PARIS – Ligne droite
Le taxi de Danielle s’arrêta devant la salle de Paris Bercy. Elle le paya abandonnant la faible monnaie au chauffeur. Elle était à la limite d’être en retard. Son TGV avait eu plus de deux heures de retard. Elle avait laissé son sac à la consigne de la gare de Lyon pour s’alléger dans sa course contre la montre. Elle slaloma entre les autres spectateurs pas très à l’heure et eut l’impression de tourner en rond avant d’arriver au guichet des invitations. Elle récupéra son passe pour les trois jours après avoir dû présenter son passeport. Elle eut à nouveau l’impression de refaire le tour de la salle pour arriver à sa place.
Solveig attendait, elle regardait l’heure à peu près toutes les trente secondes. Danielle avait promis d’être là pour le premier quart de final mais les hymnes venaient d’être joués et le match allait commencer. Solveig sortit son portable mais renonça à l’appeler. Elle avait pris l’engagement avec elle-même de la laisser vivre.
Danielle arriva en haut des tribunes et repéra très vite le groupe Norvégien, grande tache rouge. Elle vit aussi la place vide à côté de Solveig. Elle vit Solveig sortir son téléphone et le ranger sans s’en servir. Elle descendit les quelques marches, fit signe à Liv et Ikka qui l’avait vue de ne rien dire et s’accroupit dans le dos de sa petite amie pour être à hauteur de son oreille.
Le coup d’envoi allait être donné dans moins d’une minute, les équipes étaient en place et les arbitres quittaient la table de marque amenant le ballon. Solveig se résigna à ne pas avoir Danielle à ses côtés quand un souffle lui chatouilla l’oreille murmurant :
« Tu sais, tu as le droit de m’appeler. »
La capitaine norvégienne se retourna d’un bloc. Et plongea dans le regard rieur de Danielle. Cette dernière enjamba son siège et pris place au moment où les arbitres sifflèrent le début de la rencontre.
« Et avant que tu ne dises quoi que ce soit, je ne suis pas en retard. Limite, je te l’accorde mais pas en retard. »
Pour toute réponse, Solveig embrassa Danielle.
« Je vais arriver limite plus souvent. »
—
Ne pousse pas tout de même. C’est la deuxième fois. Tu as raté ton train ?
—
Non mon train a raté son départ. Je me suis retrouvée arrêté au Creusot sans explication.
—
Tu es arrivée c’est l’essentiel.
Elles tournèrent enfin leur attention sur le match. Danielle sortit son cahier de notes et alors qu’elle l’ouvrait, sans regarder Solveig, elle lui dit :
« C’est la première fois que tu m’embrasses en public. »
—
Je t’ai déjà embrassée en public.
—
Nous étions au
Foyer ou dans ma voiture ou dans ta voiture. Là tu viens de le faire devant une salle complète.
—
Ça te dérange ?
—
Non.
—
Et puis si ça se trouve personne ne nous a vues.
—
Moi je vous ai vues.
—
J’aurai été étonnée que ça t’échappe Katri, réagit Solveig.
—
Tu sais bien que je n’ai d’yeux que pour toi Cap’tain.
—
Et si tu posais tes yeux sur ce qui se passe sur le terrain il y a peut-être un de nos futurs adversaires dans ce match.
—
Chef oui chef. Mais vous être trop mignonnes quand vous vous embrassez.
—
Katri !
Solveig resta aux côtés de Danielle jusqu’à la mi-temps du match Allemagne Autriche, avant de prendre la direction des vestiaires pour se préparer à son tour pour son quart de finale.
