La rencontre… Sportive…
C’était un samedi soir comme les autres, enfin pas tout à fait comme les autres. Je venais de rompre dans l’après midi avec ma petite amie du moment dont la jalousie maladive me tapait sur les nerfs. Pour me changer les idées les filles de l’équipe de football où je jouais m’avaient persuadée de les accompagner à une soirée. Je n’étais pas très motivée pour voir du monde mais on était maintenant sur le parking de la salle des fêtes. La soirée était organisée par l’équipe féminine d’un autre club de foot avec lequel on s’entendait bien. Il faut dire que le fait que notre capitaine soit avec leur capitaine favorisait ‘le rapprochement’. A travers la porte du hall on entendait déjà la musique. On a payé, on est entré et c’est à ce moment la que ma vie a changé.
Il y a foule au bar mais je ne la vois pas. Je ne vois que la fille qui est derrière et qui a relevé la tête quand la porte s’est refermée et qui me regarde. Il est impossible qu’elle ait entendu la porte avec tout ce bruit. Alors pourquoi juste à ce moment la. Je me suis arrêtée au milieu du chemin et ce qui me remet en route c’est une de mes amies qui me bouscule en voulant avancer. On joue des coudes pour se frayer un passage jusqu’au comptoir. Je vais volontairement à gauche pour être servie par ‘Elle’. On arrive à destination et la première tournée est commandée. Elle a légèrement du se pencher en avant pour nous entendre. Alors qu’elle se retourne pour préparer nos verres, je peux la détailler. Elle porte un jeans noir près du corps mais pas moulant, une chemise bleu nuit dont elle a roulé les manches jusqu’au dessus du coude. Quand elle nous refait face, nos regards se croisent à nouveau. Je voudrais rester mais il faut faire de la place pour les autres assoiffés. Une table nous est réservée. Privilège du cœur. Alors que les filles parlent du match de demain, j’écoute à moitié ne pouvant m’empêcher de regarder la fille derrière le bar. J’aime sa manière de bouger. Une autre fille lui tend une bouteille de coca cola, elle la saisit et elles trinquent. Je ne peux retenir un frisson en voyant le mouvement de son pouce sur le verre de la bouteille pour enlever la condensation. Je suis sûre qu’elle le fait machinalement mais pour moi c’est un geste très sensuel.
Nos verres vides, je me propose pour aller chercher une nouvelle tournée. Le bar s’est éclairci, beaucoup dansent. Je lui passe ma commande. Elle a les yeux bleus, je viens de le voir grâce au spot que le DJ vient d’allumer. Elle me sert, encaisse, je frôle sa main en récupérant ma monnaie. Et la j’ai un problème : 5 verres, 2 mains.
« Je vais t’aider. »
Je relève les yeux au son de sa voix. Elle contourne le bar, attrape les 3 verres de whisky-coca me laissant les 2 verres de bière plus grands. Arrivée à notre table, elle salut notre capitaine qu’elle n’avait pas vu tout à l’heure et repart.
La soirée se poursuit, je cherche à glaner des informations sur cette fille. Mon capitaine me dit qu’elle joue milieu de terrain. Sa copine m’en apprend un peu plus comme son prénom, son âge, qu’elle n’est pas d’ici et que c’est sa première saison dans l’équipe. Et surtout que si elle est derrière le bar c’est parce qu’elle est la seule à ne pas boire d’alcool.
Alors que les autres dansent, je retourne me chercher à boire. Je n’ai pas vraiment mangé et les différentes tournées commencent à faire leurs effets.
« Un whisky-coc, s’il te plait. »
Je la vois se pencher vers moi un peu plus que tout à l’heure. Et c’est ses lèvres pas très loin de mon oreille que j’entends :
« Tu peux répéter, il a monté le son et je m’entends limite plus penser. »
Je tourne légèrement la tête sur le coté. Sa joue est toute proche de mes lèvres.
« Un whisky-coc, s’il te plait. »
« Ok ! »
Elle recule et prépare mon verre. La musique se calme un peu, la période slow commence. Le bar est calme en me ramenant mon verre, elle me dit :
« Alors tu viens de ‘l’ennemie’ ? »
Elle me demande ça en souriant. Les deux équipes étaient amies mais s’appelaient par jeux ‘les ennemies’. Je repense à ce que m’a dit son capitaine, elle vient de la grande ville rivale.
« Tu es plus ennemie que moi ici. »
« Vu comme ça, c’est vrai. »
« Vous faites un beau parcours cette année. »
« Je vais le prendre pour les deux équipes. Vous aussi, vous êtes bien placé pour la montée. »
On discute un moment de football, du championnat de Ligue 1 et je ne suis pas étonnée qu’elle supporte l’équipe opposée à la mienne. D’autres consommateurs arrivent, elle me fait un demi-sourire s’excusant de devoir m’abandonner.
Le reste de la soirée est plus flou. J’ai un peu trop de whisky dans le sang pour me souvenir de tout. Une chose est sûre par contre c’est que j’ai son numéro de portable. Elle me l’a donnée vers 4 heures du matin et sur ce coup la mon capitaine m’a bien aidé en déclarant :
« Si tu lui donnes pas tu sais qui lui donnera si je le lui demande. »
J’aime l’esprit d’équipe.
J’ai eu du mal sur le terrain cet après midi et je n’étais pas la seule. Sortir la veille et se coucher à 6 heures du matin, ce n’est pas une bonne idée. Je prends le prétexte de savoir comment s’est passé son match à elle pour l’appeler dès que je suis chez mes parents. Je compte les sonneries, à la troisième j’entends sa voix et je comprends que je la réveille. Je me présente au cas ou et je m’excuse.
« Désolée de te réveiller. »
« Pas grave. Entre la nuit blanche et le match à 13h je me suis endormie dès que je me suis posée sur mon canapé. »
« Long week-end alors. »
« Très long. »
On discute un moment mais je sens bien qu’elle est crevée et qu’elle ne rêve que d’une chose, se rendormir. Elle accepte qu’on se voie en dehors du foot mais pas avant 15 jours car elle part en déplacement pour son travail. Elle me dit de choisir le lieu et l’heure et qu’elle s’arrangerait. Le dimanche suivant, je croise son capitaine et essaie de savoir ce qu’elle aime. Je veux choisir le bon endroit. Malheureusement, elle ne peut pas me répondre. Il ne me reste plus qu’à me fier à mon instinct.
***