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 Lettre à moi-même

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wolfgangamadeusmozart




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A écrit : 570; Lettre à moi-même; Prise de conscience; Au claire de lune l'amour renaît de ses cendres ; Amour, danse et salon de thé; Je me suis faite toute petite pour une poupée
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MessageSujet: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 1:47

Pseudo auteur: wolfgangamadeusmozart

Nombre de chapitres: 32

Ratine:- NC 18

Genre: romance- aventure- science fiction

Resumé: Une jeune fille s'écrit une lettre pour s'expliquer à elle-même l'aventure et la romance qu'elle vient de vivre.

Histoire terminée


Lettre à moi-même  Commen11
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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 2:00

LETTRE A MOI-MEME





Bonjour Caroline

Comment je sais que c’est toi qui lis ?
Pour la même raison que tu sais qui a écrit ce texte.
Le mot de passe « Justin <3 for <3 ever » pour accéder à ce texte, c’est le tien. Franchement quelle autre personne que toi pourrait avoir choisi le même.
Quand tu as vu les vingt et un tirets indiquant l’emplacement des caractères ouvrant le dossier, tu as tout de suite compris, j’en suis sûre.
Surtout que nous ne sommes pas suffisamment mégalomanes pour croire qu’un pirate informatique se donnerait la peine de chercher notre mot de passe pour accéder à notre compte Facebook et personne dans la famille n’a les compétences pour le faire.
Donc, oui je sais que c’est moi qui lis et tu sais que c’est toi qui as écrit ce texte.

Maintenant revenons aux raisons qui t’ont poussée à lire ce message.
Je suppose que tu es venue trouver des réponses en consultant la clef USB que tu as trouvée dans ta poche.
Tu te demandes sûrement pourquoi tu t'es réveillée dans des affaires qui tu n’as jamais vues et qui ne sont pas du tout à ton goût. En plus, tu as certainement l'étrange impression de te retrouver dans une réalité qui n’est plus tout à fait la tienne.
C’est pour cela que je me suis écrit ce texte. Je voulais me permettre de comprendre d’éventuel rêve, cauchemar ou sentiment bizarre m’arrivant dans le futur.

J’ai eu cette idée quand Paul et un scientifique, qui t’est pour l’instant inconnu, Albert Zweistein, ont prévu l'éventualité d’une perte de mémoire.

J’espère que je serai lisible et compréhensible, c’est la première fois que j’écris autre chose qu’un devoir ou un programme informatique.

Ah, au fait ! Ce n'est pas une invention de papa pour te forcer à lire, tu es la seule responsable.
Et, je suis désolée du ton sec de ce début mais la circonstance de l'écriture de cette lettre est un peu difficile pour moi, je vais faire un effort pour la suite.

Bon je crois que le mieux c'est de commencer par le début.
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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 2:02

I




Tout a commencé, il y a quelques minutes pour toi.
Comme il fait très beau, notre grand frère organise un foot avec les deux petits, dans le jardin. Paul et Jacques sont, évidemment, enthousiastes. Nous, nous préférons jouer sur notre téléphone portable. Mais quand leur ballon passe devant nous, on ne résiste pas à l'attraper et à courir autour de la maison avec. Immédiatement, les garçons nous poursuivent. Évidement cela se termine allongés dans l'herbe à nous chatouiller et à rigoler.

Mais très vite, nous sommes mouillés par la rosée et nous nous relevons.

L'atmosphère reste tout de même à la joie et à l'amusement quand apparaît, sorties de nulle part, au milieu de la pelouse, deux femmes, habillées de vêtements usés.
Pierre se place automatiquement entre les deux inconnues et nous. Paul prend Jacques dans ses bras pour qu'il ne fasse pas de bêtise. Moi,

Bon, je vais tout écrire à la première personne parce que c'est casse pied tous ces " nous", ces "on", je crois que tu as bien compris que toi c'est moi donc je mets "je". Cela ira plus vite.

Donc, moi, je n'arrête pas de me dire que j'ai déjà vu ces deux femmes quelque part. Mais je n'arrive cependant pas à savoir où.
Lorsqu'elles se relèvent, je vois enfin leurs visages fatigués et amaigris. Je les reconnais immédiatement.
Ce sont tata Aurore et tata Heidi !
Immédiatement, je cours pour les embrasser. Mais elles se reculent, me fuyant.
Voyant cela, je m'arrête, étonnée. Les garçons mettent plus de temps mais au final ils reconnaissent nos tantes. Eux n'ont plus ne comprennent pas ni leur réaction de peur, ni comment elles sont arrivés là.

C'est Jacques, toujours à dire ce qu’il pense qui leur demandent :
-" Tatas, pourquoi vous avez peur et comment vous avez fait pour apparaître comme ça ?"

Aurore, timide, prend la parole :
-" Vous êtes Pierre et Caroline Tattoba, fils et fille de Marc et Hélène Detrois et arrière-petit-fils et petite fille de Simone Detrois ?"

Avec Pierre, nous confirmons d'un hochement de tête et il précise :
- " Et voici Paul et Jacques Detrois, nos frères."

Les deux femmes se regardent et la plus vielle murmure : " qu'ils ont grandi en onze ans!"

Puis, elle se tourne vers nous et nous explique tout :
-" Nous ne sommes pas vos tantes de cette Terre. Nous appartenons à un monde parallèle. Heidi ne vous a jamais vus et moi, je ne connais que vous deux, les aînés. La dernière fois que je vous ai vus, c'était il y a onze ans pour l'anniversaire de votre père. Vous aviez 4 et 2 ans.
Avant de nous prendre pour des folles, laissez-moi vous expliquer les faits. Nous venons d'un monde parallèle. La France y est dominée par un général. Il nous maintient sous son contrôle par la misère. Nous sommes ici, aujourd’hui, parce que nous avons besoin de votre aide pour libérer nos maris et notre pays."

Pierre et moi éclatons de rire, rapidement suivis par les petits. Les deux femmes d'abord interdites semblent, ensuite, totalement désemparées.
Nous nous calmons voyant qu'elles sont sérieuses. Nous leur demandons des preuves pour les croire. Elles sortent, alors, des journaux, d'un petit sac. Nous y lisons le parcours d'un homme jusqu'à la présidence de la république. Cette ascension suit l'appauvrissement de la population dû, en grande partie, à l'isolement de la France. Et tout cela se passerait depuis la naissance de Pierre si l’on en croit les dates des journaux et se continuerait dans le futur. C’est assez perturbant.
Bien sûr, les quotidiens peuvent être des faux mais pourquoi faire cela à quatre enfants ?
Ne voyant pas l'intérêt de nous tromper, nous décidons que nos tantes de ce monde parallèle nous disent la vérité.
Mais, nous ne comprenons, toujours pas, pourquoi elles sont venues nous demander de l'aide.

Après quelques secondes de stupeur, c'est Paul qui leur demande:-" Mais nous ne sommes que des enfants. Comment pourrions-nous vous aider ?".

Heidi prend alors la parole :-" Moi, aussi, je trouve cela fou. Mais c'est une idée de votre arrière-grand-mère. Elle doit tout vous expliquer si vous venez avec nous."

Nous sommes très agréablement étonnés d'apprendre que mamé a toutes ces facultés sur cette planète. Tout ému, nous leur demandons d'une seule petite voix :-" Elle vous reconnaît et vous parle ?"

Les deux ensembles, avec un grand sourire nous répondent :-"Oh oui ! Et pas qu'un peu".

Comme tu l'imagines, découvrir qu'elle est comme grand-père et papa nous la raconte dans les histoires familiales, nous étonne, nous ravit et pique notre curiosité.

Aurore :-" Ce que nous vous demandons étant risqué, votre décision doit être prise individuellement. Si l'un ou l'une refuse, vous ne partirez pas. Mamé a été formelle."

Les garçons étant ravis à l'idée de jouer les héros et moi n'ayant rien contre, nous décidons de les accompagner sans vraiment prendre le temps d’y réfléchir. C’est enthousiaste que nous l'annonçons immédiatement aux tantes.

Avec le recul, je m'aperçois que nous avons été de parfaits gamins. Nous étions totalement inconscients du danger de ce que l’on nous demandait. Franchement, qu'est que quatre enfants pouvaient faire pour sauver des hommes détenus par une armée et comment peuvent-ils rétablir une démocratie ?
Heureusement que le voyage temporelle nous a changés, sinon nous n'aurions pas fait long feu. Là, on peut vraiment dire qu’il a formé notre jeunesse.

Après avoir choisi de les accompagner, le plus long et le plus dur reste à faire. Pierre et moi, nous nous isolons pour écrire à nos parents, lui doit en plus contacter sa copine. Paul et Jacques en profitent pour regarder un dessin animé. Les tantes découvrent, comme des enfants dans un magasin de jouets, la maison. Puis, pendant que j'écoute ma musique, notre grand frère aide les deux petits à la rédaction de leurs mots.

Une fois que nous sommes prêts, nous nous tenons tous par la main et les deux adultes appuient sur le bouton rouge d'une petite boîte se trouvant sur leur ceinture.

Le voyage est extraordinaire. C'est un mélange de douleur, d'écartèlement, associé à d'atroces migraines et de jeux de rôle où mes frères et moi sommes tour à tour des guerriers Jedis, des conducteurs de kart, des chasseurs de trésors, des détectives à la recherche de bandits et mille autres personnages encore.

Nous subissons sans comprendre ce qui nous arrive. Mais une chose est certaine quand nous arrivons à notre destination, nous ne sommes plus les mêmes. Chacun connaît l’autre comme lui-même. On sait les forces et les faiblesses des autres ainsi que les nôtres. Nous ne sommes plus simplement Pierre, Paul, Jacques et Caroline, s'aimant et se supportant parce que frère et sœur. Nous sommes aussi une équipe soudée où chacun peut mettre, les yeux fermés, sa vie dans les mains de l'autre sans aucune crainte.
Nous ne sommes plus seuls au milieu du monde, nous sommes quatre, tout en restant unique.
Et pour nous le voyage semble avoir duré des siècles d'incroyables expériences.
Notre physique aussi a changé.

Pierre a maintenant 25 ans. Il mesure près d'1m85, il est longiligne mais musclé. Il est l'Homme le plus rapide sur toutes les distances. Sa vivacité en fait le meilleur bretteur ayant existé et le tireur le plus prompt. Il a un don pour les langues, il lui faut très peu de temps pour en acquérir une nouvelle. Charmeur, il obtient pratiquement tout ce qu'il veut par son sourire et ses belles paroles, aussi bien des informations que du matériel. Il est donc l'agent de renseignement et celui qui déniche ce dont nous avons besoin.


Paul, tout juste 18 ans, plus d'1 m90 et il n'a pas fini de grandir. Sa grande taille donne l'impression de fragilité. Mais c'est vite oublier quand on le voit grimper n'importe où ou se battre au corps à corps. Dans ces deux disciplines, il ne craint personne. Pourtant, ce n'est pas son rôle dans le groupe. Lui, c'est le tacticien, celui qui analyse la situation, qui donne les objectifs et qui trouve les solutions. Mais c'est toujours ensemble, après qu'il est exposé son avis que nous décidons de la marche à suivre.

Jacques qui malgré ses 16 ans mesure déjà 1m 80. Mais ce n'est pas ce qui étonne quand on le voit pour la première fois. Non, ce qui frappe, c'est sa carrure d'armoire à glace. Mais heureusement ces 90 kg de muscles sont parfaitement adoucis par son sourire, presque perpétuel. Il est à noter que la seule fois où il perdit son calme pendant nos aventures, fut le jour où j'ai manqué de me faire agresser par un groupe de dix jeunes gens. Ils ne durent leur survie que par mon intervention. Je ne voulais pas que mon petit frère culpabilise plus tard à cause de ça.
Mais comme pour mes autres frères, ce n'est pas son physique qui nous est indispensable, c'est son génie constructeur.  Pierre dit toujours qu'il peut tout fabriquer, tout inventer mais qu'il n'a pas le temps parce qu'il faut qu'il parle.

Et enfin, moi, nous, 23 ans. Il paraît, d'après les réflexions que j'ai entendues, que je suis devenue une magnifique jeune femme. Moi, je peux juste dire que je mesure plus d'1 m70. Mon corps est musclé grâce à tout le sport que je fais. Mais j'ai tout de même des seins et des fesses, sûrement grâce à maman.
Mon calme et ma vue parfaite me permettent d'être une tireuse d'élite hors pair, de la fléchette au lance-roquette en passant par l'arc ou le fusil de chasse. En plus, mes capacités d'observation associer à mon oreille capable d'entendre une mouche voler à 50 mètres, font que je détecte sans me tromper les personnes qui mentent, bluffent ou dissimulent grâce à leur langage corporel, l'accélération de leur rythme cardiaque et à leur sudation. Enfin, ma logique me permet d'être une très bonne programmeuse et une excellente pirate informatique.

Tout ça nous le savons pour l'avoir expérimenté des milliers de fois.
C’est pour cela que nous sommes un peu rudes quand nous arrivons à destination. Nous avons oublié qui nous accompagnait. Pour nous, nous sommes dans une pièce inconnue où tout peut arriver. Alors, nous nous mettons dos à dos, en position de combat, prêts à nous défendre. Bizarrement, nous sommes indifférents à nos deux tantes. Je n'ai toujours pas compris pourquoi, peut-être un contre coup du voyage inter-dimmensionnel.

Elles, elles sont étonnées et choquées de se retrouver face à quatre presque adultes nus alors qu'elles étaient parties avec quatre enfants habillés. Nos vêtements et nos chaussures n’ont pas résisté à notre croissance.
Ce moment particulièrement dramatique, sur l'instant, est à posteriori, des plus comiques. Surtout quand l'unique porte s'ouvre sur notre arrière-grand-mère. Mamé reste ébahie à nous regarder. C’est en la voyant que tout nous revient en mémoire. Nous redevenons ses arrière-petits-enfants et prenons conscience de notre nudité. Nous rougissons alors, de honte et tentons de cacher ce que nous pouvons avec nos mains.
Cela rassure Aurore et Heidi. Elles en sourient même. Après avoir salué notre aïeule, elles partent en nous disant aller nous chercher des vêtements.
Nous, nous ne savons quoi dire tant nous sommes intimidés.
Je pense que notre aïeule l'est autant que nous. Par la suite, je ne l’ai jamais plus vue rester sans voix.

D'ailleurs, je profite de cette digression pour aborder un point important : la nudité. Je sais que tu es très pudique. C'est très bien pour une jeune fille de treize ans. Mais après tout ce que j’ai vécu, j'ai appris à assumer mon corps et à l'accepter. Attention, je ne fais pas pour autant n’importe quoi avec. Je m'en sers de la même manière que j’utilise mon intelligence ou mon don au tir, toujours en mon âme et conscience. Donc le montrer dénudé n'est pas, à priori, un problème, sauf devant mamé et peut être les parents.


Tous les cinq, nous n’avons ni bouger ni parler jusqu’au retour de nos tantes avec des vêtements. Les secondes ont été longues mais personnes n’a osé ouvrir la bouche.  Les deux jeunes femmes nous distribuent les tenues en commentant ce qu'elles nous donnent.
Nous nous habillons rapidement dans l’espoir d’être moins mal à l’aise.

Au moment où Pierre va parler, nous entendons :
BOUM, BOUM, BOUM
-« POLICE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, OUVREZ CETTE PORTE OU NOUS L’ENFONÇONS »

Cela réactive immédiatement nos réflexes, chassant définitivement tout le reste.

Paul prend la tête des opérations : -« Pierre, va compter combien ils sont ! Jacques, tiens la porte pour qu’elle ne cède pas avant qu’on ne l’ait décidé ! Caroline accompagne nos chères tantes et aide-les à rassembler les autres habitants de l'appartement dans la pièce la plus éloignée de l'entrée. Mamé, pouvez-vous m’expliquer ce qu’il se passe ?"

Nous nous exécutons tous.

En plus des trois femmes, il y a trois autres personnes, notre cousin Simon, notre cousine Roxane et un homme d’une soixantaine d’années. Je suis très étonnée en voyant combien mes deux parents ont grandi mais l’heure n’est pas à cela. Aurore, et Heidi, en allant chercher leur enfant, récupèrent deux révolvers et leurs munitions. Elles me les confient. J’installe tout le monde dans la pièce au fond du couloir à gauche, après avoir poussé une grosse armoire devant la fenêtre. Notre arrière-grand-mère rentre dans la chambre au moment où je la quitte. La police a déjà tambouriné une fois de plus quand je retrouve mes frères.

Paul nous résume les propos de notre arrière-grand-mère. Elle est à la tête d’un petit groupe de résistants qui a réussi à capturer un scientifique très important pour le régime dictatorial en place. Mais pendant cette opération tout le reste du groupe, dont les deux frères de papa, s’est fait capturer par les autorités.
Il est évident que les policiers sont là pour récupérer l'homme et arrêter les derniers membres de cette mini-rébellion.
Tout en écoutant le compte-rendu, Jacques démonte le pied de la table pour s’en faire un gourdin.  Pierre aiguise les couteaux qu’il a ramenés de la cuisine. Et moi, je vérifie les armes à feux en les démontant et les remontant, puis je teste la visée, tous les mécanismes et les munitions pour m'assurer qu’au moment de m'en servir elles ne débloqueront pas.

Pierre et Jacques, eux, nous apprennent que les policiers sont juste une dizaine mais armés de fusils mitrailleurs.

Paul nous laisse trente secondes. Il part examiner l’appartement et établir son plan d’action.

Une fois revenu, Paul nous expose ses pensées :-« Bon, bien que j'ai tendance à vouloir croire notre famille d'ici. Mais nous ne savons pas suffisamment de choses pour prendre complétement partie pour la résistance. Il me semble judicieux  d’éviter, autant que possible, de blesser gravement les policiers. On les neutralise puis on dégage d’ici avec leur véhicule.  Pour descendre, on utilisera les tenues de commandos pour nous quatre, les tatas et le scientifique. Mamé et les deux ados seront nos prisonniers. On emmène leur chef pour l’interroger plus tard, dans un lieu sûr. Ce serait étonnant qu’il n’ait pas une petite idée de l’endroit où peuvent être gardés les tontons. Je suis désolé Caro, mais la tactique "Marilyne", me semble la meilleur chance de réussite rapide et sans blessé. La porte d’entrée donne sur l’unique couloir. Nous trois, nous nous positionnerons contre le plafond. Quand penses-tu? "

Évidement à quatre contre dix, si nous ne voulons pas que cela soit un bain de sang c'est notre meilleure option, alors j'accepte. Je me déshabille, donc, ne gardant que ma culotte.  
Puis nous nous hâtons de nous mettre en place pour éviter qu’ils démolissent la porte.
Pendant que mes frères grimpent en poussant des mains et des pieds sur les murs pour monter, je m’ébouriffe les cheveux et me concentre pour rentrer dans mon rôle.
Après mon habituel "que le spectacle commence", je deviens une adorable idiote et glousse en direction des policiers :-"j'arrive, j'arrive deux secondes, je viens".

Les policiers s’impatientent :
DERNIER APPEL AVANT QUE NOUS CASSIONS VOTRE PORTE ET QUE NOUS VOUS ACCUSIONS EN PLUS D’OBSTRUCTION!

J'ouvre alors la porte dévoilant à tous les policiers ma poitrine nue.
Pour être sûre que chacun me voit bien, je gesticule pour qu’elle bouge en parlant :-" Oh, la police! Je suis désolée je dors avec des bouchons dans les oreilles. Je ne vous ai pas entendu tout de suite. Que me vaut l'immense plaisir d'être réveillée par de si beaux et grands représentants des forces de l'ordre ?"

Ils sont immédiatement rouges et totalement hypnotisés par ma plastique.

Mais le plus vieux, le chef, se redresse de toute sa hauteur, pour se donner de l'importance et me répond : -" C'est la police nationale, ma petite dame, nous sommes là pour fouiller votre appartement où on nous a signalé la présence de dangereux terroristes."

Jouant la peur, je me précipite dans ses bras et dit :-« Quoi de vilains terroristes chez moi, protégez-moi, capitaine, j’ai trop peur. »

L‘homme, tout fier et roulant des mécaniques me répond :-« Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, nous sommes là pour vous. »

Je continue à me trémousser contre le policier en minaudant :-« Merci beaucoup, j’ai moins peur entourée de grands policiers forts et intelligents comme vous. »

Les agents en question ne peuvent rien répondre. Ils sont complètement hypnotisés par les mouvements de ma poitrine et de mes fesses. Je les ai totalement séduits en quelques instants.

Comme je te disais plus haut, j'ai eu de nombreuses occasions où seule la manipulation des hommes pouvait sauver une mission. Donc j’ai appris.

Ne leur laissant aucun répit, je leur propose d'entrer pour vérifier qu’il n’y a pas de « vilains terroristes".

Je leur raconte qu'un jour un policier m'a aidée en me protégeant d'un homme trop collant. Bien sûr ils ne m'écoutent pas. Et je fais tout pour, je marche devant eux en roulant au maximum des fesses. Je me retourne pour leur sourire. Ils sont hypnotisés, à deux doigts de baver. Ils sont l'archétype du soldat en manque de chaleur humaine.

Caroline ne va surtout pas me prendre pour une affreuse aguicheuse avec un ego surdimensionné. Seulement avec l’habitude, je sais parfaitement quoi dire, quoi faire et à quel moment pour totalement obnubiler à peu près qui je veux. C'est un rôle que je joue. Ma mission  est de les empêcher de regarder au plafond pour garder mes frères à l’abri de toute attaque.

Quand ils sont tous rentrés, je demande au dernier de la file de fermer la porte prétextant que certain de mes voisins ont tendance à vouloir regarder chez moi. J'ajoute, candidement, ne vraiment pas en connaître la raison, ce qui fait évidemment rire grassement ces chers policiers.
Une fois que nous sommes isolés du palier, mes frères entrent en jeu.
Un gros boum retentit quand Jacques tombe. Il réussit à envoyer deux policiers au pays des songes grâce à son poids et sa très grande force lui permet, en se relevant, d'en attraper deux autres à la ceinture et de les assommer en les cognant au plafond.
Pierre réussit à en neutraliser un dans sa chute. Avec sa vitesse habituelle, il est debout avant qui que ce soit ait réagi. Il n'a plus qu'à se saisir des deux têtes justes devant lui et à les entrechoquer violemment.
Paul joue les ninjas et utilise des prises secrètes pour endormir ses deux victimes. Moi, j’assomme le chef d’un violent coup de poing. Je fais dans l’efficace pour ce genre de chose.

En moins de deux minutes, le sol est recouvert d'un enchevêtrement de corps. Pierre est envoyé, tout de suite, dans la cours. Il revient dix secondes plus tard nous annoncer que la fourgonnette est vide. Nous commençons tout de suite à déshabiller les commandos. Nous les ligotons avec les vêtements que nous n’utiliserons pas. Je trouve, après plusieurs essais, une tenue à ma taille et m’habille enfin. Mes frères m’imitent peu de temps après.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 2:08

II





Nous commençons tout de suite à déshabiller les commandos. Nous les ligotons avec les vêtements que nous n’utiliserons pas. Je trouve, après plusieurs essais, une tenue à ma taille et m’habille enfin. Mes frères m’imitent peu de temps après.
Une fois vêtus, Paul reprend la parole :-« Je pense que les véhicules ont des mouchards, Jacques peux-tu descendre les désactiver. »
Il se penche vers moi et me murmure à l’oreille :-« Peux-tu aller avec lui, il devrait y avoir un ordinateur pour que les policiers puissent être toujours en relation avec leur fichier centrale. Fais des recherches sur notre famille d’ici et sur le gouvernement. »
Je fronce les sourcils d’incompréhension.
Il me répond :-« Papa dit toujours « qui n’entend qu’un son n’entend qu’une cloche » en plus ce serait intéressant d'être sûr qu'il n'y a pas d'espion au sein des personnes arrêtées. Essaie, aussi, de trouver un magasin de réparation ou un garage avec logement au-dessus en vente, en location ou à l’abandon, il nous faut un lieu où aller, merci. »
Nous descendons tous les deux.

Petite précision, quand je te décris quelque chose auquel je n'ai pas participé c'est que nous nous racontons toujours tout.

De leur côté, Pierre récupère toutes les armes, munitions et radios ainsi que l'argent liquide pour financer la vie dans notre repère. Je sais que c'est du vol, mais rappelle toi que nous sommes en guerre.
Paul, lui, va rassurer la famille d'ici. Il en profite pour leur demander de préparer le départ en rassemblant le strict nécessaire.
Heureusement les tantes pensent à prendre des vivres et des produits d'hygiène.

Mamé l’arrête avant qu’il parte de la chambre et lui dit :-"Jeune homme, j’ai vécu la deuxième guerre mondiale, ses arrestations et ses exécutions arbitraires. Donc, dès que tes tantes sont revenues en larmes, avec le scientifique et m'ont appris que tout le reste du groupe avait été arrêté, nous sommes parties en laissant tout derrière nous. Nous sommes venus ici. Je connais ce quartier pour y avoir passé de très nombreuses années. Je sais que personne ne fait attention aux autres, trop occupé à survivre ou simplement de passage."

Paul :-« Madame, vous êtes sûre que cela ne peut pas être un voisin qui vous a dénoncés ? »

Mamé-« Non, bien sûr ! Mais cela m’étonnerait moins d’apprendre qu’il s’agisse d’un mouchard électronique. »

Le scientifique se lève d’un coup et sort de la chambre. Paul le suit. L’homme rentre dans le salon et s’agenouille devant une grosse machine.
Après cinq minutes à y trifouiller, il se lamente :-« En utilisant ma machine pour aller vous chercher, j’ai activé un GPS qui a signalé notre localisation, c'est aussi comme ça qu'ils ont su que je voulais m'enfuir. Je suis désolé, je pensais que c'était à cause d'une caméra de surveillance qu'ils avaient été avertis. »

Paul :-"Ce qui est fait est fait. Vous pouvez l’enlever ? »

Le scientifique :-« Oui, bien sûr."


Nous remontons avec Jacques après seulement une demi-heure. Tout est prêt pour le départ.
Grâce au langage codé inventé pas Pierre, je peux donner à mes frères les conclusions de mes recherches, en ayant l'air d'avoir une conversation normale. Le reste de la famille a l'impression que je parle de la pluie et du beau temps.

Moi :-" J'ai pu rentrer facilement dans le réseau internet de l'Etat français et accéder à l'ensemble des données. Le système de protection est vraiment mauvais. J'ai trouvé où le groupe de résistants et nos oncles sont enfermés. Ils sont dans les sous-sols de l'Elysée.
Pour vérifier l'absence d'espion, j'ai confronté leurs noms à la liste des personnes rémunérées par la France et cela de toutes les façons possibles. La conclusion est que seuls nos tontons d'ici, le sont.
Bien sûr, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas une caisse noire totalement secrète. Mais l'absence d'incohérence ou de trous dans les vies des autres me pousse à les croire honnêtes."

Paul dit alors que c'est de bonne augure mais qu'il faudra de toute façon les soumettre tous à un petit interrogatoire pour être sûr.

Je continue avec des infos plus générales. Je leur apprends que nous sommes en 2024, que la technologie est légèrement supérieure à celle de notre monde mais pas énorme. En tout cas pas suffisamment pour que j'ai des difficultés pour pirater le gouvernement ou que Jacques ne puisse s'occuper des mouchards.
Je leur dis aussi que la France est isolée du reste du monde. Les frontières sont fermées. Il n'y a pas de produits ou de sites internet autre que français. Les journaux ont tous les mêmes infos et les mêmes points de vue. Par contre, tous les véhicules sont électriques et il semblerait que le chômage n’existe pas. Je finis par le plus choquant en leur révélant que la constitution a été modifiée, proclamant le président actuel, président à vie.

Il est donc clair qu’il s’agit d’une dictature et qu’il faut se ranger derrière notre arrière-grand-mère.

De façon compréhensible par tout le monde, j'annonce avoir trouvé un immense magasin d’informatique, fermé depuis longtemps à côté de la gare de Lyon, en plein Paris.
Tata Aurore nous explique que l’informatique est devenue très secondaire depuis l’arrivée du Général au pouvoir car n’ayant plus aucune importation il faut que les français produisent ce qu’ils veulent consommer donc beaucoup sont retournés à l’agriculture. Les ordinateurs ne sont que pour une petite élite de riches ayant le temps pour l'oisiveté.

Je comprends, alors, la faiblesse des protections des sites du gouvernement. Ils doivent s'être focalisés sur des attaques venant de l'extérieur de la France au détriment de celle de l'intérieur. Cette négligence est une aubaine pour nous.

Paul ravi se frotte les mains et conclut que cela veut dire que notre installation dans ce magasin n’attirera l’intérêt ou le ressentiment de personne. Il sera donc discret.
Nous partons donc tous.

Les tantes et Albert ont revêtu, eux aussi, des tenues de commandos pour que d'éventuels observateurs ne s'étonnent pas de la diminution du nombre de policiers. Nous devons, avant de descendre, leur apprendre à tenir leurs armes. Ils sont chargés de convoyer Mamé, Simon et Roxane qui jouent les prisonniers. Jaques s'occupe du chef de l'escouade, nous laissons les autres policiers dans l'appartement. Pierre et Paul s'occupent des bagages. Moi, je descends la première pour m'assurer que la voie est libre.

Nous utilisons les deux fourgonnettes. Ce sont Pierre et moi qui les conduisons.
Nous quittons la cours avec les sirènes hurlantes pour plus de réalisme. On les éteint dès que nous sommes sortis du quartier. Ensuite, nous allons dans le bois de Vincennes.
Là nous enlevons les gyrophares et nous jouons avec la gadoue pour en maculer les véhicules et ainsi les rendre anonymes. Cela nous prend un peu de temps et beaucoup de fou rire. Les garçons ne résistent pas à l'envie de faire des pitreries pour détendre l'atmosphère. Au final, ils sont aussi sales que les fourgonnettes.
Mais je n'ai pas besoin de te faire un dessin, tu te souviens sûrement parfaitement des batailles d'eau chez mamie entre tonton Olivier et nous quatre.

Une fois sûrs que les véhicules ne peuvent plus être reconnus, nous repartons.

On arrive devant le magasin sans encombre.
Avant que Jacques ouvre la porte du parking, je recherche et désactive toutes les alarmes reliées par internet ou le téléphone à la police. Les véhicules rentrent.
Une fois à l'intérieur, je pars avec notre petit frère et l'ordinateur pour rétablir le courant et neutraliser les éventuels derniers dispositifs de surveillance.

Quand la lumière revient, Pierre fonce fouiller l'ensemble du bâtiment. Nous l'attendons en plaisantant sur les bienfaits des bains de boue pour la peau.

C'est entre deux rires que je vois le visage de Paul devenir sérieux. Il me prend à part et me parle d'une inquiétude qui lui est venue. Je me mets alors à rechercher des propriétaires de ce magasin. Dans la précipitation de tout à l'heure, j'avais oublié de le faire. S'ils habitent le quartier, notre présence ici sera rapidement connue de la police.

Après deux minutes, je lui annonce qu'il est mort sans laisser d'héritier. L'état a donc récupéré le bâtiment. Je vais ensuite m'intéresser au service qui gère les biens. Nous avons de la chance, le seul fonctionnaire en charge de ce service est en vacances pour encore trois semaines, d'après le tableau de service. Rien n'indique qu'il est remplacé.
Nous sommes ravis de l'information. Toutefois, Pierre appellera tout à l'heure pour s'assurer que personne ne risque de trouver quelqu'un pouvant lui dire que nous occupons illégalement les lieux.

Ce dernier revient à ce moment-là de son exploration. Il n'est même pas essoufflé. Il fait tout de suite son rapport :-« C’est immense et il n’y a personne. Il y a quatre étages de locaux et deux de parking. Je pense que nous pouvons habiter le dernier niveau ce sont des bureaux. Il y a des sanitaires et une cuisine. Personnellement, je prendrais bien une douche pour enlever toute cette boue. J’ai vu plusieurs canapés qui peuvent faire office de lit. Caro tu vas adorer, c’est rempli d’écrans et de composants électroniques. »

Nous montons tous, le prisonnier et les bagages aussi.



Pendant que mes frères se lavent, les tantes s'occupent de leurs tenues et moi, j'installe un poste de surveillance de la police avec une de leur radio et leur ordinateur. Une fois les frangins prêts, je demande à Albert de me remplacer. Il en profite pour complètement vérifier sa machine.

Nous, nous devons, enfin, faire les présentations avec notre famille. Pour cela nous investissons tous un bureau vide.

C’est Pierre qui prend la parole :
- Mamé, votre présence dans cette dimension avec toutes vos facultés intellectuelles est une des raisons qui nous a décidés à suivre nos tantes. Nous avons beaucoup entendu parler de vous par nos grands-parents et notre père. Et maintenant, puisque nous n'avons pas eu le temps de le faire dans les formes tout à l'heure, je me permets de nous présenter. Alors voilà, Caroline, Paul, Jacques et moi je suis Pierre."

Leur aïeule est très émue :-" Tout d'abord, tutoyez moi, mes chéris. Vous êtes mes arrières petits-enfants, ici. C'est pour moi une joie immense et totalement inespérée de rencontrer les enfants de Marc et Hélène. Et je dois dire que même si tu n'avais pas eu la grande courtoisie de faire les présentations, Pierre, je vous aurais reconnus comme étant de ma famille. Parce que toi, Caroline, tu as la beauté de ta mère. Toi, Paul, tu as bien sûr plus de cheveux et tu es plus bronzé que ton père mais j'ai cru que tu étais lui quand je suis rentrée tout à l'heure. Toi, Jacques, tu as le magnifique sourire de ta mère et le physique de ton oncle Olivier et toi Pierre tu as gardé la même gentillesse et la même dextérité verbale que dans mon souvenir. "

Ensuite nous nous présentons à Simon, le fils de tâta Aurore et tonton Olivier et à Roxane, la fille de tata Heidi et tonton Frédéric. Cela nous a fait tout drôle, à tous les quatre, de les voir à treize ans alors qu'une semaine avant il n'avait que trois ans quand ils sont venus à la maison. S'en suit une longue séance de gros câlins et d'embrassades.


Après ces retrouvailles, Paul demande aux tatas si elles ont suffisamment de vivres pour le repas du midi. Ce n'est pas le cas, mais elles se proposent pour aller faire des courses. Il leur donne, alors, un peu de l’argent des policiers.
Avant qu'elles ne partent, il leur recommande d'expliquer qu'elles font partie de la famille qui va ouvrir un réparateur généraliste. Pour justifier l'arrivée du groupe de résistants, il souhaite qu'elles précisent que nous faisons nous-même la restauration du bâtiment et que des proches devraient venir nous aider dans peu de temps. N'hésitez pas à faire connaissance comme le ferait des commerçantes s'installant et désirant attirer la clientèle, leur dit-il. Heidi, ancienne vendeuse avant l'arrivée du général, comme tu le sais, a tout de suite compris et a promis de faire de son mieux.


Ensuite, vient le moment de revenir à notre " mission". Alors, mamé commence à nous raconter les raisons de notre venue :
-« Ce que je vais vous raconter, je le tiens du scientifique. C'est lui qui a inventé l’appareil permettant de voyager entre les dimensions. Comme je vous l'ai dit à l'appartement, c'est en le faisant évader qu’Olivier et Frédéric ont été capturés, la semaine dernière.
Tout commença sur une Terre, ayant un décalage temporelle avec celle où nous sommes d’une centaine d’années. Au milieu de leur 21ème, leurs astrophysiciens ont compris que la matière qu’ils avaient appelée manquante, ou matière noire, invention pour faire coïncider le poids de l’univers calculé et celui observé, n’existait pas. C’est par hasard, qu’il fut découvert que la différence venait de l'existence d'univers se trouvant dans des dimensions parallèles.
Ils comprirent que le monde est comme un livre où chaque page est un petit univers autonome qui ne voit les autres pages, ni n’intéragit avec elles.
A partir de ce moment, les politiciens mirent tout leur espoir de survie de leur humanité dans une migration vers une autre Terre. Ce fut alors, la course pour trouver un moyen de voyager entre ces dimensions. Mais rien ne fut fait pour essayer d’améliorer la vie sur leur Terre, tant ils étaient sûrs que la science trouverait le moyen de voyager entre les plans.
Au 22ème siècle, le réchauffement climatique entraîne tout ce que les scientifiques avaient prédit et une diminution de plus d’un tiers de la population mondial. Ceux à quoi il faut ajouter un tarissement du pétrole et du gaz, leur consommation n’ayant fait qu’augmenter.
La vie sur cette Terre est devenue plus que difficile, voire impossible pour la majorité des gens. Ce n’était plus qu’une question de décennies avant la fin de leur humanité.
Les budgets consacrés à cette recherche devinrent illimités. L’armée, sur toute la Terre, eu comme mission prioritaire de protéger les lieux y travaillant, l’élite y fut affectée.
L’Europe, avec le plus grand accélérateur de particules, était à la pointe de cette recherche. C'est là que le scientifique travaillait et y inventa la machine pour le voyage interdimensionnel.
Pendant la phase de mise au point de la machine, l'épouse du général responsable de la surveillance du CERN, le laboratoire du scientifique, est tombée gravement malade. Ne pouvant envisager d’être loin de la femme de sa vie et de la laisser seule pendant une telle épreuve, il demanda tous les jours à parler à son supérieur pour avoir un congé et pouvoir se rendre à son chevet. Ce dernier ne lui répondit jamais, sa femme mourut seule dans une chambre d’hôpital. Fou de douleur et de chagrin, il débarqua, arme à la main, seule moyen pour accéder au bureau de son ministre, pour lui rapporter les faits et lui demander à pouvoir assister à l’enterrement de son épouse. La seule chose qu’il obtint, c’est sa mise en prison, il ne put donc pas dire adieu une dernière fois à sa femme. Il fut aussi renvoyé puisque la machine à voyager était opérationnelle, on avait plus besoin de lui pour garder le laboratoire.
Ces derniers coups du sort lui firent complètement perdre la tête. A sa sortie, une semaine après, il retourna au CERN auprès de ses hommes, fidèles jusqu’à la mort.
Il s’empara de la machine du scientifique et l’obligea à l’amener, ses hommes et lui sur une Terre parallèle avec leurs armes et leurs blindés. Il détruisit complétement le centre avant de partir pour condamner l’humanité qui lui avait, pense-t-il, enlevé sa femme.
Il cherchait une Terre qui serait juste avant l’an 2000 car expert de cet époque, il avait un plan pour conquérir le pouvoir.
Il leur fallut plus de cent sauts interdimensionnels pour trouver notre Terre. Ces deux milles hommes et lui s’installèrent dans un premier temps en Lozère, zone où leur arrivée passa inaperçue.
Il mit son plan en action tout de suite. Il infiltra ses hommes et réussit au passage à l’an 2000 à saboter tous les systèmes informatiques en rapport avec des pays, des banques ou des financiers étrangers. Une colère mondiale contre la France se créa l’isolant durablement.
Ensuite il joua sur plusieurs tableaux.
Publiquement il fustigeait les partis de gouvernement qui n'avait, selon lui, rien fait contre ce bug et cet isolement.
En secret et grâce à ses hommes, il poussa les groupuscules extrémistes à faire des exactions racistes et antisémites pour pouvoir accuser le pouvoir en place de laxisme et d'être incapable, là aussi, d'assurer leur fonction.
Ce travail de sape dura sept ans.
Il gagna alors la présidence aux élections de 2007.
Il musela l'opposition en utilisant la diffamation et le meurtre. Ainsi il réussit à modifier la constitution pour se faire nommer président à vie.
Ensuite, grâce au référendum perdu sur la constitution européenne, la France fut exclue de l'Europe, ce qui lui permit de fermer toutes les frontières et ensuite de mettre le pays sous rationnement pour asseoir encore plus son autorité sur le peuple.

Le pays est donc maintenant sous son joug et la libération du scientifique est l'unique fait d'armes que notre petit groupe de résistance ait réussi."

Paul lui pose alors une question :-" Comment et pourquoi êtes-vous des résistants ?"

Elle lui répond, après un regard à mes tantes :-" En 2003, ton père est parti en vacances sur la côte d'azur avec ta mère, ton frère aîné et ta sœur. En revenant de la plage, un groupe de skin head les ont battus à mort en leur criant que les sales négresses, leurs chiards et les traîtres à leur sang n'ont pas le droit de vivre, d'après les rares témoins qui ont accepté de parler. Le général s'est emparé de cette affaire et l'a utilisée jusqu'au bout pour drainer aussi bien les voix des nationalistes que ceux des antiracistes.
Vos grands-parents n'ont pas survécu longtemps à cette tragédie. Ils avaient tenus à aller identifier eux-même les cadavres et l'horreur de l'état des corps les a tant hantés que six mois plus tard, ils mettaient fin à leur vie.
Complètement anéantis vos oncles et moi-même fûmes recrutés par le général pour, disait-il, nous soutenir dans notre malheur. Mais en réalité, nous étions là pour montrer l'incompétence de l'état. Conscient de la chose, mais incapable de réagir, nous nous sommes laissés manipuler. À la victoire de 2007, tes oncles ont eu un poste dans un ministère et moi on m'a proposé d'assurer quelques cours d'Histoire, vu mon âge.
Nous étions des profiteurs de cet état totalitaire mais nous nous le justifions en disant que c'était une faible compensation par rapport à ce que nous avions perdu.
Et, il y a presque un an et demi, au cours d'une soirée au ministère, où vos oncles étaient invités, un quadra passablement émêché voulant épater et séduire une blonde à forte poitrine, lui claironnait être celui qui permit l'accession à la présidence du général. Nullement cru, il se sentit obligé de montrer des photos pour prouver ses dire. Devant la réaction d'horreur de la demoiselle peroxydée, vos oncles se sont intéressés à l'ivrogne et lui ont demandé qu'elles étaient ses preuves.
N'ayant largement plus sa raison à cause de la quantité d'alcool qu'il avait ingurgitée, il leur tend une photo de lui devant quatre corps. D'abord choqués, Fred et Olivier eurent comme réflexe de partir puis ils reconnûrent la montre de votre père. Alors ils observèrent plus attentivement le cliché et plus aucun doute ne leur est resté. Les quatre cadavres étaient bien ceux de leur frère aîné et de sa famille.
Fous de rage, ils emmenèrent l'assassin dans un endroit isolé de leur connaissance où ils laissèrent exploser leur colère.
C'est là qu'ils apprirent le rôle du président. Mise au courant, je décidais alors de créer ce groupe de résistants et recrutai parmi mes étudiants les vingt plus sûrs, pour nous rejoindre."

Je peux te jurer que nous avons mis un peu de temps pour tout digérer. Heureusement que nous savions que les nôtres de parents étaient au travail sinon, comme notre famille d'ici, nous pleurerions.

Après plusieurs minutes, Paul pose à nouveau une question :-"Pourquoi nous demander à nous de l'aide ? Et sais-tu pourquoi nous avons tant changé au cours de notre voyage et pas nos tantes ?"

C'est à nouveau mamé qui lui répond :-" Votre oncle Fred est en charge de tous les véhicules du gouvernement et des ministères. Quand le président, en personne, a exigé un fourgon blindé avec cinq policiers armés pour le transport d'un "colis" de la base militaire de Versailles à l'Elysée, il m'a immédiatement contactée et nous avons organisé, mal, vu le résultat, l'interception de celui-ci, sans savoir ce que nous trouverions. Quand vos tantes sont venues avec le scientifique, j'ai d'abord été abattue. Je perdais encore deux membres de ma famille et vingt amis et là j'étais entièrement responsable.
Puis, je me suis mise à discuter avec Albert, le scientifique. Il me raconta tout ce que je viens de vous dire et plus encore. Mais ce qui m'a fait vous choisir, c'est la découverte qu'il fit. Pendant les quinze premières années où il était sur cette Terre, il enchaîna les voyages interdimensionnels pour comprendre les possibilités de la machine. Parfois, il arrivait sur une Terre en ayant changé d'âge. Dans ces cas-là, il a remarqué avoir des capacités physiques et psychiques augmentées. Il découvrit que ce n'était que sur les Terres où son double aurait dû existé mais était mort à cause d'accident.
Donc si vous veniez ici, il y avait fort à parier que vous aussi, vous auriez vos capacités décuplées.
J'ai choisi votre Terre, parce qu'il me semble que deux adolescents sont plus enclins à l'aventure surtout pour sauver des proches. Voilà."

