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 Je est une autre - Alea

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YulVolk
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YulVolk


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MessageSujet: Je est une autre - Alea   Je est une autre - Alea Icon_minitimeMar 5 Aoû 2014 - 20:18

Pseudo de l'auteur : Alea

Nombre de chapitres : 1
Rating de l'histoire : G
Genre de l'histoire : Romance

Résumé de l'histoire : Pas toujours facile de reconnaître et d'accepter qu'on vient de tomber follement amoureuse d'une autre femme, quand on est mariée et qu'on se croit rangée depuis des années... c'est pourquoi "Je" est vraiment une autre, dans ce récit à contrainte grammaticale...

Remarques diverses : /

Terminée et Corrigée
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https://lesbiennes-stories.1fr1.net
YulVolk
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MessageSujet: Re: Je est une autre - Alea   Je est une autre - Alea Icon_minitimeMar 5 Aoû 2014 - 20:21


Il y a un épisode de Columbo qui m’a beaucoup marqué, c’est celui dans lequel la victime ressurgit par l’intermédiaire des enregistrements que son psychothérapeute a fait de ses rêves récurrents. La victime est, si l’on peut dire, la « femme aînée » (la première épouse) d’un homme qui a deux autres conjointes, sous le même toit, un peintre, inventeur d’une couleur particulière (genre « le rouge Barsini ») ; un jour elle décide de quitter (pour son psy, précisément) ce mari prétentieux et infidèle, qui la tue parce que ce départ le menace : en fait, cette première épouse sait que son mari est responsable d’une autre mort, plus ancienne, et qui reparaît dans ses cauchemars.…

C’est justement la partie de l’épisode constituée par le récit de ces cauchemars qui m’a impressionnée ; l’image bascule en noir et blanc, avec beaucoup de parts d’ombre et des déformations expressionnistes; on entend la femme –à présent morte- qui raconte ses rêves sur le magnétophone, sous forme d’un monologue presque monocorde, avec cependant des effets sonores –un « écho », un grincement de porte; et il y a encore deux éléments caractéristiques du récit de rêve dans la psychanalyse, d’une part le jeu de mots signifiant (« monocle »), et le doute, erreur ou approximation de celle qui raconte, qui cherche le souvenir. Par ailleurs ces rêves mettent en scène une certaine violence, essentiellement psychologique mais d’autant plus terrifiante, faisant figurer par exemple une hache, un « paquet de viande », et où le sang apparaît, lui aussi, presque plus horrible en noir et blanc (effet similaire à Kill Bill, d’après ce qu’une copine m’en a dit). Bref, c’est un moment particulièrement angoissant que la visualisation de ces trois rêves, qui finissent précisément par révéler ce que l’inconscient –et la victime- était censé dissimuler.

Les trois rêves se succèdent, entrecoupés de diverses scènes du récit « principal », l’enquête de Columbo ; mais tous trois commencent de façon quasi identique, lorsque l’assassin -en contre jour- pénètre dans le bar où il vivait, à l’époque, avec sa première épouse. Et c’est cette répétition, annonçant de fait une progression, une gradation dans l’angoisse, qui crée progressivement l’effet de malaise : on arrive, comme c’est voulu par le réalisateur, à associer le lieu et l’ambiance, et à anticiper ce qui va suivre, en pressentant que ce sera pire à chaque fois, jusqu’à l’interprétation éclairante de Columbo et du psychanalyste, décortiquant et reconstituant l’événement traumatisant révélé par ces rêves. Bref, c’est bien monté et ça m’a toujours fait un certain effet, même après plusieurs rediffusions.


Ce préambule paraîtra sans doute très éloigné de mon propos, mais ce type de progression s’est produit aussi dans ma propre existence : des éléments fondateurs ont été, du fait d’une répétition, d’un enchaînement, mais aussi d’une vie fantasmatique ou onirique, étroitement associés à un lieu précis, un bistrot là aussi, ouvert depuis quelques années, où il m’arrive –m’est arrivé- d’aller régulièrement, par périodes. En général il ne s’y passe rien de notable, mais c’est un endroit agréable (ce qui, pour un bistrot, est la moindre des choses, mais il n’est peut-être pas inutile de le rappeler à certains tenanciers…), chaleureux, où certains de mes amis et moi nous retrouvons presque par automatisme, en fin de semaine notamment. On y entend de la bonne musique innovante (quoique souvent pour bobos trentenaires), la bière y est bonne et pas trop chère, et surtout, contrairement aux autres lieux de ce type, où on se retrouve souvent confiné entre un comptoir surpeuplé et un mur glacé suintant de condensation avec des espèces d’étagères trop petites pour y poser les verres froids, c’est un endroit qui dispose d’un certain espace bien aménagé, d’une salle spacieuse où il est possible de s’asseoir à de vraies tables –en bois !- avec de vraies chaises, aussi bien que de danser –parfois d’ailleurs sur les tables et même les chaises. En fait, à bien y réfléchir, peut-être que cet endroit ressemble finalement assez au bistrot de l’épisode de Columbo, avec ses boiseries, ses lambris, son plancher sonore, son éclairage indirect qui tamise les lumières… C’est presque une espèce de saloon amélioré, dans le fond. Autre intérêt du lieu, et plus particulièrement pour moi dans le cadre de ce récit, il y a une grande terrasse –pour les fumeurs- qui donne sur un parc ombragé de grands arbres, avec des allées bordées de haies et de massifs d’arbustes. Un endroit bien agréable aussi.

