ans pour atteindre à nouveau le plus haut niveau. Elle a la particularité d’avoir la triple nationalité : suisse, norvégienne et française. Et d’avoir porté le maillot de deux sélections différentes dans deux sports différents. Depuis 2007, elle est la compagne de Solveig ANDERSEN star du handball norvégien. . FOOTBALL Clubs : 1989 – 1995 : Arsenal (ANG) 1995 – 1997 : Lausanne (SUI) 1997 – 2003 : Lyon (FRA) Palmarès : Club : - 2000, 2001 et 2002 championne de France - 2001 et 2002 Coupe de France Sélection nationale Championnat d'Europe - Médaille d'or au Championnat d'Europe espoir de football féminin en 2001 en Belgique Autres - Internationale française depuis le 15 mai 1999 contre l’Allemagne. - 24 sélections et 11 buts en équipe nationale jusqu’en 2003. HANDBALL Clubs : 2004 – 2007 : Lyon (FRA) 2007 – … : Copenhague (DAN) Palmarès : Club : - 2008 Ligue des Champions avec Copenhague - 2008 Championne du Danemark avec Copenhague - 2007 et 2008 Nordea Cup avec Copenhague - 2007 Coupe de France avec Lyon Sélection nationale Jeux Olympiques - Médaille d’or aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin Autres - Internationale norvégienne depuis le 9 aout 2008 contre la Chine. - 8 sélections en équipe nationale après les Jeux Olympiques, pour 42 buts. Distinctions personnelles divers - Meilleure joueuse de la coupe EHF 2007 - Meilleure arrière droit aux Jeux Olympiques 2008 à Pékin Liens externes (no) Fiche sur le site de la fédération norvégienne [1] Un site consacré à la championne | La sienne était différente. Elle semblait représenter deux vies : une avant 2004 et l’autre après. L’une où elle était une joueuse de foot et l’autre où elle était une joueuse de handball. La scission semblait être cette blessure au genou. Ellen avait très envie de discuter avec elle pour connaître le cheminement que Dane avait suivi pour en arriver à cette décision si radicale. Elle la trouvait très calme. Elle semblait profondément amoureuse de Solveig. La chirurgienne avait plusieurs fois pu voir le regard qu’elle posait sur sa petite amie. Il y avait de la confiance et du respect : les deux ingrédients importants dans une relation pour Ellen. *** Solveig savait que Danielle était sur la route. Elle aurait voulu l’appeler mais elle ne voulait pas lui faire courir de risque. Alors elle attendait patiemment qu’elle arrive et qu’elle occupe enfin le lit à côté du sien. Depuis son enfance, elle avait rêvé de rencontrer quelqu’un avec qui elle passerait sa vie, à l’image de ses parents qui s’étaient connus très tôt et qui ne s’étaient éloignés qu’à de très rares occasions. Ils avaient eu trois enfants, une vie pas toujours facile avec ses hauts et ses bas. Mais ils étaient toujours aussi unis et aimaient faire les choses ensemble. Elle voulait cette vie avec Dane. Elle espérait juste qu’il en soit de même pour sa petite amie. | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Lun 29 Fév 2016 - 1:48 | |
| SKOPJE – Chute ou confirmation ?
Mercredi 10 décembre 2008 – 19h30 | Championnat d’Europe / Espagne - Norvège |
[…] Fin du match : 21 - 21 Score de parité pour ce match d’ouverture. Le faible nombre de buts montre l’acharnement défensif que les deux équipes ont mis dans cette rencontre. ARLENSEN et KASLER sont restées tout le match sur le banc. La première sort d’une blessure au niveau des côtes flottantes. La deuxième est arrivée très tard hier soir après avoir dû faire le chemin en voiture entre Skopje et Ohrid. ANDERSEN, de son côté a participé au premier quart d’heure et aux dix dernières minutes. C’est elle qui marque le but de l’égalisation. Ikka SORENSEN semble avoir choisi de ménager certaines de ses joueuses. Les prochains matchs de poule nous indiquerons si elle a instauré une rotation pour minimiser la fatigue avant la deuxième phase. Tous les sélectionneurs ont parlé du facteur fatigue, au cours des conférences de presse. En cette année bien chargée qui a vu se dérouler les Jeux Olympiques, tous craignent pour le physique de leurs joueuses. Prochain match pour la Norvège : Ukraine le vendredi 12 décembre 2008. Bonne soirée ! |
*** Solveig souriait au spectacle qui se présentait devant elle. Liv, Katri et Dane étaient en train de se faire masser mais surtout, elles étaient toutes au téléphone. Il faut dire que la période de soin était le seul vrai moment de calme et tout le monde en profitait pour passer ses coups de fils personnels. Katri était en ligne avec « son super coup au lit », ce qui allait forcément engendrer quelques moqueries du reste du groupe. Pour Liv, Solveig n’avait toujours pas trouvé son interlocutrice. Elle n’avait pas la même intonation de voix que lorsqu’elle parlait à sa famille. Et son discours était très orienté : récupération, étirement et douleur. Il y avait aussi une certaine réserve dans ses mots. Danielle, de son côté, était en grande conversation avec son père. Il semblait qu’il lui traduisait ce que son Grand Père disait. La veille, elles avaient battu l’Ukraine avec treize buts d’écart. Elles partageaient la première place avec l’Espagne. En ce début de compétition, Ikka laissait Liv et Dane le plus possible sur le banc. La première n’avait joué que les cinq dernières minutes, juste parce que Katrine avait pris un ballon dans le visage. La deuxième n’était rentrée que lors des infériorités numériques de leur équipe pour stabiliser la défense. Pour sa part, elle avait joué deux fois vingt minutes et le rythme commençait à bien revenir. Solveig rigola franchement quand elle les vit toutes raccrocher en même temps dans un bel ensemble. *** Katri était allongée sur son lit et regardait le plafond. Kevin son « super coup au lit » lui avait proposé de lui présenter sa sœur, quand elle reviendrait des Championnats d’Europe. A plusieurs reprises, il lui avait déjà parlé de Kjerstin. Elle était sa jumelle et ils étaient très proches. Le lendemain de son départ pour Ohrid, elle était revenue du Grand Nord Canadien où elle venait de terminer un séjour de quatre mois. Elle s’était toujours gardée de rencontrer la famille de ses aventures. Il faut dire que la plupart avaient été tellement courtes qu’elle n’avait même pas eu le temps de mémoriser leur nom de famille. Les amis cela allaient encore. Elle se souvenait même être sortie avec certaines amies de ses ex. Elle ne voulait rien de sérieux. En tout cas pas tant qu’elle jouait encore au handball au plus haut niveau. Elle n’était pas comme Sol qui était capable de jongler avec des torches enflammées sans en laisser tomber une. Sa co-équipière avait tout d’abord réussi à cacher son homosexualité aux médias pendant de nombreuses années. Elle avait su gérer sa relation à distance avec Dane. Elle l’avait convaincue de la rejoindre à Copenhague. Elle semblait pleinement heureuse dans sa peau de star de handball amoureuse. Et Katri se surprenait de plus en plus souvent à l’envier. Pas pour le côté star du hand mais pour tout ce qu’elle partageait avec Dane. *** Liv avait marché jusqu’à la plage. Leur hôtel était à deux pas du lac d’Ohrid. Un vent froid soufflait mais elle avait vraiment besoin de prendre l’air. La discussion avec PETERSEN l’avait quelque peu ébranlée. La chirurgienne avait appelé sur le portable de Sven, si bien que Liv n’avait pas pu se préparer ou tout simplement ignorer l’appel. Ellen s’inquiétait d’une rechute du fait qu’elle ne jouait pas. Liv l’avait rassurée sur son état physique et lui avait expliqué une part du fonctionnement d’une équipe de handball en compétition. La conversation n’avait rien eu de personnel mais entendre sa voix avait ramené à la surface ce qu’elle essayait d’enfouir. La gardienne internationale ne s’attendait pas à avoir des nouvelles d’elle, ici, en Macédoine. Elle se croyait à l’abri. Elle aurait dû être agacée de l’intrusion d’Ellen dans son univers norvégien mais au contraire, elle voulait encore entendre les intonations douces de sa voix. Si bien qu’une fois sortie des soins, elle s’était surprise à envoyer un message à PETERSEN. ## Voici mon numéro de portable si vous voulez me contacter en direct. Liv.## Au départ, elle avait prévu de rejoindre le reste du groupe pour regarder les autres rencontres dans le salon mais Ellen lui avait répondu avant qu’elle n’arrive à la porte. ## C’est rare qu’il me faille attendre autant de temps pour avoir le numéro d’une fille que j’ai embrassée. Nous devons parler Liv. Quand tu seras prête à le faire fais-moi signe. Ellen## Elle avait donc changé de direction et était venue réfléchir sur les bords du lac. Ellen lui avait laissé la balle, c’était maintenant à elle de choisir sa tactique de jeu. Le problème était que si sur le terrain, elle lisait bien les tirs des adversaires, en ce qui concernait PETERSEN, elle ne voyait rien. Elle ne savait plus quoi faire. Elle ne pouvait plus se cacher son attirance pour la chirurgienne et le baiser qu’elles avaient échangé n’avait fait que renforcer son envie de goûter aux lèvres d’Ellen et bien plus encore. *** [ Lundi 15 décembre 2008Douze minutes. Douze petites minutes. C’est le temps que KASLER a passé sur le terrain depuis le début de la compétition. Douze minutes sur cent quatre-vingt possible. Cela ne représente que 6.6% du temps de jeu. Un peu faible pour celle qui a été présentée comme une future très grande par la presse norvégienne. Douze minutes et zéro but. La question que nous sommes en droit de nous poser est pourquoi ? Pourquoi KASLER chauffe-t-elle le banc ? Pourquoi, celle vendue comme le pilier de la défense n’en fait-elle pas partie ? Son départ en catimini de Larvik aurait-il une autre raison qu’un problème familial ? Ou est ce que Frida ISAKSON aurait plus d’importance dans la vie de KASLER qu’elle veut bien le dire ? Affaire à suive… RG] ***
Lundi 15 décembre 2008 – 23h00 | Championnat d’Europe / Fin de la 1er phase | La première phase de poule vient de se terminer ce soir. Ci-dessous, les tableaux des deux nouveaux groupes comprenant les points engrangés par les équipes lors des oppositions directes de la première phase :
Groupe I à Ohrid | Rang | Pays | Pts | V | N | D | Bp | Bc | Diff | 1 | Roumanie | 4 | 2 | 0 | 0 | 54 | 46 | 8 | 2 | Norvège | 3 | 1 | 1 | 0 | 54 | 41 | 13 | 3 | Espagne | 2 | 0 | 2 | 0 | 45 | 45 | 0 | 4 | Danemark | 1 | 0 | 1 | 1 | 51 | 53 | -2 | 5 | Hongrie | 1 | 0 | 1 | 1 | 47 | 53 | -6 | 6 | Ukraine | 1 | 0 | 1 | 1 | 44 | 57 | -13 |
Groupe II à Skopje | Rang | Pays | Pts | V | N | D | Bp | Bc | Diff | 1 | Allemagne | 4 | 2 | 0 | 0 | 57 | 49 | 8 | 2 | Russie | 3 | 1 | 1 | 0 | 48 | 44 | 4 | 3 | Suède | 2 | 0 | 2 | 0 | 40 | 40 | 0 | 4 | Macédoine | 2 | 1 | 0 | 1 | 53 | 54 | -1 | 5 | Biélorussie | 1 | 0 | 1 | 1 | 46 | 50 | -4 | 6 | Croatie | 0 | 0 | 0 | 2 | 56 | 63 | -7 | La Norvège débutera la 2ème phase à la seconde place à 1 point derrière la Roumanie. Les joueuses débuteront contre le Danemark demain et finiront contre les Roumaines trois jours plus tard. A noter que la France s’est fait éliminer au 1er tour. C’est une énorme contre-performance. Elles devront passer par les tournois qualificatifs pour une place au Championnat du Monde. Pour le hors terrain, le journaliste qui a pris en grippe KASLER, depuis l’annonce de sa première sélection avant les Jeux Olympiques, continue de publier des articles qui attaque l’arrière droit norvégienne. Sur le net, la riposte s’est remise en place. ANDERSEN, KASLER ainsi que le staff norvégien n’ont fait aucun commentaire sur cette nouvelle série d’articles. Bonne soirée ! |
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| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Lun 29 Fév 2016 - 1:49 | |
| « Salut grande sœur ! » — Salut Zoé ! Comment vas-tu ? — Bien. Je regarde les matchs avec Grand Père. — Comment il va ? Quand je lui pose la question, il m’envoie limite promener. — Il se repose et maman le surveille de toutes les manières. — Le pauvre ! Il ne doit même pas avoir le droit d’aller se chercher un verre d’eau. — C’est un peu ça. C’est bien que tu aies joué tout le match en défense. Ça fera taire ce journaliste de merde. — Oublie le, cet abruti. Il essaie juste de se faire de la pub. — Comment tu fais pour rester aussi calme. Perso, je lui serais déjà rentrée dedans. — Parfois ça me démange aussi mais je prends sur moi. Si je rentre dans son jeu, c’est lui qui gagne. Et il est hors de question de lui faire ce plaisir. Mais je te rassure, Sveig est dans le même état que toi, si elle l’attrape, elle lui fera passer un sale quart d’heure. — Je suis d’accord avec Solveig et je veux bien l’aider. Je peux participer à la contre-offensive ? — Je préférerais que tu restes en dehors de ça pour l’instant. Après les Championnats d’Europe, tu pourras te lâcher. — Cool. J’attends ton signal. Pour en revenir au terrain, vous auriez pu être plus sympa avec vos voisines scandinaves et vos coéquipières de club. Vous n’avez laissé aucune chance à Trine, Fie, Mia et Anne. Leur mettre douze buts dans la vue, c’est dur. — En compétitions internationales, il n’y a plus de club qui tienne. Tu rentres sur le terrain pour gagner avec ta sélection. Il s’est produit la même chose aux Jeux Olympiques quand nous avons éliminé Lotta et Linnea. — C’était un peu différent car vous éliminiez surtout cette allumeuse de Frida. — Zoé ! Même si elle disait tout haut ce qu’elle pensait tout bas, l’entendre dans la bouche de sa petite sœur choqua presque Dane. — Ben quoi ? Au fait, j’ai adoré ton tir Andersen et tes quatre interceptions. J’espère que tu vas être un peu plus utilisée en attaque contre la Hongrie comme ça tu pourras améliorer tes stats. — Le match le plus compliqué risque d’être contre la Roumanie. Elles ont fait un sans faute en première phase de poule. — Ouais mais elles ont perdu contre l’Espagne. De toutes les manières, vous devez gagner tous les matchs, vous êtes la Norvège. Tout autre résultat serait une contre performance. — Tu sais trouver les mots pour mettre la pression toi. — Si tu ne voulais pas de pression grande sœur, il ne fallait pas choisir le meilleur club danois et surtout pas la meilleure sélection mondiale. Danielle sourit à la logique de Zoé. C’est sûr que si elle avait choisit la sélection Suisse, elle n’aurait eu aucun problème de gestion des grandes compétitions, vu qu’elle n’y aurait jamais mis les pieds. — Zoé, tu fais une bise à Grand Père pour moi et tu veilles sur lui et en échange je demande à Linnea de me garder un de ses maillots. — Cool ! Merci. Mais tu sais que je n’ai pas besoin d’un truc en échange pour m’occuper de Grand Père. — Je sais mais ce sera comme un cadeau de Noël en avance. — Au fait en parlant de Noël, c’est vrai cette histoire que les parents de Solveig nous invitent en Norvège ? — Oui, c’est vrai. — J’espère que les parents vont dire oui. — J’espère aussi. Je vais te laisser, je dois rejoindre Sveig pour une interview. — Ok, rendez-vous demain avec la Hongrie. — Bonne soirée. Dane raccrocha. Elle aimait parler avec sa petite sœur. Dans son euphorie presque constante, quand il s’agissait de l’équipe de Norvège ou de Solveig, elle gardait tout de même les pieds sur terre. Même si à chaque fois qu’elle téléphonait chez ses parents, tous la rassurait sur l’état de santé de son Grand Père, elle avait encore ce sentiment dérangeant que ça n’allait pas. Sûrement un résidu de la peur qu’elle avait ressenti lorsque son père l’avait informée qu’Hans avait été admis à l’hôpital. Elle devait faire confiance aux médecins et à son Grand Père et se concentrer sur le handball. Zoé l’avait dit elle-même une défaite serait une contre-performance. *** La Norvège menait de douze buts à trois minutes de la fin de son match contre la Hongrie. Liv passait un agréable début de soirée. Elle était à 55% d’arrêts, elle avait sorti les trois jets de 7 mètres accordés aux hongroises et ne ressentait aucune douleur nulle part. Elle jouait sans strap à la main et c’était une sensation de liberté qu’elle n’avait pas ressenti depuis longtemps. Devant elle, dans sa défense, elle avait vu Dane et Sol s’en donner à cœur joie, en allant au contact des adversaires. En attaque, elles avaient placé leur Kung Fu pour la grande joie des spectateurs. Tout se passait bien. Leur jeu était fluide, le physique répondait et le moral était bon. La seule ombre au tableau pour Liv était d’ordre personnel. Il y avait cette conversation qu’elle devait avoir avec Ellen. Elle appréhendait car même presque un mois après leur baiser, elle ne savait toujours pas quoi lui dire. Elle hésitait toujours entre « désolée » et « j’ai envie de toi ». Elle avait décidé qu’elle l’appellerait après le dernier match de cette compétition. La finale de préférence. ***
Jeudi 18 décembre 2008 – 22h00 | Championnat d’Europe / Fin de la 2eme phase | Les Norvégiennes peuvent faire leurs valises pour Skopje. Elles ont fait un parcours sans faute lors de cette 2ème phase. Leur dernière victoire face à la Roumanie avec 6 buts d’écart leur assure la 1ère place de leur groupe. Les Espagnoles sautent dans le wagon des demi-finales. A égalité avec la Roumanie, elles passent grâce à leur victoire sur leur adversaire direct. ARLENSEN, peu utilisée sur la 1ere phase, entretient ses stats avec des pourcentages d’arrêts entre 40 et 55. Impressionnante sur les tirs à 7m, elle a de quoi faire douter les tireuses adverses. ANDERSEN a joué 43 minutes et marqué 7 buts sur 7 tirs. Elle finit la rencontre sur un 100% preuve qu’elle est bien revenue après sa blessure. Dans l’autre groupe, l’Allemagne crée la surprise en battant lors du dernier match la Russie. Leur permettant de prendre la première place et d’éviter la Norvège. Ce qui nous donne pour les demi-finales : A 18h Norvège – Russie A 20h Allemagne – Espagne La plupart des observateurs et des journalistes voyaient une finale Norvège – Russie. Mais c’est en demi-finale que les deux plus grandes nations du handball féminin sur ces dernières années vont s’affronter. Les Russes voudront prendre leur revanche sur les championnats du monde et les Jeux Olympiques où les scandinaves les ont privées des titres. Je vous donne donc rendez vous demain pour ces deux matchs. Bonne soirée ! |
*** [ Samedi 20 décembre 2008 KASLER semble avoir retrouvé le chemin du terrain pour la deuxième phase mais semble toujours en panne au niveau de son quota de buts. Si elle n’est plus à zéro elle flirte tout de même avec la pénurie. Où est passé le bras de l’arrière droit, présenté si puissant ? Si elle fait encore illusion avec ses passes décisives, elle semble vraiment commencer à s’essouffler. Heureusement pour elle, ses coéquipières se mettent à la planche pour pallier ses défaillances. Il n’y a qu’à voir le nombre d’arrêt qu’ARLENSEN doit effectuer pour empêcher que la Norvège ne boive la tasse.Il semble que l’étoile filante ne soit pas loin de s’écraser et ANDERSEN ne pourra pas faire grand-chose pour éviter le crash. RG] « Je vais vraiment finir par me le faire celui-là. » — Calme-toi Sveig. Ça ne sert à rien. Depuis qu’elles avaient été informées de la sortie d’un nouvel article et sa lecture, Danielle regardait Solveig tourner en rond dans leur chambre d’hôtel. — Je ne comprendrais jamais comment tu peux rester aussi calme alors qu’il continue de t’attaquer directement. — C’est simple. Je pars du principe que la meilleure réponse que je puisse lui faire viendra du terrain. La capitaine norvégienne s’arrêta de marcher et fit face à sa petite amie le regard interrogatif. — Quoi que je dise, il trouvera un moyen de le détourner. Il est d’une mauvaise foi grandissante. Il n’a pas peur de travestir la vérité pour la tourner dans son sens. J’ai donc décidé de lui répondre par le jeu. Ma meilleure arme est de le rendre ridicule. Il prétend que je vais me casser la gueule ? Bien. Alors je vais lui montrer que c’est loin d’être le cas en élevant encore mon niveau de jeu. La vérité sortira du terrain. Les Jeux l’avaient calmé. Je vais faire en sorte que les Championnats d’Europe fassent de même. Solveig regarda plus attentivement Danielle comme si elle la voyait sous un jour nouveau. — En fait, tu es machiavélique. Tu le laisses creuser à sa guise pour mieux pouvoir l’enterrer dans son propre trou. — Je n’irai pas jusque-là mais c’est à peu près l’idée oui. Solveig sourit franchement. Rassurée sur le fait que sa petite amie et coéquipière était bien consciente de ce qui se passait et qu’elle avait aussi un plan pour faire tourner les choses à son avantage. Elle pouvait à présent se calmer et rentrer doucement dans sa demi-finale qui débutait dans quatre heures. ***
Samedi 20 décembre 2008 – 18h00 | Championnat d’Europe / demi finale / Norvège - Russie | Les deux équipes sont en place et le coup d’envoi va être donné par la Norvège.
JOHANSEN K. | 1 | (1') | 0 | | LARSEN L. | 2 | (2') | 0 | | LUNDE K. | 3 | (3') | 0 | | LARSEN L. | 4 | (3') | 0 | | ANDERSEN S. | 5 | (4') | 0 | | AAMODT K. | 6 | (5') | 0 | | | 6 | (6') | 1 | POLTORATSKAYA I. | La Russie arrête l’hémorragie après un 6-0 en 5 minutes. Les Norvégiennes ont débuté le match pied au plancher dans la lignée des Jeux Olympiques où elles avaient asphyxié d’entrée leurs adversaires. Les actions s’enchaînent si rapidement qu’elles ne me laissent pas le temps de faire un compte rendu propre. Sur les 6 buts KASLER est l’auteur de 4 passes décisives.
[…] RIEGELHUTH L. | 7 | (10') | 1 | | | 7 | (16') | 2 | POLTORATSKAYA I. | | 7 | (19') | 3 | MURAVYEVA N. | | 7 | (22') | 4 | TUREY E. | | 7 | (23') | 5 | TUREY E. | KASLER D. | 8 | (24') | 5 | | KASLER D. | 9 | (25') | 5 | | Les Russes se réveillent et commencent enfin leur match. Elles viennent de marquer 4 buts d’affilée et sont revenues à 2 buts. Mais KASLER prend ses responsabilités et marque à deux reprises.
[…] 27ème minute : 10 – 06 ARLENSEN se paye le luxe de marquer à son tour en profitant d’une récupération sur un tir contré pour lober la gardienne russe avancée.
[…] Mi temps : 12 – 07 Beaucoup d’engagement des deux côtés. Les Russes complètement absentes des cinq premières minutes se sont bien reprises mais accusent toujours un déficit de 5 buts à la pause. Nous avons pu assister à ce qu’il est appelé les temps forts et les temps faibles des deux équipes. Chaque baisse de régime se paie par un enchaînement de buts.
[…] 48ème minute : 19 – 11 C’est du « à toi à moi » chaque équipe marque à son tour. LARSEN offre un 8ème but d’avance à la Norvège.
[…] | 19 | (49') | 12 | KOROLEVA O. | | 19 | (50') | 13 | LEVINA O. | | 19 | (52') | 14 | TUREY E. | KASLER D. | 20 | (53') | 14 | | Petit temps faible pour les scandinaves, KASLER, à nouveau, stoppe les Russes dans leur élan. Fin du match : 24 – 18 ANDERSEN conclut le match sur un 5ème but personnel. La Norvège valide son billet pour la finale qui aura lieu demain. Il faudra attendre 20h pour connaître leur adversaire entre l’Allemagne et l’Espagne. Ce soir la vague rouge a pu s’appuyer sur toutes ses forces vives en attaque comme le montre les statistiques suivantes (entre parenthèse le nombre de buts marqués) : ARLENSEN L. (1), JOHANSEN K. (1), RIEGELHUTH L. (1), NØSTVOLD T. (1), LUNDE K. (2), LOEKE H. (2), SNORROEGGEN L. (2), LARSEN E. (3), KASLER D. (3), AAMODT K. (3), ANDERSEN S. (5) Le score peu élevé montre tout de même un énorme travail des défenses et des gardiennes. ARLENSEN finit encore avec 49% d’arrêts et les gardiennes russes SUSLINA et SEDOYKINA cumulent 38%.
[…] La 2ème demi-finale vient de se terminer. Et c’est l’Espagne qui dispose de l’Allemagne. Le match a été plus serré avec une différence de 3 buts. Celles qui furent opposées dès le 1er match de la compétition vont se retrouver pour le dernier. Et non le moindre. Rappelons qu’elles s’étaient quittées sur un score de parité. Rendez-vous demain pour la finale. Bonne soirée ! |
*** Liv sursauta presque en sentant son portable vibrer dans la poche de son jeans. ## Très joli ton but. Ellen## Ce message répondait à une question qu’elle se posait : est-ce qu’Ellen regardait les matchs ? Elle avait sa réponse. *** Ellen avait profité de ce dimanche où elle ne travaillait pas pour prendre le temps d’aller se promener dans les rues de Copenhague et voir le marché de Noël. Cette année, elle n’était pas de garde pour la fête de la natalité mais devrait assurer pour le jour de l’an. Si bien que dès le 23 décembre, elle prendrait l’avion direction Göteborg et sa famille. Elle avait déjà commandé presque l’ensemble de ses cadeaux sur le net pour les faire expédier directement chez sa sœur. Ses nièces avaient été très précises dans leur choix. A 18 heures, elle était installée devant sa télévision prête à suivre la finale des Championnats d’Europe de handball féminin. Depuis le début de la compétition, elle avait fait des recherches pour bien comprendre les règles. Elle avait suivi avec attention les analyses techniques et tactiques sur TV2 Norvège. Elle avait compris que Liv était très dure à tromper quand les attaques venaient sur les ailes. Elle allait aussi très rapidement au sol, ce qui lui assurait de bonnes statistiques sur les tirs bas. Son gros travail avec la vidéo lui permettait de lire les tirs de ses adversaires lors des jets de 7 m. Ellen avait aussi appris que Danielle avait un très bon sens du placement et de l’anticipation ce qui faisait d’elle une excellente défenseuse. Elle avait aussi un bras solide qui couplé à sa bonne détente lui permettait d’aller chercher des tirs à 9 m. Quant à Solveig, elle était la joueuse complète. Le rêve de tout entraîneur aux dires des journalises. En plus de l’alliance de la technique et du physique, elle avait aussi ce charisme qui fait les très grands champions. Le coup d’envoi allait être donné. ***
Dimanche 21 décembre 2008 – 18h30 | Championnat d’Europe / finale / Norvège - Espagne | […] Mi-temps : 13 – 12 Les Espagnoles s’accrochent. Les observateurs n’avaient pas planifié un match aussi serré. Menée à la 17ème minute de 3 buts les norvégiennes ont repris l’avantage grâce à un 5-0. Ce qui leur permettait de mener 10-8 à la 23ème min.
[…] LOEKE H. | 14 | (31') | 12 | | ANDERSEN S. | 15 | (33') | 12 | | LUNDE K. | 16 | (35') | 12 | | | 16 | (36') | 13 | FERNANDEZ B. |
Les norvégiennes réattaquent fort la 2ème mi-temps en inscrivant 3 buts d’affilée.
KASLER D. | 17 | (37') | 13 | | KASLER D. | 18 | (39') | 13 | | | 18 | (39') | 14 | FERNANDEZ B. | KASLER D. | 19 | (42') | 14 | | | 19 | (43') | 15 | FERNANDEZ B. |
KASLER et FERNANDEZ semblent avoir décidé de monopoliser l’option buts. Elles viennent d’inscrire les 5 derniers buts.
[…] 47ème minute : 24 – 15 La Norvège vient d’infliger un 5 à 0 à l’Espagne.
[…] 55ème minute : 32 – 18 Cela devient très dur physiquement pour l’Espagne qui vient d’encaisser un nouveau 5 à 0. Elles devront se contenter de la médaille d’argent.
[…] 60ème minute : 34 – 21 C’est RIEGELHUTH qui conclut cette rencontre sur un dernier lob. Fin du match : 34 – 21 Nouveau titre pour cette vague rouge qui a décidé de ne laisser passer aucune médaille. C’est l’Espagne qui en a fait les frais cette fois-ci après la Russie aux Jeux Olympiques. Que dire du festival offensif d’ANDERSEN, NØSTVOLD et KASLER qui à elles trois ont inscrit 19 buts. Elles ont joué plus de 50 minutes dans cette finale. Je crois qu’il va être difficile de trouver de nouveaux superlatifs pour décrire la prestation d’ARLENSEN qui termine le match avec des stats à 56%. Son meilleur résultat sur cette compétition. JOHANSEN K. (3), LARSEN E. (2), ANDERSEN S. (7), LUNDE K. (4), KASLER D. (6), LOEKE H. (4), NØSTVOLD T. (6), AAMODT K. (1), RIEGELHUTH L. (1) Certains journalistes avaient mis en avant la fatigue de certaines joueuses sur-sollicitées et sur-utilisées mais il semble que SORENSEN ait réussi son pari en laissant certains de ses cadre au repos lors de la 1ere phase et de s’appuyer sur sa capitaine. En attendant leur retour dans leur championnat respectif souhaitons-leur de bonnes fêtes de fin d’année. Rendez-vous en janvier. Bonne soirée ! |
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| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Lun 7 Mar 2016 - 0:26 | |
| EUROPE – Que la fête commence La finale était passée et Liv devait tenir l’engagement qu’elle avait pris avec elle-même. Elle laissa le reste de l’équipe à leur joie d’un nouveau titre. Elle remonta dans sa chambre et composa le numéro de PETERSEN. A la troisième sonnerie, elle ne savait plus si elle préférait tomber sur sa messagerie ou bien lui parler absolument. Alors que la première option allait se produire, la voix posée d’Ellen caressa l’oreille de Liv. C’était un contraste saisissant par rapport au bruit de ces dernières heures. « Bonsoir Liv. » — Bonsoir. — Félicitations, belle victoire. — Tu as regardé tout le match ? Liv n’aimait pas sa propre voix. Elle avait l’impression d’être revenue à l’adolescence, à l’époque où ses sentiments la faisaient presque bégayer. Le handball lui avait permis d’apprendre à maîtriser ses émotions mais ce soir sa faiblesse refaisait surface. — Oui, je n’étais pas de garde. Tu n’es pas en train de fêter ta victoire ? — Nous devions parler. — Cela pouvait attendre ton retour. — Non. — Non ? Ellen n’avouerait jamais qu’elle avait espéré l’appel de Liv depuis son dernier message. Les jours passant, elle s’était faite à l’idée que la gardienne norvégienne était concentrée sur la compétition et qu’elles se parleraient à son retour. Elle mettait son impatience sur le coup d’une grande curiosité. Elle voulait savoir pourquoi Liv l’avait embrassée. — Je ne suis pas sûre d’avoir à nouveau le courage d’avoir cette discussion. Katri dit tout le temps que je reste au sec. Ce soir, je veux me mouiller. — D’accord. Mais permets-moi de te poser une question avant : vous avez déjà commencé à arroser votre titre ? — Juste deux coupes de champagne. Pourquoi ? — Uniquement pour savoir qui parle : l’alcool ou toi ? — Ce sera moi. — Bien. Pourquoi m’as-tu embrassée ? Même si elle s’y attendait, la question prit de court Liv. Avant qu’elle n’ait pu répondre, Ellen modifia sa question. — Non en fait c’est plutôt, pourquoi tu m’as repoussée ? Liv aurait préféré répondre à la première question. Il était plus facile de dire qu’elle l’avait embrassée car elle lui plaisait, plutôt qu’elle l’avait repoussée car elle lui plaisait trop justement. Alors la nouvelle triple Championne d’Europe biaisa. — Car nous étions dans un avion et que tout le monde pouvait nous voir. — Ton homosexualité n’est un secret pour aucune de tes coéquipières il me semble. — Oui mais non. Pourquoi c’était si compliqué ? — Et si tu essayais de m’expliquer. Je ne suis plus une enfant. Je peux comprendre beaucoup de choses. Ellen cru que Liv avait raccroché car pendant un moment elle n’entendit plus un bruit. Puis dans un murmure : — Tu me plais. Tu me plais plus que de raison. — Et ce n’est pas bien ? — Pas vraiment. — Je peux savoir pourquoi ? — Car je ne sais pas gérer. Je ne suis pas comme Katri qui peut jongler avec trois relations. Ni comme Sol qui est arrivée à supporter une relation à distance avec Dane pendant presque un an. — Nous ne sommes dans aucune de ces situations. — Ce que je veux dire c’est que j’ai dû mal à faire la part des choses et j’ai tendance à inverser mes priorités. Et je ne peux pas me le permettre maintenant. Ma dernière relation a bien failli m’envoyer en Slovénie. — Je suis au Danemark et même à Copenhague. Si plus tard, elle analysait cette conversation, Ellen se demanderait pourquoi elle avait contré tous les arguments de Liv plutôt que de s’en servir comme excuse pour se sauver. — Le handball est ma priorité. Il doit rester ma priorité. — Mon travail au CMS est ma priorité et le restera. Il y eut un silence sur la ligne. Comme si chacune réfléchissait à tout ce qui venait de se dire. Ce fut Ellen qui reprit la parole en premier. — Ce que je te propose c’est que nous dînions ensemble un soir. Un rendez-vous tout simple. Nous aviserons ensuite. — D’accord. — Bien. Je pense qu’il est temps que tu retournes fêter ton troisième titre européen. — Sans doute oui. Elles doivent se demander où je suis passée. Elle allait lui dire au revoir mais s’interrogea soudain sur ses connaissances de son palmarès. — Comment sais-tu que c’est le troisième ? — Google est mon ami. Enfin Wikipedia en l’occurrence. Je suis curieuse et impatiente que tu me parles de cette similitude avec celui de Solveig. En attendant, je te souhaite une bonne soirée. Amuse-toi bien. — Merci. Liv resta un moment à regarder son téléphone. Elle n’était pas sûre de ce qu’il venait d’arriver. La seule chose qu’elle savait, c’est qu’elle avait rendez-vous avec PETERSEN. Elle se secoua et rejoignit ses coéquipières. Elle n’avait pas choisi le hand pour la notoriété mais pour le spectacle qui se déroulait sous ses yeux. Toutes les joueuses étaient en train de chanter une chanson en l’honneur d’Ikka SORENSEN, leur sélectionneuse. Elle aimait ces moments de partage. Elle s’empressa de se joindre aux autres, sous le regard interrogateur de Solveig. *** Ellen, de son coté, se réinstalla confortablement dans son canapé et remonta le son de la télévision pour suivre le reportage sur les animaux vivant dans la zone d’exclusion autour de Tchernobyl. Les conclusions étaient surprenantes mais elle n’arrivait pas à se concentrer sur celles-ci. Elle pensait à son futur dîner avec Liv. Et peut-être à plus si elle arrivait à faire perdre à nouveau pied à l’internationale norvégienne. *** Noël était la seule période où il était pratiquement impossible de trouver une joueuse de Copenhague dans la capitale danoise. C’était le moment où tout le monde rentrait chez soi. La seule qui restait était Trine car sa famille habitait la banlieue de Copenhague. Les internationales étaient rentrées le 22 décembre et pour certaines, elles avaient dans la journée pris un autre vol pour rejoindre leur famille. Toutes les norvégiennes avaient rejoint leur différente ville d’origine : Solveig et Danielle à Lillehammer, Liv à Trondheim, Katri à Skien, Lenna à Stavanger et Thia à Gjøvik. Depuis dix jours Eva était à Bruxelles, alors que Linda était à Oostende. Elles s’étaient vues plusieurs fois dont le soir de la finale. A la différence du dernier été, elles n’avaient pas attendu le dernier match pour que leur relation franchisse à nouveau la ligne blanche qu’elles s’étaient fixées. Cela s’était même reproduit plusieurs fois et au matin, il était de plus en plus difficile de redevenir que des amies. Sabine avait rejoint Munich. Linnea était sur la côte de granite rose au-dessus de Göteborg alors que Lotta profitait du coté est de la Suède à Umeá. Ellen, de son coté, avait rejoint la famille de sa sœur à Göteborg. Elle regrettait de ne pas avoir eu l’occasion de voir Liv avant son départ. Il faut dire que la gardienne norvégienne n’était restée à Copenhague que quatre heures. Comme elle lui avait expliqué : « juste le temps de refaire mon sac et je retourne à l’aéroport ». Elles avaient prévu de se voir après le jour de l’an quand leur agenda se serait un peu calmé. En attendant, la chirurgienne allait profiter de ses deux nièces. *** Danielle se promenait dans la galerie marchande de l’aéroport d’Oslo. Avec Solveig, elles étaient arrivées la veille au soir. Il fallait un peu moins de deux heures pour relier Lillehammer à l’aéroport d’Oslo Gardermoen, celui-ci se situant à environ cinquante kilomètres au nord de la capitale. Sur place, il y avait déjà Janna et Eirik ainsi que Nils, Grethe et leurs deux filles. La famille de Solveig était au complet. Dans dix minutes, l’avion en provenance de Genève allait atterrir, ayant à son bord sa propre famille : Peter, Helena, Zoé et surtout Hans. Elle avait réussi à convaincre son grand père de venir passer Noël avec eux à Lillehammer. Les parents de Solveig avaient proposé d’accueillir tout le monde dans la station de ski norvégienne pour éviter aux deux championnes olympiques de devoir faire un choix ou bien de se séparer pour cette fête. Dane se souvenait de la conversation avec son Grand Père qui avait ressemblé aux autres : elle avait parlé, il avait écouté jusqu’à ce qu’il entende ce qu’il souhaite. *** 8 jours plus tôt. Elle avait profité du jour de repos avant la deuxième phase de poule et de la présence de Zoé assez tôt dans l’après-midi pour entrer en contact avec son Grand Père via webcam. Elle l’avait trouvé plus reposé mais il n’avait pas encore complètement récupéré des suites de son malaise. Il avait les joues un peu creusées. De son côté Zoé était surexcitée depuis qu’Helena lui avait confirmé leur voyage en Norvège. Dane voulait essayer de convaincre son Grand Père de les accompagner.« Bonjour Grand Père. Comment tu te sens ? »— Ça va. Les matchs de handball m’occupent et Zoé me tient compagnie et me remet au goût du jour sur les nouvelles technologies.— J’imagine très bien la scène. Tu sais que l’invitation des ANDERSEN vaut aussi pour toi.Il avait acquiescé.— Ils ont très envie de te revoir. Et Janna et Nils veulent te rencontrer.Le problème des conversations avec Hans c’était que rester silencieux pour faire parler les autres ne lui demandait aucun effort. — Zoé serait contente que tu sois là ainsi que papa. L’année dernière tu étais coincé par la neige.— C’est déjà arrivé par le passé.La phrase composée de gestes avait été courte.— Oui, je sais. Ils vont tous être déçus si tu ne viens pas.Hans regardait simplement sa petite fille par écran interposé. Attendant patiemment qu’elle en arrive à ce qu’elle voulait vraiment. C’était un jeu entre eux depuis longtemps. Celui qui avouait en premier sa demande émotionnel. Elle semblait réfléchir à d’autres arguments inutiles mais finit par capituler.— J’ai envie que tu viennes car je veux être sur le sol norvégien avec toi. Et si tu refuses c’est à moi que tu feras le plus de peine. Je joue pour la Norvège grâce à toi alors je veux être à 100% norvégienne avec toi l’espace d’un Noël.Elle le vit sourire. Ce sourire qu’elle aimait tant. Celui qui voulait dire oui avant qu’il fasse un geste.— Ça c’est une excellente raison. Je serais content de partager cet évènement avec toi. *** Solveig avait rejoint Dane au moment où les portes s’ouvraient sur les premiers passagers. Elles ne furent pas surprises d’y trouver Zoé en tête. Cette dernière dans son élan sauta dans les bras de sa sœur. « Salut, grande sœur. Salut Solveig. Contente de revenir en Norvège. Trop cool ! » Les trois adultes arrivèrent ensuite si bien que tout le monde avait pu prendre la direction du parking pour récupérer le « mini bus » de la famille ANDERSEN pour rejoindre Lillehammer. Zoé réussit l’exploit de parler pendant tout le voyage. *** Hans retrouva Jørgen comme un ami de longue date. Ils disparurent rapidement tous les deux. L’un prétextant vouloir montrer quelque chose à l’autre. Marit et Helena se retrouvaient dans l’organisation. Le 24 décembre, tout le monde avait été exclu de la cuisine, les deux cuisinières ne voulaient personne dans leurs jambes. Ils étaient donc tous partis faire de la luge et du patin à glace. La plus jolie cascade revenait à Zoé qui à cause d’une erreur de pilotage avait fait quelques roulés-boulés. Elle s’était relevée couverte de neige de la tête aux pieds. Eirik l’avait surnommée : snømann[url=#_ftn1] [1][/url]. La plus belle note artistique était revenue aussi à la plus jeune des KASLER qui avait fait admirer sa technique sur la glace. Jusqu’à l’année dernière, elle était encore dans un club de patinage. Elle avait arrêté car elle ne s’y amusait plus mais continuait d’aller régulièrement à la patinoire avec ses amis. « Tu ne m’avais pas dit que Zoé était aussi douée sur des patins. » — Tu apprendras qu’elle a plein de cordes à son arc. Mise à part son site internet, elle fait beaucoup de choses mais n’en termine pas beaucoup. C’est dommage car la plus part du temps elle est super douée. — Elle n’a peut-être pas encore trouvé ce qui lui conviendrait vraiment. — Elle veut rajouter le norvégien à ses options pour l’année prochaine. Elle a dit que ça renforcerait son dossier pour être journaliste. — Elle l’a peut-être déjà trouvée en fait sa passion : parler de sport et des autres. — Ça colle assez. De toutes les manières, elle a le temps de voir et de changer d’avis. — Tu sais de quoi tu parles. Toi qui a plaqué le football à haut niveau pour te lancer dans le handball. Tu es passée de l’option anglais à allemand. — Allemand ? — Le foot a été inventé par les anglais il me semble, alors que le hand est né en Allemagne. — Ok, je croyais que tu parlais de mon passage de l’Angleterre à la Suisse mais je ne comprenais pas bien car Lausanne n’est pas dans un canton germanophone. — En attendant, Zoé a tapé dans l’œil du garçon là-bas. Dane regarda dans la direction que lui indiquait Solveig. Un adolescent qui semblait avoir l’âge de sa petite sœur, suivait tous ses mouvements. — Elle est bien capable de craquer pour un norvégien. — Rien d’étonnant à ça. Vous êtes des KASLER. En disant cela, Solveig ébouriffa encore un peu plus les cheveux de sa petite amie que le port du bonnet avait déjà bien désordonnés. *** Le Père Noël était passé depuis une heure. Alors que Marit servait le café devant la cheminée et que Grethe et Janna regroupaient les papiers et emballages divers, Hans et Danielle étaient assis sur le balcon. Malgré le froid, la joueuse norvégienne ne voulait pas rentrer. C’était un de ces moments privilégiés avec son grand père. La neige renvoyait la lumière des chalets encore éclairés. Tous les sons étaient étouffés. Leur expiration formait des nuages que l’air de la nuit emportait. « Merci. » Il venait de remuer les mains. — De rien. Je suis contente que tu sois venu. La Norvège est complètement la Norvège à présent. — La boucle est bouclée. — Comment ça ? — J’ai grandi un peu plus au nord. Mon enfance était heureuse et insouciante. La guerre est passée et la nuit s’est installée. J’ai quitté mon pays le cœur lourd et triste alors que je n’avais que 22 ans. Je ne croyais plus vraiment en l’humanité. J’ai eu la chance de croiser le chemin de ta grand-mère. Elle m’a aimé malgré mon manque d’élocution. Nous avons eu un bon fils qui à son tour a fait sa vie avec une femme charmante. Aujourd’hui, je reviens, en Norvège, 63 ans plus tard, accompagné de mes deux petites filles. Tu portes le maillot rouge avec fierté comme autrefois, j’ai porté notre drapeau pour défendre notre terre. Suis ton cœur Dane, il est ton meilleur guide. Lui seul sait où est ton véritable chez toi. Danielle ne dit rien. Elle posa juste sa main sur celle de son grand père. Il avait raison. Un jour peut-être qu’elle devrait vraiment s’interroger sur ce qu’elle était mais en attendant elle se sentait chez elle là où les gens qu’elle aimait étaient. Elle sourit en voyant sa main disparaitre recouverte par l’autre main de son grand père bien plus grande que la sienne. *** Noël s’en était allé et la famille KASLER avait rejoint la Suisse. Zoé avait bien essayé de négocier pour rester avec Dane, justifiant qu’elle était en vacances et qu’entendre parler norvégien l’aiderait pour ses études l’année prochaine. Helena avait répondu à cela que Dane avait autre chose à faire que de jouer les baby-sitters et que pour le norvégien, elle pourrait parler à sa sœur et à Solveig via son ordinateur pour parfaire sa linguistique. Hans était rentré chez lui à Gams. A l’aéroport, il avait longuement serré sa petite fille dans ses bras. Danielle avait ressenti un sentiment étrange pendant cette étreinte. Elle avait l’impression qu’elle ne voulait pas simplement dire au revoir. La nouvelle championne d’Europe avait vite chassé cette idée, son grand père était seulement ému d’être revenu en Norvège et ce n’était pas la première fois qu’il l’étreignait de cette manière au cours de son séjour. Il fallait qu’elle arrête d’analyser ou de s’inquiéter à chacun de ses gestes. *** Comme à l’accoutumée, les joueuses de Copenhague avaient passé le réveillon du nouvel an ensemble. Elles s’étaient souhaité la santé surtout et pas de blessure. Katri les avait informées que dans trois jours, son « super coup au lit » allait lui présenter sa sœur. Elle s’était bien sûr fait chambrer sur le côté officiel de la chose, ce que l’ailière avait fortement démenti. Liv de son côté avait quitté la fête vers 3 heures en même temps que Solveig et Danielle. Mais au lieu de rentrer chez elle, elle s’était retrouvée sur le parking du CMS. Ellen était de garde cette nuit. Elles n’avaient pas trouvé le temps de se voir entre le retour des Championnats d’Europe, son départ pour les fêtes de Noël et son retour la veille. Ellen était dans son bureau, elle écoutait de la musique tout en lisant un article sur le cartilage de synthèse. Elle leva un sourcil étonnée en voyant s’agiter son téléphone portable sur son bureau. ## Je suis sur le parking. Peut-on se voir ? ## *Liv, surprise agréable.