Nous comprenons alors que nous avons été manipulés et que notre grand-mère ne sait pas pourquoi nous avons eu tant d'aventures pendant notre voyage.
L'interrogatoire du scientifique va être une étape importante pour y voir plus clair.

Mais là, le plus urgent c'est de faire celui du policier. On ne peut pas le garder indéfiniment.
Avant cela, Paul va demander au scientifique, si les soldats du général ont un signe distinctif comme un tatouage ou une médaille. Il répond sans hésiter que lorsque la femme du général est morte tous les soldats ont fait tatouer une goutte de sang à l’aplomb de leur cœur en solidarité.
Pendant ce temps, Jacques réveille le prisonnier, enfermé dans un des bureaux désaffectés. Il le détache du radiateur et l'asseoit face à une table, menotté et les yeux toujours bandés. Tout se passe sans un mot.

Quand il sort, notre frère est là et lui parle du tatouage. Il retourne alors vérifier sa présence. L'homme est bien un des soldats du général venu de l'autre Terre. Ce qui est logique. Le président semble vouloir tout contrôler. Il ne pouvait pas confier l'arrestation d'opposants à une personne dont il n'aurait pas été certain de la loyauté.


Alors je te précise tout de suite, tes frères et toi n'êtes pas devenus des experts en torture et en interrogatoire sadique. Nous n'avons jamais eu besoin de ça pour obtenir des informations. Simplement nous jouons tous un jeu pour faire peur, ce qui nous donne un gros ascendant psychologique et nous fait gagner du temps.

Pierre et Paul discutent des questions à poser. Jacques va récupérer le casque et le gilet pare-balles de l'interrogé puis se met torse nu. Moi je m'installe au calme pour faire mes exercices de méditation. Il faut que je sois en paix avec moi-même pour pouvoir me focaliser sur les réactions et les changements physiologiques et ainsi détecter les éventuels mensonges. Quand j'ai atteint le niveau requis pour être efficace, je vais voir où en sont les trois autres.
Paul est avec Jacques, laissant notre grand frère s'approprier les questions.
Quelques minutes après nous nous retrouvons tous les quatre dans la pièce.

Jacques enlève le bandeau au policier puis devant lui et sans effort apparent plit son casque et déchire son gilet pare-balles.
Je peux te dire que même moi, j'ai été impressionnée et pourtant je connais bien l'étendue de sa force.
Le chef du commando en a blanchi et son rythme cardiaque s'en est emballé, preuve d'une grande peur.
L'interrogatoire est de ce fait très simple. Il ne ment pas une seule fois.
Au final, nous savons que l'histoire de mamé est juste.

Nous comprenons aussi pourquoi la communauté internationale n'a rien fait. Le général a convié, les jours suivants son accession à la présidence de la république, dans le plus grand secret, les membres du G20 au Sahara. Là, il leur montra la puissance de son armement venu du futur et leur expliqua que s'ils le laissaient tranquille il en ferait de même. Les politiciens ont accepté surtout que leurs opinions publiques après le Bug de l'an 2000 n'avaient toujours pas pardonné à la France. Dans le même temps, nous apprenons que toutes ces armes sont entreposées dans le camp militaire de Versailles à côté du labo du scientifique.
Ensuite nous obtenons un plan détaillé du palais de l'Elysée, nous permettant de préparer notre sauvetage.
Mais surtout, il nous confie qu'il y a une lassitude parmi les soldats d'origine qui après près de trente ans n'aspirent plus qu'au repos et ont une nostalgie de leur famille.
Je peux te dire que ce point a surpris et ravi Paul. Nous l'avons très bien vu avec Jacques et Pierre. On a tout de suite pensé que ce serait très important dans son plan et nous ne nous sommes pas trompés.

Une fois l'interrogatoire terminé, le benjamin de la famille lui donne un verre d’eau avec deux comprimés. Il lui dit de les avaler que ce sont un somnifère et un médicament pour qu’il nous oublie. Le policier fait mine d’hésiter. Notre frère lui demande alors s’il préfère que l’oubli et l’endormissement viennent par des coups sur la tête. Si c'est le cas, ajoute-t-il, il se fera un plaisir de les donner. Évidement le policier prend les pilules. Après qu’il les ait avalées, je lui dis, froide comme la glace, qu’en fait ce n’est pas un cachet pour l’oubli mais une mini-bombe qui se déclenche à distance et munie d’un micro. L’homme panique. Paul intervient en lui disant que tant qu’il ne parlera pas d’eux, il vivra. Il ajoute, qu'en plus, il l'évacuera dans deux jours.

Bien sûr nous bluffons, le somnifère en est réellement un et vient de mamé mais le deuxième cachet est de la vitamine C qu'il restait à tata Aurore.

Jacques, sur ces paroles, lui remet son bandeau et va l'attacher, à nouveau, au radiateur.
Avant de le libérer il faut que le plan d'action soit établi par Paul.
Pour cela, nous procédons, tout de suite à l'interrogatoire du scientifique qui est tout aussi facile. Lui aussi nous dit tout. Il n’a aucune raison de nous mentir et cela le soulage de se confier.
Je te fais un résumé parce qu'il est comme papi Sylvain et part un peu dans tous les sens avec beaucoup de détails que je ne trouve pas toujours utiles.
D'abord, nous sommes sûrs que ce n'est pas un espion.
Nous savons aussi pourquoi il n'a pas tenté de fuir plus tôt. Il est resté tout ce temps au près du général parce que sa femme, son ancienne assistance qui l'a suivi lors de la fuite de leur Terre, travaillais comme secrétaire à l'Elysée. Un moyen de pression si tu veux mon avis. Elle est morte d'un cancer le mois dernier. N’ayant plus d’attaches ici, il a essayé de partir.
Son travail, depuis qu’il est sur cette Terre, est d’étudier le fonctionnement de sa machine, qu'il a inventée un peu par à hasard, et de rechercher les lois physiques par lesquelles elle est régie.
Il nous livre alors ses conclusions pendant plus d’un quart d’heure. Les petits n’arrêtent pas de l’interroger. Par contre, Pierre et moi, nous faisons bonne figure mais pensons qu’il passe beaucoup de temps à disserter sur le pourquoi du comment. Pour nous l’important c’est que la machine nous permette de passer entre les mondes parallèles. La seule question qui suscite l’intérêt de toute la fratrie est posée par Paul. Il demande si l’engin peut être modifié pour voyager dans le temps.
Albert, après plusieurs minutes, répond que c’est envisageable mais que pour en être sûr, il doit se replonger dans les notes qu’il a laissées dans son laboratoire. Il explique que les deux voyages semblent suffisamment semblables. Cela ne devrait être qu’une question de programme informatique pour orienter l’énergie. Ensuite, il part dans des digressions sur la vitesse de la lumière, les trous noirs et les trous de ver, pour étayer ses dires. Mais encore une fois, je ne suis pas son discours scientifique qui m’est incompréhensible.
Par contre, l’idée de pouvoir revenir chez nous avant que nos parents ne découvrent notre disparition et ainsi leur éviter d’en souffrir, me ravit.
Je redescends de mon petit nuage très vite quand j’apprends que toutes ses recherches sont sur support papier. Il va falloir les parcourir avant de commencer à travailler sur le programme informatique modifiant la fonction de la machine.
Je peux déjà te dire que cela m'a causé une nuit blanche et un bon mal de crâne tant Albert, le scientifique, est brouillon dans ses pensées.

Pierre l’interroge ensuite sur nos transformations et sur les milliers d’aventures que nous avons vécu. Il nous dit que nos capacités hors norme ne sont qu'une expression à leur maximum de nos gènes. Nos péripéties sont une invention de notre mentale pour d’abord supporter la douleur due à la croissance puis pour donner une justification à nos changements, nous sommes plus ceci parce que nous nous sommes entraînés et enfin pour nous permettre de maîtriser ces corps et ces pensées si différents. Leurs scénarii étaient puisés dans tous nos souvenirs, aussi bien filmographiques, littéraires que des actualités. Nous les avons vécus ensemble parce que la fratrie était le seule point d’ancrage possible, ce qui nous a permis de tisser des liens extrêmement forts.

Dépité, Jacques ne peut s'empêcher de dire :-" Alors tout était faux !"

Ce à quoi, Albert répond que non. Ce qui compte, c'est ce que notre esprit croit. Il ajoute que vu notre efficacité avec le commando de police, il ne fait aucun doute que nous avons bien vécu toutes ces aventures.

Pierre lui demande si nous aurions été fous si nous n’avions pas vécu ces aventures. Le scientifique pense qu’il est plus probable que nous aurions été des adolescents ne sachant pas utiliser nos membres trop longs et trop forts, surtout pour les deux petits.


L'interrogatoire terminé, il est l'heure de déjeuner.
Pour laisser le temps à Paul de digérer toutes les informations récoltées en si peu de temps et échafauder le plan de nos actions futures, nous faisons un break. Nous utilisons ce temps pour nous détendre devant un plat de pâtes acheté pour fêter notre venue par les tantes. Ce repas nous permet, aussi, de faire mieux connaissance avec notre famille de cette Terre. Les blagues et anecdotes s'enchaînent de toute part, même le scientifique s'y met.

C'est détendus, reposés, en pleine possession de nos moyens que nous écoutons Paul nous exposer son plan.
Une fois cela fait, nous laissons mamé et les cousins seuls dans le bâtiment.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 2:10

III







Nous sommes tous les sept harnachés de l’équipement complet des commandos, les fusils d’assauts en moins pour les tatas et le scientifique. Nous emmenons avec nous le policier.
La première partie du plan consistant à aller sur une Terre appartenant à une dimension parallèle, mes frères et moi sommes un peu inquiets. Nous avons peur qu’à l’arrivée nous ayons encore changé. Enfin, ce que nous redoutons surtout, c’est la douleur lors du retour dans la dimension de mamé.
La mission devant se faire, nous prenons sur nous et suivons Albert dans le tunnel inter-dimmensionnel.
Par contre, quand nous atterrissons dans le gymnase, nous ne pensons qu’à rechercher d’éventuelles modifications physiques. Nous nous regardons sous toutes les coutures et testons nos capacités. Ce n'est que lorsque nous sommes rassurés que nous enfermons le prisonnier dans le local à ballons.
Nous sommes arrêtés dans l'exécution de la suite du plan par une réflexion d’Albert. Celui-ci, avec un sourire en coin, nous dit qu’il faut en conclure qu'ici on existe déjà donc qu'il n'y a aucun ajustement à craindre. Il ajoute que si nous avions subi une modification, il aurait suffit de revenir sur la Terre précédente pour qu’elle disparaisse. Jacques lui répond, alors, qu’il n’a pas eu à subir le plaisir de la douleur d’une croissance accélérée pour être si désinvolte. Il l’admet et s’excuse de ne pas y avoir pensé avant de parler.

Je pose, moi aussi une question : -" Alors pourquoi, vous n'avez pas été changé quand vous avez fait le voyage de départ ? Vous n'allez pas me dire que vous existiez tous déjà, cent ans avant ?"

Albert, souriant à nouveau, me répond :-" Jeune fille vous posez une question essentielle. Je ne peux que vous donnez une théorie pas une certitude. De mes observations, de tous mes voyages interdimensionnels, j'ai l'impression que tout se passe comme s'il y avait un plan général suivi par toutes les dimensions. Vous, mademoiselle, vous devez naître et mourir à des dates bien précises. Si vous voyagez entre les plans et arrivez sur une Terre où vous existez déjà ou au contraire vous ne devez pas exister, rien ne se passe, puisque vous êtes en dehors du grand plan. Par contre si vous arrivez sur une Terre où vous avez disparu avant votre date génétiquement fixée, vous subissez les modifications physiques pour que vous soyez conforme à l'âge que vous devez avoir sur ce plan."

Comme ce n’est ni le lieu ni le moment de débattre, nous acceptons cette explication et reprenons la mission.

Paul a choisi ce gymnase parce que sur notre Terre, c'est dans son double que Pierre et lui joue au basket.
Nous avons donc suivi beaucoup de leurs matchs, Jacques et moi, ce qui fait que nous le connaissons tous bien. Pendant que l’aîné vérifie qu’il est vide, le scientifique ouvre une porte interdimensionnelle de la taille d'une soucoupe à café, en direction de l'Elysée. Notre Benjamin y fait passer les petits drones qu'il a fabriqué à l'aide de ventilateurs d'ordinateurs et de géolocaliseurs de téléphones portables tout à l'heure. Il doit déterminer les coordonnées exactes des cellules. Pour cela, il les pilote depuis l'ordinateur en utilisant le plan dessiné par le policier pour se guider. Le passage doit donc rester ouvert, ce qui permet de récupérer, en direct les données mais est potentiellement dangereux. Un des gardes pourrait repérer l'ouverture et envoyer une grenade dedans. C'est pour cela que je suis postée devant, prête à agir.
Grâce à ces cinq appareils, il ne lui faut que vingt minutes pour cartographier précisément les sous-sols du palais présidentiel. Pierre étant rapidement revenu, il me remplace à mon poste. Moi, j'établis, alors, la carte de ce lieu en notant les coordonnées GPS de toutes les pièces et leur fonction. C'est le plan du policier qui me donne ces informations.

Maintenant, il est temps d'agir.
Heidi s'installe dans le vestiaire qui donne directement sur le terrain et sort l’eau et les verres qu’elle a apportés. Elle est chargée de récupérer les résistants une fois qu’ils sont arrivés sur le parquet et de les y emmener. Paul a pensé qu’un visage familier les rassurerait.
Les gradins sont situés sur une mezzanine, Albert, tata Aurore et moi y montons.
J'aide le scientifique à y installer sa machine. Ensuite je m'allonge dans la position du tireur d'élite pour couvrir mes frères avec un des fusils mitrailleurs emprunté aux commandos. Il est réglé pour ne tirer qu'au coup par coup.
Les trois garçons sont restés sur le terrain. Ils se sont positionnés en triangle et sont munis de gourdins.
Quand le scientifique est prêt, il nous annonce la première ouverture de la porte interdimensionnelle.

L'idée de Paul est d'utiliser une ouverture horizontale plutôt que verticale. Ainsi, nous allons pouvoir faire tomber sur le terrain de basket, les occupants des cellules entre mes trois frères qui neutraliseront les gardes, aidés en cela par l'effet de surprise. Tata Aurore est là pour identifier tous les résistants et vérifier qu'ils sont tous là.
Une fois toutes les coordonnées rentrées dans l'ordinateur de la machine, Albert donne le top.
L'opération est très rapide. Tous les occupants des cinq cellules sont récupérés et leurs gardiens assommés en moins de cinq minutes. C'est au moment où Jacques va s'occuper du dernier soldat que j'entends ma tante murmurer quelques secondes puis crier, horrifiée, qu'il manque une étudiante. Le plus costaud de la famille suspend son geste et l'attrape au niveau des coudes. Il commence, alors, à l'écarteler.

Ne t'inquiète pas, le seul risque de cette méthode est une luxation d'épaule, c'est très douloureux mais facilement réparable.

Pendant ce temps, Pierre use de ses talents oratoires pour l'embrouiller. Tout se passe en bas mais mon audition hors norme me permet de les entendre parfaitement. Nous apprenons en moins d'une minute que la jeune femme est dans le bureau d'un capitaine qui a des tendances sadiques avec les belles femmes, d'où la présence de la demoiselle en ce lieu à ce moment précis. Il nous dit aussi que celui-ci préférera tuer la prisonnière quitte à mourir plutôt que de la perdre.

Mon sang ne fait qu'un tour. Je suis dans une colère noire. Avant que mes frères s'en aperçoivent, j'enfile ma cagoule. Je mets mon casque et mes gants puis ferme mon blouson. Une fois mon gilet pare balles réajusté et mon arsenal vérifié, je tends le plan en pointant l'appartement du tortionnaire du doigt. J'ordonne alors à Albert d'ouvrir une porte pour atterrir, comme tomber du plafond, dans cette pièce et d'en ouvrir une autre trente secondes plus tard. Cette dernière devra être verticale, ne sachant pas dans quel état sera la demoiselle. Mon regard, seule partie visible, doit être dur et inquiétant. J'ai décelé un mouvement de recul de tâta quand je l'ai regardée avant de partir et Albert a tremblé en programmant le voyage.

Le portail s'ouvre sur le sol devant moi. Cramponnant mon arme, je saute et me prépare à me réceptionner en roulé-boulé. Je ne suis pas aussi silencieuse que Paul mais personne ne remarque mon arrivée. Mon atterrissage est couvert par les gémissements sourds d'une femme et le discours immonde d'un homme.

L'homme :-" Cela fait une semaine et tu n'as pas encore compris que tu n'es rien. Tu n'existes que parce que je le veux bien. Ce n’est pas compliqué quand même. Non, conne comme tu es, tu n'as pas saisi et tu oses hésiter quand je te demande de m'essuyer avec la langue après mes besoins du matin. Je fatigue là, c'est la dernière fois que je prends la peine de m'occuper de toi. Après, je me débarrasse de toi et choisis une autre salope."

Il tient ce discours sans arrêter de la battre et sans passion. Comme s'il énonçait une évidence extérieure à sa propre dégénérescence. Son ton signifiait clairement que pour lui, la seule responsable de cette torture était la jeune fille. Un véritable monstre !

Je me relève et vois un homme de dos qui fouette une jeune femme. Elle est nue, suspendue par les poignets à un tuyau de chauffage. Je vérifie qu'il est seul présent dans la pièce. Je n'ai qu'une envie c'est de vider le chargeur de mon arme dans le corps de cet immonde individu. Je ne le fais pas. Je n'ai jamais encore tué et la mort serait trop douce pour un tel individu. Remerciant la providence qui a fait que je suis chaussée de chaussures possédant une coque métallique en son extrémité, je m'offre l'immense plaisir de shooter de toutes mes forces dans son appareil génital. Sous la violence de coup, l'homme s'effondre à genoux. Je profiterais bien de ses cris d'agonie mais le temps presse. Je lui assène un violent coup de crosse sur la tête. Il est KO. Mettant mon fusil en bandoulière, je prends mon couteau et me dirige vers la suppliciée. Son corps est zébré de plaies, certaines sanguinolentes, d'autres déjà en train de cicatriser. Elle a dû être fouettée tous les jours depuis son arrestation. Je la plaque contre moi et coupe ses liens. Elle ne pèse rien. Le connard n'a pas dû la nourrir de la semaine. Je la garde dans mes bras en lui parlant pour la rassurer. Je lui dis que tout est fini, que je suis là pour la sauver, tout en cherchant du regard d’éventuels vêtements pour la couvrir. Je les trouve dans un coin de la pièce. Ils sont maculés d'urine et de sang, en lambeau. C'est visiblement là qu'elle dormait. Ses gémissements ne se sont pas arrêtés. J'appuie sûrement sur ses plaies. Je change ma prise et met mes mains au niveau de ses aisselles. Elle ne se plaint plus. C'est à ce moment que le passage interdimensionnel s'ouvre. Je l'emprunte.


J'arrive sur le terrain de basket. Nous sommes accueillies par mes trois frères fous d'inquiétude. Jacques récupère la blessée et s'éloigne. Mes deux autres frères sont affolés par le sang se trouvant sur ma tenue. Ils n'entendent pas quand je leur dis qu'il vient de la jeune fille. C'est sans me demander mon avis, qu'ils m'enlèvent casque, cagoule, gilet pare-balle et ouvrent ma veste pour m'ausculter à la recherche d'une blessure. Une fois rassurés et le benjamin revenu, ils m'engueulent comme jamais je ne l'ai été.

Après ce remontage de bretelles dans les règles de l'art, ils partent superviser le retour des anciens otages.

Seule, je reste dans mon coin en tournant le dos aux autres. J'oscille entre le plaisir d’avoir secouru la jeune femme, seule, et la vexation d’être traitée comme une enfant par mes frères.
Bien sûr, ils ont raison. C’était imprudent. Mais honnêtement, sauf à avoir quelqu’un m’attendant une arme pointée dans ma direction, personne ne peut m’atteindre quand j’ai un fusil en main  avec son chargeur plein.
Oui, je sais, c’est un peu présomptueux et légèrement de mauvaise foi, quoi que. Mais tu sais bien que nous détestons être disputées et que nous trouvons toujours en pensée de très bonnes excuses à nos actions.

Bien que perdue dans ma bouderie, je perçois, tout de même, mes frères renvoyant tous les gardes et le policier au palais de l’Elysée puis commencer à rapatrier les membres du groupe de résistants. Après quelques minutes, je suis sortie de mes pensées égocentriques par une personne parlant d'hôpital avec Paul.
Je me concentre sur cette conversation. Cela me permet d’entendre que la fille que j'ai sauvée a perdu connaissance et que beaucoup de sang s’écoule de son bas ventre. J’en déduis que son bourreau ne s'est pas seulement contenté de la fouetter. Il l'a aussi violée et a provoqué de nombreux déchirements internes qu'il faut très vite réparer.
Cela me sort immédiatement de mon auto-apitoiement.
Mon frère lui répond poliment que cela ne peut être fait que si la mission est terminée, ce qui ne prendra que très peu de temps mais nécessite que tout le monde soit évacué. La personne le comprend très bien mais voudrait prendre trente secondes pour me remercier.
Après la colère en apprenant l'état de la jeune femme, c'est l'anxiété qui m'envahit à cause de ma timidité.
En tous cas, au ton plein de fierté employé par mes frangins pour répondre que c’est parfaitement possible, je jurerais qu’ils ont complètement oublié qu’il y a peu, ils m’ont reproché mon action. Je me recompose un visage aimable pour ne pas passer pour une gamine boudeuse.

Ma super audition ne sert pas qu’à détecter le battement de cœur, tu vois, elle permet aussi à préserver ma réputation.

Une très jolie voix m’interpelle alors d’un « mademoiselle ». Bien élevée, je me retourne pour faire face à la personne et là, je suis littéralement scotchée, en arrêt sur images.
C'est le coup de foudre.

Tu te dis que cela doit être un beau gosse blond au visage d'ange. Un sosie de notre chanteur préféré qui a tant peuplé nos rêves !
Et bien pas du tout !
C'est une magnifique petite rousse aux yeux vert émeraude.

Là, je sais que tu crois que c'est une plaisanterie.
Mais c’est la stricte vérité.
Je te prie de croire que par la suite je me suis énormément interrogée sur les raisons de ce sentiment. Je n’en ai pas trouvé. Je l’aime, c’est tout.
De même, je me suis inquiétée de ma normalité et du regard des autres.
Mais au final, j’ai compris que ce qui compte c’est notre amour.

Pour l’heure, toutes ces réflexions n’existent pas encore. Nous sommes statufiées, l’une en face de l’autre, nous admirant avec un petit sourire.

Nous serions restées ainsi des heures si mes trois frères n’avaient pas décidé d’intervenir.

Paul tout sourire :-" Nous sommes désolés d'interrompre votre conversation mais la demoiselle ici présente nous a dit qu'il faut rapidement emmener la blessée à l'hôpital. Nous devons donc terminer ici au plus vite."

Ils avaient tous les trois des sourires jusqu'aux oreilles.
Ils ont compris ce qu'il m'arrive. J'en suis sûre.
Cela me met mal à l'aise et me fait rougir.
Mais le pire pour moi, c’est que pendant que j'ai tourné la tête vers mon frère pour l'écouter, la magnifique jeune femme en a profité pour fuir sans que nous puissions parler.
Le stratège ayant remarqué, lui aussi, son absence, me précise qu'il a demandé à ce que Simon et Roxane commence à laver une dès fourgonnette de police. Cela nous fera gagner du temps pour emmener la demoiselle blessée.

Encore groggy par ce coup de foudre, je me raccroche à ce que je connais et maîtrise : la mission. Cela m'évite à la fois de de trop réfléchir à l’homosexualité que ce sentiment induit et à ce moment très intime qui s’est passé devant tout le monde.

Il faut moins de cinq minutes pour qu’il ne reste plus dans le gymnase qu’Albert et nous quatre. Ce sont les tontons qui se sont chargés de transporter la blessée à l'aide d'un brancard de fortune fait d'un tapis de gym posé sur un banc.

Une fois seuls, nous récupérons les notes du scientifique en utilisant la technique des trappes sur son ancien labo. Il n’y a aucun gardien ce qui veut dire que l'alerte n'a pas encore été donnée. C’est un peu le bazar, alors il faut un bon quart d’heure pour que monsieur Zweistein soit certain d’avoir récupéré toutes ses notes. Après avoir renvoyé le mobilier, nous rentrons au quartier général.

Paul nous dit qu’il faut tout de suite s’occuper du transfert à l’hôpital.
Moi, je ne pense, à ce moment-là, qu'à ce que je vais pouvoir dire à cet ange dont je ne connais même pas le nom.
C'est la révélation !
Je n'ai qu'à me présenter pour connaître en retour son identité. Je suis ravie d'avoir trouvé une excuse pour engager la conversation et savoir comment elle s’appelle.
Pierre demande à la première personne qu’il croise où se trouve la personne torturée. On lui indique un bureau non loin. Moi, je suis le mouvement en jouant les vigies. Je regarde de tous les côtés,  recherchant ma belle inconnue. Mes frères s’en sont aperçus et cela les fait sourire.

Arrivés à destination, je suis à la traîne et atterrée, je ne pourrais pas lui parler avant de partir. Je suis sortie de mes tristes pensées par Jacques, tout à coup sérieux, qui, venant d’ouvrir la salle où nous nous rendons, stoppe sa progression et celle des deux autres garçons et me dit :-« Honneur aux dames. »
Ne remarquant même pas son inhabituelle galanterie, je rentre la tête toujours à mes préoccupations. Je me fixe sur place quand je me rends compte de l’identité des occupants.
Ma belle inconnue est là, au chevet de son amie. Je me fustige intérieurement de ne pas y avoir pensé. Il est logique qu’elle la veille. Mais maintenant, je me trouve devant elle coincée et tout intimidée. Je prends mon courage à deux mains et m’avance.
Mais dieu que je devais avoir l'air idiote, je m'en rends compte maintenant.
Imagine toi, je suis toute raide comme une automate pour éviter de me dandiner et les bras plaqués le long du corps pour ne pas me ronger les ongles. C’est, comme un robot, tétanisée par la timidité, que je lui dis :-" bonjour, je suis enchantée de vous connaître, je m'appelle Caroline."

Je sais, c'est parfaitement ridicule. Je peux te jurer que nos frères, agglutinés au chambranle de la porte, n’ont rien manqué. Ils n’ont pas hésité, par la suite, à utiliser cet épisode pour se moquer de moi.
Heureusement, la demoiselle feint de ne rien voir et naturellement me répond que c'est elle qui est heureuse de me connaître. Elle précise s'appeler Cécile et finit en me remerciant pour avoir sauvé son amie Angélique.
Là, je peux te jurer qu'un coup de couteau dans mon cœur aurait fait moins mal. J'en reste sans voix.
Cécile l'a vu et a immédiatement compris le problème puisqu'elle précise tout de suite que ce n'est pas sa petite amie.
Je rougis d'avoir été démasquée si facilement. J'ai de la chance, par contre, cela ne se voit pas sur les noires sinon je serais encore plus mal à l'aise.

Voyant cela, Pierre intervient :-« Cécile, nous sommes venus pour emmener Angélique à l’hôpital. Comment va-t-elle ? »

Là, je me donne un nouveau coup de pied mental au derrière, de n’avoir pas posé cette question. Elle va croire que je suis qu’un robot insensible entre ça et ma façon de lui parler tout à l’heure.

Cécile, visiblement embêtée :-« Je ne sais pas. »
Paul, pressé :-«Evidemment, vous n’êtes pas docteur. Nous allons l’emmener maintenant. Il sera plus facile de parler d’un viol par un agresseur inconnu et de demander qu’Angélique soit soignée anonymement si l’alerte n’est pas encore donnée. »

Sur ces paroles, Pierre et Jacques se saisissent du brancard improvisé et sortent. Paul et moi nous les suivons après avoir salué Cécile.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 2:12

IV




Dans le couloir, Pierre et Jacques sont devant nous, portant Angélique. Paul est à mes côtés. Dès notre sortie de la pièce, je suis totalement partie dans l’exploration mentale du visage de Cécile. Si je me souviens bien, je tente de compter le nombre de tâches de rousseur sur son si joli petit nez ou de déterminer si ses yeux sont vert émeraude avec des paillettes d’or, comme je crois l’avoir vu, ou si c’est mon imagination et mon romantisme qui m’ont illusionnée.
Je ne sais combien de temps je rêve ainsi, mais nous arrivons aux ascenseurs sans que je m’en aperçoive. C’est d’ailleurs une main posée sur mon épaule qui me ramène à la réalité.
Je mets quelques secondes pour comprendre où je suis. Ce n’est que lorsque je m’en rends compte que c’est le torse de mon frère et non ma splendide rousse qui me fait face que je me reconnecte complètement avec le réel. Je le suis d’autant plus que le bruit d’une personne nous courant après, résonne dans le couloir que nous venons de quitter.
Nous nous focalisons, immédiatement, sur le danger potentiel. Même les émotions engendrées par mon émoi amoureux ont disparu. C’est dans un synchronisme parfait et en moins de trois secondes, que nous nous mettons en position de défense. Cette véritable chorégraphie s’enchaîne sans faux pas. Les deux porteurs déposent délicatement la blessée puis les trois garçons dégainent leurs revolvers tout en se positionnant devant moi. Ils terminent un genou à terre, pour une parfaite stabilité et moi j’épaule mon fusil.
Nous sommes entre l’éventuel agresseur et Angélique, suffisamment regroupés pour ne pas être une cible facile mais sans pour autant nous gêner. Mes frères ont un secteur du couloir à surveiller et moi, l’artillerie lourde, je suis là, en première intention, pour vider mon chargeur et éliminer le plus grand nombre d’assaillants, avant même qu’ils s’aperçoivent de quelques choses. Mes frangins ont pour consigne de ne tirer que si la cible se trouve dans leur secteur de surveillance.

La course ralentit jusqu’à s’arrêter et nous entendons alors :-« Combien de kilomètres ils ont parcouru en même pas deux minutes ? Et ces couloirs, c’est pire que la station des Halles ce bâtiment. Quand tout sera terminé, il faudra que je me mette au jogging, surtout si je veux pouvoir suivre ma belle Caroline avec ses jolies jambes interminables. »
Dès le premier mot, j’ai reconnu Cécile et j'en ai fait part aux autres. Nous rompons notre formation de combat avant même qu’elle ne passe l’angle du couloir. Ainsi elle ne se retrouve pas avec quatre armes braquées sur elle.
Si nous lui avons évité une belle frayeur, moi, je ne vais pas échapper aux moqueries de mes frères. Ils arborent un large sourire depuis qu’ils ont entendu les dernières paroles de la rousse. Elles m’ont ravie au-delà du dicible et mes joues me brûlent à nouveau quand j’y repense en t’écrivant mais eux, ils en ont profité pour décompresser à nos dépends.
Après s’être assurés qu’elle n’a pas de mauvaise intention, ils font comme s’ils ne l’avaient pas vue et commencent leurs pitreries.

Jacques se mettant à côté de moi :-« Paul tu crois que moi aussi, j’ai de jolies jambes interminables ? »

Paul à genoux comparant la longueur des deux membres, puis soulevant le bas de pantalon :-« Honnêtement question taille, on peut dire qu’elles sont interminables. Elle sont de la même longueur que celle de Caro. Mais jolies, franchement non, il y a trop de poils. »

Échangeant leur position.

Jacques demandant à Pierre :-« Pierre, toi qui est si fort en français, les jambes de Paul sont plus grandes que celles de Caro ? Comment on peut être plus long qu’interminable ? »

Pierre après avoir levé les yeux au ciel et très sérieusement :-« Vous avez rien compris. Des fois vous me désespérez. »

Jacques et Paul debouts et proches de pleurer :-« On y peut rien nous, on nous explique jamais rien ? »

Pierre sérieux comme un pape :-« Ce qu’a voulu dire Cécile c’est que Caroline ressemblait à une girafe. »

Jacques étonné :-« Une girafe !! Mais cela n’a pas de jolies jambes une girafe !"
Pierre :-« Non, mais tu sais ce que l’on dit sur l’amour ? »

Jacques :-« Qu’il est aveugle. »

Pierre hoche la tête

Paul intrigué :-« C’est vrai que Caro à de grandes jambes et un long cou mais pourquoi une girafe et pas une autruche ? Cela court vite et Cécile a parlé de jogging »

Pierre :-« Parce que Cécile est rousse. »

Paul le visage s’illuminant :-« Comme un écureuil. »

Jacques ravi d’avoir compris :-« Tu veux dire qu’elle fait référence à l’écureuil Benny et à la Girafe Bridget du dessin animé Wilde, le remake de Madagascar ? »

Pierre :-« Tout à fait. Tu sais après la façon dont Caro est venue la saluer tout à l’heure, raide comme Pinocchio et la voix hachée de Wall E, Cécile s’est sûrement dit qu’il fallait penser dessin animé de Walt Disney pour comprendre notre sœur. »

Paul pensif :-« Remarque, je préfère cela à devoir l’entendre chanter du Justin Bieber dès qu’elle la voit. Vous imaginez. »

Au moment où il va pour chanter, Angélique gémit, stoppant immédiatement leurs idioties. Cécile se précipite vers son amie et lui touche le front et vérifie ses saignements. Elle blanchit.

C'est un contraste avec la minute précédente. J’ai jeté de fréquents regards sur elle pendant le délire de mes frères. Elle a oscillé entre la bouderie et l'envie de rire mais elle est restée tout le temps rouge tomate. C'était trop mignon, je te jure ! Cela m'a donné une envie incroyable de l'embrasser et de la prendre dans mes bras. Elle, elle évitait mon regard, sûrement consciente de ses joues en feux. J'en ai été encore plus attendri car je me pensais la seule intimidée.
Mais là elle a retrouvé toute sa confiance en elle.

Cécile :-« Il faut que vous l’emmeniez rapidement à l’hôpital Bichat ! Passez par l’entrée des pompiers et demandez la cadre infirmière en personne. Si vous lui servez l’histoire du viol par un haut responsable, Angélique n’apparaîtra nulle part. Elle aura les meilleurs soins et vous seuls serez contactés. Sa fille est morte à cause de cela il y a cinq ans. »

Paul redevenu sérieux et suspicieux :-« Comment le sais-tu ? Et pourquoi ne nous l'as-tu pas dit tout à l’heure ? »

Cécile :-« Je le sais parce que j’ai une vie en dehors d’être prisonnière. J’ai été réticente à vous donner cette info parce que je ne vous connais pas et qu’elle peut vous permettre de remonter jusqu'à mes parents. »

Paul :-« Pourquoi alors la donnes-tu maintenant ? »

Cécile :-« Parce que je ne pourrais plus me regarder dans une glace si par ma faute Angélique était reprise, elle en mourrait. En plus, j’ai envie de vous faire confiance. »

La dernière phrase, elle la prononce en me regardant droit dans les yeux. Encore une fois, j’en rougis.


Paul toujours pas convaincu :-« Pourquoi nous, nous te ferions confiance ? »

Cécile :-« La confiance, ce n’est pas une question de logique. Si tu veux quelque chose de rationnel pour me croire, je n’en ai pas. Il n’existe pas d’argument imparable pour t’y forcer. En plus, tu es suffisamment intelligent pour toujours trouver une raison plausible pour penser que je te leurre. Tu vas devoir baser ton opinion sur un pari. Ou je suis une amie ou je suis une ennemie, choisis. »

Ce discours m'a charmée. Elle a parfaitement compris Paul qui est paranoïaque quand ses frères et moi sommes dans l'équation. Par contre, elle ne mesure pas la portée de ses mots. Il peut parfaitement décider de la renvoyer à l’Élysée et je ne pourrais rien faire parce que Jacques et Pierre se rangeront automatiquement à son avis et je crois que moi aussi, même si j’en serais déchirée.


Paul jouant les têtus :-" Et si tu passais au détecteur de mensonge, cela me permettrait de savoir la vérité ?"

Cécile rigolant à gorge déployée :-" Vous y croyez vraiment ! Cela mesure les variations de rythme cardiaque. Dans mon état actuel, rien qu'à regarder votre sœur, je suis sûre d'être à plus de 150 battements par minute. Alors question fiabilité, vous repasserez !"

Tous les quatre, nous avons évidemment très bien compris le sous-entendu. Mes frères en sont visiblement ravis, même Paul a un petit sourire aux lèvres. Moi, pour ne pas changer, je pique un énième fard.

Elle fait une pause et regarde son amie étendue sur le banc puis Paul. Après une grande inspiration, elle reprend.

Cécile :-"Bon, comme Angélique ne peut vraiment pas attendre que nous finissions notre joute verbale, vous allez m'attacher, me bâillonner et m'enfermer dans un des innombrables bureaux. Ensuite, vous l'emmenez dans l'hôpital que vous voulez. Je suis sûre que vous savez fabriquer un sérum de vérité de qualité qui ne risque pas de me griller les neurones, vous m'en injecterez une dose quand vous serez revenus. Par contre, j'aimerais que ce soit Caroline seule qui entende mes propos. Déjà que ce n'est pas ainsi que j'avais rêvé mon premier rendez-vous avec mon premier coup de foudre, je préférais qu'il n'y ait pas d'autre témoin qu'elle quand je vais me raconter."

Là, je crois que je suis submergée par une vague d’amour qui me retourne complètement. Dans une situation si critique, elle trouve une solution et est magnifiquement romantique, le rêve.

Paul :-" Si nous t'interrogeons, cela ne sera que sur tes relations avec le gouvernement. Nous ne te poserons jamais de questions intimes."

Cécile :-"Peut-être mais comme ma vie est loin d'être un long fleuve tranquille, mes réponses devront être détaillées pour être justes."

Paul amusé :-" Cécile, tu te rends compte que ton aisance est vraiment suspecte ? Tu viens d’être libérée d’un emprisonnement qui n’a pas dû être une sinécure et tu parles de t'entraver et d'interrogatoire sous sérum de vérité comme si c'était ton quotidien. Tu donnes l’image parfaite de l’espionne."

Cécile :-" Évidemment, mais cela voudrait dire que j’en suis une mauvaise justement, non ?"

Paul amusé :-« Ou une excellente qui m’a très bien cerné. Mais de toutes façons cela revient au même. »

Il garde ensuite le silence et scrute Cécile qui à l’intelligence de le laisser réfléchir.
La descente de mon petit nuage où j’étais après l’aveu est rude. Maintenant, j’ai des gouttes glacées de transpiration qui glissent le long de ma colonne vertébrale. Je suis proche de la panique, je m’attends à chaque seconde à entendre mon frère dire qu’il faut l’attacher et la renvoyer de là où on l'a libérée.
Aux visages de mes deux autres frangins et de la demoiselle, je comprends qu’ils pensent comme moi. Les secondes de silence passent lentement. Je vois qu’elle est sur le point d’à nouveau parler quand elle est stoppée par Paul qui prend la parole.

Paul :-« Cécile, chère future belle-sœur, je te laisse le bénéfice du doute. Par contre, ne voulant pas tenter le diable, si tu veux rester avec nous, tu ne seras plus seule jusqu’au moment où nous aurons terminé notre travail ici. »

Je reste figée après les mots « chère belle-sœur », comme tu t’en doutes, mais j’attends tout de même avec impatience sa réponse.

Cécile répond immédiatement après m’avoir jeté un rapide regard :-« Je reste. »

Paul, souriant de toutes ses dents :-« Bonne réponse."

Ensuite, il se tourne vers nous et nous parle, très vite, dans notre langage codé :-" Nous changeons le programme. Puisque la séquence de l'hôpital devrait être raccourcie et ne pas demander de démonstration de force, Pierre et moi, nous nous en occuperons seuls. Nous irons ensuite emprunter un car régie et sa caméra. Caroline, il faudrait que tu sécurises une ligne et un téléphone portable. Ainsi je pourrais donner un numéro à la surveillante et recevoir l'adresse où trouver le matériel de reportage que tu m'enverras. Jacques, ce serait bien que tu commences à réfléchir à l'engin dépollueur. C'est la pièce maîtresse du plan pour que le général et ses hommes acceptent de nous aider à rétablir la démocratie de la France. En plus, ce serait bien que tu t'installes dans le bureau jouxtant celui d'Albert. Il y sera. Je lui ai demandé pendant le transfert de l’équipe de mamé de commencer dès son retour dans ce bâtiment à travailler à l’ajout de l’option voyage dans le temps à sa machine. Je veux qu'il soit toujours protégé par l'un de nous, c'est notre billet de retour chez nous. "

Nous acceptons tous nos missions.

Il s'adresse ensuite à Cécile :-" Pour que Caroline soit le plus rapide possible, tu vas nous accompagner avec Pierre pour voir l'état de notre moyen de transport. Tu repartiras et resteras avec elle après qu’elle ait apporté le téléphone."

Je vois au sourire de Cécile qu’elle est ravie de ce que propose mon frère. D’ailleurs elle répond immédiatement par l’affirmative dès la question posée et avec beaucoup d’enthousiaste.
Ce n'est qu'après un certain temps que je prends conscience des insinuations de Paul. Je crois qu'il a raison, Cécile m'embrouille vraiment l'esprit. Encore plus depuis ses sous-entendus à peine voilés qui m'ont ravie. Mais il n'est pas question que je laisse passer cela.
Je lui donne un coup de poing gentil en lui disant que je suis tout à fait capable de travailler en présence de la rousse. Mes trois frères éclatent de rire en me disant que ma promptitude à réagir est une preuve flagrante de ce que je viens de dire.

Avant que quiconque ne bouge, Pierre, toujours aussi rapide, me prend par le bras. Il dit à Paul et Cécile qu’il les rejoint tout de suite tout en m’emmenant dans un bureau. Une fois à l’intérieur il se met face à moi.

Pierre :-" Caroline, tu aimes Cécile ? »

Moi :-« Je crois oui, mais tout es si soudain que je n'y ai pas vraiment réfléchi. »

Pierre :-« Cécile, elle, est certaine des sentiments qu'elle a pour toi."

Moi :-" C'est ce que j'ai cru comprendre."

Pierre :-" Ça va, tu ne te poses pas des milliers de questions parce que c’est une fille ?"

Moi :-« Un peu, mais les circonstances n’aident pas à la réflexion et à l’introspection, non plus. »

Pierre :-« C’est clair. En plus cela doit t’effrayer un peu son aisance et qu’elle soit si sûre d’elle. »

Moi :-« Oui au début, mais quand elle a rougi alors que vous avez fait les andouilles tout à l’heure, j’ai vu qu’elle avait aussi ses moment de faiblesse. En plus elle était à croquer. »

Pierre, avec un grand sourire :-« C’est définitif, tes yeux brillent quand tu parles d’elle ! Tu es totalement raide dingue. »

Je prends, enfin, quelques secondes pour vraiment y réfléchir. Le bonheur infini qui m’envahit à la seule évocation du visage ou du prénom de Cécile me donne la réponse. J'aime cette fille à la folie.

Pierre :-« C’est un sentiment merveilleux, tu ne trouves pas ? »

Moi :-« Oh oui ! Mais comment, alors, as-tu pu laisser Amélie si c’est aussi fort ce que tu ressens pour elle ? »

Pierre, sombre :-« Non, c'est Béatrice que j'aimais ainsi."

C’est pour cela qu’il n’est sorti avec personne depuis deux ans que la demoiselle est partie au Canada avec ses parents.