C’est donc dans ce bistrot qu’ont eu lieu certaines de mes rencontres à l’origine de profondes remises en question d’abord, d’une véritable mutation finalement. Une partie de mon histoire personnelle s’est écrite précisément là, dans ces murs, en une succession de soirées au début similaires et dont la fin tendait vers une révélation graduelle, à la fois déstabilisante, angoissante et libératoire – tout à fait comme dans le film, mais dans un récit où assassin et victime ne seraient qu’allégories d’une seule et même personne, et où ça se finirait bien (ce qui change pas mal de choses quand même J).


La première rencontre a été celle d’un petit bout de bonne femme de mon âge à peu près (c’est à dire, puisqu’il faut préciser, approchant la quarantaine), plutôt jolie, mince et vive, qui était devant moi, en train de tenir haut sa place au comptoir, où il faut quand même jouer des coudes à certaines heures. A-t-elle senti mon regard, pourtant tout à fait neutre et seulement assoiffé, dans son dos ? Toujours est-il qu’elle s’est retournée, sans raison explicable, que ses yeux ont croisé les miens et qu’elle m’a fait, comme le dit si bien l’expression, « une petite place » en se serrant vers le consommateur voisin, avec un geste de cordiale invitation envers moi, indiquant la place disponible ainsi libérée pour accéder au comptoir et au bonheur des pintes ruisselantes et mousseuses.

Ma réponse réservée, suggérant que la place dégagée n’était pas suffisante à ma stature, eut la vertu de la surprendre, l’espace d’un instant, puis de l’amuser, finalement. Car évidemment mon gabarit, s’il n’est pas celui d’un mannequin, n’a rien d’aussi volumineux et me permettait largement de m’insérer entre elle et le consommateur voisin : mon refus était plus une façon de masquer ma réticence à me frotter de trop près à des corps étrangers et relevait surtout, en réalité, d’une forme d’humour assez habituelle chez moi, consistant à m’exclure du jeu de la séduction en portant un regard amusé, mais critique (ou critique, mais amusé) sur mon aspect physique. Mon interlocutrice le comprit sans tarder, comme en attesta le pétillement de son regard. Là-dessus, elle m’attrapa par le haut du bras avec un bon sourire, m’évalua rapidement d’une regard descendant puis ascendant, avec un œil d’experte, et me répondit, textuellement :« Allez poulette, n’en rajoute pas ! T’es pas plus mal qu’une autre, en plus t’as un super visage et des cheveux magnifiques. »

Et là dessus son invitation manuelle acheva de vaincre ma résistance passive en me rapprochant d’elle –et du comptoir. A moins que ce ne soit l’inverse.

Nous avons alors échangé quelques mots, en attendant la commande, qui fut longue à venir, et pour une fois c’était plutôt agréable. La conversation, quoique déclenchée par la question de mon apparence physique et de mes éventuels complexes, présentés avec humour et détachement, roula heureusement sur d’autres sujets ; le compliment m’avait ravie, bien sûr, mais il vaut mieux en général éviter d’en redemander, sous peine d’être déçue par la deuxième couche, trop précise, ou bien maladroite. En revanche, nous avons pu rapidement faire connaissance, et sa manière simple et directe de s’exprimer me donna à entendre très vite qu’elle s’intéressait aux femmes, « en général et en particulier » selon ses termes. Cela m’avait paru évident, du reste, dès le premier abord, dans sa manière de s’adresser à moi, mais sans aucun autre indice relevant du stéréotype traditionnel : elle était jolie, féminine même, et tout à fait susceptible de jouer de ses charmes auprès de la gent masculine. Le compliment qui m’avait été adressé n’en était d’ailleurs, de mon point de vue, que plus appréciable. Toutefois la relation entre nous s’établit sans ambiguïté aucune dès lors que mon hétérosexualité fut attestée par ma situation sociale -mariée depuis plus de dix ans- d’ailleurs très vite mise en avant –à vrai dire, un peu comme un bouclier… et surtout mon innocence, ou ignorance, complète et patente dans ce domaine précis des relations humaines. Du moins c’est ainsi que les choses m’apparurent à ce moment-là, même s’il s’avéra ultérieurement que c’était une simplification abusive –et bien confortable- de ma part.