* ## Je viens t’ouvrir la porte de service. ## Moins de trois minutes plus tard, Ellen se tenait devant Liv dans sa tenue bleue de consultation. « Tu entres au chaud ? Car je ne suis pas habillée pour aller dehors. » Liv semblait avoir perdu sa langue. Elle la suivit sans rien dire jusqu’à son bureau. Une fois la porte fermée, Ellen allait l’interroger sur son mutisme quand Liv posa les mains sur sa nuque et l’embrassa. La chirurgienne ne chercha pas à résister et savoura pour la deuxième fois la douceur de ses lèvres. Elles étaient encore froides, preuve de l’attente de Liv sur le parking. Avait-elle hésité avant d’envoyer son message ? Peu importe, l’important était qu’elle soit là. Ellen finit tout de même par rompre le contact, renvoyant Liv à la réalité. Le sourire aux lèvres, elle interrogea la gardienne internationale. « Nous ne devions pas dîner avant ? » — Désolée. J’ai eu envie de t’embrasser depuis minuit. — Seulement depuis minuit ? — Joker. Liv dut faire un effort pour ne pas rougir. Depuis quelque temps elle avait plusieurs fois imaginé cette rencontre. Elle fut reconnaissante à Ellen de reprendre la conversation sans insister. — Je continuerais bien de t’embrasser mais je suis de garde et je dois garder ma concentration pour les fêtards kamikazes qui pourraient nous être transférés. — Je comprends. J’aurai dû appeler avant de venir. — Non c’est bien que tu sois venue. Nous pouvons discuter en attendant le premier perdant d’un pari de l’année 2009. Ellen fit signe à Liv de prendre place sur l’une des chaises de son bureau. Elle le contourna et pris sa place habituelle. — Ta soirée s’est bien passée ? — Oui, toute l’équipe était là avec leur moitié. — C’est étonnant, vous donnez plutôt l’impression d’être un groupe fermé. Ce n’est pas une critique car je pense que c’est un moyen de protection. — Quand il s’agit de handball, l’équipe prime mais pour les fêtes de Noël ou le jour de l’an, la famille et les amis ont priorité. Il s’avère que nous sommes coéquipières et amies cela facilite les choses. — Je dois reconnaître que vous êtes la première équipe que je rencontre avec une telle solidarité. J’en ai eu un premier aperçu quand Solveig s’est blessée. Tu étais prête à m’affronter pour pouvoir aller voir ton amie. Danielle attendait sagement dans la salle d’attente. — Je me souviens très bien. Tu ne savais même pas qui était Dane et encore moins qu’elle était avec Sol. — Désolée de lire des revues médicales plutôt que la presse people. — Le coming out de Sol a fait quelques vagues tout de même. — Il fallait être aveugle pour ne pas savoir que Solveig était lesbienne. — J’ai du mal à être juge. Je connais Sol depuis longtemps et j’étais la première à qui elle a avoué son homosexualité. — J’ai cru comprendre que vous vous connaissiez depuis longtemps. — Depuis la section sport étude à Oslo. — Et depuis vous ne vous quittez plus. C’est un choix personnel ou bien les mêmes propositions vous ont été faites ? — Larvik nous a contactées en même temps, après pour Copenhague, nous étions en fin de contrat et le projet était intéressant. — Je peux te poser une question indiscrète ? — Vas-y, si elle est trop personnelle je te le dirais. — Vous avez déjà été ensemble ? Ellen ne savait pas quelle réponse elle attendait. Un oui serait logique, un non serait surprenant mais plutôt rassurant sur le fait qu’elle ne serait pas comparée à la star norvégienne. — Aussi étonnant que cela puisse paraître, non. Nous avons toujours été amies. Juste amies. — Je pense que vous êtes bien plus que cela et c’est parce que vous êtes au-delà de la simple amitié qu’il n’a jamais été question de plus. — Sans doute. La discussion filait toute seule. Pas de silence gêné. Juste deux personnes qui apprennent à se connaître. Enfin pour l’instant, Liv avait plus l’impression que c’était Ellen qui la découvrait mais elle espérait bien pouvoir à son tour poser des questions. « Au fait, comment va le grand père de Danielle ? C’est bien que votre sélectionneuse l’ait laissée partir. » — Ikka sait qu’une joueuse donnera le meilleur d’elle-même si elle est bien psychologiquement. Et nous savions toutes que Dane ne serait pas bien tant qu’elle ne serait pas rassurée sur l’état de santé de son grand père. Alors plutôt qu’elle ne soit pendue au téléphone toute la journée, Ikka l’a mise dans l’avion pour Zurich. — Danielle a l’air proche de son grand père. — Oui, je ne connais pas toute l’histoire, mais il y a un lien très fort entre eux. C’est grâce à lui que Dane est norvégienne. — Vous et toute la Norvège devez adorer ce Monsieur. — Probablement, oui. Trois heures après son arrivée, Liv entendit Ellen lui annoncer la fin de sa garde. Pendant le laps de temps qu’elles avaient passé ensemble, la chirurgienne s’était absentée à trois reprises. Deux fois pour des visites de contrôle et la troisième avait été pour valider l’entrée d’un nouveau patient souffrant d’une fracture du tibia. Il avait déjà été plâtré à l’hôpital et n’était ici que parce qu’il était un joueur de foot de l’équipe de Copenhague. « A défaut d’un dîner, je peux te proposer un petit déjeuner, si tu veux ? demanda Ellen. » — Je ne voudrais pas que tu te sentes obligée. Tu dois être fatiguée. — Ça va. Et j’ai envie d’œufs brouillés, de toasts, d’un jus d’orange et d’un café bien chaud. — Et où comptes-tu trouver tout ça un premier de l’an ? — Chez moi. Ellen laissa passer un silence puis : — Alors ? — J’accepte. — Bien. Liv vit Ellen débrancher le PC portable et le ranger dans le placard avec les dossiers qui étaient sur son bureau. Une fois sa tâche accomplie, la pièce donnait l’impression que personne n’y avait travaillé cette nuit. — Tu ne serais pas un peu maniaque ? — Non, simplement ordonnée. — C’est un doux euphémisme. Liv suivit Ellen en voiture jusqu’à son immeuble. Quelle ne fut pas sa surprise quand elle se gara devant l’ancienne adresse de Dane. Elle rejoignit la chirurgienne sur le trottoir. « Ne me dis pas que tu habites au deuxième étage ? » — Non, au dernier. — Wow, l’appartement terrasse ?! — Oui, pourquoi cette question ? — Dane a habité au deuxième. Elle a déménagé après les Jeux. — L’espace d’un instant j’ai cru qu’une de tes ex avait habité ici. — Serais-tu du genre jaloux ? — Non mais je préfère savoir les choses. — Je n’ai pas d’ex à Copenhague. — Information intéressante. — Mon inquiétude sur ton étage venait du fait que je ne me serais pas sentie à l’aise dans celui que Dane a occupé. — Je ne comprends pas. — Dane, Sol dans cet appart en train de faire des trucs. — Des trucs ? — Ben oui, des… des trucs quoi. Ne me force pas à parler de ce que mes amies ont sûrement dû faire sous la douche. — J’avais compris, je te faisais marcher. — Oh ! — Nous montons nous mettre au chaud ? — Bien volontiers. L’appartement d’Ellen était chaleureux et cela n’avait rien à voir avec la température de la pièce. La décoration était colorée. Très loin du coté froid et aseptisé de son bureau que Liv avait imaginé. C’était un loft comme celui de Dane mais avec une grande terrasse en plus. « Tu as l’air surpris ? » Ellen avait observé Liv alors qu’elle faisait le tour de la pièce. Regardant les photos et les affiches sur les murs. — Je m’étais préparée à ce que ton appart ressemble à ton bureau. — Il y a une différence entre le travail et le personnel. — Je vois ça, le contraste est saisissant. Liv vint s’assoir sur un des tabourets et posa les coudes sur le bar. Ellen avait commencé la préparation de leur petit déjeuner. Les œufs étaient déjà dans la poêle, les toasts se faisaient doucement griller, la cafetière filtrait tranquillement le café et les oranges sur le plan de travail n’allaient pas tarder à finir en jus. Les différentes odeurs firent gargouiller le ventre de la gardienne de but. Mais à cet instant, elle ne savait de quoi elle avait le plus faim. Regarder Ellen cuisiner lui donnait d’autres envies. Le petit déjeuner délicieux avait déposé une douce torpeur sur les deux jeunes femmes. Assise face à face à la table du coin salon, elles finissaient tranquillement leur café. Liv sentait la fatigue la rattraper doucement mais elle continuait de lutter pour ne pas mettre fin à ce moment. Elle laissait son esprit divaguer et sursauta presque en entendant la voix d’Ellen. « Tu as tous les stigmates de quelqu’un qui a sommeil. » — Tu sais que c’est déstabilisant que tu remarques tout. — J’ai été formée pour ça : pour voir ce que les patients ne veulent pas dire. — Je ne suis pas une de tes patientes en ce moment. — C’est un fait. Mais tu es une personne qui me plaît et je me préoccupe des personnes qui me plaisent. Tu veux dormir ici ? Ellen vit parfaitement le changement d’expression de Liv. Il n’y avait besoin d’aucune formation spécifique pour voir la peur qui avait traversé les yeux de la gardienne. — Ne panique pas, il ne se passera rien. Je te propose juste de dormir. Premièrement, je suis trop crevée pour penser à faire des trucs comme tu dis. Deuxièmement, je t’ai dit que nous prendrions notre temps. Et troisièmement, te mettre sur la route à cette heure avec la fatigue et les conducteurs qui n’ont pas fini de distiller ne me semble pas très prudent. Liv chercha une excuse pour battre en retraite sans que cela se voit mais son cerveau refusa de coopérer. A défaut de trouver une échappatoire, elle s’entendit répondre : — Tu as un t-shirt à me prêter ? Ellen cacha sa victoire derrière un léger sourire. — Je dois pouvoir te trouver ça. Il y a une brosse à dents neuve dans le premier tiroir à droite du lavabo. Liv ne chercha pas à analyser le fait qu’elle avait une brosse à dents en plus. Elle ne voulait pas se demander si PETERSEN était une habituée de ce genre de situation, si beaucoup d’autres filles s’étaient retrouvées devant cette glace du dentifrice goût menthe dans la bouche. Elle ne chercha pas non plus à deviner si le t-shirt qu’elle lui tendait avait recouvert d’autres corps. Elle s’allongea juste sous la couette, posa la tête sur l’oreiller et ferma les yeux en sentant la main d’Ellen prendre la sienne. Ellen resta un moment éveillée. Jusqu’à ce que le soleil d’hiver vienne zébrer le parquet. La respiration ralentie de Liv montrait qu’elle avait rejoint Morphée depuis longtemps. Elle avait compris cette nuit qu’il lui faudrait du temps pour apprivoiser Liv et lui faire admettre que l’on pouvait être avec quelqu’un sans que sa vie en soit complètement chamboulée. Sa réaction quand elle lui avait demandée de dormir ici aurait été comique si elle n’avait été si significative des relations que Liv entretenait avec ses sentiments. Il faudrait plus d’un dîner pour calmer les craintes de la gardienne internationale. Alors qu’une mèche égarée venait frôler la joue de sa belle endormie, Ellen se dit que Liv ARLENSEN valait la peine qu’elle étudie en détail cette sportive atypique. *** Liv se réveillait doucement. Alors qu’elle allait se retourner pour mettre en route la radio, elle se rendit compte que l’oreiller sous sa joue n’était pas le sien. Après avoir ouvert les yeux, elle constata aussi que la lumière n’était pas la même. Il n’y avait pas de raie de soleil chez elle. En jetant un regard par-dessus son épaule, elle découvrit Ellen encore endormie. Il ne lui fallut qu’un quart de seconde pour que tous les wagons se raccrochent et que la soirée et la nuit de la Saint Sylvestre se résume dans l’esprit de Liv. Elle venait de passer sa première nuit avec PETERSEN. Il est sûr que Katri ne manquerait pas de se moquer et de relever le côté trop sage de la nuit. Car il était établi pour l’ailière qu’il était impossible de dormir avec quelqu’un d’attirant et qu’il ne se passe rien. Rattrapée par la physiologie humaine, Liv dut quitter le lit mais alors qu’elle n’avait pas encore fait deux pas, la douce voix d’Ellen la rattrapa. « Tu te sauves ? » La chirurgienne avait senti Liv se réveiller. Elle avait pu compter les secondes pendant le laps de temps où la gardienne s’était retrouvée entre deux mondes avant de sentir le tressaillement du retour à la réalité. Elle était à présent couchée sur le côté, en appui sur son coude joue sur la paume de sa main. — Non, j’ai besoin d’une pause technique. Ellen sourit. Elle aimait les expressions détournées de Liv : « faire des trucs », « pause technique ». L’espace d’un instant, elle avait cru que la joueuse allait filer en douce, envoyant un simple message d’excuses plus tard dans la soirée. Mais la gardienne était toujours là au retour de la salle de bain, dans son t-shirt sans forme, celui qu’Ellen préférait pour dormir habituellement. *** Danielle avait présenté ses vœux à toute sa famille. Zoé avait absolument voulu lui montrer ses progrès en norvégien. La conclusion de Solveig, qui avait suivi avec attention la prononciation de la dernière des KASLER, était qu’elle avait le même accent que sa grande sœur. Ce qui avait été jugé normal par les deux sœurs vu qu’elles étaient toutes les deux Suisses. Liv était rentrée chez elle en début de soirée. Après son premier réveil, elle s’était recouchée et elle devait reconnaître que somnoler dans les bras de PETERSEN avait été très agréable. Toute l’équipe se retrouvait le lendemain à l’entraînement avant un départ le surlendemain pour Nuremberg pour un match de Ligue des Champions. ***
[url=#_ftnref1] [1][/url] Bonhomme de neige | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 13 Mar 2016 - 23:56 | |
| ZURICH – Impair manque et passe
Dimanche 4 janvier 2013 – 19h00 | Ligue des Champions J4 / Nuremberg - Copenhague | Tout d’abord : Godt nytår ! Godt nyttår ! Gott nytt år ! Bonne année ! Gelukkig nieuwjaar ! Prost Neujahr ! [url=#_ftn1][1][/url] Je pense n’avoir oublié aucune langue de l’équipe de Copenhague. La politesse étant respectée, place au terrain. Le réveil musculaire va être difficile. Moins de trois jours après le nouvel an, les joueuses se retrouvent pour la 4ème journée de la Ligue des Champions. Copenhague en est à 2 victoires et 1 défaite. Nuremberg totalise trois défaites. Au match aller les deux équipes s’étaient quittées par un écart de +9. Alors est-ce que les toasts et le champagne ont bien été digérés tout comme le Championnat d’Europe ? réponse dans 1 heure.
[…] Mi-temps : 16 – 20
[…] Fin du match : 28 - 42 L’année commence bien pour Copenhague. Les Allemandes auront tenu une mi-temps. Rentrant aux vestiaires avec 4 buts de retard à la pause, elles ont lâché prise en 2ème période. La dinde de Noël n’a pas laissé de trace sur les joueuses d’HAMERSEN. Il faudra confirmer en championnat dès mercredi. Pas le temps de souffler pour les championnes en titre. Jusqu'au 17 janvier, elles vont enchaîner les matches tous les trois jours. Prochain match : Copenhague - Sønderjyske 07/01/2009. Bonne soirée ! |
*** Katri attendait dans un bar du centre de Copenhague. Kévin devait lui présenter sa sœur aujourd’hui. Elle avait essayé de repousser l’échéance. Elle avait même pensé à le larguer pour ne pas rentrer dans son intimité familiale. Elle préférait encore se faire secouer par la défense russe que de laisser des liens trop personnels se tisser. Alors qu’elle pensait à quitter le bar en justifiant plus tard son absence par un impondérable du handball, elle le vit rentrer et prendre la direction de sa table. Trop tard ! « Salut ma belle. Je te présente Kjerstin. Kjerstin voici Katri. » La première chose qui frappa l’ailière norvégienne ce fut qu’ils avaient le même regard. Pas seulement la couleur des yeux, ils avaient la même manière de la regarder. Et la deuxième fut que Kjerstin était Lesbienne. Son gaydar ne se trompait jamais et là il avait allumé tous les voyants. Elle était loin du cliché de la butch camionneuse. Elle semblait cacher sa sensibilité sous son blouson en cuir un peu trop grand. Ces cheveux bruns mi longs bouclaient légèrement. Katri savait que Kjerstin étant la jumelle de Kévin, avait 26 ans mais, à la voir avec sa besace en bandoulière, son jeans et les écouteurs de son lecteur MP3 coincés dans le col de son pull à capuche, elle n’en faisait pas plus de 20. Limite si le barman n’allait pas lui demander sa carte d’identité si elle commandait une bière. — Enchantée de te rencontrer Katri. Mon frère m’a beaucoup parlé de toi. Elle avait l’accent typique de Copenhague avec des traces de quelqu’un qui a passé trop de temps loin de sa base. Depuis son arrivée dans la capitale danoise, Katri avait bien fait attention à ne pas perdre son propre accent du sud de la Norvège. Elle avait toujours refusé de ressembler à Dane. Bien que la manière dont s’exprimait sa coéquipière ait un certain charme, avec le traînant de son côté suisse, il n’en restait pas moins qu’elle était un hybride verbal. — Ravie de te rencontrer aussi. Kevin m’a dit que tu rentrais d’un voyage au Canada. Tu as dû en prendre plein les yeux. — C’était super ! C’est le paradis pour un photographe. J’ai pu profiter de l’automne et la saison des couleurs, puis des premières chutes de neige, des lacs entièrement gelés et pour finir le grand nord avec ses animaux. Il faisait un froid polaire mais ça valait vraiment le coup. Et toi ton Championnat d’Europe ? — Un nouveau super souvenir avec l’équipe de Norvège. La finale était un pur régal. — Comme celle des Jeux ? — Tu as regardé celle de Pékin ? — Bien sûr. J’ai dû faire une overdose de sport ce mois-là. Je vivais à l’heure Chinoise. Kévin a failli péter un câble. — Tu m’étonnes commenta l’intéressé. Elle squattait ma chambre. — Obligée, tu as la meilleure télé et c’est toi qui a le plus de chaines de sport. — Normal vu que moi j’ai pris le pack sport et toi nature et création. — Pas nature et création, patate. Nature et histoire. Katri sourit en voyant les jumeaux se chamailler. Elle décida d’intervenir avant qu’ils ne se mettent à se tirer la langue. — Je ne veux pas me ranger du côté de Kjerstin mais c’est vrai que tu as une super télé. — Rien ne l’empêchait d’acheter la même avec l’argent que Papa nous a donné. — J’ai choisi de me payer un appareil photo. — Un de plus… Tu en as combien ? — Pas assez. Katri ne put retenir son éclat de rire. Deux regards identiques se tournèrent vers elle. — Pourquoi tu ris ? demanda Kévin. Avant que Katri ne puisse répondre le portable de Kjerstin se manifesta. — Désolée, c’est un contact qui serait intéressé par certaines de mes photos. Ils la regardèrent se lever et sortir pour trouver un peu de calme. — Pourquoi tu rigolais alors ? redemanda Kevin. — Vous êtes mignons tous les deux. On dirait des adolescents. Quand la jeune femme revint, elle dut s’excuser à nouveau cette fois ci de les abandonner définitivement car son contact partait dans la soirée et qu’il voulait voir les clichés avant le décollage de son avion. Et vu que c’était un client qui pouvait rapporter beaucoup, elle ne pouvait pas laisser passer cette occasion. Kevin et Katri comprirent très bien la chose et ils se promirent de planifier un dîner rapidement. Le soir, chez elle, tranquillement installée dans son canapé, Katri repensait à sa rencontre avec Kjerstin. Elle devait reconnaître qu’elle avait du charme et qu’elle aurait aimé que la conversation dure plus longtemps. Kevin lui avait proposé de passer la soirée ensemble mais elle avait refusée prétextant un entraînement matinal le lendemain. La vérité c’est qu’elle n’était pas d’humeur. *** La journée n'avait pas été différente des autres au lendemain de la victoire contre Sønderjyske. Après le décrassage, les filles étaient restées au foyer pour que Thia et la responsable communication leur présentent le programme et les échéances du mois à venir. Les demandes d’interviews avaient été réparties et le planning pour les déplacements des matchs à l’extérieur avait été distribué. Liv était rentrée se préparer avant son dîner avec Ellen. Solveig et Danielle s’étaient arrêtées pour faire des courses. Linda et Eva avaient marché jusqu’au cinéma. L’après film les avait conduit ensemble sous la couette de la flamande. Les autres avaient tranquillement vaqué à leurs occupations. *** Liv repéra Ellen assise au bar en train de lire. « Je suis si en retard que ça ? » — Non c’est moi qui étais très en avance. Je suis venue directement du CMS. J’ai eu peur d’être en retard si je faisais l’aller-retour. Et pour être tout à fait franche, j’ai craint de ne pas repartir de chez moi si je me posais. — Si tu es fatiguée, nous pouvons remettre le dîner à un autre jour. — Non. J’ai envie de ce repas avec toi. — Alors ne tardons pas. Ta journée a été difficile ? — J’ai eu un joueur de foot pas très coopératif. — Un nouvel empêcheur de soigner en rond ? — Moque-toi. Liv sourit simplement contente de la légèreté de leur échange. Elle avait craint une certaine gêne. Ce n’était que leur deuxième rendez-vous et elles ne s’étaient pas vues depuis leur réveil au 1 er janvier. — Et toi ta journée ? — Décrassage et réunion. La routine. Après demain, nous affrontons Metz, pour un nouveau match de Ligue des Champions. — Votre planning est serré en ce moment. — Cinq rencontres en treize jours dont deux à l’extérieur. — Juste après les Championnats d’Europe, je vais vous voir défiler au CMS. — Le championnat est fait pour entretenir ton fond de commerce. — Il ne faudra pas que j’oublie de verser une rétro commission. Tu as envie de manger quoi ? — Je ne sais pas, je meurs de faim en tous cas. *J’ai faim de toi.* Liv espérait qu’elle n’avait pas rougi suite à la pensée qui venait de traverser son esprit. *** Danielle rangeait les courses dans le placard tout en réfléchissant à ce qu’elle allait faire à manger. La tendance penchait fortement vers des pâtes à la bolognaise. Solveig était dans le jardin en train de faire courir Bones dans la neige. Il allait encore rentrer avec des glaçons accrochés à ses poils et il faudrait le faire coucher près du radiateur de l’entrée sur sa serviette le temps qu’il sèche. Son téléphone posé sur le plan de travail se mit à sonner. *** Katri avait rejoint des amis dans un bar gay de Copenhague. Elle aimait ces soirées gentilles. Elles lui permettaient de couper avec le monde du hand pendant une paire d’heures. Autour de la table, il n’y avait aucune joueuse et la majorité ne pratiquait aucun sport. Les discussions s’orientaient autour des derniers films sortis, du dernier roman à la mode et de bien d’autres sujets parfois très futiles mais hautement importants. *** Ellen regardait Liv faire disparaître le dernier bout de salade de son assiette. Ou la gardienne norvégienne avait vraiment très faim ou alors elle adorait la salade car celle-ci n’avait pas fait long feu. La chirurgienne avait pu se rendre compte de tout le sérieux de Liv dans son alimentation. Elle avait vu beaucoup de sportifs qu’il fallait constamment rappeler à l’ordre car leur courbe de poids variait trop. *** Solveig rentra, suivie de Bones. Alors qu’elle le faisait s’asseoir sur sa serviette près du radiateur, elle entendit Dane parler au téléphone. Elle était en mode français ce qui voulait dire que c’était sa famille ou Andy. Elle ne prêtait pas attention à la conversation jusqu’à ce que les mots vol et ce soir lui fassent lever la tête et prendre la direction du salon. Danielle était devant son ordinateur portable coinçant le téléphone entre son oreille et son épaule. « Oui, j’atterris à 23h30. Je te laisse papa, je n’ai pas beaucoup de temps pour aller à l’aéroport. » Elle raccrocha et continua de pianoter sur son ordinateur. — Tu dois aller quelque part ? demanda Solveig en s’approchant. — Oui, je dois être à l’aéroport dans une heure. — Euh… Ok. Danielle venait de rabattre l’écran de son ordinateur avant de disparaitre en direction de la chambre. Quand Solveig la rejoignit, elle était en train de mettre des affaires dans le sac qu’elle utilisait quand elle partait en voyage. — J’ai le droit de savoir où tu vas ? Tu sais qu’après demain nous jouons contre Metz. — Le hand n’est pas ma priorité pour l’instant. Alors que Dane prenait la direction de la salle de bain, Sveig l’arrêta. — Tu ne peux pas partir comme ça. J’ai droit à quelques explications. Dane la regarda pour lui répondre mais ne semblait pas la voir. Elle le faisait mécaniquement comme si elle n’était pas vraiment là. — Je dois aller à Zurich. Papa m’y attend. La dernière fois que Danielle était partie pour cette ville c’était pour aller voir son grand père hospitalisé. — Hans ne va pas bien ? Devant le silence de sa petite amie, une froide idée s’imposa dans l’esprit de la capitaine norvégienne. — Il lui est arrivé quelque chose ? — Il est mort. *** Katri était en train de passer sa commande au bar quand elle sentit quelqu’un lui taper sur l’épaule. Elle se retourna et se trouva face à Kjerstin. « Salut Katri ! Il me semblait bien que c’était toi. » *** Liv regardait Ellen couper sa viande avec une précision toute chirurgicale. Ses tranches de roastbeef étaient à présent des petits carrés égaux. Elle retrouvait dans ce geste le coté méthodique de la chirurgienne qu’elle avait déjà vu lors du rangement de son bureau. Elle lui avait dit qu’il y avait une différence entre le travail et le personnel mais ce soir cette partie « rigide » de sa personnalité ressortait sur un geste anodin. *** Le temps d’arrêt que Solveig avait marqué à l’annonce de la nouvelle avait permis à Dane de disparaitre dans la salle de bain. La capitaine norvégienne allait la rejoindre quand elle la vit ressortir. Il n’y avait aucune expression sur son visage. Et cela inquiétait Sveig. Ce n’était pas du tout la réaction qu’elle avait imaginée pour le jour où cette nouvelle arriverait. — Tu peux m’appeler un taxi, s’il te plait ? — Je vais t’emmener. — Non, je préfère faire le voyage seule. Ses intonations étaient sourdes et Sveig remarqua que les muscles de ses mâchoires étaient bien visibles preuve qu’elle serrait les dents. — Comme tu veux. Je peux faire autre chose ? — Prévenir Thia. Je ne sais pas quand je reviens. Solveig alla chercher son téléphone portable et appela un taxi. Elle s’occuperait de leur entraîneur plus tard. — Ton taxi sera là dans cinq minutes. Tu me tiens au courant ? — Oui. Solveig attira Dane contre elle. Elle déposa un baiser dans son cou. Elle voulait lui montrer qu’elle était avec elle. — Appelle si tu as besoin. A n’importe quelle heure. — Ok. Il faut que j’y aille. Sinon je vais rater l’avion. Danielle glissa hors des bras de Solveig. — Je vais l’attendre dehors. Je t’appelle demain. Solveig la regarda enfiler son blouson et mettre son sac sur son épaule. Elle ne savait pas quoi faire. Elle aurait su si Dane avait pleuré ou bien si elle s’était mise en colère mais face à l’absence de réaction elle se sentait désemparée. *** Kjerstin, s’était jointe à Katri et ses amis. Elle qui avait craint que ça ne parle que de sport appréciait le débat sur la trilogie Millenium[url=#_ftn2] [2][/url]. Elle avait dévoré les romans de Stieg LARSSON et regrettait qu’il soit décédé avant d’avoir pu continuer son œuvre. Elle était même allée à Stockholm pour faire le Millenium Tour sur les traces des héros. Katri, elle, semblait être tombée sous le charme de Lisbeth SALANDER. *** Ellen et Liv venaient d’en finir avec leur dessert. Si la gardienne norvégienne avait choisi une salade de fruits, la chirurgienne n’avait pas pu résister au fondant au chocolat et sa boule de glace vanille. Elle avait toujours eu un véritable problème avec le chocolat. Pendant ses études de médecine, elle avait dû consommer la production annuelle de la Cote d’Ivoire. Elle avait la chance de pouvoir manger ce qu’elle voulait sans que son corps n’assimile tout. Elle se demandait si Liv était sérieuse par nécessité ou par habitude alimentaire. *** Solveig se trouvait seule au milieu du salon. Bones était assis à ses pieds, la tête appuyée contre sa cuisse. Elle lui gratta machinalement le derrière de l’oreille se foutant bien qu’il mouille le parquet. Tenant encore son téléphone à la main, elle se secoua et appela Thia. Leur entraîneur répondit dès la première sonnerie. « Bonsoir Sol. » — Bonsoir Thia. Désolée de te déranger si tard mais je dois t’annoncer que Dane ne sera pas du match contre Metz. — Qu’est ce qui se passe ? — Elle a dû partir d’urgence à Zurich. Son grand père vient de décéder. — Oh merde ! Si tu veux l’accompagner vas-y. — Non, je vais rester avec le groupe. Pour l’instant elle a besoin d’être avec sa famille. — Ok. Mais si tu dois sauter dans un avion n’hésite pas. — Merci Thia. On se voit demain. Bonne soirée. — Bonne soirée Sol. Essaie de dormir. Après avoir raccroché, Solveig alla s’assoir dans le canapé et essaya de se concentrer sur une émission à la télé. Plus tard dans la soirée, elle composa le numéro de Liv mais tomba sur sa messagerie. *** Katri et Kjerstin étaient à présent seules à leur table. Les autres membres du groupe étaient partis au fur et à mesure que la soirée avançait. « J’en reviens pas que tu n’aies pas lu Guerre et Paix[url=#_ftn3] [3][/url]. » — Excuse-moi de ne pas aimer les sagas familiales à l’eau de rose, commenta Katri. — Comment tu peux dire que c’est gnangnan si tu ne l’as pas lu ? — Le résumé m’a largement suffi. — C’est dommage de juger un livre à sa couverture ou le cas présent à son quatrième. C’est un peu comme juger quelqu’un sur son apparence. — Vu comme ça, si ce livre recroise ma route, je le lirai. — Je te le prêterai comme ça je suis sûre que tu le feras. — Si tu veux. En levant les yeux au ciel pour montrer son renoncement, le regard de Katri croisa la grosse horloge derrière le bar. — Il va falloir que j’y aille, je suis déjà en retard sur mon heure de coucher. — Tu as un match demain ? — Après demain, contre une équipe française. J’ai un entraînement demain matin. C’est pour ça qu’il ne faut pas que je tarde si je ne veux pas avoir une tête de déterrée pendant les explications de Thia. — Je comprends. Je vais y aller aussi, demain, je dois travailler sur mes photos. Je dois les rendre à l’impression dans une semaine. — Je vais payer notre note et on partage un taxi ? — Ça me va. Kjerstin regarda l’ailière circuler entre les tables et elle aimait le spectacle du corps de la handballeuse ondulant. Tout ça d’un point de vue purement artistique bien sûr. *** Liv avait longtemps hésité à inviter Ellen à prendre un dernier café chez elle. Les arguments et contre arguments avaient été nombreux et étaient arrivés en ordre dispersé. La possibilité de continuer à discuter au calme c’était rapidement vu suivre de que va-t-elle penser de mon appartement, rattrapé par un et si elle refuse, je me cache où ? Bousculé par j’ai envie de l’embrasser… Le dernier à se joindre à la fête avait été : et après le café, il se passera quoi ? Ellen se promenait dans le salon de Liv et observait la décoration. Il y avait beaucoup de photos. Très peu étaient des paysages. Il y avait surtout des personnes, des instantanés d’évènements. La chirurgienne crut reconnaître la sœur de Liv à la ressemblance de leurs traits. Il y en avait plusieurs avec Solveig et d’autres joueuses de hand. Elle repéra celles prises aux Jeux Olympiques dont celle qu’elle avait vue dans la presse où plusieurs membres de l’équipe norvégienne avaient posé sur la Grande Muraille de Chine. Sur le cliché, Danielle avait le regard perdu au loin, pendant que Solveig et Katri semblaient mimer un duel à l’épée. Liv, en retrait, les regardait le sourire aux lèvres. Le bilan de son observation était qu’il n’y avait aucune mégalomanie chez Liv car elle n’apparaissait pas ou peu sur les photos et souvent au deuxième plan. Il y avait surtout des clichés de groupe et des impressions avec Solveig, ce qui donnait l’idée qu’elles avaient passé de nombreuses vacances ensemble. Sur les murs du salon, il n’y avait que des traces de bons moments. « Vous avez l’air de vous être bien amusées à Pékin. » — C’était génial ! Et la médaille d’or a amplifié toutes les émotions. Liv, deux tasses à la main, rejoignit Ellen. Cette dernière les lui prit des mains et les posa sur la table basse. — Pour être franche, je n’ai pas vraiment envie de café. La chirurgienne n’ajouta rien et vint poser ses lèvres sur celles de Liv. La médaillée d’or de Pékin se laissa aller, oubliant que demain elle avait une mise en place tactique et qu’il n’était pas très prudent de s’aventurer sur cette pente glissante. *** Danielle était à présent assise dans l’avion qui l’emmenait vers Zurich. Depuis l’appel de son père, elle s’était refusée à laisser la nouvelle faire son chemin en elle. Si elle y pensait vraiment, toute la tristesse de cette perte allait la clouer sur ce siège plus longtemps que la durée du vol. Elle s’en voulait d’avoir repoussé Solveig mais le seul moyen de ne pas s’écrouler était de faire le voyage non accompagné. Pour couper court à toute discussion avec le chauffeur de taxi, elle avait mis les écouteurs de son lecteur MP3 dans ses oreilles et s’était concentrée sur la musique d’Evanescence jusqu’à ce que l’hôtesse de l’air lui demande de les enlever le temps du décollage. L’avion était pratiquement vide et le silence la dérangeait. L’avion quitta le sol et disparut dans la nuit danoise. Chaque minute qui passait la rapprochait d’une réalité qu’elle ne pourrait plus nier. *** Katri regardait la carte de visite que Kjerstin lui avait donnée avant qu’elle ne descende du taxi. La soirée avait été très agréable. Elle avait beaucoup apprécié de discuter avec la sœur de Kevin. Cette dernière était capable de tenir une conversation sur n’importe quel sujet. Elle lui avait raconté quelques anecdotes de ses voyages et Katri avait presque regretté de ne pas les avoir vécues avec elle. Etrange sentiment. *** Liv, de son coté, était partie pour un autre type de voyage. Elle sentait les mains d’Ellen se promener sur son corps nu. Elle retrouvait les gestes précis qui avaient déjà provoqué bon nombre de sensations à une époque où tout n’était encore que médical. Si dans toutes les scènes qui avaient traversé son imagination depuis quelques mois, elle avait connu la douceur des lèvres d’Ellen, elle aurait rendu les armes bien plus tôt. Elle se serait aussi sûrement liquéfiée sur place, ce qui aurait été un peu gênant. Liv essaya de se rappeler la dernière fois qu’elle avait éprouvée de telles sensations. Elle s’était toujours interdit de faire les comptes de sa « non activité sexuelle », comme l’appelait Katri. Principalement pour ne pas augmenter sa frustration en arrivant à un chiffre astronomique. Son leitmotiv avait été que sa concentration en dépendait. Et comme un signal d’alarme au plus profond d’elle-même, un rappel à l’ordre, elle arrêta Ellen dans sa progression. Elle l’attira contre elle et posa ses lèvres dans son cou. La chirurgienne sembla comprendre le message car elle n’insista pas et s’installa contre le corps de celle qui allait devenir son amante d’ici peu de temps, elle l’espérait. ***
Vendredi 9 janvier 2009 – 09h00 | Carnet noir | L’information est apparue tôt ce matin sur le site du club, Hans KASLER le grand-père de Dane KASLER est décédé hier dans la journée. Daniel KASLER s’est bien sûr tout de suite envolée pour la Suisse. Elle ne sera donc pas présente pour l’opposition face aux messines demain. Mais il est normal qu’elle ait d’autres préoccupations en ces instants de deuil. L’interrogation se porte sur ANDERSEN. A-t-elle suivi sa petite amie ou bien sera-t-elle présente demain sur le terrain. Quoi qu’il en soit, tous les lecteurs et lectrices de ce blog et moi-même présentons nos condoléances à la famille KASLER. |
*** Dane avait retrouvé son père tard à Zurich. La nuit avait été courte. Le lendemain, ils avaient pris la route pour Gams et alors que Peter se garait dans la cour de la ferme, elle avait espéré que son Grand Père ouvre la porte et vienne les accueillir sur le perron comme à son habitude. Mais la réalité qu’elle avait tenue à distance pour ne pas s’écrouler sur la route, prit tout son sens face à cette porte qui restait close. *** Le vestiaire de Copenhague était silencieux en ce jour de match de Ligue des Champions. Même Katri ne parlait pas. Elle semblait encore sonnée comme toutes les autres. La veille Thia avait écourté l’entraînement, aucune des joueuses n’ayant la tête à courir après un ballon après l’annonce du décès de Hans. Elles connaissaient toutes l’importance qu’il avait pour Dane. Surtout les joueuses norvégiennes qui avaient pu le rencontrer à Pékin. Il était celui qui en avait fait l’une des leurs. Liv s’en était voulu de ne pas avoir répondu la veille à son amie. Car l’appel en absence quelle n’avait vu que le matin, trop absorbée par son rendez-vous avec Ellen, devait avoir pour sujet la mort de Hans et le départ de Dane. Du coup, elle avait annulé sa rencontre avec la chirurgienne pour passer du temps avec son amie. Elle avait passé la soirée et la nuit chez sa capitaine. Sol l’avait interrogée sur sa relation avec Ellen. Consciente que cela lui changerait les idées et l’empêcherait de tourner ses pensées vers la Suisse, elle lui avait raconté tout par le menu au sens propre du terme vu qu’elle lui avait décrit aussi ce qu’elles avaient mangé au restaurant. Tôt ce matin Solveig avait reçu un message qui l’avait quelque peu rassurée : ## Nous sommes à Gams avec papa. Maman et Zoé sont à Zurich. Passe le bonjour à l’équipe pour moi et dis leur de mettre une rouste à Metz de ma part. Je t’appelle après le match. ## Et toute l’équipe comptait bien plier l’équipe française pour Dane.
Samedi 10 janvier 2009 – 19h00 | Ligue des Champions J5 / Copenhague - Metz | Bonjour à tous ! Cinquième journée du premier tour de la Ligue des Champions. Le match aller en France s’était soldé par une victoire de +13 pour Copenhague. Metz arrive au Danemark avec un bilan de 2 victoires (contre Ljubljana et Nuremberg) et 2 défaites (Copenhague et Ljubljana). L’interrogation sur la présence d’ANDERSEN a été levée dans la matinée. Elle est donc bien sur le terrain aujourd’hui. Elle est actuellement en plein discours d’avant match. |
Solveig se tenait au milieu du cercle pour le discours d’avant match. « Ce match, nous allons le jouer pour Hans et pour Dane. Nous allons éviter de rajouter une défaite au ciel sombre qu’elle traverse. Quand elle jouait en France, elle n’aimait pas cette équipe alors rien que pour ça montrons notre meilleur handball. » Elle se releva et prit place dans le cercle avec les autres tendant son bras main ouverte paume vers le haut. Ce fut Liv qui vint la première poser sa main sur la sienne. Les autres suivirent et c’est dans un bel ensemble qu’elles crièrent : « Pour Hans ! » […] Mi-temps : 16 – 14 Ceux qui s’inquiétaient de l’état d’esprit de l’équipe de Copenhague, ceux qui avaient peur qu’elles n’aient pas la tête à jouer au handball peuvent se rassurer. Même si l’écart n’est que de 2 buts, les messines sont au bord de la rupture. Ce sont pour l’instant les ex lyonnaises qui tiennent la baraque dans l’équipe française.
[…] Fin du match : 35 - 27 En surrégime toute la première mi-temps pour ne pas être distancées au score par les locales, la reprise aura été fatale aux messines. En encaissant un +4, elles ont permis à Copenhague de se mettre à l’abri et de gérer leur avance. Avec cette victoire, Copenhague reste à égalité en tête de la poule avec l’équipe de Ljubljana. La première place se jouera dans une semaine en terre slovène. En attendant dans 4 jours il faudra se concentrer sur le championnat et la venue d’Arhus, 3ème au classement, à 1 point derrière les championnes en titre. Prochain match : Arhus - Copenhague le 14/01/2009 Bonne soirée ! |
*** Solveig était restée longtemps au téléphone avec Danielle. Elle lui avait raconté le match. Le fait qu’Isabelle était là mais n’était pas rentrée sur le terrain. Cela avait mieux valu pour elle car Linnea avait promis de lui faire vivre un enfer. Elle lui avait aussi transmis le bonjour de ses ex-coéquipières. Elle lui avait présenté les condoléances des diverses personnes qu’elle avait croisées depuis la nouvelle. Sveig avait beaucoup parlé, Dane avait écouté. *** Danielle était sortie pour appeler Solveig, elle s’était installée sur la souche d’arbre sur laquelle son Grand Père fendait son bois pour l’hiver. La neige recouvrait encore les toits et une partie du sol. Dans la nuit, déjà tombée, il n’y avait que sa voix et le nuage de fumée qui se formait quand elle expirait. Elle avait écouté Solveig pour ne plus entendre le silence. Le fait qu’elles aient gagné lui faisait plaisir. Metz resterait toujours Metz même si elle n’évoluait plus dans le championnat français.