Moi :-« Je suis désolée. »

Pierre :-« Tu n’y es pour rien Caro. Si je t’ai prise à part des autres, c’est pour te dire qu’il ne faut pas t’interdire de commencer cette relation uniquement parce que nous n'allons peut-être pas rester longtemps ici. »

Moi :-« Mais si je la quitte alors que nous sommes ensemble cela va être un véritable déchirement ! Tu ne crois pas que de ne rien commencer avec elle, me permettrait de partir sans savoir ce que je laisse derrière moi, donc de moins souffrir ? »

Pierre :-" Au contraire, petite sœur ! Tu auras le regret éternel de ne pas l’avoir entendue te dire ce qu'elle ressent pour toi. Tu n'auras pas pu lui exprimer tout ton amour pour elle. Tu n'auras pas goûté à ses lèvres ou eu le plaisir d’être dans les bras l’une de l’autre. »

Moi :-" Mais à quoi bon ? Pour si peu de temps ! Après, c'est sûr qu'elle me manquera."

Pierre :-" Caroline ! La vie est trop courte. Regarde Béatrice, ou pire nos doubles de cette Terre. Alors l'important, c'est de ne pas avoir de regrets quand la fin arrive."

Moi :-" Tu as sûrement raison. Mais tout ça est si soudain !"

Pierre :-" Prends peut-être un peu de temps pour y réfléchir, mais pas trop. Par contre, si tu décides d'être avec elle, le temps que nous restons ici, racontes lui tout. Sinon, tu culpabiliseras tout le temps de votre relation et tu ne pourras pas pleinement en profiter."

Moi :-" Merci."

Pierre :-« Bon maintenant, il faut accélérer sinon l’état d’Angélique risque d’empirer. »

Moi :-« Attends Pierre ! Cela ne vous pose pas de problème qu’elle soit une fille ? »

Pierre :-« Absolument pas ! En plus t’imagines l’engueulade que papa nous réserverait si cela avait été le cas ? »

Moi :-« Ca c’est clair ! Merci."

Une fois notre conversation finie, il rejoint Paul et Cécile alors que moi je retourne à la salle où nous avons posé les affaires des policiers. En marchant, je m'étonne d'avoir si facilement admis mes sentiments pour une femme. Est-ce à cause de la puissance de ce que je ressens ou parce que je suis dans ce qui ressemble à une guerre donc que je n'ai pas le temps et l'oisiveté nécessaire aux questionnements sans fin et non productifs, je ne sais pas. En tout cas, c'est un fait que j'accepte et qui fait maintenant partie intégrante de moi. Par contre, je ne sais toujours pas si je vais entamer quelque chose avec Cécile.
Jacques m'arrête avant que j'arrive à destination. Il a déjà tout ramené dans le bureau à côté de celui d'Albert et du sien. Il a même sélectionné les quatre téléphones ayant le plus de batterie, nous n'avons pas de chargeur. Je le remercie et m'attèle à la tâche. Lui retourne discuter avec le scientifique.
Je découvre tout de suite qu’il n’existe plus qu’un opérateur. Je décide alors, pour des questions de temps, d’utiliser un logiciel de protection parental. Je le modifie pour le rendre extrêmement efficace. Ensuite je l’installe sur le système informatique. Il cachera son existence ainsi que celle des quatre lignes téléphoniques. Bien sûr comme rien n’est sûr, j’enlève le programme de géolocalisation des mobiles et nous ne parlerons quand code.
J’enregistre nos numéros dans la mémoire des appareils en affectant notre ordre dans la fratrie comme touche de raccourcis puis donne le sien à Jacques. En allant au parking je m’interroge toujours sur tout ce qui m’arrive avec Cécile. Malgré ce que je ressens,  je commence à m’interroger si ce n’est pas le voyage inter-dimmensionnel qui m’a détraquée le cerveau. Je cherche dans ma mémoire si un jour j’ai été attirée par une fille. Mais je me demande aussi quelle sensation j’aurais en l’embrassant et en la tenant dans mes bras. Dans l’ascenseur, je décide d’utiliser cette après-midi avec elle pour déterminer ce que je veux faire. Contente de cette résolution, je sors avec le sourire les rejoindre. Je vois que la fourgonnette est propre et qu’ils ont utilisé la lance à incendie.
Quand j'arrive près d’eux, il y a un blanc. Je pense que mes frangins ont mis en garde Cécile, lui promettant sûrement mille morts si elle me faisait souffrir.
Je le sais car je ferais pareil.
Je ne suis pas inquiète pour elle, elle a montré tout à l'heure qu'elle a du répondant.
Mais cela m’ennuie un peu que pour eux, il soit si évident que nous allons finir ensemble. A ce moment de mes réflexions, elle se tourne vers moi. C’est à nouveau une vague d’amour qui me submerge et qui balaie toutes mes interrogations. Seule la présence de mes deux frères me retient de lui dire que je l’aime dans la seconde.
Je me reprends plus vite que la première fois et distribue les téléphones ainsi que le papier avec le numéro.

Cécile :-« Et moi, je n’ai pas de téléphone ? Comment je vais faire pour faire mon rapport au président ? »

Après un instant de silence, les deux garçons se regardent effarés puis ne pouvant plus se retenir, ils éclatent alors d'un même rire. Moi je pâlis devant ce qu'ils sous-entendent ainsi. Cécile, elle, lève un sourcil d'incompréhension, sa blague n'étant pas drôle, elle le sait bien.
Toi, bien sûr tu as compris le pourquoi de la réaction de nos idiots de frangins.
Une fois leur hilarité arrêtée, ils viennent tous me taper sur l'épaule.

Pierre me dit :-" Tu sais mamie et maman semblent avoir réussi à vivre avec une personne ayant ce genre d'humour alors pourquoi pas toi ?"

Paul rajoute :-« Au moins ainsi l’humour de la famille de papa est perpétué dans votre couple. »

Pierre :-" Tâta Aurore pourra sûrement te donner des tuyaux pour survivre."

Nouvelle crise de fou rire des deux idiots et maintenant nous sommes, toutes les deux, clairement gênées et les joues cramoisies.
Je leurs réponds avec un" idiots". Je me tourne vers celle qui fait battre mon cœur et je m'aperçois qu'elle oscille entre la bouderie à cause des remarques sur sa blague et rougir de l'idée que nous puissions être ensemble comme un couple.
Elle est donc avec les joues écarlates, contraste saisissant avec sa peau blanche, mais la bouche en bec de canard comme dit mamie Josiane.
C'est trop mignon, je te jure, cela me donne une incroyable envie de l'embrasser et de la prendre dans mes bras. Elle, elle évite mon regard, je suis encore plus attendrie.
Pour reprendre contenance et leur faire payer leur propos, je me moque gentiment d’eux.

Moi :-" C'est hallucinant. Cécile tu as des pouvoirs magiques ? C'est la première fois que ces deux-là sont secs alors qu'il y a un tuyau d'eau à côté d'eux."

Cécile ravie de pouvoir se venger rentre dans mon jeu :-" je crois plutôt qu’ils ont voulu jouer les grands."

Nullement décontenancé mes frères répliquent.

Pierre faussement choqué :-" Sachez gentes demoiselles, que vos propos discourtois nous blessent profondément. Sous-entendre que nous pourrions négliger notre tâche au profit de jeu puéril est tout simplement vexatoire."

Paul :-" Les nobles chevaliers que nous sommes ne mettrons jamais une quête en péril par un comportement enfantin."

Pierre ayant ramassé la lance à incendie :-" Par contre, laver cette affront par une douche purificatrice me semble un acte juste et nécessaire."

À peine terminé, il ouvre le robinet et nous arrose toutes les deux. Mes frères sont hilares et nous, nous sommes trempées jusqu'aux os. Nous battons en retraite en courant vers l'ascenseur. Une fois seules dans la cabine, ma timidité revient. Heureusement Cécile ne laisse pas l'atmosphère s'alourdir.

Cécile :-" Tes frères t'adorent mais sont vraiment restés des gamins, mais cette petite douche m'a fait le plus grand bien."

Moi :-" Oui, il ne faut surtout jamais leur dire et les faire culpabiliser tant qu'on pourra. C’est vrai que cela a été agréable avec l'absence de clim dans le bâtiment et la chaleur caniculaire de cette année."

Nous rigolons un peu.
Je suis, à ce moment-là, sûre de ce que je vais faire. Je m’excuse auprès d’elle et prend mon portable. Je préviens par texto Paul et Pierre que je m’absente le temps de leur course et leur explique la raison.

Moi :-" Cécile j'ai énormément de choses à discuter avec toi. Serais-tu d'accord pour le faire cet après-midi où nous devons rester ensemble ?"

Cécile :-" J'en serais ravie surtout que moi aussi j'ai des choses à te dire. Où veux-tu que nous discutions ?"

Moi :-« Tu es prête à me faire confiance et à me suivre dans un voyage un peu spécial. »

Cécile :-« Je te suivrais au bout du monde, les yeux fermés, Caroline. »

Je me retiens de l’embrasser avec peine, ce n’est vraiment pas l'endroit idéal pour mon premier baiser.

Moi :-« Nous nous changeons. J'organise deux trois petites choses et nous nous retrouvons dans un quart d'heure dans la grande pièce près de la cuisine."

Cécile :-" Cela me va. À tout de suite."

Mon téléphone vibre pour me prévenir de l’arrivée d’un message. C’est Pierre qui me souhaite bonne chance. Il me prévient, aussi, qu’ils vont s’occuper du ravitaillement. J’ai donc deux heures de libre. Je le remercie et lui indique où nous allons.
J’y ai pensé en déclenchant mon chronomètre pour être certaine d’être revenue dans l’heure. Je savais depuis ma décision prise, qu’ici, je ne trouverais pas de lieu adapté à ce qui ressemble furieusement à un premier rendez-vous, sans le dire.
Ensuite, c’est au pas de course que je vais me changer. Passant devant un des bureaux ayant une porte vitrée, je m'aperçois de ma dégaine, pantalon de commando avec plein de pli à la taille et trois tours de de revers au bas des jambes, veste moche et trop grande et mes tresses dans tous les sens. Mes frères m'ont rendue un grand service, ce n'est absolument pas la tenue d'un premier rendez-vous et si je n'étais pas trempée jamais je n'aurais eu l'idée de me changer. Après cette réflexion, je fonce chercher les vêtements que mes tantes m'ont prêté. Je m'isole dans un bureau vide, me déshabille, me sèche et enfile les vêtements secs et refait une queue de cheval. Je dois, hélas garder les rangers aux pieds, qui heureusement ne sont pas mouillées, les tatas ayant de tout petits petons. Je me regarde dans le reflet de la porte, ce n'est vraiment pas à mon goût et très éloigné de ce que je considère comme mon style mais c'est quand même mieux que tout à l'heure.
Tu te souviens de notre conversation avec les copines du collège sur la tenue idéale que nous avions trouvé pour être au top : Slim et veste de blazer beige, T-shirt serré et ballerine bleu ?
Eh bien, ce n'est pas du tout ça.
Là, c'est pantalon de dockers, certes beige et à ma taille mais pas du tout sexy. Le haut, lui, l'est un peu trop. Il est à fine bretelle et un rien trop petit, ma poitrine plus généreuse que celle de tata Aurore est plus que visible. En plus, il est de couleur rouge, on ne risque pas de me rater. Mais comme on dit, contre mauvaise fortune, bon cœur. N'ayant rien d'autre à me mettre, je fais avec. Même si ce n'est pas du tout dans la panoplie de l'amoureuse transi et romantique, j'attache mon holster sur ma cuisse droite, y range mon revolver, après avoir vérifié son bon fonctionnement et glissé un chargeur dans ma poche arrière. Je file, ensuite, vérifier sur internet la faisabilité de mon idée. Jacques est dans la salle à travailler, j'en profite pour le prévenir de mon départ. Pour éviter tout discussion qui me retarderait, je le rassure en lui disant que j’emmène une arme et le boîtier qui a permis aux tantes de revenir presque instantanément ici.
Je vais voir ensuite Albert qui lui aussi s'est déjà installé dans sa pièce, il trie ses papiers, j'entre. Je lui demande d’utiliser sa machine pour nous emmener, Cécile et moi, sur la Terre où nous avons effectué le sauvetage. Je suis sûre qu'aucun ajustement ne sera à craindre. Je lui tends un papier avec les coordonnées où je veux qu’il nous envoie. Il hoche la tête et un sourire se forme sur ses lèvres quand il comprend où nous allons.
Je repars aussitôt chercher l'élue de mon cœur.
Je pénètre dans la pièce en même temps qu'elle. Elle aussi s'est changée. Mais elle, elle est magnifique dans son jean serré bleu et son petit haut moulant blanc. Où l'a-t-elle trouvé ? Faudra que je lui demande tout à l'heure. Si mes yeux sont remplis d'étoiles en la regardant, les siens sont insondables tant ils ont foncé en m'apercevant. Mais le froncement de ses sourcils, après quelques secondes me semble plutôt moqueur.
Elle s'avance vers moi avec le même sourire qu'a papa quand il va se moquer gentiment. A quelques centimètres de moi, pour que je sois la seule à entendre, elle me demande si je suis la Lara Croft noire.
Étonnée et un peu gênée, je réagis en la traitant d'idiote. Je lui explique que l'arme est pour la tranquillité d'esprit de mes frères. Au moment où je lui prends la main pour aller dans le bureau d'Albert, elle murmure alors à mon oreille qu'elle me parlait du côté sexy de l'héroïne. Elle continue en précisant, qu'elle apprécie beaucoup ma nouvelle tenue et que l'héroïne originale a du souci à se faire.
Je suis toute chose en entendant cela.
Par contre, je ne réplique pas, trop sidérée par ses propos et ma réaction.
Nous arrivons très vite chez le scientifique sans avoir parlé. Heureusement, sinon j'aurais bafouillé. Les paroles de Cécile résonnent encore dans ma tête lorsque nous franchissons les portes de la salle qui sert de laboratoire.
Jacques m'y attend et me tend le boîtier qu'il a arrangé pour qu'il puisse s'accrocher comme un deuxième holster pour la cuisse gauche. Je l'en remercie et le fixe immédiatement. Ma superbe rousse ne peut s'empêcher de commenter d'un « Ah, c'est mieux, parce qu'il me semblait bien que Lara Croft avait un pistolet de chaque côté. » Mon frère et moi nous en sourions.

Jacques:-" Grande sœur, avant d'épouser ta dulcinée, il faudra absolument que tu fasses une recherche généalogique sérieuse pour être sûr que Cécile n’est pas de notre famille. Elle a vraiment le même humour que papa et papy. »

Je préfère ne rien répondre pour éviter de perdre du temps, ma surprise ne nous attendra pas.
Je peux te dire, maintenant que je la connais, que la plaisanterie était faite pour détendre l'atmosphère. Elle a bien vu par mon mutisme depuis sa précédente remarque que je n'étais pas à l’aise avec de tels compliments.
Une fois parfaitement prête, les deux hommes salués, je prends sa main et lui demande d'un sourire, de venir avec moi.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 2:17

V





Nous arrivons dans le noir.
Si le temps sur Paris en ce mois de juillet est plutôt estival voir légèrement étouffant, ici la brise marine associée à l'hiver austral nous fait frissonner. Je sens la main de Cécile trembler dans la mienne. Je rêve de la prendre dans mes bras pour la réchauffer mais ma timidité me tétanise.

Je finis juste de me fustiger d'être incapable de passer outre mon blocage alors que je peux sauver une parfaite inconnue en fonçant dans la gueule du loup, quand Cécile intervient.

Cécile :-" Tu sais Caro, tes frères plaisantaient quand ils ont dit que j'étais un écureuil. Je suis une femme et n'ai pas de fourrure pour lutter contre le froid."

Cela me donne immédiatement le coup de pied aux fesses nécessaire. Je me retourne vers elle et l'enlace. Ce premier contact avec quelqu’un qui n’est pas de ma famille et surtout pour qui j’éprouve des sentiments si forts est hallucinant. En plus, son parfum m'envahit et me retourne complètement le cerveau. Je crois que je pars très loin. Encore une fois c'est ma belle rousse qui me ramène dans la réalité.

Cécile :-" Je ne voudrais être nulle part ailleurs qu'entre tes bras mais si tu as prévu un trek dans le grand nord canadien pour que nous parlions ensemble tranquillement, il faut que tu saches que je ne suis pas comme toi une guerrière amazone sans peur et dangereuse même à main nue. J'ai eu un mal fou pour vous rattraper tout à l'heure, tu l'as bien vu. Alors courir en te racontant tout ce que j'ai à te dire en même temps m'est impossible."

Je reste silencieuse car totalement touchée par la première partie et incapable de savoir si j'aime qu'elle me considère comme une guerrière.

Cécile, inquiète :-" Caroline, je suis désolée si je t'ai vexée. Ce n'était pas du tout mon intention. Ma seule excuse c'est que dans le noir, dans un lieu inconnu, je ne suis absolument pas à l’aise et dans ce cas je parle plus vite que je pense."

Et là, j'entends dans ma tête mon père me dire que si je reste muette personne ne peut savoir ce que je pense.
Je comprends que si je veux une vraie relation avec Cécile, il faut que j'arrive à lui parler de ce que je ressens.

Moi :-" Cécile, j'ai énormément apprécié que tu sois bien dans mes bras. D'ailleurs, j'adore t'avoir dans les miens. Mais cela me gêne que tu me vois comme une guerrière."

Cécile :-" Je suis désolée. J'ai dit cela pour te faire un compliment. Tu m’as tant impressionnée quand tu as été chercher Angélique, seule, tout à l'heure."

Moi :-" Mais c'était une bêtise. Jamais je n'aurais dû y aller seule."

Cécile :-" C'est pour ça que tes frères criaient quand tu es revenue ?"

Moi :-" Oui."

Cécile, d’une toute petite voix :-" Dis, tu peux me dire où on est ? L'inconnu, ce n'est pas trop ma tasse de thé ?"


Moi :-" Nous sommes sur la plage d’Ovahe sur l'île de Pâques, dans le pacifique sud. C'est l'hiver austral ici. Je suis désolée, dans la précipitation j'avais oublié ce détail. C'est pour ça qu'il fait un peu frais. Mon idée en venant ici, c'est d'admirer avec toi le lever de soleil, de parler et peut-être de nous balader pour voir les statues. J'espère que cela te convient ?"


Cécile, après un temps que je trouve incroyablement long mais qui lui est sûrement nécessaire pour digérer l’information, comprend que j’attends avec angoisse sa réaction et me réponds :-« Désolée pour cet instant de silence mais je n’ai pas l’habitude d’être surprise. Je trouve ton idée parfaite et superbement romantique, merci. »

Moi :-« Si nous allions nous asseoir sur la dune ? J’aimerais te parler avant que l’aurore ne m’enlève la réconfortante protection de la nuit. »

Cécile :-« Ok, moi aussi je veux te parler mais je te laisserais commencer, tu es armée. Tu as une lampe torche pour y aller ?"

Après lui avoir gentiment tapé l’épaule je lui dis :-" Tu es bête. Non, je n'ai pas de lampe mais on voit suffisamment pour se diriger vers la dune qui se trouve à droite ?"

Cécile :-" Donc en plus de toutes tes autres qualités, tu es nyctalope !"

C'est sûrement une des modifications dû au voyage.

Moi :-" Oui et je suis désolée d'oublier que les autres peuvent ne pas l'être. Je vais te guider."

Je lui prends alors la main. Je m'aperçois, maintenant que je ne me hâte plus, de la douceur et de la petitesse de celle-ci. Je goûte au plaisir d’avoir ces délicats doigts au contact des miens.


Il nous faut un peu de temps pour parcourir les 50 mètres mais nous y arrivons sans encombre. Mon cerveau tourne à plein régime pendant cette marche. Je me rends compte que je vais me confier à une inconnue. Pas par obligation mais parce que j'ai envie qu'elle connaisse ma vie.
Cela doit t'étonner autant que moi, seul Pierre est notre confident, normalement.
Pour moi, c'est une preuve supplémentaire de mes sentiments à son égard. Je n’en ai pas besoin, ne doutant pas, mais dans quelques instants je vais parler alors toutes les motivations sont bonnes à prendre. Me connaissant, cela ne va pas être facile.
Je nous hâte donc pour qu’au moins la nuit cache mon malaise.
Arrivées sur la dune, qui j'espère nous permettra d'avoir une belle vue sur le levé de soleil, je lui dis que nous pouvons nous poser là. Je m'asseois et l'installe contre moi, entre mes jambes, adossée à mon buste. Je l'enlace pour la réchauffer et surtout profiter de son contact.
Je lui murmure alors à l'oreille :-"Cécile, avant de parler de nous deux, je tiens à être honnête avec toi."

Cécile :-" Tu as toute mon attention, Caroline"

Moi :-" Je suis un paradoxe."

Cécile :-" Ça tombe bien, je n'aime pas les choses simples. Cela m’ennuie rapidement."

Moi, amusée de cette réponse, je continue :-" Ce matin, j'avais 13 ans, je jouais avec mes frères en attendant de partir en vacances avec mes parents. Ce que je veux dire, c’est que je viens d'une Terre située sur une autre dimension où je ne suis qu'une collégienne attendant d'entrée en quatrième et n'ayant aucune expérience amoureuse ou de la vie."

Cécile étonnée, mais sûre d’elle :-" Tu sais, je suis prête à attendre 5 ans, tu es mon âme sœur."

Je peux te jurer que là je n'ai eu qu'un envie c'est de l'embrasser mais d'abord oser cela ce n’est pas nous et ensuite il me fallait tout de suite la rassurer.

Moi :-" Ce que tu viens de dire me touche infiniment, Cécile, mais si tu me laissais finir de tout te raconter, tu ne paniquerais pas inutilement.
Comme je te l’ai dit, ce matin encore, je n'étais qu'une collégienne super timide. Je pourrais être brillante mais pour être intégrée je n’ai que des notes moyennes. J’étais et je le suis toujours, enfin je crois, fan de Justin Bieber. Je jouais de la guitare et faisais du hip hop.
Et tout changea quand mes tantes d'ici ont débarqué, vers 10 heures, je pense. Elles sont venues nous demander de l'aide pour vous délivrer. L'inconscience de notre jeunesse nous a fait accepter et nous voilà sur votre Terre. Mon arrière-grand-mère et le scientifique que vous avez libéré avaient prévu que lors de ce voyage inter-dimensionnel nous rattraperions les dix ans de différence entre nos deux plans en nous donnant l'expression optimale de nos caractères génétiques.
Et ils ont eu raison.
Nous sommes le mieux qu'il est possible d'être avec nos gènes. C'est pour ça que je n'avais pas conscience de voir dans la nuit tout à l'heure et que je t'ai sorti l'excuse de l'oubli.
Mais ce que personne n'avait prévu, c'est que pour supporter ce changement nos subconscients nous ont fait vivre des milliers d'aventures sur plusieurs siècles. Toutes tirées de ce que nous avons emmagasiné comme récits, films ou faits divers sans le savoir au cours de nos quatre vies.
Cela nous a rendus totalement solidaires les uns des autres, mais aussi, nous a donné des compétences et un entrainement inégalés, sur la durée et sur la diversité.
Donc tu peux être rassurée, tu n’auras pas à attendre ou à craindre d’être accusée de détournement de mineure si nous sommes ensemble.
Ce soir, ou plutôt ce matin, j'ai le corps d'une femme de 23 ans, plus d'expérience que tous les héros d'aventures réunis et sûrement plus de capacités que beaucoup d'entre eux. Mais, il faut que tu comprennes que je suis toujours la gamine timide de 13 ans, totalement novice en ce qui concerne l'amour et les relations aux autres.
D’autre part, avant de parler de mes sentiments pour toi, je tiens à te dire qu'il faudra que je retourne vivre auprès de mes parents. Je ne veux pas les faire souffrir par ma disparition, même si je suis sûre que moi cela m'anéantira de te laisser ici.
Si nous arrivons, avec mes frères, à ce que nous voulons cette nuit. Nous pourrons rester avec vous quelques mois. Sinon, je partirais, avec mes frangins, demain soir pour ne pas faire paniquer plus de deux jours, papa et maman.
Voilà, je tenais à ce que tu saches tout de moi avant qu'il y ait un nous deux, que j'appelle de tout mon cœur. "

Il fait jour quand je finis. Elle s'est retournée pour me faire face. Je peux enfin voir le visage de ma belle, ma vie étant racontée, son regard ne risque plus de m'intimider. En plus, je veux savoir comment elle réagit. Même dans l'aurore, sa beauté me saisit. J'en oublie tout, surtout qu'elle me sourit et me serre les mains qu'elle a saisies.

Cécile :-" Je comprends très bien que tu doives retourner auprès de tes parents. Ce que tu viens de me dire sur tout ce qui t'es arrivée ne change absolument pas mes sentiments pour toi. »

Moi :-" Merci."

Elle se réinstalle dans mes bras et pose sa tête sur mon épaule. Jamais avant elle, je n'aurai supporté une telle proximité et là, cela me comble de bonheur. Cette pensée à peine formulée, son parfum m'envahit encore une fois et m'enivre. Il me faut plusieurs secondes pour reprendre pied. Aucune parole n'est prononcée, nous n'en éprouvons pas le besoin, je pense. En plus, en tout cas pour moi, cela me semble déplacée voir vulgaire de troubler la beauté de cette instant de grâce avec des paroles, aussi spirituelles soient elles.
L'imminence du levé est certaine maintenant. L'illusion d'être dans un arc-en-ciel est complète. Quand la nuit disparaît, l'ambiance est indigo, la lumière augmente, tout devient bleu, puis vert et enfin jaune annonçant la venue du soleil. Je m'inquiète quand je vois sur l'horizon des nuages, véritable moutons en troupeau, occupés la scène du spectacle stellaire que nous sommes venues admirer. Mes craintes s'évanouissent quand je comprends qu'ils permettent, au contraire, de prolonger la représentation en filtrant les rayons du soleil. Ils nous offrent, en plus, de magnifiques ombres chinoises auréolées d'or.
Je suis ravie de partager cet instant avec Cécile. Cela compense le peu de romantisme de notre coup de foudre, au milieu d’un gymnase, moi couvert du sang d’Angélique.

Quand le soleil a dépassé les nuages, il n'est plus possible de le regarder. Cécile, alors, se tourne vers moi. Quelle est belle dans le soleil levant ! Sa chevelure écarlate est embrasée par les purs rayons lumineux. Ses deux émeraudes me transpercent par les étincelles qui irradient d’eux. Je crois qu’elle est aussi émue que moi. Mais elle, elle ose parler.

Cécile :-" Quand pour la première fois je t'ai vu,
J'ai compris que tu seras ma vie
Tu as envahi mon cœur et mon esprit
Ta rencontre a balayé toute mes idées
Mon existence d'avant est devenue sans fondement
Tout maintenant, à tes côtés, à une saveur décuplée
Mais si, d'une après-midi, nous disposons
Pour être ensemble, je m'en contente
C'est peu mais si je ne t'avais rencontrée
Je ne saurais, ce qu'être entière signifie
Les deux parties de mon âme sont enfin réunies
Adieu vide perpétuel, manque insupportable de ma moitié
Bonjour plénitude suprême, de connaître le bonheur d'aimer.

Caroline je t'aime de tout mon cœur, je t'aime de ton mon être, je t'aime de toute mon âme.
Tu es ce qui me permet de dire je suis."

Après cette déclaration je verse une larme, submergée par la joie d’être aimée par celle qui a ravi mon cœur. Je suis soulagée de cette réciprocité. Bien sûr, elle me l’avait déjà plus que suggéré mais là, elle l’a affirmé de façon si poétique que je ne veux plus douter.

Moi :-« Cécile je n’ai pas ta dextérité à manier le verbe, parler n’est pas dans ma nature. Je le fais, maintenant, pour te remercier de cette déclaration magnifique qui a submergé mon cœur de bonheur. Je ne veux pas que le silence, qui devrait normalement accompagner la plus grande émotion de ma vie, soit interprété comme un rejet. Je ressens exactement la même chose que toi, mon être a perdu depuis notre première rencontre le confort de la routine pour gagner l’euphorie de l’amour. Cécile, je t’aime. Tu es la première à faire battre mon cœur. Je ne serais plus jamais la même et j’en suis comblée. Tu as raison, profitons de ce moment pour remplir notre vie du bonheur d’être avec notre âme sœur. »

A peine ai-je prononcé mon dernier mot, que la superbe rousse m’embrasse passionnément. Ce premier baiser est juste divin. C’est Cécile qui le stoppe, visiblement pour reprendre le contrôle sur elle-même. Ses mains légères au début, se sont faites plus entreprenantes juste avant qu’elle ne rompre le merveilleux contact de nos lèvres.

Comme un diable qui sort de sa boîte, elle se met sur ses pieds, me tend la main pour m'aider à me lever.

Cécile :-« Tout d'abord, je suis désolée d'avoir fait ma déclaration d'amour avant de m'être racontée. Je n'ai pu résister à l'émotion qui m'a envahie, après ce magnifique levé de soleil. Tu sais, je voulais vraiment que tu puisses choisir en ayant tous les éléments. Là, j'ai l'impression de t'avoir forcé la main."

Moi :-" Je t'ai aimée dès que je t'ai vue. Ta déclaration m'a rassurée sur tes sentiments pas influencée."

Elle me reprend dans ses bras mais s'éloigne trop vite.

Cécile :-" Merci Caroline. Par contre, nous ne pouvons rester enlacées. Tu m’affoles complètement. Jamais avant, je n’ai perdu le contrôle. Goûter chaque parcelle de ton corps m’obsède mais je veux que tu sois prête. En attendant, nous pourrions nous balader sur la plage pendant que je t'éclaire sur ma vie. »

Sa franchise m’étonne et me plaît.

Moi :-« Merci de te préoccuper ainsi de moi. »

Je peux te dire que là, je suis pleinement rassurée sur elle. Elle ne profite pas de la situation et veux me faire rentrer dans sa vie en me la racontant. Si nous n’étions pas debouts et si je n’étais pas excessivement curieuse, je crois que je me serais assuré que sa faim soit satisfaite même si j’avais un peu peur de passer pour une nouille par mon inexpérience.

Main dans la main, nous déambulons quelques mètres sans parler. J'essaie de la regarder discrètement. Bien évidemment, je suis tout de suite repérée mais j'ai le temps de voir ses sourcils froncés. Elle réfléchit, sûrement à ce qu'elle veut me dire.

Cécile :-" Tout d’abord merci, Caroline, pour ce merveilleux spectacle. Je n'avais jamais vu la mer et avec toi, ma première fois est de toute beauté. Cela va sûrement te sembler étrange mais je ne suis jamais partie pour mes vacances."

Étonnée de cette révélation mais ne voulant pas couper son élan, je me contente de lui serrer sa main pour l'encourager et lui dire que je l'écoute.

Cécile :-" J'apprécie infiniment que tu me laisses parler sans m'interrompre. Toi, tu avais besoin de l'obscurité pour cacher ta timidité. Moi, comme tu t’en es surement aperçue, je n'ai pas ce genre de soucis. Mon problème, c'est plutôt la concentration.
Je dois t'avouer, que c'est pour ne pas pouvoir te regarder que nous marchons. Ainsi je peux te raconter ma vie sans me perdre dans la contemplation de ton visage ou l'envie de me noyer dans tes yeux. Si ta douce voix résonne, je suis certaine, que comme Ulysse confronté au chant des sirènes, je ne pourrais résister. Je me tournerais alors vers toi, ce qui, j'en suis sûre, me fera perdre définitivement le fil de mes pensées. Je répondrais à toutes tes questions une fois mon récit achevé.

Je te disais que j'ai toujours passé mes vacances à Paris. Mais, cela ne veut absolument pas dire que j'en ai souffert, bien au contraire. Je suis fille unique, mes parents faisaient le ménage dans les bureaux, nous ne pouvions partir par manque de moyens. Par contre, les onze premières années ayant deux mois de vacances, ils ont pris leurs congés en décalé. Ainsi, ils sont restés avec moi à me proposer tout un tas d'activités. Avec ma mère, quand j'étais petite, nous faisions des piques-niques dans les jardins publics, nous nous amusions à jouer les grandes dames qui prennent le thé dans le parc de leur château. Les années passant, ces jeux furent remplacés par la visite de tous les musées de la capitale. Je me souviens encore que le Louvre pris tout le mois. Elle m'expliquait chaque œuvre que nous regardions ensemble. Ma marraine me raconta plus tard que ce mois de vacances était préparé par mes parents toute l'année précédente. Maman lisaient tous les livres traitant du musée et des œuvres s'y trouvant qu'il y avait dans la bibliothèque. Pour mon père, la préparation lui demandait aussi de parcourir Paris. Au début, il m'emmenait, comme toutes les petites filles, faire du toboggan, de la balançoire ou à la piscine. Puis, dès mes trois ans, tout comme ma mère, il comprit qu'il me fallait surtout alimenter mon cerveau plus que de me faire courir. Il entreprit donc, chaque année, de me faire faire des jeux de piste dans toute la ville. J'avais des énigmes à résoudre qui m'amenaient de rue en rue, d’enseigne amusante en boutique étrange. Nous terminions toujours dans un Mc Do pour mon plus grand plaisir, mon père n'était pas de mon avis, comme tu l'imagines. Ensuite et jusqu’à l’année dernière, nous avons passé le mois de vacances ensemble, là, mes parents s’étaient alliés pour associer énigmes, tableaux et monuments à la chasse au trésor. Le restaurant final était une petite pizzéria. Ce qui est quand même meilleur que le fast food. "

Elle reste quelques secondes immobile comme cherchant le courage pour continuer. Muette, comme d'habitude, mais incapable de la voir ainsi sans réagir, je me tourne vers elle. Je lui prends le menton et la fixe dans les yeux pendant plusieurs secondes pour lui faire passer tout l'amour que je ressens. Ensuite, c’est avec un immense sourire aux lèvres que je lui dépose un bisou sonore sur le bout du nez. Puis, je nous remets en marche le long de la plage.
Rassurée, elle reprend son récit.

Cécile :-" Tu te demandes sûrement qu'elle genre d'enfant j'étais pour préférer réfléchir à jouer. Toutes les fois où mes parents ne pouvaient être là, pour m’éviter d’être seule, bébé où adolescente, c'est ma marraine, employée à la bibliothèque Sainte Geneviève qui me gardait à son travail. Les dernières années au vu de mes activités c’était un peu étrange, mais cela ne me dérangeait pas.
Vers deux ans, j’avais déjà la langue bien pendue. Un jour, lasse de colorier mes cahiers à dessin, je vins lui demander ce qu'elle faisait.
Elle lisait.
Je lui dis que moi aussi je voulais faire cela parce que ça avait l'air super. Au lieu de me dire que j'étais trop jeune, j'ai eu la chance qu'elle aille chercher un livre plus adapté à mon âge et commence à m'apprendre. Je crois que la semaine suivante je savais lire.
Bien sûr, je ne comprenais pas souvent ce que voulait dire les mots mais je déchiffrais parfaitement.
C’est d'ailleurs à cette période, que marraine m'offrit mon premier dictionnaire pour que j'arrête de toujours lui demander la signification de ce que je lisais.
Ensuite tout s'enchaîna. J'appris à écrire, ce qui fût plus difficile car malhabile de mes doigts à cette âge. Compter fut aussi simple que la lecture.
À mes trois ans, mes parents décidèrent de quand même me mettre en première année de maternelle. Ils voulaient m'apprendre la vie en société. Je n'avais toujours été qu'avec trois adultes. J’étais impatiente de rencontrer d'autres enfants et d'apprendre de nouvelles choses.
Comme tu t'en doutes, j'ai vite déchanté. Mes camarades avaient un comportement incompréhensible pour moi et je savais déjà tout ce que l'enseignant voulait m'apprendre.
Mes parents m'expliquèrent alors que mon travail était justement de comprendre mes camarades, en contrepartie, je passais tous les après-midis à la bibliothèque à dévorer les histoires de princesses, normale à trois ans, au départ fictive puis les historiques.
Quand, en septembre de l'année suivante, j'appris que je devais normalement rester toute la journée à l’école et donc ne plus pouvoir lire, je fondis en larme. Pourquoi me punissait-on en m'empêchant de faire ce que j'aimais ? Je n'avais rien fait de mal ! Mes parents, désemparés, prirent rendez-vous avec la directrice de l'école maternelle.
Elle comprit tout de suite que j’étais surdouée.

Le général a toujours eu une conception élitiste de la vie. L'éducation ne fait pas exception. Il a donc créé, dès son élection, des écoles pour surdoués. Dans la patrie de Jules Ferry, pour éviter des remous aussi bien dans la population, que dans le corps enseignant, il n'a pas ébruité la chose. Ainsi, pour la façade, l'éducation reste égalitaire et permettre la mixité sociale. Seuls les directeurs d'établissements ont été alertés. J’intégrais donc à quatre ans, l'école de surdoués de Paris.

Tu te demandes sûrement pourquoi, j'ai eu ce moment d'inquiétude tout à l'heure ?

Je tiens, tout d'abord, à te dire que ton bisou et ton sourire m'ont touchée au-delà de ce que tu peux m'imaginer. Tu m’as fait un bien fou avec ton geste de pure tendresse et de confiance. Il m’a donné le courage pour te parler.
Il faut que tu saches que les surdoués ont une sensibilité à fleur de peau. La plus petite contrariété ou le quart de la moitié du commencement d'un hypothétique rejet est vécu comme la fin du monde. Bien sûr, la vie m'a obligée à apprendre à gérer. Mais avec toi, je me retrouve comme la petite fille de quatre ans que j'étais et qui était parfaitement désarmée face aux moqueries de ses camarades. Tu es devenue si essentielle à ma vie, en quelques heures seulement, que j’ai eu peur que mon don te fasse fuir. »

Je ne peux la laisser dire cela sans intervenir.

Moi :-« Comment pourrais-je te rejeter pour tes capacités, je t’aime Cécile ? Ton intelligence fait entièrement partie de toi, comme ma peau noire pour moi, je t'accepte donc dans ta globalité.
Bien sûr, il va falloir que je me fasse à l’idée que tu ais le même humour que papa mais j’ai déjà 11 ans d’expérience pour ça. »

Amusée de ma répartie, elle m’enlace et me remercie.

Je regarde ma montre, je suis rassurée, il nous reste encore du temps. Nous continuons notre balade.

Cécile :-« Comme mes parents étaient pauvres, c’est l’état qui finança ma scolarité. Je devais le rembourser en travaillant pour lui quand je serais adulte. On m’enseigna, alors, des matières qui pourraient lui être utiles : économie, mathématiques, physique, chimie, biologie, agronomie, langues étrangères, ingénierie, informatique, etc, etc. Adieu la littérature, l’histoire, l’art et autre matière que j'aimais tant. Heureusement que je pouvais encore m’en régaler à la bibliothèque.
En 2012, l’opinion publique commençait à beaucoup contester le général et la dureté de son régime. Ses communicants ont eu l’idée de détourner l’attention. Pour cela, ils ont pensé présenter le ou la plus jeune bachelier ou bachelière de tous les temps. Ensuite, ils n'avaient plus qu'à organiser une rencontre médiatisée avec le président, après le discours du 14 juillet pour montrer sa proximité avec le peuple.
Dans un souci de simplicité, ils vinrent dans mon école pour faire le casting de l’heureux élu. Ils firent passer à tous les élèves de moins de onze ans, un examen surprise tiré des sujets pressentis pour les trois bacs généraux.
Ils pensaient que ce serait une formalité pour nous. Ils n’avaient pas prévu que nous ne suivions pas du tout le programme de l'éducation nationale. Comme je te l'ai dit les élèves comme moi suivent le programme prévu par l’état. Par contre, ceux dont les parents payent, perfectionnent leur talent, le plus souvent au détriment de tout le reste. Mais au final, le résultat est le même, nous étions normalement très éloignés des études menées par les terminales, donc incapable de réussir cet examen.
Ce fut ma chance. Grâce à mes passions, je fut la seule à réussir parfaitement l'ensemble des épreuves. Le sport n'a pas fait partie de l'épreuve."

J'accueille avec le sourire sa petite blague, me gardant bien de l'interrompre.

Cécile :-"Le lendemain, après avoir pris connaissance des résultats, ils me convoquèrent. Me considérant simplement comme une enfant de dix ans, ils ne firent pas attention, ni aux documents qui étaient étalés sur la table, ni à leur parole.
Cela me permit de comprendre leur projet, de m’apercevoir qu’ils n’avaient que moi comme choix possible et de réfléchir à ce que je voulais en échange.
Après deux minutes de discussion avec eux, il a été clair, pour moi, qu'ils avaient pensé simplement disposer de nous, plutôt de moi en l’occurrence. Ils croyaient pouvoir m'utiliser comme d’un pion trop ravie de passer à la télé pour refuser ou faire des problèmes.
Ils se sont trompés.
En plus, ils n’avaient aucunement la possibilité de négocier quoi que ce soit, ce fut évident très vite. Peu patiente, je les amenais, au bout d'un quart d'heure, à décider qu'il fallait me présenter immédiatement au président. C'était la seul personne pouvant m'accorder ce que je voulais. Une fois au palais de l'Elysée, je rencontrais le général.
J’obtins assez facilement ce que je voulais. Je lui avais demandé la possibilité de faire des études de médecine, de pharmacie et de recherche fondamentale, dès septembre. Je pense que j'ai eu gain de cause quand j'ai évoqué mes découvertes futures grâce à mes capacités."

Inconsciemment, je lui en explique la raison.

Moi :-" Il a perdu sa femme d'une grave maladie et cela l'a anéanti."

Cécile :-" Je comprends mieux qu'il ait si facilement accepté.
En tout cas ce fut une aubaine. Ainsi, dès septembre et jusqu’à ma majorité, j’ai à la fois étudié et fait de la recherche, aussi bien fondamentale que pratique, dans le domaine de la santé. Après une trentaine de doctorats passés, presque autant de nouvelles techniques chirurgicales et médicales inventées et quelques dizaines de médicaments découverts, j’ai exercé pendant deux ans à l’hôpital.
J’avais si bien négocié la vente à l’industrie pharmaceutique de mes deux premières molécules trouvées que j’ai pu rembourser les dix ans de scolarité à l’état et ainsi être libre de tout engagement à quatorze ans.
A partir de ce moment, cela a été encore plus amusant. Tout ce que je faisais n’était que pour moi.
L’année suivant, mes brevets ont permis à mes parents d’arrêter les ménages dans les bureaux, d’acheter un appartement plus grand et de créer une association s’occupant des enfants parisiens ne partant pas en vacances. Depuis, ils leur proposent des chasses au trésor dérivées de celles qu’ils ont fait avec moi, avec un partenariat avec les facs d’histoire et d’histoire de l’art. Des étudiants viennent expliquer des œuvres ou raconter la construction de monuments.

Le lendemain de mon anniversaire de mes vingt ans, je stoppais tout ça. »

D’un coup elle arrête de marcher et de parler puis se tourne vers moi. Très sérieuse, elle me regarde droit dans les yeux et reprend la parole.

Cécile :-« Je pense que cette partie de ma vie ne va pas te plaire mais comme toi, je veux que tu connaisses tout de moi avant de commencer. Aucune culpabilité ou mensonge ne doit gâcher le peu de temps que nous passerons ensemble. »

Inquiète par ses propos mais incapable de ne pas la rassurer, je l’enlace et lui murmure à l’oreille que je lui fais confiance. Surtout qu’il serait mal venu de ma part de prendre ombrage de ce qu’elle a fait avant de me rencontrer.