Nous discutâmes donc en toute simplicité et ma relative aisance, significative à mon sens d’une belle ouverture d’esprit, me surprit. Il apparut rapidement que ma nouvelle connaissance, Lina, me trouvait charmante, et cela ne me gênait pas le moins du monde, contrairement à ce que mes préventions, mes préjugés auraient pu laisser imaginer. Au contraire, cela semblait plutôt m’encourager à en rajouter, à faire de l’humour, à me montrer enjouée et spirituelle, façon d’être qui m’est d’ailleurs naturelle en toute compagnie, et qui en l’occurrence produisait visiblement un certain effet. Cette réaction de ma part, comme une certaine envie de plaire tout à fait inhabituelle chez moi, ne m’interrogea pas, sur le coup : les bières précédentes commençaient à agir et ma bonne humeur simple ne se laisserait gâter par aucun doute pernicieux.

D’ailleurs, une fois la commande servie, nous nous séparâmes sans façons ; mes amis me virent les rejoindre, les bras chargés et les avant-bras inondés, comme il se doit quand on traverse une relative cohue alcoolisée les mains pleines de quatre pintes remplies (initialement) à ras bord, et tout à fait joviale, voire exaltée. Leur regard interrogateur provoqua mes confidences ravies sur la rencontre qui venait de se produire et qui me réjouissait positivement. Et comme les amis sont des amis, ils se réjouirent avec moi, apparemment sans arrière-pensée ; puis nous parlâmes d’autre chose et la soirée se poursuivit tout à fait ordinairement.

Ce n’est que plus tard, de retour à la maison et à un mode d’esprit plus posé, l’alcool ayant cessé d’agir, que la pensée me vint, comme une première révélation presque brutale, que ce qui m’avait ravie, c’était de recevoir un compliment, certes, mais un compliment de la part d’une femme. Une certaine logique très personnelle, mais tout à fait argumentée, m’incitait à considérer qu’un compliment de la part d’une femme avait plus de valeur que de la part d’un homme. D’abord parce que les hommes font la plupart de temps des compliments intéressés, et que ce ne pouvait être le cas dans la situation qui venait de se produire –le rapport de séduction ayant été écarté d’emblée et catégoriquement, même si, avec le recul, il s’agissait manifestement de déni pur et simple de mon côté. Et surtout parce que, sauf entre amies caressantes, les compliments de femme à femme sont extrêmement rares, compte tenu de la situation de rivalité permanente dans laquelle le jeu de la séduction les maintient : dans cette logique, un si beau compliment qui m’avait été fait par une femme, de surcroît inconnue, ne pouvait avoir qu’une valeur proprement extraordinaire, presque comme si ma beauté était telle qu’il devenait nécessaire, voire vital, de m’en faire prendre conscience…

Ma vanité, flattée par cette situation inédite, se complaisait donc dans ces considérations, mais avec une légèreté amusée qui refusait d’y voir aucune interprétation plus profonde, ni plus personnelle. Pourtant à compter de cette fugace rencontre ma façon de voir les choses évolua, presque insensiblement d’abord. Ce fut l’image que me renvoyait le miroir qui m’interrogea autrement, mon regard qui s’attarda sur les détails qui m’avaient été cités, particulièrement le visage et les cheveux. Il peut être utile de préciser ici que mes rapports avec mon apparence physique, de façon générale, et les attributs du désir de séduction en particulier (maquillage, talons, parfums…) n’étaient faits que d’une profonde et sincère indifférence. Cela ne me complexait pas et ne me posait généralement pas problème, hormis avec certains abrutis qui ne comprennent pas, voire se formalisent, qu’une femme puisse « se laisser aller » et ne pas chercher à plaire. Mais en ce qui me concernait, c’était mon mode tout à fait ordinaire de fonctionnement et il n’y avait pas de raison d’en changer ; cela ne m’empêchait pas d’avoir une vie sociale et amoureuse, et en particulier un travail, un mari et des amis. Aussi, le fait de commencer à me regarder curieusement, plus longuement, voire avec perplexité dans le miroir était-il d’une grande nouveauté pour moi –du moins depuis la fin de l’adolescence.