[url=#_ftnref1] [1][/url] Bonne année en (dans l’ordre) danois, norvégien, suédois, français, flamand et allemand. [url=#_ftnref2] [2][/url] Millénium est une trilogie de romans policiers de l'écrivain suédois Stieg LARSSON, publiée en Suède de juillet 2005 à mai 2007 [url=#_ftnref3] [3][/url] roman de Léon Tolstoï. Publié entre 1865 et 1869 dans Russkii Vestnik, un périodique de l’époque, ce livre narre l’histoire de la Russie à l’époque de Napoléon I er (notamment la campagne de Russie en 1812). | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Lun 21 Mar 2016 - 0:00 | |
| AALBORG – Knock Out
Mercredi 14 janvier 2009 – 19h00 | J14 / Copenhague - Arhus | La composition de l’équipe de Copenhague a été incertaine jusqu’à l’arrivée des joueuses à l’Arena. Les incertitudes pesaient sur la présence ou non de KASLER et d’ANDERSEN. Les 2 internationales norvégiennes étaient hier encore à Zurich pour assister à l’enterrement du grand père de KASLER. Pour ce match, l’équipe de Copenhague portera un brassard noir en mémoire d’Hans KASLER. Une minute d’applaudissements sera réalisée avant le coup d’envoi. |
Danielle avait vu l’ensemble des deux tribunes se lever et applaudir. Toutes ses coéquipières faisaient de même. Avant-hier matin, elle n’avait presque pas été étonnée de retrouver Solveig à coté d’Andy devant l’hôtel où elle était descendue avec ses parents et Zoé. Elle l’avait souhaité sans jamais oser leur demander. Sveig avait des engagements à Copenhague et un match à préparer contre Arhus, justement. Andy avait son bar. Elle n’avait pas voulu les déranger mais sa petite amie et son meilleur ami avaient dû lire entre les silences. Et c’est dans un long manteau noir pour Solveig et un duffelcoat pour Andy qu’ils s’étaient tenus à ses côtés alors que le cercueil de son Grand Père disparaissait consumé par les flammes du crématorium. Les dernières volontés du vieil homme étaient d’être incinéré et que ses cendres reposent avec ses compagnons de lutte à Trondheim. Une cérémonie serait organisée plus tard en terre norvégienne. Danielle s’était sentit petite mais protégée entre ces deux tour qui n’avaient pas lâché ses mains. Entendre aujourd’hui tous ces gens taper dans leurs mains pour quelqu’un qu’ils n’avaient pas connu contrastait avec le silence des jours précédents. Alors qu’elle tapait à s’en faire rougir les mains, Solveig ne pouvait détacher son regard de Danielle. Elle n’avait pas hésité une seconde avant de sauter dans le premier avion pour Zurich qui partait le lundi matin. Elle n’avait pas non plus été étonnée d’y retrouver Andy. Toujours présent quoi qu’il arrive. Il y avait tout d’abord eu une cérémonie dans l’église de Gams où beaucoup de monde était venu dire au revoir à Hans KASLER. Solveig avait écouté avec attention les mots que Dane avait choisis pour parler de son Grand Père. Sa voix n’avait pas flanché et les larmes n’avaient pas débordé pour exprimer toute l’admiration et l’amour qu’elle avait pour cet homme. La minute prit fin. Alors qu’elle allait s’asseoir sur sa chaise, Thia regarda Sol et Dane claquer dans les mains de leurs coéquipières. Elle leur avait laissé la semaine avant de revenir mais les deux joueuses l’avaient appelée la veille pour lui annoncer qu’elles seraient à Copenhague pour le match d’Arhus. Même si au début elle avait pensé les laisser au repos, elle avait compris que Dane avait besoin de penser à autre chose. Thia les avait donc alignées d’entrée. 1ère minute : 01 – 00 KALSER allume la première mèche et le pétard explose. Tir puissant à 9m qui fait mouche.
[…] Mi-temps : 12 – 10 KASLER est en option tout terrain ce soir. Elle évolue aussi bien en attaque qu’en défense. Et elle a de la dynamite dans les jambes. Elle monte très haut au-dessus de la défense avant de lâcher son bras.
[…] Fin du match : 25 - 17 Un match 100% KASLER. 7 buts, 6 passes et 50 minutes de jeu. Les joueuses d’Arhus auraient sans aucun doute préféré qu’elle reste forfait. Prochain match : Copenhague - Ljubljana le 17/01/2009 Bonne soirée ! |
*** Danielle s’installa sur le plateau de TV2 Danemark. Au lendemain de leur victoire contre Arhus et à l’avant-veille de la réception de Ljubljana, elle était l’invitée de la partie sport du journal. Katri avait tenu à jouer les habilleuses et Dane n’avait pas eu le courage de l’en dissuader. La chef de plateau fit signe qu’ils étaient à nouveau en direct. « Bonsoir à ceux qui nous rejoigne. Notre invitée ce soir est Danielle KASLER, arrière droit de l’équipe de handball de Copenhague, s’il est encore besoin de la présenter. Bonsoir Dane. » — Bonsoir ! — Tout d’abord je tiens à vous présenter nos condoléances de la part de toute la chaîne. — Merci. *** Solveig, après avoir déposé Dane au studio télé, avait rejoint Liv chez elle et avait été agréablement surprise d’y trouver Ellen. Leur relation semblait plus avancée que ce que son amie lui en avait dit. Assise dans le canapé à sa place habituelle, la capitaine norvégienne ne voulait pas manquer l’interview et elle commença à faire la grimace dès le deuxième commentaire du journaliste. Il n’était pas obligé de lui parler d’entrée de son grand père. *** « Après les obsèques de votre grand père, vous avez créé la surprise en revenant assez tôt pour jouer contre Arhus. C’était une volonté personnelle ou une directive du staff de Copenhague ? » — Un choix personnel. Le staff ne m’a mis aucune pression pour revenir. — Pourquoi ce choix ? — Quand en décembre, je suis allée voir mon Grand Père hospitalisé, il m’a sermonné d’avoir quitté le stage de préparation pour les Championnats d’Europe. Je me suis dit que le plus bel hommage que je pouvais lui rendre était de retourner sur le terrain. Et puis jouer permet de penser à autre chose. — Après demain vous affrontez Ljubljana pour la dernière journée de première phase de la Ligue des Champions. Vous êtes pour l’instant à égalité avec cette équipe pour la première place. Quels sont vos objectifs pour ce match ? — La victoire. — Une victoire vous mettrait dans le même groupe que Viborg votre bête noire cette saison. *** « S’il continue, il va savoir ce que c’est d’avoir une bête noir. » — Calme-toi Sol, intervint Liv. Tu le connais, il essaie de créer une rivalité entre les deux équipes depuis au moins deux ans. Ce qu’il n’a pas compris c’est que nous nous connaissons très bien sur et en dehors du terrain. Tu te vois aller te battre contre Linn[url=#_ftn1] [1][/url] ou moi contre Katrine[url=#_ftn2] [2][/url] ? — Non pas vraiment. J’ai trop de bons souvenirs avec elles. — Tu vois. Et puis Dane commence à être rompue à ce genre d’interview. Ne t’inquiète pas pour elle. *** « Il est vrai qu’elles nous ont sévèrement battu en championnat mais nous avons remporté la Nordea Cup à leur dépend. Le score est pour l’instant d’une manche partout. » — La Nordea Cup n’était peut-être pas un objectif pour le club de Viborg. — Je ne connais pas d’équipe qui laisserait passer l’occasion de remporter un trophée. — Sur vos deux oppositions elles mènent de 9 buts. — Le goal-average peut être important en fin de saison j’en ai fait l’expérience en France mais le plus important est de gagner le match qu’il faut. Je veux bien perdre tous les matchs de saison régulière contre Viborg, en prenant une raclée même, si le jour du titre ou d’une finale nous gagnons. *** « Et pan dans tes dents. » — Sol ! la réprimanda Liv. — Ben quoi ? Je suis d’accord avec Dane. — Moi aussi. Enfin peut-être pas pour une autre raclée mais elle a raison sur le fait de gagner le bon match. *** « Certains journalistes disent que l’équipe de Copenhague est en fin de cycle quel est votre avis ? » — Qu’on ne juge pas un cheval au milieu de la course. Une saison c’est 28 matchs de championnat, 3 de Nordea Cup et 16 de Ligue des Champions. Ce qui fait en moyenne 47 matchs si vous allez au bout de chaque compétition. Il est très difficile voire impossible de tous les gagner. Donc si perdre un match c’est être en fin de cycle, beaucoup d’équipes le sont. — Viborg est invaincu. — Elles ont perdu en Nordea Cup. — Je parle en championnat et en Ligue des Champions les deux compétitions en cours. — Nous verrons si elles le restent jusqu’à la fin. — C’est un défi que vous leur lancez ? — Non. Je leur souhaite le meilleur parcours possible. Et puis les matches engagés sont les meilleurs à jouer. *** « Et un cours de fair-play ! Un ! » — Sol ! — Il m’énerve. — On s’en était rendu compte. *** « Sur les réseaux sociaux et sur le web en général, vous avez reçu beaucoup de soutien après le drame qui a touché votre famille. Pourquoi avoir choisi une minute d’applaudissements plutôt qu’une minute de silence ? » Dane devait faire un effort pour répondre aux questions du journaliste. Tant que le sujet était le handball, elle supportait son air fouineur. Mais il commençait à l’agacer à l’interroger sur une partie beaucoup plus privée et à remettre à nouveau sur le tapis la mort d’Hans. — Hans était muet. Depuis l’occupation allemande il vivait dans le silence mais était un grand communicant. Le bruit des gens qui tapent dans les mains était le moyen le plus naturel de lui rendre hommage. Je voudrais remercier toutes les personnes qui ont envoyé des messages de soutien à ma petite sœur via son blog. Elle ne tardera pas de vous donner des nouvelles. — Votre grand père comptait beaucoup pour vous et c’est grâce à lui que vous pouvez jouer pour l’équipe de Norvège. Est-ce que le fait de porter le maillot rouge aura une signification différente pour vous ? — J’ai toujours été fière de porter le maillot norvégien. Il est une part de ce que je suis et je ferai toujours en sorte de le respecter. — C’est sur ces mots pleins de sagesse que s’achève ce journal. Merci Dane d’avoir été mon invitée. Bonsoir à tous et je vous donne rendez-vous demain même heure même endroit. Dane fut soulagée quand un opérateur vint lui enlever son micro. Elle était à deux doigts de le traiter de connard et elle préférait rester polie. Elle devait faire appel à tout le mélange de son flegme anglais et de sa patience suisse pour ne pas lui dire ce qu’elle pensait de ses méthodes. Elle ne traîna pas dans la loge. Elle enfila son blouson ramassa son sac et avant que quelqu’un n’ait pu la retenir, elle était sur le trottoir. Deux, trois fans attendaient pour un autographe. Ils étaient restés à distance lui laissant le choix de venir à leur rencontre ou non. Dane aimait ça ici. Tout comme en Norvège les gens attendaient. Ils n’étaient pas intrusifs. Elle signa quelques autographes, accepta de faire quelques photos et s’en alla à pied pour rejoindre l’appartement de Liv qui se trouvait à deux pâtés de maisons. *** « Danielle est toujours aussi calme en interview ? demanda Ellen. Car mis à part ce léger tic avec son pouce et son index. Je la trouve très posée et pourtant le journaliste a décidé d’orienter ses questions sur des points sensibles. Il a délibérément utilisé le mot « grand père » plutôt que d’utiliser son prénom pour ramener le coté personnel au premier plan. » — Elle a déjà eu à faire face à des journalistes qui voulaient créer la polémique. Il y a eu toute une série d’articles avant les Jeux Olympiques comme quoi, elle avait trahi la France, qu’elle avait fait exprès de perdre la finale de coupe EHF et d’autres choses du genre, expliqua Solveig. — Je vois. Ça doit lui demander un gros travail sur elle-même. Son coté timide doit beaucoup la gêner. — C’est peu dire. Si elle pouvait, elle passerait son temps cachée derrière les grandes de l’équipe. Alors qu’elle a un talent fou, renchérit Liv. Nous pensions que la blessure de Sol la forcerait à s’émanciper mais même au Championnat d’Europe, elle a continué de se fondre dans la masse. — Danielle donne le sentiment d’avoir deux personnalités : une pour le terrain et l’autre pour la vie de tous les jours. C’est vraiment un trait très marqué chez elle. — Docteur Dane et Miss KASLER, se moqua Liv. — En quelque sorte, sans le côté vicieux et pervers de Mr Hyde bien entendu. La sonnerie de l’interphone se fit entendre. — En parlant de Hyde, je pense que la voilà. Les quatre jeunes femmes étaient assises autour de la table et dégustaient le repas préparé par Ellen. Elles avaient commenté l’interview et parlé du match du surlendemain contre Ljubljana. La chirurgienne avait bien senti un léger malaise chez Liv. Comme si elle appréhendait cette rencontre. C’était peut-être le souvenir de sa blessure au match aller qui mettait une certaine tension dans ses propos. La conversation avait glissé vers l’actualité de ce début d’année, si bien qu’elles en étaient arrivées au dessert sans s’en rendre compte. « C’était délicieux Ellen, déclara Solveig. Faut-il en conclure que tu es aussi douée en cuisine qu’avec un scalpel ? » — Pour l’un comme pour l’autre il est toujours question de précision et de procédure. — C’est une vision toute chirurgicale de la cuisine. Le jour où tu découpes un poulet je veux voir ça. — Je t’appellerai. Solveig et Dane prirent congé de leurs hôtes, juste après 22 heures. Demain elles devaient être à l’Arena à 9 heures, pour une séance de mise en place. Ellen de son côté avait trouvé Danielle presque absente. La joueuse devait encore être un peu en Suisse. ***
Samedi 17 janvier 2009 – 19h00 | Ligue des Champions J06 / Copenhague - Ljubljana | Bonsoir à tous ! Dernier match de la première phase. Le public est au rendez-vous pour cette qualification au deuxième tour. Ljubljana et Copenhague sont à égalité avec une défaite chacune : Metz pour les slovènes et leur adversaire du jour pour les danoises. Celle qui remportera ce match se retrouvera dans la poule de Viborg, pour l’autre ce sera celle de Györi, deux clubs invaincus aussi bien en championnat qu’en Ligue des Champions. Copenhague est au complet pour cette rencontre. KASLER porte toujours son brassard et il semblerait qu’elle ait décidé de le garder jusqu’à la fin de la saison. 1ère minute : 01 – 00 Comme lors du dernier match de championnat c’est KASLER qui ouvre les hostilités. Tir à 9m croisé pleine lucarne.
[…] Mi temps : 15 – 14 La lutte est féroce. ARLENSEN est dans un grand jour face à la pivot adverse TARNOPOLKAYA et elle n’a encore encaissé aucun but venant des ailes. KASLER assure ses passes et offre de magnifiques ballons à ses partenaires pour aller au tir. La clé du match sera dans la résistance au défi physique que les deux équipes s’imposent.
[…] 31ème minute : 15 – 14 Sur la première action de 2ème mi-temps, TARNOPOLKAYA vient d’envoyer délibérément le ballon dans le visage d’ARLENSEN alors qu’une faute venait d’être sifflée. Ça brasse un peu dans la zone des 6m. Rappelons que la pivot slovène est assez coutumière du fait. Au match aller c’était les côtes flottantes d’ARLENSEN qui avaient été touchées. L’internationale norvégienne sort pour quelques instants.
[…] 33ème minute : 16 – 14 Qui a commandé un sandwich pain norvégien et garniture slovène ? KASLER et ANDERSEN n’ont laissé aucune chance à TARNOPOLKAYA. Alors que la joueuse slovène voulait profiter de l’intervalle entre les deux défenseurs, la porte c’est violemment refermée. Les arbitres ne sachant pas à qui mettre les 2 minutes donnent jet de 7m. TARNOPOLKAYA a rejoint son banc pour récupérer. Vu le sourire en coin qu’avaient les deux joueuses norvégiennes, cela ressemble fort à une petite vengeance suite au geste de leur adversaire.
[…] 50ème minute : 30 – 24 KASLER a le bras chaud. En rentrant tout droit dans la défense slovène, elle inscrit son 8ème but de la soirée
[…] Fin du match : 38 - 30 Copenhague n’a fait aucun cadeau à Ljubljana. Comme au match aller la rencontre a été très physique. Elle risque de laisser des traces dans les organismes. KASLER qui semble n’avoir peur de rien ni de personne n’hésite plus à percer les défenses adverses pour aller marquer dans des positions acrobatiques. Dans moins d’une semaine il faudra confirmer la même envie à Viborg pour ne pas subir la même déroute qu’au match aller. Prochain match : Copenhague - Viborg le 23/01/2009 Bonne soirée ! |
*** Alors qu’elle s’allongeait sous la couette, Dane avait l’impression d’avoir fait un cycle long dans un lave-linge géant. Elle avait mal partout. Le match avait été très physique mais elle s’y attendait. L’équipe de Ljubljana était réputée pour ça. Elle ne s’était pas ménagée non plus mais elle préférait cette douleur du corps que celle du cœur qui l’empêchait presque de respirer parfois. Bien que fatiguée, elle ne trouva pas le sommeil. Elle resta allongée sans bouger pour ne pas déranger Solveig. Elle resta un moment à regarder le plafond avant que Morphée ne vienne la cueillir. Liv, de son coté, avait posé une poche de glace sur sa mâchoire qui avait un peu bleui. Ellen avait proposé de passer pour la soigner mais la gardienne avait refusé. Passer la soirée avec la chirurgienne après avoir affronté son ex n’était pas une bonne idée. Elle s’attendait à une crasse de Mariana et celle-ci n’avait pas manqué à ses habitudes. Liv avait beaucoup apprécié que Sol et Dane lui rendent la monnaie de sa pièce. Ses deux amies n’y étaient pas allées de main morte et Mariana était restée de longues minutes sur sa chaise à la recherche de son souffle. *** Trois jours avant leur opposition face à Viborg, Solveig avait répondu aux questions des journalistes aux cotés de Thia. En rentrant à la maison, elle avait trouvé un mot sur la table basse. « Je profite de ce jour de repos pour aller taper dans le ballon. Je fais les courses pour le repas de ce soir sur le chemin du retour. Envoie-moi un message si tu as besoin de quelque chose que nous n’avons pas mis sur la liste. Repose-toi bien. Dane. » Solveig sortit sur l’arrière de la maison pour laisser Bones courir. La passion du foot n’avait pas tout à fait déserté sa petite amie. Dès qu’elle en avait l’occasion, elle allait au parc ou au stade retrouver d’autres joueurs et joueuses. Elle l’avait accompagnée plusieurs fois mais c’était un truc qui lui appartenait. Un moment qui lui était propre où elle redevenait un peu la Dane qu’elle était avant son entrée dans le monde du handball. En plus, elle gérait les courses. Elle n’avait donc qu’à se détendre et profiter de cette fin d’après-midi d’hiver. ***
Samedi 24 janvier 2009 – 10h00 | Retour sur le match Copenhague - Viborg | Après leur victoire hier soir 27-22, Copenhague grignote 2 points au leader. Sur l’ensemble des 3 matchs disputés, les joueuses de la capitale sont encore déficitaires au nombre de buts -4 (-12+3+5). Il n’en reste pas moins que la rencontre était très intéressante. Copenhague qui a évolué avec une défense 6-0 ne faisant sortir que TORSTENSON ou KALSER pour jouer l’interception sur certaines transmissions de balle. Cela ressemblait fort à une tactique travaillée à l’entraînement après une séance de vidéo. ARLENSEN qui avait été souvent trompée lors des tirs venant des ailes au match aller a été intraitable hier. ANDERSEN, blessée au match aller, a montré que sa présence apportait de la stabilité en phase défensive. S’il y avait eu un trophée de la meilleure joueuse hier soir, il aurait été pour KASLER qui était encore hier en mode « serial buteuse » comme elle a été surnommée dans plusieurs articles de journaux cette semaine. Elle a fait un match plein dans tous les sens du terme. Elle a joué les 60 minutes et a rendu une feuille de stats de 8 buts et 9 passes décisives. A l’inverse du match aller, elle a su se défaire du marquage strict qui avait à nouveau été mis en place sur elle. Elle a fait preuve d’un engagement physique total, n’hésitant pas à aller au contact pour contrer les attaques adverses et de monter haut au-dessus de la défense pour aller au tir. Dans la lignée des deux derniers matchs, KASLER est dans une excellente dynamique. Elle semble avoir bien digéré les Championnats d’Europe. Certains journalistes avancent l’idée que la pause imposée par le décès de son grand père lui a fait du bien. En attendant, grâce à une KASLER très en forme, Copenhague revient à 2 points de Viborg. Il y aura encore deux matchs de championnat avant que la 2ème phase de la Ligue des Champions ne débute par un déplacement à Koprivnica, ville de Croatie proche de la frontière hongroise. En attendant le match à Slagelse, bonne semaine à toutes et tous. |
*** Danielle attendait dans le bureau d’Ellen. Tero étant retourné à l’école pour une semaine, dans le cadre de la formation continue des kinés mise en place par la fédération, toutes les joueuses un peu secouées lors du match de la veille étaient passées entre les mains de PETERSEN pour les soins. A cette annonce Katri ne s’était pas gênée pour chambrer Liv sur le fait qu’elle, elle recevrait ses soins à domicile. Le visage fermé de la gardienne l’avait dissuadée de continuer. Dane, de son coté, était là car Thia n’avait laissé le choix à aucune des joueuses sur la liste. Bien que le match ait été physique et qu’elle soit allée au duel, elle se sentait bien. « Bonjour Danielle. » Ellen ne s’était pas manifestée tout de suite à son entrée et avait observé la joueuse faire des allers-retours en suivant la ligne de carreaux au sol, perdue dans ses pensées. « Bonjour Ellen. » — Désolée pour mon retard. — Pas de problème. Dane s’était arrêtée de marcher mais battait la mesure avec son pouce sur sa cuisse. — Belle victoire hier ! — C’est toujours bon de battre le premier. — Je n’en doute pas. Tu as des douleurs particulières ou tu es là pour une revue générale ? — Revue générale. — Bien. Tu peux passer à côté et te mettre en short et t-shirt. Alors que l’arrière droit quittait la pièce, Ellen nota tout de suite quelques lignes dans le dossier de la joueuse. Elle constata ensuite que Dane avait beaucoup de bleus surtout concentrés sur les zones des hanches, des coudes, des genoux et des épaules. La chirurgienne n’avait pas vu le match mais elle devinait que les chocs que ce soit avec l’adversaire ou le sol avaient été rudes et nombreux. Ce qui l’inquiétait c’était la faible réaction à la douleur qu’avait Dane quand elle touchait les hématomes. « Tero t’a donné quelque chose pour toutes ces contusions ? » — Non. J’en prends quand vraiment je n’ai pas le choix. — Quand est votre prochaine séance d’entraînement ? — Demain matin. — Bien, tu peux te rhabiller. Je vais voir avec Thia pour que tu viennes faire un peu de balnéo à la place. Tu vas finir pas ressembler à une aubergine à force. — Si tu juges que c’est nécessaire. Tu pourras juste demander à Thia de me confirmer où je dois être demain matin : à l’Arena ou ici ? — Je lui transmets le message. En attendant, repose-toi. Dane quitta le CMS et Ellen resta songeuse. L’attitude de la joueuse n’était pas habituelle. Elle était de nature calme et Ellen sentait chez elle une certaine nervosité. Le fait qu’elle ne tienne pas assise sans motif apparent alors qu’elle l’avait trouvée sagement installée quelques mois plus tôt dans la salle d’attente alors que sa petite amie venait de se blesser, continuait d’allonger la liste des signes de désordre intérieur. *** Danielle ne savait pas depuis combien de temps elle courait mais les muscles de ses mollets commençaient à tirer. Le froid lui piquait les joues et les premiers flocons commençaient à tomber mais c’est sans ralentir qu’elle gravit la volée de marche pour rejoindre la grande allée du parc. *** Solveig promenait Bones. Le chien sautait pour attraper les boules de neige que la capitaine norvégienne lui envoyait. Elle espérait qu’à son retour Dane serait rentrée de sa ballade en centre-ville car les flocons commençaient à grossir. *** Ellen était venue assister au décrassage de l’équipe de Copenhague après leur victoire à Slagelse. Elle était inquiète pour Dane. Elle avait suivi le match à la télévision et l’avait trouvée très marquée à la fin de la rencontre. Les cernes qui étaient apparus sous ses yeux dès le buzz final étaient le signe d’une très grande fatigue. Moins de seize heures plus tard, elle n’en avait plus aucun stigmate. Une nuit de sommeil ne suffisait pas pour évacuer un tel état, en sachant qu’il fallait en plus y ajouter le voyage retour. Certes il n’était pas très long mais une heure dans un bus après un effort prolongé équivalait à trois heures d’un voyage standard. Le métabolisme de Dane semblait dysfonctionner. L’hypothèse d’Ellen était que le « neurone porte », qui autorise l’entrée à la zone du thalamus[url=#_ftn3] [3][/url], semblait être toujours actif ou partiellement actif, ce qui ne permettait pas l’arrivée complète de l’information au cerveau. Le danger était le surrégime musculaire et cardiaque car sans la sonnette d’alarme déclenchée par la sensation à la douleur, le corps pouvait aller au-delà de ses possibilités. La chirurgienne était à peu près sûre que l’état de forme de Dane était un leurre. Elle allait demander à Thia de libérer la joueuse pour un examen. *** Solveig n’était pas fière de ce qu’elle était en train de faire mais il fallait qu’elle sache ce que faisait Dane. Depuis huit jours et le match contre Viborg, elle était constamment en vadrouille, à chaque fois pour un prétexte différent et ne rentrait que peu de temps avant le dîner. La capitaine norvégienne avait imaginé plein de scénarii. Certains biens plus farfelus que d’autres. Allant même à penser que Dane la trompait. Et celui-là, elle ne l’avait pas aimé du tout. Elle craignait ce qu’elle allait découvrir et se demandait si « ne pas savoir » n’était pas mieux. Faire l’autruche pouvait être une solution mais les caractéristiques de ce volatil ne faisait pas partie du caractère de la joueuse norvégienne. Solveig avait donc suivit Danielle jusqu’au Frederiksberg Have, un des grands parcs de Copenhague qui jouxtait le zoo. Elle l’avait regardée ouvrir son coffre et s’asseoir pour enfiler une paire de chaussures de football. Elle l’avait laissée prendre de l’avance en longeant les courts de tennis, un ballon sous le bras. Sol était restée à couvert alors que sa petite amie traversait le terrain de foot. Elle s’était arrêtée devant un mur sur lequel était tracée une cage de football, à la peinture blanche. Ce fut ce soir-là que Solveig compris tout l’importance que ce sport avait eu et avait encore dans vie de Dane. Car depuis à présent vingt minutes, elle frappait contre ce mur toujours en visant le rectangle blanc. La capitaine norvégienne comprenait aussi le pourquoi de la nécessité de la douche dès qu’elle rentrait à la maison. Ce jeu la faisait sprinter entre chaque frappe pour récupérer le ballon qui revenait avec pratiquement la même force qu’elle lui avait donné. Peu importait ce qu’elle avait pensé, la vérité était bien différente et peut-être dans le fond plus saine et sans doute logique. La question qui restait sans réponse était pourquoi elle s’imposait cela en plus des entraînements habituels. Danielle commençait à sentir ses cuisses brûler. Continuer de ressentir cette douleur physique pour repousser celle du cœur. Frapper dans ce ballon, ou courir à en perdre le souffle, ou encore travailler la précision de ses tirs bras droit et bras gauche, soir après soir, lui permettait d’expulser cette colère qui lui collait au corps depuis la mort de son Grand Père. La colère et le chagrin… Toujours ce même leitmotiv : évacuer pour ne pas se noyer. Malgré les heures d’effort qu’elle s’imposait, la fatigue ne semblait pas vouloir s’arrêter sur elle. Et le sommeil était long à venir. *** Ellen regardait les trois écrans devant elle et prenait des notes. Danielle était un peu plus loin en train de courir sur un tapis. Elle suivait un protocole de courses fractionnées, enchaînant les sprints et les phases de repos. Si son rythme cardiaque montait bien sous l’effort pour atteindre son palier d’entrée en résistance, il redescendait bien plus vite que la normale. Ceci pouvait expliquer le phénomène de récupération accélérée. Rester trop longtemps en résistance était un problème mais revenir trop rapidement au repos en était un aussi. Il impliquait une fatigue cardiaque. Ellen élimina le coté pathologique. Dane n’avait pas eu d’arythmie, même pendant sa croissance, et rien dans son dossier ne montrait le moindre signe de problème cardiaque. Ellen s’orienta vers un changement psychologique. Elle aurait préféré la première hypothèse. Si elle avait choisi la chirurgie orthopédique c’était dû au fait que c’était de la mécanique, que l’ensemble était livré avec un plan. La partie psychologique était beaucoup plus complexe, lié à bon nombres de facteurs aléatoires. Dans le cas de Dane, Ellen supposait que son mental bloquait la douleur et la fatigue pour permettre à son corps d’extérioriser sa colère et le sentiment d’injustice liés à la perte de son grand père. La solution était que la joueuse fasse son deuil mais avant tout, elle avait besoin de repos. PETERSEN était sûre d’une chose c’est que d’ici peu la nouvelle star du hand allait s’écrouler. ***
Mardi 3 février 2009 – 18h00 | J17 / Copenhague - Aalborg |
[…] Mi-temps : 14 – 13 Copenhague mène d’un but à la mi-temps. Le match est engagé. Le défi physique promis est bien présent. KASLER, dans sa lancée des matches précédents, continue son festival offensif. Elle est redoutable à 9m et n’hésite pas aller au tir quitte à se faire secouer un peu. L’équipe locale profite au maximum de la réussite de son arrière droit.
[…] 35ème minute : 18 – 15 Nouveau but pour KASLER. Copenhague prend un peu d’air.
[…] |
Dane attrapa le ballon main gauche, fit une feinte extérieure pour rentrer à l’intérieur. Elle prit son impulsion mais avant de lâcher son bras elle sentit une poussée sur sa hanche droite. Déséquilibrée, elle bascula et avant qu’elle ne touche le sol le noir s’était fait. […] 36ème minute : 18 – 15 Catastrophe ! Alors qu’elle montait à nouveau au tir KASLER a été bousculée. En retombant, elle semble avoir heurté le genou d’une adversaire. Elle reste allongée sur le sol. |
Ellen, assise dans les gradins, n’eut pas besoin de croiser le regard inquiet de Liv pour descendre sur le terrain. Elle avait bien vu les deux chocs : celui sur le genou de l’adversaire puis celui sur le sol. Elle n’eut pas besoin de demander aux joueuses de s’écarter, elles se poussèrent pour lui laisser la place de travailler. Le sang qui s’écoulait de l’arcade de Dane n’était pas trop inquiétant en soit, par contre son immobilisme et son manque de réaction laissaient penser à quelque chose de plus grave. Ellen fit signe à Tero et sans qu’elle ne rajoute quelque chose il amena le kit d’immobilisation et appela les secours. Si la chirurgienne avait été superstitieuse, elle aurait pu croire que ses pensées avait porté la poisse à la joueuse. Mais pour Ellen, il n’y avait pas de hasard, juste des faits. Depuis maintenant 15 minutes, KASLER est aux mains du service médical du club. Elle a été sanglée sur un brancard, les cervicales bloquées dans une minerve impressionnante. C’est la deuxième fois que KASLER quitte le terrain de cette manière. Si la première fois, à Pékin, elle était simplement groggy aujourd’hui il n’y a aucune réaction. |
D’un regard, Thia avait indiqué à Sol qu’elle pouvait accompagner Dane. L’entraîneur de Copenhague savait pertinemment que si elle était restée, elle aurait été incapable de jouer. Ce n’était pas la même situation qu’aux Jeux Olympiques. Elle sentait que Liv aurait aimé aussi les suivre. Elle connaissait la profonde amitié qui unissait sa gardienne, sa capitaine et maintenant son arrière droit. Elle n’ignorait pas non plus que quelque chose commençait entre Liv et la nouvelle chirurgienne. Ce fut donc entre Ellen et Solveig, encadrées de quatre pompiers que Danielle quitta l’Aréna. Le brancard fut verrouillé dans les rails du véhicule d’urgence et en même temps que la sirène se faisait entendre, le camion se mit en route. « Nous allons au CMS. Mon équipe est prévenue de notre arrivée. » Ellen continuait de prendre les choses en mains. Solveig était focalisée sur les paupières toujours closes de sa petite amie qui frémissait de temps en temps suivant les gestes de la chirurgienne. Dès que la porte s’ouvrit, Danielle fut prise en charge par l’équipe du Docteur PETERSEN. « Perte de connaissance suite à choc à la tête. Aucune communication depuis l’accident. Glasgow[url=#_ftn4] [4][/url] à 6 mais non significatif car choc trop récent. Réponse musculaire aux tests de reflexes standards genoux, coudes et mâchoire. Fronce les paupières à la douleur. Plaie à l’arcade. Radio cervicales, tronc, bassin sur planche pour commencer. Préparez le scanner. » Si elle n’avait pas été si inquiète, Solveig aurait sûrement sourit en entendant parler Ellen comme le Docteur Ross dans Urgence. Elle connaissait l’Echelle de Glasgow et heureusement que le résultat était « non significatif » car sinon cela voulait dire que Dane était dans le coma. […] Fin du match : 20 - 28 C’était à prévoir. Les joueuses de Copenhague ont encaissé un 2-13 dans les 20 dernières minutes. Privées de KASLER et ANDERSEN et sûrement très inquiètes pour leur coéquipière, elles n’ont pas pu conserver leur avantage au score. Le manque de concentration dans la transmission de balle était flagrant. Cette défaite permet à Arhus après sa victoire contre Sønderjyske de revenir à 3 points de Copenhague et à Viborg de prendre 4 points d’avance. Mais je ne pense pas que les joueuses s’intéressent beaucoup au classement ce soir. Certaines d’entre elles se sont excusées auprès des journalistes, voulant rejoindre leur capitaine le plus vite possible pour avoir des nouvelles de KASLER. Prochain match : Koprivnica - Copenhague le 07/02/2009 (Ligue des Champions) Bonne soirée ! |
Liv retrouva Solveig dans la salle d’attente. Cette dernière ne fut pas surprise de voir son amie arriver habillée de sa tenue de match. Elle avait juste dû passer par les vestiaires pour récupérer son sac et les clés de sa voiture. « Tu as des nouvelles ? » — Pas pour l’instant. Ellen est avec elle. Elle a toute une liste d’examens à passer. — Elle a repris connaissance ? — Pas à son arrivée ici. A présent, je ne sais pas. Liv s’assit à côté de son amie et posa sa main sur la sienne. — Dane est solide. Il faut juste attendre que la belle au bois dormant se réveille. — Et Ellen est le prince charmant ? — Merlin l’enchanteur à la rigueur. Mais si on pouvait éviter toute ambiguïté, ça m’arrangerait. Elles se sourirent, parenthèse dans l’attente. Ellen de son côté regardait les radios de Danielle. Il n’y avait heureusement aucune fracture au niveau des cervicales, ni sur le dos ou le bassin. Elle avait donc été libérée des sangles qui la maintenaient à plat sur le brancard mais gardait toujours la minerve par sécurité. Elle était en train d’être préparée pour le scanner. Alors qu’Ellen s’installait derrière les écrans, elle vit, grâce à la caméra interne, les yeux de Dane papillonner. Elle ouvrit rapidement le micro et commença à parler. « Danielle, c’est Ellen, tu es en train de te réveiller. Ne panique pas tu es installée pour un scanner. Ne bouge pas, l’examen va commencer. Si tu m’as entendu cligne deux fois des yeux.» Elle s’appliqua à le faire. C’était une bonne chose, que la joueuse de Copenhague commence à reprendre conscience. Cinquante-deux minutes s’étaient écoulées depuis son accident sur le terrain. L’examen fut plein de surprises pour la chirurgienne. Outre le fait qu’elle découvrit un petit hématome sous-dural qui ne nécessitait pas une intervention mais juste une surveillance, elle vit d’autres cicatrices sur le cerveau de Danielle. Elle en conclut que l’ex-joueuse de football avait déjà subi un violent choc à la tête qui avait dû entraîner un traumatisme crânien bien plus important que celui d’aujourd’hui. Ces antécédents expliquaient en partie que la période d’inconscience ait été si longue. Son cerveau et l’ensemble de son corps s’étaient mis en mode protection en souvenir des blessures passées. Il allait lui falloir du repos et du calme. Dane fut transférée à l’étage et installée dans une chambre. Elle était encore un peu groggy mais son test de Glasgow était à présent à 15. Après avoir noté un dernier point dans le dossier de sa patiente, Ellen s’approcha du lit. « Bon retour parmi nous. Comment te sens-tu ? » — Dans le pâté et j’ai mal à la tête. — Ne t’inquiète pas ce sont des symptômes normaux. Tu as soif ? — Non. J’ai surtout sommeil. — Tu peux dormir mais je te préviens tout de suite, tu seras réveillée toutes les soixante minutes durant les six prochaines heures. Tu as été inconsciente cinquante minutes. — Comment va Sveig ? Que l’ex joueuse française pense à sa petite amie avant le reste ne surprit pas la chirurgienne. — Aux dernières nouvelles, elle était sagement assise dans la salle d’attente. Liv était avec elle. Ce qui me fait penser que je viens de gagner le pari sur le fait que j’arriverai à faire respecter les règles aux joueuses de Copenhague. — Ne crie pas victoire trop tôt. Tu as les deux plus sages du groupe et Liv respecte la règle car elle ne veut pas te froisser. Sinon, elle aurait continué de faire comme avec le Professeur AVSEN. — Moi qui pensais que c’était mon autorité naturelle qui les avait impressionnées, je suis déçue. — Ne t’inquiète pas pour le côté impressionnées, je pense que tu es très bien arrivée à tes fins avec une certaine personne. — Tu veux parler de Katri, assurément, lui répondit Ellen avec un clin d’œil. Dane sourit, et la chirurgienne nota dans son dossier que les muscles de son visage fonctionnaient normalement. — Assurément ! — Je vais te laisser te reposer. Une infirmière va t’apporter quelque chose de léger pour ton mal de tête. Nous n’allons pas te shooter. Il faut que tu restes lucide. — Merci. — Dors bien. Je repasse avant de partir. Elle éteignit la lumière et sortit dans le couloir. Le noir était ce qu’il y avait de mieux pour soulager les maux de tête. Elle descendit à l’accueil pour transmettre le bilan de santé de Danielle à ses amies. Elle cacha de justesse sa surprise en découvrant la salle d’attente remplie par les joueuses de Copenhague. Toute l’équipe semblait être là. Solveig se leva pour venir à sa rencontre. Mais ce fut Thia qui posa la question : « Comment va-t-elle ? » — Elle a repris connaissance. Son allocution est tout à fait normale. Ses pupilles se dilatent et se contractent bien. Ses réflexes musculaires sont bons. Le scanner a révélé un petit hématome sous-dural sans gravité. Nous allons la garder en observation cette nuit, c’est la procédure habituelle après une perte de connaissance. Il va lui falloir du repos et du calme. Elle va être sensible à la lumière et aux bruits pendant environ dix jours. Et j’entends très bien votre question muette, elle pourra vous rejoindre sur le terrain dans un mois après un examen de contrôle bien entendu. — On peut la voir ? La question était venue de plusieurs joueuses en même temps dont Solveig. — Pour ce soir, il faudrait limiter les visites. Solveig tu peux monter, chambre 212. Les autres passez demain aux heures de visite si elle n’est pas encore sortie. Alors qu’Ellen allait suivre Solveig qui était déjà au bout du couloir, Katri l’interrogea : — Une dernière question Doc : elle a eu combien de points de suture à l’arcade ? — Pas de suture juste des strips. — Et combien de strips alors ? — Sept. — Sept ? Il n’y avait pas de la place pour un petit huitième ? — Katri, tu n’aurais pas parié sur le nombre tout de même, la gronda Ellen. — Ben si et du coup c’est Liv qui a gagné. La gardienne norvégienne s’était attendue à une remontrance ou au minimum un regard noir mais ce fut un sourire en coin qu’elle obtint.