Cécile :-« Pendant le week-end, je venais de fêter mon anniversaire avec mes parents et ma marraine. Ce fut agréable, ma mère fit un repas succulent et nous avons beaucoup ri et discuté littérature, peinture ou des répliques des petits lors de leurs chasses aux trésors.
Le lundi matin, en arrivant dans mon service, les externes et quelques internes avaient des têtes de zombie. Je m'en inquiète auprès de l'un d'entre eux qui m'explique qu'ils avaient fait la fête tout le weekend pour les vingt ans de l'un d'entre eux. D'un air entendu, le sourire en coin, il conclut avec un " vous savez ce que c'est ». J’acquiesce pour ne pas paraître cruche et m’éloigne. Mais je ne savais pas. Bien sûr j'avais une bonne idée mais en théorie seulement. Là, je m’aperçus que si je ne voulais pas me réveiller dans quelques années aigrie de n'avoir pas eu de jeunesse comme tous les autres, il me fallait agir maintenant.
Note bien, que cela ne m'avait jamais manqué. J'étais parfaitement heureuse de la vie que je menais. Je ne l'ai fait que pour ne rien regretter. C'est pour cela que j'ai décidé d'aller pendant trois ans à la fac. Je ne voulais pas risquer de m'embêter. J'ai choisi d'approfondir mes connaissances en littérature, histoire et histoire de l'art qui sont mes violons d'Ingres, en plus d'expérimenter les amis, les fêtes, les sorties et tout ce qui va avec.

Je me suis arrangée avec le directeur de mon hôpital pour arrêter ma fonction de chef de service en conservant des consultations, une matinée par semaine pour garder le contact avec les patients. Trop heureux de toujours pouvoir dire que j’exerce dans son établissement et pour que j’y revienne quand ma crise d’adolescence serait finie, il s’est même arrangé pour continuer à me verser mon salaire de professeur en médecine. Avec mes brevets, je n’en avais pas besoin pour vivre mais je ne me voyais pas le snober en refusant. Surtout que je voulais retrouver ma place après cette parenthèse. D’ailleurs, je reprends, normalement, mon poste en septembre. Je me demande comment cela va être, après ces trois années de presque vacances, d’avoir un vrai rythme de travail. D’autant plus que je veux alterner l’hôpital et l’enseignement. Maintenant que je suis allée à la fac, je pense qu’il y a des choses à améliorer pour optimiser les études.

Ayant sympathisé avec le doyen de La Sorbonne quand je l'ai soigné dans mon service, je lui ai demandé de pouvoir m'inscrire dans les trois disciplines en même temps. Je ne voulais pas risquer de m'embêter. J'ai pu aussi accéder à tous les cours et études dirigées jusqu'au doctorat. Ainsi, j'ai eu une scolarité à mon rythme et pas à celui de l'université.
Par contre, je me suis astreinte, à suivre, le premier mois, les cours de première année. Je voulais connaître mes condisciples et entrer en relation avec eux.
Je suis arrivée à la fac, la bouche en cœur, naïve et ne connaissant la vie que par mes livres, mes cours et mes patients.
Ma jeunesse et mon intelligence m’ont toujours isolée ou protégée des autres. Je les impressionnais par mes capacités, mon niveau hiérarchique ou ils m’ignoraient parce que je n'étais qu’une gamine.
Je n’avais donc pas du tout l’habitude de me méfier.
J’ai du apprendre très rapidement à vivre en société mais cette fois-ci dans la douleur. J'ai été manipulée, utilisée et bien d’autres choses encore. Mais jamais plus, cela ne s'est reproduit.
C'est à partir de cette époque que j'ai compris qu’il fallait arrêter de me comporter avec les autres comme avec mes parents. Je me suis mise à considérer la vie comme un laboratoire de sciences. Depuis j'analyse, j'interprète et je recoupe les informations avant d'agir."

Elle fait une pause. Je l'a sens perturbée et sur le point de me révéler quelque chose de grave. Je lui sers la main et la lui embrasse. Elle me sourit et recommence à parler.

Cécile :-" l'événement déclencheur de ma méfiance systématique des autres est ma première soirée étudiante. Ou plutôt le faite que le lendemain de celle-ci, ce soit l’agent d’entretien de la boîte de nuit qui m'a réveillée. J’étais dans les toilettes des garçons, nue et les cuisses couvertes du sang de mon hymen déchiré. J’ai emprunté une des blouses de cette dame. Je me suis, ensuite, précipitée chez Liliane, l’infirmière chef de Bichât. Celle dont j'ai parlé à tes frères.
Mes analyses ont montré la présence de GHB, la drogue du violeur. Heureusement aucune infection n'a été retrouvée. J'ai tout de même suivi une trithérapie préventive pendant trois mois. Caroline, tu es la deuxième personne à être au courant, je compte sur ta discrétion. Mais tu pleures ! »

Je me contrôle tellement pour ne pas laisser exploser ma colère après avoir appris que ma Cécile avait été violée que je ne me suis pas aperçue que des larmes coulaient sur mes joues. Sinon, je les aurais essuyées pour qu'elle ne les voit pas. Je trouve cela vraiment mal venu. Je devrais être là pour elle et c'est elle qui me prend dans ses bras pour me réconforter.

Cécile :-« Caroline, je ne te mentirais pas en te disant que cet épisode est anodin. Mais j'ai la chance que la drogue que j'ai bue, ait évité que je me souvienne de ce qui m'est arrivée. Je n'ai donc pas de scène de cet horrible événement qui me hante. Les conséquences n'ont été que mon égo blessé et la phobie de la perte de contrôle. Ne crois pas que je joue la grande guerrière. C'est simplement que j'ai mis en place tout un tas de choses pour que ma vie reprenne son cours avec un minimum de séquelles. La première action pour aller mieux, je l'entrepris deux semaines après. Dès mon retour à la fac, je compris que mon violeur s'était vanté de ses exploits dès le lendemain. Il avait même montré des photos à des copains. L'impunité est quasi la norme pour ce genre de délit. Seuls sont condamnés les hommes qui s'en prennent à des femmes de l'aristocratie alors qu'ils sont de basse extraction. Les études supérieures étant devenues un luxe, elles sont uniquement suivies pas l'élite française. Le jeune homme se savait intouchable. C'est ce qui me poussa à agir et me permit, en partie, de faire ma thérapie.
Lors de la soirée suivant, c’est lui qui bue du GHB. Ensuite grâce à l’aide de Liliane et à deux de ses amis infirmiers, le jeune homme a eu le plaisir d’avoir son pénis et ses testicules retirés. Désormais, il doit uriner assis. Son opération a été filmée et je l’ai envoyée sur le portable de tous les garçons de la fac. Cette vidéo était accompagnée d'un message disant que tout nouveau viol serait puni par un traitement similaire. J’ai dû, hélas, intervenir encore deux fois avant que cette pratique cesse définitivement.
Après cet épisode, je me suis repliée sur moi-même et dans les études. J'en venais à penser à retourner à ma vie d'avant quand je compris que ce serait comme de laisser mon agresseur, à nouveau, prendre le dessus sur moi.
J'avais voulu connaître la vraie vie des étudiants, je me devais de réaliser ce projet.
Mon esprit scientifique fit que j'explorais méthodiquement toutes les possibilités et toutes les formes de relations humaines, ainsi que les autres occupations des personnes de mon âge. Mais mon besoin de contrôle m'empêcha de tomber dans une quelconque addiction. J'avais toujours sur moi une véritable pharmacie pour m'en prémunir. Cela me permit, aussi, de garder une santé parfaite.
Je ne vais pas te dire que je n'ai pas pris de plaisir, ce serait te mentir. Par contre et sans aucune tentative de flatterie ou d'amenuiser mes actes, il est certain que jamais je n’ai ressenti un dixième du désir que j’ai en ce moment alors que je t'ai dans mes bras."

Je n'ai que la force de lui serrer la main, pour la rassurer. Bien sûr, je n'ai aucun droit à être jalouse mais mon inexpérience complète en la matière me rend très sensible voir excessivement susceptible. Je suis sûre et certaine que malgré ces paroles rassurantes, je suis incapable de lui procurer un centième de ce qu'elle eu avec ces " expériences". Je me tais pour ne pas dire quelque chose que je regretterais et tente de jouer les égoïstes en me disant qu'ainsi elle sera un grand professeur. Heureusement, elle reprend son histoire et change de sujet.

Cécile :-"Ensuite, il y a six mois, ma marraine a été arrêtée par la police pour incitation à la haine, à cause d'un petit journal contestataire anti-gouvernemental qu'elle publiait et distribuait sous le manteau. J'en ai été dévastée. Je connaissais déjà ton arrière-grand-mère, parce que Madame Detrois est bien la femme qui t'a fait venir chez nous ? »

Moi :-" Comment tu as deviné ?"

Cécile :-" C'est elle qui est venue nous accueillir quand nous sommes arrivés dans votre quartier général. En plus, tu as dit, tout à l'heure, que c'est ton arrière-grand-mère qui vous avez fait venir. J'ai additionné deux et deux et cela a fait quatre.
Donc je suivais ses cours. Angélique, au courant de mon malheur et dans le groupe de résistance depuis sa création, me présenta à elle. Le courant est tout de suite bien passé entre nous. Ainsi, j'ai intégré sa micro organisation. J'ai géré ma tristesse et mon angoisse de ne jamais revoir ma marraine en m'occupant l'esprit de la seule façon que je connaissais depuis mon enfance. J'ai écrit trois thèses de doctorat, une dans chaque filière. Si je n'avais pas agi ainsi, je suis sûre que j'aurais compris plus tôt que le plan d'attaque de tes parents était voué à l'échec."

Moi :-" Tu ne peux réécrire l'histoire. En plus cela a permis que nous nous rencontrions."

Cécile, souriante :-" Tu as raison."

Moi :-" C'est grave ce qu'a Angélique ?"

Cécile :-" Sa vie n'est pas en jeu, tu es intervenue à temps. Mais je ne suis pas sûre qu'elle puisse avoir des enfants. De ma rapide palpation, j'ai trouvé que son vagin est très endommagé."

Moi :-" Tu sais Cécile, avant de venir vous sauver, j'ai consulté vos dossiers scolaires pour repérer les éventuels espions. J'ai cherché les incohérences ou des périodes sans activités. Or, je n'ai pas vu de référence à une école de surdoués, de médecine ou à un bac à onze ans. Comment tu as fait ?"

Cécile :-" Tout d'abord je suis touchée par ta confiance. Tu n'as pas rappelé ce fait quand Paul doutait de moi."

Moi, un peu honteuse :-" Tu m'avais tellement bouleversée que je viens seulement de m'en souvenir."

Elle m'embrasse la main.

Cécile :-" J'aime bien cette idée de te faire perdre tes moyens. En tout cas, la veille de l'intervention, après une dernière répétition brouillonne, je me suis affolée d'un éventuel ratage entraînant notre capture. J'ai eu hélas raison. Pour que ni mes parents, ni ma marraine ne soient inquiétés, j'ai changé mes données universitaires et me suis faite passer pour orpheline. Les ordinateurs sont assez rares, ceux mis à disposition des étudiants sont pris d'assaut. Le doyen quand il a appris que j'avais entrepris la rédaction de trois thèses, m'offrit de venir les taper dans son bureau quand lui n'y était pas. J'avais accepté sa proposition, n'en ayant pas. C'est avec cette machine que j'ai pu faire les modifications."

Moi :-" Pourquoi y es-tu allée si tu pensais que cela allait échouer ?"

Cécile :-" Parce que ce sont des amis. Mais, si j'avais craint d'entraîner ma famille dans la tourmente, je me serais désistée."

Moi :-" Je te comprends. Comment as-tu fait pour ne pas être arrêtée pour ce que tu as fait sur les violeurs ? Il ne doit pas y avoir beaucoup de chirurgien capable de faire une telle intervention et encore moins qui ont une excellente raison de la pratiquer sans le consentement du patient."

Cécile :-" La société est devenue tellement machiste que la perte de leur attribut sexuel est juste la pire chose qui peut arriver à un homme. Les trois n'ont donc rien dit. Je ne pense même pas que leurs famille est au courant."

Moi :-« Tu vas vraiment bien maintenant ? »

Cécile :-« Si ta question est de savoir si je fais des cauchemars sur l'utilisation contre mon gré de mon corps, je peux te répondre que cela m’arrive uniquement dans les périodes de grand stress comme la semaine dernière par exemple. Par contre, le reste du temps, je n’y pense jamais.
Cela te dérange ce que je t’ai raconté ? »

Moi :-« Ton viol évidement me dérange et l’envie de tuer ce mec est encore présente même si ta façon de te venger est génial.
Pour ton génie, je suis bien sûre intimidée. J'ai peur de passer pour une idiote et de t'agacer ou te lasser. Mais je me dis que c'est aussi ma chance car tu es sûrement la seule personne qui va comprendre les explications d'Albert et donc me croire."

Cécile :-" Amour, je te crois déjà."

Moi :-" Pourquoi ?"

Cécile :-" Pour les mêmes raisons qui font que tu n'as pas douté une seconde de la véracité de ce que je t'ai raconté. Or, c'est aussi difficile à croire que ton histoire, je t'aime et la confiance est naturelle. Et honnêtement, comment une femme qui a vécu des milliers d'aventures pourrait me lasser. Il te suffira de m'en raconter une quand tu auras cette impression. En plus, je suis bien élevée. J'ai le respect des personnes âgées. Je ne me permettrai jamais de m'agacer sachant que c'est du à ton grand âge."

Moi :-" Hé je suis née juste trois jours avant toi."

Cécile, un sourire en coin :-" C'est pourtant bien toi qui a vécu des siècles d'aventures, non ?"

Moi, outrée :-" tu vas me traiter de cougar ou pire de momie dans trente secondes."

Et avant qu'elle ne réponde, je la chatouille.

Nous rigolons et roulons sur la plage pendant quelques minutes puis, pour reprendre notre souffle, nous stoppons.
Elle se retrouve sur moi.
Je vois, alors que ses yeux émeraudes sont devenus noirs. Je sens la chaleur de son corps m'envahir.
Ces merveilleuses sensations font disparaître mes dernières réticences.
J'accepte enfin de laisser mon désir s'exprimer, sans aucune culpabilité. Je l'embrasse passionnément. Ensuite, le plus naturellement du monde, totalement sûre et confiante, mais d'une toute petite voix à cause de l'émotion, je lui demande d’être douce avec moi parce que c’est ma première fois.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 15:01

VI






C’est la brise marine qui en venant caresser mon dos nu me fait revenir du royaume de Morphée.

Enfin, si je veux être honnête et laisser les envolées poétiques de côté, je me suis réveillée parce mon portable a sonné. À partir de maintenant, mes frères vont m'attendre.

Le rappel du lieu où je me trouve et les raisons de ma présence ici est très rapide grâce au magnifique corps de ma douce parfaitement lové dans mes bras.
Dans cet instant de quiétude, je mesure la chance d'être avec elle. Je me remémore tout ce qu'elle m'a permis de découvrir au cours de nos ébats torrides.
Je n’ai jamais connu de bonheur plus complet jusqu'à présent.
Après ces doux souvenirs, je me mets à rêver ma vie avec elle.
La terrible réalité me frappe alors, notre relation sera éphémère. D'ailleurs, même si elle devait durer trente ans, cela ne serait jamais assez. Simplement parce que l'idée même d'être sans elle m'est, maintenant, insupportable.

Je reste plusieurs minutes à me morfondre en maudissant le sort. Je me fais l’effet d’être Roméo ou Juliette face à un amour impossible.
Heureusement, un rayon de soleil vient éclairer l’abîme de noirceur dans lequel je suis. Cécile vient de remuer contre moi. Je baisse alors le regard sur elle. Je suis frappée par sa beauté. Une vague d’amour m’envahit chassant ma tristesse.
Je me rappelle les paroles de mon frère et décide de jouïr du temps présent. Il sera toujours temps d’être malheureuse plus tard.

Je me mets à détailler chaque tâche de rousseur de son visage, ses jolies lèvres, son mignon nez. Quand mon regard atteint la naissance de ses seins et que j’en prends conscience, je me fais l’effet d'un horrible voyeur.
Cela me stoppe immédiatement. Je tente alors de penser à autre chose. Notre mission me revient à l'esprit. En plus si nous ne rentrons pas, mes frères vont débarquer en force craignant qu'il me soit arrivée quelque chose.

Tout en lui déposant de doux baisers sur le front, je tente de réveiller ma belle au bois dormant.

Moi :-" Amour, réveilles-toi, il faut que nous rentrions !"

Cécile :-" Pas déjà, j'ai encore sommeil."

Moi, moqueuse :-" Et c'est moi que tu as traité de vielle tout à l'heure."

Cécile :-"J'ai pratiquement pas dormi pendant ma semaine de captivité, moi."

Moi, penaude :-" Désolée, j'avais oublié."

Cécile, se réinstallant confortablement :-" Ce n'est pas grave, si tu me laisses dormir contre toi."

Moi, amusée et charmée :-" Chérie, tu avais raison tout à l'heure, tu n'es pas un écureuil. Tu es une marmotte, la plus jolie des marmottes mais une marmotte tout de même."

Cécile, se blottissant encore plus contre moi :-" Et bah, les marmottes, c'est comme les somnambules, il ne faut pas les réveiller."

Moi :-" Si nous ne sommes pas rentrées dans dix minutes, il est plus que certain que mes trois frères vont débarquer ici lourdement armés. Je serais très contrariée qu'ils nous voient ainsi."

Cécile, boudant :-" C'est pas cool, c'est la première fois que je dors si bien."

Moi, souriante :-" Tant que je ne suis pas rentrée chez mes parents et à partir de demain nous dormirons toujours ensemble."

Cécile, se relevant et commençant à s'habiller :-" Dis donc Caroline, tu sais qu'à force de traîner, tes frères vont s'inquiéter et venir nous chercher. Tu ne voudrais quand même pas qu'ils te voient nue allongée sur la plage avec le sable, témoin incontestable que tu n'as pas simplement dormi."

Moi, m'habillant rapidement mais en bougonnant tout de même :-" Cécile tu ne perds rien pour attendre. Tu as de la chance que le temps nous presse."

Cécile s'arrête de s'habiller et s'avance vers moi d'une démarche lascive et terriblement érotique. Sa poitrine parfaite et dénudée est, à elle seule, une tentation quasi irrésistible. Mais ce n'est rien comparé à ses yeux et à son visage qui exprime un angélisme parfait.
Je sens qu'elle va me faire craquer. Je me retourne voulant continuer à la bouder.
En parfaite stratège, elle sort alors l'arme ultime. Elle m'enlace, m'embrasse dans le cou et me murmure à l'oreille :-"Désolée mon amour."

Moi, tentant de résister :-" Habilles toi, on doit partir maintenant."

Cécile encore plus entreprenante :-" Amour, s'il te plaît, pardonne-moi."

Je sens que ses mains et ses baisers font dangereusement monter ma température interne. Si je n'y mets pas un terme tout de suite, ce ne pas notre nudité que mes frères vont remarquer en premier quand ils vont débarquer, mitraillettes en main. Ils vont avoir sous les yeux la preuve flagrante que leur sœur a succombé à l'appel de ses sens. Ce n'est absolument pas envisageable.


A notre retour, nous sommes accueillies par trois commandos, visières baissées, fusils mitrailleurs en main, un revolver à chaque côté.
L'imminence de leur arrivée frappe alors Cécile. Elle se tourne vers moi et s'excuse d'un petit sourire auquel je réponds d'un hochement de tête.
Je me dirige vers mes frères et les remercie de leur sollicitude.
Ils enlèvent leur casque. C'est alors trois gamins, sourires en coin qui se tiennent maintenant devant nous.

Je sens que je vais avoir le droit à un interrogatoire dans les règles. Pour y échapper je leur dis que je vais me changer pour les accompagner.
Ils me retiennent en éclatant de rire et me félicite de cette tentative pour ne pas avoir à répondre à leurs questions. Tout sourire, ils m'annoncent que cela n'a pas marché. En plus, ma tenue complète m'attend dans le car régie au parking. Ne me voyant pas revenir, ils ont voulu gagner du temps.

Devant leur regard insistant, je leur révèle que nous sommes ensemble avec Cécile.
Après un câlin collectif et des félicitations murmurées à mon oreille, ils se tournent vers ma chérie et lui disent :-" Bienvenue dans la famille Cécile. Nous sommes ravis que tu sois notre nouvelle petite sœur."

Cécile, enthousiaste :-" Merci, le plaisir est réciproque.
Comment cela s’est passé à l'hôpital, vous avez des nouvelles d’Angélique."

Pierre :-" Nous sommes arrivés, comme tu l'as suggéré, par l'entrée des pompiers.
La jeune et belle infirmière, qui nous a accueillis, a tout de suite appelé l'infirmière chef, madame Souïte qui est arrivée à peine cinq minutes après."

Paul moqueur :-" Temps pendant lequel ce monsieur à draguer la jeune femme alors qu'elle faisait les premiers soins, elle en était toute rouge."

Cécile :-" C'est Virginie, elle rougit toujours quand on lui parle tellement elle est timide."

Paul éclate de rire, Pierre, lui par contre, se met à bouder.
Tout en tentant de contrôler son hilarité le stratège nous explique que Pierre s'est justement vanté pendant le trajet du retour d'avoir établi le record mondial de la séduction la plus rapide.

Cécile éclate à son tour de rire et finit de lui briser ses illusions en lui annonçant qu'elle a la même orientation sexuelle que nous. Là c'est tout le monde, sauf Pierre, bien sûr, qui rigolont.
Une fois calmée, Cécile reprend :-" Et Angélique ?"

Pierre :-" Madame Souïte nous a laissés un message pendant que nous faisions les courses pour ce soir et demain. Ton amie va très vite être sur pied, aucune blessure n'est réellement grave. Elles sont excessivement douloureuses mais superficielles. Au moins, elle a eu la chance d'avoir eu un sadique expert dans l'art de la torture."

Cécile :-" Ne lui dis jamais ça, elle risque de mal le prendre."

Pierre :-" Et je la comprendrais."

Paul, se tournant vers moi :-" Caroline, on part dans cinq minutes."

Après avoir serré la main de Cécile, trop timide pour l'embrasser devant mes frères, je fonce me changer.
Ma tenue est, grâce à la chaleur caniculaire dans le bâtiment, sèche. J'arrive harnachée et presque aussi armée qu'un porte-avion mais dans les temps.
Aux mots prononcés par ma douce, je comprends qu'elle finit de raconter aux garçons son curriculum. Je suis sûre qu’ils ont fait des recherches sur elle pendant notre absence. Mais à leurs visages aussi étonnés et impressionnés que moi tout à l'heure, eux aussi ne se sont arrêtés qu'au dossier tronqué de l'université.

Paul, à mon entrée :-" Caro, timide comme tu es, les circonstances actuelles sont les seules où tu peux rencontrer et être avec un tel génie. Je crois qu'il va falloir sérieusement que t'envisages de jouer au loto avec la chance que tu as."

Moi :-" J'en ai parfaitement conscience depuis qu'elle s'est raconté tout à l'heure. Pour utiliser ma chance, je préfère aller au casino, cela sera une excuse pour voir Cécile en robe de soirée."

Jacques étonné :-" Dis donc tu te dévergondes grande sœur !"

Évidement je rougis à sa remarque surtout que Pierre en rajoute.

Pierre, affolé :-" Tu as raison Jacques, elle est possédée par un démon, vite il faut l'exorciser."

Ces deux idiots commencent à danser autour de moi en psalmodiant des paroles sans queue ni tête.

Paul :-" C'est n'importe quoi !"

Je suis soulagée parce qu'ils s'arrêtent immédiatement. Je vais pour remercier mon petit frère quand il reprend.

Paul :-" Ce n'est pas du tout la bonne danse. Là, c'est danse de la pluie que vous faîtes."

Après avoir hoché la tête de désapprobation et simuler ne pouvoir faire autrement il reprend :-" Bon, je vous montre celle qui convient, mais c'est uniquement parce que je suis aussi inquiet que vous pour Caroline."

Maintenant ils sont trois à imiter une danse de sioux, enfin, celle des enfants perdus dans le Peter Pan de Walt Disney.

Je suis atterrée. Cécile, elle, est d'abord étonnée mais cela se change rapidement par de l'amusement. Voyant arriver le moment où elle va intégrer la farandole qui tourne autour de moi, je les stoppe tous les trois en dégainant un de mes revolvers et en l'armant. Ils se figent instantanément.

Moi :-" Comme vous avez chacun un gilet pare-balles, si je vous tire dessus, la seule chose que vous risquez c'est un beau bleu. Cela fera mal mais ce n'est pas dangereux donc je ne vais pas hésiter."

Une fois qu'ils sont immobiles, la mine sévère, je leur donne, à chacun, une claque derrière la tête. L'étonnement passé, ils partent dans un fou rire incontrôlable.

Quand le calme revient, Cécile, montrant sa solidarité à mon égard, vient réclamer un câlin que je suis ravie de lui donner et dit :-" J'aime à croire que nous sommes des âmes sœur qui toujours se retrouveront. En tout cas, je veux profiter de la chance d'être avec toi, tant que je le peux. Et pour la robe de soirée, je suis désolée mais je n'en ai pas."

Moi, lui murmurant à l'oreille :-" Ce sera l'occasion d’intéressants essayages."

Paul :-" Je suis désolé Cécile, mais nous devons t'enlever notre sœur pour au moins deux heures."

Cécile souriante :-" Tu me fais maintenant suffisamment confiance pour me laisser seule. C'est bien ma veine, moi qui comptais utiliser cela pour obliger Caroline à rester avec moi."

Paul, très sérieux :-" Maintenant que tu fais, en quelque sorte, partie de la famille, tu as toute notre confiance."

Cécile, enthousiaste :-" Cool."

Jacques, très sérieux :-" Sauf qu'en contre-partie, toute trahison est devenue impardonnable puisque entrainant la souffrance de notre sœur."

Pierre, aussi sérieux :-" Nulle part tu ne seras en sécurité si cela arrive."

Cécile, toujours aussi joyeuse :-" J'adore votre attachement à Caroline. Cela doit être un peu étouffant pour elle, parfois, mais c'est vraiment chouette."

Moi, en lui montrant mon arme :-" Oh, tu sais Amour, je sais très bien leur faire comprendre quand il vont trop loin."

Jacques, un grand sourire sur les lèvres :-" Amour ?"

Pierre, enchaînant avant que je réponde :-" Tu appelles déjà Cécile ainsi, comme papa appelle maman !"

Paul :-" Il est évident maintenant que vous n'avez pas vraiment visité l'île de Pâque pendant ces deux heures."

Comme tu t'en doutes nous sommes toutes les deux rouges pivoines, ce qui confirme implicitement les propos de mon frère. Pour dissiper notre malaise, je leur rappelle qu'il faut y aller.

Avant de partir, Paul regardant droit dans les yeux ma chérie :-« Au fait, Cécile, tu n’as plus à t’en faire pour ta marraine. Nous allons nous arranger pour la faire libérer dans deux jours, au plus tard. »

Cécile, surprise puis comprenant d’où vient l’indiscrétion :-« Merci, c’est votre arrière-grand-mère qui vous l’a dit. »

Paul :-« Tu te doutes bien que nous nous sommes renseignés sur toi. »

Cécile, amusée :-« Cette libération, c’est pour m’ôter toute raison d’être une espionne du président, une conséquence collatéralle de ton plan ou parce que je suis avec ta sœur ? »

Paul, visiblement agréablement surpris :-« Les trois. »

Cécile :-« Ok. »

Je me doutais que mon frère ne perdrait pas sa paranoïa contre tout ce qui n’est pas nous quatre. Par contre, je suis épatée que Cécile l’ait si bien cerné et ne s’en formalise pas. Moi je serais furieuse d’être injustement accusée.

Je reste à ses côtés et laisse mes frères partir devant.

De nouveau seules, nous pouvons parler librement.

Moi :-« Comment tu as fait pour rester calme quand Paul te dit clairement qu’il te considère comme une espionne ? »

Cécile, amusée :-« Tu sais je suis médecin et psy alors j’ai l’habitude que les personnes s’en prennent à moi pour ce que je représente et pas pour moi. Pour ton frère, je suis une inconnue potentiellement dangereuse. En plus, je suis en couple avec son unique sœur. Il réagit en conséquence.
Heureusement que je ne suis pas un garçon sinon cela aurait été un concours de testostérone à trois contre un. Là, ils sont parfaitement galants. »

Moi, m’animant :-« Jamais je n’aurais pu avoir ton recul. Je me serais mise en colère. »

Cécile, toujours calme et le sourire aux lèvres :-« Jamais je n’aurais pu foncer dans l’inconnu pour sauver Angélique. Chacun son boulot. »

Elle m’embrasse alors passionnément. Le baiser terminé, elle a perdu son visage souriant et insouciant.

Cécile :-" Je sais que pour toi ce n'est qu'une mission parmi milles autres mais pour moi, c'est la vie de ma femme. Elle n'en a qu'une et je ne veux absolument pas la perdre donc fais attention à toi, s'il te plaît."

C'est la première fois que quelqu'un s'inquiète pour moi. Bien sûr, mes frères sont surprotecteurs avec moi et moi avec eux, cela a toujours été ainsi, mais là c'est quelqu'un d'extérieur à notre cercle et que j'aime. Cela me touche infiniment.

Moi :-" Je n'ai jamais eu autant de raison de revenir et Paul est le meilleur stratège existant, donc je serais là pour le dîner."

C'est à ce moment que Pierre revient nous voir en petites foulées. Il a fait volontairement beaucoup de bruit pour être sûr de ne rien interrompre de gênant. Il est là pour annoncer à Cécile qu'elle devra aider ses camarades à marquer d'un prénom des munitions que Jacques et lui leur amèneront très bientôt. Intriguée, elle accepte. Il repart aussitôt.
Je peux, ainsi, la prendre dans mes bras et lui donner un dernier bisou.
Je cours, ensuite, pour retrouver mes frères et Albert.

Quand j'arrive tout le monde est déjà dans le car régie. Aucun commentaire n'est fait, nous sommes maintenant en mission.
Pierre est au volant, Albert à ses côtés pour me laisser me changer. Quand la porte interdimensionnelle s'ouvre devant notre véhicule, sans hésitation il s'y engouffre.
Nous arrivons à Los Angeles, dans un parking désert. Il n'est que 9 heures et il fait déjà chaud surtout dans nos tenues de commandos.

Paul :-" Albert, vous avez eu raison en prenant ce parking de boîte de nuit comme point d'arrivée."

Albert :-" Nous avons eu de la chance que les deux Terres soient similaires pour cela."

Jacques, enthousiaste :-" La mission commence bien, alors."

Moi, je me mets au travail. La wifi est omniprésente ici, l'ordinateur de la police que j'ai allumé pour trouver ce dont nous avons besoin, s'affole. Jamais, il n'a connu l'Internet mondial, ses spams et autres virus. Il me faut rapidement installer et activer toutes les protections nécessaires si je ne veux pas qu'il tombe en panne.
Après cinq minutes de course contre la montre, il est complètement sécurisé.

Je lance mes recherches. Une fois trouvé ce que nous cherchons, j'indique l'adresse à Pierre.

Pierre :-" Tu es rigolote Caro. C'est par où ?"

Moi :-" Donc, il faut aussi que j'assure la navigation. C'est pas possible, c'est moi qui fais tout ici."

Pendant dix minutes, seules mes indications résonnent dans l'habitacle.

Quand à un feu rouge, Paul qui se trouve maintenant à côté du chauffeur se retourne vers moi et me demande :-" Dis donc, Caro, tu nous fais passer dans des quartiers qui craignent un peu."

Moi :-" Hé, je ne suis pas guide touristique. J'ai pris un plan sur le net et je nous fais passer par le plus court.

Mes paroles à peine prononcées, nous entendons des coups de feu suivis, quelques secondes après par l'ouverture de la porte latérale du car. Un grand type, gros sac de sport à l'épaule et un énorme revolver à la main, apparaît et nous crie dessus.
Je n'ai pas le temps de comprendre ce qu'il dit que Jacques juste à côté de lui l'assomme d'un coup de poing. Immédiatement après, notre véhicule est touché par des tirs de mitraillette.

Jacques fait rentrer le type pour pouvoir fermer la porte et Pierre démarre sur les chapeaux de roues. Nous essuyons encore des rafales pendant quelques secondes, les vitres arrière explosent sous leurs impacts.

J'indique la route pour que notre fuite soit la plus rapide. Au bout de cinq minutes, sûrs de n'être pas suivis, nous nous arrêtons dans un parking de centre commercial pour faire le point et évacuer notre passager clandestin.

Nous sommes couverts de vitres brisés à l'arrière.
Je découvre horrifiée, Jacques inconscient.
J'en informe mes deux frères pendant que je relève sa visière.
Ouf il respire. Je l'ausculte et découvre une balle logée dans son casque. Elle l'a visiblement assommé. Je tente de le réveiller en l'appelant pendant qu'Albert est déjà en train de programmer notre retour.
Après une minute d'inquiétude il ouvre enfin les yeux.

Jacques :-" Pourquoi cela n'arrive qu'à moi ?"

Rassurés nous lui répondons notre couplet habituel.

Paul :-" Parce que je suis le plus intelligent."

Pierre :-" Parce que je suis le plus rapide."

Moi :-" Parce que je suis la plus belle."

Nous éclatons de rire tous les quatre et faisons un gros câlin à notre petit frère ravis qu'il aille bien.

Albert, étonné :-" Il va bien alors ? Nous n'avons pas besoin de rentrer."

Paul :-" Oui, il va bien. Ne t'inquiète pas Albert, Jacques a l'habitude."

Moi :-" Enfin, comme nous sommes dans le monde réel, Cécile l'examinera quand nous serons rentrés."

Tu es sûrement aussi étonnée de notre désinvolture qu'Albert.
Lors de notre première aventure, notre amateurisme de novices nous a posé des problèmes.
L'un d'eux fut notre capture.
Claustrophobe, comme maman et paniqué par notre mort annoncée par nos ravisseurs, Jacques fonça la tête la première dans la porte qu'il explosa littéralement.
Il fut sonné pour le coup.
Pierre et Paul durent le transporter à l'aide du lit de camp de notre cellule pendant plusieurs kilomètres jusqu'à une planque.
Nous l'avons veillé à tour de rôle totalement paniqués. Je crois que j'ai pleuré sans discontinuer jusqu'à son réveil le lendemain en milieu de matinée. En territoire hostile nous ne pouvions l'emmener dans un hôpital, alors nous avons continué à surveiller son sommeil pendant près d'une semaine avant d'être complètement rassurés.
Depuis cet incident, il a été assommé au moins lors d'une aventure sur deux.

Je crois que c'est la troisième ou quatrième fois, alors qu'il n'avait rien fait pour, qu'en se réveillant il nous posa cette fameuse question :-" Pourquoi cela n'arrive qu'à moi ?"
Nous, soulagés, mais quand même moqueurs, nous lui avons répondu ce que je t'ai écrit plus haut. C'est devenu sa façon de nous dire que tout va bien et nous qu'il nous a fait bien peur.

Une seule fois il nous demanda où on était. Je peux te dire que ce fut le branle-bas de combat. Paniqués, nous l'avons emmené à l'hôpital. L'infirmière faillit mourir tant sa lenteur nous a excédés. Elle ne dût son salut qu'à l'interne qui se proposa d'ausculter tout de suite Jacques. Il a vu que j'enlevais le cran de sûreté de mon Beretta. Oui, je suis toujours armée, n'étant pas taillée comme une armoire à glace, c'est indispensable pour ma défense.

Pour clore ce fâcheux intermède et montrer sa bonne santé, Jacques se redresse et demande ce que l'on fait de notre invité.

Paul :-" Nous allons le débarquer ici."

Jacques ayant ouvert le sac de sport et regardé dedans :-" En tout cas, nous avons intérêt à garder ceci, cela pourrait nous être utile."

Il nous montre alors qu'il est rempli de liasses de billets.
Paul après les avoir comptées, nous annonce qu'il y a plus d'un million de dollars. Il continue en disant que cela va faciliter notre vie dans la boutique d'informatique et l'acquisition du matériel nécessaire à la mission.

Pierre, légèrement boudeur :-" J'avais déjà pensé à une super histoire pour embobiner le vendeur, en anglais, en plus. C'était un vrai challenge, je m'en faisais une joie."

Paul :-" Désolé Pierre, mais aujourd'hui il est préférable d'utiliser cet argent, cela nous fera gagner du temps.
De toutes façons, nous reviendrons sûrement pour acheter de quoi aménager correctement notre planque. Nous ne pouvons pas attirer l'attention en achetant et en livrant des meubles dans un lieu qui est normalement en contrition. Si tu es besoin d'un challenge, tu n'auras qu'a essayer d'avoir le tout pour moitié prix."

Pierre :-" Merci."

Jacques :-" Eh ! Il faudrait un gage s'il ne réussit pas alors."

Moi :-" Oui, un truc du style, se raser la tête."

Pierre, sûr de lui :-" Ok! Mais dans ce cas-là si je réussis vous vous rasez la tête tous les trois."

Paul :-" He ! C'est pas juste! Caro n'aura qu’à mettre une perruque pour que cela ne se voit pas."

Pierre :-" Donc pas de gage."

Tous les trois :-" Pas de gage."

Albert est très surpris par ce qu'il vient de voir mais ne dit rien.
Ensuite, pendant que Jacques sort le corps du car et le pose à côté d'une sortie d'ascenseur, Pierre prévient les urgences avec le téléphone du type qu'il replace sur le corps. Paul et moi enlevons les bris de glace de l’habitacle. Nous débarrassons, aussi, les fenêtres des restes de vitre pour que cela face plus propre et surtout n’attire pas les autorités.

Après avoir réintégré le car régie, il démarre la voiture et semble avoir oublié sa déconvenue. Je le dirige vers le magasin.

Le trajet est surréaliste pour un observateur extérieur. Sur le ton le plus anodin qu'il soit, nous établissons la liste des courses aussi naturellement que s'il s'agissait de celle de la nourriture pour la semaine. Nous discutons du choix des munitions à prendre, des armes blanches à privilégier, de ce que doit contenir le kit d'urgence et celui de premiers soins, du nombre de liens, de la portée des oreillettes de communication ou du voltage des paralyseurs électriques comme si c'était le menu des repas à venir.

Je m’aperçois de cette incongruité grâce aux paroles d'Albert pendant l'attente devant le magasin.
Paul lui explique que notre survie dépend, pour beaucoup, du choix du matériel. C'est pourquoi nous y attachons de l'importance. Mais, ajoute-il, nous avons tellement établi ce genre de listes que cela nous est naturel.

En rigolant, je précise que lorsque nous étions sur notre Terre jamais nous n'avons fait les courses seuls et pas plus pendant nos aventures. Donc nous aurions beaucoup plus de difficultés pour faire des courses dites "normales". Albert sourit, alors en disant qu'il l'avait compris en voyant les produits plutôt luxueux que mes frères ont ramenés pour le repas de ce soir et de demain.

Pierre est allé seul faire les achats, nous ne pouvions pas en plus lui donner l'impression de le chaperonner. Il revient au bout de vingt minutes avec le sourire.
Il a les bras chargés de sacs en papier brun, d'une mallette et d'un katana dans le dos.

Il nous annonce avoir négocié comme un chef et avoir tout trouvé. La première chose qu'il fait, c'est de nous donner à tous, même au scientifique, une oreillette de communication. Nous la plaçons tout de suite dans notre oreille.
Ensuite, il raconte que la technologie militaire a fait un bon dramatiquement prodigieux.
Pour étayer ses dires, il sort un drone de 60 centimètres d'envergure en nous le présentant comme étant la caméra infrarouge. Jacques se met immédiatement à l'étudier comme il le faisait des cadeaux de Noël.
Pierre continue son inventaire. Tout ce qu'il nous raconte et nous montre fait froid dans le dos. Même si, au final, toutes ces évolutions nous simplifieront la mission.
Enfin, il tend à Paul le sabre de samouraï et à moi la mallette et un sac très lourd en nous disant :-" Pour vous".
Nous le remercions chaleureusement.

Paul dégaine la lame pendant que son aîné, tout fier, lui explique qu'elle est aussi dure que le blindage d'un char d'assaut et aussi coupante que si c'était de la céramique.
Ému l'immense stratège le prend dans ses bras.

Pendant ce temps, intriguée, j'ouvre la valisette.
Je découvre un fusil.
Mon grand frère m'explique alors qu'il s'agit du dernier né des fusils de précision très longue portée avec toutes les options possibles. Il précise que dans le sac il y a toutes les cartouches pouvant être utilisées, dont des perforantes si nous devons nous occuper des chars du président.
Ravie, je lui fais un bisou sonore sur sa joue.

Albert sort de la réserve qu'il a gardé, pour nous permettre de nous retrouver. Il nous dit douter que ces balles puissent pénétrer les tanks du général qui ont plus de cinquante ans d'avancée technologique.

Comme cette question n'est pas d'actualité nous n'en débattons pas.
Paul prend les deux milles munitions achetées, une par ennemi. Pour reposer Jacques, c'est lui qui va les amener au groupe de mamé. Ils sont chargés d'écrire sur chacune des balle le prénom d'un des soldat du général.
Il faut un quart d'heure pour aller à notre prochaine destination, c'est le temps qu'il a.
Une fois qu'il est parti, Pierre démarre le car.
C'est le scientifique qui le guide vers la station de télé locale où nous allons "emprunter" l'hélicoptère.
Moi j'étudie avec passion toutes les possibilités de mon nouveau joujou.

Alors, je sais bien que tu vas trouver ça très incongru comme présent, voire de mauvais goût.
Et ne t’inquiète pas, je ne suis pas devenue une accro des armes, même si je viens de m’apercevoir que j’en parle beaucoup depuis le début de ma lettre.
Mais il faut que tu comprennes que cela fait plus de deux siècles que je suis l’experte en armement et en munitions de notre groupe.
Mes frères savent tirer avec à peu près tout mais c’est moi qui vérifie le bon fonctionnement de notre armement. C'est aussi ma fonction dans l'équipe. J' exécute tous les tirs de précisions ou infaisables avec n’importe quoi, aussi bien une fronde qu’un avion de chasse.
J'ai donc une relation intime avec les armes puisqu’elles sont mes outils de travail depuis tout ce temps.
Et avec ce fusil, je suis comme un garagiste devant la dernière Ferrari sortie ou un bijoutier devant les joyaux de la couronne d’Angleterre.
Parce que ce que j’ai en ce moment entre les mains, c’est l’équivalent d’un ordinateur de la NASA quand on utilisait encore le boulier pour compter ou pour toi du dernière Iphone quand toutes tes copines n’ont que des vieux téléphone portable sans accès internet. C’est le sommet de la technologie, de la précision et de la fiabilité.
Ne panique pas je ne vais pas renter dans les détails, je me doute que cela ne t’intéresse pas.

Je suis toujours plongée dans la notice quand nous arrivons à destination.
Nous avons de la chance, l'appareil est justement à terre devant l'immeuble. Pendant que Pierre sort le vérifier, Albert ouvre le portail permettant, ainsi, à Paul de nous rejoindre. Notre aîné revient nous dire que tout est ok. La porte de l'hélicoptère est ouverte, ses clefs sur le contact.
Le scientifique active, à nouveaux, sa machine.
Jacques, comme les artistes des rues quand ils vous entourent d'une immense bulle de savon lors de leur spectacle, la porte et fait ainsi passer l'autogire sur l'autre Terre.
Avec lui, les 20 kilos de l’invention semblent ne rien peser ! Cela me sidère toujours mais me rassure, aussi, sur sa condition physique après sa perte de connaissance.
Une fois qu’ils ont complètement disparu, je démarre le car. Je passe par le portail qui est alors devant nous.

Nous nous retrouvons tous dans une petite clairière. Nous en sommes étonnés.

Paul :-" Albert, vous avez une très bonne mémoire !"

Albert visiblement ému :-" Quand nous sommes arrivés sur cette Terre lors de notre fuite, la prairie et le village qui se trouvent derrière ces arbres furent noires de soldats et d'engins de guerre en un instant.
L'installation et la rationalisation des lieux ne changèrent pas l'impression d'être en permanence dans une ruche bourdonnante et grouillante de monde.
Pendant la journée, ma femme et moi, nous nous réfugions dans le travail. Mais le soir venu, l'impossibilité de nous retrouver seuls, tous les deux, nous a très vite pesée.
Julie, ma femme, avait un fort caractère et absolument pas sa langue dans sa poche. Au bout d'à peine une semaine, elle a débarqué chez le général et lui à dit tout de go, qu'il nous avait obligés à venir avec lui donc que maintenant, son devoir moral était de nous fournir un lieu où nous pourrions être tranquilles ensemble.
Ce dernier a toujours beaucoup pardonné à ma Julie. Je pense qu'elle lui faisait penser à sa propre femme. D'ailleurs il a été présent à mes côté jusqu'à l'enterrement de..."