Par ailleurs il m’apparut peu à peu qu’avoir plu à une femme n’était pas seulement flatteur, mais pouvait être troublant. Un univers de pensées, voire de fantasmes informulés, qui préexistaient certainement en moi auparavant, mais que cette rencontre avait révélés, m’envahit alors, avec toute une séquelle d’interrogations aussi bien très prosaïques que métaphysiques, en particulier sur le désir, ses manifestations et la conscience, exacte, erronée ou plus ou moins sciemment détournée qu’on peut en avoir. Dans le fond, quels étaient mes désirs sincères et profonds ? Cette question ne m’était jamais venue à l’esprit auparavant, tant il était simple et évident de désirer où la norme l’indiquait, sans se compliquer la vie. Et il faut dire que ça marchait assez bien, de ne pas se poser de questions ; c’était même beaucoup plus simple ainsi, et cela m’aurait convenu sans doute indéfiniment si certaines n’étaient venues s’inviter dans le jeu de quilles…

A partir de là mes interrogations se muèrent progressivement en curiosité et il me devint impossible par exemple de retourner au bistrot où la rencontre avait eu lieu, sans une petite arrière pensée ou même un vague espoir de retrouver Lina, que mes yeux cherchaient par toute la salle et le comptoir. Cela dura quelque temps, période durant laquelle il me sembla tout à coup –et bien que ce bistrot fût loin d’être un de ces lieux de drague « spécialisée »- surprendre plusieurs regards, le plus souvent féminins, qui s’étaient attardés sur moi, et se détournaient plus ou moins vivement, ou au contraire se plantaient dans le mien avec une question muette mais explicite, parfois même une pointe de provocation. De façon amusante cela me rappela les quelques fois où le contact s’était noué, exactement de la même manière, par le seul regard, avec des revendeurs de shit dans des quartiers de villes inconnues. Mais cette fois bien sûr l’enjeu était tout autre, tellement plus intime et déstabilisant qu’il me parut plus raisonnable, afin notamment de conserver ma sérénité, de me convaincre qu’il ne s’agissait que d’impressions fausses et fugaces, c’est à dire d’illusions pures et simples.

Mais Lina revint évidemment, dans ce même bistrot, comme cela se produit dans le second rêve de l’épisode de Columbo. Et ce soir là fut comme un soir de rêve en effet. Cette fois donc, alors que mes yeux parcouraient machinalement la salle sans même trop se souvenir de leur quête initiale, ce fut le regard de Lina qui croisa –accrocha serait plus exact- le mien, de façon si directe et imprévue que cela me fit rougir d’une bouffée d’émotion inattendue, incontrôlée, sans même me laisser la possibilité de l’éviter, de faire semblant de ne pas l’avoir vue : il était déjà trop tard pour regarder ailleurs, faire mine de l’ignorer. D’autant qu’elle avait aussi remarqué mon trouble, comme son regard, devenu, soudain, à la fois plus doux et plus aigu, me le laissa deviner. On aurait dit qu’en une fraction de seconde, en lisant mon âme par mes yeux, elle avait parcouru tout le chemin mental qui avait été le mien depuis notre première rencontre, et avait reconnu ces doutes nouveaux et ces interrogations saugrenues qu’elle avait déjà dû découvrir –et peut-être provoquer- tant de fois chez tant d’autres…

Lina était accompagnée; en toute simplicité, avec une démarche très naturelle, elle vint à moi, seule, me salua –elle se souvenait de mon prénom, évidemment- et m’entraîna à sa table, où elle fit les présentations.

L’une des deux jeunes femmes qui l’accompagnait était visiblement d’origine nord africaine, ou peut-être indienne ; c’était une métis, grande et très fine, une liane à la peau brune, avec de magnifiques yeux gris et une distinction qui me fit une très forte impression, faute sans doute d’habitude de fréquenter des gens d’une telle classe naturelle. Elle était souriante mais réservée, ne communiquant qu’en anglais. L’autre était belle aussi, mais moins impressionnante heureusement ; un peu plus petite que moi, comme Lina, c’était une femme élancée et gracieuse, avec des cheveux auburn encadrant un visage aux traits fins, des tâches de rousseur, des yeux clairs aussi bien dans l’expression que dans la couleur ; elle avait par ailleurs une voix très particulière, assez grave, à la fois rauque et douce, qui m’émut de façon particulière, même si plusieurs années ont été nécessaires encore, après cette rencontre, pour me rendre consciente de l’effet que me font certaines voix de femmes –mais pas celles des cantatrices ni même de la plupart des chanteuses, pas les voix officiellement « remarquables ». Elle m’accueillit avec beaucoup de douceur, d’humour, et un intérêt qui me gêna presque, à croire que Lina avait parlé de moi autour d’elle, moi qu’elle n’avait connue que quelques minutes et qui étais finalement tellement insignifiante…