[url=#_ftnref1] [1][/url] Linn RIEGELHUTH[url=#_ftnref2] [2][/url] Katrine LUNDE HARALDSEN[url=#_ftnref3] [3][/url] partie du cerveau gérant la douleur [url=#_ftnref4] [4][/url] L'échelle de Glasgow est un indicateur de l'état de conscience. Cette échelle fut développée par G. Teasdale et B. Jennet à l'institut de neurologie de Glasgow (Écosse) en 1974 pour les traumatismes crâniens. Interprétation : 15 : Tout va bien / 14 à 10 : Somnolence ou coma, léger / 9 à 7 : Coma lourd / 6 à 3 : Coma profond ou mort | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 27 Mar 2016 - 20:56 | |
| GAMS – Boussole détraquée Les joueuses de Copenhague étaient toutes rentrées chez elles. Solveig était restée auprès de Dane. Elle avait doucement caressé son front évitant la zone au-dessus de son œil. Elle s’était ensuite installée dans le fauteuil à côté de son lit gardant le contact en lui tenant la main. Elle ne sentit pas le sommeil la rattraper, vaincue par les émotions de la soirée. Liv avait rejoint Ellen dans son bureau. Cette dernière mettait à jour le dossier médical de Danielle en inscrivant le protocole à suivre cette nuit. « Tu me promets qu’elle va aller bien ? » La chirurgienne trouva la question très touchante. Cette équipe avait le don de la surprendre. Elle avait une nouvelle preuve que les relations entre certaines joueuses de l’équipe de Copenhague étaient bien plus qu’un simple regroupement sous un même maillot. Le groupe des norvégiennes étaient sûrement le plus soudé et le plus proche en terme relationnel. Elles étaient comme une fratrie avec leur rôle propre : Solveig en grande sœur que l’on suit les yeux fermés, Liv la sagesse à qui l’on peut tout confier, Katri la turbulente, Lena la discrète et Danielle la petite dernière pleine de fraîcheur qui grandit, protégée par les autres. — Si elle ne laisse pas traîner sa tête n’importe où, elle ira bien. Je pense que cette période de repos lui fera du bien. Le début d’année n’a pas été facile pour elle. Et sa manière de jouer depuis son retour de Zurich en est la preuve. — Comment ça ? — Tu n’as pas remarqué ? le hand est devenu un exutoire pour Dane. J’ai vu quelques-uns de vos matchs depuis le début de saison, ce qui m’avait frappé chez Dane c’était la douceur, enfin façon de parler, qu’elle mettait dans ses gestes alors que depuis cinq matchs, elle fait tout en puissance. Elle va constamment chercher le défi physique. C’est sûr que ses stats sont excellentes mais elle est en surrégime et toujours à la limite. — Parfois j’oublie que tu es très observatrice. — Elle n’a pas encore fait le deuil de son grand père. — Nous pensions que le hand lui ferait du bien. — La thérapie par le sport est une bonne idée mais Dane est dans une phase où elle est perpétuellement en colère. Le problème c’est qu’elle est en colère contre rien de physique. Elle est tout simplement en colère contre la vie. Et ce sentiment est très long à disparaître. Ellen laissa de côté la partie médicale qui ne regardait que sa patiente et elle. — Nous pouvons l’aider ? demanda Liv. — C’est un travail qu’elle doit faire seule. C’est sa peine et sa douleur. Tu viens dormir chez moi ce soir ? — Oui. La soudaineté de la question avait surpris Liv et elle avait répondu spontanément sans chercher à trouver une excuse. — Bien, le temps de finir ça et d’aller voir Dane et nous pourrons rentrer. Tu as faim ? — Heu, oui. Ellen sortit de son bureau à la fois fière d’elle, mais tout de même un peu honteuse, d’avoir utilisé un moment de relâche sentimentale de Liv pour la conduire chez elle. Elle sentait la gardienne encore sur la réserve quant à leur relation. Elle ne voulait pas la pousser dans ses retranchements mais elle voulait franchir une étape. Même si elle aimait les discussions qu’elle avait avec Liv. Elle avait envie d’une tout autre conversation. Plus corporelle… Ellen entra doucement dans la chambre de Dane. Solveig avait été rattrapée par Morphée. Toujours dans sa tenue de match sa présence semblait décalée. La chirurgienne attrapa une couverture dans le placard et vint couvrir la capitaine norvégienne. Elle aurait déjà bien assez de courbatures demain sans avoir à y rajouter un rhume. *** Katri, en sortant du CMS, n’était pas rentrée chez elle. Alors qu’elle marchait vers son bar préféré, elle avait envoyé un message à Kjerstin, lui demandant si ça la tentait de la rejoindre. Pourquoi la sœur plutôt que le frère ? L’ailière balaya la question, ne souhaitant pas s’interroger plus qu’à l’accoutumée. Mais ce fut avec un trop grand plaisir qu’elle accueillit Kjerstin, une demi-heure plus tard. « J’ai appris pour ta coéquipière. Elle va bien ? demanda la photographe à peine installée. » — Plus de peur que de mal heureusement mais elle est out pour un mois. Nous avons toutes eu très peur. — C’est compréhensible. Il n’y a rien de pire que quelqu’un qui ne bouge plus après un choc à la tête. Tout devient envisageable. Kjerstin laissa passer un silence avant de dire : — Je suis contente que tu m’aies appelée. Tu veux un autre verre, je vais m’en chercher un. — Oui, une autre petite bière, s’il te plait. — Blonde ? — Ambrée. *Comme tes yeux.*Katri s’était mordue la langue à cette pensée. Elle sortait avec Kevin. Ce n’est pas que le concept de fidélité l’ait arrêtée auparavant mais aujourd’hui elle avait une certaine réticence à le faire souffrir. Elle dut mentalement se mettre des claques pour ne pas fixer le corps de Kjerstin onduler entre les tables pour la rejoindre avec leurs deux verres. Bien plus tard dans la soirée, elle dut couper le son de sa voix intérieure qui se demandait ce que voulait dire le baiser pas tout à fait sur la joue que la photographe lui avait laissé en la quittant devant le bar. *** Liv ne sut pas si c’était la peur d’une grave blessure pour Dane ou autre chose mais quand Ellen vint poser ses lèvres sur les siennes et que ses mains se faufilèrent sous son pull, elle ne l’arrêta pas. Quand elle la conduisit jusque dans la chambre, elle l’accompagna. Quand la moitié de ses affaires se retrouva au sol, elle ne chercha pas à se cacher. Alors qu’elles étaient nues sous la couette, Liv ne put s’empêcher de laisser courir ses mains sur le corps d’Ellen. Elle ne retint pas son gémissement quand les caresses de la chirurgienne devinrent plus précises. Elle s’abandonna sans réserve à la bouche et aux lèvres de celle qui prenait cette nuit-là une place bien plus importante dans sa vie. Liv ne pouvait plus se voiler la face, elle voulait plus. Plus de moments ensemble, plus d’échanges, plus de matchs avec Ellen dans les tribunes, plus de corps à corps comme elles étaient en train de partager. Comme si elle voulait lui faire comprendre, Liv serra plus fort Ellen contre elle. La chirurgienne n’eut pas besoin de traduction pour assimiler le message de son amante. Elle vint se positionner au-dessus d’elle et glissa une jambe entre les siennes. En appui sur les avant-bras de chaque côté de la poitrine de Liv, elle plongea son regard dans le sien, suivant les différentes émotions qui passaient dans les yeux de la jeune femme. Elle recueillit sur ses lèvres le léger son qu’elle émit lorsque sa cuisse entra en contact avec la partie la plus intime de la gardienne. Cette dernière passa ses mains sur la nuque d’Ellen et l’attira plus près. Elle la voulait partout contre elle. Elle aimait la sensation de ses seins s’écrasant contre les siens, de son ventre chaud caressant le sien alors que son bassin bougeait légèrement, ses lèvres douces et sa langue curieuse qui explorait et goûtait sa bouche. Liv laissa courir ses mains sur le dos d’Ellen, ne se rendant pas compte que par ce geste, elle attirait encore plus le corps de la chirurgienne contre elle, ce qui eut pour effet d’accentuer le contact de sa cuisse sur son intimité. Un nouveau gémissement franchit ses lèvres, ce qui fit sourire Ellen. Elle commença à onduler doucement du bassin, se délectant de l’accélération du souffle de Liv. Peu de temps après, elle sentit simultanément les lèvres de Liv se poser dans son cou et les hanches de la gardienne bouger pour augmenter la cadence. Elle répondit à son envie et poussa plus fort avec sa cuisse, sentant la moiteur de la joueuse sur sa peau. Depuis leur première rencontre au CMS, Ellen voulait découvrir Liv de cette manière. Et elle ne dut pas attendre longtemps pour la sentir se contracter sous elle, serrant un peu plus ses mains sur ses reins et essayant d’étouffer ses gémissements de plaisir contre son épaule. Ellen ne bougea pas, laissant le temps à Liv de reprendre contenance. Lorsque la gardienne plongea son regard dans le sien à la recherche d’une réponse, elle l’embrassa avec toute la douceur dont elle était capable. *** Le lendemain matin, ce fut à contre cœur que Solveig laissa Dane pour rentrer prendre une douche chez elles et enfiler autre chose que sa tenue de match. Elle s’en voulait de s’être endormie de la sorte. Alors qu’elle devait veiller sur sa petite amie, c’était quelqu’un d’autre qui avait pris soin d’elle en la couvrant. Avant son départ, une infirmière lui avait dit que Dane avait passé une bonne nuit et que son état était satisfaisant. Thia était passée prendre Bones la veille pour qu’il ne reste pas enfermé plus longtemps. Ellen avait eu les mêmes difficultés qu’elle pour quitter Liv encore endormie dans son lit. Il lui avait fallu beaucoup de volonté pour s’écarter de son corps chaud et sortir dans le froid du petit matin. Elle n’avait pas beaucoup dormi mais cela ne la gênait pas. Dès ses études, elle avait appris à gérer les longues gardes qui privent de sommeil mais qui demandent toujours la même attention. Et la nuit qu’elle venait de passer avec Liv valait bien le sacrifice de quelques heures de sommeil. Elle était donc à présent, un café à la main, à côté du lit de sa grande blessée de la veille. « Comment te sens-tu ce matin ? » — J’ai soif, j’ai mal à la tête et parfois j’ai envie de vomir. — Ça ressemble à une gueule de bois. — Je n’en sais rien je n’en ai jamais eu. — Ton coté nauséeux vient de ton mal de tête. Rien d’inquiétant de ce côté-là. La soif est normale. Tu as joué un match hier même s’il s’est arrêté prématurément, il te manque la quantité d’eau que tu bois pendant ta phase de récupération. Je vais demander à une infirmière de t’apporter un verre avec une paille. — Non, pas une paille. — Pourquoi ? — J’ai le hoquet quand je bois à la paille. Ellen ne put retenir un petit rire. La future grande KASLER avait le hoquet en buvant à la paille. Il n’y avait pas de grande pathologie ici. Juste que son estomac avait tendance à gonfler lorsqu’il voyait arriver un peu trop de liquide d’un coup. Ce qui entraînait une contraction involontaire de son diaphragme. — Ok, pas de paille. J’ai deux-trois questions à te poser. Ton dossier médical est incomplet. Il est bien mentionné tes allergies médicamenteuses. Entre parenthèse ton traitement antidouleur a été adapté. Les doses ont été réduites depuis 4 heures ce matin pour que tu sois lucide à ton vrai réveil. — Merci. — J’ai aussi des infos sur ton opération du genou, ta fracture du nez, ta faiblesse dorsale mais rien qui parle de ta tête et d’autres traces que j’ai trouvées sur tes radios. — A cinq ans, j’ai été renversée par une voiture. — Tu peux m’en dire plus ? — Fractures bras et jambe droite et un traumatisme crânien. — Tu es restée inconsciente combien de temps ? — Plus de 72 heures. Et plus de trois mois à l’hôpital par la suite. — Tu t’en rappelles ? — J’ai de vagues souvenirs. Le plus marquant est une douleur constante. Dans mon esprit d’enfant, elle se matérialisait par une ombre qui restait à côté de moi. — Tu te souviens si tu as eu des séquelles pendant les années qui ont suivies ? Si tu avais des interdictions ? — Je n’avais que 5 ans mais je sais que les kinés ont encouragé mes parents à me mettre au sport. Si j’ai eu mal à la tête ensuite, ça ne m’a pas marqué. Par contre, je sais que plus tard quand je jouais au foot après les matchs où j’avais dû intervenir souvent de la tête, je souffrais souvent de migraines. — Rien d’anormal à cela. Tu n’as jamais été suivie pour ça par la suite ? — Non, c’est même un sujet que nous n’abordons pas dans ma famille. Ma mère souffre encore d’une peur rétroactive. Si je n’étais pas devenue gauchère, c’est comme si cela n’était jamais arrivé. — Je vois. Le problème c’est que cet accident a fragilisé ta tête. Tu ressembles un peu à un rugbyman. Chaque choc supplémentaire en rajoute une couche. Si j’en juge par la durée de ton inconscience d’hier, tu es déjà dans une phase avancée. — Et tu vas me demander d’arrêter de jouer ? — Tu serais rugbyman, oui. Mais pour une handballeuse ça va encore. Il faut que tu saches que tes prochains KO risquent d’être de plus en plus longs et laisser des traces. Si tu es d’accord, j’aimerai te faire passer des tests d’ici deux jours, quand tu seras un peu reposée pour avoir une base de comparaison pour plus tard. — Quels genres de tests ? — Motricité, mémoire, vision… — Ok. Je vais pouvoir sortir quand ? — Tout dépend où tu veux manger. Tu as le choix de sortir en fin de matinée ou cet après-midi mais tu auras droit au plateau repas du CMS dans le deuxième cas. — Je vote pour ce matin. — Petite nature. *** Liv s’était réveillée toute seule. Et elle en avait été presque soulagée. La nuit qu’elle venait de passer avec Ellen avait été plutôt intense. Aussi bien émotionnellement que physiquement leurs étreintes avaient été… intenses était le seul mot qui lui venait à l’esprit à cet instant. Katri aurait sûrement dit qu’elle ressentait ça car elle était en manque ou rouillée mais la gardienne norvégienne savait parfaitement ce qu’elle avait éprouvé au contact des mains de la chirurgienne. Elle ne rentrerait tout de même pas dans le concept d’avoir vu des étoiles car c’était un peu trop cliché mais elle ne pouvait se mentir sur les vibrations dont son corps avait été parcouru. Il n’avait pas fallu longtemps à Ellen pour la faire basculer la première fois. Il faut dire que la jeune femme savait parfaitement s’y prendre. Elle se souvint l’avoir presque suppliée de la pénétrer mais était-ce lors de leur deuxième ou troisième corps à corps. Liv roula sur le ventre et vint cacher son visage dans l’oreiller de son amante sentant ses joues rougir en revoyant les images de ce qu’elles avaient fait la nuit dernière. Elle y retrouva les senteurs de fruits de son shampoing et une pointe d’autre chose propre à la jeune femme. ***
Samedi 7 Février 2009 – 18h00 | Ligue des Champions T2-J1 / Copenhague - Koprivnica | Ce soir commence le 2ème tour de poule de la Ligue des champions. Copenhague reçoit les croates de Koprivnica qui ont terminé secondes de la poule C derrière Vâlcea. L’équipe devra composer sans KASLER dont l’absence a été estimée à un mois suite à son impressionnante blessure en championnat il y a 3 jours. Cette période d’arrêt est celle préconisée par la fédération danoise de handball après une perte de connaissance. Les deux premières de chaque poule seront qualifiées pour le dernier carré. Copenhague ne devra pas perdre de point en route si elles veulent conserver leur titre. |
*** Dane était dans l’obscurité. Elle avait éteint la télévision, la radio et même son ordinateur pour ne plus entendre le ventilateur. Elle avait mal à la tête et elle n’avait trouvé que le noir et le silence pour ne pas se jeter contre un mur pour s’assommer à nouveau. Elle n’était même pas capable de regarder la retransmission du match. Elle doubla la dose d’antidouleur et alla se coucher. Elle voulait juste fermer les yeux et dormir. *** […] Fin du match : 31 - 30 Que se fut dur pour Copenhague mais elles arrachent la victoire grâce à un dernier arrêt d’ARLENSEN dans la dernière minute. ANDERSEN a eu du mal pendant tout le match à se défaire de la prise en individuelle de l’équipe croate. Dans six jours les joueuses de Copenhague recevront les autrichiennes de Maria Enzersdorf qu’elles ont battues l’année dernière en finale. Le défi physique risque d’être encore très présent. Prochain match : Copenhague - Maria Enzersdorf le 07/02/2009 Bonne soirée ! |
*** A son retour, Solveig alluma la lumière du hall, surprise que l’ensemble de la maison soit dans le noir. Bones qui dormait dans le canapé, daigna se lever pour l’accueillir. Elle avait essayé de joindre Dane après le match mais elle était tombée directement sur sa messagerie. Elle avait renoncé au fixe pensant que sa petite amie devait sûrement se reposer. Elle en avait besoin. Elle la trouva dans leur chambre, sous la couette, en train de marmonner. Depuis sa blessure, Dane avait beaucoup parlé la nuit. Son traitement était à la limite plus de ce que la joueuse pouvait supporter. Solveig recula et referma la porte. « Nous allons la laisser dormir Bones. En attendant, nous allons aller faire ta promenade et préparer à manger par la suite. » *** Deux jours plus tard, Dane était au CMS. Elle avait passé un scanner pour contrôler l’évolution de son hématome et permettre à Ellen de faire les tests qu’elle souhaitait. « A combien, tu évalues ton mal de tête de 1 à 10 ? » — Ça dépend du moment de la journée et de l’environnement. Le matin au réveil et si je reste seule à la maison, je dirai 3. Si Sveig met la télé, ça monte à 5 et si je sors, 7. — Je vois. Ton hématome a commencé à se résorber mais l’idéal serait que tu puisses passer une semaine complètement au calme. — Ok. — Et à part ton crâne comment tu vas ? Dane ne fut pas étonnée qu’Ellen ait senti son malaise. Elle avait déjà entendu Liv et Sveig parler des capacités de la chirurgienne à lire entre les lignes. — Pas terrible. Je ne pensais pas que ça ferait aussi mal et aussi longtemps. — Tu as besoin de faire ton deuil. Il n’y a pas de science exacte de cette situation, chacun réagit à sa manière. Tu étais très proche de ton Grand-Père et c’est normal que tu ressentes un grand vide. Il n’y a que le temps qui guérit ce genre de blessure. Pas d’emplâtre, pas d’attelle, pas de médicament, juste un lent processus de cicatrisation. — Tu as perdu quelqu’un ? Ellen avait pour règle de toujours garder une distance émotionnelle avec ses patients. Elle avait déjà fait une entorse à sa règle avec Liv mais elle commençait à considérer Dane et Solveig plus comme des amies que comme les simples joueuses de l’équipe de Copenhague. — J’ai aussi perdu mon Grand-Père lors de ma première année de médecine. C’est pratiquement lui qui m’a élevée. Quand mes parents étaient trop occupés par leur carrière respective, ils me laissaient chez lui. — Ça t’a pris combien de temps ? — J’ai d’abord été en colère, puis triste et je ne me rappelle pas du moment exact mais sa mort est devenue plus supportable et je l’ai acceptée. Il me manque toujours et à chaque fois que je réussis une opération, je pense à lui. — Il devait être génial ! — Qu’est ce qui te fait dire ça ? — Il t’a en partie aidée à devenir celle que tu es. Je trouve qu’il a fait un bon job. — Pour ce que j’en ai vu le tien aussi. Elles restèrent silencieuses un instant. Chacune semblant revoir des scènes heureuses de leur passé respectif. Ce fut Dane qui reprit la parole. — Je peux prendre l’avion ? — Cela dépend où tu veux aller. — En Suisse. — Je n’y vois pas de contre-indication. Un vol long-courrier, je l’aurai déconseillé. La pression dans la cabine est plus élevée et cela aurait été préjudiciable pour ta tête. — Merci. — Si tu m’autorises un conseil. Prends le temps de régler les choses. Il vaut mieux accepter de perdre un peu de temps maintenant plutôt que de traîner ça des années et devoir s’allonger sur le divan d’un psy. L’espace d’un instant Dane se crut dans la peau de Zoé. Et elle se dit que ça aurait été agréable d’avoir une grande sœur. *** Solveig venait de passer deux heures en conférence de presse et autres interviews. Les questions avaient tourné autour du match de Ligue des Champions qui aurait lieu dans deux jours et de l’état de Dane. Au sujet de sa petite amie, elle avait répondu avec optimisme mais elle savait qu’elle souffrait encore beaucoup. Elle ne fut donc pas étonnée de la trouver assise dans le salon dans la pénombre. Solveig traversa la pièce et vint l’embrasser avant d’aller dans la cuisine pour se chercher à boire. « Comment vas-tu ? » — Ça va mais je suis à la limite des cachets. Elle laissa passer un silence. Depuis l’avant-veille, elle cherchait comment dire à Solveig qu’elle voulait partir. Elle inspira un grand coup et se lança. — Sveig ? — Oui ? Tu as besoin de quelque chose ? — Non, juste que tu viennes t’asseoir. Solveig sentait une certaine tension dans la voix de Dane. Son accent était moins chantant. Cela pouvait venir de son mal de tête mais elle savait au fond d’elle que quelque chose n’allait pas. Depuis la mort de son Grand-Père Danielle n’était plus la même. Elle s’assit donc sur la table basse pour être face à elle. — Je vais partir. J’ai besoin de partir. Solveig absorba la nouvelle. Elle s’en doutait. — Pour combien de temps ? — Je ne sais pas une semaine ou dix jours. — Où vas-tu ? — En Suisse. J’ai besoin d’y aller. Cela faisait deux fois qu’elle répétait le mot besoin. Elle donnait l’impression de souffrir d’être là, comme si elle manquait d’air ou d’espace. La douleur de Dane se répercutait en Sveig. Elle comprenait ses maux mais la laisser partir lui était difficile. — Tu pars quand ? — Dans trois jours. Au lendemain du match contre Maria Enzersdorf. Je viendrais à l’Aréna pour vous soutenir. — Ok. Tu prends l’avion ? — Oui, Ellen ne me l’a pas interdit. — Tu me promets de te reposer là-bas ? — Oui. Tout ce que je souhaite c’est que ce mal de tête disparaisse. Solveig vint s’assoir sur l’accoudoir du fauteuil et la prit dans ses bras. Elle lui embrassa le sommet du crâne. En Suisse, elle ne pourrait plus veiller sur elle, ni la protéger. Elle ne serait pas là pour la soutenir. Mais Dane devait faire son deuil. Elle-même n’avait que de vagues souvenirs de ses grands-parents partis tous les quatre alors qu’elle était encore qu’une enfant. Pour trouver une équivalence à la douleur de sa petite amie, elle imaginait ses sentiments si elle perdait son père. Le frisson glacé qui la parcourait à cette idée lui donnait envie de se mettre en position fœtal en espérant que tout s’arrange. ***
Vendredi 13 Février 2009 – 18h00 | Ligue des Champions T2-J2 / Copenhague - Maria Enzersdorf | Ce soir l’équipe de Copenhague retrouve les autrichiennes de Maria Enzersdorf. Les deux formations ont encore en mémoire la finale de la saison dernière où les danoises s’étaient imposées. Les autrichiennes, moins tranchantes en championnat et après avoir perdu leur premier match contre Viborg avec 12 buts d’écart, auront pour objectif d’engranger des points. Pour les locales, il faudra confirmer leur victoire contre Koprivnica. Elles devront toujours composer avec l’absence de KASLER.
[…] En parlant de KASLER, elle est arrivée à l’Aréna au milieu de l’échauffement. Avant de s’installer dans la tribune, elle a pris le temps de signer des autographes et de se laisser prendre en photo avec ses fans. |
Dane s’installa enfin à sa place, juste à côté d’Ellen qui n’étant pas de garde était venue officiellement faire une revue d’effectif sur le plan médical et officieusement pour voir jouer Liv. « Comment vas-tu aujourd’hui ? » — Ça allait à peu près jusqu’à la séance de photos. Les flashes m’ont redonné mal à la tête. — Il va falloir un peu de temps pour que la sensibilité disparaisse. — Je sais mais je pars demain et je voulais venir voir l’équipe avant. — Tu as peur qu’elles croient que tu les abandonnes ? Liv et Solveig ont essayé de m’expliquer ce concept qui m’échappe encore. — Je me suis blessée au pire moment de la saison. — Parce qu’il y a un bon moment ? — Non pas vraiment mais c’est à cette période qu’il y a le plus de matchs de Ligue des Champions et la fatigue est plus dure à évacuer à cause de la répétition. En plus je ne reste même pas sur Copenhague. — Dois-je te rappeler que tu t’es cassée la tête et que tu sois ici ou là-bas ça ne change pas grand-chose. Tu n’as pas le droit de mettre les pieds sur le terrain. De toute façon, dans ton état, tu ne tiendras pas plus de cinq minutes un effort physique. Si tu te mets à courir, ton rythme cardiaque va augmenter, ton sang va circuler plus vite, la pression va augmenter et ton hématome va se rappeler à ton bon souvenir et la douleur que tu ressentiras sera bien pire que celle que te provoque un flash de téléphone portable. Alors prends ton avion, va faire ce que tu as à faire là-bas et reviens en forme pour les aider quand elles, elles seront lessivées. Dane eut la même sensation que dans le bureau de la chirurgienne quelques jours plus tôt. Elle avait à nouveau eu l’impression de parler à une grande sœur et elle commençait à aimer cela. — Tu as raison. Pendant leur conversation, les deux jeunes femmes n’avaient pas fait attention à la personne qui s’était installée à droite de Dane. Le match était sur le point de commencer. « Excusez-moi, vous êtes bien Dane KASLER ? demanda cette même personne. » — Oui, répondit l’intéressée. — Alors c’est bon. J’ai eu peur de m’être trompée de place. Devant l’air interrogateur de la joueuse, elle crut bon de préciser : — Katri m’a dit que ma place était derrière la table de marque et à droite de Dane. Sauf que je me suis plus habituée à vous voir en short et t-shirt, plutôt qu’en tenue civile. — Je comprends. Katri aurait pu vous donner le numéro de siège ça aurait été plus facile. — Sans doute. Au fait, je suis Kjerstin. — Enchantée Kjerstin. Dane interrogea Ellen du regard pour savoir si Liv lui avait parlé d’un changement dans la vie sentimentale de Katri mais la réponse fut négative. Il fallait reconnaître que la jeune femme avait un charme certain et qu’il ne serait pas étonnant que l’ailière y ait succombé. […] Mi-temps : 15 – 14 Dire que le match est accroché est un euphémisme au vu des stats des fautes. Ça tire, ça pousse, ça tient, ça passe en zone, ça défend en zone aussi. Tout ça à cause de l’engagement que les deux équipes mettent dans ce match. Je ne sais pas si elles vont tenir toute la rencontre mais cette première mi-temps était un dur combat. |
Solveig, Liv et Katri se dirigeaient vers leur serviette et gourde respectives. Les trois joueuses ne purent s’empêcher de jeter un coup d’œil dans les tribunes. Elles y trouvèrent rapidement Ellen, Dane et Kjerstin. A leur vue les réactions furent différente : Liv sentit la fatigue s’estomper un peu, Sveig se calma et son rythme cardiaque s’apaisa, Katri, de son côté essayait d’ignorer les sensations que lui provoquait le sourire de la photographe. […] Fin du match : 32 - 29 Deuxième mi-temps moins physique que la première. Heureusement car sinon je pense qu’il y aurait eu des dégâts. Copenhague empoche les 2 points et rejoint Viborg avec 2 victoires. Un petit manque de réussite au tir pour les danoises qui les a obligé à s’employer pour faire la différence dans le dernier quart d’heure. Dans 4 jours c’est le championnat qui reprend ses droits, le résultat nous dira si Copenhague a digéré ce match. Prochain match : Horsens - Copenhague le 17/02/2009 Bonne soirée ! |
Les trois spectatrices étaient descendues sur le terrain pour rejoindre les joueuses. Liv avait enlevé son maillot et était à présent en t-shirt sans manche. C’était un de ceux fait dans ces nouvelles matières qui permettaient d’évacuer la transpiration mais qui surtout à cet instant moulait parfaitement ses formes. Et la chirurgienne n’était pas indifférente aux courbes de la jeune femme et si Liv ne lui avait pas demandé une certaine réserve en public, elle l’aurait embrassée immédiatement. De son côté, Solveig avait tout de suite remarqué les sourcils légèrement froncés de Dane, signe qu’elle luttait contre un mal de tête. Elle l’avait attirée contre elle et l’avait laissée poser son front contre son épaule. Elle lui avait caressé la nuque et elle avait eu l’impression que ça lui faisait du bien. Un peu plus loin, pour la première fois de sa vie, Katri ne sut pas quoi dire. Elle sentait une vague de timidité la submerger. Elle avait bien déjà invité des potes à venir voir ses matchs mais jamais une personne seule et encore moins une fille. Elle ne l’avait même pas proposé à Kevin alors pourquoi Kjerstin ? L’ailière se répéta sa devise : « ne pas se poser de question pour ne pas risquer de réponse déplaisante. » Les joueuses s’étaient quittées sur le parking de l’Aréna. Dane devait finir de préparer son sac avant son départ et surtout retrouver le calme de leur maison. Liv et Ellen rentrèrent chez la chirurgienne. Katri s’était entendue proposer à Kjerstin d’aller prendre un verre dans un bar. Si elle avait été raisonnable, elle lui aurait souhaité bonne nuit et serait rentrée se coucher. Mais Katri avait rarement été raisonnable et c’est naturellement qu’elle s’était retrouvée à discuter avec la photographe devant une demie pinte. Il n’y avait pas de silence gêné, la conversation passait d’un sujet à l’autre en toute simplicité. La politique, les peoples, la planète, le bio et bien d’autres thèmes furent abordés et c’est avec surprise qu’elle se rendit compte que l’heure de fermeture était arrivée. Si un jour Katri devait s’interroger sur le moment où son monde avait basculé, elle se remémorerait sûrement cette nuit-là, sur un trottoir de Copenhague, devant son bar préféré. Alors qu’elle allait déposer une bise sur la joue de Kjerstin pour lui dire au revoir, la jeune femme tourna la tête et leurs lèvres entrèrent en contact. La bonne chose à faire aurait été de reculer. Elle sortait avec son frère. Mais tout bon coup au lit qu’il était, jamais il n’avait allumé un tel incendie d’un simple baiser. Le nez de Kjerstin était froid sur sa joue bouillante. Elle ne sut pas qui fit le pas qui rapprocha encore un peu plus leur deux corps mais le contact était des plus agréables. Une bourrasque de vent, venue de la mer, plus forte que les précédentes, les fit chanceler et leurs lèvres se séparèrent. Kjerstin cacha son visage dans le cou de la joueuse de hand. Une part d’elle avait honte de trahir son frère de la sorte mais le reste était irrémédiablement attiré par la norvégienne. « Tu as si froid que ça ? » La voix de Katri était douce à son oreille. — Non. C’est juste que si je relève la tête maintenant, je vais encore avoir envie de t’embrasser. Et ce n’est pas une bonne idée. — Pourquoi ? — Tu sais bien pourquoi. — Oui. Katri poussa un soupir qui se transforma en nuage de vapeur. On fait quoi maintenant ? — Il faudrait qu’on se sépare et que chacune parte de son côté. Kjerstin parlait toujours dans le cou de la handballeuse. Mais je n’ai aucune envie de quitter tes bras. — Alors on a un problème. La photographe ouvrit ses mains et lâcha le manteau de Katri. Il lui fallut toute sa volonté pour faire deux pas en arrière et bien plus encore pour lui tourner le dos et partir. Katri resta sur le trottoir à regarder le coin de la rue par lequel, Kjerstin venait de disparaître. *Je suis dans la merde.* *** | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 3 Avr 2016 - 21:52 | |
| EUROPE – En équilibre sur un fil Dane était bien arrivée à Genève. Son mal de tête était supportable et le vol avait été heureusement calme. Pas d’enfant hurlant à plein poumon ou de groupe ne restant pas en place. Son père était venu la chercher et elle était restée trois jours à Lausanne. Elle avait ensuite pris le train pour Zurich et avait loué une voiture pour rejoindre Gams. Elle avait presque dormi pendant 48 heures après son arrivée et s’était levée bien après la fin du match contre Viborg. Tout était silencieux ici. Et son mal de tête disparaissait. Elle passait ses journées à lire installée dans le fauteuil de son Grand Père devant la cheminée et s’endormait là laissant parfois échapper son livre et le feu mourir. La nuit, elle s’allongeait et regardait les étoiles, le sommeil la fuyant comme elle avait elle-même fui le Danemark. *** Deux semaines après son rendez-vous avec Kjerstin, Katri en était toujours au même constat. Toute l’équipe était en Autriche pour le match retour de Ligue des Champions face à Maria Enzersdorf. Pendant les quinze jours écoulés, elles avaient battu Horsens de deux buts, s’étaient inclinées contre Viborg en Ligue des Champions 26 à 30 et avaient dû batailler dur pour venir à bout de Svendborg. Et si elle arrivait à oublier la photographe sur le terrain, les questions qu’elle se posait à l’extérieur usaient son mental. L’entraînement de mise en place de veille de match sur le parquet de leur adversaire était terminé depuis un quart d’heure et il ne restait plus que Liv, Solveig et elle qui poursuivaient leurs étirements. Les autres étaient déjà aux vestiaires. « Je suis dans la merde. » — Ce n’est pas la première fois que tu nous dis ça, s’exclama Solveig. — Oui mais là je suis vraiment dans la merde. — Tu es sortie avec deux filles en même temps qui se connaissaient ? demanda Liv. — Non. — Tu as couché avec une femme mariée ? interrogea Solveig. — Non. — Tu as encore dragué une gothique ? continua Liv. — Non. A vous entendre on dirait que c’est courant. — Heu, oui, confirma Solveig. Mais vas-y raconte nous. — Vous savez mon super coup au lit ? Et ben j’ai embrassé sa sœur jumelle. Ou plutôt elle m’a embrassée. — Ok. Et tu as envie de lui rendre son baiser ? demanda Solveig. — J’ai peur de lui sauter dessus si je la croise. — A ce point-là ? s’exclama Liv. — Oui. Katri se prit la tête entre les mains. — Je ne sais pas quoi faire. Ils sont super proches. Je ne peux pas le larguer comme ça pour aller avec sa sœur. Si je lui fais du mal, elle va me détester malgré le fait que ce soit elle qui m’ait embrassée. — C’est sûr que dit comme ça, cela semble compliqué, résuma Solveig. — Je ne te le fais pas dire. Vous avez toujours été de bon conseil toutes les deux. Qu’est-ce que je dois faire ? — La première question que tu dois te poser : c’est pourquoi tu as tant d’état d’âme ? dit Liv. Je t’ai connue moins regardante. — Je ne sais pas, c’est différent. — Qu’est ce qui fait que c’est différent pour que tu ne couches pas avec elle comme tu le fais avec toutes les autres ? continua Liv. Katri sembla réfléchir profondément à cette question. Qu’est-ce que Kjerstin avait de différent des autres filles avec qui elle avait couché. Son sourire quand elle lui disait bonjour. Ses yeux qui s’éclairaient quand elle parlait de photographie. Son petit nez qui se fronçait quand elle se concentrait. Le pli sur son front quand elle était perplexe. Ses mains toujours en mouvement quand elle parlait. Et ses lèvres, le goût de ses lèvres, du miel chaud sur des pancakes le matin. — Alors ? demanda Solveig. — Elle. Tout en elle fait que c’est différent. — Tu sais quoi Katri ? Tu es dans la merde ! — Merci Sol mais je le savais déjà et ça ne m’aide pas. — Tu en as parlé avec elle ? — Non. Je ne l’ai pas revue depuis le soir où elle m’a embrassée sur le trottoir devant mon bar préféré. — Tu devrais le faire car elle sait que tu sors avec son frère. Si elle ressent quelque chose pour toi, elle doit se sentir coincée elle aussi. Et peut-être même plus encore avec le sentiment de trahir son frère. Invite la dans un lieu neutre en plein jour pour limiter les tentations et discutez. — Vous savez très bien que je ne sais pas parler de choses sérieuses. Comment je vais faire avec elle. — Tu sais très bien le faire quand il s’agit de handball. Tu vas y arriver avec elle. La rassura Liv. — D’accord, je vais aller l’appeler pour fixer un rendez-vous. Il faut qu’on parle. Putain quelle merde ! Liv et Solveig regardèrent Katri partir vers le vestiaire. Elles étaient seules sur le terrain. — En parlant de parler, tu as eu des nouvelles de Dane ? — Oui par textos. Je me suis promis de ne pas l’appeler pour lui laisser le temps de tout gérer : sa blessure, la douleur, la mort de son Grand-Père. Je suis partie du principe qu’elle m’appellerait si elle avait besoin de moi. — Tu t’en sors comment ? — Elle semble deviner quand je vais craquer car c’est à ce moment-là que je reçois un message. — Elle est chez ses parents ? — Je n’en suis pas sûre. — Ce n’est pas ce qu’elle avait dit en partant ? — Elle a dit qu’elle allait en Suisse. Elle n’a pas précisé où. — Tu penses qu’elle est chez lui ? — Oui. Je crois qu’elle avait besoin d’être là-bas. De pouvoir observer les étoiles, allongée dans son lit, et penser à lui. Elles se turent un moment, chacune essayant d’imaginer ce que ressentait Dane. Ce fut Solveig qui rompit le silence. — Et toi avec Ellen ? — On avance doucement. Il faut jongler avec ses gardes et mon planning. Et pour être franche, c’est horrible de la quitter le matin quand elle dort sous ma couette. Liv était très pudique sur ses relations mais c’était Solveig et elle sentait que son amie avait besoin de se concentrer sur autre chose. — Un peu plus que doucement. Si tu la laisses toute seule chez toi ça devient très sérieux. Tu lui as donnée une clé ? — Je ne répondrais pas à cette question. ***
Samedi 28 Février 2009 – 21h00 | Ligue des Champions T2-J4 / Maria Enzersdorf - Copenhague | Difficile victoire pour les coéquipières d’ANDERSEN. A nouveau beaucoup d’engagement physique qui va laisser un peu plus de traces sur les organismes des joueuses. Le groupe des norvégiennes de l’équipe de Copenhague semble être rattrapé par leurs deux dernières années sans interruption. Cela se voit dans le repli défensif moins mobile, ce qui était la force de cette équipe la saison dernière. Certains journalistes commencent à se demander si elles vont réussir à tenir leurs objectifs. Pour exemple cette extrait sur le site du Fyens Stiftstidende : « Chaque match qui passe semble affaiblir l’équipe de Copenhague un peu plus. A ce rythme-là, nous pouvons nous demander si elles tiendront jusqu’à la fin de la saison. ANDERSEN semble lessivée et elle n’arrive plus à tirer l’équipe vers le haut. Elles doivent s’en remettre aux arrêts de grande classe d’ARLENSEN et à leur jeu de passe qui arrive encore (mais pour combien de temps) à ouvrir des brèches dans les défenses adverses. » Rappelons que KASLER est toujours en convalescence et elle manque beaucoup surtout dans le jeu à 9m. Il n’y a pour l’instant aucune date de programmée pour son retour aussi bien au Danemark que sur le terrain. En attendant tout n’est pas catastrophique. Copenhague reste à la 2ème place en championnat et en Ligue des Champions. Ce qui lui laisse encore toutes ses chances pour atteindre les play-offs et la finale. Rendez-vous le 4 mars pour un déplacement à Esbjerg. Bonne soirée. |
*** Le lendemain après midi, de retour d’Autriche, alors que Solveig rangeait les courses dans le frigo, son regard fut attiré par le calendrier sur la porte. *Dane aurait dû être rentrée depuis quatre jours.* L’inquiétude commençait à s’insinuer dans son esprit. Et les textos ne suffisaient plus à la rassurer. Elle voulait lui parler, il le fallait. Elle prit son portable et appela sa petite amie. Elle tomba directement sur sa messagerie et raccrocha sans laisser de message. Remettant le téléphone dans sa poche elle alla s’installer dans le canapé en attendant que le couple d’amis qui gardaient Bones le ramène. Ensuite elle irait faire une longue balade dans la forêt avec lui. Ça et les matches, c’étaient ce qui lui permettait de ne pas trop penser et de se faire des nœuds au cerveau au sujet de sa petite amie. *** Lorsqu’elle s’arrêta de courir Dane était à bout de souffle et elle avait l’impression de sentir son cœur battre juste derrière son front. Elle s’assit sur une souche d’arbre. Elle venait de terminer un footing de quarante minutes le long du ruisseau qui ne passait pas loin de la maison de son Grand-Père et qui coulait jusqu’au village. L’air était encore frais et le cours d’eau était encore gelé à certains endroits. Quatre jours plus tôt, Ellen l’avait appelée et elle n’avait pas eu le courage d’ignorer l’appel de la chirurgienne, craignant trop les représailles à son retour à Copenhague. Elle aurait dû être de retour dans la capitale danoise depuis quatre jours et la chirurgienne ayant compris qu’elle n’avait pas prévue de rentrer tout de suite, lui avait organisé un rendez-vous à Zurich pour passer un scanner de contrôle. Son hématome avait complètement disparu et son mal de tête était occasionnel. Elle l’avait donc autorisée à reprendre le sport. Depuis Dane courait tous les jours. Hier et avant-hier avaient été difficiles. Elle avait eu les jambes en coton. Sûrement un reste des médicaments qu’elle avait dû avaler depuis sa blessure. Aujourd’hui ça allait mieux mais elle n’était pas encore bien physiquement. Les journées qu’elle avait passées allongée dans sa chambre, dans le noir, attendant la nuit pour regarder les étoiles, semblaient avoir ramolli tout son organisme. La douleur et la colère, qu’elle avait ressenties à Copenhague pendant la période entre la mort de son Grand Père et son départ après sa blessure, s’étaient réduites ici. Elle n’avait pas envie de tout casser ou de se casser elle-même. Elle se rendait bien compte que sa manière de jouer était destructrice et que dans la douleur du corps elle cherchait l’apaisement de son cœur et de son esprit. A ce jeu-là, elle avait perdu et bien perdu. Sa tête l’avait fait souffrir aussi fort que son cœur et son esprit avait franchement vacillé. Elle savait aussi qu’elle avait blessée Solveig et qu’elle le faisait encore aujourd’hui en la tenant à distance. Elles ne s’étaient pas parlé de vive voix depuis sa fuite. Elle avait demandé à Ellen de prévenir le club qu’elle avait encore besoin de temps. Fondamentalement, il n’y avait plus rien qui la retenait ici. Il n’y avait qu’une maison vide de vie, remplie uniquement de souvenirs. Elle savait qu’elle n’avait plus rien à faire là mais elle avait une peur panique de partir. Ici elle avait l’impression d’avoir retrouvé un certain équilibre. Et elle craignait de se perdre à nouveau si elle partait. Elle voulait l’expliquer à Solveig. Elle avait même plusieurs fois failli l’appeler pour lui demander de venir mais elle ne pouvait lui imposer ça. Elle devait s’en sortir toute seule. Sveig avait d’autres choses à gérer bien plus importantes que ses peurs et ses faiblesses. *** Katri avait donné rendez-vous à Kjerstin dans un fast-food en plein jour afin d’éviter toute ambiance romantique. La photographe était arrivée avec deux minutes de retard alors que Katri était là depuis plus de vingt minutes. Trop nerveuse pour rester chez elle. Elle se leva quand la jeune femme s’approcha de la table. « Bonjour. » — Bonjour. Elles hésitèrent toutes les deux à se faire la bise, comme si ce geste risquait d’être trop dangereux. Elles reculèrent donc toutes les deux et prirent place de chaque côté de la table. « Comment vas-tu ? » Elles avaient parlé en même temps. — Toi d’abord, dit Katri. — J’ai lu dans les journaux que vous aviez des matches difficiles en ce moment. — Oui on galère un peu. Nous sommes toutes fatiguées et Dane manque dans l’effectif. — Comment va-t-elle ? Tu as des nouvelles ? — Pas vraiment. Elle devait revenir avant le match contre Maria Enzersdorf. Elle doit reprendre après la rencontre contre Esbjerg dans deux jours. On verra bien si elle est là ou pas. — Et si elle n’est pas là ? — Nous attendrons qu’elle revienne. Ça veut dire qu’elle a besoin de plus de temps. — Et Solveig comment va-t-elle ? — Pour avoir une vraie réponse il faudrait demander à Liv car face à l’équipe elle ne montre pas grand-chose. Elle se concentre sur le jeu pour ne pas penser au reste. Les deux jeunes femmes se turent un instant. — Et toi comment ça se passe avec tes photos ? — Bien. Plusieurs magazines ont acheté des clichés et une expo se prépare pour dans deux mois. — C’est bien. — Oui. Mais j’ai toujours le même problème, je n’arrive pas à faire un choix dans mes photos. — Ah. Pourquoi ? — J’ai toujours l’impression qu’elles méritent toutes d’être montrées. Et elles ont chacune leur histoire. — Je comprends. C’est un peu comme si nous, on nous demandait quel but nous préférons. Ils ont tous une signification particulière. — Voilà. Un nouveau silence s’installa, juste troublé par le caprice d’un enfant qui n’avait pas eu le jouet qu’il voulait. Kjerstin inspira un grand coup pour se donner du courage et à travers la table vint poser sa main sur celle de Katri. — Je n’arrête pas de penser à toi, murmura la photographe. — Pareil. Il n’y a que quand je suis sur le terrain que j’arrive à te sortir de mes pensées. Le regard que Katri adressa à la jeune femme semblait désespéré. — Ça a l’air nouveau pour toi ? — C’est nouveau. — Tu n’as pas ressenti ou ne ressens pas la même chose pour mon frère ? — Non. Je passe de bons moments avec ton frère. Il est gentil et très intéressant. Et au lit il est… enfin… heu… Ce je que je veux dire c’est que c’est différent. Kjerstin ne put retenir un petit sourire à cet énoncé. — Mon frère t’a présentée de la sorte avec cette même allusion au lit… — Oh… Katri rougit alors qu’elle résistait à bien pire avec l’équipe de hand. Elle se secoua mentalement pour revenir à la conversation et ne pas laisser dériver son esprit vers un lit avec Kjerstin dedans. — Je… Je… Comment vois-tu les choses ? N’arrivant pas à exprimer ce qu’elle voulait, elle renvoya lâchement la balle dans le camp de la photographe. Kjerstin lâcha la main de la joueuse de hand et baissa le regard sur la table. — Je sais que c’est rare que deux personnes soient célibataires au moment où elles se rencontrent. Perso, je suis libre mais toi non. Et le fait que tu sois avec mon frère complique encore les choses. Je ne sais pas ce que tu ressens exactement pour lui et je ne connais pas exactement les sentiments qu’il a pour toi. Mais si j’en juge par la durée de votre relation ça doit représenter quelque chose pour lui. Je veux être avec toi mais je ne veux pas blesser mon frère. — Je ne veux pas non plus blesser ton frère. Et surtout je ne veux pas que tu aies de problèmes avec lui. — C’est tout à ton honneur. Kjerstin attendit pour voir si Katri ajoutait quelque chose. Mais à part un petit sourire rien ne vint. La photographe se dit que pour avoir des réponses, elle devrait poser chaque question. — Tu ne m’as pas parlé de tes sentiments pour lui. — Je l’aime bien. Kjerstin pencha la tête sur le côté pour encourager Katri. Cette dernière avala sa salive. — Je l’aime juste bien. Je ne l’aime pas tout court. — Est-ce que tu sais ce que c’est d’aimer, Katri ? L’ailière trouvait que cette conversation devenait vraiment incongrue dans le lieu où elles se trouvaient. — Oui je le sais. Aimer c’est Sol et Dane. C’est Liv et Ellen bien qu’à mon avis elles ne se le soient pas encore dit. C’est Linda et Eva même si elles ne veulent pas se l’avouer. — Et c’est ce que tu veux avec moi ou pas ? Le gamin s’était remis à pleurer mais Katri n’en avait rien à faire. Les yeux de Kjerstin attendaient une réponse et même si elle la connaissait, elle avait du mal à lui faire franchir ses lèvres. — Je… Je… Je te veux mais je ne veux pas que tu te brouilles avec ton frère. — Tu me veux de quelle façon ? Juste mon corps ou moi tout entière ? J’ai besoin de savoir si ce que tu veux, vaut la peine que mes relations avec mon frère changent. — Je te veux tout entière, avec ton esprit, ton humour, tes photos, ton sourire et ton corps car tout ça c’est toi. — Ok. Il ne reste plus qu’à trouver comment le dire à mon frère. — Oui. Plus qu’à. Et à la surprise de Kjerstin, elle vit Katri poser son front sur la table et l’entendit murmurer. — C’est la merde ! La photographe posa sa main sur l’arrière de la tête de Katri et dit en souriant. — Et si nous allions prendre un burger ? Je meurs de faim. Enfin si tu as le droit d’en manger. Katri releva la tête et ébaucha un sourire. — Oui dans la limite où je n’abuse pas. — Bien alors Cheese ou plus gros ? — Plus gros. Elles se levèrent toutes les deux en même temps et alors qu’elles se faisaient face sans la table pour les tenir à distance. Katri se pencha et posa rapidement ses lèvres sur celles de Kjerstin. — En guise de hors d’œuvre. *** Ellen avait rejoint Liv chez elle dès la fin de sa journée de travail. Elles ne s’étaient pas vues depuis la veille de son départ pour l’Autriche si bien que la gardienne norvégienne lui avait proposé de lui préparer un petit dîner. Elle était à présent en train d’essuyer la vaisselle. La chirurgienne était dans l’embrasure de la porte de la cuisine, son épaule calée contre le chambranle. Dès sa première soirée dans l’appartement de sa petite amie, elle avait été étonnée que Liv n’utilise pas le lave-vaisselle. Elle avait compris par la suite que c’était son moment de réflexion. « A quoi penses-tu ? » Liv essuyait le même plat depuis deux minutes. — Je pensais au fait que Solveig n’avait pratiquement aucune idée de ce que faisait Dane depuis qu’elle était partie. Et je ne sais pas par quelle dérivation j’en suis arrivée à me dire que je ne savais pas grand-chose sur toi. Mise à part le cv rapide que Tero m’a énuméré et le résumé de ta relation avec Erika BRENSON que Katri m’a fait lors de ton arrivée, je ne sais rien. Ellen ne changea pas de position. Elle croisa simplement les bras, signe chez elle que la discussion était devenue sérieuse. — Que veux-tu savoir ? — Ce que tu veux bien me raconter. — Je suis née à Stockholm. Mes parents sont tous les deux chirurgiens : ma mère en cardiologie et mon père en esthétique. Ils ont divorcé aux alentours de mes cinq ans. J’ai une grande sœur. En ce qui concerne l’école, je m’y suis toujours ennuyée. J’ai sauté deux classes et j’ai toujours trouvé mes camarades immatures bien qu’ils soient plus vieux que moi. C’est à l’adolescence que je me suis rendu compte que j’avais un bon sens de l’observation. C’est en arrivant en médecine que j’ai commencé à aimer les études. C’était un microcosme où tout était bon pour être le meilleur. J’ai très vite su reconnaître ceux qui prenaient des substances pour tenir la distance, ceux qui trichaient, ceux qui ne survivraient pas à la première année, ceux qui avaient les dents longues et ceux qui suivaient les traces de leurs parents. — Tu étais dans le groupe des « Héritiers » ? — Non, je me suis très vite détachée de mes parents. Si j’ai choisi médecine c’était parce que j’étais fascinée par la mécanique du corps humain. Je me suis rapidement orientée vers les spécialités de la chirurgie orthopédique et traumatologique. — Tu as eu le professeur AVSEN ? — Oui, j’ai fait mon internat sous ses ordres. Je suis devenue son assistante puis j’ai volé de mes propres ailes. — C’est à ce moment-là que tu t’es spécialisée dans les skieurs ? — Entre autre. C’est un peu le hasard. J’avais envie de bouger et l’équipe d’Autriche m’a contactée. A la fin de mon contrat la Norvège m’en a proposé un autre. — C’est pour ça que tu parles norvégien. Et ensuite, la Suède avec Anja. Tu as combien de champions olympiques à ton palmarès ? En posant cette question, Liv se rendit compte de l’ambiguïté de la phrase. — Si je vous compte : 14, Hermann Maier, Mario Reiter, Ole Einar Björndalen, Liv Grete Poiree, Bente Martinsen Skari, Thomas Alsgaard, Frode Estil, Tor Arne Hetland, Anja Paerson, Solveig, Dane, Lena, Katri et toi. — Et ben ! C’est à se demander pourquoi tu es venue à Copenhague. *Et je ne veux pas savoir si tu as couché avec Anja.