Albert s'arrête soudainement de parler. Ne sachant comment réagir pour le soutenir, nous restons bêtement comme des benêts immobiles et la bouche en cœur. Au moment où je réussis à dépasser ma timidité, il reprend.

Albert :-" La forêt où nous sommes n'a pas toujours été aussi dense et étendue.
Elle fut traitée dès les premiers jours avec une technologie de notre Terre pour être quasiment infranchissable et nous séparer définitivement de la route nationale, isolant le village.
L'idée est de rendre la progression d'une armée très difficile à cause de l'augmentation du nombre de troncs d'arbres au mètre carré. À cela est associée la plantation de ronces excessivement drues, dont les pics sont très longs, durs, pénétrants et très urticants.
Cette défense passive permet de repousser tout curieux ou promeneur sans éveiller de soupçon. Pour satisfaire ma femme, le général fit abattre des arbres pour créer un chemin et cette clairière. Quand le travail fut fini, il nous l'offrit.
Nous avons passé les meilleurs moments de notre vie, tous les soirs nous nous retrouvions et profitions de notre amour."

Après une pause, il se met à rire tout seul.

Albert :-" Ma femme était passionnée des vieux dessins animés du vingtième siècle.
En voyant les ronces remplir la forêt, elle a tout de suite dit que cela lui faisait penser à celles que la méchante sorcière de la Belle au bois dormant de Walt Disney, avait dressées entre le prince et le château d'Aurore.
Depuis elle appelait le général en privé, Maléfique. En plaisantant, je lui disais que s'il l'entendait il se transformerait sûrement en dragon lui aussi.
Pour l'un de nos anniversaires de mariage, j'ai calculé les parfaites coordonnées de ce lieu, symbole de notre amour. Ensuite j'ai demandé à un des soldats, habile de ses mains, de nous les graver sur deux bracelets. C'est grâce à ça que nous sommes ici aujourd'hui."

Il conclut son explication en relevant la manche de sa tenue de commandos et en nous montre les deux bijoux.

Nous sommes tous les quatre touchés par son histoire. Mais comme tu t'en doutes les garçons jouent les grands guerriers.

Pierre :-" Bon, je vais travailler sur la déclaration que j'ai à faire tout à l'heure pour accompagner les images que nous allons tourner.

Paul :-" Visiblement, le chemin a été envahi. Je vais tester mon sabre en le rendant praticable."

Là je sais qu'il est très ému. Jamais, il n'utiliserait un katana comme un vulgaire outil de jardin sinon.

Jacques :-" Je vais m'entraîner à faire voler le Drôme et à utiliser sa caméra thermique. Quand vous serez près, Albert, nous installons votre matériel dans l'hélicoptère et je vous montre le fonctionnement de la caméra télé qui s'y trouve déjà."

Ils ont vraiment du mal avec les émotions. Toutes ces missions ne sont qu'un moyen de cacher les larmes qu'ils ont du mal à retenir.
Moi, je prends dans mes bras le scientifique et lui assure de notre soutien. Ensuite, je vais vérifier que le matériel du car régie est en état de marche. J'ajoute le signal vidéo de la caméra de l’hélicoptère à la table de montage. Ensuite, je paramètre la transmission du film pour qu’elle soit envoyée directement sur les portables des hommes du général et à ce dernier. Je finis de tout vérifier quand Paul revient en nous criant de nous rassembler.
Nous arrivons tous.

Paul :-"En arrivant au bout du chemin j'ai vu une jeep avec cinq soldats foncer sur la route dans notre direction. Or, elle s'arrête à la forêt. Il est, donc, plus que probable qu'ils viennent pour nous."

Jacques :-" Comment ils savent que nous sommes ici."

Albert, blanc comme un linge :-" Cela veut dire qu'un char est resté en poste ici. Ils sont dotés de tous les appareils de détection de mon époque. Il est certain que son canon est déjà braqué sur nous. Il faut fuir, rien ne résiste à son missile et nous ne pouvons pas nous cacher de lui."

Moi :-" Vous êtes sûr de vous ?"

Albert :-" Oh oui."

Moi :-" Paul, si le canon du char est bien tourné vers nous, je suis sûre de pouvoir réussir à l'intérieur, avec le cadeau de Pierre. Cela déclenchera l'explosion du missile et rendra hors service le tank."

Paul :-" Ok ! Nous, on se met en position pour accueillir nos invités comme il se doit. Albert, vous préparez une porte interdimensionnelle qui doit s'ouvrir juste sous nos pieds et sur le terrain de basket de cet après-midi à trois mètre au-dessus du sol pour que l'évacuation soit le plus rapide possible. On risque des fractures mais c'est mieux que de mourir à cause d'un missile."

Je rentre dans une bulle de concentration où plus rien n'existe que ma mission.
Je cours jusqu'à ma malette, l'ouvre et monte le fusil et tous ses accessoires de visée. Je remplis le chargeur de balles perforantes pour que les arbres ne soient pas un problème. Une fois prête et installée sur le toit du fourgon, j'allume mon arme et utilise l'infra-rouge pour voir à travers les arbres.
Albert a raison, un char se trouve sur la place du village, son canon pointé vers nous.
Après avoir calculé tous les paramètres, la puissance pour passer sans encombre, ni déviation dans les troncs d'arbres, le vent, la distance et bien d'autres encore, je vise manuellement.
Pour ça, je suis restée de la vieille école. Pierre, dans ces moments-là, m'appelle Luke Skywaker. Il dit que je fais plus confiance à la force qu'aux machines, il a peut-être raison.
En tout cas, après avoir revérifié mes calculs une deuxième fois et soufflé pour être parfaitement calme, je m'allonge, je colle mon œil dans le viseur, m'assure que la cible est dans ma ligne de mire et tire.
J'ai à peine le temps de me tourner vers la tablette qui me permet d’avoir une vue d'ensemble, qu'une explosion retentit. Je vérifie fébrilement, j'ai réussi.
D'abord euphorique d'avoir réussi un tir si dur, je suis rapidement rattrapée par l'horreur de ce que cela implique. Je viens de tuer. Certes, cela nous a sauvés mais j'ai pris la vie du conducteur du char. Atterrée, je reste allongée sur le dos.

Je suis sortie de là par les cris des soldats.

Soldat 1 :-" Je n'ai plus de communication avec Jean. Ils ont réussi à détruire un char donc on passe en mode offensif. On tire et après on discute."

Soldat 2 :-" Balle perforante ou explosive chef ?"

Soldat 1:-" Vous trois, tire en rafale avec des balles perforantes pour éviter tout risque. Nous deux balles explosives dès qu'on a une cible en visuel."

Nous ne pourrons pas les maîtriser sans casse. Paul conclut à la même chose puisque grâce au communicateur, il me demande de neutraliser les cinq soldats.
Je les repère, vise l'articulation de l'épaule dominante et tire. Les rafales à peine stoppées, je vois mes trois frères foncer par le chemin. Je suis la progression des événements prête à intervenir. Ce n'est pas nécessaire, cinq minutes plus tard, ils reviennent avec leurs prisonniers attachés. Je descends du car et vais à leur rencontre. Je suis rassurée quand je constate qu'aucune des blessures n'est mortelles et que personne de notre côté est touché.

Après ça, une grande lassitude me prend, je n'ai plus qu'une envie, être dans les bras de Cécile.
Mais ce n'est pas possible c'est maintenant qu'il faut terminer la mission.

Jacques envoie le drone survoler le village pour voir s'il y a d'autres soldats. Il en reste cinq regroupés dans l'église. Par contre, il n'y a pas d'autre tank ou d'artillerie lourde. Le général n'a jamais imaginé que son joujou soit détruit.

Paul :-" Le char continue de brûler. Il est entre l'église où sont réfugiés les cinq derniers soldats et la route. Je pense que le plus simple c'est que Pierre, Jacques et moi, nous prenions la jeep et foncions jusqu'à eux. Caroline, tu nous couvres en les dissuadant de sortir de leur planque. Une fois que nous sommes arrivés, nous ferons la même chose pour toi et tu viens avec l'hélicoptère. Vous, Albert, je pense qu'il est préférable que vous nous attendiez ici. De toutes façons nous restons toujours en contact grâce au communicateur."

Nous sommes tous d'accord avec le plan et le mettons immédiatement à exécution.

Je suis mes frères jusqu'au bord du chemin. Ils sont armés jusqu'aux dents mais ne font quasiment aucun bruit en trottinant. Moi, je longe la forêt pendant qu'eux descendent vers le véhicule militaire. J'installe mon poste de tir et d'observation pile en face de l'église pour être sûre de couvrir les trois côtés critiques pour mes frangins. J'ai choisi de ne pas rester sur le car régie pour avoir une vue directe de la scène. Cela permet d'avoir un panorama plus large qu'avec le viseur.
Pour m'aider dans ma tâche de protection, j’ai à la fois les données de mes propres appareils et celle du drone que nous avons laissé en vol stationnaire au-dessus de l'église.
Je prends trente secondes pour observer le paysage devant moi.
Cela ressemble à un moule à clafoutis. La plaine doit faire un kilomètre carré et elle est ceinturée de montagne. Il y a une route et une petite rivière. C'est très beau.

Je ne tire que trois fois pour les empêcher de sortir par la porte de devant ou les fenêtres latérales.
La jeep arrive sans encombre. Mes frères se mettent en position pour me couvrir à leur tour.
Au pas de course, je retourne à l'hélicoptère où m'attend déjà tout mon matériel. Je prends juste le temps de rassurer Albert et d'installer correctement mon fusil avant de décoller. Le vol ne dure qu'un instant.


Une fois à côté de mes frères, Pierre commence les négociations.

Pierre :-" Si vous sortez désarmés et les mains sur la tête, il ne vous sera fait aucun mal."

Soldat :-" Comme à Jean ?"

Pierre :-" Il n'a jamais été dans nos intentions de tuer. Ce fut un regrettable concours de circonstances."

Soldat :-" Et bien je n'ai pas envie d'être un autre " regrettable concours de circonstances"."

Voyant que cela risque de prendre des heures alors que Cécile m'attend. Je récupère mon fusil, l'arme de balles perforantes et tire à travers le mur de l'église. Chaque soldat a une balle qui passe si près de son oreille qu'il l'entend siffler.

Pierre, amusé :-" Je pense maintenant que vous avez compris que nous ne sommes pas patients et que nous avons les moyens de vous tuer quand nous le voulons. Alors si vous voulez rester en vie sortez maintenant."

Grâce aux caméras infrarouges, nous les voyons se préparer à sortir. Paul et Jaques les attendent, les ligotent et les fouillent. Puis, ils les emmènent jusqu'à la jeep et les attachent aux montants.


Une fois que nous sommes tous les quatre, nous entrons dans l'église. Nous cherchons à savoir quel secret est gardé dans le village. Nous commençons, là où nous sommes.
Pour ma part, je suis inquiète d'avoir endommagé quelque chose d'important avec mes balles. En entrant, je suis rassurée, je retrouve mes balles dans les murs.

La première chose que nous découvrons au fond au niveau du chœur, est une palette avec un mètre cube de billet de 1000 francs suisses.
Pour ma part je suis ébahie et je crois que mes frères aussi.

Moi :-" On fait quoi avec ça ?"

Paul :-" Il faut le prendre, on l'utilisera pour rembourser une partie du préjudice que le Bug provoqué par le général à causer. Cela sera un signe de bonne foi et un bon coup médiatique."

Jacques, après avoir tenté de bouger la pile de billets :-" Et comment ? Il y a plus de 500 kilos et l'hélicoptère ou la jeep ne peuvent les emmener jusqu'à la clairière."

Paul :-" Pierre et toi allez chercher, avec l'hélicoptère, la machine et les soldats. Vous les ramenez ici, pour les transférer avec l'argent dans le gymnase. Une fois là-bas, vous les envoyez, tous les dix, à l'Elysée et les billets dans le local où nous avons entreposé les notes d'Albert pendant notre absence. Avec Caro, nous étudierons tous les documents qu'il y a ici."

Nos deux frères partent.
Il se tourne alors vers moi.

Paul :-" Nous ne pouvions pas laisser des documents si importants sans protection. Pierre s'est alors souvenu que dans le deuxième parking il y avait une porte fermée par un digicode. Jacques a trouvé la combinaison grâce à l'ordinateur de la police. C'est une grande salle qui devait servir de vestiaire aux agents de sécurité vu les posters qui la décorent."

Moi :-" C'est là où nous entreposerons notre arsenal, je suppose ?"

Paul :-" Oui. Non y avons déjà rangé tout ce que nous avons pris au policier, l'ordinateur et les premier croquis du dépollueur compris. Enfin, quand nous serons de retour, nous rangerons l'équipement que nous portons actuellement dans le placard à balais qui se trouve à côté de vos bureaux. On ne peut pas non plus être sans défense. Nous avons ramené des courses un cadenas à chiffres.
En tout cas, je me demandais depuis que Mamé nous a raconté l'ascension du président comment il l'avait financé."

Je le coupe, tout sourire :-" Avec des billets de 1000 francs suisses."

Paul :-" En plus, je suis sûr que tu es contente de toi."

Moi :-" Tout à fait."

Paul :-" Je voulais dire comment a-t-il eu cet argent, puisqu'il n'est pas venu avec ?"

Moi, en montrant la pièce :-" Il va falloir que nous cherchions dans tous ces papiers."

Lui s'occupe de la paperasse et moi de l'ordinateur.
Je trouve que la palette pèse environ 750 kilos. Sa valeur est d'à peu près 750 millions de francs suisse ou de dollars et plus de 615 millions d'euros. Ensuite, nous découvrons, rapidement, la réponse à la question de Paul.
Après un audit des différents acteurs qui seront touchés par le Bug qu'il s'apprête à créer, le général a contacté ceux ayant les plus gros moyens financiers et le plus à perdre. Il leur a proposé d'y échapper, moyennant finance, avec en plus l'avantage de voir leur concurrent lourdement pénalisés lors de son intervention.
Les puissances étrangères et les grands groupes industriels contactés ont tous acceptés. Les preuves sont à la fois dans les dossiers papier et dans le disque dur de l'ordinateur. Nous récupérons le tout.

Nous jubilons. Avec ce que nous venons de trouver, le président et beaucoup de ses hommes, hautement placés dans la hiérarchie, vont être obligés de faire ce que nous voulons. Sinon, au mieux ils ont des français en colère contre eux, au pire les tueurs des sociétés et des pays qui n'auront pas apprécié que leurs secrets soient révélés.

Réintégrer l'Europe et la communauté internationale va être plus facile. En plus du gros coup de pub du remboursement d'une partie du préjudice, nous avons les moyens de faire pression sur certain pays membres.

Quand les frangins sont revenus, nous renvoyons tous les documents et les ordinateurs dans le gymnase puis dans le local à côté de l’argent. En même temps, nous racontons tout aux autres.

Une fois de retour à la clairière, Paul dit tout haut ce que nous pensons tous les quatre.

Paul :-" je pense qu'il faut tout de même continuer le plan. Le soldat de base risque de se croire à l'abri des représailles et de tout faire pour garder sa place. En continuant comme prévu on évite cela et on leur donne une porte de sortie honorable voire héroïque."

J'emporte Albert, dans l'hélicoptère au-dessus du village.
Pendant ce temps, Pierre s'est changé et se place à l'entrée du chemin. Paul, caméra à l'épaule, s'apprête à le filmer. Jacques est dans le car régie pour monter le film, au fur et à mesure.

Au signal du stratège, Albert ouvre, grâce à sa machine, un passage direct entre le fond de l'océan d'une autre dimension et ici. La puissance et le volume d'eau est tel que les maisons et l'église sont littéralement aplaties en quelques secondes. C'est bien trop rapide pour le discours que Paul et Pierre avaient prévu. Ce dernier improvise alors que nous continuons à déverser des tonnes d'eau de mer sur un village déjà anéanti.

Le message que les frangins ont voulu faire passer se résume ainsi :
- Nous savons qui vous êtes, où vous êtes et que vous êtes d'une Terre d'un monde parallèle.
-Nous pouvons vous localiser et vous toucher avec la machine du professeur n'importe où et quand on veut.
- Nous exigeons que la France redevienne une démocratie et que vous nous aidiez tous pour ça.
-Si vous coopérez, vous pourrez rentrer sur votre Terre d'origine sans être inquiété pour d'éventuelles actions commises ici.
- Il ne se sera écoulé que dix minutes entre ce retour et leur départ. Ils auront une fois sur leur Terre, leur physique de l'époque.
-Enfin, ils auront en leur possession des engins permettant de dépolluer l'air et l'eau de leur planète et d'ainsi être considéré comme des héros.

Pour le Président, il ajouta que nous avons trouvé les documents sur les accords qu'il a passés et que nous n'hésiterons pas à nous en servir s'il ne coopérait pas. Mais il lui assura aussi que pour lui le retour sur sa Terre serait au moment de la maladie de son épouse pour qu'il l'assiste dans ce douloureux moment, avec le physique auquel elle le connaît.

Je t'ai fait la version courte et expurger des envolés lyriques de Pierre sinon j'aurai eu besoin de plusieurs pages.

Tu t'étonnes peut-être, comme je me suis étonnée quand je l'ai entendu grâce à l'oreillette, des affirmations sans condition, sur le voyage dans le temps et les créations des dépollueurs. Pendant mon petit séjour sur l'île de Pâques, Albert et Jacques ont tellement avancé leur recherches qu'ils sont sûrs d'y arriver.

T'imagines ma joie de pouvoir rester beaucoup plus longtemps avec ma chérie, l'hélico en a fait une embardée.

Pendant que je ramène l'hélicoptère, Jacques localise tous les portables des hommes du président mais aussi le sien. Comme j'ai été plus rapide que lui, nous gagnons du temps en renvoyant dès maintenant l'appareil là où nous l'avons pris et Pierre va chercher les balles. Ensuite commence la partie la plus fastidieuse de l'opération. Paul et Albert rejoignent avec le car régie notre aîné sur le parking de la boîte de nuit alors que Jacques reste avec moi dans la clairière. Alors pendant une heure, nous envoyons le message sur le portable de chaque ennemi accompagné d'une munition à son nom. Pour que le choc psychologique soit optimal, il nous faut être synchrone et ne pas nous tromper dans le prénom d'où de fréquents contrôles et de nombreux ajustements. Expliquant le temps que cela a pris.

Quand enfin l'opération est terminée, nous rejoignons le car régie. Après que j'ai fait une copie du film, nous le renvoyons là où nous l'avons pris puis retournons, avec tout le matériel que nous avons acheté, dans le parking.

Je suis heureuse de retrouver Cécile. En plus, pouvoir lui annoncer que nous allons rester sûrement longtemps ensemble, atténue un peu la culpabilité que je ressens toujours, à cause de la mort dont je suis responsable.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeDim 23 Oct 2016 - 15:05

VII




Quand nous arrivons dans le parking de notre planque, je conseille à Albert d'aller se reposer. Il est pâle. Il n'a pas dû vivre d'après-midi aussi mouvementé depuis son kidnapping par le général. Il accepte. Jacques lui montera sa machine et ses notes dans son " labo" tout à l'heure.
Comme tu t'en doutes, je suis plus qu'impatiente de retrouver Cécile mais la guerre vient de commencer, aucune erreur n'est anodine. Nous devons être prêts à toute éventualité. Cela veut dire que le matériel doit pouvoir servir à tout moment, mon boulot c'est de m'en assurer. Je m’occupe aussi bien des armes que du drone ou des batteries des paralyseurs électriques.
Ce sont mes frères qui se chargent de les ranger dans le local, de telle façon qu’ils soient immédiatement utilisables. Nous ne gardons avec notre équipement de base, fusil mitrailleur, gilet pare-balles, deux revolvers, deux chargeurs par arme à feux, couteau à la botte et les cadeaux de Pierre, le drone, le sabre et mon fusil. Nous récupérons aussi l'ordinateur portable et celui qui était dans l'église.

Ensuite, pour ne pas être surpris par une intervention militaire, une visite d'un cambrioleur, la curiosité de voisins ou de membres du groupe de mamé, je réinstalle toutes les alarmes du parking et des portes d’accès vers l’extérieur. Cette fois-ci, elles sont impiratables. Je me suis arrangée pour que le signal d'alerte arrive sur nos quatre téléphones portables qui sont aussi les seuls à pouvoir les désactiver.

Après avoir discuté avec les garçons de la suite des opérations, nous nous apprêtons à lever le camp quand la sonnerie indiquant l’ouverture de l’ascenseur retentit.
Sans se concerter, Pierre et moi prenons nos fusils automatiques, dégainons et nous mettons devant les petits qui se charge du matériel. Conscients que nous sommes trop exposés, nous nous dirigeons silencieusement mais le plus rapidement possible vers la dernière fourgonnette de police restante. Quand la porte s'ouvre, nous ne sommes plus qu'à un mètre du véhicule. Paul a, pendant la course, confié son chargement à son cadet, pris sa mitraillette et visé l'ascenseur.

Celle-ci à peine ouverte, nous voyons Cécile déboulée. Elle est visiblement furieuse si j'en crois ses sourcils froncés et sa démarche décidée. Elle ne s'arrête qu'une seconde, étonnée et un peu craintive devant les trois armes braquées sur elle. Nous les rangeons précipitamment. Elle reprend, alors, sa charge vers moi. Tout espoir m'est ôté d’échapper à l'orage qu'elle a décidé d'abattre sur moi. Quand elle prononce mon prénom avec colère, je me surprends à penser que j'aurais vraiment préféré qu’il s'agisse d'un commando. Au moins je sais quoi faire et comment réagir.
Et là, une chose qui n'est jamais arrivée avant ce produit. Mes trois frères fuient. Après avoir récupéré, tout ce qui devait être monté et posé mon fusil à mes pieds, ils se précipitent vers la porte encore ouverte de l'ascenseur, me laissant seule avec ma douce tornade écarlate de colère.

Arrivée devant moi, elle reste immobile. Elle semble attendre quelque chose. Le tintement indiquant la fermeture de la porte de l’ascenseur finie, elle se jette à mon cou et m’embrasse voracement. Il me faut deux secondes pour comprendre ce qui arrive et participer.
Je la soutiens alors de mes mains en capturant la partie charnue de son anatomie. J'en apprécie le contact, au passage. Après avoir pleinement savouré ce merveilleux baiser j'y mets fin et lui demande des explications pour cette mascarade de la petite amie en colère.
Elle ne feint même pas d'être désolée et me dit : -"Cela fait au moins dix minutes que le scientifique est remonté. Je faisais les cents pas devant l’ascenseur quand il en est sorti. En me voyant, il a souri et m’a dit que tu allais bien. Soulagée, je me suis mise à guetter le moindre bruit indiquant la descente de la cabine, donc ton retour. Les minutes sont passées sans m’apporter ta venue. J'ai compris que tu en aurais encore pour longtemps, incapable d'attendre plus, j'ai joué cette " mascarade" sachant très bien que tes frère fuiraient dès qu'une confrontation entre nous serait évidente."

Je suis étonnée par ce qu'elle dit de mes frangins, j'aurais plutôt pensé qu'ils se seraient interposés. Je le lui dis.

Cécile :-" j'aurais été un homme, c'est évident. Mais là, leur galanterie et leur profond respect pour toi les empêchent de te mettre mal à l'aise en étant témoin d’une scène de ménage dans ton couple. En plus, ils savent que tu pourrais leur en vouloir ou pire être victimes de dommages collatéraux. Et ils sont pleinement conscients, comme tout le monde, que ton intégrité physique ne risque rien avec moi, tant est incontestable ta supériorité physique."

Moi, après l'avoir embrassée :-" Tu as compris tout ça en les ayant vus seulement deux fois ou tu y es allée au bluff et tu me fais croire que tout était calculé ? »

Cécile, toute souriante :-« Un peu des deux, même si j’étais quasi certaine de leurs réactions. »

Moi, resserrant mon câlin :-« Tu es une diabolique manipulatrice, d'une beauté à couper le souffle mais dont le génie est vraiment redoutable."

Cécile, soudainement plus du tout souriante :-" Mes capacités intellectuelles te font peur ?"

Moi, en ponctuant chaque parole d’un bisou :-« Amour, ton intelligence fait partie de toi, c’est elle qui a fait ce que tu es, qui nous a permis de nous rencontrer donc j’aurais plutôt tendance à remercier ton génie qu’à le craindre. »

Cécile :-« Tu es habile avec les mots quand tu le veux ma chérie. Merci. »

Moi :-" Merci mais je me suis contenté de dire la vérité."

Cécile, après un autre baiser merveilleux :-" Heureusement, que tu ne parles pas beaucoup."

Moi, étonnée :-" Pourquoi ?"

Cécile, espiègle :-" Tu aurais un véritable harem et je serai plus que jalouse."

Moi, espiègle à mon tour :-" De mon harem ou de ne pas en avoir un ?"

Cécile, amusée :-" Je t'adore toi."

Nous profitons l'une de l'autre pendant une très longue étreinte. Blottie dans mes bras, elle me demande ce que je faisais pendant si longtemps dans ce parking. Je lui explique que pour ne pas être pris au dépourvu en cas d'attaque, nous devons toujours vérifier le matériel quand une mission est finie. J'entre un peu dans les détails pour cacher tout ce que nous avons trouvé et le lieu où nous l'avons entreposé.
Je n'aime pas l'idée de cette omission mais j'ai peur que mes sentiments pour elle faussent mon jugement. Alors je préfère demander à mes frères ce que je peux lui dire avant. Elle m'écoute comme si je lui racontais une histoire passionnante, étonnée de cela je l'interroge.
C'est elle alors qui est surprise et me dit qu'il est normal qu'elle s'intéresse à ma vie puisqu'elle m'aime. Elle précise être très curieuse de tout ce que j'ai fait pendant ma mission ou au cours de toutes mes aventures mais ne veux pas passer pour une espionne en m'interrogeant.
Toute émue je la remercie et l'embrasse.

Après nous être pleinement retrouvées, Cécile m'annonce qu'il ne faut pas tarder car un dîner nous attend.
Cela tombe bien, je meurs de faim.

Je l'embrasse une dernière fois, lui dis que je l'aime et lui prend la main pour y aller, sans oublier ma valisette.


Tu te demandes, sûrement pourquoi je te raconte cet épisode assez anodin. Je n'ai d'autre explication que la volonté de tout mettre sur papier pour être sûr que cela ait bien existé et peut-être aussi pour que cet amour soit un rien éternel.

En tout cas, je vais essayer d'être moins exhaustive maintenant pour continuer à t'intéresser et pour ne pas t'obliger à lire un véritable roman fleuve. Mais toutes les secondes passées avec Cécile me semblent si importantes que je ne suis pas sûre d'être une juge impartiale dans mes choix. J'espère que tu m'excuseras si de nouvelles banalités fleurissent dans cette lettre.

Nous faisons un détour pour que je me déleste de tout mon équipement avant d'arriver, main dans la main dans le couloir menant à la cuisine. Nous y trouvons tout le monde attablé et nous saluant d’un sourire. Personne ne s’étonne de notre intimité. Je me demande s'ils sont tous au courant ou s'ils veulent éviter de me mettre en colère, sachant depuis le sauvetage d’Angélique que je ne suis pas une frêle jeune fille.
Nous sommes face à un banquet sur des tables de bureau. C'est assez surréaliste comme décor. Il oscille entre le magasin désaffecté et le camping sauvage. Je comprends ce qu'a voulu dire Albert dans le car régie. Les garçons n'ont vraiment pas emprunté des denrées de première nécessité. Sur les tables se trouvent un véritable buffet froid avec aussi bien du saumon fumé que des plateaux de fromages, des chips ou des saladiers de laitue ou de tomates. Nous avons pour dîner, une version estivale du repas pantagruélique de Noël, avec l’ambiance festive qui va avec. Arrivées les dernières, nous nous attablons en bout de table, l’une à côté de l’autre.
Mamé devait nous attendre car elle se lève alors et demande le silence.

Mamé :-« Tout d’abord, je tiens à vous dire que je suis très touchée que malgré la nullité de mon plan qui a conduit à votre emprisonnement vous m’acceptiez à votre table. Ensuite, je veux remercier Pierre, Caroline, Paul et Jacques d’être ici et de vous avoir sauvés. »

Ma grand-mère alors s’interrompt pour nous applaudir. Elle est immédiatement suivie par tous les autres qui se lèvent aussi en frappant dans leurs mains, Cécile évidement les accompagne.

Jamais je n’ai été aussi touchée et aussi mal à l'aise. Au vue de l’attitude de mes frères, eux aussi ont leur timidité et leur modestie mises à très rude épreuve par cette « standing ovation ».

C’est Pierre qui nous sauve en se levant et en prenant la parole ce qui interrompt cette débauche de remerciements.

Pierre :-« Merci beaucoup. Je parle aux noms de mes frères et de ma sœur en vous disant que ces applaudissements nous touchent énormément même si nous ne les croyons pas justifier puisque c’est l’invention d’Albert qui a tout fait. Mais n’entrons pas dans une polémique inutile. Je pense que ce délicieux repas est une cause plus intéressante. Bon appétit. »

Tous se rasseoient et bientôt le bruit des couverts remplace les conversations. Je pense que ce doit être le premier vrai repas qu’ils ont depuis leur capture. Moi par contre, je picore étant quelque peu mal à l’aise devant tant de monde.
Le repas fini, il reprend la parole.

Pierre :-« Nous avons entrepris après votre libération, avec l’aide d’Albert et de sa machine, de rétablir la démocratie en France. »

Enthousiasme général à la table.

Pierre :-« Mais cela va être long. Nous ne voulons pas répéter les erreurs de tous les pays qui se soulèvent contre leur dictateur. Ils se trouvent, presque à chaque fois, dans une instabilité encore plus grande. Les inégalités sont accentuées et la loi capitaliste du plus fort une règle. Nous avons alors décidé de préparer le passage à la démocratie en utilisant le pouvoir autoritaire actuel. »

Nouvelle réaction mais aux antipodes de tout à l’heure. Les personnes autour de la table sont mécontentes. Mais Pierre continue.

Pierre :-« Nous suivrons l’exemple de Nelson Mandela. Il a toujours prôné une unité nationale. Mais nous adapterons cela au cas présent pour accélérer les choses. Le président et ses hommes vont nous aider à réinstaurer dans la population la connaissance et les habitudes de la démocratie. Tout l’appareil de l’état subira un formatage pour à nouveau réagir et fonctionner comme au vingtième siècle. L’éducation nationale et la télé auront la lourde tâche de réapprendre aux français à penser « Liberté, Egalité, Fraternité ». D’ailleurs vous aurez le difficile travail de déterminer le programme d’éducation civique. »

Pierre arrête là son discours pour leur laisser le temps de tout assimiler.
Je me tourne vers ma douce qui a le visage interdit. Je m’en inquiète, mais elle m’ignore et s’adresse à Paul.

Cécile :-« Tu veux dire qu’ils ne vont jamais être inquiétés pour tous les crimes et les horreurs qu’ils ont perpétués ? »

Paul :-" Je suis désolé Cécile mais la question n'est pas à ce niveau. Si notre plan réussit la France retrouvera une démocratie et la Terre dont est issue le président et ses hommes va être à nouveau vivable, ce qui sauvera des milliards d'individus.
Mais je comprends complètement que lorsqu’on a souffert à cause d’une personne, on veuille se venger. Si l'un d'eux avait touché un seul cheveu de ma sœur ou de mes frères, je l'aurais tué de mes mains.
Mais cela n'aurait pas enlevé ma souffrance. N'est-ce pas tonton Olivier et tonton Frédéric ? "

Nos deux oncles hochent la tête pour approuver.

Tonton Olivier :-" La mort de l'immonde salopard n'a rien changé à ma tristesse. Le vide et la peine que je ressentais sont toujours là."

Tonton Fred :-" Pour moi c'est la même chose."

Cécile, obstinée :-" Je sais bien que la vengeance n'a jamais enlevé la peine des victimes, mais une démocratie ne peut être fondée sur l'impunité et l'injustice !"

Toute la tablée manifeste à haute voix son accord avec ma chérie.

Paul, souriant :-" Tu as raison Cécile. C'est pourquoi la justice sera respectée. Le président et les principaux responsables auront un procès médiatisé dans un but pédagogique. Mais sitôt le verdict de culpabilité prononcé, nous simulerons leurs morts. Ensuite, ils seront transférés avec tous les autres soldats sur leur Terre d'origine où un énorme travail de dépollution les attends.
Après cela, comme en Afrique du Sud au moment de l'abolition de l'Apartheid, il sera mis en place une commission qui recensera toutes les victimes d'exactions commises par des représentants de l'Etat. Si les faits sont dus à ce que l'on peut considérer comme le fonctionnement "normal" du service induit par la dictature, elles seront dédommagées par la France mais aucune poursuite ne sera engagée. La continuité, le bon fonctionnement et l'unité national est à ce prix. Il ne faut pas non plus commencer une démocratie en excluant une partie de sa population.
Par contre, si ce n'est pas le cas, les coupables seront poursuivis par le procureur de la république mais les victimes ne pourront recevoir de l’État une compensation financière puisqu'il n'est pas responsable. C'est le fond d’indemnisation des victimes qui s'en chargera. Je sais, cela revient au même mais le symbole est important. Avant que tu le demandes Cécile, les hommes du président seront aussi jugés mais par contumace."

Long silence autour de la table.

Cécile, épatée :-" Vous avez pensé à tout. Bravo."

Tonton Olivier :-" Pourquoi le président et ses hommes renonceraient au pouvoir et accepteraient de nous aider à rétablir la démocratie en France ?"

Pierre :-" D'après ce que nous a dit Albert, la très grande majorité d'entre eux sont fatigués et ont la nostalgie de leur pays et de leur famille. Cela fait près de vingt-cinq ans qu'ils sont partis. En plus, même s'ils ont une vie privilégiée, nous sommes sûrs qu'une grande partie a toujours l'impression d'être en terrain hostile. Donc pour nous assurer leur soutien nous leur avons fait passer le message tout à l'heure : Vous êtes pleinement coopératifs avec nous et vous pourrez rentrer sur votre Terre en ayant le matériel pour sauver l'humanité et ainsi passer pour des héros. "

Tonton Fred :-" Ca c'est la carotte. Et le bâton ?"

Jacques :-« La peur de se recevoir à tout moment un projectile venu de nulle part. »

Une petite blonde ne peut se retenir d'intervenir :-« Tu veux dire que les noms que nous avons écrits sur les munitions, c'était pour leur promettre la mort s’ils ne nous aident pas ! »

Jacques souriant devant sa candeur :-« Disons plutôt qu’ils ont tous reçu un message pouvant y faire penser. Mais excuse-moi comment tu t'appelles ? »

La blonde :-« Coralie. Il n’empêche ce sont les mêmes méthodes que celle du président et c’est contre ça que nous nous élevons. »

Tous les quatre nous sentons que les idéalistes assis autour de la table n’apprécient pas trop notre façon de faire.

Paul :-« Coralie, nous sommes, avec notre groupe de trente, une fourmi voulant gagner contre un tyrannosaure.
Pour arriver à nos fins, il nous faut les convaincre de notre supériorité.
Et pour ça, il ne faut surtout pas qu’ils pensent que nous sommes gentils. »

Coralie visiblement mal à l'aise d'être au centre de l'attention mais ne se démontant pas :-« Je le sais bien mais cela n'empêche c’est barbare. »

Paul, amusé :-« D'abord, je te rassure nous ne devrions pas avoir besoin de mettre notre menace à exécution. Ensuite, oui, la guerre c'est barbare. En plus, si nous n'avions pas utilisé les codes, nous aurions immédiatement été pris pour des faibles. Or, nous ne pouvons absolument pas nous permettre. Il faut que tu comprennes que si cela arrive, les soldats penseront pouvoir gagner et nous combattrons. Et là, il y aura deux choix, soit résister et ce sera une révolution dans le sang, les larmes et le chaos, soit abandonner et il est sûr que la dictature se durcira.
Ces deux solutions étant pires que ce contre quoi nous nous élevons, nous avons donc suivi les règles.
D'abord l'intimidation, en montrant les muscles grâce à une action d'éclat tout à l'heure. Ensuite nous leur avons envoyé l'ultimatum classique : rendez vous ou mourrez. Enfin, comme tout travail mérite salaire, nous leur offrons contre leur aide active au retour de la démocratie la possibilité de rentrer chez eux en héros. »

Tonton Olivier :-" C'est là que je comprends que nous n'étions vraiment pas dans l'optique d'une guerre. On était de doux rêveurs à mille lieues d'être capable de faire la guerre."

Paul :-" Encore une fois, si tout se passe comme prévu, pas une goutte de sang ne sera versée et la transition se fera en douceur."

Mamé, sûrement pour adoucir l'ambiance :-" Croisons les doigts alors."

Tonton Fred, intrigué :-« Je comprends que cela puisse marcher avec les soldats mais vous croyez que le président va accepter sans rien tenter, en partant, lui, a tout à y perdre »

Pierre reprenant son rôle d'orateur :-" Oh, je pense que le président est notre plus grand allier. Nous lui avons proposé, contre sa coopération, de pouvoir retourner dans le passé et être au chevet de sa femme pendant toute sa maladie."

Un garçon plutôt grand aux yeux bruns, en colère, intervient alors :-" Le président a presque asservi le pays à son usage unique et pour le remercier nous lui permettons de revoir sa femme. On est mieux que le père Noël là."

Mamé, sur le même ton :-" Monsieur Durand vous exagérez un peu tant sur l'action du président que sur le supposé présent que nous lui donnons. Si votre colère ne vous aveuglait pas, vous vous apercevriez que c'est à sa femme que le véritable cadeau est fait. Ainsi, nous lui évitons de passer ses derniers instants seule dans une chambre d'hôpital."

Long silence autour de la table.

Monsieur Durand, penaud :-" Je suis désolé de mettre emporté ainsi."

Pierre :-" Nous comprenons vos réactions épidermiques. Vous avez vécu cette situation toute votre vie. Mais si on considère tout ce que le président a fait par dépit, imaginez la formidable aide qu'il nous apportera avec une telle motivation. Je pense que nous pourrions même régler des problèmes qui étaient présents avant son arrivée en travaillant et analysant l'Histoire et les autres pays."

Les étudiants maintenant que Pierre parle de leur domaine semblent un peu mieux. Mais nous sentons bien qu'ils sont un peu perdus et encore mal à l'aise face à tout ça.

Jacques, après nous avoir fait un clin d’œil à :-" Mais pour ça il faut que vous nous fassiez confiance et ne vous scandalisez pas à la fois parce qu'on menace les soldats de mort et parce qu'on promet au général de voir sa femme, c'est un manque de constance certain, je trouve."

Paul, désolé :-" Tu sais Jacques, tout le monde ne peut pas être immuable comme toi. Il n'est absolument pas naturel de manger encore des gâteaux en forme de nounours au petit déjeuner à seize ans comme on le faisait à six. Enfin cela ne me gênerait pas si tu ne boudais pas lorsqu'en plein désert du Sahara nous n'avons pas pu en trouver."

Jacques, outré :-"Dis donc c'est l'hôpital qui se moque de la charité. Qui est-ce qui nous a réclamé son doudou pour dormir il n'y a pas un mois ! En plus, nous venions de trouver une cité d'or en pleine forêt amazonienne ?"

Paul :-" He ! Ça compte pas. J'avais une fièvre à 40. J'étais en plein délire."

Jacques :-" N'empêche qu'en plein délire c'est ton doudou que tu réclames, c'est bien un signe d'immuabilité ça ?"

Pierre, sérieux comme un pape :-"Les garçons vous êtes pas possibles ! Vous vous disputez pour des choses aussi futiles que le petit-déjeuner ou un Doudou."

Jacques, le coupant :-" Mais Pierre, c'est le repas le plus important."

Pierre toujours aussi sérieux :-" Je le sais bien. Mais elle a recommencé."

Les trois garçons horrifiés se tournent vers moi.

Jacques, sur le ton d'un comploteur, mais audible de tous :-" Tu es sûr."

Pierre sur le même ton :-" Oui c'était avant d'atterrir chez mamé. Je voulais me brosser les cheveux alors j'ai essayé d'entrer dans la salle de bain et je l'ai entendue."

Paul :-" Cela ne peut pas être le bruit de la plomberie ? Un jour j'ai cru qu'elle avait recommencé et s'était l'eau de la douche."

Moi, outrée :-" Hé, je ne chante pas comme une canalisation !"

Pierre, me montrant de la main :-" Vous voyez ! En plus maintenant elle ne nie plus."

Jacques, parlant aux deux autres garçons comme si je n'étais pas là :-" Mais ce n'est peut-être pas aussi terrible que l'autre fois.

Paul :-" Je l'espère parce que je ne vois pas Cécile supporter que sa chérie ne se lave plus."

Pierre :-" Bon, il faut être courageux et affronter la vérité même si elle est dure. Demandons-lui."

Les trois garçons se tournent vers moi et en même temps me demandent :-" Caroline, tu sais que nous t'aimons et que nous serons toujours là pour toi. Nous sommes prêts à t'aider encore une fois à affronter cela et à quatre nous y arriverons à nouveau mais pour ça il faut absolument que tu nous le dises. Caroline, as-tu chanté du Justin Bieber dans la salle de bain en prenant ta douche ?"

Moi, coupable et désolée :-" Oui, mais rien qu'une fois. Je vous jure. Je n'ai pas fait exprès ! En plus, j'arrête quand je veux, je suis pas une toxico."

Nous sommes coupés par les rires des deux tontons qui viennent de comprendre qu'ils ont assisté à un sketch. Tout le monde les imite alors, nous aussi d'ailleurs.
Nous avons réussi à détendre l'atmosphère. Cécile me glisse à l'oreille qu'elle aussi écoutait ce chanteur quand elle avait treize ans.

Une fois, le calme revenu.

Mamé :-" Mais comment allez-vous permettre au général d'être auprès de sa femme pendant sa maladie, elle est morte il y a vingt-cinq ans ?"

Pierre :-" Grâce à la machine d'Albert à qui nous allons, cette nuit, ajouter la fonction machine à remonter de le temps.

Tous sont surpris.

Tonton Olivier :-" C'est possible ça ?"

Albert :-" D'après mes calculs et le recoupement de mes notes, oui. On peut considérer ma machine comme un trou de ver portatif pour voyager dans le temps nous allons créer un programme informatique qui prendra aussi en compte la dimension temps du voyage."

Tonton Olivier, bluffé :-"Tout simplement."

Cécile, pour ramener le débat sur ce qui l'intéresse :-« Donc votre plan, c’est que ceux qui veulent rentrer poussent les autres à accepter votre proposition ? »

Pierre :-« En gros oui. Mais comme je le disais tout à l’heure, il nous reste toute la partie préparation du pays. C'est de ça que dépendra le retour à la démocratie réussi. »

On sent l’enthousiasme parcourir l’assemblée. Ce sont de vrais gamins ces étudiants, s’emballant ou se choquant à une vitesse folle et pour pas grand-chose. Ou alors je suis devenue une vieille aigrie ?
Non, il me suffit de regarder Cécile et d’écouter toutes les pensées qu’elle m’inspire pour me rassurer.

Je suis interrompue dans mes réflexions par mamé.

Mamé :-« Comment avez-vous pensé à un tel plan en si peu de temps ?"

Paul :-" Pierre est un fou d'Histoire et nous avons beaucoup discuté ensemble."

Tonton Olivier :-« Et bien bravo. Maintenant vous avez des idées pour cette préparation des mentalités ? »

S'en suivent des discussions et des débats sur le programme d’éducation civique, la justice ou la création de programme télé pour apprendre et promouvoir la démocratie.