La gentillesse de cette compagnie, l’atmosphère, toute de douceur, qui régnait dans leur petit groupe me mirent rapidement très à l’aise, comme si cet univers, finalement, m’était familier. Nous menions à bâtons rompus une conversation légère et gaie, futile et ponctuée de rires, parcourue d’un insensible frisson de séduction, peut-être, de bien être, certainement. Mes amis habituels me paraissaient loin et lourds, mais heureusement ils ne se formalisaient pas de mon abandon temporaire, ayant assez à faire avec leurs propres rencontres et notre groupe étant familiarisé à une certaine autonomie, pourvu bien sûr que personne ne se retrouvât planté là, seul, abandonné. Mais en l’occurrence ce n’était pas le cas et mes nouvelles amies et moi pouvions continuer à nous découvrir, émerveillées, sans l’ombre d’un soupçon de mauvaise conscience. Cela dura sans doute une paire d’heures et quelques bières qui passèrent dans une ambiance presque magique, sous un charme particulier, au sens propre. Puis le bistrot ferma, l’heure légale ayant été atteinte, et il fallut revenir à la réalité. Cela se fit sans pathos, avec des saluts joyeux et des embrassades tout à fait innocentes, à mon grand regret, peut-être, déjà.

Lina reparut au bistrot quelques jours après, à peine, et pour mon plus grand bonheur, car entre-temps des rêves très orientés, très colorés, très chaleureux, mais aussi très troublants avaient surgi en moi, bien contre mon gré. Mon mari lui-même s’en était rendu compte, au point d’espérer, disait-il en riant –mon mari est de bonne composition heureusement- être l’objet de ces rêves qui m’avaient fait gémir plusieurs fois dans mon sommeil. Hm. La remarque me fit rougir, mais pas autant que les rêves éveillés qui m’obsédaient aussi, et qu’il me plaisait d’entretenir, malgré tout et contre toute raison. Cela ne relevait plus, en effet, du jeu innocent, des interrogations existentielles ni de la curiosité pragmatique (que certains qualifieraient de malsaine ou déplacée) ; mes désirs étaient à présent ciblés et parfaitement conscients, s’ils n’étaient pas, en revanche, très maîtrisés. Aussi quand, après cette espèce de mise en condition constituée par ces jours à cultiver le fantasme tout en imaginant ne plus jamais revoir aucune des trois, Lina me déclara, après les salutations d’usage et avec sa façon habituelle de ne pas y aller par quatre chemins « Tiens au fait, t’as tapé dans l’œil de Tess, ma jolie », cela me mit, presque violemment, dans tous mes états.

Tess, c’était celle dont la voix m’avait justement tapé dans l’oreille, et qui était au centre de mes rêveries, depuis quelques jours. Celle dont l’existence, le sourire, les charmes avaient brutalement envahi ma petite vie tranquille. Celle qu’il ne me fallait jamais revoir, sous peine de ne plus contrôler mes émotions.

De son œil aiguisé Lina remarqua mon trouble, et, ravie, me tapa dans le dos, enfin, d’une main douce. Lina n’est pas une grosse brute.

« -Mais c’est que ça a l’air de te faire plaisir, en plus !

Mes yeux tombèrent au fond de mon verre et ma réponse essaya minablement de détourner la conversation :

-C’est surtout à toi que ça a l’air de faire plaisir…

Lina marqua un temps d’arrêt ; sans doute venait-elle de percevoir et de comprendre ma gêne. Son intonation abandonna tout persiflage pour devenir compréhensive, attentive :

-D’accord, dit-elle ; c’est vrai que j’aime bien faire se rencontrer des gens. OK, n’en parlons plus. Ou seulement si tu en as envie.

C’était pas l’envie qui m'en manquait ; mais le courage, bien plus.

-Laissons tomber ; ça vaut mieux. Ça va passer. Juste, si tu peux me promettre de ne jamais en parler, de ne pas intervenir…

Lina était devenue sérieuse, presque grave.

-Tu peux me faire confiance, répondit-elle. Je ne ferai rien, je ne dirai rien, je n’interviendrai pas. Mais moi, poulette, j’espère pas que ça va passer. Et tant pis si ça te bouscule.

Mes yeux un peu battus se levèrent vers elle, rencontrèrent un regard plein d’intelligence et de tendresse. Elle me sourit, me retapa dans le dos, m’offrit une autre bière, et parla d’autre chose. Mais un moment plus tard, tout à fait hors de propos, parce que mes pensées étaient bien loin de la conversation courante, l’exclamation suivante m’échappa :

-Tout de même, elle a dix ans de moins que moi !

Lina, comprenant immédiatement que cette remarque résultait du fil d’une pensée implicite et n’avait rien à voir avec la discussion en cours, haussa une épaule amusée:

-Tant mieux, ça tombe bien, vu que tu fais dix ans de moins. Et puis, quoi, tu vas pas lui reprocher d’être trop jeune ?? »

Ce fut la dernière fois, ce soir-là, que Tess fut le sujet de la conversation même si, pas un instant, son absence ne cessa de la hanter.