***
Vendredi 13 Juillet 2007 – 22h04 |
Championnat du monde 2007 Paris Bercy 1/4 de final |
Encore une grosse journée de handball aujourd’hui qui a vu malheureusement l’élimination de l’équipe de France après 2 prolongations. Il va falloir à présent qu’elles aillent chercher une place qualificative pour le tournoi préolympique distribuant les derniers billets pour Pékin. La Russie a dû batailler ferme face à la Hongrie pour s’imposer d’un petit but. L’Allemagne a souffert en première mi-temps mais a par la suite imposé sa puissance physique. La Norvège s’est tout de suite mise à l’abri dès le début du match pour éviter de donner confiance au sud-coréennes. En fin de match Solveig a été laissée sur le banc de touche en prévision de la 1/2 finale. Voici donc les scores des 1/4 de finales :
14h | Roumanie | 34** | 18h | Allemagne | 36 | | France | 31** | | Autriche | 33 | 16h | Russie | 36 | 20H | Norvège | 35 | | Hongrie | 35 | | Corée du Sud | 24 | ** après 2 prolongations de 2x5 min Ce qui nous donne pour le premier tour des matchs de classement :
14h | Corée du Sud | | 16h | Hongrie | | | Autriche | | | France | | Et les 1/2 finales :
18h | Norvège | | 20h | Russie | | | Allemagne | | | Roumanie | | Comme je sais que vous l’attendez tous voici la page hors terrain. La place à côté de Solveig est restée vide jusqu’au début du premier match. Dane ayant presque raté le coup d’envoi. Et vous devez la suite à Johanne qui était en train de prendre des photos pour son site quand elle a assisté au premier baiser du couple en public. Elle a gentiment accepté de m’en donner une (que vous pouvez voir à la fin du post). Elles sont trop… trop… mignonnes n’est pas le bon mot. Elles dégagent quelque chose de plus fort. Vous pouvez remarquer que Dane est toujours en opposition avec Solveig sur la couleur de leurs tenues. La capitaine norvégienne toujours en rouge et notre ex joueuse Lyonnaise dans sa chemise bleu nuit était facilement repérable. Entre parenthèses, j’adore sa chemise. Bon sur ce, nous allons profiter de notre venue à la capitale pour sortir dans le quartier gay le plus connu de France parce qu’on n’est pas des poules non plus. Et puis comme ça Johanne pourra comparer avec le Danemark et la Norvège. |
***
Solveig ne traîna pas sous la douche comme elle le faisait habituellement. Danielle l’attendait dans les tribunes et elle voulait voir l’autre demi-finale avec elle. Le match avait été très dur physiquement, les allemandes n’étant pas des tendres. La différence ne s’était faite que dans le dernier quart d’heure. Elle en était à boutonner son jeans quand Ikka rentra dans les vestiaires.
« Sol, tu comptes esquiver Sven et les kinés ? »
—
Heu… Oui.
—
Elle ne va pas s’envoler tu sais.
—
Je sais.
—
Vu comme elle est mignonne, elle pourrait se faire draguer je te l’accorde. Mais elle m’a l’air d’être capable de se défendre toute seule. Alors tu vas me faire le plaisir d’aller voir Sven et ses acolytes.
—
Mais je n’ai mal nulle part.
—
Je ne veux pas le savoir. Tu va les voir.
—
Ok. Mais est ce que quelqu’un peut aller prévenir Dane que je ne vais pas arriver tout de suite ?
—
Je m’en occupe.
Solveig enfila un t-shirt et changea de vestiaire. Sans attendre elle ôta son jeans et son t-shirt et s’allongea sur la table de massage. Sven leur kiné en chef vint à ses côtés.
« Promis, je ne vais pas te garder plus longtemps que nécessaire. Tu vas vite pouvoir la retrouver. »
Il commença son massage par les étirements de son dos et de ses épaules.
Pendant ce temps là, Ikka était allée dans les tribunes rejoindre Danielle qui observait l’échauffement de l’équipe russe.
« Bonjour Dane. »
—
Bonjour Ikka.
—
Quels sont tes pronostics pour cette demi-finale ?
—
Je mettrai bien une pièce sur la Russie.
—
Tu crois ?
—
La Roumanie n’a pas du tout le même jeu que la Hongrie. Et je ne pense pas qu’elles ont les moyens de contrer le jeu russe.