Comme ma présence n'est plus obligatoire pour soutenir mon frère, je fuis le monde en prétextant avoir des choses à terminer.
Au sourire de tout le monde, même de Cécile, mon excuse fonctionne parfaitement.

Une fois seule et beaucoup plus à l'aise, je cherche quelque chose à faire.
Je passe dans la salle qui me sert de bureau. J'y trouve l'ordinateur de l'église. Je le branche. Ensuite, je mets les fichiers prouvant les exactions du président et les noms de ses complices sur un site internet. Je le rend introuvable et inviolable par des kilomètres de pare-feux, antivirus et autres protections informatiques. Je m’arrange pour qu’il puisse diffuser les infos qu’il contient sur un simple appel.
Nous en avions parlé pendant le retour avec Paul et je devais le faire demain. En le faisant maintenant, cela me laissera de temps pour être avec ma chérie.
Je descends ensuite au parking, relit le manuel puis m'entraîne au maniement de mon fusil.
Je passe des heures et des milliers de tir à m'exercer.
Alors je sais, tu vas penser que je l'ai déjà fait tout à l'heure et que j'ai une obsession assez bizarre pour cette arme. Mais sur le terrain, il est indispensable que je sache parfaitement l'utiliser et au maximum de ses possibilités.

Une fois que je suis satisfaite, je me repose.
C'est là que les images de l'explosion du tank reviennent me hanter. Je n'ai plus la mission pour m'éviter de penser à la mort que j'ai causée. J'ai beau me dire que si je n'avais rien fait, mes frères seraient morts, la culpabilité est toujours là. Lasse de toujours être forte, je me laisse aller et m'effondre en pleurs.
Je ne sais combien de temps cela dure. C'est le doux parfum de Cécile et sa voix qui me sortent de mes noires pensées.
Elle est agenouillée près de moi et a posé ma tête sur ses cuisses. Nos regards se croisent. Je vois qu'elle est inquiète. Elle me demande ce qu'il m'arrive. Je le lui dis.
Que je suis bien contre elle. Je me sens enfin à ma place.
Elle m'écoute sans faire le moindre commentaire. Puis elle endosse son costume de psychologue, m'aide à faire le tri dans mes émotions, à les comprendre et enfin à les surmonter.
Elle conclut, redevenant ma chérie, ainsi :-« Tu sais Caroline cette sensibilité est tout à ton honneur. C'est ce qui te rend humaine et la femme que j’aime. En plus, tu as la capacité de la dépasser pour agir comme il faut. »

Je suis émue et étonnée par ses paroles et le lui dit.

Elle me répond :-« Si tu n’avais pas tiré, je serais la femme la plus triste du monde. J'aurais perdu l'amour de ma vie donc personnellement je ne regrette pas ton geste. »

Elle termine sa phrase en avalant un sanglot.
Incapable de me retenir je l’embrasse passionnément puis lui dit tout mon amour.
Nous nous câlinons ensuite avec un très grand plaisir jusqu'au moment où elle se souvient que je suis attendue par mes frères. Nous devons hélas y aller.

Une fois à l'étage, je l'embrasse, lui souhaite bonne nuit et me dirige vers les bureaux servant de labo. Là, je suis accueillie par Paul qui me prévient que demain matin nous avons rendez-vous avec le président et tous ses ministres.

Je ne vais pas te raconter la nuit de travail sur la machine d'Albert parce que ce n'est vraiment pas intéressant.
Sache juste que grâce à la célérité de Pierre à taper à l'ordinateur, nous avons la possibilité de dormir au moins une heure. Tu te doutes bien que j'ai envie d'aller retrouver Cécile mais je sais qu'alors je ne me reposerais pas. J'oublie donc cette idée et me pose sur un des fauteuils pour m'endormir immédiatement.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:51

VIII





Pour être maîtres de la situation, nous délocalisons notre rendez-vous avec le président et ses ministres sur le terrain de basket. Ainsi, nous écartons toutes mauvaises surprises. Ces derniers s'y attendaient vu le peu de réaction à leur arrivée.
À l'aide du scanner de mon fusil, je vérifie qu'ils n'ont pas d'armes. Deux en ont. Pierre les récupère. Je descends ensuite de la mezzanine pour participer au débat.

Afin d'éviter toute discussion longue et fatigante sur nos moyens techniques, nous les emmenons immédiatement sur leur Terre mais au moment où le général sort de prison et vient kidnapper Albert et sa machine. Nous assistons tous à son arrivée dans les locaux du CERN. Avec 25 ans de moins, j'ai eu du mal à le reconnaître. Il est terriblement énervé. Suivent après ses hommes et les chars. Ils sont seulement depuis cinq minutes dans l'entrepôt quand celui-ci explose.
Nous, nous revenons dans le gymnase.

C'est Jacques qui met fin au silence pesant :-"C'est dingue, on se serait cru dans les fantômes de Noël de Scrooge de Dickens, non ?"

Pierre, étonné se tournant vers lui :-« Tu as lu ce livre toi ! »

Jacques :-« Mais non, j’ai vu l’adaptation à la télé. »

Pierre :-« Je me disais aussi. »

Pour la suite, tout est simple. Le Président est très coopératif et enthousiaste à l'idée de pouvoir accompagner sa femme dans l'épreuve de la maladie.
Tous les autres semblent eux aussi gagnés par cette euphorie.

Toutefois un homme ose demander :-" Y a-t-il une possibilité de rester ici une fois la démocratie rétablie ?"

Pierre :-" Oui, mais comme vous aurez été jugé coupable lors d'un procès pour les 17 ans de dictature, vous aurez, je pense, au moins dix ans de prisons à faire."

Le ministre :-" Si ce n'est que ça, je crois que je vais choisir la prison."

Paul étonné et insistant :-"Mais vous savez, si vous voulez partir avec votre famille cela nous pose aucun problème. Par contre il faudra que vous les préveniez que vous allez rajeunir de 25 ans et pas eux."

Le président :-« Pourquoi ? »

Jacques :-« Quand un voyageur interdimensionnel arrive sur une Terre, il y a deux possibilités.
Soit il atterrit à un moment de l’Histoire où il n’est pas censé être, pour nous cela peut être la renaissance ou le troisième millénaire. Ou alors son double est encore en vie dans ces deux cas-là, il ne subit aucun changement.
Soit il pose les pieds dans une époque comprise entre sa date de naissance et de mort génétiquement prévu. Mais hélas son homologue est déjà décédé ou, comme vous, parti sur une autre Terre. Là il subit un ajustement pour faire correspondre son âge physique à celui théorique de cette dimension. »

Albert :-« C’est d’ailleurs pour ça que vous, général, vous devrez faire deux voyages, le premier pour rajeunir et le deuxième pour aller au chevet de votre femme qui sinon ne comprendra pas que vous ayez vieilli autant. »

Le président :-« Si j’allais directement voir Julia, nous serions deux dans la même dimension donc je ne changerais pas. »

Albert :-« Tout à fait. »

Paul, après avoir rapidement relu les documents trouvés en Lozère pendant les explications de son frère :-« Nous avons trouvé dans votre ancienne base tous les contrats secrets que vous avez passé avant de créer le Bug de l’an 2000.
Je viens de le vérifier et tous ici vous êtes impliqués. Or, je pense qu’une fois la démocratie rétablie les signataires de ces documents risquent de vouloir se protéger, donc de vous éliminer. Cher monsieur, il me semble alors plus prudent de partir. »

Nous sourions tous parce que le ministre dit alors à voix haute qu’il ne sait pas qui il craint le plus, les tueurs à gage, sa femme éloignée de ses boutiques préférées ou sa fille sans ses copines.
Un de ses collègues lui demande alors pourquoi il ne partirait pas seul.
Fataliste, il lui répond que c’est parce qu’il les aime.

Moi :-" D'ailleurs, j'en profite pour vous informer que j'ai créé un site sur la toile. Il diffusera ces dossiers sur les sites d'infos de France et du monde entier si quoique ce soit est fait au groupe de madame Detrois, à Albert ou à nous. Comme vous n’avez aucune idée de notre identité à cause de notre tenue de commando, je ne voudrais pas être à la place de vos services de sécurité. »

Le président, souriant :-" Vous avez bien compris que la divulgation du contenu de ces dossiers entrainerait pour mes hommes et moi de mortels ennuis. Mais, je puis vous assurer que toute personne m'écoutant n'aura qu'une envie c'est de vous aider dans votre entreprise et absolument pas de vous vouloir du mal. Vous pouvez dire à vos amis qu'ils peuvent retrouver une vie normale. Messieurs Detrois peuvent même retourner travailler, dès lundi. Au ministère leurs places les attendent. »

Bizarrement nous l'avons tous les quatre cru, même Paul pourtant si paranoïaque quand il s'agit de notre sécurité.

Le président ne peut s’empêcher d’ajouter :-« Et ne vous inquiétez pas pour mes services de sécurité. Je leur dirais de ne pas embêter trois frères et sœur d’une vingtaine d’années avec vos gabarits si particulier."

Il vient clairement de nous dire qu’il n’est pas là où il est par hasard et que nous devons ne pas le sous- estimer.
Une fois que nous avons digéré l’information,  nous entrons dans le vif du sujet. Tous les thèmes sont abordés. Cela va de la libération des prisonniers politiques à l’ajout dans toutes les classes de cours d’éducation civique pour apprendre ce qu’est la démocratie. Nous parlons du changement des méthodes policières, du rétablissement de la sécurité sociale ou du retour de la France dans l’Union Européenne. Nous évoquons l’éducation au capitalisme et ses dangers, du renforcement de la sécurité internet de l’État et la dissolution de la police politique.

Nous passons plusieurs heures à débattre et à tout détailler.

Nos interlocuteurs ne sont pas passifs, ils ont même eu des idées et des avis qui nous sont utiles car différents des nôtres.
Leurs connaissances d’experts sur l’armée, la défense et la dissuasion militaire, nous sont plus qu’utiles, bien sûr, mais pas seulement.
Ainsi leurs points de vue sur la démocratie nous permettent d’être plus équilibrés.

Leur vision plus accès sur la liberté d’entreprendre nous évite de créer un État uniquement dans le soutien, l’accompagnement, la création de lois ou d’impôts. Nous lui donnons donc aussi une composante libérale que de prime abord nous avions oubliée.

Ensuite Paul aborde le sujet des partis politiques. Il est interrompu par le rire du président.

Le président :-« Jeune homme quand on veut la démocratie on ne commence pas par contrôler les parties politiques. »

Paul :-« Oui, mais si on veut une élection il faut des partis. »

Le président toujours rigolant :-« Oh mais ne vous inquiétez pas il y a plus de cinquante groupuscules comme celui de madame Detrois. Dès la proclamation de la légalisation des parties politiques vous verrez qu’ils pulluleront. »

Jacques :-« Si vous les connaissez pourquoi vous n’avez pas fait en sorte de les empêcher. Cela vous aurez évité l’enlèvement d’Albert. »

Le président un sourire malicieux aux lèvres :-« La seule chose que nous n’avions pas planifié est votre venue. »

Paul :-« Donc il y a un espion dans les rangs du groupe de résistants. »

Le président :-« Oh non ! Ce sont des amateurs qui n’ont pas arrêté de faire des bourdes. Ils ont toujours eu la discrétion d’un éléphant. C’est nous qui leur avons suggéré l’enlèvement en faisant transiter la demande de transporteur par monsieur Detrois. »

Jacques :-« Mais pourquoi toute cette mise en scène ? »

Paul, intervenant avant le président :-« Pour pouvoir les arrêter quand il le voulais et ainsi les neutraliser sans risque d’en faire des martyrs donc des modèles à suivre. »

Le président :-« C’est tout à fait cela. J’ajouterai que c’est un fiasco qui me ravit. D'ailleurs en parlant de raté, Albert, une question me taraude l'esprit depuis cette vidéo, cela fait combien de temps que vous savez que votre machine pouvait faire ça »

Albert :-" Hier soir. Avant cela, je n'y avais jamais penser. Ce sont ces jeunes gens qui m'ont demandé si c'était possible. J'ai toujours été focalisé sur l'étude du voyage interdimensionnel. En plus c'est avec eux que j'ai pu réussir à la modifier pour qu'elle puisse aussi faire des voyages dans le temps."

Le président :-" Nous sommes deux personnes d'un autre temps Albert."

Albert :-" Je le crois aussi Charles."

Après avoir abordé tous les sujets, pris des rendez-vous de travail, étudié les plans des engins dépollueurs inventés par Jacques et leurs fabrications, nous les renvoyons au palais de l’Elysée et nous nous retournons dans l’ancien magasin d’informatique.

Nous sommes accueillis par tout le monde à notre arrivée. Cécile ne résiste pas à l’envie de se jeter dans mes bras. Je l’enlace avec plaisir me perdant dans son parfum et toutes les merveilleuses sensations que son corps contre le mien me procurent.
Dans notre bulle de bonheur nous revenons à la réalité en nous apercevant du silence anormal qui nous entoure.
C’est face à trente paires d’yeux que nous sommes alors. Pierre commence son compte-rendu de la réunion comme si de rien était pour nous laisser nous remettre. Il conclut en se tournant vers ma chérie et lui annonce que les prisonniers politiques, sa marraine en tête, seront libérés dans l’après-midi. Tout le monde applaudit mais ma chérie est la première à nous remercier. Mes frères ont droit à un bisou sur la joue et moi sur les lèvres, un vrai délice. Je la garde au creux de mon bras quand tous les autres viennent nous témoigner de leur reconnaissance.

Heureusement que Paul et Jacques sont métisses et Pierre et moi noirs, sinon après tous ces mercis nous ressemblerions à des lampions la nuit d’une retraite aux flambeaux. Là personnes ne semblent s’en être aperçu.
Nous sommes mes frères, ma chérie et moi seuls, les autres étant partie récupérer leurs affaires pour rentrer chez eux et Albert se reposer un peu, quand toutes mes illusions sont perdues en deux secondes.

Cécile :-« Je n’avais jamais vu de noir rougir. Vous avez de la chance c’est beaucoup plus discret que moi et vous cela ne jure pas horriblement avec la couleur de vos cheveux. »

Bien sûr, comme tu t’en doutes nous rougissons de sa remarque. Pierre est le premier à réagir.

Pierre :-« Tu es la première blanche à le remarquer après notre père. »

Cécile :-« Oh tu sais si je n’avais pas un intérêt personnel à détecter vos émotions jamais je ne l’aurais vu. »

Évidemment cette dernière remarque m’échauffe les joues jusqu’aux oreilles et déclenche l’hilarité des quatre autres.

Une fois leurs rires arrêtés Paul prend la parole :-« Bon, maintenant qu'il est sûr que nous allons rester un petit bout de temps. Il va falloir qu'on réfléchisse sérieusement à l'endroit où dormir."

Il est interrompu par Cécile, se retenant d'exulter :-" Vous restez ici même si le président et ses hommes ont dit s'occuper de tout."

Jacques :-" Tu sais Cécile, je suis loin d'avoir fini avec mes machines. Il me reste encore beaucoup de travail. Surtout que je dois comprendre comment fonctionne l'invention d'Albert pour l'intégrer à la mienne et ainsi pouvoir envoyer directement les déchets dans le soleil."

Paul :-" Et nous préférons contrôler la préparation du pays. Il n’y aura pas de deuxième chance pour que cela se passe en douceur. De ce fait, nous resterons tant que vous n'êtes pas en démocratie. »

Pierre, un sourire espiègle aux lèvres :-" Mais la vraie raison, c'est que maintenant que nous sommes sûrs que nos parents ne vont pas souffrir de notre absence, Caroline va nous torturer à mort si nous l'éloignons de toi en rentrant. Et franchement dans quelques temps tu comprendras notre peur."

Moi, outré :-" Amour, surtout ne les crois pas, ce ne sont que des idiots."

Jacques :-" Hé, c'est quand même toi qui m'a poursuivi dans toute la maison, la semaine dernière pour me taper alors que je ne t'avais rien fait."

Moi encore plus scandalisée :-"Rien fait !! Tu avais fait tomber mon poster de Justin en rentrant dans ma chambre."

C'est au sourire que mes frères affichent que je comprends que je me suis faite piéger comme une débutante. Je me retourne vers Cécile qui d'étonnée devient franchement amusée.

Moi je me dis que ma crédibilité auprès d’elle est fichue. Elle va vraiment me prendre pour une midinette fan d'un bellâtre.
Bon d'accord, tu l'es, mais pas moi, normalement. Je suis sensée être une femme de 23 ans qui a l'expérience d'au moins 4 vies, donc quelqu’un de mature.
En plus, déjà sans cette super casserole que mes frères viennent de déterrer je suis limite face à elle. Tu te rends compte ! C'est un génie, docteur en médecine dans toutes les disciplines et inventeur de plusieurs médicaments. Alors là, comment va-t-elle vouloir rester ?
Bon la meilleure défense étant l'attaque, je me lance.

Moi :-« Dis donc Jacques que faisais-tu dans ma chambre, d'ailleurs ? »

Jacques :-« On jouait avec Paul au ballon dans le couloir. En tentant de le rattraper, j’ai cogné la porte qui du fait du bazar noir de ta chambre n’était pas fermée. J’ai atterri à l’intérieur. Ensuite, je me suis étalé sur tes fringues éparpillées par terre. Là, j’ai remercié ta forme personnelle de rangement ainsi ma chute a été amortie ma chute. Mais j’ai très vite compris que cela pouvait être un très bon système anti-intrusion. En voulant me relever et sortir, je me suis pris les pieds dans l’étui de ta guitare. Pour éviter que ma tête cogne contre le mur j’ai posé mes mains sur l’affiche qui n’a pas résisté. Je suis à nouveau tombé. »

Paul :-« Voyant cela je lui ai conseillé de sortir à quatre pattes et d’abandonner là notre pauvre ballon. »

Jacques :-« C’est donc l’âme en peine que je suis sorti. »

Moi :-« N'importe quoi, en plus vous n'aviez pas à jouer dans la maison avec. »

Moi qui étais contente de reprendre la main en contre-attaquant, je déchante. Comme tu le sais bien nos trois frères ont vraiment de gros dossiers bien étoffés sur le rangement de ma chambre. Je cherche depuis qu’il a commencé à raconter les faits un moyen de changer de sujet mais je n’en trouve pas. Il n'y a qu'une solution pour couper court à tout ça.

Moi :-"Oui quand j'avais 13 ans j'étais fan de Justin Bieber, je ne rangeais pas ma chambre et j'avais tendance à être vindicative."

Jacques :-" Tendance !! C’est un euphémisme ça."

Moi, commençant à perdre patience :-" Je vous rappelle qu'aucun de vous ne court plus vite qu'une de mes balles. Je peux tout à fait vous faire très mal sans réellement vous blesser."

Jacques marmonnant :-" Qu'est-ce que je disais..."

Moi, la main sur mon arme avec un rictus :-" Un commentaire ?"

Nous sommes alors interrompus par un grand éclat de rire. Nous nous retournons vers la source et nous découvrons Cécile riant aux larmes. Nous sommes tous les quatre interdits voir à la limite de bouder. Nous voyant ainsi elle se met carrément à avoir un fou rire incontrôlable. Nous la regardons étonnés puis n'ayant quasiment pas dormi nous nous mettons nous aussi à rire. Après suffisamment longtemps pour que nos abdominaux commencent à être douloureux, nous nous calmons. Je demande alors la raison de son hilarité.

Cécile :-" J'adore votre façon de décompresser ou de faire passer un moment gênant que ce soit hier dans le couloir avant d'emmener Angélique à l’hôpital, après votre exposé de votre plan ou là tout de suite, je suis fan de votre humour décalé."

Je suis soulagée qu’elle ne semble pas avoir relevé ma confession. Je suis étonnée de son analyse, je n'avais jamais remarqué. En me tournant vers mes frères, je suis rassurée. Leurs visages surpris prouvent qu'eux non plus n’avaient pas noté cela.

Pierre :-« C’est tellement naturel que nous n’en avions pas conscience. Cela sert d’avoir une belle-sœur si observatrice. »

Cécile, tout sourire :-« Tu vois, tu recommences à plaisanter parce que tu es mal à l'aise. »

Paul :-« Désolé de casser l’ambiance mais j’ai faim et nous avons quelques petites choses à régler avant de manger. Cécile, sais-tu si des personnes dans le groupe savent où se trouve ce bâtiment ? »

Cécile :-« Tu sais Paul, tu nous as demandé de réorganiser les lieux. Nous avons évidemment trouvé beaucoup de vieilles publicités où était indiquée l’adresse et le nom du magasin. »

Paul :-« Donc même si je suis sûr de la parole du président, il est plus prudent de rechercher un autre lieux pour habiter et conserver la machine d’Albert. Ici ce sera uniquement un atelier et là où on fera nos réunions, c’est plus prudent. »

Jacques :-« Dit Paul, nos parents aussi vont retrouver leur appartement je pense. Tu ne crois pas qu’il faudrait être pas loin de mamé pour la protéger. Parce que je pense que si des hommes du général ne veulent pas rentrer chez eux, ils vont s’en prendre à elle qui semble être la chef. »

Paul :-« Oui, tu as raison. Allons en discuter avec elle. "

Cécile me retient par le bras au moment où je m’apprête à suivre le mouvement. Je me retourne vers elle. Étrangement timide, elle me demande si nous pouvons parler seule à seule.
Intriguée, je lui réponds par l'affirmative et laisse mes frères partir après leur avoir assuré de les retrouver plus tard. Une fois seule, je me retourne vers elle. L'inquiétude me prend alors. Elle est visiblement nerveuse, ses doigts ne cessent de s'entortiller les uns sur les autres et son regard pour la première fois, me fuit. Elle reste muette devant moi pendant quelques secondes de silence. Cela me laisse amplement le temps de paniquer en me posant plein de questions mais en omettant celle qui me fait le plus peur: veut-elle rompre ?

Elle prend enfin la parole.

Cécile :-"Caroline, accepterais-tu de vivre avec moi dans mon appartement jusqu'à ton départ vers ta dimension d’origine ?"

Je suis si soulagée et surprise que je reste sans voix. Je vois alors le visage de ma douce blanchir encore plus et ses yeux se remplir de larmes. Instinctivement je me jette sur elle, l'enlace et lui murmure mon accord, mon amour et ma joie de vivre avec elle. Je parsème de baisers son tendre cou entre chaque syllabe.
Rassurée, la voix encore hachée par les hoquets des pleurs contenus au moment de mon silence, elle m'explique être heureuse mais un peu inquiète, n'ayant jamais vécu avec personne d'autre que ses parents.

Moi :-" Nous apprendrons ensemble à vivre avec l'être aimé. Ainsi ce sera notre aventure à nous."

Cécile augmente alors la pression de son étreinte et blottit son visage dans mon cou en me soufflant que j'ai raison et qu'elle adore mon romantisme.
Nous restons ainsi jusqu'à la manifestation intempestive et bruyante de mon estomac. Cela déclenche évidement les rires de ma compagne.

Cécile :- « Caro, tu ne pousses pas le romantisme jusqu'à appliquer l'adage vivre d'amour et d'eau fraîche, à ce que j'entends. »

Moi :- « Hé, hier soir il y avait trop de monde pour que je sois à l'aise et mange correctement. Ce matin, on a préféré utiliser le temps qu'il nous restait avant la réunion avec le président et ses ministres pour dormir au moins une heure. »

Cécile :- » Tu es agoraphobe ? »

Moi, la décoiffant :- « Docteur, je suis juste très timide et pas bien quand il y beaucoup de monde. En plus dans la foule je ne panique aucunement, je dirais même que je suis bien. Elle me protège puisque personne ne fait attention à moi. Si on allait manger ? »

Cécile :- « Désolée. Oui tu as raison, allons-y. »

Nous sommes accueillies dans le couloir où nous mangeons par mes trois frères tout sourire. Je retrouve à cet instant mon petit Jacques, heureux et débordant d'enthousiasme.

Jacques :-" Caroline, on vient de discuter avec mamé et les tontons. Il s'avère que depuis la mort de nos parents et de nos grands-parents d'ici, ils vivent sur le même pallier, au dernier étage de leur immeuble. Mais le mieux c'est que le dernier appartement de leur niveau est libre depuis trois semaines. Tata Heidi assure qu'il y a quatre chambres. En plus, notre arrière-grand-mère dit qu'elle nous ferait à manger. Tu te rends compte, plus de nuit à dormir par terre ou les pâtes au jambon à chaque repas. On va être un peu comme à la maison."

Je m'aperçois alors que je ne suis pas seule et que d'emménager chez Cécile va forcément affecter mes frères, surtout Jacques. Il a toujours eu besoin de nous avoir autour de lui.

Paul :-" Oui, c'est une chance. En plus, nous n'aurons qu'à installer des alarmes sur l'escalier et l'ascenseur. Je pense qu'il serait intéressant de les accompagner après déjeuner. S'il y a besoin d'aménagement intérieur, nous irons l'acheter à L.A."

Pierre :-" C'est une bonne idée. Le propriétaire de l'appart habite dans l'immeuble. Je vais devoir négocier ferme pour qu'il nous le loue car on est jeune et vraiment pas blanc. Je pense qu'acheter de l'or, là-bas, aidera pour le décider et lui imposer la discrétion."

Je profite du silence des trois garçons pour lancer ma bombe puisque je sais qu'il n'y a pas de bonne façon de le faire.

Moi :-" J'emménage chez Cécile ce soir."

C'est une véritable douche froide que je viens de leur faire prendre. Leur visage a perdu toute gaieté, c'est l'étonnement qui l'a remplacé. Cécile ayant compris parfaitement le moment difficile que notre fratrie traverse, ressert son bras autour de ma taille pour me montrer son soutien dans cette épreuve.

Après un temps qui me semble infini, Pierre et Paul plaisantent en s'accusant mutuellement d'être responsables par leurs ronflements de ma fuite chez ma chérie. J'en souris sachant très bien que c'est leur façon de me dire qu'ils comprennent et sont contents pour moi. Jacques n'a toujours rien dit. Après un moment devant nos regards insistants il récupère la machine d'Albert qui est à côté de lui et marmonne en partant qu'il va travailler au plan de son dépollueur. À peine a-t-il croisé l'angle du couloir qu'on entend distinctement le bruit de son poing contre un des murs.

Au bord des larmes, je dis à mes frères qu'habiter avec Cécile est ma seule chance de passer un peu de temps avec elle avant de retourner chez nous.

Paul :-" Nous le savons bien Caro et nous te comprenons. Et crois-moi, Jacques aussi en est bien conscient. Mais nous sommes ses seules références. Tu ne dois pas oublier qu'il avait 6 ans hier matin. Que tu ne sois pas avec nous, c'est un peu comme perdre une partie de sa famille, encore !"

Moi :-" Je le sais bien et vous m'êtes indispensables aussi mais j'ai besoin de Cécile."

Pierre :-" Vas lui parler. Vous en avez tous les deux besoins."

J'y vais après avoir confié mon fusil à Paul. J'entends Cécile demander quand je passe le couloir.

Cécile :-" Jacques et Caroline sont très proches, l'un de l'autre."

Paul :-" le voyage interdimensionnel a resserré les liens entre nous. Il est devenu bien plus fort que celui du sang mais ce n'est pas de ça qu'il s'agit ici. Pierre et moi avons toujours eu besoin de quelqu'un pour jouer, nous avons donc appris à prendre sur nous, à comprendre le point de vue de l'autre, pas Jacques et Caroline."

Cécile :-"C'est pour ça qu'il a du mal avec la frustration et qu'il est parti."

Paul :-" C'est ce que je pense aussi."

J'arrête là mon espionnage et pars rejoindre Jacques en me disant que vraiment je n'ai pas été une super sœur. Mon égoïsme a dû faire souffrir, mes deux frères, plus d'une fois.
Si tu pouvais faire quelques choses pour rectifier ça, ce serait bien. En plus, je sais que toi non plus l’idée de les avoir malmenés par ton individualisme ne t’enchante guère.
Moi, pour l’heure, il faut que je parle avec le plus intelligent de nous quatre et de ce fait le plus sensible, cela ne va pas être simple.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:51

IX






A peine arrivée au niveau du trou dans le mur fait par le poing de Jacques que mon téléphone sonne l’alerte intrusion.
Je mets immédiatement mon oreillette, l’ouvre en mode conférence tout  en accédant, depuis mon Smartphone, aux images des caméras de surveillances installées dans tout le bâtiment.

Moi :-« 5 intrus dans le parking inférieur, 5 à la porte d’entrée. Ils sont très lourdement armés. À première vue ils n'ont pas les mêmes fusils automatiques que les soldats français."

Paul :-« Cela m'aurait déçu si cela avait été le cas. On va donc tabler sur des étrangers. Pierre est parti se préparer pour se positionner devant les portes d'accès de l'étage."

A peine a-t-il fini de dire ça que mon frère passe, sans ralentir, près de moi. Je suis légèrement chahutée par l'appel d'air que sa vitesse à engendrer.

Jacques :-" J'ai sorti le drone pour explorer le toit et les alentours. Je vous tiens au courant le temps de votre arrivée."

Paul : " J'ai envoyé Cécile prévenir les autres. Nous les envoyons dans une autre dimension avec Albert et tous les travaux en cours."

Pierre :-" Je suis au placard à balais et me change. Je m'occupe de votre équipement ?"

Moi :-« Non, j’y suis dans trente secondes. Fonce ! "


Jacques :-" Cinq personnes sur le toit. Elles s'attaquent à la porte d'accès. Elles utilisent une sorte de chalumeau pour découper la serrure. Honnêtement, si elles mettent plus de cinq minutes je serais étonnée. Un minibus est garé devant l'entrée Sud, il n'y a plus personne dedans. Je laisse le drone en vol stationnaire pour suivre l'évolution de la situation à l'extérieure et me change."

Je détecte une tentative de piratage de mon réseau, pour arrêter l’alarme. Heureusement, je suis arrivée au labo. Si j’avais le temps, j’utiliserais cette cyber-attaque pour collecter toutes les infos possibles et m'emparer du contrôle des ordinateurs ennemis. Mais là, ne connaissant pas le plan de Paul, j’active donc mon système de défense. Je ne fais pas dans le détail et leur envoie le tsunami informatique que j'avais programmé pour contrer une telle situation.
Elle réussit, je suis sûre que leur matériel est hors service.
Ensuite je vais me changer, prépare tous les équipements et assemble mon fusil de précision. Jacques arrive à ce moment-là et se prépare aussi.

Jacques :-" Ils viennent d'ouvrir la porte de la terrasse. Je fais rentrer le drone."

Paul :-" On a plus que deux options, soit partir soit éliminer les intrus. Que choisissez-vous."

Moi :-" Partir"

Jacques :-"Partir"

Pierre :-"Partir"

Paul :-"Pierre, reviens immédiatement à la cuisine. J’ai besoin de toi pour canaliser tout le monde. "

Jacques :-« Je rapatrie le drone.. »

Paul :-« Ensuite tu ramènes fissa la machine d’Albert pour transférer tout le monde. »

Moi :-«  Jacques, va ramener la machine, je m’occupe du drone. »

Jacques, avec un léger sourire :-«  Je ferais attention à Cécile. »

Moi :-« Merci. Vous revenez après ici, il faut rapatrier toutes vos notes aussi. »

Jacques :-« Ok. »

Je démonte et range mon fusil. Mes frères arrivent avec Albert moins de deux minutes plus tard. Jacques fait passer les tables avec les notes, les croquis et l’ordinateur en premier, nous suivons ensuite.

A notre arrivée dans le gymnase, je ne sais pas si c’est de nous voir, tous les 4, harnachés de notre équipement de commando complet et armés comme des porte-avions ou l’évacuation en urgence, mais les étudiants, les tatas et mamé sont très pales. Je vais tout de suite auprès de Cécile et la rassure. C’est à ce moment que je vois les trois basketteurs regarder le parquet avec un air désolé. Je trouve que l’objet de leur tristesse tranche vraiment avec la gravité de la situation.

Tonton Fred :-« Avec le choc des lits de nos cellules, il est vraiment abimé. »

Pierre :-« Sans parler des talons des chaussures de ces dames qui aggravent les choses. »

Paul :-« Quand on aura fini et avant de repartir chez nous, il faudra qu’on fasse un don à la ville pour réparer ça. »

Tonton Fred surpris :-« Mais tu sais que cela doit coûter cher. »

Pierre :-« Peut-être mais on leur doit bien ça. »

Mamé les interrompe. Elle est visiblement un peu chamboulée d’avoir dû fuir de façon si précipitée. Je m’approche avec ma belle rousse. Jacques et tonton Olivier nous suivent.

Mamé :-« Qu’est-il arrivé au juste pour qu’on ait dû partir si vite ? »

Pierre :-« Quinze hommes ont pénétré dans notre planque. Ils étaient lourdement armés et trop nombreux pour que nous espérions les neutraliser sans les tuer. Nous avons choisi la fuite pour ne pas verser inutilement de sang. »

Mamé :-« Et vous avez eu raison. »

Tonton Olivier, surpris :-« Pourquoi les soldats nous ont attaqués si le président est d’accord pour nous aider ? Comment nous ont-ils trouvés ? Voulaient-ils la machine d’Albert, nous tuer ou les deux ? »

A la fin de sa tirade tata Aurore vient doucement comme à son habitude le prendre dans ses bras. Il se calme rapidement et se retourne vers nous avant que nous lui répondions.

Tonton Olivier :-« Désolé, je n’ai pas l’habitude de ce genre de situation. Merci de nous avoir encore sauvé la vie. »

Après un merci général qui mit à mal encore une fois notre modestie, Pierre peut enfin répondre.

Pierre :-« La seule chose que nous pouvons dire c’est que l’armement de ces hommes n’est pas celui des militaires français que nous avons croisés. Nous pensons donc qu’il s’agit d’étrangers. Nous ne savons rien d’autre, donc nous ne pouvons pas répondre aux autres questions. »

Un brouhaha s’installe dans la pièce. Je vois Cécile froncer les sourcils Je suis sûre qu’elle pense, à juste titre, que nous cachons des informations. Notre arrière-grand-mère du regard et observe, quand je l’ai trouvé, la même expression sur son visage. Nous allons passer sur le grill si elles ont la possibilité de nous parler sans les autres pour témoins. J’espère que Paul a prévu que nous partions très vite, elles n’ont vraiment pas l’air ravi qu’on leur cache quelque chose.


Parce que oui, nous avons des idées pour répondre aux questions de tonton olivier. Mais depuis la découverte des dossiers du président, il est évident que la menace ne vient plus uniquement de lui et de ses hommes. C'est pourquoi nous n'avons pas évoqué la découverte des dossiers et avons demandé à Albert de ne rien dire même à notre famille. Ne connaissant pas vraiment les membres de notre groupe et les ennemis potentiels s’étant multipliés d'un coup, ainsi que les espions éventuels, nous préférons jouer la prudence, voire la paranoïa.

Heureusement, avant qu'elles ne parlent, Paul intervient.

Paul :-" Bon, ne sachant pas combien de temps vous allez rester ici, je pense qu'il est plus prudent que tous, vous montiez dans la salle de réunion qui se trouve sous les toits. Seul un escalier la dessert, il sera plus facile de ne pas être surpris, contrairement à ici avec ces nombreuses entrées. En plus s'il est jonché de papiers d'emballages de friandises, trouvés par des naufragés interdimensionnels affamés dans le distributeur qui se trouve dans l'entrée, la surveillance sera encore plus aisé."

Simon :-" C'est vrai qu'on va pouvoir manger ? Mais cela coûte une fortune."

Pierre, souriant et sortant son couteau suisse :-" Venez tous avec moi, je vais vous montrer où est la salle et ouvrir le buffet à volonté."

Tout le monde suit notre grand frère sauf Albert que nous retenons pour lui poser des questions et Mamé et Cécile pour nous poser des questions.

Paul :-" Mamé et Cécile vous n'êtes pas satisfaites des réponses de Pierre mais ce n'est pas encore le temps des réponses. Il nous faut passer rapidement à l'action pour assurer la sécurité de tous et te permettre, Cécile, d'aller chercher ta marraine en fin d'après-midi."

Jacques se tournant vers Albert :-" Ta machine est un accélérateur de particules grâce à générateur d'ondes électromagnétiques surpuissant ?"

Albert :-" Oui, comme je vous l'ai expliqué hier, pourquoi ?"

Jacques :-" Quel est ta source d'énergie ?"

Albert, comprenant la question implicite :-" Une pile à réaction nucléaire, mais ce n'est pas ainsi qu'ils nous ont repérer. Je n'ai pas voulu finir comme Marie Curie avec une leucémie. Son blindage est tel que la radioactivité mesurée autour de l'appareil est ultra minime. Par contre la signature des ondes électromagnétique de ma machine est très spécifique et de ce fait facilement repérable si on la cherche."

Nous nous regardons Paul, Jacques et moi. Nous avons compris que lors de notre raid en Lozère nous avons été repérés sûrement par le satellite qui surveillait l'endroit où se trouvaient les dossiers compromettants. Le responsable des soldats qui ont envahi notre bâtiment ne pouvant le récupérer à cause du char, s'est assuré d'être au courant si quelqu'un y arrivait.

Paul :-" Les boîtiers qui permettent de revenir dans la dimension où se trouve ta machine ont la même signature électromagnétique ?"

Albert :-" Oh oui, bien sûr, mais leur puissance est si faible qu'elle n'est mesurable qu'à un ou deux mètres."

Pierre arrive alors.

Pierre, légèrement essoufflée, les bras chargés de friandises, qu'il nous distribue pendant qu'il nous fait le compte-rendu.

Pierre :-" Tout le groupe est installé et mange. La salle est comme sur notre Terre. Il ne devrait pas y avoir de mauvaise surprise."

Paul, s'adressant à Albert :-" Au moindre signe de quelqu'un montant les marches vous fuyez tous dans le magasin sur la Terre d'où nous venons mais avec une semaine en arrière puis vous revenez ici mais hier. Là, il faut impérativement que vous soyez silencieux parce que nous allons aussi y être pour vous sauver et nous serons complètement sur les dents donc peut être dangereux pour vous. "

Cécile, blanche :-" Vous retournez à quatre affronter au minimum quinze soldats suréquipés et surentraînés, pourquoi ?"

Moi:-" Pour qu'on ne vous ait pas libérés pour passer votre vie à fuir."

Cécile, me regardant dans les yeux ce qui me rend tout chose :-" Mais je m'en fiche complètement de ça. Ta vie est plus importante."

Moi, tout émue :-" Amour, merci, mais trente personnes et un pays entier c'est légèrement plus important que nous quatre. Surtout qu'avec les boîtiers nous vous rejoindrons dans la seconde au moindre problème."

Cécile les larmes commençant à couler :-" Jamais aucun de vous n'abandonnera l'autre. Si l'un est touché, les trois autres feront tout pour le sauver quitte à se sacrifier. Votre connexion et votre amour indéfectible est votre force mais là, j'ai peur que cela soit votre perte."

Incapable de la voir ainsi sans réagir, je l'enlace et lui murmure mon amour et l'embrasse aussi chastement qu'il m'est possible de le faire, compte tenu de son parfum et de la chaleur de son corps qui éveille mes sens et enflamme mon désir.

Paul, jamais aussi sérieux :-" Je te promets de ne rien tenter si le moindre risque est prévisible. Comme tu l'a dit rien ne compte plus pour moi que la vie de mes frères et ma sœur."

Mamé :-" Vous ne pourriez pas faire autrement qu'une confrontation pour régler le problème ?"

Jacques :-" Nous devons savoir à qui nous avons affaire, qui est le commanditaire. Et le seul moyen, c'est de les suivre. Ensuite il nous faut impérativement entrer en relation avec leur chef. Le plus simple c'est de le faire depuis la planque de nos belliqueux visiteurs. Nous lui expliquerons alors que de nous tuer aura l'effet diamétralement opposé à ce qu'il recherche."

Cécile, toujours dans mes bras :-" Et bien sûr, si vous ne le faîtes pas, ces hommes vont continuer à nous rechercher. Mais nous pouvons refaire notre vie ici, non ?"

C’est le silence qui accueille cette question, témoin flagrant de la peur et de la détresse de ma chérie.

Après un long temps Paul intervient.

Paul :-" Le problème, Cécile, c'est que Caroline a mis moins d’une demie-heure pour savoir où vous étiez retenus prisonniers et qui vous êtes, avec juste un ordinateur portable. Le commanditaire a utilisé un satellite pour nous retrouver. Il a envoyé quinze soldats dans le pays le plus puissant militairement de la planète dont le président a expressément exigé qu’on n’intervienne pas chez lui, sous peine de représailles.
Il est l’a pourtant fait, c’est dire son degré de détermination.
Alors comme il est certain qu’il connaisse déjà vos noms et ceux de vos familles, je ne pense pas qu’il hésitera longtemps avant de faire pression sur eux pour vous atteindre.
Nous devons régler ça maintenant pour que vous retrouviez une vie normale au plus vite. Caro, on te laisse, mais pas longtemps.
Nous accompagnons Mamé et Albert là-haut et expliquons succinctement la suite des événements."

Cécile se redressant brusquement :-" Et si vous ne revenez pas ?"

Paul :-" Mamé et toi devrez continuer à surveiller et orienter le président pour le rétablissement de la démocratie. Mais surtout je vous demande de venir prévenir et expliquer à nos parents ce qu'il nous est arrivé et leur dire que nous les avons toujours aimés. "

Jacques :-" Mais en plus de deux siècles d'aventures, certes tirés de notre inconscient, nous nous en sommes toujours sortis. Nous sommes toujours très prudents et maîtrisons parfaitement nos capacités hors normes. Il n'y a donc pas de raison que cela change cette fois-ci."

Pierre l'air parfaitement grave :-" Et surtout n'allez pas imaginer remonter le temps pour venir nous prévenir si nous ne revenons pas. Le retour sera impossible et vous resteriez bloqués dans ce temps qui n'est plus le vôtre. Comme vous y serez déjà, vous n'aurez plus de famille, plus d'amis, plus de travail, tout cela sans aucune certitude de nous sauver la vie."

Aux visages de Cécile et Mamé, l'idée leur est effectivement venue. Pourtant, les paroles de Pierre ne semblent visiblement pas les avoir convaincues.

Moi :-" Vous ne devez vraiment pas jouer avec le cours du temps pour nous. On ne sait pas ce qu'il en sortira."

Cécile:-" Mais tu serais en vie."

Moi :-" Peut-être mais ce n'est pas sûr. En en plus tu me mettrais dans une situation impossible avec deux Cécile et aucune possibilité de choisir."

Cécile :-" Tu nous laisserais pour ne pas léser celle qui est venue te sauver, ni blesser celle qui n'a rien fait parce que cela ne s'est pas encore passé."

Moi : -" Tout à fait."

Après un bisou d'au revoir de Mamé, ils nous laissent alors seules.

Les instants qui suivent, seule avec Cécile, sont intenses en émotion.
Je l'enlace et l'embrasse. Elle me murmure tout son amour.
À l'unisson nous nous déclarons âme sœur.
Mais l'ombre de ma mort plane toujours au-dessus de nous et les larmes ne sont jamais bien loins. Je ne peux que lui assurer vouloir tout autant qu'elle revenir. Elle ne peut que me croire et tenter de sourire pour que ce moment ne soit pas trop mélodramatique.

Dieu que je l'aime, la voir triste m’est insupportable. Il est pourtant impossible de faire autrement que de suivre mes frères et d’accomplir ce qui doit être fait. L'amour peut vraiment faire mal. Mais c'est aussi le plus puissant moteur.

Un dernier baiser où je tente de mettre tous mes sentiments pour elle et nous rejoignons mes frères dans la salle de réunion.

Je vérifie une dernière fois tout notre armement. Je  prends l’ordinateur portable de la police, j’ai sûrement grillé leur système informatique avec ma contre-attaque. Si on veut rentrer en relation avec le grand patron autant avoir du matériel qui marche. Je découvre avec surprise que les frères ont des cordes pour l’escalade, cela peut toujours servir.