Que le fantasme devienne une éventualité, presque une réalité, me terrorisait positivement, et cela, Lina l’avait bien compris : c’est pourquoi elle avait pris les choses au sérieux et avait tout fait pour me rassurer. De mon côté, il ne me restait plus qu’à assumer ; assumer mon désir, et chercher à revoir Tess. Ou assumer ma peur, et éviter par tous les moyens de risquer de la rencontrer, même par accident.

Ce fut la seconde option qui l’emporta, et pendant des mois, on ne me revit plus au bistrot, ce qui surprit un peu mes habituels habitués, mais ils s’y habituèrent. Bien m’en prit (enfin, ça dépend du point de vue) en tout cas, car, comme elle me le dit plus tard, et bien que Lina eût tenu sa parole, pendant plusieurs semaines Tess alla presque tous les soirs, systématiquement, essayer de me retrouver là-bas.

De mon côté, c’était une espèce de black-out, de combat, vain et désespéré, pour retrouver mes repères antérieurs, mes petites habitudes confortables, sécurisantes. L’alcool me servit de béquille, mais de béquille traîtresse, qui fatalement, après des distractions artificielles, un faux oubli presque morbide, finissait par échauffer mes sens, rallumer mes fantasmes enfouis sous des épaisseurs de déni opiniâtre, de lâcheté tenace. Plusieurs nuits blanches ou gueules de bois pseudos festives aboutirent au même constat, brûlant: « J’ai envie d’une fille. » Presque une plainte, incontrôlable, indésirable, malvenue ; et pourtant le constat, le désir, la réalité étaient là. Et pas de n’importe quelle fille, en plus. La honte et l’angoisse me submergeaient. Mon mari, mes amis, mes collègues me trouvaient bizarre, déprimée peut-être, sans avoir la moindre idée de l’origine de mon mal être ; et il m’était naturellement tout à fait impossible de m’ouvrir à qui que ce soit d’une préoccupation aussi incongrue et choquante à mes propres yeux. La seule solution était de me convaincre que la situation était mal engagée, qu’il n’y avait pas d’espoir, qu’il ne fallait pas se bercer d’illusions. Pour apaiser mes ardeurs maladives, il me fallait ressasser les mêmes arguments destructeurs. En effet, tout bien réfléchi, aucune preuve ne m’avait été donnée de la réalité des penchants supposés de Tess, qui pouvait parfaitement n’être qu’une simple amie de Lina, sans en partager les pratiques –auquel cas mon désir était non seulement contre nature, mais de surcroît impossible et risquant même de me faire perdre une douce amitié naissante. A l’inverse, si Tess avait une réelle habitude de ce type de relations, on pouvait la supposer douée de beaucoup d’expérience, capable de recul, de sens critique et comparatif, ce qui, à la limite, me répugnait presque. Dans ce cas il y avait au moins quelque chose de complexant, voire de douteux, dans son intérêt supposé pour moi… Enfin tout était bon, dans ma petite tête, à essayer de me faire prendre de la distance, à gommer ces idées stupides, à rejeter ces appétits presque monstrueux, à me convaincre que c’était une voie sans issue, dangereuse, improbable et immorale, dans laquelle il ne fallait pas s’engager ; l’objectif de ce ressassement était de m’apaiser ; mais en réalité, cela me faisait encore plus mal.

Cela aurait pu durer éternellement et aboutir peut-être à une dépression, voire pire. Lina, ayant l’expérience de ces évolutions, l’avait pressenti, d’où sa gravité lors de notre dernière rencontre; mais elle était tenue par sa promesse et, surtout, ne savait où me trouver, me contacter, me relancer au besoin, pour m’apaiser peut-être, me réconforter, puisque nous n’avions pas échangé nos coordonnées. C’était ma façon, tout à fait illusoire, de me protéger ; en réalité ce ne fut qu’une souffrance supplémentaire, car les quelques fois où un sursaut de lucidité, ou de courage, me saisit, il me fut impossible d’aller au bout en rétablissant le contact. Une seule fois un élan me poussa jusqu’au bistrot, mais c’était un jour où aucune d’elles n’y était, et ce n’en fut que plus accablant pour moi. Ce fut une période très sombre et douloureuse.