*— Le contrat était d’un an. Je me suis dit que ça me permettrait de me poser pendant cette période. Et puis, je devais bien ça à AVSEN. — Tu vas faire quoi à la fin de ton contrat ? — Aucune idée pour le moment. A cette réponse, Liv essaya de masquer au mieux sa déception. Dans les mots d’Ellen, il n’y avait pas de trace de leur histoire, pas de projet ou d’interrogation sur leur avenir commun. *Et j’espérais quoi ? Un « cela dépendra de où tu seras. »*La gardienne de Copenhague inspira longuement par le nez avant de poser la question suivante. — Et au sujet d’Erika BRENSON ? Elle n’a pas voulu te suivre ici ? *Qui a plaqué qui ?*— Et si tu laissais la vaisselle sécher toute seule et que nous allions nous installer dans le salon. Liv reposa sur l’égouttoir l’assiette qu’elle tenait et pendit le torchon à son crochet avant de suivre la chirurgienne. Elle s’assit dans le canapé et regarda Ellen s’installer, tournée vers elle, le coude gauche sur le dossier et sa cheville gauche coincée sous son genou droit. — Pour Erika, la question ne s’est même pas posée. Notre relation était purement pratique. Elle lui permettait de tenir à distance les prétendantes envahissantes et de mon côté personne ne m’embêtait avec mon célibat. Le fait qu’elle soit souvent sur la route pour ses concerts facilitait notre vie commune. Le simple côté physique de notre relation satisfaisait les deux parties. Mais elle a rencontré quelqu’un qu’elle aimait vraiment et « l’arrangement » a pris fin. Depuis, je dois à nouveau subir les inquiétudes d’Erine. — Qui est Erine ? demanda Liv en fronçant les sourcils. — Ma grande sœur. Dès que je suis seule, elle essaie toujours de me présenter des filles. J’ai beau ne pas être dans le même pays qu’elle, elle se débrouille toujours pour connaître quelqu’un là où je suis. — Vous êtes proches ? — Oui. Erine est très maternelle. Elle s’inquiète pour moi dès qu’il y a un changement dans ma vie. — Vous avez combien d’écart ? — Quatre ans. — Elle vit où ? *Tu lui as parlé de moi ? Il semble que non si tu dois encore subir ses inquiétudes.*— A Göteborg avec son mari et ses deux enfants. Erine n’est pas une grande aventurière. — A comparer de toi qui a la bougeotte. — Je n’ai peut-être pas trouvé l’endroit qui me convenait. *Même pas Copenhague ?*En pensant cela Liv se dit que c’était peut être mieux car son contrat finissait cette saison et elle ne savait pas si elle resterait ici ou non. Elle demanda tout de même. — Tu n’aimes pas Copenhague ? — La ville est sympa, ça demande réflexion. *Réflexion… Ce mot risque d’être d’actualité dans les mois à venir.*Liv s’interdit de se perdre dans ses pensées et passa à la question suivante. Ellen était ouverte à la discussion sur son passé autant en profiter. Même si certaines réponses n’étaient pas agréables à entendre, elle voulait savoir. Comme si déjà elle se préparait à deviner la fin de leur relation. — Tu as eu beaucoup de femmes dans ta vie ? — Tout dépend si tu parles d’histoires sérieuses ou non. — La différence change beaucoup le résultat ? — Oh oui ! — Dans quelle proportion ? — Il y en a eu trois sérieuses en comptant Erika. — Et pour les autres ? — J’ai perdu le compte dès la fac. — Oh ! — Quand tu es sous pression, le sexe est une bonne manière de se vider la tête. Et toi ? — Je vais courir. — Ok mais je parlais de tes relations. — Une dizaine. — Toi, la star des gardiennes, tu ne t’es pas fait poursuivre par toutes les filles ? — Non, je ne suis pas comme Katri. — Il y a presque de l’envie dans ta voix. — C’est chiant d’être toujours sur la réserve et d’avoir peur. La vie de Katri a l’air tellement plus simple. — De quoi tu as vraiment peur ? — De faire le mauvais choix, encore. La dernière fois, j’ai failli suivre une fille en Slovénie alors que sur place, elle me trompait sans retenue. — Une erreur ne fait pas toute une vie. — Le paradoxe c’est que je lis très bien les trajectoires de mes adversaires mais je n’ai pas ton talent pour cerner les gens. — Je t’apprendrais si tu veux. *Douce promesse. Mais qui m’apprendra à te décrypter ?*— Et pour Katri, tu ne t’es jamais dit qu’elle faisait ça par peur de l’engagement et que c’était sa manière de se protéger. Elle se sauve avant de s’attacher. — Pour toi, elle n’est pas une dragueuse invétérée ? — Non, elle le fait par habitude. Je suis curieuse de savoir qui l’a poussée à être comme ça. La différence entre elle et toi, c’est qu’elle, elle ne se freine pas avant d’essayer. — En attendant, elle va sans doute devoir freiner et sec car elle a craqué sur la sœur de son mec actuel. — Craquée dans quel sens ? demanda Ellen intéressée. — Dans le sens qui la pousse à répéter à longueur de journée qu’elle est je cite « dans la merde ». — Ah oui ?! Katri va devoir sans doute grandir d’un coup émotionnellement si elle veut s’en sortir. — Nous verrons ce que ça donne après qu’elles aient couché ensemble. C’est souvent après ça que commence la fin des histoires de Katri. Bien que le scénario ne soit pas habituel. — En attendant le prochain épisode des aventures de Katri, que dirais tu de vivre le nôtre tout de suite ? Et comme si les mains d’Ellen étaient devenues une drogue ou un besoin, Liv se laissa attirer contre le corps de la chirurgienne. Cette dernière la fit glisser sur le canapé et l’attira sous elle s’allongeant entre ses jambes et prenant possession de ses lèvres. Ses mains cherchèrent tout de suite le contact de sa peau et se faufilèrent sous le t-shirt de la gardienne. Retrouvant la chaleur et la douceur de celle-ci en frôlant rapidement son ventre avant de remonter plus haut. La respiration de Liv qui s’accélérait entrecoupée de soupirs était une musique envoutante qui amenuisait la maîtrise qu’Ellen avait sur ses envies. Elle ne se souvenait plus depuis combien de temps, elle avait désiré découvrir tous les recoins cachés et sensibles d’un corps de femme. Liv lui mettait les sens à l’envers et si à cet instant elle s’était écoutée, elle aurait plongé sa main sous l’élastique du short trois quart que la jeune femme portait. Mais elle inspira un grand coup et reprit ses tendres caresses sur les côtes flottantes et les seins de Liv qui venait de poser ses mains sur ses reins pour l’attirer plus près. Le haut de l’internationale norvégienne devint très vite encombrant, gênant les mouvements d’Ellen. Avant que Liv ne s’en rende compte elle était à moitié nue. La bouche de la chirurgienne ayant pris possession de la pointe d’un de ses seins l’autre étant doucement caressé par sa main. Liv ne put que gémir à cette douce torture. Ellen aurait pu rester des heures à taquiner ses tétons mais elle voulait goûter au reste de sa peau. Elle laissa ses lèvres dériver sur son ventre plat et musclé par de nombreuses séances d’abdominaux. Sa langue traçait des arabesques autour de son nombril et Liv commençait à perdre quelque peu son souffle. Quand son menton toucha l’élastique de son short, elle le sentit comme une barrière à ses envies. Elle releva la tête un instant pour croiser le regard de Liv qui d’un battement de paupières lui donnait son accord pour aller plus loin. Elle fit glisser le tissu le long de ses jambes en même temps que le dernier sous-vêtement qui cachait ce qu’elle désirait. Elle caressa l’intérieur de ses cuisses du bout des doigts avant de suivre le même chemin avec ses lèvres et sa langue. Liv s’étrangla presque en sentant le souffle d’Ellen sur le centre de son être. Comme pour l’inviter à continuer, ou commencer, elle posa sa main sur sa nuque. Ellen lui lança encore un regard comme si elle lui laissait encore une porte de sortie, comme si elle lui disait qu’une fois qu’elle aurait commencé, elle irait jusqu’au bout. Pour toute réponse, Liv bascula la tête en arrière, prête pour cette danse. Mais elle n’était pas préparée à la décharge de sensation qui remonta le long de son corps dès qu’elle sentit les lèvres d’Ellen sur le centre de son désir. La caresse était douce et précise. Elle dut se mordre la lèvre inferieure pour ne pas gémir tout de suite. Mais elle ne put rien faire quand la langue de la chirurgienne vint se mêler à cet échange. Ellen se délectait du goût de Liv et savourait chaque instant où sa bouche touchait cette part secrète de la star de hand. Elle voulait prendre le temps, la faire monter doucement mais le parfum sur sa langue l’enivrait plus sûrement que n’importe quel alcool et c’est en entendant le hoquet de surprise de Liv qu’elle se rendit compte qu’elle avait accentué la pression. Il était trop tard pour elle pour calmer le jeu et ce n’était pas Liv qui allait l’arrêter. Elle passa ses bras autour des cuisses et du bassin de la gardienne pour la maintenir contre sa bouche. Alors qu’elle faisait courir sa langue de bas en haut, elle sentit Liv se cambrer et pousser un premier cri. Cette dernière passa les bras derrière sa tête pour s’accrocher à l’accoudoir du canapé. Cette femme était diabolique. Son corps était en fusion et elle avait l’impression de se liquéfier dans les coussins. Elle ne cherchait même plus à retenir ses gémissements et les contorsions de son bassin. Elle en voulait plus sans savoir comment elle pourrait le gérer. Elle eut très rapidement la réponse quand la langue d’Ellen se fit plus précise. Les cercles qu’elle faisait s’étaient réduits et une boule de sensations grossissait au creux de son ventre, jusqu’à exploser dans tout son être. Répandant une lave chaude dans ses veines. Ellen sentit la contraction de Liv contre sa bouche. Elle la garda contre elle tout le temps que dura le séisme, s’autorisant des petits coups de langue pour la garder en haut de la vague. La relâchant quand elle sentit son corps trembler. Sans attendre, elle revint s’allonger contre elle pour la prendre dans ses bras. Liv, le souffle court, plongea son regard dans celui d’Ellen et pensant y trouver une certaine satisfaction de son acte, n’y vit qu’une profonde tendresse et presque un regret. « Désolée, je n’ai pas pu me maîtriser plus longtemps. » Liv posa sa main sur sa joue et caressa ses lèvres. Elle y retrouva la texture de son plaisir et c’est d’une voix encore voilée par toutes les sensations qu’elle lui avait fait éprouver qu’elle dit : — Perds le contrôle aussi souvent que tu le veux. C’était… c’était… — Wow ? — Oui, wow ! | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 10 Avr 2016 - 19:00 | |
| KOPRIVNICA – Dans le dur Solveig était la dernière dans les vestiaires. Elle rangeait ses affaires dans son sac de sport après le décrassage de l’après-midi suite au match contre Esbjerg. Alors qu’elle le fermait, elle posa son regard sur la place que Dane aurait dû occuper aujourd’hui. Elle aurait dû être là pour sa reprise mais comme son retour à la maison, il avait lui aussi été repoussé. Lasse, Solveig posa son sac au sol et s’assit sur le banc. Elle ne savait pas combien de temps elle allait encore tenir. Tout partait en vrac. Le hand allait de travers, chaque match était un combat qu’elle croyait perdre. Et dans sa vie privée, Dane la gardait hors de sa vie à nouveau alors qu’elle avait promis qu’à présent elles encaisseraient à deux. Elle bascula la tête en arrière et l’appuya contre le mur. Elle regarda le plafond, comme si elle cherchait une réponse. Elle hésitait à parler à Liv. Cette dernière était en pleine découverte avec Ellen et elle ne voulait pas lui plomber le moral avec ses états d’âme. Après un moment, elle se secoua mentalement pour se lever, prendre son sac et sortir des vestiaires pour rentrer chez elle. S’apitoyer ne servait à rien. Il fallait avancer. *** Liv avait rejoint Ellen au CMS avant la fin de sa garde. La chirurgienne avait tout de suite vu qu’en plus d’être fatiguée, elle semblait inquiète. Elle était au téléphone quand la gardienne était entrée dans son bureau. Elle avait rapidement remercié son collègue et s’était tournée vers la jeune femme. « Quelque chose ne va pas ? » Liv ne s’étonna même pas de cette question. — Tu as des nouvelles de Dane ? Elle devait reprendre aujourd’hui et je pense qu’on a toutes espéré qu’elle passe la porte des vestiaires comme par enchantement. — Pas depuis deux jours. — Deux jours ? Tu l’as eu au téléphone ? Je sais que tu es tenue au secret professionnel mais est-ce que tu peux m’en parler ? — Cela relève plutôt du secret médical par lequel je suis tenue mais je ne trahirai pas grand-chose en te donnant des nouvelles de ta coéquipière. Elle se leva et passa devant son bureau avant de s’appuyer contre celui-ci. — Elle va bien ? demanda Liv, ne pouvant cacher l’inquiétude dans sa voix. — Physiquement, ça va bien mieux. Ça tête est presque complètement réparée. — Et pour le reste ? — Il y a du travail. — Tu sais pourquoi elle ne rentre pas ? — J’ai bien une idée mais elle fait partie du domaine de mon serment. — Je comprends. Merci de m’avoir dit tout ça. Ellen s’approcha de la jeune femme et posa ses mains sur ses hanches. — Liv, ça va aller. Elle va aller mieux. C’est une viking ne l’oublie pas. La gardienne posa son front sur l’épaule de la chirurgienne avant de dire. — Je sais mais elle a longtemps été exilée… *** Andy reposa son téléphone portable sur son bureau. Il était encore tombé sur la messagerie de Danielle. Et si au début il était inquiet ; maintenant, il était presque en colère. Même si elle était triste, elle n’avait pas le droit de se comporter de la sorte. ***
Jeudi 5 Mars 2009 – 13h00 | Presse | Après cette victoire face à Koprivnica de simplement deux buts et les deux matchs de championnat remportés dans la douleur, les journalistes continuent de se poser des questions sur l’avenir de l’équipe de Copenhague. Voici un extrait du Jyllands-Posten : « L’équipe de Copenhague paraît être au bout du rouleau. En atteste les deux derniers matchs, certes gagnés, mais dire que cela s’est fait dans la difficulté est un doux euphémisme. ANDERSEN semble sur le point de craquer. Elle avait le visage très marqué après la rencontre et a abrégé les interviews d’après match. Elle a été vue au Centre Medico-Sportif hier, ce qui pourrait laisser supposer des problèmes physiques. KASLER est toujours absente et le club ne donne aucune information à ce sujet. Personne ne sait où elle est ou alors ne veut pas le dire. La réponse du moment sur le cas KASLER est : « pas de commentaire ». » Cela risque d’être dur, dans une semaine face à Viborg en clôture des matchs de poule de la Ligue des Champions. Le seul avantage c’est qu’elles sont sûres d’être qualifiées pour les demi-finales, Koprivnica ne pouvant plus les rejoindre au classement. Rendez-vous le 21 mars pour la réception de Viborg en Ligue des Champions. Bonne soirée. |
*** Liv n’avait pas eu besoin d’expliquer pourquoi elle avait décliné l’invitation d’Ellen à venir manger chez elle. La chirurgienne avait parfaitement compris que Liv et Solveig avaient besoin de passer du temps ensemble. L’état de la capitaine norvégienne commençait à inquiéter Ellen. Elle avait eu Dane le matin au téléphone et sans la braquer avait essayé de lui faire comprendre qu’elle devait revenir. Sans tout lui dire, l’arrière droit avait reconnu à demi-mots ce qui la retenait en Suisse et elle avait dû se retenir de lui parler de l’état de Solveig. Si la jeune femme n’en avait pas parlé à sa petite amie c’est qu’elle avait ses raisons et elle respectait cela. Ellen s’étonnait elle-même de la relation qu’elle entretenait avec Danielle. Elle, qui avait toujours gardé une distance avec ses patients, se retrouvait à jouer les grandes sœurs pour une petite joueuse de hand perdue. Elle ne s’attendait pas à ça en venant s’installer à Copenhague. En l’espace de six mois, elle avait vu entrer dans sa vie une petite amie en la personne de Liv, une amie avec Solveig et il semblerait une petite sœur avec Dane. Sans oublier le reste de l’équipe de hand qui n’était jamais très loin. AVSEN avait raison, il y avait quelque chose dans ce groupe. En attendant, si Miss numéro 5 n’était pas rentrée à la fin du mois, elle ferait le voyage au pays du chocolat pour le bien de Solveig et celui de Liv aussi. Et accessoirement, elle pourrait refaire son stock de chocolat… *** Katri inspira un grand coup avant d’appuyer sur la sonnette. Le jour des explications était arrivé. Elle avait repoussé l’échéance au maximum. Elle avait utilisé toutes les excuses possibles pour éviter Kevin et aujourd’hui, elle était à court d’idées. Elle n’eut pas à attendre longtemps. Alors qu’elle espérait que ce soit Kjerstin qui lui ouvre la porte, elle se retrouva face au frère. « Salut Katri. Entre, je t’attendais. » — Salut. Ta sœur est là ? Demanda innocemment la joueuse de hand. — Elle avait un rendez-vous pour son expo mais elle ne devrait pas tarder de rentrer. Pourquoi ? — Pour savoir. Bon ça ne s’engageait pas comme elle l’avait prévu mais il fallait faire avec. Et autant le faire sans que Kjerstin soit là comme ça son frère ne se sentirait peut être pas comme le dindon de la farce et seul contre toutes les deux. — Kevin, il faut qu’on parle. — Cette phrase n’est jamais bon signe. Dit-il en s’asseyant dans le canapé faisant signe à Katri de prendre le fauteuil. — Je sais et ce que j’ai à te dire n’est pas facile. — Je t’écoute même si je sais ce que tu vas me dire. — Je ne pense pas que tu saches, non. *Quand tu vas savoir…*— Tu es venue pour me dire que c’était fini. J’ai compris que tu m’évites depuis quelque temps. J’avais mis ça sur le fait que vous en bavez pas mal en championnat en ce moment. — Non ce n’est pas ça. — Tu sais, je ne t’ai jamais demandé d’être exclusive. Ça ne me dérange pas si tu as besoin d’aller avec une femme. C’est même cette partie qui te rend différente. Notre relation actuelle me va très bien. Nos discussions sont agréables et nous passons de bons moments au lit sans se prendre la tête. *Au non pas ça. Tu crois que je vais pouvoir coucher avec toi après avoir fait l’amour avec ta sœur. Heurk, non !*— Ceci n’est pas envisageable. J’ai envie d’être avec une femme. Et ce n’est pas n’importe laquelle. — Tu as donc rencontré quelqu’un. Ou plutôt quelqu’une. Katri était étonnée qu’il puisse faire de l’humour alors qu’elle venait pour le larguer. Elle espérait fortement qu’il ait encore son sourire quand elle lui aurait tout dit. — Oui. — Depuis longtemps ? — Nous nous sommes rencontrée en janvier. — Et tu couches avec elle ? — Non ! s’écria Katri. Kevin ne put cacher sa surprise à la véhémence de la réponse de la joueuse de hand et aussi à l’annonce de cette « longue abstinence ». — Non. Répondit plus calmement la jeune femme. Il ne se passera rien avec elle tant que je n’aurai pas clarifié les choses avec toi. — Ça semble sérieux. — Ça l’est vraiment. Ils laissèrent tous les deux passer un silence. — Bon, ben si ça ne colle pas avec cette fille, tu gardes mon numéro. J’aimerai bien te revoir. — Ben. Tu risques de me revoir mais pas pour ce que tu penses. Katri inspira à fond, c’était le moment. — La fille en question, c’est ta sœur. Il y eut un autre silence. Puis : — Kjerstin ? demanda Kevin. — Je ne t’en connais qu’une. — Oh. — Je sais c’est étrange. Et ni elle ni moi n’avions prévu ça. Et ni elle ni moi ne voulons que cela change votre relation. Si ça doit poser problème, je prendrais mes distances. — Non ! Ce fut au tour de Kevin de s’exclamer. — Non ? Non à quoi ? — Non, tu ne prendras pas tes distances. Si ma petite sœur a eu le courage de te dire ce qu’elle ressentait pour toi en sachant que nous avions une relation, c’est qu’elle doit beaucoup tenir à toi. Bien plus que moi. Alors reste. Reste avec elle. Et s’il te plait, ne joue pas avec elle. — Jamais. C’est sur cette dernière phrase que tous les deux se tournèrent vers la porte qui s’ouvrait pour voir Kjerstin apparaître. Celle-ci resta interdite, la main sur la poignée. Elle aurait dû être là plus tôt mais son rendez-vous avait traîné en longueur. Voir son frère et la femme pour qui elle avait craqué assis face à face dans le salon était déstabilisant. A cet instant, elle ne savait pas si Katri lui avait parlé ou non. Elle essayait de capter une information dans leurs regards mais à part la surprise, elle ne vit rien. Elle avait inconsciemment refermé la porte mais était toujours dans le hall. Elle regarda son frère se lever et s’approcher d’elle jusqu’à la prendre dans ses bras. Elle disparut complètement dans son étreinte et alors qu’elle se blottissait contre lui comme elle l’avait si souvent fait, elle l’entendit lui dire à l’oreille : — Elle vient de m’expliquer. Et ça ne change rien. Tu es toujours ma petite sœur et si c’est avec elle que tu penses être heureuse, je m’efface. C’est une fille très bien avec beaucoup de courage et de respect mais ce n’est pas la femme de ma vie. Et tu seras toujours la plus importante. Kjerstin se serra plus fort contre Kevin. — Merci Grand Frère. Tu ne peux pas savoir comme j’ai eu peur. — N’aie jamais peur de me perdre car c’est quelque chose d’impossible. Il posa ses lèvres sur son front avant de desserrer son étreinte et de pousser la jeune femme dans le salon. Cette dernière ne savait pas comment réagir et Katri n’avait pas l’air d’avoir plus d’idée. Elle mourait d’envie de l’embrasser mais elle ne voulait pas imposer ça à Kevin tout de suite. Elle décida d’aller s’asseoir sur l’accoudoir du fauteuil occupé par la joueuse de hand. Elle retint un frisson quand elle sentit sa main se poser sur ses reins. Pendant ce temps Kevin était allé dans le coin cuisine pour sortir des boissons du frigo et alors qu’il relevait la tête au-dessus de la porte dit : — Une dernière chose les filles : quand les gens demanderont comment vous vous êtes rencontrées, trouvez une autre histoire que « elle couchait avec mon frère mais elle l’a largué pour moi ». Merci par avance. Et tous trois ne purent se retenir de rire à cette demande. *** Liv et Solveig étaient installées dans le salon de cette dernière, un verre de vin à la main. A la télévision, il y avait un jeu mais elles ne le suivaient pas vraiment. La gardienne sentait bien que Solveig n’allait pas bien mais elle ne savait pas comment aborder le sujet de Dane sans froisser son amie. Elle ne savait pas si elle devait mettre le sujet sur la table ou attendre que ce soit sa capitaine qui en parle. A défaut de savoir quels mots employer, elle se saisit du verre de son amie et le posa avec le sien sur la table basse et vint enlacer Solveig. Il n’y avait rien de plus qu’une profonde amitié entre elles et ce geste n’avait aucune ambiguïté. Il était juste fait pour réconforter. Sveig se laissa aller dans l’étreinte, profitant de la chaleur du corps de Liv. Sa présence lui faisait du bien. Elle ne remplaçait pas Dane mais au moins, elle se sentait moins seule. Alors qu’elle hésitait à demander à sa meilleure amie de venir à la maison, Liv l’avait devancée et avait proposé de passer en fin d’après-midi. Elle prit sa main dans la sienne et la serra un instant. Comme pour lui faire comprendre qu’elle était contente qu’elle soit là. Elle se laissa aller un peu plus, s’autorisant à somnoler dans la quiétude de ce moment. Une parenthèse dans sa détresse. *** Les trois autres membres de la famille KALSER étaient attablés. Zoé avait vite compris que quelque chose tracassait sa mère car elle n’avait pas eu besoin d’argumenter pour avoir une deuxième pomme de terre farcie à la place de sa courgette. Elle se garda bien de le faire remarquer à Helena et attaqua de bon appétit son assiette mais arrêta son geste quand sa mère prit la parole. « Peter, tu as eu des nouvelles de Danielle aujourd’hui ? » — Oui ce matin. Le service des pompes funèbres m’a téléphoné, hier soir, pour savoir quand organiser le transfert à Trondheim. J’ai donc contacté Dane. — Comment elle allait ? — Ça avait l’air d’aller. Elle a dû arrêter les antidouleurs car sa voix était plus claire. — Elle a dit quoi pour les cendres de Hans ? Et a-t-elle dit quand elle allait redescendre ? — Pour mon père, elle veut attendre encore et pour son retour, nous n’avons pas abordé le sujet. — Tu devrais lui en parler. Ce n’est pas bon qu’elle reste seule là-haut au milieu des souvenirs. Disant cela, elle avait posé sa main sur l’avant-bras de son mari. Geste qu’elle faisait quand elle voulait toute son attention. — Elle est assez grande pour savoir ce qu’elle doit faire. C’est le premier décès qu’elle peut comprendre. Elle était trop jeune pour ma mère ou tes propres parents. Et Hans était quelqu’un de très spécial pour elle. Elle a juste besoin de temps. Ne t’inquiète pas, c’est une KASLER. Comme si cette phrase allait la rassurer ! Elle avait appris à connaître le caractère des KASLER. Entre Hans, Peter, Danielle et même Zoé dans une certaine mesure, elle avait assez de spécimens. Personne ne pouvait leur enlever leur volonté de fer, leur abnégation, leur courage, leur force de caractère. Ils étaient bien vikings de ce côté-là mais ils étaient aussi secrets que la nuit. Il fallait presque les torturer pour savoir ce qu’ils ressentaient et encore plus quand ils souffraient. Danielle était comme son père et son grand-père. Tous les sentiments étaient cachés sous un voile de pudeur ou de réserve et ils préféraient se battre seuls que de demander de l’aide. Au début de sa relation avec Peter cette facette de sa personnalité l’avait beaucoup blessée. Aujourd’hui, elle composait avec et heureusement, son mari s’était quelque peu ouvert au fil des années. La seule chose qu’elle espérait pour l’instant, c’est que sa fille aînée ne s’enferme pas dans sa solitude. *** Après être restées un moment avec Kevin, Katri et Kjerstin étaient allées au bar préféré de la joueuse de hand. Là où un soir sur le trottoir, les choses avaient commencé à changer. Elles s’étaient installées à une table isolée contre le mur, profitant de la banquette en coin pour pouvoir être face à face mais sans vraiment d’obstacle entre elles. Elles avaient résisté jusqu’à ce que leurs bières leur soient servies mais pas plus. Elles s’étaient ensuite embrassées à en perdre le souffle et la notion du temps. Elles étaient sorties tard dans la nuit. Elles étaient allées chez Katri et avaient tout naturellement poursuivi leur chemin dans la chambre. Mais alors que l’ailière norvégienne commençait à glisser ses mains sous le t-shirt de Kjerstin, celle-ci l’avait arrêtée. « Est-ce que cette nuit, nous pouvons juste dormir ensemble ? » Katri avait hoché la tête et l’avait attirée dans ses bras sous la couette, posant un chaste baiser sur son nez. Elle ne ressentait pas cette urgence habituelle. Elle était tout simplement bien, le corps de l’autre jeune femme contre elle. *** Danielle ne dormait pas. Elle était allongée et elle regardait les étoiles. Les discussions qu’elle avait eues avec Ellen et son père lui tournaient dans la tête. Elle ne voulait pas affronter le reste du monde. Elle ne voulait pas devoir répondre aux questions. Ne pas croiser les regards plein de pitié. Ne pas entendre les mots de condoléances. Elle ne voulait pas dire définitivement au revoir à son Grand-Père. Elle voulait rester cachée ici mais elle voulait aussi retrouver Solveig. Elle lui manquait et ça faisait mal. Le hand et toute l’équipe lui manquaient. Elle se tourna sur le côté et son regard se posa sur le sol. Là où il a un an, elle avait fait l’amour avec Sveig. Voulant chasser ces images, elle se mit sur le ventre et cacha son visage dans l’oreiller. *Et si je ne suis pas à la hauteur Sveig ? Si je craque là-haut ? Si le chagrin menace encore de m’engloutir, est-ce que tu me tiendras la main ou est-ce que je serai un poids pour toi ? J’ai tellement peur des réponses. J’ai tellement peur de ne plus être ta guerrière norvégienne…* ***
Samedi 21 Mars 2009 – 20h00 | Ligue des Champions T2-J6 / Copenhague - Viborg | Les matchs se suivent et se ressemblent presque contre Viborg. Dire que Copenhague a souffert est un doux euphémisme. La défaite 33-25 n’est que le sommet de l’iceberg de la déroute des joueuses de la capitale. Voici, cette fois, un extrait d’un article en ligne du Berlingske : « Le navire prend l’eau ! Nouvelle déroute de Copenhague contre Viborg. Le talent d’ARLENSEN n’aura rien pu faire face à la vague de l’autre équipe danoise dans cette compétition de Ligue des Champions. ANDERSEN, à l’agonie dans cette partie, a sombré avec le bateau. Avec des statistiques au tir en dessous de cinquante pourcents, elle est bien loin de son niveau des Jeux Olympiques et des Championnats d’Europe. Elle a cette fois-ci complètement ignoré les demandes de réactions d’après match. La fin de saison va être longue pour Copenhague si même leur capitaine lâche prise. » Rien n’est tout de même catastrophique car l’équipe de Copenhague est qualifiée pour les demi-finales. Et toujours à la deuxième place du championnat avant le dernier match, ce qui leur assure une place en Play Offs. Rappelons aussi qu’à chaque fois que KASLER a joué contre Viborg, Copenhague a gagné. Bon nombre de supporters attendent avec impatience le retour de l’arrière droit et espère qu’il interviendra avant les premières grosses échéances. Rendez-vous le 28 mars pour la réception de Vejen pour le compte de la dernière journée de championnat. Bonne soirée. |
*** Solveig venait de rentrer chez elle et s’écroula dans le canapé. Elle ne put retenir ses larmes. Elle était fatiguée. Plus que ça même, elle était épuisée. Aussi bien physiquement que psychologiquement, elle n’en pouvait plus. Tout son corps lui faisait mal et tout ce qu’elle voulait c’était d’arrêter de penser. Le match contre Viborg avait été une catastrophe. Tout était allé de travers et elle avait été encore plus mauvaise au tir que les matchs précédents. Elle s’était surprise à chercher le regard de Dane sur le banc ou dans la foule mais il n’y avait personne et elle s’était sentie très seule. Elle aurait voulu être en colère, elle aurait au moins pu se révolter mais non, elle était juste lasse et triste. Bones, qui avait regardé la scène du fauteuil, se leva et vint poser son museau dans la main de sa maîtresse en poussant un petit gémissement. « Je sais mon gros, elle te manque aussi. Mais elle va revenir. Il faut juste lui laisser du temps. » *Enfin du moins j’espère que c’est juste du temps dont tu as besoin et pas d’autre chose que je ne pourrai pas te donner. Mais s’il te plait reviens vite. Tu me manques.*Elle mit son bras sur ses yeux et serra fort les mâchoires pour arrêter ses larmes. Elle ne devait pas craquer. Elle ne pouvait pas se laisser aller. Il fallait qu’elle tienne encore, pour l’équipe, pour Dane. Il fallait qu’elle reste ANDERSEN la capitaine de Copenhague et de l’équipe de Norvège. Elle était une Viking. Mais ce soir, elle était juste Solveig, une jeune femme à qui sa petite amie manquait. *** « Non ce que je dis c’est que vous avez toutes besoin de repos. C’est du n’importe quoi de vous infliger ça. » Ellen et Liv étaient installées dans le salon de la chirurgienne. — Je peux te poser une question ? demanda Liv. — Bien sûr. — Pourquoi tu as choisi ce métier si tu trouves qu’on est si irrécupérable ? Ellen se redressa dans le fauteuil. — Ce n’est pas ça, c’est juste que j’ai du mal à vous comprendre. — Tu as du mal à me comprendre ? La chirurgienne perçut de la crainte dans la voix de sa petite amie. — Quand tu es Liv non mais quand tu es ARLENSEN la gardienne de hand oui, parfois. — Je peux peut être t’aider à percer le mystère des sportifs. — Je veux bien. D’abord explique-moi, quel plaisir vous prenez à vous faire aussi mal. Je veux bien admettre que courir, bouger et se dépenser fait du bien et est bon pour la santé mais courir jusqu’à en avoir les muscles qui brûlent et le cœur sur le point d’exploser, non. — C’est une question de dépassement de soi. La devise des Jeux Olympiques le résume très bien : « plus haut, plus fort, plus vite. » — C’est la traduction gentille de « pas de progrès sans douleur ». Ole Einar était capable de tourner sur la piste de ski jusqu’à ce que ses jambes se tétanisent. — Et grâce à cette méthode d’entraînement, il a un très joli palmarès. Zatopek avait lui aussi développé une méthode d’entraînement à base de course en Rangers avec un sac à dos lesté de cailloux. Après ça, les compétitions lui paraissaient plus agréables. Tu imagines comme il faut être fort dans sa tête pour prendre le départ en sachant que tu vas courir pendant quarante-deux kilomètres. — En parlant de marathon, comment expliques-tu que des gens soient capables d’en arriver à un point tel qu’ils ne sont plus là. Rappelle-toi cette athlète suisse Gabriela ANDERSEN-SCHIESS qui a mis plus de cinq minutes pour couvrir le dernier tour de stade du marathon féminin des Jeux Olympiques de Los Angeles. — Tout d’abord, il y a une différence entre un athlète entraîné pour de tels efforts et ceux qui se surestiment. A Los Angeles, c’était le premier marathon féminin olympique et c’était un peu comme les premiers marathons masculins dès 1896. Beaucoup d’athlètes manquaient de référence et surtout il faisait une chaleur écrasante qui a un peu faussé la donne. Mais pour en revenir à SCHEISS, elle a dû sa défaillance à une intoxication à l’ammonium[url=#_ftn1] [1][/url]. C’est un problème de diététique et pas d’effort physique direct. — Cela revient au même, elle aurait pu s’arrêter quand elle a senti que ça partait en sucette. Il a dû lui falloir énormément de temps pour récupérer. — Et toi dans ton métier, à quel moment tu t’arrêtes ? Tu vas bien au bout de ce que tu peux faire. Quelle est ton intervention la plus longue ? — Huit heures. C’était une reconstruction de la jambe après un accident de moto. A plusieurs reprises j’ai cru qu’on allait devoir amputer. — Et pourtant tu as continué. Tu as la même abnégation qu’un sportif. Tu te dis que tu as toujours une chance de gagner. Les adversaires sont différents, ça peut-être la peur, la fatigue, la douleur, un être humain, la défaite ou la mort mais le but est le même : GAGNER ! — Oui mais moi, il y a un être humain qui compte sur mon abnégation. De votre côté, il y a quoi ? Une médaille, un fanion, un ruban ou un maillot ? Est-ce que cela vaut la peine de mettre sa vie en danger pour ça ? — Oui. Je serai peut-être une petite vieille toute pliée qui aura besoin de prothèse et d’un déambulateur mais ça ne me fera jamais regretter tout ce que le sport m’a permis et me permet encore de vivre. — Heureusement qu’il y a des gens comme moi pour faire en sorte que vous teniez encore debout. — Et tu adores ça : nous réparer. Tu aimes ce pouvoir de magicienne. Tu crois que j’ai oublié ton air satisfait quand tu as réussi à me débarrasser de ma longue blessure au pouce. Ou à la reprise de Sol après son opération au genou. Cela te plaît que par certains côtés nous dépendions de toi. Tu as entre tes mains le pouvoir de nous permettre de continuer notre carrière ou non. — Je n’irai pas jusque-là. Car même si je fais du super boulot et que vous vous faites n’importe quoi derrière, votre carrière sera compromise mais pas à cause de moi. — Oui mais si Dane n’avait pas croisé un bon chirurgien après sa rupture du ligament croisé elle n’aurait jamais pu reprendre le sport à un haut niveau. Nous vivons nos passions à fond, en sachant que sans les kinés, les ostéo et les chirurgiens comme toi nous ne sommes que des mécaniques avec beaucoup de talent mais très fragiles. Et pour te résumer la situation : je rentre sur un terrain comme toi tu rentres dans ton bloc. Nous avons le même objectif. Tu ne me comprends peut être pas mais je suis exactement comme toi. Ellen regarda attentivement Liv laissant les mots faire leur chemin en elle. Dans un sens, elle n’avait pas tort, les chirurgiens avaient bien la même abnégation et parfois une certaine arrogance à aller au bout d’eux et des choses. Cette constatation amenait un regard nouveau sur la condition des sportifs mais elle ne pouvait démordre qu’il y avait des sportifs stupides comme celui qui avait mis un coup de pied dans le poteau de colère. *** Danielle dans la grange, avait enchaîné les séries d’abdos et de tractions. Elle était à présent allongée sur le plancher. Elle avait couru deux fois aujourd’hui. Plus elle avait d’acide lactique dans les muscles moins son cerveau travaillait. Mais à présent qu’elle avait repris son souffle, Sveig reprenait toute la place dans sa tête. Et l’incertitude qui allait avec. *** Katri était rentrée chez elle. Elle était frustrée par le match. Elle avait déjà connu des périodes difficiles dans sa carrière mais celle-là était la plus dure. Personnellement elle n’était pas au top et elle s’en voulait car elle ne pouvait pas aider Solveig qui en prenait plein la tête en ce moment. Et Dane qui ne revenait toujours pas. Elle en était là de ses réflexions quand elle sentit son téléphone vibrer dans sa poche. ## Je viens de voir votre résultat. Besoin de réconfort ? K. ## Katri sourit. ## Pas de refus. #### Je suis chez toi dans moins de 10 min. ## Elles ne s’étaient pas vues depuis la nuit où elles avaient dormi ensemble. Chacune très prise par leurs obligations respectives. Elle était très contente que la jeune photographe vienne la voir. Elle devait participer au vernissage d’un ami. Mais cela lui laissait moins de dix minutes pour ranger un peu le bazar du salon. La sonnette se fit entendre alors qu’elle avait deux cannettes de coca cola vides dans les mains. Elle alla ouvrir la porte et fit signe à Kjerstin d’entrer. Alors qu’elle allait prendre la direction de la cuisine, elle vit la jeune femme enlever son manteau et ce qu’elle portait en dessous l’arrêta sur place. Elle l’avait toujours vu en jeans et pull trop grand mais là ce soir, elle portait une courte jupe noire avec un chemisier blanc et une veste cintrée, elle aussi noire. Ses jambes étaient gainées dans des bas tout aussi noir et ses chaussures à talons la grandissaient. « Quelque chose ne va pas ? demanda Kjerstin.» Katri lâcha ses canettes qui tintèrent en tombant sur le sol et avança vers la jeune femme. Sans prononcer un mot, elle posa ses mains sur ses hanches et la poussa contre le mur. Dans la foulée, ses lèvres vinrent en contact avec les siennes. Le baiser avait une certaine urgence mais c’est doucement qu’elle caressa les lèvres de la jeune femme avec sa langue. Lui demandant l’autorisation d’entrer. Kjerstin ouvrit la bouche sans se faire prier. Elle ne retint pas le gémissement qui montait dans sa gorge lorsque leurs langues entrèrent en contact et que Katri rapprocha encore un peu plus leur corps. La joueuse de hand voulait encore plus sentir la photographe contre elle mais leur différence de taille, la forçait à se courber. Pour résoudre ce problème, elle passa ses mains sous les fesses de la jeune femme et la souleva jusqu’à son bassin. Profitant de l’appui du mur pour se plaquer complètement contre elle. Kjerstin enroula ses jambes autour de Katri pour alléger son poids et l’empêcher de s’écarter. Elle aimait les sensations qui traversaient son corps. Elle avait pensé ne jamais partager ce genre de moment avec la jeune femme vu qu’elle sortait avec son frère. Enfin plutôt couchait avec son frère au vu des derniers évènements. Et aujourd’hui, elle était dans ses bras, elle goûtait ses lèvres et sa bouche et… Et ce qu’elle avait enfouit depuis que Katri lui avait fait part de ce qu’elle ressentait, remonta à la surface. Elle recula la tête. Katri suivit le mouvement. « Katri. Attends. S’il te plait. » L’internationale norvégienne recula la tête à son tour et plongea son regard dans celui de Kjerstin. Une question muette dans les yeux. — Je sais que c’est stupide mais… Commença la jeune femme avant de s’arrêter. — Mais… L’encouragea Katri. — J’ai peur de ne pas être à la hauteur. Elle posa son front sur l’épaule de la joueuse de hand. — A la hauteur de quoi ? — De mon frère. Katri se dit que cette conversation était étrange dans la position où elles se trouvaient. Il y a quelques mois en arrière elle se serait moquée des états d’âmes de la fille dans ses bras mais les choses avaient changé. Kjerstin avait changé les choses. Sans décoller son corps de celui de la jeune femme. Elle prit la parole. — Je ne te comparerai jamais à ton frère. Car tout est différent. Tu es différente. Et tu es une femme. Et même si je suis attirée par les deux, j’ai toujours eu une préférence pour la gente féminine. Et surtout c’est toi. Je n’ai jamais ressenti pour personne ce que j’éprouve pour toi. Il n’y a que toi dans ma tête. Il n’y a que toi que je veux comme ça contre mon corps. Il n’y a que sur toi que je veux poser mes mains. Il n’y a que tes mains que je veux sur moi. Et même en moi. Et… Elle ne put rien ajouter car Kjerstin venait de plaquer ses lèvres sur les siennes en posant ses mains sur sa nuque pour l’attirer plus près. Les mots avaient touché la photographe et à présent elle voulait tout. Elle posa ses avant-bras sur les épaules de Katri pour être un peu au-dessus d’elle et approfondir le baiser. Elle sentait les mains de la joueuse de hand glisser sous sa veste et son chemisier. Remonter le long de ses côtes et venir frôler la dentelle de son soutien-gorge. Le baiser était passionné et c’est à bout de souffle qu’elles s’écartèrent légèrement. — J’aime bien notre position mais pouvons-nous aller dans ta chambre ? J’ai envie de te toucher. — Accroche toi je t’emmène. Dit Katri en souriant. Le chemin ne fut pas long avant que Katri ne dépose la jeune femme sur son lit et s’allonge sur elle. Sans attendre Kjerstin souleva le t-shirt de l’ailière et promena ses mains sur son dos et le fit passer par-dessus sa tête tandis que celle-ci défaisait tous les boutons qu’elle croisait. Si bien qu’il ne fallut pas attendre longtemps pour qu’elle se retrouve en sous vêtement et bas sous le corps de l’internationale qui elle ne portait plus que son jeans. Profitant que cette dernière l’embrasse dans le cou, Kjerstin inversa leur position et elle se retrouva au-dessus de la joueuse de hand. Elle aimait le corps musclé de la jeune femme, ses bras, ses épaules, ses abdominaux, les jambes qu’elle devinait sous le tissu. Elle promena sa main sur sa gorge, passa entre ses seins, contourna son nombril et glissa sa main sous la ceinture de son pantalon. Comprenant ses intentions, Katri l’attira à elle. Elle la voulait contre elle, si les choses sérieuses devaient commencer. Elle ne l’arrêta pas quand elle commença à la caresser. D’habitude, elle aimait prendre l’initiative mais elle sentait que Kjerstin avait besoin d’être rassurée. Elle prit possession de ses lèvres alors que la photographe frôlait le point le plus sensible de son anatomie. Elle se contracta légèrement quand ses gestes prirent de l’amplitude. Et laissa échapper un gémissement entre ses lèvres. Elle était précise et savait où et quand accentuer la pression de ses doigts pour couper la respiration de Katri. Elle n’avait pas besoin d’aller vite pour faire monter la température de l’internationale. Elle n’eut pas besoin de la pénétrer pour lui arracher son premier cri et son premier frisson de plaisir. Alors que Katri voulait lui rendre ses attentions. Kjerstin ne lui en laissa pas le temps et entra en elle. Profondément. Tirant un hoquet de surprise à sa compagne. Celle-ci agrippa encore plus fort la photographe et se serra plus fort contre elle, roulant pour être à nouveau au-dessus d’elle, sentant toujours ses doigts en elle. Cette fois-ci elle ne voulait pas partir toute seule et se mit à son tour à caresser sa compagne. Leurs gémissements se répondaient, parfois étouffés dans leurs baisers. Katri, trop excitée, devait faire un effort sur elle pour ne pas basculer et intensifia ses caresses pour faire craquer Kjerstin. Elle sentit les dents de la jeune femme mordre son épaule signe qu’elle était au bord de la rupture. Elle la pénétra plus profondément encore et la sentit se contracter complètement en criant son nom. Mais Katri n’avait pas prévu que Kjerstin lui donnerait le coup de grâce dans son propre orgasme. Elle se retrouva sans force allongée sur la jeune femme. « Ne doute jamais de tes capacités. » murmura Katri à l’oreille de Kjerstin. *** Le lendemain, Andy referma d’un coup sec l’écran de son ordinateur portable. Il n’en pouvait plus de lire ce genre d’article. Sa meilleure amie était en train de faire une énorme bêtise et il ne pouvait pas rester à attendre que tout s’écroule. Il n’avait jamais vraiment su pourquoi elle avait arrêté le foot mais il ne la laisserait pas tourner le dos au handball et à Solveig. Il sortit de son bureau et rejoignit la salle du bar et Chloé. « Chloé, tu peux gérer avec Matt aujourd’hui et demain ? Je dois aller régler un problème urgent. » — Oui. Pas de problème. — Si ça coince, tu n’hésites pas à appeler Stan ou Estelle. Voire les deux. — Ne t’en fais pas. Va régler ton problème, on gère.