—
Comment vois-tu le jeu Russe ?
—
La puissance de l’Allemagne avec la technique en plus.
—
Comment les jouerais-tu ?
—
Elles sont très fortes quand elles ont du rythme. Je jouerais en cassant le jeu. Les obligeant à s’arrêter.
—
Et comment procéderais-tu ?
—
En théorie, en mettant en avant le repli défensif, une défense 0-6 pour couper les intervalles et les forcer à jouer une attaque placée. Elles ne sont pas très imaginatives et ont des attaques très stéréotypées. La demi-centre gauchère a souvent tendance à ouvrir sur son arrière gauche droitière après avoir feinté sur son arrière droit. Quand elle est forcée de croiser sa passe, elle est moins précise et les hongroises ont récupéré beaucoup de ballons en jouant l’interception sur ces phases de jeu.
—
Quelle analyse !
—
Pardon je me suis un peu emportée.
—
Non au contraire c’était très intéressant.
Ikka observa cette jeune femme surprenante. Elle l’avait découverte à travers les mots de Solveig. Par la suite, elle l’avait vu jouer contre Larvik et en finale contre Copenhague. Elle avait eu aussi une longue conversation avec sa capitaine pour savoir où elles en étaient toutes les deux. Pas qu’elle s’inquiétait mais un peu tout de même. Les relations à distance étaient difficiles à gérer et usaient beaucoup d’énergie. Elle avait craint que Solveig se disperse un peu pendant la compétition à Lyon en sachant que sa copine habitait dans cette ville. Mais Danielle avait été très discrète. Et Solveig s’était comportée en vraie pro. Ikka trouvait qu’elle avait même gagné en sérénité. Elle était plus calme et détendue avant les matchs ce qui se voyait sur le terrain. Le facteur déclenchant avait été la signature de Danielle à Copenhague. Ikka avait pu voir le changement dans le comportement de Solveig dès le lendemain de l’officialisation. Comme si on lui avait retiré un poids des épaules.
Danielle était très différente sur le terrain et en dehors. A l’extérieur, elle semblait timide, réservée, voir même effacée. Alors qu’en match, elle s’imposait, n’ayant pas peur de prendre ses responsabilités et d’aller à la bagarre. Mi Ange. Mi Démon.
« Quel est ton programme après les Championnats du Monde ? »
—
Je retourne au travail. Je fais mes cartons. Et je suis en congés fin juillet avant de reprendre l’entraînement à Copenhague début août.
—
Vaste programme. Cela va faire beaucoup de changements.
—
Je suis habituée au changement.
—
Je vais te laisser, Sol ne devrait pas tarder à arriver. Je dois aller voir la journaliste de TV2 Norvège.
Ikka laissa Danielle à son observation.
Alors que les hymnes venaient de finir, Danielle sentit une main se poser sur son épaule. C’était Solveig qui prenait place à ses côtés.
« Je ne t’ai pas trop manquée ? »
—
Non ça va, J’ai pu en profiter pour regarder.
—
Je vois que tu ne perds pas un instant.
Devant la moue de Solveig, Danielle précisa.
—
Les échauffements.
—
Ah ! Oh ! Pardon.
—
Je n’ai pas besoin de regarder ailleurs Sveig. Et je ne fais pas partie de ces filles qui regardent toujours dans le pré d’à côté.
—
Je m’en souviendrais.
Elles portèrent toutes les deux leur attention sur le match qui allait débuter. Au bout de cinq minutes, Solveig se tourna d’un coup vers Danielle comme si elle venait de se souvenir d’une chose importante.
« Tu dors où ? »
—
Chez une amie pas très loin de la gare de Lyon. Pourquoi ?
—
J’ai oublié de te le demander hier. J’y ai pensé en arrivant à l’hôtel.
—
Ne t’inquiète pas constamment pour moi Sveig. Je suis grande tu sais.
—
Je sais mais...
—
Mais je n’ai pas besoin d’une mère de substitution. J’en ai déjà une qui s’inquiète assez.