Heureusement quand même, au bout de plusieurs mois le hasard –la chance !?- me fit croiser de nouveau Lina, de façon tout à fait imprévisible. On m’avait exceptionnellement confié la tâche, au travail, de déposer un paquet urgent « en mains propres », et pour ce faire le chemin le plus court, à pied, passait par le parc voisin du bistrot, au retour aussi bien qu’à l'aller. C’était un soir d’automne, doux et humide, mais déjà sombre -sans quoi il m’eût sans doute été possible d’identifier la silhouette qui approchait, et de l’éviter. Un fois la livraison effectuée, donc, à la croisée de deux allées, sous un réverbère, une ombre s’arrêta et me salua. C’était Lina qui, s’approchant de moi pour la bise amicale, me dévisagea alors presque avec frayeur ; elle marqua un temps d’arrêt, puis soudain me prit par la main et m’entraîna vers le bistrot, en disant sur un ton qui ne laissait aucune place à l’objection : « Je t’offre une bière, et on discute. Tu peux pas continuer comme ça, tu te bouffes de l’intérieur. Et pas que toi d’ailleurs.» Ce qu’elle ne m’annonça pas à cet instant, c’est que Tess était là, aussi, dans le bistrot, à l’attendre : Lina était juste sortie acheter des cigarettes quand elle m’avait croisée.

Il était déjà trop tard pour reculer quand Lina me poussa dans la grande salle : Tess m’avait déjà vue –moi aussi bien sûr - et s’était à demi relevée, sous le coup d’une émotion violente. Il était encore tôt et il n’y avait pas grand monde ; une fuite paniquée (la sienne ou la mienne, car il paraît qu’elle y pensa aussi…) eût été remarquée. Lina m’entraîna jusqu’à la table où elle me posa presque comme un paquet, avant d’aller chercher à boire. Tess semblait paralysée, presque autant que moi. Nous sommes quand même arrivées à nous saluer gentiment, l’air de rien, mais mon cœur battait la chamade, mes mains tremblaient. Lina revenait déjà, elle me poussa sur le banc à côté de Tess, et se mit à mener joyeuse conversation, comme les autres fois, et comme si de rien n’était.

Cette aisance, cette simplicité, cette (fausse) bonne humeur, si constantes chez Lina, eurent la vertu de nous dégeler peu à peu, Tess aussi bien que moi. Nous en vînmes même à nous regarder dans les yeux, timidement d’abord, un peu de côté, de façon interrogative ; puis nous arrivâmes même à nous parler directement, sans passer par l’intermédiaire de Lina. Cependant, plusieurs doutes pervers m’assaillaient, semblables à ceux qui m’avaient harcelée ces dernières semaines: après tout, à part la remarque, d’ailleurs très frivole, de Lina, qu’est-ce qui me garantissait que Tess pouvait s’intéresser à moi de cette façon qui m’attirait, me troublait et m’effrayait à la fois ? et si Lina m’avait trahie ? et si Tess s’était déjà consolée ailleurs et se fichait de moi ? Elle ne devait pas manquer de prétendantes… C’eût été tout à fait compréhensible, et même naturel, et tout à fait dans la logique des bacchanales qui hantaient mon imagination les concernant. Mes yeux cherchaient les réponses sur son visage, dans son expression. Elle était toujours aussi belle, avec une nouvelle fragilité, une sorte d’incertitude ; et sa voix, qui m’avait terriblement manqué, était toujours aussi enivrante. L’alcool et la musique aidant, au delà de mon angoisse, une douce chaleur m’envahissait, comme si elle m’arrivait directement de Tess, de sa chair si proche. Une douloureuse jouissance s’empara de moi, partagée entre mes doutes destructeurs, ma peur panique, et le désir intense qui renaissait de ses cendres, réactivé par la présence, le regard, la voix de Tess. Finalement Lina nous laissa seules, sous prétexte d’aller chercher les cigarettes, quête (on s’en souvient) interrompue par ma rencontre inopinée.

Une gêne palpable retomba entre nous, nos regards se perdirent et l’urgence de la fuite ressurgit en moi, se doublant de l’envie brûlante d’attraper sa main, de sentir sa peau, sa réalité, depuis le temps que son image hantait ma pensée. Lorsque mes yeux osèrent doucement se tourner vers elle, elle me regardait, perplexe. Et sans doute dans un état assez proche du mien. D’un même geste non convenu, nous vidâmes d’un trait nos verres encore bien pleins, et les reposâmes presque bruyamment, avec soulagement. C’était comme pour se donner du courage, et cela fonctionna en effet. Tess me sourit avec une chaleur timide, et me dit en se levant: « Viens, on va fumer dehors. » C’était d’autant plus absurde que Lina venait de partir acheter des cigarettes, et qu’aucune de nous n’en avait. Il était simplement évident que le seul motif de cette sortie était de nous isoler des regards, dans l’ombre du parc, et que c’était tout ce à quoi nous aspirions, l’une comme l’autre. Tess m’entraîna au dehors, me tenant légèrement par le bras mais, elle me l’a dit ensuite, complètement effrayée par son propre élan. « J’ai un truc à te dire », me murmura-t-elle à l’oreille alors qu’on traversait la terrasse. On passa un angle, on s’arrêta dans l’obscurité accueillante des grands arbres et là, dans la douceur de la soirée, entre deux arbustes, on s’embrassa follement, et longuement.