[url=#_ftnref1] [1][/url] Il s’agit d’un déchet (NH3) issu de la dégradation du métabolisme protéique et dont l’accumulation est accélérée par le manque de glycogène. Une forte concentration d’ammonium peut alors provoquer : perte de coordination motrice, ataxie, vertige… | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 17 Avr 2016 - 23:30 | |
| SUISSE – Mise au point Andy avait à nouveau essayé de joindre Dane mais était encore tombé sur sa messagerie. Il avait donc ensuite appelé chez ses parents et avait eu Zoé qui lui avait confirmé qu’elle était à Gams. Il avait donc pris la route des montagnes suisses en répétant le discours qu’il allait sortir à sa meilleure amie. Il lui avait fallu six heures pour rejoindre le village vers la frontière du Liechtenstein. Il était étonné de ne pas s’être perdu mais surtout, il était fatigué. Il n’avait pas assez dormi la nuit dernière, inquiet pour Dane et la route avait fini par l’épuiser. Il se gara dans la cour à côté de la voiture déjà présente et se dirigea vers l’entrée de la maison quand il entendit du bruit dans la grange à sa gauche. Il marcha jusqu’à la porte, l’ouvrit, fit un pas à l’intérieur et prit un ballon en pleine poitrine ce qui le fit tomber sur le sol. Son humeur n’étant pas très bonne dû à la fatigue, il se releva furieux. « Mais qu’est-ce que tu fous ? » — Je m’entraîne. Ça ne se voit pas ? Dane était face à lui en bas de survêtement et en t-shirt. Elle semblait lancer des ballons sur des sacs de sable répartis dans la pièce vide. — Et toi qu’est-ce que tu fais là ? lui demanda-t-elle en enfilant un pull à capuche. — Je suis venu faire en sorte que tu arrêtes tes conneries, lui répondit-il en se massant la poitrine, là où le ballon l’avait touché — Je vais bien ne t’inquiète pas. A cette phrase, il oublia le discours posé qu’il avait préparé et perdit son calme habituel. — Ah non ne me dis pas de ne pas m’inquiéter quand tu donnes aucune nouvelle. Et en plus ne me mens pas. Et même si toi tu penses que tu vas bien, ce n’est pas le cas de Solveig. Car toi tu es bien planquée ici mais elle, elle est en train de tout prendre dans la gueule à Copenhague. — Tu as parlé à Sveig ? Le coupa Dane. — Je n’en ai pas eu besoin. Si tu ne t’étais pas coupée du monde tu lirais les articles dans la presse ou sur le net et tu saurais que ta copine est en train d’en baver. Il pointa son doigt sur sa poitrine pour appuyer ses mots. — L’équipe s’en sort. Elles ont perdu contre Viborg mais elles sont qualifiées pour le dernier carré. Elles n’ont pas besoin de moi. Dit-elle en faisant un pas en arrière. — Tu te fous de ma gueule là ? Par pitié dis- moi que tu te fous de ma gueule. Il l’attrapa par les épaules et la tint à bout de bras. — … — Putain. Ton équipe est en train de se noyer car elles sont épuisées. Solveig est en train de se faire laminer aussi bien sur le terrain qu’en dehors par les journalistes. Tu es en train de l’abandonner corps et bien. Vu que tu t’entraînes, tu dois être guérie. En passant ça aurait été sympa de prévenir. Il avait crié, chose qu’il n’avait jamais faite avec elle depuis qu’ils se connaissaient. Dane écarta ses bras avec ses mains et le repoussa. — Ben tu vois, je vais bien. Maintenant que tu es rassuré, tu peux rentrer à Lyon et désolée que tu aies fait la route jusqu’ici. Elle avait, elle aussi, élevé la voix. Plus pour évacuer la pression des dernières semaines que par réelle colère. Andy expira un grand coup et sortit de la grange en poussant violemment la porte. Dane le suivit pensant qu’il retournait à sa voiture - pas très rassurée qu’il reprenne la route dans cet état - mais quand il prit la direction de la maison, elle accéléra le pas pour le rattraper. — Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-elle en posant la main sur son bras. — Je vais faire ta valise. Tu rentres chez toi, lui dit-il sans se retourner. — Pardon ?! Dane le bouscula pour rentrer avant lui et lui barra le passage. Mais comme il y a un peu plus d’un an, il se baissa et chargea la joueuse de hand sur son épaule. — Tu n’as aucune chance de gagner à ce petit jeu. Il ne s’arrêta pas quand il l’entendit grogner lorsqu’elle se cogna contre le montant de l’escalier. Arrivé dans sa chambre, il la posa sur le parquet et attrapa son sac de sport et commença à y mettre, en vrac, les affaires posées sur la malle au pied du lit. Au moment où il se saisissait d’un maillot de hand, proche de l’oreiller, il entendit le ton menaçant. — Repose ça tout de suite. Il s’arrêta et regarda plus attentivement ce qu’il avait dans les mains. Il le déplia et vit que c’était celui de la Norvège floqué du nom d’ANDERSEN. — Je n’y comprends plus rien. Tu t’entraînes, tu dors avec son maillot et pourtant tu restes ici. Pourquoi ? Dane garda le silence, les yeux fixés sur le maillot qu’Andy tenait toujours dans ses mains. — Parce que j’ai peur. Elle avait murmuré ces mots mais Andy les avaient bien entendus. Ce n’était pas très dur vu le silence qui régnait dans la maison. Il marcha vers elle et lui tendit le maillot avant de la serrer contre lui. — Qu’est-ce qui te fait peur, Dane ? Parle s’il te plait. — J’ai peur de ne pas être à la hauteur. Elle parlait dans son pull mais il entendait sa voix et sentait ses mains s’agripper à lui. — Comment ça ? — Tant que je pouvais jouer, j’arrivais à gérer, à bouger assez vite pour que le deuil de Grand-Père ne me serre pas dans ses bras. Mais quand je me suis blessée, je savais plus quoi faire. La tristesse et la douleur m’ont vraiment rattrapé. Et je ne voulais pas imposer ça à Sveig. Je me suis carrément enfuie avant de craquer complètement. Elle a besoin d’une petite amie forte. De quelqu’un qui peut la seconder. Pas de quelqu’un en vrac qui menace de fondre en sanglots à tout instant. Il sentit qu’elle frottait son front contre son torse comme pour dire non. Il serra ses bras autour d’elle et se pencha pour lui parler. — Dane. Elle a besoin de toi. Simplement de toi. Avec tes forces et tes faiblesses. Et je dirais même surtout tes faiblesses. Depuis que je te connais, toutes tes copines se sont plaintes du fait que tu gardais trop de choses pour toi. Lâche prise Dane. S’il doit y avoir une seule personne avec qui tu te laisses aller c’est Solveig. Elle t’aime, forte ou faible ça ne change rien pour elle. Fais lui confiance. A deux vous êtes indestructibles mais seules de votre côté vous êtes encore plus vulnérables. Retourne au Danemark, elle t’attend. — Et si je n’arrive pas à reprendre le hand ? C’est déjà arrivé avec le foot. — Vu le ballon que je me suis pris en pleine poitrine et qui va sûrement me faire un bleu, je ne pense pas que tu aies de problèmes de ce côté-là. Et tu as une équipe derrière toi. Quand tu t’es blessée au foot, tu étais plus jeune et le contexte était différent. Aujourd’hui, tu es une grande, une star championne olympique, championne d’Europe. Alors fais-moi plaisir et prends l’avion pour rentrer chez toi. Et tu as une promesse à tenir pour ton Grand-Père. Tu dois aller à Trondheim. Elle sortit le nez du pull de son meilleur ami pour le regarder. — Je sais. Tu viendras avec moi ? — Je serai toujours là. Dis-moi où et quand et tu me trouveras dans tes pas. Elle replongea son visage contre son torse. — Pourquoi tu n’es pas venu plus tôt. — J’hésitais entre te mettre un coup de pied au cul ou t’étrangler. Ça m’a pris du temps pour choisir. — Oh ! Et au final ? — Je préfère le câlin. Pour appuyer ses mots, il la serra plus fort contre lui avant de la tenir à bout de bras — Et surtout n’oublie pas qui tu es, là. Il pointa son cœur. — Et je suis qui ? — Tu es Dane KASLER, une viking ! Elle lui sourit et se rendit compte qu’elle ne l’avait pas fait depuis longtemps. — Tu m’aides à finir mon sac ? — Ok mais après tu me laisses dormir car venir te chercher m’a complètement vidé. — Pour une fois que c’est une fille qui t’épuise… Mais promis, je te laisserai dormir. *** Dane et Andy s’étaient quittés à l’aéroport de Zurich. Lui avait repris la route de Lyon et elle avait rendu la voiture et pris un vol pour Copenhague. A l’inverse de ce qu’elle avait dit, elle ne l’avait pas laissé dormir. Ils avaient parlé une bonne partie de la nuit, ce qui l’avait aidé à comprendre certaines choses et s’étaient endormis devant la cheminée après avoir mangé des pâtes. Dane avait atterri en fin d’après-midi. Alors qu’elle attendait son sac, elle avait passé un coup de fil à sa mère pour la prévenir qu’elle avait quitté Gams et qu’elle était retournée à Copenhague. Elle avait écourté l’appel prétextant devoir passer le contrôle mais avait dû promettre de revenir à Lausanne rapidement. Elle avait ensuite pris un taxi mais arrivée devant la porte, elle s’était rendue compte qu’elle était partie sans ses clés un mois plus tôt. Elle supposait que Solveig était à l’entraînement mais elle ne voulait pas prendre le risque qu’elles se croisent en se rendant à l’Aréna. Elle s’assit donc sur son sac sur les marches, le sol étant encore très froid. Elle espérait que l’internationale norvégienne ne tarderait pas trop car la température était très basse sur Copenhague en cette fin mars. Elle remonta le col de sa veste polaire et mis les écouteurs de son MP3 dans les oreilles. Se préparant pour attendre Solveig. *** Solveig sortait du bureau de Thia avec Liv. Elles avaient parlé des futures échéances mais aucune d’elles n’avaient abordé le sujet de Danielle et de son retour. Il leur restait un match de championnat et ensuite, elles attaqueraient les gros matchs qui devaient mener aux différents titres. Et elle était fatiguée. Elle ne savait pas où trouver l’énergie nécessaire pour cette nouvelle étape. Elle monta dans la voiture de son amie l’esprit un peu ailleurs. « Tu veux rentrer chez toi où bien venir boire un verre avec Ellen et moi à l’appart ? » Solveig se secoua mentalement pour répondre à Liv. — Merci pour l’invitation mais je vais rentrer. Je vais me faire couler un bon bain chaud. — Ok. Si tu changes d’avis n’hésite pas à venir. — J’appellerai avant. Je ne voudrais pas interrompre quelque chose, dit-elle avec un petit sourire. — Tu dis ça comme si nous faisions ça tout le temps. — Ce n’est pas le cas ? Liv mit une claque sur l’épaule de Solveig. — Oh ! Mais non. — Regarde la route plutôt que de me violenter alors que j’énonce des vérités. Elles arrivèrent rapidement devant la maison de la capitaine et alors que Liv roulait doucement dans l’allée, ses phares éclairèrent une forme tassée sur les marches de la maison. Et quand la forme releva la tête, aveuglée par la lumière, Solveig ouvrit la porte avant que Liv puisse complètement s’arrêter. — Je t’appelle plus tard. Furent les derniers mots de Sol avant qu’elle ne sorte de la voiture et court vers la porte. *** Peter était rentré tard et se trouvait dans la cuisine prêt à se servir un verre d’eau quand Helena entra dans la pièce et sans prendre le temps de lui dire bonjour lui annonça la nouvelle. « Danielle est à Copenhague ! » — C’est bien. — Elle aurait pu tout de même passer par ici. — Elle avait d’autres priorités. Peter prit sa femme dans ses bras posant son menton sur le dessus de sa tête. Il sourit, soulagé. Dane avait soigné ses blessures et retournait au combat. Pas de temps ou de place pour les détours. Il entendit Helena marmonner contre sa poitrine. — Vous êtes pénibles les KASLER avec vos priorités. Qu’est ce qui est plus important que la famille ? *Solveig ANDERSEN ! Sans aucun doute possible.* Pensa-t-il, souriant encore plus. *** Liv ne prit même pas la peine de fermer la porte de son appartement avant de rejoindre Ellen assise tranquillement dans le canapé en train de lire un magazine médical. Elle enjamba le dossier du canapé pour venir se mettre à genou en face de la chirurgienne l’embrassant avant de dire un sourire jusqu’ aux oreilles: « Dane est revenue ! » — Quand ? demanda Ellen ne sachant pas ce qui l’étonnait le plus à cet instant : le retour de miss numéro 5 ou le comportement de Liv. — Quand exactement, je ne sais pas mais elle attendait devant la porte de Solveig quand je l’ai ramenée. — C’est une bonne chose mais si tu ne veux pas que les voisins aient une idée réelle de ce qui se passe ici, tu devrais aller fermer la porte. *Je n’aurai donc pas besoin d’aller voir les petits suisses. Dommage, j’aurai bien refait mon stock de chocolat !* *** Solveig se tenait à deux mètres de Danielle. Elle était à deux doigts de se pincer pour s’assurer qu’elle ne rêvait pas. Elle avait trop de fois imaginé la trouver sur le perron, dans les vestiaires ou sur le terrain… elle avait arrêté d’espérer ce genre de surprise. Elle vit Dane se lever et eut l’impression qu’elle le faisait avec difficulté. « Hej. » Rien que l’entendre dire ce simple petit mot répandit une douce chaleur dans le corps de Solveig. « Hej. Tu es là depuis quand ? » — Je ne sais pas exactement. Quelle heure est-il ? Son accent suisse était encore plus perceptible dans ses mots norvégiens. — Il est dix-neuf heures vingt. — Alors ça fait à peu près une heure et quarante minutes que je suis là. Solveig avança d’un demi pas. — J’ai cru que tu n’allais pas revenir. — J’y ai pensé. Sol serra les poings. — J’allais venir te chercher. — Je crois que je le savais et qu’au fond je l’espérais mais quelqu’un l’a fait avant toi. Dane faisait un effort pour parler. Elle devait une explication à Sveig et elle allait lui donner même si elle devait geler sur place. — Andy ou Zoé ? demanda Solveig. Elle ne voyait que l’un des deux pour faire ça. Et elle penchait plus pour le barman car il était sans doute le seul à être capable de briser les murs de la forteresse de Dane. — Andy. Bien qu’Ellen ait allumé la première mèche au téléphone. — Ellen ? Solveig ne pouvait cacher sa surprise. La chirurgienne qui refusait d’avoir plus de contact que nécessaire avec des sportifs – bien que les choses aient fortement changé de ce côté-là en commençant par sa relation avec Liv – avait pris du temps pour communiquer avec sa petite amie. — Oui, nous étions en contact pour le suivi de ma blessure. Et elle m’a fait comprendre certaines choses à demi-mot. Andy a été moins subtil. Il y eut un silence où il n’y avait entre elles que la fumée que faisait leur souffle. Dane devait se concentrer pour ne pas trembler. Elle contractait tous ses muscles pour se contrôler. — Tu vas repartir ? — Pas sans toi. Plus jamais sans toi. J’ai une trouille effroyable mais je ne fuirai plus. Solveig voulait avancer vers elle mais elle avait encore besoin de réponses. — La trouille ? — De craquer. De ne pas arriver à gérer. — A gérer quoi ? Danielle voulait mettre les mains dans ses poches mais la polaire qu’elle portait n’en avait pas et celle de son jeans étaient froides. Elle se retint de mettre ses mains sous ses aisselles et sauter d’un pied sur l’autre. Elle avait vraiment très froid et rêvait de rentrer dans la maison mais elle devait encore tenir pour Solveig. — De gérer la peine que j’ai. Et le fait de ne pas être assez forte pour t’épauler. De ne pas être en mesure d’être là quand tu auras besoin de moi. Je ne veux pas être un poids pour toi. Je ne veux pas que mes états d’âme te gênent dans ta vie. Je suis partie car je ne voulais pas que tu me voies m’effondrer. Je voulais que tu te concentres sur le hand et pas sur moi. Et plus les jours passaient, plus tu me manquais mais moins j’étais en état d’être celle dont tu as besoin que je sois. Et je- Danielle ne put pas aller plus loin. Solveig venait de l’attirer contre elle et de poser ses lèvres sur les siennes. L’arrière droit posa juste ses mains sur les hanches de sa capitaine. Elle aurait voulu serrer ses doigts mais ils étaient trop engourdis par le froid. Elle pensait se réchauffer dans les bras de sa capitaine mais le blouson qu’elle portait ne faisait que lui renvoyer le froid qui la transperçait un peu plus. Solveig sentit les lèvres de Dane trembler. Elle aurait pu prendre ça comme de l’émotion mais quand elle entendit le claquement de ses dents, elle recula. La tenant à bout de bras, elle vit un long frisson parcourir tout son corps. — Tu as froid ? Dane hocha juste la tête pour acquiescer. Solveig l’attrapa par sa polaire et la tira vers la maison. Elle ramassa son sac au passage et se dépêcha d’ouvrir la porte. La différence de température fit trembler Danielle qui claqua encore plus fort des dents. Solveig prit simultanément la main droite de Dane et posa son autre main sur sa joue. — Mais tu es complètement gelée. Pourquoi tu ne m’as pas appelée ? — J’ai supposé que tu étais à l’entraînement et que tu n’allais pas tarder. Solveig avait ôté son blouson et commençait à dézipper la polaire de sa petite amie. Cette dernière ne contrôlait plus les tremblements de son corps. — Nous étions dans le bureau de Thia pour une réunion avec Liv et heureusement que j’ai décliné l’invitation de cette dernière à venir chez elle sinon tu aurais fini congelée assise sur ton sac. Solveig pendit la polaire dans l’entrée. — Pourquoi tu n’es pas plus habillée ? Où est le blouson qu’on a acheté à Lillehammer ? — En… En… En Suisse. Il… Il… Il faisait bon quand je suis partie ce matin. Il… Il y avait du soleil quand j’ai pris l’avion. — Nous sommes à Copenhague Dane ! Ce n’est pas ta première année pourtant. — Je… Je sais mais je pensais qu’à arriver ici en partant ce matin et j’ai oublié de changer de blouson. Putain ce que j’ai froid. Solveig la tira à nouveau vers la salle de bains. Son pull était aussi froid que la polaire qu’elle avait pendue. — Tu vas prendre une douche bien chaude et nous parlerons après. L’arrière droit hocha à nouveau la tête. Solveig ouvrit le robinet d’eau chaude dans la douche pendant que Dane essayait de défaire les boutons de son jeans en même temps qu’elle enlevait ses baskets. Ses doigts trop froids luttaient mais n’étaient pas très efficaces. Elle sentit les mains chaudes de Sveig repousser les siennes et ouvrirent son pantalon. Elles l’aidèrent ensuite à passer son pull et son t-shirt par-dessus sa tête. Ses sous-vêtements suivirent pas loin derrière avant d’être poussée dans la cabine de douche. L’eau chaude vint tout de suite envelopper son corps, lui faisant pousser un petit cri sous le choc. Elle essaya de se décontracter. Elle sursauta presque quand elle sentit Solveig la frôler. La capitaine norvégienne augmenta le débit de l’eau et plaça Dane bien au milieu. Elle se plaça dans son dos et l’entoura de ses bras. — Nous allons rester un moment comme cela. Tu vas te réchauffer doucement car il est hors de question que tu attrapes un rhume maintenant. J’ai besoin de toi. Quand elles sortirent de la douche, la salle de bains était envahie de tellement de vapeur que s’il y avait eu du papier peint dans la pièce, il se serait décollé tout seul. Dane se retrouva vite habillée d’un bas de survêtement et d’un pull à capuche assise dans le canapé un chocolat chaud dans les mains. « Ça va mieux ? demanda Solveig en s’installant à côté d’elle. » — Oui merci. — Comment vas-tu ? Vraiment. — Ma tête va beaucoup mieux. Je n’ai plus aucune douleur. Pour le reste, il me manque et ça, ça fait encore mal. — Je comprends mais sache que je suis là. Tu n’as pas besoin de traverser cette épreuve toute seule. Tu n’as pas besoin d’être forte tout le temps. Tu étais là après mon opération du genou et c’est à mon tour d’être un soutien pour toi. Je ne t’aimerai pas moins si tu montres tes faiblesses. Bien au contraire. Tu te souviens, dans un couple on encaisse à deux. — Oui, répondit Dane en hochant doucement la tête. — Tu as parfaitement le droit d’être triste, en colère ou bien d’autre chose encore mais ce n’est pas ce qui me fera prendre de la distance. Ce qui peut me blesser plus sûrement que n’importe quel match, c’est la distance que, toi, tu mets entre nous. Depuis ton départ la vie est compliquée. Pas parce que nous sommes malmenées durant les matchs mais parce que je me couche et me réveille toute seule. A chaque réveil, le sentiment est pire encore. Ta présence est ma force. Et je te tiendrai à bout de bras aussi longtemps que tu en auras besoin. Danielle posa sa tasse sur la table et pris la main de Sveig. — Je crois que j’ai besoin de ça. Elle entrelaça leurs doigts. — Ton contact m’a manqué alors que j’étais là-bas. J’ai passé des heures à regarder les étoiles et je ne voulais qu’une chose c’est que tu sois à côté de moi. Je voulais être là-bas pour me rapprocher d’un mort parce que je pensais qu’il me manquait alors que ce qui me manquait le plus au fond c’était une personne bien vivante. — Nous retournerons voir les étoiles ensemble car cet endroit fait partie de toi mais je ne te laisserai plus y retourner pour te cacher. D’accord ? — D’accord. Solveig se leva, libérant ses doigts de ceux de Danielle. Elle fit un aller-retour vers la porte d’entrée et posa sur la table basse le trousseau de clés de sa petite amie. — Ne repars plus jamais sans elles. Tu ne peux pas savoir ce que j’ai pu imaginer en les voyants pendues. — Je suis désolée. C’était vraiment un oubli. — Au moins tu n’as pas oublié le chemin de la maison. Sveig s’était glissée dans le dos de Dane et l’avait entourée de ses bras. — Jamais. Tu sais les gens disent qu’ils ont un port d’attache. Un endroit où ils reviennent toujours quoi qu’il arrive. Alors qu’elle disait cela, Solveig remarqua qu’elle nouait à nouveau ses doigts aux siens et jouait avec l’anneau qu’elle lui avait offert. Elle semblait avoir besoin de ce contact et cela ne déplaisait pas à la capitaine norvégienne. Elle pencha légèrement la tête sur le côté pour continuer d’écouter ce que Dane avait envie de dire. — Je pensais que c’était chez Grand-Père mais si ça a été le cas à une période, ça ne l’est plus aujourd’hui. Il y eut un silence. Danielle semblait perdue dans ses pensées. Solveig attendait mais son envie de savoir prit le dessus. — Où est-ce à présent ? Que je puisse te retrouver. — C’est là où tu es. A l’écoute de cette toute petit phrase, le corps et surtout le cœur de Solveig se réchauffa. Le froid du mois écoulé disparu, remplacé par une douce sensation de liberté. Elle posa ses lèvres sur la nuque de Dane. Inspirant son parfum. Passant ses mains sous son pull. Lui caressant le ventre, retrouvant la texture de sa peau. Elle avait l’impression de ne pas l’avoir touchée depuis mille ans. Elle retint un frisson quand elle sentit Dane se tourner dans ses bras et prendre possession de ses lèvres. L’incitant à s’allonger pour venir au-dessus d’elle, corps contre corps. Il y avait eu de l’urgence dans leur manière de se déshabiller. Leurs lèvres et leur langue s’étaient avidement cherchées. Mais à présent qu’elles étaient toutes les deux nues toujours allongées dans le canapé, Dane semblait vouloir prendre son temps. Elle était étendue sur le côté, sa tête calée sur sa main, coude plié, le dos contre le dossier. Et comme plus tôt avec ses mains, elle donnait le sentiment d’avoir besoin de la toucher. L’arrière droit promenait ses doigts sur son ventre et le long de ses côtes flottantes. Traçant des cercles et des arabesques qui se transformaient en ligne de feu sous la peau de l’internationale. A cet instant, Solveig voulait poser sa main sur la nuque de Dane, l’attirer sur elle, en elle. Elle devait lutter contre son désir qui grimpait pour laisser à sa petite amie le loisir de suivre ses propres envies et besoins. Quand ses doigts remontèrent et vinrent taquiner la pointe de ses seins Sveig dut se mordre la lèvre inférieure. Si elle venait y poser ses lèvres, elle ne répondait plus de rien. Mais Dane continua son chemin vers son cou, sa mâchoire, son visage. Alors que son index glissait sur ses lèvres, Sol le captura entre ses dents. Ce qui fit sourire sa partenaire. « Je te laisse encore deux minutes pour ton petit jeu et ensuite je prends les commandes, gronda Solveig. » — Ah oui ? Dane laissa sa main glisser sur tout le corps de sa capitaine pour venir se loger entre ses jambes. Solveig ne put, cette fois, retenir un hoquet de surprise. — Tu disais ? se moqua la néo-norvégienne. Solveig ne voulait plus parler ou alors seulement le langage du corps. D’un mouvement d’épaule et de bassin, elle fit basculer Dane sur elle. Le mouvement avait été si rapide que dans l’élan, elles roulèrent toutes les deux hors du canapé. Atterrissant sur l’épais tapis. Solveig sur Dane. Elles rigolèrent de leur mésaventure mais quand la cuisse de Sveig rentra en contact avec l’intimité de Dane, les rires se turent remplacés par des gémissements. Il n’y avait plus de place pour le jeu. L’urgence revint poussée par les hautes vagues du désir. Les mains ne caressaient plus, elles prenaient, elles donnaient. Sveig ne savait plus où elle s’arrêtait et où Dane commençait. Elle était en elle et sentait son amour la caresser en retour. Elle voulait la délivrance du plaisir mais ne voulait pas que cette sensation de complète appartenance s’arrête. Dane était au bord du fossé, du gouffre, de l’abîme. Dans moins d’une minute, elle allait rendre les armes et se laisser submerger par les sensations qui enflaient dans son ventre. Elle plaqua ses lèvres à la base du coup de Sveig pour étouffer ses gémissements. Et quand elle bascula, ses dents vinrent mordre la peau douce. Ce geste, sonna le glas pour Solveig qui s’abandonna, laissant la lave couler dans ses veines et son esprit s’éparpiller. Elle sentait le souffle rapide de Dane sur sa mâchoire et sa poitrine se soulever. Elle était rentrée… *** | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 24 Avr 2016 - 17:26 | |
| TRONDHEIM – Promesse tenue et retour au terrain Danielle se tenait face à ce qui était à présent la dernière demeure de son Grand-Père. C’était une sorte de mausolée dans un petit cimetière au nord de Trondheim. Il avait rejoint une partie de ses compagnons de résistance morts pendant l’occupation ou rattrapés plus tôt que lui. Elle avait pensé qu’elle serait seule avec sa famille et Solveig pour déposer l’urne funéraire en Norvège comme Hans l’avait demandé, mais il en avait été tout autrement. Dès l’aéroport de Copenhague, elle avait vu arriver Liv et Ellen. La gardienne norvégienne, originaire de cette ville, lui avait offert de leur servir de guide. Prétextant qu’elle avait d’autres choses à penser aujourd’hui que de trouver son chemin. Dane avait eu plus de mal à trouver une excuse à la présence de la chirurgienne mais en était restée sur le sentiment qu’elle avait éprouvé en Suisse en considérant la jeune femme comme une sorte de grande sœur. Lors de leur correspondance à Oslo, elle n’avait pas pu cacher sa surprise de voir Jørgen et Marit. Le père de Solveig lui avait expliqué que son père était lui aussi un membre de cet ordre et que c’était un honneur d’être là pour accompagner Hans. Andy était là aussi dans un costume gris foncé très sobre. Il avait ce regard qui confirmait ce qu’il avait promis quelques jours plus tôt : «dis moi où et quand et j’y serai. ». A l’entrée du cimetière, les deux familles et leurs amies avaient découvert un petit groupe d’hommes et de femmes, certains portant l’uniforme militaire d’autres en civil, arborant tous la croix de l’ordre de Saint Olaf. Ils avaient presque tous le même âge qu’Hans avec ce même regard plein de fierté et de tristesse. Deux d’entre eux portaient le drapeau norvégien et tous semblaient la connaître. Elle avait fait la connaissance de Stein, Roald, Haakon, Odd, Hege, Torhild et Svanhild. Cinq hommes et deux femmes avec chacun une histoire incroyable et une vie simple. Un étrange contraste qui faisait d’eux des citoyens norvégiens à part. Elle les avait écoutés dire au revoir à Hans et tous avaient fini par un ser deg snart[url=#_ftn1] [1][/url]. Elle posa ses doigts sur la porte en bois qui fermait le mausolée. « Voilà j’ai tenu ma promesse. Désolée que cela ait pris tant de temps. J’espère que tu es bien et que tu as retrouvé tes amis et tous ceux partis avant toi. Ceux qui manquent étaient ici. Elle prit une grande inspiration avant de continuer. Tu me manques Grand-Père. J’ai été lâche l’espace d’un instant mais un ami est venu me mettre un coup de pied aux fesses qui t’aurait plu. Je ne suis pas toute seule et je sais que je peux compter sur mon ami, mes amies et sur Sveig pour me rappeler où je dois être. Je te laisse et je viendrai te, enfin, vous rendre visite à chaque fois que je le pourrai. » Avant de se détourner, elle leva les yeux sur le nom de son Grand-Père fraîchement gravé à la suite des autres. Elle se surprit à sourire en imaginant sa grand-mère attendant son mari pour lui faire une scène pour avoir choisi ses amis plutôt que sa femme pour le repos éternel. Danielle sursauta en s’apercevant que Stein était quelques pas derrière elle. « Je ne voulais pas t’effrayer, ni te déranger dans tes adieux. » — Il n’y a pas de mal. — Hans avait raison, tu as un accent charmant. Avant qu’elle ne puisse répondre, il enchaîna. — Accepterais-tu de faire quelques pas avec moi ? Ta famille et tes amis sont allés chez Svanhild. Nous les rejoindrons après. — Avec plaisir oui. — Bien mais pas ici. Allons dans le parc de l’autre côté de la rue. Ne dérangeons pas la quiétude des lieux et des gens ici. — Je vous suis. Il attendit d’être entré dans le parc pour reprendre la parole. Il avait dû être grand et costaud. Les années qui avaient passé l’avaient un peu tassé et voûté mais il avait encore le pas alerte et le regard vif. — J’ai connu Hans à l’école. Nous faisions les quatre cents coups ensemble. Il faisait tourner l’institutrice en bourrique car même sans écouter, il connaissait toujours la bonne réponse. Tout le monde le prenait pour un mariolle mais dès qu’il était seul, il lisait énormément. C’est lui qui, en 1937, nous a fait prendre conscience de ce qu’il se passait dans le reste de l’Europe. Il nous avait apporté un journal dans lequel il y avait la photo d’un juif mort, pendu par les nazis à la frontière allemano-néerlandaise. Les lois de Nuremberg prenaient tout leur sens. Et c’est sans doute cette photo qui a été le point de départ de la plus grande aventure de notre vie. Cette aventure nous a tout de même eu par surprise le 9 avril 1940, quand les combats ont commencé. Plusieurs ports norvégiens ont été attaqués dont Trondheim. Il n’y avait pas eu de mobilisation. Nos dirigeants croyaient en notre neutralité. Mais ils avaient oublié la position stratégique de notre pays. Occuper la Norvège, signifiait protéger l’acheminement des minerais suédois vers l’Allemagne et empêcher les Alliés d’attaquer par le nord. Dane l’écoutait parler. Il semblait vouloir partager cette partie de l’Histoire que son Grand-Père avait toujours tenue secrète. — Heureusement Oslo résista assez longtemps pour permettre à notre roi et son gouvernement de se réfugier en Angleterre. Mon frère a rapidement été mobilisé mais à 17 ans, j’étais trop jeune tout comme Hans. Nous avons rejoint des volontaires qui surveillaient les quais du port. Mais au bout d’un mois l’ensemble de la Norvège était tombée. Et c’est à cette occasion que j’ai entendu la voix d’un traître pour la première fois. QUISLING[url=#_ftn2] [sup][2][/sup][/url], qui était le leader du mouvement fasciste norvégien, venait de se proclamer chef du pays et venait de nous offrir nous et nos ressources à l’Allemagne. A cet instant la trahison d’un des nôtres était pire que l’invasion. Nous avons subi cette situation jusqu’en 1941 avec un profond sentiment d’impuissance. Un bruit courait que des bateaux partaient de Florø pour rejoindre les Iles Shetland et les troupes anglaises. La mort de deux de nos amis abattus en pleine rue, nous a fait sauter le pas. Nous n’en menions pas large ballotés sur notre petit chalutier en pleine nuit. Aucun de nous ne savait s’il reviendrait chez lui. Elle sentait une tension en lui comme si il n’avait jamais pu pardonner certaines choses. — Des Iles Shetland nous avons été transférés à Aberdeen, en Ecosse. — Je connais, j’y suis allée. Pas dans les mêmes conditions c’est sûre. — Hans m’a dit que tu voyageais beaucoup et que tu venais toujours lui raconter tes aventures. — Oui mais pour l’instant c’est votre histoire que je veux connaître. — Nous voulions devenir pilote mais là-bas, nous avons rencontré Martin LINGE[url=#_ftn3] [3][/url]. Il nous a convaincu de choisir une branche des SOE[url=#_ftn4] [4][/url]. Nous avons suivi une formation au maniement des armes et des explosifs. Nous avons été renvoyés en Norvège avec pour mission de saboter les bateaux allemands dans les fjords de l’ouest. Hans était un champion pour l’approche furtive et pour disparaître sans laisser de traces. Il y avait une trace d’admiration dans ses yeux. Dan se dit qu’on était loin de l’histoire du simple messager que son Grand Père lui avait raconté. — Vous savez comment il a été arrêté ? — Nous avons été dénoncés. Il a fallu attendre la fin de la guerre pour savoir qui nous avait balancé. Hans allait à un rendez-vous pour planifier la prochaine mission quand il a été pris. Heureusement un habitant a vu la scène et nous avons été prévenus à temps pour quitter les lieux. J’ai été mis sur un bateau direction les Iles Shetland à nouveau. A cet instant je pensais avoir perdu mon meilleur ami. Mais c’était mal connaître l’animal. Comme tu le sais, il a réussi à s’échapper en profitant d’un moment de confusion dans le train. Il a sauté dans une congère. Je me demande encore comment il ne s’est pas rompu le cou ou autre chose. Il a marché deux jours pour rejoindre un village. Heureusement pour lui c’est sur le pas de la porte d’un membre d’une autre branche du SOE qu’il s’est écroulé de froid et de faim. Il a pu être exfiltré vers l’Ecosse. Tu ne peux pas imaginer ma joie quand on m’a appris qu’il était vivant et en sécurité. Il n’a jamais voulu parler de ce qu’ils lui avaient fait mais ça avait dû être dur car il y avait toujours un voile sur son regard quand nous abordions le sujet. Stein semblait s’être perdu dans ses souvenirs. Danielle posa sa main sur la sienne pour le faire revenir au présent. — Il ne m’en a jamais parlé non plus mais je crois savoir qu’il n’est pas resté sagement en Ecosse en attendant que ça se termine. — Oh non ! Loin de là ! Son principal argument pour retourner sur le terrain était qu’il n’aurait plus aucun problème pour ne pas parler sous la torture. Et il a fait partie de grosses opérations : le sabotage du « Tirpitz », un cuirassé allemand de 45 000 tonnes coulé dans un fjord au nord de Tromsø en novembre 1944, des voies de transport dans les montagnes de Matre, au nord-est de Bergen, vers la fin de l'hiver 1944-1945 et la préparation de la destruction du stock d’eau lourde sur le lac Tinnsjå qui sonna le glas des recherches pour l’obtention de la bombe atomique par les allemands. A la fin de l’hiver 1945, nous avons été déployés pour sécuriser les sites industriels. Il fallait éviter au maximum que pendant leur retraite les allemands détruisent ce qui allait permettre à la Norvège de se reconstruire. Alors que nous étions à nouveau dans la région de Bergen, nous avons croisé la route de ceux qui avait arrêté et interrogé Hans. A cet instant, j’ai cru qu’il allait leur faire payer de leur vie leur trahison au drapeau norvégien. Mais il n’en a rien fait. Ses tortionnaires n’étaient plus que des ombres, ayant perdu toute dignité et respect d’eux-mêmes. Beaucoup se sont mis à genoux pour marchander le prix de leur vie. — Que leur est-il arrivé ? Elle ne voulait pas l’interrompre mais elle avait besoin de savoir. — Ils ont été jugés. Un a été condamné à mort et exécuté. Certains ont été emprisonnés et beaucoup ont travaillé à la reconstruction. Mais Hans n’a rien vu de tout cela. Au lendemain du 8 mai, il est parti sur les routes pour comprendre. — Vous l’avez revu ? — A quatre reprises : son mariage, la naissance de Peter et son mariage et ta naissance. — Il ne vous reste plus qu’à assister au mien et vous aurez marié trois générations de KASLER. — Cela semble en bonne voie avec ton amie. — Oui Solveig est quelqu’un de très bien. Je l’aime et je sais que je peux m’appuyer sur elle dans n’importe quelle circonstance. — J’ai vu ça. Hans m’en a parlé dans plusieurs de ses lettres. Il était content que tu aies trouvé quelqu’un qui t’aime autant. C’était le plus important pour lui : aimer les gens. Ils restèrent silencieux un moment, plongés tous les deux dans l’analyse de ce qu’ils ressentaient. Ce fut Stein qui reprit la parole. — Allons rejoindre les autres. Ils doivent se demander où je t’ai emmenée et il risque de ne plus y avoir de gâteau. Danielle suivit le vieux monsieur qui semblait s’être redressé d’avoir raconté ses souvenirs de jeunesse. Elle avait aimé cette conversation. Elle se promit de rester en contact avec lui et continuer de correspondre comme son Grand-Père le faisait. *** Solveig conversait avec Torhild et Svanhild pendant que son père échangeait les souvenirs de son propre père avec Roald, Haakon, Odd et Hege. Quand la porte s’ouvrit, elle fut contente de voir Danielle. Elle s’inquiétait un peu et craignait de la trouver plus triste encore. Elle s’excusa auprès des deux jeunes femmes et s’avança vers sa petite amie. Cette dernière vint se blottir dans ses bras et la capitaine norvégienne sentit les larmes de la jeune femme couler dans son cou. Elle lui caressa la nuque et posa un baiser sur sa tempe. Quand Dane lui fit à nouveau face, ses yeux étaient encore humides mais ils brillaient de cette lumière qu’elle connaissait si bien. « Tout va bien ? lui demanda-t-elle. » — Il y a encore du travail mais ça va mieux. — Bien. Viens goûter le gâteau de Svanhild, il est à se damner. Elles avaient dû quitter leurs hôtes et leur famille pour prendre le dernier vol pour Copenhague. Liv, Solveig et Dane devaient être à l’entraînement dès le lendemain matin et Ellen avait une opération du genou l’après-midi. Elles avaient toutes les quatre promis de revenir une fois leur saison terminée. Dane voulait encore entendre des histoires sur son Grand-Père. ***
Samedi 28 mars 2009 – 19h00 | J22 / Vejen - Copenhague | LA nouvelle de ce soir c’est que KASLER est sur la feuille de match. Le club a bien su garder l’info du retour de l’arrière droit après un mois et trois semaines d’absence. Elle est à l’échauffement avec le reste du groupe. Elle ne devrait toutefois pas débuter la rencontre mais c’est de bonne augure avant le début des deux phases finales coupe et championnat. |
Dane attrapa le ballon que lui envoyait Liv et continua de se concentrer sur l’échauffement de la gardienne. Le soir de son retour, Solveig avait prévenu Thia qu’elle était là. Dès le lendemain après-midi un test physique avait été planifié pour voir où elle en était. Ellen et Tero étaient présents pour parer à toutes éventualités. Son entraîneur ne l’avait pas ménagée mais elle comprenait parfaitement pourquoi. Elle savait que Thia respectait sa douleur mais l’équipe allait entrer dans la partie décisive de la saison et elle devait savoir si elle pouvait compter sur l’internationale norvégienne ou non. Dane était allée chercher très loin en elle pour tenir le choc. Elle voulait retourner sur le terrain aux côtés de Solveig et du reste du groupe. Elle ne regrettait pas d’avoir couru dans les montagnes de son Grand-Père. Même si elle avait eu les jambes qui brûlaient et les poumons en feu, elle avait été jugée apte à rejoindre l’équipe. Elle avait donc réenfilé sont maillot noir floqué du numéro cinq. 1ère minute : 00 – 01 KASLER est bien sur le banc en ce début de match pour voir ANDERSEN ouvrir son compteur but sur la première action.