Maintenant que nous sommes tout à fait prêts, nous retournons sur notre terrain de mission, juste à côté de notre ancienne planque. Le minibus est encore là. Les voitures et la circulation sont moindres par rapport à notre monde mais nous trouvons facilement et empruntons un véhicule des plus banals.
Nous n'attendons qu'une dizaine de minutes avant de voir le commando retourner dans son car.
Ils sont tous les quinze là, aucun guetteur n’est laissé en surveillance. Ils ont dû laisser des mouchards électroniques pour faire ce travail.
Jacques fait alors décoller le drone. Nous l'utilisons pour les suivre sans risque de nous faire repérer. Pierre attend une bonne minute avant de démarrer à son tour. Pendant la filature les conversations vont bon train.

Paul :-« J’ai analysé leur mouvement, ce sont des professionnels aguerris. Cela va être dur de les neutraliser à quatre. Ils sont nombreux et bien entraînés.

Jacques :-« Oui, mais nous n’avons pas le choix. Comme l’a dit Caro c’est l’avenir de trente amis et d’un pays qui en dépendent. Je pense qu’exceptionnellement il faut envisager toutes les options, l’échec est impossible. »

Moi, horrifiée :-« Tu veux dire tuer intentionnellement ! »

Pierre :-« Moi, j’appellerais ça plutôt de la légitime défense vu leur attaque de tout à l’heure. »

Moi, ironique :-« Ce n’est pas en jouant avec les mots que l’acte en devient plus acceptable, Pierre. »

Paul :-« Caro, tu sais très bien ce qu’il veut dire. Tu sais aussi que c’est une éventualité à vraiment envisager vu nos adversaires. En plus, ce sera en dernier recours comme tu t’en doutes. »

Moi :-« Vous ne savez pas ce que cela fait d’ôter une vie. »

Jacques :-« Non, mais nous savons pour qui nous le ferons, si nous n’avons pas le choix. »

Moi :-« Evidemment, mais cela n’enlèvera pas l’horreur de ce que l’on ressent après un tel acte. »

Mes trois frères ensemble :-« Nous le savons bien. »

Après un long silence.

Pierre :-« Je n’ai pas voulu en parler devant les autres tout à l’heure. La découverte des dossiers et les dégâts mondiaux que leurs diffusions entraineraient rendent la chose pour le court terme anecdotique mais est-ce que Tonton Olivier peut avoir raison ? Paul, est–on  vraiment sûr que le commando n’était pas là pour essayer de récupérer la machine d’Albert ? Elle peut facilement permettre de devenir le maître du monde. »

Paul :-« Non, on  ne peut pas en être sûr. Surtout qu’avec deux milles soldats au courant de son existence, l’information a pu être divulguée à un espion, à tout moment. Mais la seule raison plausible pour nous envoyer autant de soldats si entraînés et si lourdement armés, est qu’ils ont dimensionné leur attaque en fonction des dégâts que nous avons causés en Lozère. Ce serait complétement disproportionné pour s’attaquer aux amateurs qui ont enlevé Albert. »

Moi :-« C’est sûr ! En plus la machine est restée une semaine avec pour seuls gardes deux enfants, deux femmes et deux personnes âgées.  Un seul espion, même pas bien entraîné, aurait pu s’en charger seul. »

Pierre, enthousiaste :-« C’est notre chance. Parce que si c’est les dossiers qu’ils cherchaient, nous avons un moyen de pression. Sinon, je ne sais pas comment on ferait pour régler le problème."

Paul :-" On y réfléchira en temps utile, pas la peine de s'encombrer l'esprit."

Jacques :-« De ton analyse des généreux donateurs du président, tu as une idée de qui est responsable du commando, Paul ? »

Paul :-" je pense qu'il s'agit des U.S.A. pour protéger la compagnie pétrolière Exxon qui est devenue première mondiale après avoir pu racheter, pour presque rien, Total en faillite à cause du Bug. Il ressort de la correspondance qu'elle a, elle-même, organisé les problèmes informatiques. Elle voulait pouvoir les réparer quand la compagnie lui appartiendrait ou, si ce n'était pas le cas, pouvoir espionner et saboter son concurrent."

Pierre :-" Ils ont vraiment la gâchette facile quand il s'agit de pétrole, les États Unis. Les deux guerres du Golfe ne leur ont pas suffi."

Paul :-" Eh non ! Encore une fois, le gouvernement américain veut protéger son indépendance énergétique. La mort de trente personnes ne lui semble pas cher payer pour ça."

Pierre :-" Enfin là, c'est surtout une question de gros sous."

Paul :-" C'est vrai."

Moi :-" Qu'est ce qui t'a amené à penser que c’est un coup des U.S.A ?"

Paul :-" Les moyens en hommes et en matériel sont énormes pour une telle opération.
Seul un satellite a pu repérer la signature électromagnétique de la machine d’Albert. Vu la configuration du site, nous et les soldats présents aurions détecté tout espion s'y trouvant. Ensuite pour trouver notre planque, c’est carrément une recherche planétaire par un grand nombre de satellites qu’il a fallu. Avec les moyens de transport à notre disposition nous pouvions être n’importe où. Enfin, ils ont dû attendre que nous réutilisions la machine pour nous localiser, c'est-à-dire ce matin. Ce qui veut dire que le commando n’a eu que le temps de notre réunion de ce matin pour se former, venir sur zone et nous attaquer. C’est d’ailleurs cette précipitation qui nous a sauvés la vie car ils ont privilégié l’effet de surprise et ainsi déclenché les alarmes nous permettant de fuir à temps. »

Nos cibles ne semblent pas s'être aperçues de notre présence ou ne s'en soucie pas. Elles vont directement à un entrepôt jouxtant l'aéroport Charles de Gaulle et ayant un accès direct aux pistes. Nous comprenons que c'est ainsi qu'ils ont pu rentrer dans le pays et qu'ils ont dû aménager des caches d'armes dans l'appareil pour les passer sous le nez des douaniers.

Nous nous garons à distance du bâtiment. Jacques rapproche le drone de nos ennemis pour les écouter. Ils sont entrés dans leur planque, il n’y a plus de risque qu’en levant les yeux, ils le voient.

Jacques, en pilotant son aéronef, pour aller au niveau d'une fenêtre du toit, fait passer l'engin devant l'enseigne du bâtiment. En la voyant nous éclatons de rire.
Sur une grande plaque blanche est dessiné un grand rond bleu ourlé de jaune. A l’intérieur, le long du bord doré, est écrit en blanc « Compagnie d’Importation d’ Amérique » et au centre se trouve un aigle avec un chapeau de cowboy au-dessus d’un drapeau où se trouve un pantalon en Jeans.
Pour que les choses soit évidentes pour toi qui n’est pas au fait des agences gouvernementales américaines et pour que tu comprennes notre fou rire, il faut que tu saches que si tu enlèves le chapeau à l’aigle et remplace le Jeans par une rose des vents, tu as alors l’emblème de la C.I.A qui comme tu le sais est l’agence d’espionnage des U.S.A.
L'effet est positif pour nous, car la tension dans l'habitacle a disparu

Jacques :- " En tout cas maintenant, on est sûr que ce sont des américains."

Paul :-" Oui et je trouve ça super futé. Personne ne peut imaginer que ce sont réellement des espions qui sont les employés de cette compagnie."

Nous reprenons notre observation.
Au moment où Jacques veut positionner le drone juste à l’aplomb d’une des lucarnes pour voir à l’intérieur du bâtiment, Paul intervient.

Paul :-« Pas devant cette fenêtre Jacques ! Il est pratiquement 14 heures, le soleil est zénith, le drone, par son ombre, va se faire immédiatement repérer. Trouves en plutôt une qui soit à l’est. »

Jacques :-" Quand le manuel de fonctionnement étudier tu auras, intervenir tu pourras"

Nous voyons alors à l'écran le toit se rapprochait.

Jacques :-" Paul, tu dois savoir que ce joujou est encore plus fait pour l'espionnage qu'une voiture de James Bond."

Il continue à piloter le drone et à toucher à tout un tas de boutons alors que l'image devient noire.

Jacques :-" Là, je viens de l'arrimer au toit juste à côté de la fenêtre."

L'image revient et maintenant nous avons aussi le son.

Jacques :-" Il y a trois tuyaux motorisés qui sont munis de capteurs. Ils peuvent sortir de l'appareil pour aller écouter, voir et scanner une pièce à une distance de 50 centimètres. Dans le modèle du dessus, il y a même un laser qui permet de découper des matériaux et faire rentrer le drone."

Pierre :-" Dis donc, ils se sont inspirés des chapeaux volants du dessin animé " Bienvenue chez les Robinson"

Jacques :-" En quelque sorte, mais sans l’intelligence artificielle ni la psychopathie."

Paul :-" Et si on revenait à la mission ?"

Pierre et Jacques ensemble en faisant le salut militaire :-"CHEF, OUI CHEF"

Nous étudions alors le hangar et ce qui y ait dit.

L'intérieur est divisé en deux zones par la couleur du sol.
Une grise, en-dessous du drone, donne sur l'immense porte. Un petit avion-cargo et le minibus y sont garés.
Une beige est un entrepôt avec le long des murs un tas de caisses avec marqué "Made in U.S » et des tables sur lesquels sont empilés des vêtements. Il y a aussi un show-room avec des mannequins et des portants , présentant différents modèles de jeans, chemises et chapeaux de cowboy. Ils ont vraiment bien travaillé la couverture d'importateur.
Sur le mur opposé à l'entrée, un escalier monte vers l'étage qui n’occupe que la moitié du bâtiment. Le scanner nous indique qu'il y a des lits, une cuisine et des douches.
Sous l'escalier est installé une table avec deux grands écrans d'ordinateur, un est éteint, c'est sûrement celui qui a grillé à cause de ma contre-attaque informatique et sur l'autre se trouve le visage d'un homme.
Tout le commando se trouve devant lui, immobile.

Alors, comme tu t'en doutes, ils parlent tous en anglais mais pour plus de facilité je l'écris en français.

Voix de femme venant d'un des commando :-" Monsieur, la mission est un échec et j'en assume l'entière responsabilité. À notre arrivée, les individus se sont enfuis par un chemin inconnu emmenant tout avec eux et bien sur les dossiers recherchés."

L'homme sur l'écran :-" Miss Bleuet, votre responsabilité n'est en aucune manière en cause. Votre opération a été suivie ici grâce à vos caméras disposées sur vos casques. J'ai bien vu que monsieur Bedford Forrest n'a pas attendu que monsieur Sciuto neutralise les alarmes pour rentrer. Visiblement, il était trop impatient de vous couper l'herbe sous le pied."

Le commando Redford Forrest :-" Monsieur Dulles, je m'inscrit en faux, j'ai suivi la procédure."

Dulles :-" Nous reparlerons de tout ça quand vous serez tous ici. Miss Bleuet, la mission est pour l'instant maintenue. Et il faut que vous sachiez que le satellite a détecté que l'arme a fonctionné pendant que vous étiez dans le bâtiment. Heureusement qu'ils se sont ravisés et ne l'ont pas utilisée sur vous."

Miss Bleuet :-" C'est sûr. Mais était-il certain qu'il s'agisse bien d'une arme ?"

Dulles :-" Évidement que non, mais j'étais là quand le président français a montré la puissance de ses chars et aucune arme, que je connais, ne pourraient même érafler la peinture de ces tanks. Il est donc logique, au vu des dégâts en Lozère, de penser qu'il en s'agit d'une. Sa conception doit être totalement nouvelle d'où l'utilisation de champ électromagnétique."

Miss Bleuet :-" Pour vous, les confidences du haut fonctionnaire ne sont que des divagations dues à l'alcool ? Pourtant, cela expliquerait leur fuite si rapide."

Dulles :-" J'y ai longtemps cru vu ce que j’ai vu au Sahara, mais rien n'est jamais venu confirmer ses dire. Et je dois vous dire que si une telle machine existait, je suis persuadé que le président la surveillerait comme la prunelle de ses yeux. Au vu de ses moyens, personne ne pourrait lui voler. Donc, il est certain que la signature électromagnétique ne vient pas de cette machine. Mademoiselle bleuet, je dois y aller. Nous vous contacterons si les satellites détectent leur présence dans votre secteur ou si vous rentrez. Nous n'avons rien d'autre pour l'instant. En attendant, vous savez ce que vous devez faire."

Miss Bleuet :-" Excusez-moi monsieur, mais il n'’est pas possible d'enquêter ou d'infiltrer la police pour essayer de connaître leur identité, plutôt que d'attendre. Après tout c'est mon métier ce genre de chose."

Dulles :-" Non miss et pour deux raisons. La première, c'est que le président français a prévenu que tout intrusion étrangère entraînerait des représailles comme la divulgation des dossiers. Et même s'il semble qu'il ne les a plus, nous n'allons pas tenter le diable. La deuxième, c'est que tous les acteurs important de l'Etat ont une fidélité à toute épreuve pour leur chef. Nous avons perdu un mètre cube de billets de 1000 francs suisses la dernière fois que nous avons essayé une infiltration. Au vu des événements d'hier, je doute que le président soit aussi clément si vous vous faite prendre."

Miss Bleuet :-" Donc nous attendrons ici, monsieur, votre prochain message."

Elle se tourne vers ses hommes.

Miss Bleuet :-" Messieurs mettez vos armes dans la réserve. Je n'en veux aucune, pas même un cure dent ailleurs. Il est hors de question qu'en plus d'avoir échoué, nous nous fassions arrêter si les douaniers viennent nous inspecter."

Redford Forrest :-" Comment allons-nous faire si nous sommes attaqués, madame ?"

Miss Bleuet :-" C'est pour ça que monsieur Sciuto va activer le système radar détectant toute intrusion dans un rayon de 500 mètres. Cela nous permettra, à la fois de cacher tout l'équipement informatique, s'il s'agit des autorités du pays et de nous armer si ce sont des ennemis. Mais, ça vous le saviez déjà Nathan. Maintenant exécution."


Nous sommes déçus dans la voiture, jamais nous ne pourrons approcher donc agir en douceur et sans tuer.

Un homme :-" Madame, vous savez qu'il me faut cinq minutes pour tout paramétrer ?"

Miss Bleuet :-" Oui, monsieur Sciuto, c'est pourquoi je garde mon Beretta le temps que vous ayez fini."

Nous comprenons que c'est notre seule chance de pouvoir agir. Nous attrapons en vitesse tout notre matériel et fonçons vers le bâtiment.
Avant ça, nous prenons quand même le temps de voir où ils entreposent les armes. Elle est située sous une planque en plomb, assez lourde pour demander trois hommes pour la soulever et sur laquelle les portants étaient placés.

Pierre est évidement le premier arrivé. Il vérifie que notre course n'a pas alerté le commando.
Nous le suivons de peu. Les deux petits se débarrassent de leurs matériels, le géant gardant juste les cordes d'escalade. J'assure avec notre aîné la surveillance. Jacques se positionne dos au mur, genoux fléchis. Paul, placé à quelques mètres, court vers lui et dans un synchronisme parfait appuie son pied gauche de toutes ses forces sur les mains en position de courte échelle de son petit frère qui utilise toute sa puissance musculaire pour l'envoyer le plus haut possible.
L'association de leurs deux forces lui permet d'atteindre la fenêtre du dortoir, tout de même à, au moins, 6 mètres. Grâce à sa taille, une fois qu'il est monté sur la traverse supérieure, il atteint le toit et s'y hisse sans peine. Là, il accroche les filins à la cheminée et nous les lance. Nous le rejoignons alors sans difficulté. Sur le toit plat, nous nous dirigeons vers le drone après avoir récupéré nos élingues. Nous arrivons juste à temps pour voir miss Bleuet déposer son revolver dans leur cache d'armes avant que la trappe soit refermée.

Je repère les dispositifs de sécurité et les neutralise. Bien sûr, le système va le détecter mais cela devrait lui prendre encore cinq minutes.

Paul :-" Maintenant qu'ils sont désarmés, on pourrait faire simple. Caro, tu restes ici en appui aérien. Avec ton fusil tu nous couvres surtout que sur ton viseur tu as un scanner qui te permettra de détecter d'éventuelles armes cachées. Nous trois, on descend les neutraliser. Ensuite, tu viens pour faire la démonstration de ton site internet à ce monsieur Dulles. Il comprendra, alors, que le plus judicieux est de nous laisser tranquilles. De toute façon, on reste en contact grâce aux oreillettes."

Evidemment, le plan est accepté. Ils n'attendent que le temps que je monte mon arme et m'installe pour descendre silencieusement. Ils se posent au-dessus du cockpit de l'avion-cargo juste en face des commandos. Mitraillette en main, ils signalent leurs présences.

Pierre :-" Je crois que vous nous cherchez."

Tous, ils se retournent comme un seul homme. En professionnels, ils s'écartent les uns des autres pour avoir plus de chance de surprendre mes frères. Cela me permet surtout de détecter un couteau en céramique, indétectable au rayon X mais pas pour mon analyseur, dans la botte du Nathan qui décidément accumule les bourdes. En prévenant mes frères, je tire aux pieds du cachottier et Pierre lui ordonne de se délester de son arme, ce qu'il fait.

Pierre :-" Messieurs, mademoiselle Bleuet, nous sommes ici pour dissiper un malentendu. Vos supérieurs pensent régler le problème en nous tuant. C'est tout le contraire. Cela provoquerait la diffusion sur l'Internet du dossier que vous recherchez. Ce qui est évidement contraire au intérêt des USA."

Miss Bleuet s'avançant :-" Tout d'abord, je n'accepte pas de parler avec des personnes cagoulées."

Pierre éclatant de rire :-" Miss, j'adore votre humour. Vous n'avez aucune idée de notre identité. La seule chose que vous avez, c'est la signature électromagnétique de notre arme qui grâce à l'ambition, pour ne pas dire autre chose, de monsieur Redford Forrest ne vous sert plus à rien. La seule façon de nous arrêter, c'était et cela reste l'effet de surprise. Or, nous savons maintenant qui vous êtes et que vos satellites scrutent. Il nous suffit donc de ne pas attendre que vous arriviez quand on utilise notre armement. Donc, non, nous n'en lèverons pas nos casques."


Miss Bleuet :-" Concrètement, que voulez-vous ?"

Pierre :-" Nous voulons juste parler avec monsieur Dulles."

Miss bleuet :-" Si vous êtes si forts, pourquoi ne pas le faire directement de votre planque ?"

Pierre :-" Nous pourrions aussi le faire d'ici, après vous avoir tous éliminés, si c'est ce que vous voulez miss Bleuet. Mais, cela nous ennuierait tous les deux."

Miss Bleuet :-" Plus moi que vous, tout de même. Monsieur Sciuto, s'il vous plaît."

Pierre :-" Merci."

L'informaticien s'affaire sur son matériel.
Moi, je repère trois commandos s'approchant des escaliers. Je tire pour les dissuader d'aller plus loin et Paul d'une rafale de son arme arrête un groupe qui tentait de les prendre à revers.

Pierre, amusé :-" Bon, comme vous êtes de grands enfants dissipés, on va faire comme en maternelle. Vous allez tous vous regroupez au centre de la pièce et vous asseoir en tailleur sur le sol."

Pour les inciter à coopérer rapidement, une rafale d'arme automatique est nécessaire.


Pierre :-" Et si vous préférez être à genoux, jambes croisés et mains derrière la tête doigts emmêlés pour que cela semble plus sérieux, n'hésitez pas. Moi, j'ai voulu privilégier votre confort. Monsieur Sciuto, comment pouvez-vous établir la connexion avec Langly en étant assis avec les autre ?"

Le sus nommé se relève promptement et se remet au travail.
Très vite, un visage apparaît.

Pierre :-" Miss Bleuet, pourriez-vous demander à parler à monsieur Dulles rapidement. Vous avez tout à fait le droit de les prévenir de votre situation. Surtout que cela accélérera les choses. Il est évident que vous êtes la seule équipe sur le territoire français. Vu l'importance des dossiers, si votre supérieur avait plus d’effectifs à sa disposition, il l’aurait déjà envoyé. Nous n’avons, donc pas à nous inquiéter d'un éventuelle sauvetage."

La demoiselle s'exécute et après deux minutes de palabres et d'attente, le chef de l'opération apparaît à l'écran. Je descends alors avec arme et ordinateur.


Je me dirige vers la table où se trouve les écrans et à l'aide de mon portable, j'affiche le dossier d'Exxon. Monsieur Sciuto m'aide en l'envoyant à son supérieure.

Moi :-" Comme vous le voyez, monsieur Dulles, le dossier est déjà sur internet puisque vous l'avez sous les yeux. J'ai créé un site pour ça. Si vous nous éliminez je ne pourrais envoyer le mot de passe qui empêchera sa diffusion à tous les médias. Je précise qu'il me faut contacter deux fois par jour le site."

Dulles :-" Sciuto, c'est vrai ?"

Sciuto :-" il m'est impossible d'en être sûr ne pouvant trouver le lieu de stockage sur le net sans son adresse mais ce genre de sécurité est très courante."

Dulles :-" Que voulez faire de ces dossiers, mademoiselle ?"

Pierre, qui se trouve derrière moi :-" Rien du tout. C'est un moyen de pression sur le président français pour l'obliger à préparer le pays pour le retour à la démocratie. Il a tout intérêt, comme vous, à ce qu'ils restent secrets."

Dulles :-" Qui me dit que vous n'allez pas nous faire chanter ?"

Pierre :-" Rien du tout. Mais vous pouvez constater par vous-même que vos hommes et miss Bleuet sont sains et saufs, pour la deuxième fois."

Dulles :-" Donc vous voulez juste qu'on arrête la traque ?"

Pierre :-" Oui, parce que même si elle ne vous mènera jamais à nous puisque vous n'avez plus l'effet de surprise nécessaire, nous avons suffisamment à faire avec le retour de la démocratie en France pour nous préoccuper avec ça."

Paul, par l'intermédiaire du micro lui souffle alors autre chose.

Pierre :-" Par ailleurs, nous apprécierions que votre président reconnaisse le gouvernement quand il sera installé démocratiquement."

Dulles :-" Vous avez ma parole. Vous pouvez partir sans crainte. Le président sera le premier à reconnaître le nouveau gouvernement quand il sera là."

Paul :-" Merci."

Dulles :-" Miss Bleuet, vous et vos hommes vos pouvez rentrer. La mission est terminée."


Nous partons en nous contrôlant pour ne pas courir et manifester notre joie. Par contre, une fois l'angle du mur passé, nous redevenons des gamins et courrons en riant vers la voiture.
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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:52

X






En nous installant dans l'habitacle, notre euphorie disparaît d'un coup. Nous voyons, retransmis par le drone que la situation dans l'entrepôt est à l'affrontement. Le benêt hurle sur miss Bleuet.

Redford Forrest :-" Après avoir eu une sale brouteuse de gazon à la tête d'une unité d'élite, maintenant la CIA accepte que les États Unis d’Amérique soient sous le joug de quatre types. C'est inadmissible. Qui est avec moi pour foncer les rattraper et leur faire regretter leur chantage."


Miss Bleuet : -" Nathan si tu y arrives tout ce que tu gagneras c'est la diffusion sur le net du dossier et une crise majeur qui plongera notre pays dans de gros soucis énergétiques.

Redford Forrest, hors de lui :-" Je ne suis pas aussi crédule que toi sale gouine. Frank, Richard, John, James vous allez laisser un bureaucrate et une dégénérée mettre en péril notre pays ?"

Les quatre commandos se lèvent suivi de beaucoup d'autres.

Miss Bleuet :-" Vous désobéissez à un ordre direct sur un sol ennemi, c'est de la haute trahison."

Redford Forrest giflant la demoiselle qui en tombe à terre:-" Silence, salope !"

Pas un mot n'est prononcé dans la voiture depuis que nous y sommes entrés, pourtant je démarre la voiture sans que mes frères ne me demandent où nous allons. Par contre, ils sont déjà en train d'enlever leur équipement et leur casque, ne gardant que leur cagoule.
J'entre en trombe et me gare au-dessus de la cache d'armes.

Dans le hangar, d'un côté il y a onze types dont Redford et de l'autre trois avec miss Bleuet.

Mes frères ne font pas dans le détail. Ils n'attendent pas l'arrêt de la voiture pour sortir et foncer sur le raciste et son groupe. Je ne les ai jamais vus si en colère depuis que j'ai manqué de me faire violer. Je n'ai que le temps de dire au groupe de la demoiselle de reculer qu'une pluie de coups et de baffes s'abat sur leurs agresseurs qui bien que résistants ne font définitivement pas le poids.
Pendant l'attaque des soldats en Lozère, ils avaient été mesurés, là ce n'est absolument pas le cas. Enfin Paul et Pierre sont légèrement plus violents par contre Jacques fait un vrai massacre. Il a gardé Redford pour la fin. Avec lui, il s'en donne à cœur joie, il faut que j'intervienne pour qu'il ne le tue pas.
Paul et Pierre vérifient l'état de leurs victimes. Ils s'assurent que les blessures ne sont pas graves et ne nécessitent pas d'être soignées en urgence. Moi, j'emmène Jacques sur la banquette arrière de la voiture. Ainsi, nous sommes au calme et surtout je peux le prendre dans mes bras. Ce qui est impossible, si nous sommes debouts avec mes dix centimètres de moins que lui.
Une fois dans la voiture il se met à parler.

Jacques :-" Je suis vraiment désolé pour ma réaction de tout à l’heure quand tu nous annoncé que tu vivrais chez Cécile pendant notre séjour ici. Je sais que j'ai été immature. Ma seule excuse, c'est que je me suis senti abandonné, comme si on m'enlevait une partie de moi. Tu sais que j'ai besoin de me sentir entouré de ma famille pour aller bien. Je sais bien que tu n'as pas fait ce choix contre moi mais sur le moment, la douleur était telle que j'en étais persuadé. Mais après le coup dans le mur, mon cerveau s'est remis en marche. J’ai compris que c'est ta seule chance d'être avec ton âme sœur avant de ne plus jamais la voir quand nous serons rentrés. Et là je me suis détesté. Je vous aurais à mes côtés toute ma vie et je te fait une crise pour rien."

Je le coupe en le prenant dans mes bras. Je ne peux entendre la suite et il le comprend. Même si je sais intellectuellement que ma relation avec Cécile est du provisoire, mon cœur non. En parler c'est l'accepter et ça je ne le peux pas.

Jacques :-" Alors pour que tu puisses profiter de la moindre minute avec elle, je vais t'aider à aménager son appartement pour que tu puisses emménager dès ce soir. »

Moi :-"Si cela veut dire installer un lit superposé et remplir ma garde de robe de pyjamas de grand-mère et de jogging trop grands que tu m'auras choisis, il en est hors de question Jacques !"

Jacques :-"Même si je demande à Pierre de négocier avec Cécile pour que tu puisses dormir en haut et que je te trouve des tenues Hello Kitty ou Dora l'exploratrice ?"

Moi, souriant et lui envoyant un coup sur l'épaule :-"Idiot !"

Après une nouvelle pause.

Jacques :-"J'ai perdu mon sang froid tout à l'heure, parce que j'ai eu l'impression de revivre le jour où ce groupe voulait te violer. Je crois que c'est toutes ces insultes homophobes qui ont été le déclencheur. Je n'ai pas arrêté de me dire que tu pourrais subir la même chose alors quand il a giflé miss Bleuet c'est toi que j'ai vue par terre. La rage et l'horreur m'ont envahi. Merci de m'avoir arrêté sinon je le tuais et je l'aurais regretté. »

Moi :-" Je te remercie alors d'avoir encore une fois pris ma défense d'une certaine façon. Mais pour les insultes je suis plus habituée à celles sur les noirs."

Jacques :-"Qui a osé ?"

Moi :-" Tu sais au collège ce ne sont pas des tendres."

Jacques :-" Pourquoi tu n'en as jamais parlé ? Les parents seraient immédiatement intervenus."

Moi :-" Justement, je serais passée pour la petite fille qui a besoin de ses parents."

Jacques :-"Mais on a besoin de nos parents"

Moi :-" Évidemment, mais quand on est ado, on est bête et on pense le contraire. En plus, on pense que l'avis des copains est primordial donc on fait tout un tas de bêtise pour les satisfaire."

Jacques :-" Et il va falloir que j'en passe par là quand on retournera chez nous. Cela ne dit rien du tout"

Moi :-" Avec un peu de chance pendant le voyage de retour on gardera certaines aptitudes qui t'aideront à passer ce cap plus facilement."

Par l'oreillette.

Paul :-" Jacques, tu peux venir attacher et transporter les prisonniers dans le minibus. Il n'est pas question qu'ils fassent du grabuge pendant leur voyage."

Jacques :-" Tu as raisons Paul, j'arrive."

Un dernier câlin, un merci et il part rejoindre nos frères. Moi, je sors de la voiture à sa suite. Là, je m'aperçois de l'absence de miss Bleuet.

Malgré le bavardage incessant de mes frères et des trois hommes pendant leur rangement, j'entends clairement pleurer. Je sais qui c'est.

Sans y réfléchir, je me dirige vers la source du bruit et lorsque je pousse la porte qui me sépare de Miss Bleuet, je me retrouve dans les toilettes. Plus aucun son n'est audible. Mon entrée loin d'être discrète l'a prévenue de ma présence.

Avec la proximité de la demoiselle, l'adrénaline qui m'a poussée à agir disparaît laissant place à ma timidité maladive et à mon mutisme habituel en présence d'inconnus.

Je suis sortie de cet état au moment où je vois un commando en face de moi. Sans réfléchir, je dégaine mon arme et le met en joug. C'est quand le synchronisme de mon adversaire m’étonne que je comprends que c'est moi. Je range mon revolver en souriant.
Ne te moque pas, je ne me suis pas regardée dans un miroir depuis mon arrivée sur cette Terre et même si cela avait été le cas, je ne me suis jamais vue en tenue des forces spéciales. Donc, comment voulais-tu que je me reconnaisse ?
En tout cas, cela a décoincé quelque chose en moi. Ainsi vêtue, je n'ai plus l'impression d'être vulnérable et seule contre les autres, obligée de me replier sur moi-même pour me protéger de l’extérieur.
Je me trouve alors dans le même état d'esprit et avec le même sentiment de sécurité que derrière mon ordinateur quand je parle sur les réseaux sociaux.
Cela me permet de parler.

Moi :- » Mademoiselle, je suis venue voir si vous vouliez parler avec quelqu'un. »

Pas de réponse.

Moi :- « Miss Bleuet, je sais que vous pleuriez avant que je n'entre ici. Je vous propose seulement une oreille amie pas de me révéler qui a tué le président John Fitzgerald Kennedy. «

Miss Bleuet, dans un murmure :- « Lee Harvey Oswald. »

J'éclate de rire et elle sort à ce moment. Ses yeux sont gonflés et rouges, son visage est tout pâle.
Je devrais peut-être la réconforter par un câlin mais c’est simplement impossible pour moi une telle intimité avec une inconnue alors je reprends la parole.

Moi :-« Vous m’excusez deux secondes. »

Par l’oreillette :
Moi :-« Les garçons je suis avec Miss Bleuet, je coupe le micro pour parler de trucs de filles. Vous nous laissez tranquilles à part en cas de problème. »

Mes trois frères en même temps :-« Ok. »

Je débranche ensuite mon écouteur et me tourne vers la demoiselle qui est en train de se laver les mains et se passer de l’eau sur le visage.


Moi :-" Bien, maintenant nous ne sommes que toutes les deux, personnes pour vous entendre ou vous interrompre."

Miss Bleuet, se tournant et s'approchant tout sourire vers moi :-" Je peux donc vous maîtriser et retourner la situation."

Moi :-" Vous me décevez."

Je me retourne et pose ma main sur la poignée de la porte. J'entends Miss Bleuet se rapprocher de moi. Après ses dernières paroles, je laisse mon instinct, forgé par deux siècles d'expérience, réagir. Dans un même mouvement, je lui fais face, prend sa main qu'elle a commencé à lever vers moi et d'un coup de pied latéral, je détruis le dévidoir à serviettes en rouleau que je récupère. Après l'avoir amenée au sol relativement délicatement, d'une torsion du bras et d'un fauchage de ses jambes, j'utilise ma corde de fortune pour ficeler la demoiselle comme les cowboys le font avec les veaux lors des rodéos. Je pense que l'opération n'a pas duré quinze secondes et je suis à nouveau à la porte. Elle est allongée sur le côté les poignets et les chevilles attachés ensemble, dans son dos. Avant de partir, je la préviens que j'enverrai un de mes compagnons la chercher quand il sera l'heure de partir.

Tu te dis que j'y suis allée un peu fort et tu as raison mais l'effort pour lui parler est si important que sa réaction m'a profondément déçue.

En passant la porte, elle m'appelle.

Miss Bleuet :-" Mademoiselle, je tiens juste à m'excuser de mes propos déplacés alors que vous étiez venue me proposer votre soutien. Voyez s'il vous plaît, mes paroles belliqueuses comme une très mauvaise plaisanterie pour cacher mon malaise d'avoir été découverte dans cette situation de faiblesse."

À ce moment, je crois que c'est surtout ma réaction excessive, à mes yeux, qui m'incite à faire demi-tour et à la détacher plus que ces propos qu'il est impossible à vérifier. Je sors un de mes couteaux, tranche ses liens et sans effort la relève d'une main.

Moi :-" je pensais que seuls les garçons roulaient des mécaniques ou faisaient des concours de qui a la plus longue. Nous n'avions rien à mesurer donc il serait plus constructif de parler de vos soucis."

Après trente secondes de silence, je tourne les talons pour partir. C'est à ce moment qu'elle commence à parler. Je me retourne et la vois face au miroir, les yeux fermés mais les joues inondées de larmes.

Miss Bleuet:-" Il y'a cinq ans, trois mois et deux jours, j'ai perdu ma femme. Elle a été assassinée.
Nous travaillions en tant qu'avocates dans une association défendant les homosexuelles.
Un soir, je suis partie plutôt pour récupérer ma fille à son cours de danse. Elle était restée pour peaufiner une plaidoirie.
Je finissais de préparer le dîner quand les policiers sont venus m'annoncer la mort de Chloé, l'amour de ma vie, celle que j'avais épousée depuis seulement deux ans.
J'ai longtemps attendu que le coupable soit trouvé, mais en vain.
Cela m'a anéantie quand l'inspecteur en charge de l'enquête est venu m'annoncer, lui-même, l'arrêt des recherches. Je suis tombée alors dans une grave dépression.
C'est Eléa, ma fille qui m'a sortie de là en me disant un jour que ce devait être mon rôle de trouver le coupable.

Il m'a fallu six mois pour intégrer l'équipe d'infiltration du FBI et depuis je recherche, entre chaque mission, le mouvement proche du KKK luttant pour une Amérique sans dégénérés, qui a revendiqué la mort de ma moitié et le saccage des locaux.


Hier, après avoir terminé une mission en Angleterre de 5 mois, au moment où je pensais enfin revoir ma fille après avoir seulement pu lui parler une fois pendant toute mon enquête, mes supérieurs annulent tout et je me retrouve à la tête de ce commando, étant la plus gradée dans le pays.
Nous avons été en stand-by toute la nuit ne dormant que d'un œil.

Voilà un petit résumé de ma vie.
Maintenant vous vous doutez sûrement pourquoi j'ai craqué.

Bien sûr la fatigue, le contre coup de l'opération et la frustration de ne pas voir ma fille n'ont pas aidé. Mais, je suis certaine que c'est surtout de m'apercevoir que mes hommes ont exactement les mêmes idées que ceux qui ont tué ma femme et qu'ils veulent me faire subir le même sort, pour les mêmes raisons.
Pour en rajouter une couche, je me retrouve dans la situation de me sentir dans le mauvais camp, celui des méchants, parce que mes supposés ennemis reviennent pour me sauver, s'arrangent en plus, alors qu'ils sont à 3 contre 12 pour ne pas tuer leurs adversaires. Nous, nous n'aurions pas hésité une seconde à ouvrir le feu sur vous et vous, maintenant je l'ai compris, vous avez préféré partir tout à l’heure plutôt que de nous tuer pour vous défendre.
Tout mon univers s'effondre, alors j'ai craqué."

Cette confession déclenche en moi un raz-de-marée de sentiments amoureux pour Cécile et une envie irrépressible de l'avoir à mes côtés, de l'enlacer, de l'embrasser et surtout de m'assurer qu'elle va bien.

Je me reprends très vite, m'approche de la demoiselle en pleure. Je fais, alors, le summum des gestes de réconfort en prenant ses deux épaules dans mes mains et en les serrant légèrement. Elle ouvre alors les yeux et me regarde à travers le miroir. Je lui tends le morceau de serviette qui, par réflexe, est resté dans ma main. Elle le prend, s'essuie et se mouche. Je prends alors la parole.

Moi :-" Je ne me permettrais pas d'oser vous dire que je comprends votre douleur, n'ayant pas perdu celle que j'aime. Mais par contre, j'aimerais vous poser quelques questions."

D'un mouvement de tête, elle m'y invite.

Moi :-" Êtes-vous heureuse dans votre nouveau travail ?"

Miss Bleuet :-" C'est le seul moyen que j'ai trouvé pour avoir le possibilité d'arrêter les assassins de Chloé."

Moi :-" Donc, vous n'êtes pas vraiment contente de ce que vous faîtes. Mais la justice est plus importante que votre vie et votre bonheur ?"

Long silence

Miss Bleuet, un peu honteuse :-" C'est aussi pour me venger."

Moi :-" Cela fait donc cinq ans que vous les cherchés, êtes-vous proche de les attraper ?"

Miss Bleuet livide :-" Pas vraiment "

Moi :-" Je ne vais plus vous embêter longtemps. Il ne me reste qu'une question. Pensez-vous que les meurtriers de votre femme ont souffert autant que vous pendant ces cinq ans de traque ?
Je ne vous parle pas, bien sûr, de l'horreur due à la perte de votre femme. Je ne vous insulterais pas en revenant dessus. Moi, je fais référence aux sacrifices que vous avez dû consentir pour votre vengeance. Je n'attends aucune réponse."

Je laisse ensuite Eugénie réfléchir.

Après cinq minutes de silence, elle redresse la tête et me regarde grâce à la glace, les larmes coulent de plus belles.

Miss Bleuet :-" Je ne sais plus du tout où j'en suis. Reprendre ma vie d'avocate de la cause homosexuelle et élever ma fille, est ce que je veux. Je ne supporte plus d'être loin d'elle, qu'elle grandisse sans moi.
Mais pour moi cela veut dire que j'oublie Chloé, que je l'abandonne et c'est impossible. Vous vous rendez compte que je n'étais pas là quand elle a eu le plus besoin de moi."

Elle fond en larmes, sanglotant.
Terriblement touchée par sa détresse, je la retourne et la prends dans mes bras, la laissant pleurer sur mon épaule.
Quand elle se calme, je reprends la parole.

Moi :-" Ces homophobes ont pour but notre élimination. Acceptez leur méthodes de combat est se rabaisser à leur niveau.
S'ils s'en sont pris à votre association c'est qu'ils l'ont crainte, non ?
S'ils ont tué votre femme c'est que sa réussite, sa famille et son bonheur leur étaient insupportables. Elle était la preuve trop flagrante de leur erreur, non ?"

Je la laisse encore méditer.

Miss Bleuet :-" Merci. Vous êtes vraiment bienveillante. Votre habilité avec les mots a flatté mon ego. Vous n'essayez pas de me convaincre. Vous ne me donnez pas de conseil. Vous vous contentez de me poser des questions. J'ai apprécié que vous me laissiez faire mes propres conclusions même si nous savons toutes les deux que vous m'avez plus qu'orientée. Merci, sans vous, je n’aurais pas osé faire ce choix.
Je vais donc, au plus vite, quitter se travaille et reprendre ma vie en main, auprès de ma fille."

Moi :-" Si c'est ce que vous voulez, cela me fait plaisir."

Miss Bleuet, tout sourire :-" Alors, cela fait combien de temps que vous savez que vous aimez les filles et que vous êtes avec votre âme sœur ?"

Moi, totalement gênée :-" Comment le savez-vous ?"

Miss Bleuet :-" Vous me l'avez-vous même dit. Le ton de votre voix quand vous l'évoquiez était caractéristique du haut degré de vos sentiments. Mais vous ne m'avez répondu."

Moi :-" Pour les deux questions, la réponse est vingt-quatre heures. Et s'il vous plaît, ne m'en demandez pas plus, je ne peux pas vous en dire davantage et je ne veux pas vous mentir. Je vais encore être indiscrète et sûrement passer pour une enfant inculte, mais comment fait-on pour avoir un enfant quand on est lesbienne ?"

Tu te doutes que je suis très mal à l’aise mais j'ai toujours voulu un enfant, comme tu le sais, cela m'a semblé le bon moment pour savoir comment faire et pour détendre l'atmosphère.


Miss Bleuet, attendrie :-" Oh, je ne pense pas que la méthode que j'ai employée vous satisfasse.
Enfin, ce n'est pas ce que l'on peut appeler une méthode.
Au lycée, je n'assumais pas mon homosexualité et je me justifiais en me cachant derrière la peur de décevoir mes parents.
Alors, le jour de mon bal de promo, j'ai accepté l'invitation d'un garçon. Mais j'étais si mal de devoir l'embrasser ou plus que j'ai bu plus de raison. L’alcool aidant, j’ai pensé qu’en acceptant de coucher avec lui je deviendrais « normal ». Cela n’a pas fonctionné. Par contre, j’ai eu une monumentale migraine et une adorable petite fille.
En tout cas, le soir même, j'ai décidé d'arrêter ce comportement puéril et autodestructeur. J'ai alors révélé mon homosexualité à mes parents.
Ils m'ont juste demandé pourquoi j'étais sortie avec un garçon la veille. Quand je leur ai dit la raison mon père à exploser. Il était hors de lui que je puisse penser qu'ils me rejetteraient. Là, j'ai craqué. Lui s'est retrouvé tout bête et m'a prise dans ses bras.

Pendant trois mois, j’ai joué l'autruche voulant pleinement profiter de mes vacances. Ce n’est qu’à la rentrée universitaire que je me suis décidée à faire un test de grossesse qui comme vous vous en doutez, c'est révélé positif. J’ai eu de la chance,  mes parents m’ont soutenue dans ma décision de garder mon bébé.
J'ai cru devoir prévenir le futur père qui, heureusement pour l'avenir, m'a dit ne rien vouloir savoir de cet enfant. Après m’être renseignée, je lui ai fait signer un papier où il renonçait à sa paternité.
C’est donc enceinte que j’ai commencé mes études de droit. Dès le premier jour, j’ai rencontré Chloé, nous étions dans la même chambre universitaire. Nous avons très vite été ensemble. Elle m’a beaucoup soutenue lors de ma grossesse.
Je suis désolée de vous raconter ma vie alors que vous m’avez posé une question qui semble importante pour vous. Pour tomber enceinte sans avoir recours aux méthodes naturelles, il est possible d’avoir recours à l'insémination artificiel comme le font les couples hétéro ayant des soucis pour avoir un enfant."

Moi :-" Merci, et cela ne me dérange pas que vous me racontiez votre vie."

Miss Bleuet :-" En tout cas, grâce à vous, je vais quitter ce boulot pour m'occuper de ma fille et remonter l'association de défense des homosexuelles. Cela sera ma nouvelle manière de lutter contre les assassins de ma femme."

Moi :-" C'est une très grande idée. Je vais vous donner une adresse sur internet où vous pourrez toujours me joindre en cas de besoin. Par contre, c'est du court terme. Dans moins d'un an ce ne sera plus possible."

Miss :-" Merci. Si vous m'en créez une, vous pourrez me joindre aussi. J'ai apprécié parler avec vous."

Moi :-" Merci. Allons-y alors, je le ferais le temps que vous embarquez."

Nous sortons des toilettes et trouvons mes frères en train de manger des cookies et boire du lait, assis autour de la table qui servait aux ordinateurs de l'agent Sciuto.

Moi :-" Tout le monde est dans l'avion."

Pierre :-" Il ne manque plus que mademoiselle Bleuet."