Il y avait dans cette étreinte tout le désir refoulé pendant des mois, toute la fougue d’un amour nouveau, l’exutoire d’une souffrance absurde et inutile, une joie violente, farouche, nouvelle, profonde, un enthousiasme juvénile, et l’exaltation folle de la réciprocité. Cela ne m’était jamais arrivé, jamais aussi fort, même avec le premier garçon, au point de pleurer presque au milieu de mes rires, de mes soupirs. A Tess non plus, d’après ce qu’elle me dit plus tard, car sur le coup nous n’avons pas beaucoup parlé. Nous étions trop occupées à nous découvrir, tactilement, avec nos corps, nos odeurs, nos chaleurs, nos sensations, si douces et si nouvelles, des lèvres, de la peau, des cheveux, des mains. Tess me dégageait le visage d’une caresse, me tenait par le cou, me caressait les cheveux, le visage et plongeait son regard dans le mien avec un air si émerveillé, si émouvant, qu’il me fallait fermer les yeux pour tempérer l’émotion, et chercher ses lèvres, plutôt. C’était comme un grand plongeon dans un univers de douceur et d’émotions infinies.

Quand même, à la fin, c’est moi qui lui ai demandé de me parler, aussi, car sa voix, comme le reste, m’était nécessaire. Tess n’avait rien à dire car elle était trop bien ; c’est ce qu’elle me répondit d’abord, un peu embarrassée. Mais elle fit un effort pour moi et se mit à me dire à peu près n’importe quoi ; elle n’était pas particulièrement concentrée, apte à un discours construit, mais peu m'importait. Il me suffisait d’être bercée aussi par cette voix unique, la sienne, pour atteindre un bonheur complet, une sérénité inégalée.

Au bout d’un temps qu’il ne me sera jamais possible de définir, peut-être une heure, peut-être trois, passées dans l’obscurité protectrice des grands arbres et la douce complicité des arbustes, cette première bulle d’intimité éclata lorsque nous vîmes passer la silhouette de Lina, qui quittait le bistrot. Vraisemblablement, elle était déjà passée dans l’autre sens, en ramenant les cigarettes, ne nous avait pas trouvées, nous avait un peu attendues, puis avait abandonné. Dans un premier temps l’envie de rester seules dans notre univers amoureux exclusif domina, puis l’idée me vint, en même temps qu’à Tess, que Lina s’inquiétait peut-être, puisqu’elle ne savait rien de notre évolution, de notre vraie rencontre, enfin, et qu’elle pouvait parfaitement imaginer une gêne, un désaccord, voire une dispute, ce qui était d’autant plus vraisemblable qu’elle avait pu juger de mon malaise, entre autres. Tess eut sans doute la même pensée au même moment ; on se regarda, elle me dit : « On l’appelle ? », et on l’appela.

Lina nous aperçut, nous reconnut, s’approcha de notre recoin d’ombre mais resta à une certaine distance, comme par respect de notre intimité nouvelle. Elle nous vit enlacées, heureuses, et son regard s’alluma. « Ah vous êtes là, les filles ; tout va bien, c’est cool ; je suis contente pour vous. Tenez, je vous avais pris un paquet de clopes . » Elle nous tendit le paquet, et s’en alla, prétextant avoir « un truc à faire ». Cette délicatesse un peu bourrue nous fit sourire, Tess et moi.

La première bulle ayant éclaté, nous n’avions qu’une hâte, celle de nous en reconstruire une. Tess m’invita chez elle. Et finalement, cette nuit-là, on fuma très peu des cigarettes de Lina.


Depuis, les cauchemars récurrents sont terminés, le système Columbo a vécu, le rêve et la réalité se sont rejoints ; Tess et moi, très vite, avons vécu ensemble, et c’est toujours le cas aujourd’hui. Cela n’a pas été forcément facile à gérer, sur un plan purement pragmatique. Il a fallu faire accepter à autrui, surtout dans mon entourage, et bien sûr plus particulièrement à mon ex-mari, ce qui m’avait à moi-même paru inacceptable. Mais le jeu en valait la chandelle et le problème principal n’était pas là ; en réalité dès l’instant où le pas a été franchi, où Tess et moi nous sommes comprises, tout était possible, ouvert, et beau et doux… Mais pour cela il me fallait d’abord me reconnaître dans ma nouveauté, dans une autre image de moi à apprivoiser. L’origine de mes tourments n’était que là, dans mon refus de désirs jugés immoraux, inconvenants, contre lesquels il m’avait paru nécessaire de combattre, dont je n’en avais été que l’objet souffrant et involontaire, et dont j’ai appris depuis à m’accepter comme sujet.

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