[…] Mi temps : 10 – 12 Les joueuses de la capitale ont pris le match à leur compte et laisse Vejen à 2 buts derrière elles depuis la 5ème minute. ANDERSEN est en réussite ce soir avec un 100% et 5 buts marqués. KASLER n’est pas encore rentrée en jeu.
[…] 41ème minute : 18 – 21 KASLER rentre en jeu à 9 minutes de la fin pour claquer son but sur un tir à 9m au-dessus de la défense. L’avenir nous dira si elle est encore en mode « serial buteuse ».
[…] Fin du match : 22 - 26 Copenhague s’impose pour ce dernier match de la saison régulière et conforte sa 2ème place derrière Viborg. ANDERSEN retrouve ses stats et échoue à un tir du 100%. KASLER finit avec 2 buts et 2 passes. L’inconnue reste le côté physique et savoir quel temps de jeu l’arrière droit aura dans les matches à venir. Pour cette année les Play Off vont se dérouler de la manière suivante : les 6 premiers qualifiés, 2 poules de 3 équipes, se rencontrent en match aller/retour et le premier de chaque poule joue le titre. Les poules sont donc : Viborg, Vejen, Arhus et Copenhague, Aalborg, Ikast. Début des festivités mercredi 1er avril. Prochain match : Copenhague - Ikast le 01/04/2009 Bonne soirée ! |
Dès la fin du match, Dane avait été accaparée par les journalistes qui voulaient tout savoir. Et dans le tout, il y avait le lieu où elle était ces dernières semaines, ce qu’elle avait fait, comment elle se sentait, sa blessure était-elle complètement soignée, était-elle prête pour les futures échéances, pourquoi était-elle allée à Trondheim, est-ce que tout allait bien avec Solveig et pour finir : où allait-elle jouer l’année prochaine. Elle avait bien envie de les envoyer promener mais elle avait vite compris qu’elle ne pouvait pas disparaître de la sorte sans devoir rendre des comptes. Et si Sveig ne l’avait pas interrogée, il en était tout autre pour les autres. Elle avait donc pris son mal en patience pour répondre mais à la dernière question alors qu’elle allait dire « comme Solveig », elle se censura et déclara qu’elle se concentrait sur les Play Off et la Ligue des Champions pour le moment et qu’elle verrait plus tard pour la suite de sa carrière. Elle avait presque oublié que son contrat ainsi que celui de Solveig se terminaient à la fin de cette saison. Les rumeurs de transferts commençaient déjà à agiter le monde du handball et Dane espérait qu’il n’y aurait pas de tempête. ***
Vendredi 10 Avril 2009 – 19h00 | Play Off J5 / Ikast - Copenhague |
[…] Fin du match : 23 – 30 4ème victoire en 4 matchs pour Copenhague qui valide mathématiquement sa première place dans la poule sans avoir à attendre le dernier match entre Ikast et Aalborg. Elles assurent donc leur place en finale. Comme pour les 3 matchs précédents, une défense et une attaque retrouvées bien loin des dernières rencontres de la saison régulière où chaque opposition se gagnait au forceps. Les joueuses semblent avoir trouvé un second souffle au niveau physique et cela se ressent sur la précision de leurs tirs. Les deux ailières s’en sont données à cœur joie durant toute la partie bien servies pas KASLER. Cette dernière n’a joué que 38 minutes. Elle semble encore être économisée par le staff en vue des prochaines échéances. Elle s’en sort avec 5 buts et 14 passes dont 5 pour ANDERSEN. La capitaine est à l’image de son équipe : en bien meilleure forme. Certains journalistes ont avancé que le retour de KASLER y était pour quelque chose sans préciser si ils parlaient des résultats de l’équipe ou du comportement d’ANDERSEN sur et en dehors du terrain. Elles vont devoir à présent changer de casquette pour celle de la Ligue des Champions avec la réception des hongroise de Györi en demi-finale aller. Prochain match : Copenhague - Györi le 28/04/2009 Bonne soirée ! |
Danielle venait de finir de répondre aux journalistes tout comme Solveig et elles étaient les dernières à rejoindre le vestiaire. Ça chantait déjà pour célébrer leur accession en finale. Les trois semaines écoulées avaient été intenses avec presque un match tous les trois jours. Elle avait juste pu s’échapper vingt quatre heures pour aller rejoindre Andy pour son anniversaire. Elle s’était installée au bar et avait attendu qu’il se retourne pour sourire de sa tête. Il avait bien failli lâcher le shaker qu’il tenait pourtant à deux mains. Il avait eu un temps d’arrêt comme si il n’avait pas été sûr de ce qu’il voyait. Puis le coin de ses lèvres s’était relevé moins vite que ses yeux s’étaient mis à briller. Il avait laissé en plan sa préparation pour contourner le comptoir et la serrer dans ses bras. Elle avait bien cru mourir étouffée dans son étreinte mais ne l’aurait quittée pour rien au monde. « Mais qu’est-ce que tu fais là ? Tu es en plein Play Off. » Il s’était exclamé. Elle avait dû lui expliquer que comme toutes les joueuses elle avait eu un jour de repos et qu’elle devait juste être à l’entraînement demain en fin d’après-midi et que Solveig aurait bien voulu l’accompagner mais avait des obligations auxquelles, elle n’avait pas pu se soustraire. Il avait été désolé pour Sveig. Ils avaient discuté tout l’après midi installés au fond de son bar. Elle avait signé quelques autographes et posé pour des photos avec des habitués ou non des lieux. Andy avait insisté pour en faire une avec toute « la famille ». Il pourrait l’accrocher derrière le comptoir et y jeter un coup d’œil à chaque fois qu’il prendrait une bouteille. Ils étaient ensuite allés manger dans un tout petit restaurant du Vieux Lyon où le patron avait longtemps dansé d’un pied sur l’autre avant de venir lui demander si il pouvait appeler sa fille qui était une grande fan et qui logeait pas très loin du restaurant. Moins de dix minutes plus tard une rousse pétillante était arrivée avec à la main un maillot de Lyon. Elle jouait au hand dans son ex club et espérait cette année aller faire quelques matches en fédérale avec l’équipe première. Elle occupait le poste d’arrière gauche et Dane devina la puissance dans son bras droit que la manche de son pull de récupération moulait. Après un autographe, une photo et des nouvelles du club, elle les avait laissés à leur dessert. Andy avait pris sa soirée et, se fut installés confortablement dans l’appartement de Dane qu’Andy occupait qu’ils avaient continué de discuter. Ils avaient bien sûr abordé son retour à Copenhague et elle lui avait expliqué que tout le monde avait été très cool avec elle. Et que personne ne lui en avait voulu d’être partie. Elle lui avait aussi raconté comment elle avait failli finir congelée en attendant Solveig sur leur perron. Il s’était moqué et elle avait aimé. Jusqu’à très tard dans la nuit, ils avaient continué de parler et s’étaient endormis écroulés dans le canapé comme pendant leur adolescence. C’était comme si rien n’avait changé. Au sein de l'équipe non plus, rien n’avait changé. Dans les vestiaires. Katri faisait toujours le clown, mimant un truc que Dane n’arrivait pas à identifier. Liv pianotait sur son téléphone sûrement pour envoyer le résultat à Ellen. Solveig lui avait expliqué que les deux jeunes femmes s’étaient vraiment beaucoup rapprochées. Et elle lui avait aussi annoncé la nouvelle inclination de Katri pour la sœur jumelle de son super coup au lit. Et pour que l’ailière ait présenté la jeune femme à Liv et Sol c’est que c’était sérieux. Du coup elle était impatiente de rencontrer à son tour la jeune femme qui semblait avoir réussi à arrêter la course de Katri. *** Le premier gros remous au niveau des transferts était venu de la fédération norvégienne qui avait annoncé, la veille de la demi-finale de la Ligue des Champions, que les Championnats du Monde seraient la dernière compétition pour Ikka SORENSEN à la tête de la sélection nationale. C’est sous son ère que l’équipe féminine était entrée dans la cour des grandes. Après quinze ans à ce poste et un palmarès impressionnant : une médaille d’or et de bronze aux Jeux Olympiques, deux titres mondiaux et quatre titres européens, elle souhaitait revenir à ses premiers amours et retrouver la vie de club. Rien n’avait été précisé sur le club en question et son remplaçant n’était pas encore connu. Une liste de noms potentiels était déjà sortie dans la presse et les spéculations sur le nouveau club d’Ikka allaient bon train. Contrairement à Danielle, Solveig n’avait pas paru étonnée de cette annonce. La sélectionneuse en aurait-elle déjà fait part à sa capitaine bien avant cette nouvelle ? Possible. Ikka avait axé son management sur la communication et un gros dialogue avec ses joueuses. C’est cette information qui avait été longtemps commentée le soir alors que Katri, Kjerstin, Liv et Ellen étaient venues dîner chez Sol et Dane. Au cours du repas, la capitaine norvégienne avait bien vu que le départ d’Ikka embêtait sa petite amie. Dès le début de leur relation, elle avait compris que Danielle n’aimait pas trop le changement, qu’elle se sentait bien dans une routine, aptitude qui devait être liée à sa timidité et qui devait la rassurer. Dans peu de temps, l’arrière droit devrait prendre une décision à son tour pour gérer la suite de sa carrière. La fin de la saison approchait et Solveig avait déjà été contactée par plusieurs clubs, dont un en particulier… ***
Mardi 28 avril 2009 – 20h00 | Ligue des Champions Demi-finale / Copenhague - Györi |
[…] Fin du match : 26 - 25 Victoire à l’arrachée pour Copenhague qui évite le match nul dans les dernières secondes grâce à un tir atomique de KASLER qui a trouvé les ressources pour s’élever au dessus de la défense et lâcher son bras pour envoyer le ballon dans la lucarne opposée. Les danoises iront donc en Hongrie avec un petit but d’avance. La qualification est loin d’être acquise mais ce petit but rend les choses jouables. Il faudra qu’elles soient rigoureuses en défense et qu’elles ne gâchent pas trop d’occasions pour jouer leur deuxième finale d’affilée et défendre leur titre. Dans l’autre demi finale Viborg est allé s’imposer en Roumanie 34-28 contre Vâlcea. Prochain match : Györi - Copenhague le 02/05/2009 Bonne soirée ! |
*** Solveig posa son sac dans l’entrée et alla s’écrouler, à plat ventre, dans le canapé. Voyant cela, Bones installé dans le fauteuil leva à peine la tête. Danielle s’approcha et s’assit près de sa petite amie, avant de poser ses deux mains sur ses épaules pour les masser. Le gémissement qui sortit des coussins l’encouragea à continuer. « Je suis claquée ! J’ai l’impression que le match a duré deux heures. Commenta Sveig le nez toujours dans l’oreiller.» — J’ai aussi eu cette impression. Le dernier quart d’heure a été très long. — Dernier quart d’heure que tu as fini en beauté. Je ne sais pas où tu es allée chercher l’énergie pour monter au dessus des bras adverses et mettre une telle puissance dans ton tir. En disant cela Solveig s’était tournée sur le dos. — Tu peux mettre ça sur l’énergie du désespoir. Je me suis dit que c’était la dernière et qu’après je pourrai agoniser les bras en croix sur le sol sans que ça prête à conséquence. — En parlant d’agoniser, j’ai bien cru qu’il allait falloir faire rouler Katri jusqu’aux vestiaires. — Il faut dire qu’elle a bien ramassé sur ce match. Dane fit la grimace en se souvenant comment l’ailière gauche avait fini contre un panneau publicitaire après avoir été déséquilibrée en pleine extension. Et ça n’avait été qu’une faute parmi tant d’autres qu’elle avait subies. — C’est un euphémisme. Mais je ne m’inquiète pas trop. Elle marchait beaucoup mieux dès qu’elle a vu Kjerstin. Il faudrait demander à Ellen de mener une étude sur la récupération à l’effort et les sentiments amoureux. — Je ne pense pas qu’elle soit très objective sur ce coup. Elle pourrait être distraite par un des sujets. Dane fit un clin d’œil et se leva pour rejoindre la cuisine et aller chercher deux bouteilles d’eau dans le placard. Avant de revenir et d’enjamber le dossier du canapé pour s’allonger à coté de Solveig. — J’espère que tout va bien se passer pour Katri et Liv, reprit la capitaine après avoir bu et calé sa tête contre l’épaule de sa coéquipière. J’ai envie qu’elles puissent vivre ce que nous vivons. — Et qu’est ce que nous vivons ? — Une grande et magnifique histoire d’amour ! Sa phrase finie, Solveig ne laissa pas le temps à Dane de commenter et prit possession des lèvres de sa compagne. Cette dernière ne protesta pas quand sa capitaine roula au dessus d’elle. — Je croyais que tu étais fatiguée, fit remarquer Dane. — Plus maintenant… répondit l’internationale avant d’embrasser à nouveau Danielle et de laisser sa langue caresser ses lèvres. Dane remonta son genou pour que sa cuisse rentre en contact avec l’entrejambe de Sveig qui étouffa un gémissement sous l’action. — Prête pour un autre type de match ? demanda-t-elle laissant apparaître un sourire mutin. — Toujours pour ce type de rencontre ! Pendant un long moment il n’y eu plus une parole, juste de doux murmures, des vêtements éparpillés et de longs gémissements. Bien plus tard, alors que tout Copenhague devait dormir, Solveig caressa doucement l’épaule de Danielle. « Liten alv[url=#_ftn5] [5][/url], murmura-t-elle. » — Hum. — J’aimerai que tu rencontres quelqu’un dans les jours qui viennent. — Hum hum. — Merci. Fais de beaux rêves. Dane n’avait pas ouvert les yeux et Solveig savait pertinemment, qu’à son réveil, elle ne se souviendrait pas de cette mini conversation. Quand elle lui en reparlerait d’ici deux jours, la jeune femme ne pourrait pas la contredire. Ce n’était pas très Fair Play mais les semaines à venir allaient être très tactiques. ***
Samedi 02 mai 2009 –19h00 | Ligue des Champions Demi-finale / Györi - Copenhague | […] Mi temps : 10 – 10 Ça continue d’envoyer du lourd en Hongrie. Je ne sais pas dans quel état les deux équipes vont finir tellement l’engagement est total. Les deux équipes ne font aucun calcul. Tous les duels sont âprement disputés. Très peu de buts entre les 6 et 8 mètres tellement les défenses sont acharnées. Les deux formations s’appuient sur des tirs à 9m et au-delà pour preuve le tir déclenché par KASLER situé bien 1m derrière la ligne de jet franc. Les ailes sont complètements muselées et il n’y a pas le moindre petit trou de souris d’un coté comme de l’autre. Les deux demi-centres se répondent coup pour coup au propre comme au figuré toutes les deux ayant déjà pris 2min pour fautes répétées. Il est difficile de dire dans quel secteur le match va se gagner. La fraîcheur physique va sûrement avoir son rôle et quand on sait comment Copenhague a fini la saison ce n’est pas rassurant.
[…] 40ème minute : 14 – 14 Si ça ne gagne pas, ça débarrasse. KASLER vient d’être poussée au sol sans aucune subtilité. Pas d’inquiétude, l’arrière droit s’en sort avec une glissade sur les fesses.
[…] 50ème minute : 18 – 18 Voici une action que l’on n’avait pas vue depuis quelques temps. KASLER qui monte au tir mais au lieu de lâcher son bras, fait une passe à ANDERSEN qui s’est infiltrée dans le dos de la défense.
[…] 54ème minute : 19 – 20 Arrêt d’ARLENSEN, relance sur AAMODT qui seule face à la gardienne ne rate pas l’occasion d’ouvrir enfin son compteur but de la soirée. Copenhague prend l’avantage. Rappelons que Györi doit marquer avec 2 buts de plus que leurs adversaires pour aller en finale ou 1 but pour aller en prolongation. 55ème minute : 19 – 21 KALSER se sacrifie pour provoquer le passage en force. Sur l’attaque suivante ANDERSEN place son volt et dans son style acrobatique marque, donnant un peu d’air à Copenhague.
[…] Fin du match : 21 – 23 Les coéquipières d’ARLENSEN ont tenu jusqu’au bout pour valider leur ticket pour la finale. Elles y retrouveront Viborg qui s’est contenté du match nul après leur solide victoire au match aller. Ce contexte va nous donner une quadruple opposition entre les deux clubs, en Ligue des Champions et en Championnat ce qui renforce l’avis des spécialistes comme quoi ce dernier est toujours le plus relevé. Les « festivités » débutent dans une semaine à Copenhague et se termineront à la fin du mois au même endroit. Reste à savoir avec combien de titres en vitrine. Prochain match : Copenhague - Viborg le 09/05/2009 Bonne soirée ! |
[url=#_ftnref1] [1][/url]A bientôt. [url=#_ftnref2][2][/url] Vidkun Abraham Lauritz Jonnsøn Quisling (18 juillet 1887 - 24 octobre 1945) est un homme politique norvégien. Il est essentiellement connu pour avoir été le principal artisan de la collaboration avec l'occupant nazi pendant la Seconde Guerre mondiale. Son nom est passé dans le langage courant en Norvège et dans le monde anglo-saxon comme synonyme de « traître ». Il est fusillé par un peloton d'exécution au pied des remparts de la citadelle d'Akershus, le 24 octobre 1945, à 2 h 40 du matin. [url=#_ftnref3][3][/url] Martin Jensen Linge (11 décembre 1894 – 27 décembre 1941) est un acteur norvégien qui devint, lors de la Seconde Guerre mondiale, le commandant de la Première Compagnie indépendante norvégienne (NOR.I.C.1), formée par le SOE en 1941. Linge fut tué lors d'un raid sur Måløy (Opération Archery), mais le groupe qu'il commandait fut toujours appelé Compagnie Linge par la population norvégienne. [url=#_ftnref4][4][/url] Le Special Operations Executive (SOE, « Direction des opérations spéciales ») est un service secret britannique qui opéra pendant la Seconde Guerre mondiale (créé le 19-22 juillet 1940 par Winston Churchill et dissout le 30 juin 1946), avec pour mission de soutenir les divers mouvements de résistance, au départ ceux des pays d'Europe occupés par l'Allemagne, et progressivement ceux de tous les pays en guerre, y compris en Extrême-Orient. [url=#_ftnref5] [5][/url] Petit Lutin | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 1 Mai 2016 - 17:31 | |
| LARVIK – Argumentaire Alors qu’elle attendait que le feu piéton passe au vert, Danielle se demandait pourquoi Solveig lui avait demandé de la rejoindre dans un hôtel du centre de Copenhague. Elle s’était retenue de poser la question depuis cette annonce. Elle n’en avait parlé à personne, ni à Liv, ni à Katri. Et surtout pas à Katri. Le temps de penser à cette possibilité, elle avait réussi à trouver plusieurs répliques que la jeune femme aurait pu lui dire. Du genre : « Cap’taine et Imp ont rendez-vous pour un cinq à sept », « hum, hum, hum, elles vont faire… », « avis à tous, évitez le centre-ville la température va grimper » ou encore « ben alors vous avez cassé votre lit ? ». Tout le coté poétique de l’ailière. Ses pensées l’avaient amenée devant la porte à tambour de l’établissement quatre étoiles. Le dernier message de Solveig lui précisait qu’elle l’attendait au bar de l’hôtel. Elle prit donc le couloir de droite et pénétra dans la salle décorée selon la tradition d’un club de gentlemen anglais avec du bois sombres des canapés en cuir vert. Un jour elle analyserait cette situation et comprendrait pourquoi elle n’était pas étonnée. « Si j’avais su que vous veniez ici aussi, j’aurai demandé à l’une d’entre vous de m’emmener, dit elle en regardant Liv et Katri. » Ces dernières semblaient fascinées pas les tableaux aux murs ou la télévision en face d’elles. — Sol voulait garder ça secret pour l’instant, expliqua tout de même la gardienne. — Je leur ai fait remarquer que si un journaliste attendait devant l’hôtel, il allait se faire un film en voyant quatre joueuses de Copenhague se retrouver dans un lieu plein de chambres et de lits, renchérie Katri. — Katri ! s’exclamèrent les trois jeunes en même temps. — Ben quoi ? Solveig fit signe à Dane de s’assoir avant de lui présenter l’homme à le table. — Voici Oskar DAEHLIE. Il est responsable du recrutement pour le club de Larvik. Il se leva et tendit la main à l’arrière droit. — C’est un plaisir de vous rencontrer. — De même. Vous avez un lien avec Bjørn DAEHLIE le champion de ski ? — Nous sommes cousin mais je n’ai pas un gramme de son talent sur des skis au grand damne de ma famille. — Vous devez avoir d’autre talent si vous travailler pour le club de Larvik. — Je l’espère. Il se rassit imité par Dane. *** Alors qu’elles étaient sur la route du retour chez elle, Solveig brisa le silence qui s’était installé dans l’habitacle. « Tu m’en veux ? » Dane se tourna légèrement pour regarder Sveig. — Pourquoi je t’en voudrai ? — Pour t’avoir mis devant le fait accompli. Même si tu étais d’accord pour le rencontrer, j’aurai du te dire pourquoi je t’attendais la bas. — Tu peux me rappeler quand j’ai accepté de voir ce monsieur ? — Dans la nuit du 28 au 29 avril, si mes souvenirs sont bons. — Sveig, on avait dit que tu arrêtais de faire ça. C’est déloyal. — Je sais. Pardon. — C’est rien. Je sais très bien pourquoi tu as fait ça. — Ah bon ? Solveig s’attendait à de la colère mais il n’y en avait aucune trace dans les intonations de sa petite amie. — Oui. Si tu m’avais vraiment posé la question, je ne t’aurai pas répondu tout de suite et j’ai bien compris que les choses commencent à se jouer maintenant. *** Liv avait pris la direction du CMS. Elle devait voir Ellen pour une douleur à l’épaule suite à un choc avec le poteau au dernier entrainement. En temps normal, elle ne serait même pas allée voir Tero. Mais certaines choses avaient changé. Et d’autres risquaient encore de changer dans les mois à venir. La gardienne trouva la chirurgienne dans son bureau en train de regarder plusieurs radios. « Encore un sportif inconscient ? » — Presque. Ellen arrêta son analyse pour venir à la rencontre de Liv et l’embrasser doucement sur les lèvres. — Comment c’est passé ton rendez-vous ? — Très bien. C’était plutôt intéressant. — Larvik fait une proposition sérieuse ? — Plus que sérieuse. — Tu me montres ton épaule et tu me racontes en même temps ? Comme ça nous pourrons rentrer juste après. Chez toi ou chez moi ? *Chez nous, un jour, j’espère.*Mais à la place elle répondit. — Comme tu veux. *** Katri n’avait pas trainé pour rejoindre Kjerstin et son bar préféré celui la même où sur le trottoir la jeune photographe l’avait embrassée quelques semaines plus tôt. Elle l’attendait installée à une table et leur avait déjà commandé une bière chacune. Dès que la joueuse s’était assise, elle l’avait pressée de lui raconter. « Larvik est aussi intéressé par Sol, Dane et Liv. Ils veulent le quatuor. Ils proposent un contrat de 4 ans. C’est une longue période pour le hand. Le salaire proposé est bien supérieur à celui de Copenhague même ramené au cour de la vie en Norvège. Et surtout c’est l’occasion de rentrer à la maison. » — La Norvège te manque ? — Oui un peu tout de même. Kjerstin sourit à l’attitude de Katri. Elle était arrivée surexcitée et le temps d’une question était redevenu une enfant qui attend avec impatience de rentrer chez elle. *** Solveig et Danielle venaient d’arriver à destination et Dane n’en avait pas dit plus alors qu’elle descendait de la voiture et se dirigeait vers la porte de la maison. Elle attendit qu’elles soient toutes les deux dans le salon pour continuer. « C’est un aspect nouveau pour moi. Ma venue ici c’est fait sans que je n’aie vraiment le temps d’y penser. » — J’avais commencé à t’en parler en mars et quand c’est devenu officiel, tu as attendu presque trois semaines avant de renvoyer ton pré contrat. — C'est plutôt court pour un changement radical de vie. Et puis il n’y avait pas les mêmes choses dans la balance. Solveig n’intervint pas ce coup ci. Elle laissa à Dane la parole. Elle ne pourrait aider sa petite amie à prendre une décision qu’en sachant ce qui la bloquait ou la gênait et pour ça il fallait qu’elle la fasse parler. — Il y a deux ans, la proposition de Copenhague c’était l’opportunité de te rejoindre. Aujourd’hui, nous commençons à construire notre vie à deux ici. Et j’aime bien cette vie. — Je croyais que tu aimais la Norvège ? demanda innocemment Solveig. — Bien sur que j’aime la Norvège. Cela ressemblait à un cri du cœur. Là n’est pas la question. — Alors où est-elle ? — Pour commencer, il n’était pas en mesure de nous dire qui serait l’entraineur de Larvik. *** Liv retint un soupir de contentement alors que les mains d’Ellen se promenaient sur son épaule et son dos. « Si j’ai tout compris, vous avez rencontré un administratif mais pas l’entraineur. Ce n’est pas lui qui est chargé de recruter son équipe ? » — Il y a du changement à Larvik. Leur entraineur a pris sa retraite. Il était déjà en place depuis plusieurs années quand nous étions joueuses là-bas avec Sol[url=#_ftn1] [sup][1][/sup][/url]. Le nouveau n’est pas encore officiellement en fonction. Nous n’avons pas pu avoir son nom mais nous savons que c’est lui qui nous veut dans son effectif. — Et ça ne vous dérange pas de ne pas savoir ? Cela ne fait pas partie des critères de choix ? Vous avez une relation particulière avec Thia. — C'est indéniable et primordial. C'est pourquoi aucune de nous ne prendra de décision avant que nous ne connaissions le nom du nouvel entraîneur. *** Katri but une gorgé de bière avant de poursuivre. « Je sais qu’il y a deux ex-internationales qui arrête dont une qui joue à mon poste. Trois partent pour Györi qui ente parenthèses met de plus en plus d’argent dans leur équipe féminine. Cela fait deux fois que nous les privons de la finale de la Ligue des Champions et ça commence à les gonfler. Ils ont lancé une grosse politique de recrutement de leur coté. » — Et Copenhague ne va pas essayé de vous garder ? demanda Kjerstin étonnée. — Comme pour les sélections nationales les équipes ont tendance à marcher par cycle. Pour la Norvège c’est quatre ans. La durée d’une olympiade. Pour Copenhague c’est la même chose. Le groupe finit ça quatrième saison ensemble. Ça va forcément bouger. — Ça ne fait que deux ans pour Dane, si j’ai tout suivit. — Imp est à part. Elle ne rentre pas dans ce schéma. Sa carrière n’est pas classique. — Je comprends le principe de cycle et que c’est le moment de bouger mais tu n’es pas inquiète de ne pas savoir qui est l’entraineur. — A mon avis, nous le saurons vite. Larvik ne va pas pouvoir garder le secret longtemps ou rester sans entraineur s’ils veulent vraiment recruter. *** Depuis le début de leur conversation, Dane ne tenait pas en place, ne s’arrêtant de faire des allers-retours dans le salon que lorsque Solveig parlait. « Tu as peur de ne pas être titulaire si tu signes à Larvik ? demanda Solveig en pensant déjà connaitre la réponse. » — Je m’en moque complètement d’être titulaire ou pas. Le plus important c’est de faire partie du groupe et d’y avoir sa place. Je crois que même jouer les Manon des Sources m’irait. — Manon des Sources ? ça veut dire quoi ? — Porteur d’eau. C’est un terme que l’on employait dans une des équipes de foot dans laquelle j’ai joué. — Oh, je comprends mieux mais te connaissant je te vois mal rester bien sagement assise à tendre les gourdes. — Tu as sens doute raison mais ça ne change pas le font du problème. *Une marche à la fois, pensa Solveig.* *** Liv enfila son pull et se fit la réflexion qu’elles devaient faire ce genre de séance chez la chirurgienne pour pouvoir tout de suite passer au coté moins médical de l’acte. Ellen comme à son habitude faisait disparaitre toute trace de sa présence dans son bureau. Un jour peut-être qu’elle comprendrait cette manie. « Et pour ton poste tu vas devoir pousser qui dehors ? lui demanda-t-elle alors qu’elles sortaient de la pièce. » — Fondamentalement personne. — C'est-à-dire ? — Tu connais Cecilie LEGANGER ? — Ce n’était pas ta prédécesseur en sélection ? — Pour quelqu’un qui n’aime pas les sportifs, tu en connais beaucoup. — Je te rappelle que j’étais avec l’équipe de Norvège de ski entre 2001 et 2004. Et si mes souvenir son bon, elle a été élue meilleure joueuse de l’année 2001 justement. Il était difficile de passer à coté. — Elle a surtout été championne du Monde en 1999 en arrêtant huit jets de sept mètres en quart de final contre l’Ukraine, championne d’Europe l’année d’avant et médaille de bronze aux Jeux de Sydney en 2000. Ellen sourit devant l’enthousiasme de sa petite amie. — Dois-je en conclure qu’elle a été ton model ? — En quelque sorte oui. Nous avons cinq ans d’écart et j’ai toujours voulu avoir sa carrière. — Tu l’as un peu dépassée il me semble, non ? C’était un coté psychologique de certains sportifs qu’elle avait du mal à cerner. Liv était surement une des meilleures, si ce n’est la meilleure gardienne au monde en ce moment et elle s’identifiait encore à une gardienne qu’elle avait largement dépassée. — Sur le palmarès oui mais elle n’avait pas la chance de jouer avec Sol, Katri, Edda, Linn, Heidy et maintenant Dane. — D’accord mais quel est le lien entre LEGANGER et Larvik ? — C’est la gardienne titulaire mais elle veut lever le pied pour favoriser ses études de médecine. Alors il me propose le poste 1 avec elle comme remplaçante. Et la cerise sur le gâteau c’est que si je signe là bas, nous allons bosser ensemble. Je vais apprendre plein de choses. Face au sourire de Liv, Ellen n’eut pas d’argument pour lui faire comprendre que peut-être elle elle allait lui apprendre des choses. *** Katri et Kjerstin avaient fini par commander une salade chacune n’ayant pas envie de rentrer tout de suite. La soirée était agréable et dès le lendemain après midi l’ailière internationale plongerait dans sa préparation pour la finale aller du championnat. « Tu as déjà joué à Larvik ? demanda la photographe. » — Non, bien que je sois née pas très loin. Par contre j’ai joué contre Sol et Liv quand elles étaient sous leur maillot. Liv était déjà exaspérante d’efficacité et Sol était l’ébauche du poison qu’elle est devenue. — Pourquoi ils ne t’ont pas recruté à cette époque ? — J’étais un peu trop indisciplinée à cette époque. Si Ikka ne m’avait canalisée et si elle ne m’avait pas appris comment devait se comporter une joueuse de hand de haut niveau, je serais restée une joueuse moyenne du milieu de championnat norvégien. Elle a su voir derrière ma nonchalance la joueuse que je pouvais être. Et je ne pourrai jamais la remercier assez pour ça. — Tu dois être déçue qu’elle arrête après les championnats du monde. Katri posa ses couverts et pris une gorgé d’eau pour se donner le temps de réfléchir à sa réponse et s’interroger sur ce qu’elle avait ressenti à cette annonce. — Oui et Non. Oui pour tout ce qu’elle représente pour l’équipe de Norvège. C’est elle qui nous a construites. Et non car je comprends son envie de vivre un autre chalenge. Elle a tout gagné. Je pensais même qu’elle arrêterait après Pekin. — Pourquoi pensais-tu cela ? — Le titre Olympique était le denier qui lui manquait. Elle serait partie sur un sacre magnifique. — Elle avait peut être envie de passer encore un peu de temps avec vous et aller chercher encore un ou deux trophées. — Je crois surtout qu’elle est restée pour guider Imp encore un peu. — Ah bon ? Pourquoi ? — Imp est encore un diamant brut. Si elle continue de progresser comme elle le fait, elle sera l’égal de Sol voir peut être plus si les blessures ne l’éloignent pas des terrains. — Dane a 27 ans comme toi. Vous n’êtes pas censées être au top de voter carrière à cet âge ? — Juste 26 pour elle mais comme je te l’ai dit, elle est à part. Elle n’a pas encore atteins le plateau sur lequel Sol, Liv et moi sommes. — Je comprends. Elle est comme toi quand tu as quitté la Norvège ? — On va dire après ma première année à Copenhague. Si nous allons à Larvik, Elle entrera dans cette phase de confirmation et d’affirmation. — D’accord. C’est pour elle que c’est le plus casse gueule. Elle doit encore faire ses preuves alors que vous, vous devez juste faire ce que vous savez faire. — Tu as tout compris. *** Solveig allait avoir le mal de mer à force de suivre des yeux Danielle qui continuait ses va et vient dans le salon. « Je te rappelle que j’ai un accord avec la société pour laquelle je travaillais en France et il arrive à échéance à la fin de cette saison. Il faut que je parle avec eux et que je décide quoi faire selon leur proposition. » — Tu veux garder ton job en France ? Solveig fit un effort pour cacher la pointe d’inquiétude qui venait de lui pincer la poitrine. Elle n’avait pas envisagé que Dane veuille retourner en France. — Je ne sais pas. Je n’ai pas fait un dessin depuis presque deux ans. Et ma vie a tellement changée. — C’est pour garder un contact avec la France ? — Non pour ça j’ai Andy. C’est peut-être pour avoir un filet de sécurité. — Pour le hand ou pour moi ? Solveig savait qu’elle devait faire parler Dane mais elle n’était pas sûre d’aimer les réponses sur ce sujet. — Pour le hand. Pas pour toi, jamais pour toi. La capitaine norvégienne dissimula un soupir de soulagement. — Le handball est incertain comme le football s’est avéré l’être aussi. Tu es la personne en qui j’ai le plus confiance. Tu es un élément de ma vie que rien ne peut déplacer. Tu es immuable. Alors qu’elle parlait, enfin arrêté au milieu du salon, il y a avait une telle part de vulnérabilité en elle que Solveig se demandait si elle n’était pas allée trop loin. La dernière fois qu’elle l’avait vu comme ça c’était au retour de son exil à Gams. Elle se leva et voulut la prendre dans ses bras mais Dane se remit en mouvement et partit dans la cuisine. *** Liv et Ellen avait rejoint l’appartement de la chirurgienne. Alors que cette dernière rangeait ses clés, la gardienne norvégienne était allée leur servir un verre d’eau. « Et du coup si tu signes à Larvik, tu vas retourner habiter au même endroit ? » — Je ne pense pas. J’habitais à Mellomhagen de l’autre coté du Numedalslågen. Je préférerai une maison un peu plus dans le centre de Larvik. A Torstrand, Byskogen ou Langestrand. Sol habitait là-bas. C’était sympa. — Tu es originaire de Trondheim si je me souviens bien. — Oui. Pourquoi ? — Tu comptes retourner dans cette ville ? — Peut-être. Un jour. Je n’en sais rien pour l’instant. C’est une ville que j’aime bien tout comme Bergen. Pourquoi cette question ? — Par curiosité. — Tu sais se sera sans doute mon dernier contrat en tant que joueuse. — Et tu veux le faire chez toi. Si je puis dire. — Oui. — En fait peu importe le club en Norvège. Tu veux rentrer. Mais Larvik a le challenge le plus intéressant. Je me trompe ? — Non tu ne te trompe pas. Tu ne te trompe jamais à ce jeu la. *Si seulement tu pouvais lire à quel point j’ai peur de te perdre si je rentre « à la maison ».* *** Katri et Kjerstin rentrait tranquillement à pied en direction de l’appartement de l’ailière. « Cela n’a pas l’air de te stresser plus que ça de changer de ville et de pays. Je te l’accorde c’est pour rentrer dans le tiens mais ça fait du chamboulement. » — Les stages de préparation de l’équipe de Norvège se font dans les installations de Larvik. Je ne pars pas complètement dans l’inconnu. Je ne pars pas non plus toute seule. Et puis il y a l’aéroport pas très loin au nord de Sandefjord où ils ont ouvert une ligne vers Copenhague depuis un an. — Tu comptes revenir souvent ici ? — Bien sûre puisque tu habites ici. Mais rien n’est encore décidé. J’ai bien le temps de voir comment je m’installerai là-bas. Katri accélera le pas. — Dépêche toi, j’ai envie de te serrer dans mes bras et qu’il n’y ait rien entre ta peau et la mienne. Kjerstin sourit à la dernière réplique de sa joueuse de hand. Dans son euphorie habituelle, elle ne lui avait pas laissé le temps de lui dire qu’elle n’avait rien contre le fait de l’accompagner en Norvège. *Reste à savoir si tu veux que je le fasse.* *** Solveig avait suivi Dane dans la cuisine. Cette dernière donnait à manger à Bones qui devait se demander pourquoi il avait sa gamelle avec une heure d’avance sur le programme habituel. « Et tu penses que tu vas pouvoir jouer avec Frida si nous allons à Larvik ? demanda Danielle en changeant l’eau du chien pour la deuxième fois en moins de six minutes. » — Frida n’est pas un problème, elle part pour Györi. — Oh, je ne savais pas. — Elle l’a annoncé il y a deux mois. — Ah. Et au fait tu es en contact avec Larvik depuis quand ? — Nous sommes toujours plus ou moins en contact mais les choses se sont accélérées depuis les championnats d’Europe. Solveig contourna le plan de travail et prit les mains de Danielle. — Je vais avoir 29 ans et ce contrat à Larvik pourrait bien être le dernier car j’en aurai 33 quand il arrivera à échéance. Tu as abordé le sujet tout à l’heure, je dois penser à ma reconversion et j’aimerai qu’elle se fasse en Norvège. Dane posa son front contre l’épaule de sa petite amie. — Je comprends tout ça. Mais… — Mais ? Sveig lui caressa le dos pour l’encourager. *Allez encore une marche liten alv.*— J’ai peur que ce soit différent là-bas. Que nous soyons moins tranquilles. Que nous soyons plus surveillées. J’ai l’impression qu’être au Danemark nous protège de toute cette frénésie. Tu te souviens quand nous sommes rentrées de Pékin ? C’était la folie à l’aéroport. Après que tu es annoncé notre relation, j’ai croisé un photographe planqué derrière une poubelle sur le trottoir en face de chez moi. Je ne veux pas revivre ça. Solveig la serra plus fort contre elle. Dane venait d’avouer sa plus grande peur : devenir « une personne trop publique ». — Les choses ne seront pas différentes d’ici. Tu pourras aller faire tes courses sans être importunée. Les habitants de Larvik sont très respectueux des autres comme l’ensemble des norvégiens. Il faudra toujours signer quelques autographes, se faire prendre en photo avec des spectateurs ou des fans, donner des interviews. Si l’on garde le même équilibre entre public et privée qu’ici, tout roulera. Plus tu te caches plus les journalistes te cherchent. Ce qui nous protège des paparazzi c’est que les fans, qui sont respectueux et polis, font les photos avant eux et les mettent en ligne gratuitement. Et je promets de te protéger toujours. — Toujours ? — Alltid[url=#_ftn2] [2][/url]. Dane posa ses doigts sur l’anneau qu’elle avait offert à Solveg à Pékin. Elle le fit tourner et regarda les deux lignes entrelacées. — Alltid. Solveig ne rajouta rien. Elle laissa Dane jouer avec son anneau. Elle le faisait souvent en ce moment. En fait à chaque fois qu’elles avaient une discussion sérieuse sur elles et leur avenir. Cela semblait la rassurer qu’il soit la comme si il rappelait à Dane qu’elles étaient vraiment ensemble.