—
Pardon.
Après une pause.
—
Ton amie, c’est une ex ?
—
Tu es jalouse ?
—
Oui.
—
Non.
—
Non ?
—
Non, ce n’est pas une ex.
—
Elle est hétéro ?
—
Non.
—
Et elle n’a pas de vue sur toi ?
—
Non.
—
Elle est aveugle ?
—
Non, je ne suis simplement pas son genre. Il me manque un côté bad girl.
—
Bien. Tu dors dans son lit ?
—
Sveig !
—
Simple curiosité.
—
Non, sur le canapé. Elle bouge beaucoup trop pour pouvoir rester dans le même lit qu’elle. Et avant que tu ne poses la question de comment je le sais : nous étions au lycée et ses parents m’avaient invité à dormir alors que nous préparions un exposé. J’ai fini sur le canapé du salon car elle m’avait poussé deux fois hors du lit.
—
Tu n’as jamais eu envie avec elle ?
—
Je n’aime pas trop les têtes brulées. J’aime la stabilité et le calme dans une relation. Je n’aime pas les drames et j’ai même tendance à fuir avant qu’ils ne débutent.
—
Ça me va.
—
J’espère.
Elles retournèrent au match. Regardant les russes malmener les roumaines. Danielle se pencha à l’oreille de Solveig et lui murmura :
« Il n’y a que toi. »
Pour seule réponse Solveig lui fit un énorme sourire.
***
Samedi 14 Juillet 2007 – 23h48 |
Championnat du monde 2007 Paris Bercy 1/2 de finale |
FINALE RUSSIE NORVEGE !!! Résultats du jour :
14h | Corée du Sud | 41 | 16h | Hongrie | 27 | | Autriche | 33 | | France | 32 | Et les 1/2 finales :
18h | Norvège | 33 | 20h | Russie | 30 | | Allemagne | 30 | | Roumanie | 20 | Les russes n’ont laissé aucune chance aux roumaines. Le +10 en est la preuve. Les roumaines sûrement émoussées par leur double prolongation de la veille n’ont pas tenu le choc physiquement face au rouleau compresseur russe. Les norvégiennes ont dû attendre la fin du match pour creuser l’écart. Solveig a été décisive en fin de match tout comme Liv qui a arrêté deux pénalty dans les 10 dernières minutes. La France a battu la Hongrie et s’offre un match pour la 5ème place synonyme d’organisation du tournoi préolympique à domicile et dernière échéance pour se qualifier pour les JO. Elle sera opposée à la Corée du Sud qui a mis plus de 40 buts à l’Autriche. Mais les défenses étaient perméables car il y a eu 74 buts dans ce match. La finale va opposer deux styles de jeu bien différents : physique et puissant pour la Russie, technique et tactique pour la Norvège. Un match très intéressant en perspective. Programme de demain : 7 et 8ème place 5 et 6ème place
14h | Autriche | | 16h | Corée du Sud | | | Hongrie | | | France | | 3 et 4ème place 1er et 2ème place
18h | Roumanie | | 20h | Russie | | | Allemagne | | | Norvège | | Pour le côté hors terrain. Nous avons pu voir Dane en grande discussion avec Ikka SORENSEN avant le début de la 2ème demi-finale, rejoint par la suite par Solveig. Dane a encore pris des notes avec la capitaine norvégienne. A la mi-temps elle devait expliquer quelque chose car elle faisait de grands gestes et griffonnait sur son cahier. Impatiente d’être à demain. PS : Nous avons emmené Johanne voir le feu d’artifice du 14 juillet sur les Champs Elysée. Je crois qu’elle a été impressionnée… |
***
Danielle, son portable plaqué sur une oreille et l’autre bouché avec ton index, essayait d’entendre sa sœur. Il était 22h05 et la Norvège chantait dans les vestiaires. Elles étaient championnes du monde de handball. Ça sautait partout, ça se félicitait à grands coups d’accolades, ça criait en norvégien…
« Parles plus fort Zoé. Je ne t’entends pas bien. »
—
Je ne peux pas crier plus fort sinon maman va se demander ce que je fais.
—
Qu’est ce que tu dis ?
—
Laisse tomber. Dis à Solveig que je la félicite. Et qu’elle a fait un super match.
—
Ok. Je te rappelle demain soir.
—
Tu rentres quand ?
—
Hein.
—
A demain.
—
A tantôt.
Danielle raccrocha. Depuis le début de sa conversation avec Zoé, elle surveillait l’équipe de télévision de TV2 Norvège. Elle tournait en même temps qu’eux pour être toujours dans leur dos. Elle ne voulait pas se cacher mais elle n’était pas prête à parler devant les caméras. Si cela n’avait tenu qu’à elle, elle serait restée dans les tribunes puis aurait attendu à l’extérieur de Bercy que Solveig sorte. Mais Sven était venu la chercher pendant la remise des récompenses. Elle avait vu Solveig recevoir sa médaille, soulever le trophée, et être élue meilleure demi-centre et meilleure joueuse du tournoi. Elle avait donc posé avec les autres membres de l’équipe type habillée de la veste bleue offerte à cette occasion floquée d’un « All stars Team 2007 ». Danielle était contente pour elle, c’était la reconnaissance d’un bon championnat mais elle ne se sentait pas à sa place ici, dans ce vestiaire. Elle ne faisait pas partie de l’équipe de Norvège. Elle n’avait joué aucun match dans cette compétition. Elle n’était qu’une simple spectatrice. Elle aimait voir Solveig sourire de cette manière, être heureuse mais cette joie appartenait à son groupe, à son équipe, pas à elle sa petite amie.
Elle se souvint du décalage qu’elle ressentait au lycée quand elle avait commencé à remporter des compétitions régionales et nationales dans sa catégorie d’âge. A la fin de la compétition elle était euphorique, chantant, criant comme le faisait les norvégiennes aujourd’hui. Et puis le lundi arrivait, les cours reprenaient et tous les gens qu’elle croisait n’avaient aucune idée des émotions qu’elle avait éprouvées. Ils n’étaient pas dans son monde. Elle avait l’impression d’être à 100 à l’heure et d’arriver dans un monde au point mort. La décélération était brutale.
Aujourd’hui, elle se sentait au point mort face à Solveig qui était à 100 à l’heure. Et elle n’avait pas envie de l’obliger à freiner. Ce genre de victoire se savourait. Il fallait prendre le temps de l’apprécier. Ne pas replonger tout de suite dans un autre challenge. Profiter. Rester sur la vague le plus longtemps possible. S’en servir pour recharger ses batteries. Quand en football, elle était devenue championne d’Europe avec l’équipe de France espoir en Belgique en mai 2001, elle se souvint que ses examens de fin d’année avaient été une formalité. Elle débordait d’énergie et tout lui semblait plus simple.
Danielle observait Solveig. Elle sortit son téléphone portable et tapa le message suivant :
## Je te laisse avec tes coéquipières pour savourer votre victoire. C’est votre moment. Je dois rentrer à Lyon mon rendez-vous de mardi a été avancé à demain. Je pars par le TGV de 6h. Notre promenade dans les rues de Paris sera pour une autre fois. Je suis désolée. Zoé te félicite. Bonne soirée. ## Danielle regarda une dernière fois Solveig puis sortit des vestiaires. Elle ne fit pas quatre pas dans le couloir très calme avant de sentir une main se poser sur son épaule. Elle se retourna et se trouva face à Liv.
« Reste. »
—
Elle n’a pas besoin de moi.
—
Peut-être pas à l’instant mais dans pas longtemps, elle va te chercher. Tu fais partie de son paysage. Encore en arrière plan pour l’instant mais pas pour très longtemps.
—
C’est votre victoire.