[url=#_ftnref1] [1][/url] Solveig et Liv ont déjà évolué à Larvik de2001 à 2005. [url=#_ftnref2] [2][/url] Toujours | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 8 Mai 2016 - 19:30 | |
| VIBORG – Valse à quatre temps
Dimanche 9 mai 2009 – 19h00 | Play Off finale allée / Copenhague - Viborg |
[…] Fin du match : 28 - 27 Quel match ! Pour ce premier opus des quatre rencontres, le ton a été donné. Un marquage strict a été mis en place sur ANDERSEN. C’est donc KASLER et TORSTENSON qui ont pris l’initiative à 9m. Mais que dire de AAMODT qui sur son aile a fait des misères à ses différentes adversaires. Elle finit meilleures buteuses. Les statistiques montrent que sur un totale de 90% de réussite, 50% de ses tirs se sont logés dans la lucarne opposée. ARLENSEN a sorti 4 jets de 7 mètres. Toute la salle a bien cru que KASLER c’était fait recassé le nez après avoir pris un ballon à bout portant dans le visage. Mais plus de peur que de mal (enfin ça a du quand même être douloureux), juste un petit saignement vite contrôlé par le soigneur. Copenhague prend un léger avantage mais il faudra produire le même match dans une semaine pour s’adjuger le titre. Sur les quatre dernières finales de Play Off c’est surement la plus serrée pour le moment. Rendez-vous dans la salle de Viborg pour, j’espère, un match aussi agréable à regarder. Prochain match : Viborg - Copenhague le 16/05/2009 Bonne soirée ! |
*** « Je vais mourir ! » — Katri, ce n’est que la première des quatre rencontres, commenta Liv. L’ailière après s’être assise sur le banc, s’affala. — Alors achève-moi tout de suite. — Ça serait dommage vue le match que tu as fait, encouragea Solveig. — Je ne suis pas prête de le refaire. Elle s’allongea complètement. — Même pas pour impressionner Kjerstin ? glissa doucement Liv. Katri se redressa d’un coup. — Je ne vois pas du tout de quoi tu parles. — Mouais… — En parlant d’impressionner, je pourrai dire la même chose pour toi Goalkeeper de mon cœur. Tu crois que je ne t’ai pas vu lancer des coups d’œil à Ellen après tes arrêts. Katri avait retrouvé assez de force pour adresser à sa gardienne son célèbre sourire en coin. — Je ne vois pas de quoi tu parles, non plus… — Mouais. Et toutes éclataient de rire. *** Danielle raccrocha le téléphone et le posa sur la table basse avant de s’assoir dans le canapé. Avec Solveig, elles étaient rentrées de la deuxième session d’entraiment de la journée depuis moins d’une heure. Dans trois jours, elles réaffrontaient Viborg. La séance d’aujourd’hui avait été intensive mais celles des deux prochains jours seraient plus calmes, surtout axées sur le placement. Elle venait de parler avec son père au sujet de la succession de son Grand Père. Ils avaient convenu de caler le rendez-vous avec le notaire pour début juin après la fin des matchs. C’était la dernière étape de cette épreuve. Enfin du moins, elle l’espérait. Solveig revint de la chambre au moment où elle poussa un profond soupire. « Quelque chose ne va pas ? demanda la capitaine norvégienne. » — Il faudra que je retourne en Suisse en juin. Sveig eut un temps d’arrêt et chercha ce qu’elle pouvait dire sans montrer son inquiétude à cette nouvelle. Malgré ce que lui avait dit Dane à son retour presque deux mois plus tôt, elle craignait toujours que sa petite amie disparaisse à nouveau. Mais avant qu’elle ne trouve la bonne formule, l’arrière droit avait repris la parole. — Tu pourras te libérer pour venir avec moi ? — Bien sûre, lui répondit-elle en souriant. Dis-moi quand et je serais là pour toi. — Papa doit me confirmer le jour et l’heure du rendez-vous. Solveig vint se positionner comme à son habitude depuis presque 2 ans derrière Dane en enjambant le canapé pour la prendre dans ses bras. — Tout va bien se passer. C’est un moment pas très agréable mais il le faut. C’est la transmission de ton Grand Père. — Je sais mais c’est comme de devoir lui dire adieux encore une fois. — Pends ça plus comme des cartes qu’il te donne pour l’avenir. Hans était quelqu’un de très sage et pragmatique. Je pense que ce sont des trait de caractère qu’il t’a transmis depuis longtemps et c’est sans doute ça le plus important. — Il m’a aussi offert une nationalité et pour cela je ne pourrai jamais assez le remercier. Je crois que je n’aurai pas supporté d’être ton adversaire en compétitions internationales. — Moi non plus. — Tout est tellement plus exacerbé ! Je ne sais pas comment j’aurais réagi si j’avais été amenée à passer à côté d’une médaille d’or Olympique à cause de toi. — Je ne sais pas si j’aurai été aussi magnanime que toi pour la coupe EHF si tu m’avais soufflée le titre Olympique. — Heureusement Grand Père nous a offert une solution de secours. — Une excellente solution de secours. Elle conclut ses mots par un tendre baiser qui devint rapidement beaucoup moins sage. ***
Vendredi 15 mai 2009 – 21h00 | Play Off finale retour / Viborg - Copenhague | Copenhague conserve son titre après un match où Viborg a cru avoir accroché le match d’appui. A 20 secondes de la fin, elles menaient d’un but ce qui mettait les deux équipes à égalité sur l’ensemble des deux matchs. Il fallait alors une nouvelle rencontre décisive celle-là. Mais c’était sans compter sur la détermination des joueuses de la capitale et surtout d’ARLENSEN qui à 18 secondes du buzzer sort un arrêt sur un tir croisé au sol. En ayant encore un genou à terre, elle a allongé une passe sur KASLER qui en évitant le retour de LARSEN a manqué de se casser la figure. Et c’est dans une position très acrobatique qu’elle a glissé le ballon entre les jambes d’HARALDSEN. C’est sur ce but assez peu commun que Copenhague a accroché le match nul 28-28 et a remporté son troisième titre d’affilé. La joie a été à la hauteur de la difficulté de cette finale. L’équipe s’est regroupée au centre du terrain pour fêter son titre à défaut de fêter une victoire. C’est la première fois qu’un des matchs de la finale se termine sur un match nul. Il est temps à présent de se tourner vers la Ligue des Champions. Prochain match : Viborg - Copenhague le 23/05/2009 Bonne soirée ! |
*** « Je veux dormir jusqu’à la fin du mois prochain. » Katri mit sa tête sous l’oreiller pour se cacher de la lumière. — Il me semble que tu as un autre match dans une semaine, lui répondit Kjerstin en se rallongeant à côté d’elle. — Ne m’en parle pas, elles vont avoir ma peau. — Je pense que c’est le champagne d’hier qui a eu ta peau. — Ne m’en parle pas non plus. Ma tête s’en charge très bien. La jeune photographe retira l’oreiller pour venir caresser la tempe de sa joueuse de hand. — Hum ça c’est agréable. — Je vois ça. Qu’est-ce que tu veux faire aujourd’hui avant de rejoindre les autres ? Katri se tourna pour se mettre sur le dos et enlacer la jeune femme. — Et si on restait tranquillement au lit et qu’on faisait des trucs comme dirait Liv. — J’aime ce programme, répondit Kjerstin en souriant avant de poser ses lèvres sur celles de Katri. *** Le lendemain Solveig, Danilelle, Liv, Ellen, Katri et Kjerstin se promenaient dans les rues d’Oslo. La veille, elles avaient embarqué à l’aéroport de Copenhague où elles avaient bien cru que l’ailière et la photographe allaient rater l’avion. Elles logeaient toutes dans le chalet familial des ANDERSEN. Marit se faisait une joie de recevoir les coéquipières de sa fille ainsi que leur compagne respective. Elle trouvait que Dane avait meilleure mine que la dernière fois qu’elle l’avait vu à Trondheim. Les circonstances étaient bien différentes mais voir un sourire éclairer son visage était rassurant. Elle avait suivi, sans s’en mêler, l’exil de la jeune femme et la solitude de Solveig. Même si elle ne l’avait pas dit ouvertement, elle savait qu’elle avait souffert de cette situation. Elle connaissait bien sa fille et son coté « sans concession » qui lui avait joué des tours à mainte reprise. Marit avait déjà été très étonnée que Solveig supporte que leur première année de relation se fasse à distance. Elle aurait dû voir que c’était un des premiers signes montrant les sentiments que l’internationale éprouvait pour la jeune femme. Elle avait vite remarqué l’anneau que sa fille portait à la main gauche et avait attendu une annonce mais celle-ci n’était pas venue ou alors tout avait été reporté suite à la disparition de Hans. Dès que Solveig avait quitté Bergen, pour Oslo, à 15 ans, elle s’était inquiétée. En premier pour sa scolarité et le sport. Et quand elle leur avait annoncé qu’elle préférait les femmes, elle avait eu peur que sa fille ne trouve personne capable de la comprendre. Mais elle avait rencontré cette « jeune femme hybride » comme elle l’avait lue dans un article. Elle aimait bien Danielle. Sans rentrer dans la caricature, elle avait cette patience que l’on attribue aux suisses et ce flegme ou ce détachement propre aux anglais. Si elle n’était pas très bavarde, il suffisait de regarder ses yeux pour comprendre tout ce qu’elle ressentait. Et elle aimait son accent si particulier. Les quatre norvégiennes avait fait découvrir la ville à Ellen et Kjerstin. Enfin surtout à cette dernière car la chirurgienne avait déjà arpenté les rues d’Oslo quand elle était sous contrat avec l’équipe de ski. Elles profitèrent du défilé de la fête nationale et déjeunèrent à la terrasse ensoleillée d’un petit restaurant. Le soir, toute la famille de Solveig était présente au chalet pour l’anniversaire de l’internationale. Alors que tout le monde trinquait, Sveig se dit que parfois la vie était simple à l’image de ce moment. ***
Mercredi 20mai 2009 – 14h30 | Informations | Une triple information vient de tomber conjointement sur le site de Larvik, de Copenhague et de la fédération de handball. La première est que le nouvel entraineur de Larvik sera Ikka SORENSEN. Après 15 ans à la tête de l’équipe nationale de Norvège, elle a décidé de relever le défi dans le club de Larvik où elle a évolué pendant 6 ans en temps que joueuse. Elle prendra ses fonctions dès la fin des championnats du monde. La deuxième est que sa remplaçante à la tête de l’équipe de Norvège sera Thia HAMERSEN l’actuel entraineur de Copenhague. Ancienne joueuse, elle a connu la sélection nationale de 1992 à 2000 dont 6 ans sous les ordres de SORENSEN. Championne du monde en 1999 et médaillée de bronze à Sydney en 2000, elle va à présent connaitre l’ambiance de ses rencontres du coté du staf. La troisième est que Copenhague a fait appel à un entraineur danois pour la saison prochaine : Hector HANSEN. Il a fait ses gammes auprès des jeunes de Viborg avant de devenir l’assistant de Jan PYTLICK en équipe nationale danoise. Il aura pour objectif de faire aussi bien que HAMERSEN car mieux sera difficile car elle a avec son équipe déjà fait la passe de trois Nordéa Cup, Championnat, Ligue des Champion. Et pourrait bien doubler la mise cette année encore. Si la valse des entraineurs se précise, du côté des joueuses, les choses ne devraient pas tarder à bouger. Beaucoup de joueuses sont en fin de contrat aussi bien à Viborg qu’à Copenhague. Affaires à suivre… N’oubliez-pas finale aller de la Ligue des Champions samedi 23 mai à 20h. Bonne journée ! |
*** Après cette annonce, les internationales norvégiennes ainsi que les joueuses de Copenhagues et de Larvik avaient été beaucoup sollicitées par les journalistes. Bien sur toutes avaient été prévenues en avance et toutes appréciaient cette nouvelle donne. Thia était connue et reconnue par toutes les joueuses et son travail à Copenhague était une magnifique carte de visite. En ce qui concernait Ikka, Larvik marquait des points pour attirer les joueuses en vue de son recrutement. La plus grosse interrogation était pour Hector qui manquait encore de grosse référence à ce niveau mais tout le monde louait ses méthodes et sa pédagogie. Dans le camp du quatuor, le fait que ce soit Ikka qui reprenne l’équipe avait pratiquement entériné leur décision. Il ne restait que Dane qui devait encore régler quelques points pour rendre sa décision. Elle avait demandé un délai jusqu’à après les finales de Ligue des Champions. Toutes, elles comprenaient mieux à présent pourquoi Oskar DAEHLIE n’était pas inquiet au sujet de l’entraineur. *** « Aïe ! » — Désolée, s’excusa Ellen. Au lendemain de la finale aller, Liv était allongée sur la table d’examen de la chirurgienne. — Si je ne savais pas que tu as joué un match hier je pourrai croire que tu as dévalé une pente de ski en faisant des roulés boulés. Tu es complètement en vrac. — C’était très dur hier. Nous avons essayé de limiter l’écart de but et moins deux c’est un moindre mal. — Tu as heurté le poteau ? Tu as une grande trace rouge le long du dos, lui demanda Ellen en promenant ses doigts le long de son muscle dorsal. — Peut-être. Il y a eu tellement de tirs que je ne me souviens pas de tout le match. — Et comment vont les autres ? demanda Ellen en massant en profondeur le dos de la gardienne. — Katri s’est agacée à force d’être envoyé dans les panneaux publicitaires. Sol a fini épuisée en essayant de nous garder à flot et énervée de ce qu’elles ont fait à Dane. — Que c’est-il passé avec Dane ? — C’est elle qui a le plus ramassé. Elle a eu droit à un traitement spécial. Elle doit être en train de tremper dans une baignoire remplie de glaçons. — A ce point-là ? Liv se retourna pour s’allonger sur le dos et faire face à Ellen. — Elles ont joué beaucoup plus physique que pour la finale de championnat. Et les arbitres ont beaucoup laissé jouer, ce qui n’a pas du tout calmé leurs ardeurs. Je crois que Dane a passé plus de temps par terre que debout. Elle n’a rien pu faire. A chaque fois qu’elle montait au tir elle se faisait balancer. — Tu lui diras de passer me voir si ça ne va pas. — Oui. Mais je crois qu’elle est très remontée pour le dernier match. — Ah oui ? La calme et posée Dane KASLER serait légèrement agacée ? — Le légèrement est en trop et le agacée est un euphémisme. Même en comprenant que l’arrière droit devait souffrir en ce moment, Ellen ne put s’empêcher de sourire à l’idée de voir un jour Dane sortir de ses gonds. ***
Samedi 30 mai 2009 – 18h00 | Ligue des Champions Finale retour / Copenhague - Viborg | 4ère minute : 01 – 02 Viborg semble vouloir appliquer la même tactique que pour le match aller. Un jeu très physique. KASLER est déjà allée deux fois au sol.
[…] 15ème minute : 05 – 06 Nouvelle faute sur KASLER. Qui prend son temps pour se relever. Reste à savoir si c’est du à un coup ou un moyen de garder son calme.
[…] Mi temps : 10 – 12 Les statistiques de Viborg montrent un taux de faute très élevé. Il y a une faute voir deux sur chaque possession de balle de Copenhague. Les plus ciblées sont KALSER, ANDERSEN et AAMODT. 2 cartons jaunes et 1 fois 2 minutes sont venues sanctionner ce bilan.
[…] |
Ellen, assise dans les tribunes, comprenait mieux ce que Liv lui avait expliqué dimanche dernier. Elle se demandait comment les joueuses de Copenhague pouvaient garder leur calme. Elles prenaient beaucoup de coups et ceux-ci associées à la fatigue allait rendre encore plus compliqué la deuxième mi-temps. Dans les vestiaires Thia avait demandé à ses joueuses de s’allonger sur le sol, de mettre les pieds sur le banc et de fermer les yeux. Elle sentait que son équipe avait besoin de se calmer. Elles étaient menées de deux buts. Pour remporter cette finale, il fallait qu’elles soient devant de trois unités. Elles n’y arriveraient pas dans un tel état de nervosité. Elle n’avait pas besoin de leur parler de tactique et de placement. Elles savaient toutes ce qu’elles avaient à faire. Ce match allait se gagner au mental. Dane détendit au maximum son corps pour mettre le plus de surface en contact avec le sol. Elle inspirait à fond, ploquait sa respiration et expirait d’un coup. Elle devait rester concentrer sur le jeu et uniquement le jeu. Il fallait qu’elle trouve la solution pour que les adversaires n’arrivent pas à l’attraper. Mais avant de retourner sur le terrain, il y avait quelque chose de plus urgent. Elle fit glisser sa main sur le carrelage pour la poser sur le poing serré de Solveig. Elle n’avait pas besoin de la regarder pour savoir que sa petite amie était en colère. C’est comme si elle sentait vibrer son corps. Solveig avait envie de balancer quelque chose contre le mur ou de shooter dans son sac, voire les deux. Elle en avait marre de voir Dane être autant secouée sur le terrain. Elle avait beau essayer de bouger vite pour lui offrir des solutions cela ne suffisait pas. Elle était frustrée. Mais quand elle sentit la main de sa compagne glisser sur la sienne, elle ouvrit ses doigts pour la serrer. La magie opéra comme à chaque fois. Elle sentit une vague zen se rependre en elle. Elle ne pouvait pas l’expliquer. C’était comme si le calme de Dane se transférait à elle par ce contact. […] 31ème minute : 10 – 12 Le match recommence comme la première mi-temps c’était terminée. ANDERSEN vient de prendre un énorme tampon. Elle reste un instant au sol. |
Dane vint s’accroupir à côté de Solveig. Cette dernière se tenait la hanche. « Ça va ? » — Oui mais je commence à en avoir ras le bol. L’arrière droit aida sa capitaine à se relever. — Tu as raison. Il est temps de remettre les choses à leurs places. Elle avait parlé en français mais quand Sveig croisa son regard, elle reconnu le coté viking de sa personnalité et comprit qu’il allait se passer quelque chose. […] 32ème minute : 11 – 12 KASLER semble avoir sonné la révolte. Elle n’a laissé aucune chance à ses adversaires de l’attraper. Elle a fait jouer sa puissance pour aller au tir plein axe et mettre sur les fesses IKKER la pivot adverse. | Thia sur son banc vit le petit sourire satisfait de Danielle après son déboulé dans la défense de Viborg. Elles avaient réussi à énerver la joueuse la plus calme du terrain. A cet instant, elle se dit que Viborg avait fait une erreur. 33ème minute : 12 – 12 Les arbitres sifflent un passage en force sur KASLER. ARLENSEN joue vite sur AAMODT partie comme une fusée dans le dos de la défense de Viborg. Elle ne tremble pas sur le dernier geste. 46ème minute : 19 – 17 Arrêt de l’épaule d’ARLENSEN qui ferme bien son premier poteau. ANDERSEN joue des coudes pour récupérer le ballon. Elle le transmet à TORSTENSON qui le donne à AAMOD, qui s’appuie sur KASLER qui décale MERTENS qui nettoie la lucarne opposé de HARALDSEN. Depuis 14 minutes les joueuses de la capitale ont augmenté leur impact physique dans ce match. Le ballon a repris de la vitesse comme en atteste cette dernière action. |
Ellen n’était pas une spécialiste du handball mais elle avait bien vu le changement dans le jeu de Copenhague. Elles semblaient ne plus avoir aucun scrupule à jouer physique. Beaucoup de fautes avaient été commises sur Dane mais il avait fallu que se soit Solveig qui se fasse secouer pour amener un sentiment de colère chez l’ex joueuse française. Elle avait emmené dans son sillage toute l’équipe qui à présent s’en donnait à cœur joie. Des deux côtés, les staffs médicaux allaient avoir du travail dans les jours à venir. […] 50ème minute : 21 – 19 A 10 mètres, KASLER envoie un tir surpuissant qui s’écrase sur la transversal. Le bruit de l’impact a fait taire la salle pendant quelques secondes. C’est le temps qu’il a fallu à ANDERSEN pour récupérer la balle, se faufiler dans la défense, aller au tir et marquer. |
Après son but Solveig regarda Danielle qui se replaçait. Elle remarqua qu’elle avait se plie entre les deux yeux au niveau de la jonction du nez et du front. C’était une preuve supplémentaire qu’elle était en mode guerrière. […] 52ème minute : 21 – 19 AAMODT se retrouve au milieu des spectateurs de Copenhague suite à un contact avec LUNDE alors que cette dernière revenait en défense pour empêcher l’ailière d’aller au tir. La joueuse de Viborg va pouvoir aller se reposer pendant 2 minutes. |
Kjerstin vit Katri serrer les poings alors qu’elle se relevait des genoux d’un spectateur. La photographe aurait pu trouver cela drôle ou être jalouse d’avoir vu les mains d’un mec se promener sur sa copine mais elle sentait la tension qui montait encore d’un cran. Elle ne connaissait pas les réactions de sa petite amie dans ce genre de situation stressante. Elle avait pris beaucoup de coups aujourd’hui et cette action pourrait être celle qui ferrait déborder le vase. […] 54ème minute : 23 – 19 2ème but de suite pour KASLER qui lâche sont bras à 10 mètre sur une détente sans élan après avoir placé un volt à son adversaire. Copenhague mène de 4 buts. Je vous rappelle que suite au match aller Copenhague doit remporter ce match avec 3 buts d’écart pour conserver son titre. 2 buts amèneraient à un troisième match d’appui (aussi appelé belle).
[…] 58ème minute : 25 – 23 IKKER ramène Viborg à 2 longueurs de Copenhague. A cet instant il faut un 3ème match. HAMERSEN demande un temps mort. |
Thia regarda ses joueuses se placer pour la remise en jeu. Elle leur avait prôné la patience. Ne pas se précipité et perdre le ballon. Solveig était à la manoeuvre et faisait tourner le ballon. Aller jusqu’au bout du temps. A la limite du refus de jeu. Marquer pour se laisser un coup d’avance. Danielle devait faire encore plus d’effort pour se concentrer. Il fallait qu’elle trouve la faille. Le trou pour faire passe le ballon. Katri avait les jambes en feu mais continuait de bouger sur son aile pour faire tourner en bourrique son adversaire. Kjerstin avait l’ongle de son pouce dans la bouche trop tendu pour se souvenir de sa bonne résolution d’arrêté de se les ronger. Liv impuissante à aider ses partenaire sur ces phases de jeu restait sur ses appuie prête à intercepter une relance en contre. Ellen s’étonnait d’être autant captiver par cette fin de match. Elle qui avait été insensible à bon nombre d’événements sportifs mondiaux vibrait pour une finale de handball européenne. 59ème minute : 26 – 23 Il fallait oser ! KASLER qui transmet à AAMODT avant de passer dans son dos pour se retrouver complètement à l’aile. Et alors que les arbitres lèvent le bras, KASLER dans son style de passe caractéristique, envoi une passe lobée dans la zone. Je vous laisse deviner qui arrive lancée pour s’en saisir et trouver la lucarne gauche… Solveig ANDERSEN. Pour réaliser un Kung-Fu sur une action aussi importante, il faut être sûr de soit ou complètement fou. 59ème minute : 26 – 23 Pas le temps de s’applaudir que les joueuses de Copenhague sont en défense tout terrain. Le but est de garder loin de leur cage l’équipe de Viborg. Il reste 15 secondes. KASLER se sacrifie en premier pour empêcher la monté au tir. 8 secondes encore. Copenhague s’applique pour éviter le jet de 7m. 3 secondes. Le tir est déclenché mais à moitié contré par KASLER, ANDERSEN ou BLANKAERT (il faudra un ralenti pour identifier cette forêt de bras). ARLENSEN peut se saisir du ballon sans difficulté. Fin du match : 26 – 23 Le buzzer libère les joueuses. Copenhague conserve son titre au bout d’un match à suspense. Si le but de l’égalisation en finale du championnat avait déjà été peu commun que dire de celui qui ramène à nouveau le trophée à Copenhague. Pour le dernier match de Thia HAMERSEN, ses joueuses l’ont fait trembler jusqu’au bout. Viborg aura espéré sur les deux titres de cette fin de saison mais à chaque fois Copenhague a su tirer son épingle du jeu en s’appuyant sur ses cadres. |
Danielle n’hésita pas avant de sauter dans les bras de Solveig. Le match avait été intense et l’explosion de joie était proportionnelle aux efforts consentis. La capitaine norvégienne arriva de justesse à cacher sa surprise face à la réaction de sa petite amie. Elle avait les mains posées sur son cou et son bassin plaqué au sien. Par reflexe Sveig entoura les reins de Dane de ses bras pour la maintenir en place. Et avant d’avoir plus le temps de s’interroger, les lèvres de son arrière préféré étaient plaquées contre les siennes. Comme d’habitude Danielle avançait par étape : le baiser sur la joue au Jeux Olympiques, le baiser juste à l’entrée du couloir des vestiaires au Championnat d’Europe et aujourd’hui au milieu du terrain devant une salle comble. Solveig ne savait pas trop si ses jambes tremblaient à cause du match ou des émotions qu’elle ressentait à cet instant. Mais elle s’en moquait complètement, elle voulait simplement profiter. Katri de son coté ne s’était posée aucune question avant de monter dans les tribunes pour rejoindre Kjerstin. Elle avait couché avec beaucoup de filles et de mecs après des victoires mais jamais elle n’avait eu cette envie de partager l’après match avec quelqu’un jusqu’à aujourd’hui. Et encore moins de montrer à tout le monde avec qui elle était. Elle savait déjà que ses coéquipières allaient la chambrer et que sa mère allait l’appeler pour lui dire qu’elle l’avait vu à la télé embrasser une fille. Mais le plus important, à cet instant, était la jeune femme qui s’était levé pour l’accueillir dans ses bras et la serrer contre elle. Même si Liv rêvait de faire la même chose, sa réserve et sa timidité la laissait clouée sur le terrain. Elle claquait dans les mains de ses coéquipières mais son regard ne pouvait se détacher d’Ellen. Cette dernière s’était levé en même temps que le reste des spectateurs et applaudissait. La différence avec ses voisins était qu’elle ne regardait qu’une seule joueuse. Celle habillée différemment. Celle dont les yeux lui criait qu’elle voulait la rejoindre mais ne pouvait pas. La chirurgienne lui sourit en inclinant légèrement la tête pour lui faire comprendre qu’elle comprenait et que tout allait bien. Liv voulait lui répondre mais Solveig, Dane et Katri l’avaient entourée pour célébrer leur victoire. Le protocole de fin de match vient de s’achever. Toutes les joueuses de Copenhague se dirigent vers HAMERSEN et chacune à leur tour, elle passe leur médaille autour du coup de leur entraineur. Belle image pour la remercier des saisons qu’elles ont passées ensemble. HAMERSEN termine son contrat dans la capitale sur un deuxième triplé. Je n’oublie pas celui avec la coupe EHF en 2007 mais la Ligue des Champions a une saveur toute particulière. Elle a tout gagné au Danemark. Nous lui souhaitons de faire de même avec l’équipe nationale de Norvège où elle devrait retrouver son quatuor ANDERSEN, ARLENSEN, AAMODT et KASLER pour qui HAMERSEN a eu une excellente intuition en la faisant signer au vue des deux dernières saisons. Même si dans une interview, elle a déclaré qu’il était facile d’être entraineur avec les joueuses de classe internationale qu’elle avait dans son effectif, il n’en reste pas moins qu’elle a effectué un gros travail avec son groupe. Et que dans les moments difficiles elles ont pu s’appuyer sur leur Entraineur et compter sur elle pour les défendre et les soutenir en conférence de presse. Si HAMERSEN va pourvoir se reposer un peu ce n’est pas le cas d’une bonne partie des joueuses qui vont devoir entamer leur préparation pour les Championnat du monde qui débute le 1er juillet. Sur ceux, je vous souhaite une bonne soirée ! |
Liv était la dernière à quitter le terrain. Elle avait répondu à plusieurs journalistes si bien que toute l’équipe et une bonne partie des spectateurs avaient quitté les lieux. Alors qu’elle venait de rentrer dans le couloir, elle sentit une main sur son épaule. Elle se tourna pour faire face à Ellen qui lui souriait avant de l’attirer contre elle et de poser un baiser sur ses lèvres. « Félicitation Mademoiselle ARLENSEN. Très beau match. » — Merci, répondit doucement Liv esquissant un sourire timide. Tu as aimé le match ? — Oui beaucoup. Tero va avoir beaucoup de travail. Passez me voir avec les autres si ça tire trop. — Je leur dirai. La gardienne tripotait le léger pull de la chirurgienne. Hésitante sur la suite de la conversation. — Tu devrais aller rejoindre tes coéquipières. Il me semble que tu as un titre à célébrer. — Oui. Heu… Je te vois après ? — Rejoint moi quand tu as fini mais ne te presse pas. Profite. Sur ces mots Ellen déposa à nouveau un autre baiser sur les lèvres de Liv et s’écarta avant de caresser sa joue et de la laisser aller. Elle la regarda jusqu’à ce qu’elle ouvre la porte et disparaisse dans les vestiaires. *** | |
| | | Mack Modo
Nombre de messages : 607 Age : 44 A écrit : Rencontre sportive ; Home sweet Home ; A l'ouest de chez moi tome 1; Mouvement perpétuel; Soleil de minuit, Aurore boréale tome 1, 2 & 3 ; Galway Date d'inscription : 23/03/2008
| Sujet: Re: Soleil de minuit, Aurore boréale - Tome 3 - Mack Dim 15 Mai 2016 - 21:42 | |
| COPENHAGUE – A l’heure des choix La semaine suivant le dernier titre de la saison, Danielle était allée en Suisse rejoindre son père. Le rendez-vous avec le notaire, qu’elle appréhendait, s’était passé tout en respect et simplicité. Le magistrat ne l’avait pas noyée sous les termes juridiques et lui avait clairement expliqué ce qui lui revenait. Son Grand Père lui avait laissé la maison de Gams et une somme substantielle pour réaliser ses projets. Alors qu’elle se tenait dans sa chambre sous le toit, elle s’était attendue à être à nouveau submergée par la souffrance mais la vague n’était pas venue. Elle avait ressenti un poids sur sa poitrine qui s’était allégé quand Solveig avait glissé sa main dans la sienne. La jeune femme ne l’avait quittée que pour la lecture du testament. Elle était restée dans la salle d’attente se tenant prête à gérer n’importe quelle situation ou réaction. La capitaine avait souri quand elle avait découvert la salle d’entrainement de Danielle dans la grange. Elle était restée en l’état après le passage d’Andy. Des ballons traînaient au sol et les sacs de sable étaient encore attachés au plafond ou posés sur des étagères. L’étape suivante avait été pour Lyon et une première visite réservée à leur barman préféré. Le jeune homme avait été ravi de voir débarquer les deux championnes. Il avait craint de voir encore un voile de tristesse dans les yeux de sa meilleure amie mais il n’y vit que du bleu clair et brillant. Les deux joueuses femmes avaient fait la fermeture avec lui. Elles avaient signé beaucoup d’autographes, fait énormément de photos. Deux, voir un an en arrière, Danielle se serait refermée ou se serait sauvée dans une telle situation mais là, elle jouait le jeu. Le bar s’était vite rempli et même Marie avait débarqué sûrement alertée par un SMS ou autre. Ils avaient dû pousser quelque tables pour agrandir la piste de danse quand Solveig avait décidé d’y mettre le feu. Andy avait dû jeter un glaçon dans son propre t-shirt pour faire décrocher son regard du couple qui ondulait sur la musique. Dane dansait bien mais elle le faisait rarement. Sa timidité la retenait la plupart du temps. Mais avec Solveig elle semblait complètement libre. Il ne leur avouerait jamais que pour la première fois, regarder deux femmes lui avait fait quelque chose et il ne leur avouerait pas non plus que cette nuit-là, il avait fait sa meilleure recette depuis l’ouverture, battant même les nuits de Gay Pride. Ils avaient partagé un taxi pour rejoindre l’appartement que sa meilleure amie lui louait. Comme d’habitude, ils s’étaient chamaillés pour savoir qui dormirait dans le canapé. Andy avait gagné en utilisant son argument imparable : Solveig. Alors qu’il était allongé sous sa couette dans le salon, regardant le plafond, il souriait. L’avalanche n’avait pas tout emporté sur son passage. Deux jours plus tard, Danielle serrait la main de ce qui était à présent son ancien chef. Cette poignée de main mettait fin à six ans de contrat dont quatre ans de collaboration. A cet instant l’arrière droit n’était plus qu’une joueuse de handball. Si elle devait changer de métier, elle le ferait aux cotés de Solveig. La page France était tournée. Il resterait toujours Andy pour lui rappeler ses années d’adolescence et le début de sa vie d’adulte. Lyon serait toujours la ville qui l’avait vue s’affirmer dans ses choix sportifs et sexuels. Elle aurait toujours une pensée pour la boîte lesbienne où elle avait passé de nombreuses soirées. Elle se souviendrait aussi que le plus grand virage de sa vie avait eu lieu ici quand elle avait choisi de laisser le foot derrière elle et de commencer le handball. Le jour où elle avait dit oui à Julie pour jouer avec elle au bout du comptoir d’Andy, elle ne pensait pas qu’elle deviendrait ce qu’elle était aujourd’hui : une internationale norvégienne, championne Olympique, championne d’Europe et surtout en couple avec une femme incroyable. Danielle salua ses collègues une dernière fois, signant quelques autographes, avant de rejoindre Solveig chez Andy et de partir pour l’aéroport. Elles rentraient au Danemark. Zoé devait les rejoindre pour son anniversaire à quelques jours du stage de préparation pour les Championnats du Monde. ***
Jeudi 11 juin 2009 – 14h00 | Transferts | Les coups de tonnerres se multiplient dans le monde du handball féminin. Si l’année dernière le marché des transferts avait été plutôt calme, il n’en est pas de même pour cette fin de saison. Après la valse des entraineurs et le gros recrutement de Györi, c’est au tour de Larvik de frapper fort. Ce n’est pas une mais quatre recrues de taille qui viennent de s’engager avec le club norvégien. Si je vous parle du quatuor, tout de suite vous pensez à : ANDERSEN, ARLENSEN, AAMODT et KASLER. Et vous auriez raison. Les quatre internationales ont rejoint ce qui sera bientôt leur ex-sélectionneuse. Le club de Larvik annonce clairement ses ambitions pour la saison prochaine. Leur salaire n’a pas été divulgué mais la durée de leur contrat est de quatre ans. A trois semaines du début des Championnats de Monde, je ne doute pas que les supporters norvégiens apprécieront cette nouvelle du retour au pays de leurs joueuses. Je vais aussi profiter de ce post pour vous annoncer une information plus personnelle. Je viens de terminer mes études de journalisme ici à Copenhague et je vais moi aussi rejoindre ma Norvège natale. Je vais travailler pour TV2 et TV3, sur la partie numérique de leur information sportive. Je ne me fais pas d’illusion mon « transfert » fera moins parler que celui du quatuor. Ce site était mon projet d’étude et je vous remercie, vous lecteurs, d’avoir participé à cette aventure. J’ai pris beaucoup de plaisir à vous commenter les matches en direct. Je voulais aussi remercier les joueuses et les staff qui ont toujours fait en sorte de se rendre disponible pour des interviews. Deux pensées spéciales : la première pour ANDERSEN qui n’a pas hésité à faire patienter des spécialistes pour venir vers la journaliste débutante que j’étais il y a 4 ans ; la deuxième pour KASLER qui m’a fait confiance pour aborder le sujet de sa vie privée. Vous pourrez suivre les Championnats de Monde ici mais par la suite il faudra changer de site pour consulter mon travail. Je vous souhaite une bonne soirée |
*** Toute l’équipe de Copenhague s’était retrouvé au foyer pour un dernier pot toutes ensemble. Toutes étaient contentes pour leur amies. Elles connaissaient depuis longtemps le désir de leur petit groupe de norvégiennes de rentrer chez elles. Une page se tournait mais elles avaient vécu une grande aventure ensemble, aussi bien humaine que sportive. Il y avait eu beaucoup de titres, des grands moments de joies mais aussi des instants plus sombres quand chacune avait été touchée par une blessure. Il y avait aussi eu l’à coté terrain, ce qui avait sûrement fait leur force. Le foyer où elles étaient actuellement portait bien son nom. C’était leur endroit tout comme l’Aréna était leur camp de base. Dès la reprise, les choses allaient changer. D’autre joueuses allaient arriver et toutes espéraient qu’elles s’intégreraient facilement. Eva regardait Linda qui était en train de discuter avec Danielle. Il leur restait à toutes les deux un an de contrat. Et même en jouant les aveugles, il était difficile de se mentir plus longtemps. Sa relation avec Linda n’avait plus rien de simplement amicale et il faudrait bien à un moment qu’elles en parlent. *** La sélection norvégienne venait de passer une semaine en stage. Chaque joueuse avait trois jours de libres devant elles. Solveig et Danielle avaient rejoint Lillehammer alors que Liv et Katri avaient choisi de retourner à Copenhague. L’ailière avait retrouvé Kjerstin qui l’attendait à l’aéroport. La photographe aurait dû être à son exposition mais elle avait tenu à l’accueillir. Elle avait suivi les reportages et les interviews retransmis chaque jour sur les chaînes sportives. Katri avait été surprise de ce qu’elle avait ressenti en voyant la jeune femme l’attendre. C’était nouveau pour elle cette excitation, ce sentiment de bonheur de juste voir une personne. Elle s’était moquée de Solveig et aujourd’hui, elle comprenait les agissements de sa capitaine. Elle aussi avait surveillé son téléphone et lui avait souri stupidement. Elle l’avait suivie jusqu’à la galerie en plein centre de Copenhague. Kjerstin n’avait pas voulu lui montrer les photos avant, elle voulait qu’elle les découvre avec l’éclairage qu’elle avait choisi et leur disposition. La handballeuse n’avait jamais été une adepte de ce genre d’endroit mais après avoir fait le tour elle devait reconnaître qu’elle adorait ce qu’elle voyait. Il y avait toute la sensibilité et la douceur de sa petite amie sur les clichés exposés aux murs. Elle avait ensuite trouvé une place dans un coin et avait pu l’observer, elle, évoluer dans son univers. Elle était à l’aise passant d’un groupe à l’autre. Sérieuse alors qu’elle discutait avec des hommes en costumes. Katri avait eu peur de s’ennuyer et à l’inverse elle passait un très bon moment. Alors qu’elle suivait Kjerstin des yeux, elle entendait Liv et Sol lui dire qu’elle allait l’user à la regarder comme ça. Elle ne put s’empêcher de sourire à cette pensée. C’est comme ça que l’artiste la trouva, souriant aux anges. « Katry, je te présente Brent. La galerie est à lui. » — Hej Brent. Très jolie expo. — Merci mais tout le mérite en revient à Ker. Je ne fais que prêter les murs, dit-il en souriant. Et en parlant de talent, félicitation pour ta saison. — Merci mais c’est un travail d’équipe. — Je n’en doute pas mais quand tu montes au tir sur ton aile c’est ton bras qui cherche la cage. — C’est beaucoup plus facile quand tu as été bien décalée et que la porte est grande ouverte. — C’est l’équilibre entre le collectif et l’individuel et… — Et si tu le lances sur cette voie, il peut en parler toute la nuit, intervint Kjerstin. Brent a un master en psychologie et prépare une thèse sur le groupe et la personne. — Je comprends ton intérêt pour le sport collectif alors. C’est une bonne vitrine de ta pensée. — Exactement. J’aurai bien aimé questionner KASLER sur les faits à Belgrade. Sa réaction était un sujet incroyable à étudier. — Sans doute mais que ce soit Sol ou Dane, aucune des deux n’en a reparlé. Et je ne pense pas que ça a été une question de collectif. Sa réaction a été purement dictée par l’amour. Dane affronterait un bataillon entier avec juste une petite cuillère pour protéger Sol. — Parlons d’amour alors… Vous deux… — Est un sujet qui ne te concerne pas mon cher Brent, intervint à nouveau Kjerstin. Et si tu n’y vois pas d’inconvénient, nous allons te laisser pour profiter… de nous, dit-elle en souriant. — Pas de problème les filles. Amusez-vous bien. On s’appelle demain Ker ? — Ouais mais tard ! *** Liv était sur le parking du CMS et hésitait à rejoindre Ellen. La chirurgienne finissait sa garde dans un peu moins d’une heure. Depuis l’officialisation de sa signature à Larvik, elle n’avait vu la jeune femme qu’une fois avant son départ en stage. Et elles n’avaient pas abordé le sujet de son futur déménagement. Ses mains serraient le volant. Ces même mains qui voulaient caresser le corps d’Ellen mais qui tremblaient à l’idée de s’en éloigner ou pire de la perdre. Liv voulait lui parler. Elle voulait aborder le sujet mais avait tellement peur de la réponse. Elle pourrait vivre une relation à distance avec Ellen. Du moins elle essayait de s’en convaincre. Mais si la chirurgienne préférait mettre fin à leur histoire, la gardienne en souffrirait. Liv était restée plus de quarante minutes à réfléchir. Elle inspira un grand coup et sortit de sa voiture. Elle dit bonjour aux infirmières de l’accueil avant de prendre la direction du bureau d’Ellen. Elle ne frappa pas et entra directement. Elle capta le regard étonné de la chirurgienne qui rangeait un dossier dans un des classeurs muraux mais ne s’arrêta pas. Elle ne dit rien plaquant la jeune femme contre ces mêmes classeurs avant de prendre possession de ses lèvres. Elle passa ses mains sous le haut de la tenue de travail d’Ellen. Trouvant directement le contact de sa peau. La différence de température entre les mains de la gardienne et le ventre de la chirurgienne fit frissonner cette dernière. Les journées se réchauffaient mais les nuits étaient encore fraîches. *Combien de temps es-tu restée dehors ? pensa Ellen.*Quand les doigts de Liv trouvèrent la pointe de ses seins à travers son soutien-gorge le gémissement qu’elle ne put retenir se trouva étouffé par les lèvres de Liv toujours soudées aux siennes. Liv ne voulait plus penser. Si tout devait s’arrêter, elle en profiterait jusqu’à se noyer. Comprenant que le moment n’était pas à la discussion, Ellen posa une main sur la nuque de Liv et l’autre sur ses reins pour l’attirer plus près. Laissant par la même sa langue venir caresser la sienne. Pendant plusieurs minutes, elles luttèrent pour savoir qui prendrait le contrôle. Inversant leur position à de multiples reprises. Dans leur lutte, elles avaient perdu quelques attributs. La Suède s’était vue dépossédée de son t-shirt et de son soutient gorge, alors que la Norvège ne pouvait plus compter sur son haut et les boutons de son jeans. Ellen perdit du terrain lorsque la main de Liv se glissa sous l’élastique de son pantalon. Elle n’eut pas le temps de l’arrêter avant que ses doigts ne trouvent le point le plus sensible et en ce moment le plus humide de son anatomie. Elle se mordit la lèvre infèrieure quand elle sentit deux de ceux-ci entrer en elle. Elle dut complètement s’appuyer sur les épaules de la gardienne quand son pouce commença à faire des ronds sur son clitoris gonflé par le désir. Elles avaient déjà fait l’amour debout contre la porte de son appartement mais les rôles étaient inversés et il n’y avait pas cette urgence primitive. *Qu’est-ce qui t’arrive Liv ?* Elle n’eut pas l’occasion de réfléchir à cette question Liv ayant accéléré le rythme de ses caresses et approfondit ses mouvements. Il ne faudrait pas longtemps avant que le barrage ne cède. Ellen ne chercha pas à lutter ou à repousser l’échéance. Elle reprit possession des lèvres de Liv pour étouffer ses propres gémissements, elles étaient tout de même dans son bureau. Il lui fallut tout son contrôle acquis à l’université pour ne pas crier quand les parois de son intimité se resserrèrent autour des doigts de Liv. Son corps trembla sous la jouissance. Alors qu’elle posait son front contre celui de Liv, elle vit son sourire satisfait. Elle le prit comme un défi. Elle savait qu’elle avait moins d’une minute pour agir avant que les endorphines ne fassent leur effet. Ellen poussa sa gardienne préférée contre son bureau et la fit s’asseoir dessus. Elle se baissa pour lui ôter ses baskets tout en remontant vers ses lèvres pour l’embrasser, elle la força à se mettre en appui sur ses mains pour faire glisser son pantalon et sa culotte dans un même mouvement. Alors que Liv s’attendait à trouver le verre froid, ce ne fut pas le cas. Le plateau était chaud. En voyant Ellen s’agenouiller entre ses cuisses, Liv dut retenir un gémissement d’anticipation à ce qui allait suivre. Liv n’avait pas oublié la première fois où la chirurgienne lui avait fait l’amour de cette manière et les fois suivantes. Et le premier frisson fut le même quand sa langue vint caresser le point le plus sensible de son corps. L’internationale s’appuya sur ses coudes et laissa doucement onduler son bassin. Son excitation était déjà haute après avoir senti Ellen se contracter autour de ses doigts. Liv serra les dents pour essayer de repousser la vague qui grandissait de plus en plus au creux de son ventre. Si elle arrivait à contenir ses gémissements, elle ne put s’empêcher de venir poser sa main sur l’arrière de la tête d’Ellen pour accentuer le contact. Et la vague déferla. Son ventre se contracta alors que tous ses autres muscles se relâchaient. Elle tremblait légèrement quand la chirurgienne se releva et l’enlaça. *** Katry et Kjerstin étaient à présent écroulées dans le canapé de la joueuse de hand. Elles s’étaient achetées une pizza sur le chemin pas rassasiées par les petits fours de l’expo photo. La joueuse de hand se sentait doucement rattrapée par la fatigue de la semaine de stage et la photographe laissait la pression des derniers jours retomber. La première s’étonna de ne pas ressentir le besoin de plus que Kjerstin allongée – toute habillée – contre elle, la tête au creux de son épaule et sa main faisant des ronds sur son ventre. Elle aurait presque ronronné. Elle suivait vaguement la comédie romantique à la télévision ne se souciant pas de la suite de la soirée. Elle n’imaginait pas comment elle allait devoir manœuvrer ou ce qu’elle devrait dire pour amener la dite fille dans son lit. Elle était tout simplement bien ici, à cet instant. *** Ellen regardait dormir Liv, elles étaient rentrées chez la chirurgienne et après avoir mangé, elles s’étaient glissées sous la couette. Elles avaient à nouveau fait l’amour mais avec moins de précipitation cette fois. A présent, la gardienne internationale avait rejoint Morphée et Ellen pouvait l’observer tout à loisir. Elle sentait bien que quelque chose perturbait la jeune femme mais Liv ne semblait pas vouloir lui en parler. Elle repoussa délicatement une mèche de cheveux qui avait glissé sur la joue de la jeune femme qui prenait de plus en plus de place dans sa vie. « Dors mon amour, tu me parleras quand tu seras prête. » *** | |
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