—
C’est juste mais elle a besoin de te savoir là pour la partager. Elle s’est habituée à te savoir pas loin sans avoir à vérifier. Dès que les journalistes auront quitté le vestiaire, je suis prête à parier qu’elle va te chercher, t’attraper, t’enlacer et t’embrasser.
—
Je n’ai pas ma place.
—
Bien sur que si.
—
A quel titre ?
—
Heu… Je ne comprends pas.
—
Où est ta copine Liv ?
—
Sûrement encore en train de me chercher. Je suis célibataire Dane.
—
Ok. Tu es un mauvais exemple.
—
Hey ! Je suis un bon exemple.
—
Pas pour mon argumentaire.
—
Peu importe. Tu es là, Sol a besoin de toi.
—
Je ne pense pas. A cet instant, elle est la grande ANDERSEN.
—
Parfois il faut voir plus loin. On est souvent seul en haut. Reste.
—
Désolée Liv. On se verra à Copenhague. Embrasse-la pour moi.
—
Fais attention à toi Dane.
—
Il en va de même pour toi.
***
Les journalistes avaient enfin quitté le vestiaire. Solveig s’était interdit de regarder Danielle pendant toute la durée des interviews, des photos et de la présence de la caméra. Elle ne se faisait pas assez confiance pour résister à l’envie de l’embrasser. Et elle savait que Dane serait réticente à cette idée. Solveig avait bien compris que Danielle assumait ce qu’elle était, elle n’avait aucun problème avec son homosexualité mais n’aimait pas s’afficher. Elle était discrète en toutes circonstances. Sauf cas exceptionnels ou impulsion du moment.
Solveig la chercha donc du regard dans les vestiaires mais dut vite se rendre compte qu’elle n’était plus là. Voyant son amie froncer les sourcils, signe chez elle qu’elle était contrariée, Liv s’approcha de sa capitaine.
« Elle est partie il y a 45 minutes. »
—
Merde. Pourquoi ?
—
Parce que tu étais Solveig ANDERSEN la joueuse de hand capitaine de l’équipe de Norvège nouvelle championne du monde et pas Sveig sa petite amie.
—
Mais …
—
Elle a fait en sorte que tu n’aies pas à te couper en deux. Que tu profites de cette médaille avec ton équipe. Et je trouve cela très mature de sa part.
—
Mais j’aurais aussi voulu la partager avec elle.
—
Tu auras tout le temps d’aller dîner avec elle en tête à tête où vous pourrez célébrer ton titre. Alors que la prochaine fois que toute l’équipe sera réunie ce sera pour la préparation des JO de Pékin et certaines ne feront peut-être plus partie du groupe. Ne te trompe pas dans tes priorités Sol. Dane n’a pas oublié elle.
—
Tu as raison.
—
J’ai toujours raison.
—
Ce qui me pose problème, c’est que je ne sais pas quand je vais la revoir. Je sais qu’elle reprend le travail demain mais...
—
Elle, je ne sais pas mais ses cartons arrivent le 23 juillet. Envoie-lui un message pour lui demander si elle les suit.
—
Comment tu sais que ses cartons arrivent le 23 ?
—
Thia m’a demandé si j’étais dispo pour attendre le transporteur car beaucoup de monde est en vacances au club à cette période.
—
Ok. Pourquoi elle ne m’a pas demandé ?
—
Je l’ignore.
—
Et pourquoi Dane n’a pas voulu emménager avec moi ?
—
Facile. Vous vous connaissez depuis moins d’un an. Si l’on met bout à bout tous vos rendez-vous, vous ne dépassez pas les deux mois donc il est logique de penser qu’elle veut apprendre à mieux te connaître avant d’emménager avec toi.
—
Tu m’énerves quand tu es comme ça à avoir une réponse sensée pour tout.
—
Ravie de t’agacer. C’est mieux que de me faire traiter de mauvais exemple.
—
Qui t’a traité de mauvais exemple ?
—
Ta copine.
—
Quand ?
—
Trop long à te raconter maintenant. Je pense qu’il est temps que l’on aille à la douche et qu’on aille faire la fête.
***