Je fonce à notre voiture, je récupère mon ordinateur portable et crée deux boîtes de réception de mails. Je trouve un papier, note les adresses et le donne à Eugénie.
Après un dernier signe de tête nous montons tous les quatre dans l'automobile et partons.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:52

XI






Pierre arrête la voiture quelques secondes après être sorti. Nous voulons nous assurer du départ des américains. Une fois certains qu'ils ne font pas demi-tour, Jacques ramène le drone.

Jacques :-" Je ne sais pas pour vous mais je suis vanné et j'ai encore faim."

Moi :-" Pareil, surtout que moi, je n'ai pas eu droit aux cookies."

Pierre, riant :-" Tu ne peux pas draguer une jolie américaine et manger."

Jacques, sérieux lui :-" C'est vrai Caro, tu as tenté de séduire Miss Bleuet ?"

Moi, après avoir tapé sur la tête de Pierre :-" Mais non Jacques, Pierre me taquine. Il n'y a que Cécile dans mon cœur."

Paul :-" Alors pourquoi êtes-vous restées si longtemps dans les toilettes ?"

Moi :-" Attendez, vous pensiez que nous fricotions toutes les deux. Mais comment pouvez-vous penser ça de moi ?"

Pierre :-" He! Caro, on plaisante !"

Paul :-" Mais oui, grande sœur"

Jacques :-" Ah bon ! Cela me rassure."

Jacques est toujours très premier degré quand il s'agit de relations humaines. Vu sa carrure, on oublie toujours que même s'il a fait comme nous deux siècle d'aventures, il n'a que six ans.

Moi :-" Je la consolais. Elle a eu une vie très dure. On a beaucoup discuté et elle a décidé d'arrêter de travailler pour le gouvernement américain."

Paul :-" C'est dommage nous aurions eu une alliée si les US n'avaient pas respecté leur parole."

Jacques :-" Tu crois que c'est possible ?"

Paul :-" Honnêtement, je n'en sais rien. J'envisage juste toutes les possibilités. C'est pourquoi on cherchera une nouvelle base dès demain. Nous avons réussi à les suivre sans problème, tout à l'heure, donc il est possible que nous aussi le soyons. On repose la voiture là où on l'a trouvée et on retourne au gymnase."

Moi :-" En tout cas, ils ne connaissent pas les noms du groupe de Mamé, ni celui d'Albert."

Paul :-" Il faut donc tout faire pour que cela continue. Si nous devons encore utiliser la machine, il faut le faire dans un endroit où ce sera intraçable."

Jacques :-" Surtout que j'aurais besoin de faire des essais pour mon dépollueur."

Paul :-" Jacques et Pierre, cela vous dérange si on demande à Mamé et aux tontons de nous héberger ce soir ?"

Ils répondent que non.

Jacques :-" Je suis impatient de dormir dans un vrai lit. C'est vraiment la partie de nos aventures qui m'a toujours le plus posé problème."

Nous lui révélons que pour nous aussi c'était difficile.

Pierre :-" J'aime bien la famille d'ici mais j'espère bien pouvoir louer cet appartement pour être un peu au calme entre nous."

Paul :-" Oh, tu n'auras, comme d'habitude, aucune difficulté pour embobiner le propriétaire."

Pierre :-" Faut espérer parce qu’on n’a rien qui justifie de nos revenus. En plus, maintenant, il n'est plus question d'aller à L.A chercher de l'or. Surtout que nous n'avons plus l'argent pour l'acheter."

Paul :-" Pour l'argent, il nous suffira d'utiliser la machine pour le transférer quand on aura la nouvelle planque."

Pierre :-" Bon on y est. C'est là qu'on a pris la voiture tout à l'heure. Maintenant on fait quoi ? On ne peut pas disparaître comme ça si on est suivi."

Paul :-" Oui, en plus avec nos tenues de commandos, on ne peut pas non plus se balader dans la rue."

Jacques :-" Et si on sortait de la voiture et courrions chacun de notre côté pendant une minute puis quand on est sûr d'être seul on appuie sur le bouton ?"

Paul :-" Ce n'est pas discret mais cela a le mérite d'être rapide et efficace. Donc on va le faire."

Après avoir déterminé l'itinéraire de chacun nous y allons.

Quand nous nous retrouvons tous les quatre devant le groupe de résistants, leur stupeur nous étonne.
Enfin pour être honnête, moi je suis blessée par la réaction et la façon de me regarder de Cécile. C'est en me tournant vers mes frères que je comprends que nous avons gardé notre casque et notre cagoule. Il leur est donc impossible de nous reconnaître. En plus, après avoir été arrêtés, emprisonnés puis sûrement maltraités pendant une semaine par des hommes pareillement habillés, leur effroi est compréhensible. J'enlève alors mon camouflage suivie rapidement par mes frangins. Là, l'accueil devient chaleureux et Cécile me saute dans les bras et m'embrasse passionnément.

Pierre, une fois l'effusion de joie calmée explique que tout est réglé avec les soldats. Il ajoute que normalement le président américain reconnaîtra le gouvernement que nous aurons installé. Paul prend ensuite la parole.

Paul :-" Je sais qu'après les épreuves que vous venez de vivre, vous n'avez qu'une envie, c'est de passer du temps avec votre famille et vos proches.
Nous-même avons beaucoup de choses à faire.
Mais si nous voulons que la démocratie soit rapidement installée dans ce pays, je pense qu'il faut que dès septembre, tous les élèves aient des cours pour leur enseigner ce que c'est.
Donc, nous devons très rapidement déterminer le programme de ceux-ci pour le présenter à l'éducation nationale.
Il me semble que vu l'ampleur de travail et les délais très courts, il nous faut nous y mettre au plus tôt. Que pensez-vous de commencer dans deux jours ? »

Visiblement un peu déçus de ne pas en avoir fini avec tout ça mais fiers d’être associés à ce grand projet, ils acceptent tous.

Paul :-« Mais n'ayant pas encore trouvé notre nouveau lieu de réunion, je propose que nous nous donnions rendez-vous à 10 heures pour que nous vous y emmenions. Par contre, ne connaissant pas le Paris de votre Terre, pouvez-vous nous indiquez un lieu sûr pour cela ?"

Après un temps de silence, tous se mettent à parler.

D'autorité Mamé demande le silence, puis prend la parole.

Mamé :-" Vous savez, les rassemblements ne sont pas vraiment autorisés. Si notre groupe se trouvait sur une place ou un parc pendant plus de cinq minutes, il est certain qu'un policier viendrait voir ce que nous faisons. De ce fait, je pense que les deux grands magasins du boulevard Haussmann sont plus appropriés.
Ils sont devenus les supermarchés les plus fréquentés de la capitale grâce leurs rayons alimentaires les plus fournis. Ce qui fait qu'ils sont de vrais fourmilières pendant leurs heures d'ouvertures, nous passerons inaperçus."

Paul :-" Ok, alors le rendez-vous sera là à 10 heures dans deux jours. Pour plus de sécurité encore, il y aura quatre groupes. Caro, Pierre, Jacques et moi viendrons vous chercher à un endroit différent."


Après un quart d'heure, tout est réglé. Chacun sait qui vient le chercher et où. Ensuite, nous les renvoyons chez eux, à leur adresse précisément.
Il ne reste alors que la famille, Albert et Cécile.

Paul :-«  Caroline, tu sais que tu ne pourras pas sortir en ville avec Cécile. Elle aussi va être surveillée. »

Moi, avec un sourire :-«  Oh non, elle a modifié ses données personnelles sur le serveur de l’université. »

Tous sont étonnés.

Cécile :-« Oui, je n’avais pris que ma carte d’étudiante pour l’enlèvement. Ainsi, les personnes qui nous ont arrêtés pensent que je suis orpheline et que j’habite au 1 rue de la légion d’Honneur dans le septième arrondissement de Paris. »

Mamé s’exclame alors :-«  Mais c’est l’adresse du musée d’Orsay ! »

Cécile, fière d’elle :-«  Et oui. »

Paul, toujours pas convaincu :-«  Mais ils ont ton nom, il ne leur faudra qu’un quart d’heure pour retrouver ta véritable adresse. »

Ma douce est atterrée. C’est là que j’ai un éclair de génie. Je m’empare de mon ordinateur.

Moi, tapant en même temps que je m’explique :-« Paul, c’est une chance pour nous de savoir si le président et ses hommes jouent le jeu. Je suis en train de créer deux milles adresses fictives de résidences pour Cécile. Cela devrait amplement protéger son anonymat. Ensuite je piège son nom. Ainsi toute recherche sur elle et sa localisation déclenchera une alerte sur mon téléphone  et un virus s’introduira dans l’ordinateur responsable. Nous serons alors qui s’intéresse à elle et cela nous donnera le nom de ceux qui ne veulent pas partir de cette Terre. »

Paul :-«  Avec son changement de données exécuté avant l’enlèvement, elle va passer pour le cerveau de l’affaire. Normalement, toute personne voulant savoir qui nous sommes devrait se focaliser sur elle plus que sur les autres qui ont le parfait profil de l’amateur. »

Cécile :-« Mais c’est pas du tout ce que je voulais. Je n’ai absolument pas la vocation à être une cible. »

Moi :-« Ne t’inquiète pas, je serai toujours avec toi. «

Paul :-« Adresses tout de même tous les logements vides de la Capitale à son nom. »

Après un quart d’heure, c’est fait. L’inquiétude de ma belle rousse semble retombée, elle discute  joyeusement avec tout le monde. En rangeant mon ordinateur, je me souviens que sa marraine doit sortir de prison en fin d'après-midi.  En regardant l’heure, je m'aperçois qu'elle peut toujours le faire. Je la rejoins, la prend à part et l’informe. Elle me remercie et me demande si je suis d'accord pour l'accompagner. Je suis ravie mais très inquiète de rencontrer des inconnus qui, de surcroît, comptent énormément pour l'élue de mon cœur. À ma timidité maladive s'ajoute la peur qu'ils ne m'apprécient pas. Cela rendrait ma vie auprès de ma douce des plus compliquées.
Cécile le devine et me rassure en me disant qu'elle m'aime et qu'elle me choisira moi quoique sa famille dise.

Moi :-" Cela me va droit au cœur, ma chérie. Mais n'oublie pas que je partirai dans peu de temps. Il ne faut pas que tu te fâches avec tes parents pour moi. Sinon, tu risques de te retrouver seule à mon départ."

Cécile :-« Ne t’inquiète pas, ils vont être ravis que je me fixe. »

Après une pointe de jalousie, je prends enfin conscience de la portée de sa confession sur l’Ile de Pâque quand elle m’a dit avoir « exploré scientifiquement et méthodiquement toutes les possibilités et toutes les formes de relations humaines ».  La veille, cela m’était passé au-dessus de la tête tant j’étais choquée pas son viol. C’est dur à digérer surtout pour moi qui n’ai connu qu’elle.
A nouveau, elle lit en moi comme dans un livre ouvert et me dit la phrase qui me rassure et me redonne le sourire.

Cécile, murmurant à mon oreille après un baiser tout tendre :-« Caroline, mon amour, tu es la première personne que je présente à ma famille. »

Je suis rassurée.

Ensuite, nous échangeons nos adresses avec mes frères et prenons rendez-vous pour le lendemain à 10 heures chez Mamé pour rechercher notre nouveau quartier général. La séparation avec les garçons est difficile et émouvante. Les embrassades sont longues et les yeux humides. Je fuis presque avec Cécile.
Une fois le portail interdimensionnel passé, nous nous retrouvons dans son appartement.
Quand il se referme, nous nous retrouvons dans le noir. Je me mets, alors en position de défense. Je ressers mes doigts autour de ceux de ma belle, pose l’ordinateur et mon fusil pour mettre ma main droite sur mon revolver fixé à ma cuisse enlevant sa sécurité. Étant nyctalope, je sais que la pièce est vide. C'est pour ça, que je suis sûre que cette réaction est autant due à ma nuit blanche qu’à mon instinct me poussant à toujours envisager le pire. Alors, je sais que tu vas me trouver parano. Mais regarde ce qui m'est arrivée en un peu plus de 24 heures et ose me dire que je n'ai pas des raisons objectives d'agir ainsi.
Je n'ai que le temps de tourner ma tête vers Cécile pour lui demander d'allumer qu'elle prononce un mot.

Cécile :-" Lumos !"

L'obscurité est immédiatement remplacée par la luminosité d'une journée ensoleillée d'été. Comme mes capacités visuelles étaient poussées à leur maximum, je me retrouve aveuglée pendant quelques minutes. Cécile se confond en excuses. J'ai beau lui dire que cela va passer et qu'elle n'y est pour rien, elle continue à s'inquiéter et à se flageller. Je capture alors son visage de mes mains et l'embrasse. Quand je la libère, je vois enfin. Je lui dis alors que son bisou magique est formidable. Elle m'enlace et me dit que je suis quand même, encore une gamine, malgré mes siècles d'aventures.
Intriguée par la source d'une telle lumière, je lève prudemment les yeux.
À la place du plafond, se trouve un immense luminaire faite de verre blanchi. Devant mon air ahuri, Cécile m'explique.

Cécile :-" C'est la seule chose que j'ai changé en arrivant, avec l'ouverture par empreinte digital de la porte. Quand j'habitais chez mes parents, après mes gardes de 24 heures, j'étais si fatiguée qu'il m'est souvent arrivé de mettre près de cinq minutes pour ouvrir ma porte ou de m'étaler dans le noir sur ma lanière de sac à main. Alors je me suis offert ce gadget. La lumière du jour, c'est ma luminothérapie hivernale qui me l'a inspiré."

Moi, un sourire en coin :-" Tu ne serais pas une fan d'Harry Potter ?"

Cécile, un peu gênée :-" Si, tu trouves ça puéril ?"

Moi :-" Je trouve surtout que mon père t'aurait adorée. Il a toujours essayé de nous le faire lire. Il a même acheté la version audio qu'il nous mettait dans la voiture quand on était petits quand on partait en vacances."

De parler de papa me fait me rappeler, non plutôt prendre conscience, qu'en ce moment-même, sur notre Terre, maman et lui sont en train de souffrir le martyr en vivant l'un des pires cauchemars des parents, la disparition de leurs enfants.

Est-ce ça, le fait qu'au contraire moi je vive le moment le plus heureux de toute ma vie parce que je suis avec mon âme sœur, le contre coup du stress de ses vingt-quatre heures et d'avoir tué un homme ou la fatigue, je ne sais. Mais cela provoque en moi une immense tristesse que je ne peux contenir. Je me mets à pleurer sans bruit. Mes larmes glissant sur mes joues sans que je ne puisse rien y faire. Muette et immobile, incapable de me contrôler, je reste debout au milieu de cette pièce, submergée par mon chagrin.
Enfermée dans mon tourment, plus rien n'existe.
Je reste ainsi jusqu'au moment où on m'enlace, me prend la nuque pour que je pose ma tête sur une épaule. Là, un merveilleux parfum vanillé vient tel un phare dans la tempête me rappeler qu'il y a de l'espoir.
J’entends ensuite ma douce Cécile me murmurer à l'oreille.

Cécile :-" Caroline, mon amour, tu n'as pas abandonné tes parents et tu n'es pas responsable de leur douleur.
Chérie, tu te souviens que même s'ils souffrent maintenant, grâce à la possibilité de voyager dans le temps de la machine d'Albert, vous allez pouvoir rentrer chez vous quelques secondes après en être partis.
Tu n'auras ainsi jamais disparu. Ta famille n’aura donc jamais subi les affres de votre absence.
Viens mon amour je pense que tu as besoin d'une bonne douche et de repos."

Elle me soutient et m'emmène vers la salle de bain. Je la suis comme un automate.
Une fois arrivée, elle me donne le nécessaire pour ma douche. Elle me montre aussi le fonctionnement de celle-ci. Avant de partir, elle se retourne comme si elle avait oublié de me dire quelque chose.

Cécile :-« Vu que tu n’as presque rien mangé hier soir et ce midi. Cela te dit des tartines de Nutella, du jus d’orange et peut être du raisin ? »

D’un énergique hochement de tête accompagné d’un immense sourire je lui réponds par l’affirmative.

L’eau chaude me fait le plus grand bien. Elle me permet de me détendre et de me reposer. Cécile a raison, je suis vraiment fatiguée pour craquer ainsi pour un problème dont la réponse est déjà prévue.

Après de longues minutes, j’entends une porte s’ouvrir et se refermer puis quelqu’un entrer dans la salle de bain. Je vérifie que c’est bien Cécile puis sors.
Pendant que je me sèche, elle essaie de ranger mon équipement des forces spéciales mais peine à cause de son poids. Le voyant, j’interviens.

Moi :-" Cécile, mon gilet pare-balles pèse près de 7 kilos, laisse moi faire, je le rangerai dès que j’ai fini. En plus le reste, je vais devoir le remettre pour t’accompagner."

Je réalise alors que je vais voir ce qu'il est convenu d'appeler ma belle-famille dans moins d’une heure. Alors que je ne suis avec ma belle depuis seulement 24 heures.
De quoi vais-je pouvoir leur parler ?
Comment vont-ils m’accepter ? Je n’ai rien à offrir à leur fille et d’ailleurs je l’abandonnerai dans peu de temps...
Après deux secondes de panique l’évidence m’apparaît.
Mon amour veut que je l’accompagne, je le fais, point barre. Elle me veut à ses côtés, c’est la seule chose qui compte.
Ses parents m’apprécient c’est bien, sinon tant pis pour eux. Notre temps ensemble est trop limité pour le passer à se torturer l’esprit.
De retour à la réalité, je capture ma douce qui essaie toujours de ramasser mon bazar. Je la retourne et découvre qu’elle pleure. J’en devine la cause.

Moi :-« Parler de ma famille sur l’autre Terre a rendu réel mon retour ? »

Elle hoche la tête.
Je l’embrasse puis continue.

Moi :-« Je t’aime Cécile. Nous savons toutes les deux que je dois y retourner, enfin moi je le sens et toi tu en connais la raison profonde. Cela ne me réjouit aucunement car tu es ma vie. Nous ne pouvons que faire contre mauvaise fortune bon cœur. »

Nouveaux hochements, léger sourire mais je vois bien qu’elle n’est toujours pas au mieux.
Tu n’imagines pas combien je la comprends.
Je la déshabille alors et l’accompagne dans la douche. Je m’occupe d’elle en la lavant délicatement. C’est un moment de pure tendresse où bien sûr je ne résiste pas à lui faire de légers bisous dans le cou, sur le nez et la bouche. Une fois qu’elle est toute propre, je l’enlace et nous restons sous l’eau chaude.

Cécile :-« Merci mon amour. »

Moi :-« Merci à toi. »

Cécile, étonnée :-" Je n'ai rien fait Caroline."

Moi :-« Moi non plus »

Cécile :-« Et la merveilleuse attention que tu viens d'avoir ? »

Moi, souriante :-" Et les mots que tu m’as dits pour me consoler ?"

Cécile :-" C'est normal en tant que psy et petite amie. »

Moi :-« C’est normal en tant que chevalière servante et petite amie. »

Un grand sourire illumine nos visages, je me suis vue dans la glace.
Après un dernier baiser, nous sortons nous essuyer.

Cécile, regardant mon gilet pare-balles :-« Comment fais-tu pour avoir ce truc sur le dos et bouger comme si ce n’était qu’une chemise en soie ? »

Moi, amusée :-« Je ne ferais pas la même chose avec une chemise en soie elle serait détruite en trente secondes. »

Cécile, souriante :-« Idiote. »

Moi, heureuse de jouer à mon tour les professionnelles :-" Tu sais c'est mon quotidien depuis deux siècles."

Cécile :-" Oui, j'oublie toujours. En plus ton voyage interdimensionnel t'a donné l'expression optimale de ton patrimoine génétique."

Elle me dit ça en promenant son regard et sa main sur mon corps dénudé entraînant d'innombrables frissons.

Cécile, écartant ses mains de moi, visiblement à regret :-" Et j'en suis plus que ravie tant le résultat me plaît et m'inspire."

Je la prends dans mes bras et la caresse à mon tour. Sa peau laiteuse et constellée de tâches de rousseur est un aimant pour mes mains qui jamais n'ont ressenti de plus douces et enivrantes sensations.

Moi :-" Tu sais, je ne pensais pas qu'autant de beauté et d'intelligence pouvait être réunies chez une seule personne. Mais ce qui m'étonne le plus, c'est que celle qui a l'immense chance de posséder cela puisse être amoureuse de moi."

Cécile :-" Caro, pourquoi te dévalorises-tu autant ? Agir ainsi, c'est un peu dire que j'ai mauvais goût."

Moi :-" Je l'ai pensé. Plus sérieusement Cécile, face à une personne aussi merveilleuse que toi, je me sens insipide."

Cécile :-" Tu dois vraiment être fatiguée pour dire autant de bêtises. Même si c'est vrai que si tu étais imbue de ta personne, tu ne serais pas ici, saches que toi aussi tu es merveilleuse."

Moi :-" Je ne trouve pas que d'avoir pour seule qualité la capacité à tirer dans le fut d'un canon d'un tank à plusieurs centaines de mètres et de tuer son conducteur soit très glorieux."

Cécile :-" Tu aurais préféré qu'il puisse tirer et tuer tes frères et toi ? "

Moi :-" Mais toi, tu donnes la vie et moi je ne sais que tuer et détruire."

Cécile :-" Nous demanderons à Angélique ce qu'elle en pense quand elle rentrera."

Moi :-" Attends, tu aurais fait la même chose."

Cécile :-" Et je serais morte."

Moi :-" Pas mes frères."

Cécile, rigolant :-" Peut-être, mais ils sont moins mignonnes que toi."

Moi :-"Tu as réponse à tout."

Cécile :-" Mes parents te le confirmeront tout à l'heure."

Nous arrêtons notre conversation et nous nous plongeons dans les yeux de l'autre pour nous y noyer dans un bonheur indicible.

Moi :-" Je t'aime."

Cécile :-" Je t'aime."

Nous nous embrassons ensuite voracement.
J'essaie de lui transmettre tout la puissance et l'étendue de mon amour.
Je pense qu'il en est de même pour Cécile tant son baiser est intense.
Après ce moment de purs sentiments, je sens monter en moi l'appel de mon corps à aller plus loin.
Je suis sur le point de me laisser submergée par cette enivrante demande et à accepter de me perdre dans ma dulcinée quand un éclair de raison me stoppe.
C'est dans un synchronisme des plus étonnants que nous nous séparons.
Nous sommes essoufflées et un peu honteuses d'avoir failli succomber à nos pulsions. Cécile a les joues toutes rouges, moi-même, je ne dois mon apparente fraîcheur qu'à ma peau noire rendant l'érythème presque invisible.
De nous voir ainsi, avec les signes flagrants de la passion qui nous anime, associé à cet air de gamines prises la main dans le bocal à bonbons, fait qu'après un nouveau regard les yeux dans les yeux, nous éclatons de rire.

Lorsque nous retrouvons notre sérieux, je m'explique tout de même.

Moi :-" Cécile, j'ai préféré arrêter ce merveilleux baiser pour ne pas risquer d'être en retard la première fois que je vois tes parents."

Avant qu'elle ne me réponde un voile blanc passe devant mes yeux et mes jambes se dérobent sous moi.
Je ne m'étale pas de tout mon long sur le carrelage de la salle de bain grâce à ma douce qui m'entoure de ses bras quand elle s'en aperçoit.
Je me suis retenue au lavabo grâce à ma main droite mais officiellement je l'ai toujours nié, préférant présenter l'action de Cécile comme un pur moment d'héroïsme.

Cécile :-" Il faut avant d'envisager cela que tu viennes manger ce que j'ai préparé."

Moi, après un bisou sonore sur sa joue :-" Oui, docteur"

Cécile, rigolant :-" Imbécile."

Elle m’aide à passer le peignoir qu’elle a apporté puis enfile le sien. Ensuite, elle me soutient et me guide pour que je puisse marcher.
En passant la porte de la salle de bain, je tombe sur la tenue que j’avais pour l’ile de Pâques étalée sur le lit.
Tout en continuant vers la cuisine nous en discutons.

Moi :-"Mon amour, tu es géniale. J'ai pensé uniquement à emporter dans mon sac, mon fusil et mon ordinateur. Ma rencontre avec tes parents aurait été spéciale en tenue de commando. En plus, je n’ose pas imaginer la réaction de ta marraine trouvant un policier des forces spéciales avec sa famille juste à sa sortie de prison."

Cécile, souriante :-" Tu sais, je n'ai pensé à prendre cette tenue uniquement parce que je t'ai trouvé incroyablement sexy avec, hier. Je voulais à nouveau admirer ta poitrine et tes magnifiques abdominaux dans ton petit haut très ajusté."

Plus que surprise, à la limite d'être choquée, je me stoppe manquant de tomber emportée par Cécile qui ne l'a pas anticipé. Je me tourne vers elle et la voyant retrouver le sourire après avoir rétabli son équilibre je comprends qu'elle plaisantait.

Moi :-" Merci. Mais comment tu as su que je ne penserai pas à prendre de change ?
Avant que tu ne répondes, je te précise que je devais refaire ma garde-robe cet après-midi si les américains n'avaient pas débarqué."

Nouveau rire de sa part, je l'accompagne très vite quand j'en comprends la raison.
Alors n'étant pas avec nous, tu ne trouveras pas ça drôle. Les fous rires ne sont pas partageables. Mais je vais quand même t'expliquer. Une des métaphores utilisée pour signifier qu'une femme a ses règles est de dire que les anglais ont débarqué.
Ce n'est pas drôle mais nous, sur le coup, cela nous a fait rire.

Cécile, une fois son calme revenu :-" Sérieusement, je me suis dit que tu aurais d'autres préoccupations un peu moins futiles que des vêtements en tête. Et si tu y avais pensé je t'aurais simplement dit que je l'avais déjà pris."

Moi :-" Tu me trouves vraiment sexy dans cette tenue ?"

Cécile :-" Oui, à part tes chaussures bien sûr."

Moi :-" Mes tantes font du 37 et moi du 39. Donc, j'ai dû garder les Rangers de la police. D'ailleurs comment toi, tu as fait pour avoir une tenue si superbe en aussi peu de temps ?"

Cécile :-" Je n'ai eu qu'à expliquer que j'ai eu le coup de foudre pour la sauveuse d'Angélique, avec qui j'avais la possibilité d'un rendez-vous. Mes amies se sont immédiatement mises en quatre pour m'aider. L'une m'a passé son haut blanc, l'autre son jeans. Par contre les chaussures, ce sont les miennes."

Moi :-" Elles sont super sympas tes copines."

Cécile :-" Tu sais nos geôliers n'ont pas été tendres donc cela resserre les liens."

Moi, la colère s'emparant de moi petit à petit :-" Ils n'ont pas abusé de toi ?"

Cécile, les larmes aux yeux :-"Seule Angie a subi cela. Mais pour nous autres, ce n'étaient pas vraiment des vacances non plus."

Moi, me tournant vers elle et la prenant dans mes bras :-" Je suis désolée de mon manque de tact, mon amour. Une dernière question, ton appart, c'est le château de Versailles. Il nous a fallu plus d'une minute pour aller de ta salle de bain à ta cuisine."

Cécile :-" Je comprends et j’apprécie que tu t’inquiètes de ma captivité. »

Elle me donne un petit baiser sur la bouche et reprend.

Cécile :-« Allez maintenant il faut que tu manges. »
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:53

XII






Elle ouvre la porte et nous rentrons dans la cuisine. Elle est grande sans être immense. La table, suffisamment longue pour accueillir 6 personnes, me fait dire que les repas sont plus souvent pris là que dans la salle à manger. Remarque, s’il faut parcourir autant que pour venir de sa chambre, je comprends pourquoi. Les plats seront froids avant d’être mangés. L’équipement est moderne sans être extravagant. Il n’y a pas de piano avec deux fours et six feux ou de percolateur professionnel. Quand je vois mon plateau, je me jette presque dessus tant j'ai faim et elle commence à parler.

Cécile :-« Cela fait plaisir de te voir dévorer ce que je t’ai préparé.
Tout d’abord, s’il a fallu tant de temps pour venir de ma chambre à la cuisine, c’est avant tout parce que nous sommes dans un immeuble haussmannien. Quand ils ont été construits, les propriétaires considéraient que c’était des lieux pour le petit personnel. Donc ils ont été mis le plus loin possible de là où ils vivaient. C’est pour ça que je l’ai aménagé pour pouvoir y prendre mes repas. J’utilise la salle à manger que lorsque j’invite, c'est-à-dire très peu souvent.
Maintenant, je vais essayer de te raconter un peu pourquoi j’ai choisi cet appartement.
En premier lieu, c’était parce qu’à dix-huit ans, j'ai voulu prendre mon autonomie. En plus, même si j’étais très bien chez mes parents, je trouvais qu’un professeur en médecine ne pouvait décemment pas inviter ses confrères et risquer que sa mère l’appelle cécé par inadvertance. »

Je relève d’un coup la tête de mes tartines et avec un grand sourire sûrement tout chocolaté, je lui dis que c’est tout mimi comme surnom.

Elle me répond que si j’ose le dire à mes frères, qui elle le sait bien, en profiteront pour l’appeler ainsi à tout bout champ et surtout quand cela l’embarrassera le plus, elle me fera subir une terrible vengeance.
De défi, je lui demande ce qu’une si frêle demoiselle pourrait faire.
L’air de rien, elle m’explique qu’elle pourrait avoir la migraine un certain temps.
D’abord je ne comprends pas, n’étant pas habituée à ce genre de remarque, puis j’éclate de rire devant cet argument des plus coquins.

Moi :-« Même si je ne suis pas sûre d’être celle qui serait le plus ennuyée, je te promet de ne rien dire. »

Elle vient m’embrasser et me remercier puis reprend son récit et sa place.

Cécile :-« Ensuite ce sont des raisons financières.
À quatorze ans, après avoir vendu mes deux premières molécules trouvées pour rembourser mes études, j'ai négocié avec quelques multinationales pharmaceutiques l'exclusivité de mes autres découvertes contre une très forte somme virée mensuellement pendant dix ans. Après ce temps, elles leur appartiendront.
Cet arrangement est beaucoup plus avantageux pour les deux parties, tu peux me croire.
Comme je te l'ai déjà dit, j'ai beaucoup lu et j'étais déjà férue d'histoire avant d'intégrer les cours de ton arrière-grand-mère. Donc je savais que si mon argent restait à dormir sur mon compte bancaire, je pouvais tout perdre du jour au lendemain si le gouvernement était renversé.
Ce que vous avez entrepris, tes frères et toi, prouve que j'avais raison.
Donc à ma majorité, j'ai décidé de faire d'une pierre deux coups, préserver mon capital en l'investissant dans mon logement et gagner en liberté.
Je me souviendrais toujours de mon premier contact avec le monde de l'immobilier de prestige.
Toujours grâce à mes lectures, j'avais compris que le luxe est ce qui résiste le mieux aux crises. Et surtout, je ne me voyais pas m'embêter à devoir gérer un parc de plusieurs appartements. Courir après les loyers impayés, les problèmes de plomberies ou de copropriété ce n’est vraiment pas pour moi.

Donc un samedi où je n'étais pas de garde, je pousse la porte de la plus prestigieuse agence immobilière de la capitale.
Le contraste avec le monde extérieur où certes tous travaillent mais chacun connaît plus ou moins la faim et la nécessité de se priver fût hallucinant. Là, ce n'est que marbre, bureaux design, écrans plats et débauche de lumière et d'énergie.
Tu vas trouver bizarre que je te parle de ça mais la veille dans mon hôpital, nous avions dû couper tous les appareils électriques pour garder suffisamment de puissance pour le service de réanimation.
Donc d'arriver dans cette agence qui consommait presque autant que mon hôpital m'a suffisamment choquée pour que je m'en souvienne.

Je fus accueillie par une jeune femme qui se précipita vers moi dès mon entrée. Un véritable top model qui avec un grand sourire me signifia comme une confidence que la friperie, c'était le magasin juste à côté.

Je lui répondis que si je pensais pouvoir y acheter un appartement j'y serais allée.

Un moment étonnée, elle continua, en surveillant que personne ne l’entende, en me disant à voix basse qu'ici c'était excessivement cher et qu'à l'agence au bas de la rue, les produits et les prix étaient vraiment plus raisonnables.

Je compris alors que loin de vouloir me reconduire par snobisme comme je l'ai d'abord cru, elle voulait vraiment m'aider. Touchée et voyant là une possibilité d'à la fois faire une bonne action et pouvoir acheter au meilleur prix, je continuais à voix basse moi aussi. Je lui demandais si elle était une des agents immobiliers. Elle me répondit qu'elle aimerait bien mais que pour l'instant elle n'était que l'hôtesse d'accueil. Je lui répondis, à voix haute, cette fois, que je voulais voir le propriétaire de l'agence. Un peu perdue, elle alla tout de même le chercher.
Lui, devant la jeune fille de dix-huit ans que j'étais, habillée très simplement, tourna carrément les talons sans même me parler. Je l’interpelais, retenant ma colère avec peine. Je lui dis qu'étant le meilleur docteur de la capitale, s'il faisait un pas de plus vers son bureau je parlerais à tous mes patients privés ainsi qu'à mes collègues de son accueil des plus déplorables. Blême, il se retourna vers moi et me demanda si j'étais Cécile Agnodice. Je lui répondis que oui et que s'il voulait que j'oublie son attitude, il fallait que ce soit la demoiselle qui s'occupe de moi.
Je t'épargne les discussions et les tâtonnements maladroits d'Annie."

Là, je l’interromps incapable de me retenir.

Moi :-"Tu appelles le top model par son prénom ?"

Elle éclate de rire, se lève, fait le tour de la table et vient m'enlacer.

Cécile :-" Tu es jalouse d'elle ?"

Moi :-" Je sais que je n'en ai pas le droit, désolée, mais c'est plus fort que moi."

Cécile, après m'avoir embrassée :-" Je trouve cela très adorable. »

Là, je ne peux te décrire ce qui se passa mais sache seulement qu’elle me prouva tout son amour, m’apprit que l’on pouvait mettre du Nutella ailleurs que sur des tartines ou des crêpes et que c’est divin.

Une fois nos esprits retrouvés je repris mon repas et elle son histoire.

Cécile :-« Comme je te le disais, ta jalousie est totalement sans fondement et il n'arrivera jamais rien avec Annie. Je l’ai connue à un moment de ma vie où j’étais totalement asexuée. Comme je t'ai dit tout à l'heure, j'avais, en première intention, décidé d’utiliser sa gentillesse pour acquérir mon appartement au meilleur prix possible. Mais très vite, elle est devenue ma meilleure amie, ma presque grande sœur. C'est la première qui ne m'ait pas vue comme une gamine de 18 ans, qui m'ait parlé normalement, qui m'ait emmenée au cinéma. C'était un pur navet mais je n'avais jamais tant ri. Tu connais mon histoire. J'ai toujours été solitaire. Alors faire quelque chose avec elle serait comme de l’inceste, Beurk !!"

Moi, la coupant encore :-" Pourquoi alors elle n’était pas là pour l'anniversaire de tes vingt ans ?"

Cécile, toujours très amusée :-" Tu te souviens de ça ! C’est parce qu'elle était en voyage de noces."

Moi, ne pouvant retenir ma question :-" Avec un homme ?"

Cécile, éclatant de rire :-"Oh, oui ! Tu ne le sais pas mais l'homosexualité est à peine tolérée ici, donc il n'y a pas de mariage possible pour nous. Annie s'est mariée avec un de mes internes et j'ai été son témoin. D’ailleurs, elle a une merveilleuse fille de deux ans dont je suis la marraine. Et autant te le dire tout de suite, je la vois très souvent parce que c'est elle qui s'occupe de la gestion de mon immeuble et d’ici."

Moi, oubliant pour un temps Annie, étonnée de cette dernière info :-" Tu as acheté un immeuble en plus de cet appartement ! Si on est bien dans Paris, c’est que tu es monstrueusement riche !"

Cécile, hilare :-" Ici, on est à côté du métro Miromesnil, pour être à moins de vingt minutes de mon travail. Mon immeuble est proche de l’hôpital Bichât mais dans un quartier moins huppé. Je ne suis pas monstrueusement riche. Mon appartement, j’ai pu le négocier plus bas que le prix du marché parce que je l’ai payé comptant, les héritiers étaient pressés. Mon immeuble, ce sont les loyers qui remboursent le crédit, le salaire d’Annie et tous les autres frais. »

Moi :-« Comment t’est venue l’idée de l’acheter ? »

Cécile :-« Pour deux raisons. La première c’est que lorsque j’ai eu acquis ici, dès le lendemain le patron de l’agence immobilière mit Annie à la porte l’accusant d’avoir bradé le bien, ce qui l’a empêchée d’avoir une confortable commission. Il n’avait pas tort.
La deuxième raison vient de la difficulté des infirmières et aides-soignants de mon hôpital pour se loger. C’est un sujet récurrent au cours de leurs pauses. J’ai donc réglé mon problème de culpabilité vis-à-vis de mon amie en lui donnant un boulot et un logement. J’ai augmenté la productivité de mes services en facilitant la vie de mon personnel. Et cela sans que cela me coûte d’argent. Même, dans dix ans cela m’en rapportera."

Moi :-"Tu es un génie des affaires et philanthrope."

Cécile, très sérieuse :-"Oui, je crois."

Après deux secondes à nous regarder dans les yeux, nous éclatons de rire.

Comme tu le vois j’étais vraiment épuisée.

Cécile, après avoir cessé de rire :-« Tu as fini de manger ? »

J'engloutis alors la dernière tartine de Nutella en une bouchée, finis mon jus d'orange d'un trait et m'essuyai la bouche après lui avoir répondu par l'affirmative.

Cécile :-" Suis moi, je vais te montrer pourquoi j'ai craqué. Cela a mis du temps parce que j'étais très exigeante n'étant absolument pas pressée. Annie a dû voir tout ce qui était en vente sur Paris et m'en faire visiter au moins la moitié. Et un jour, elle a visité ici et à découvert la pièce que je veux te montrer, je te ferai voir le reste de l’appart plus tard. Elle m'a appelé tout de suite. C'était la première fois qu'elle était si enthousiaste, je l'ai donc rejointe dans l'heure, l'avantage d'être chef. La visite ne dura que le temps de voir ça. J'ai fait une offre le soir même, signé la semaine suivante et emménagé dans la foulée."

Elle ouvre alors une porte et nous entrons dans une bibliothèque remplie d'étagères où de vieux livres sont parfaitement rangés. Elle occupe, semble-t-il, aussi l'étage du dessus, le plafond est beaucoup plus haut que dans les autres pièces et constitué d’une verrière. Seule une allée permet d'accéder aux différents rayonnages, un canapé confortable et une table basse complète le tout.

Cécile, les yeux pétillants :-"Tu ne peux pas le voir d’ici, mais il y a un escalier en colimaçon à l’autre bout de la pièce. Il mène à l’étage supérieur qui abritait, avant, les chambres de bonnes. Il est lui aussi rempli de livres.
Pratiquement tout ce que tu vois ici étaient déjà là quand j'ai acheté. Les héritiers qui m'ont vendu l’appart sont des idiots. Quasiment tous les ouvrages sont des éditions originales en parfait état. La pièce a tout un système de contrôle pour que rien ne vienne endommager ces trésors. Il y a plus de deux cent mille volumes et d'après les renseignements que s'est procurés Annie, cela représente dix fois le prix d’ici. Tu te rends compte qu'il y a le manuscrit de Roméo et Juliette de la main de Shakespeare."

Moi, attendrie devant son enthousiasme :-" Je suis sûre que tu passes tout ton temps sur ce canapé quand tu es ici. D'ailleurs cela ne m'étonnerait pas que tu y aies plus dormi que dans ton lit."

Cécile, tête baissée :-" Oui."

Moi :-« Je ne lis presque jamais mais je comprends parfaitement que tu aies craqué, c’est une très belle pièce. »

Un nouveau bisou et nous retournons dans sa chambre pour nous habiller. J’en profite pour lui poser une nouvelle question.

Moi :-" Juste pour savoir, les bouquets de fleurs dans la cuisine et l'entrée, ainsi que les fruits frais, c'est Annie ?"

Cécile :-" Mais non, c'est ma femme de ménage, une amie de mes parents que j'emploie et loge surtout pour lui payer sa retraite. Elle n'aurait jamais accepté mon argent autrement. Dis donc tu es drôlement observatrice."

Moi :-« C’est un peu mon métier. D’ailleurs je n’ai vraiment pas l’impression que tes tableaux et les sculptures soient des reproductions. »

Cécile, s’arrêtant de marcher d’étonnement et se tournant vers moi qui l’ai imitée :-« Comment tu le sais ? Tu ne t’es même pas arrêtée devant ? »

Moi :-« Si je m’étais arrêtée, je te l’aurais affirmé. Dans nos aventures, nous avons beaucoup côtoyé d’œuvres d’art aussi bien pour les récupérer que pour les faire disparaître. C’était mon rôle de déterminer les vraies des fausses. D’ailleurs, veux-tu que mes frères et moi t’installions un système de sécurité inviolable ? »

Cécile :-« Pourquoi pas, si cela ne vous empêche pas de faire des choses plus utiles. »

Moi :-« Une journée devrait nous suffire. Allez maintenant faut s’accélérer je veux vraiment faire bonne impression à tes parents et le retard n’est pas une des meilleures façons de faire. »

Cécile :-" Oui, surtout qu'il y a un changement pour la prison de la santé d'ici et qu’il faut qu’on passe sous la douche pour effacer nos excès chocolatés de tout à l’heure. En plus quand j'ai prévenu mes parents, tout à l'heure, je leur ai dit que nous nous rejoignons directement là-bas, cela ne nous laisse plus qu’une demi-heure. »

Quand nous arrivons dans la salle de bain nous ne mettons que cinq minutes pour être prêtes, pas chacune mais en tout.
Je suis sûre que tu comprends très bien l'exploit que c'est et mon besoin de te le signaler au vu du temps infini que tu passes sous la douche tous les jours. Pour être honnête et me faire un peu mousser, cela m'est déjà arrivée d'aller si vite mais jamais lorsque l'eau était chaude.
Ainsi, lors d'une opération en pleine montagne avec mes frères, j'ai dû utiliser de l'eau d'un torrent et même une fois de la neige. Crois-moi, c'est juste une torture et si cela n'avait pas été après une semaine de trekking soutenu, j'aurais arrêté dès le premier contact, tant c'est glacé.
Tout ça pour te faire comprendre mon envie d'être à l'heure pour cette première présentation.
Je pense que Cécile devait être dans les mêmes dispositions parce que c'est aussi la seule fois où elle mit moins d'une demi-heure pour se préparer.
Ma seule perte de temps vient du camouflage de mon revolver. Mon haut est trop court pour le dissimuler si je le glisse dans ma ceinture et mes poches sont justes suffisantes pour y mettre le téléphone portable et un charger. Je pense alors à un sac à main et en demande un à ma chérie. Je la vois ouvrir une porte. Intriguée je la suis du regard et découvre qu'elle pénètre dans un immense dressing aussi grand que sa chambre. Je m'approche, curieuse, pour la voir en train de fouiller dans un placard rempli de maroquinerie et en moins d'une minute m'en donne un qui se coordonne avec ma tenue. En me voyant y glisser mon arme elle m'interroge.

Cécile :-" Caro, tu sais que la France est devenue un état policier. Ce qui veut dire que l'ordre règne bien sûr mais surtout que les fonctionnaires qui en ont la charge ont une très grande impunité."

Moi :-" Cela justifie mon arme encore plus."

Cécile :-" Les libertés individuelles n'étant plus qu'un lointain souvenir. Les caméras de surveillance et scanners à terahertz sont devenus des installations courantes aux abords de tous les bâtiments de l'état."

Moi :-" Comme les prisons."

Cécile :-" Tout à fait. Le président, à juste titre, a pensé que si l'on s'en approchait armé ce ne pouvait être qu'avec de mauvaises intentions. Depuis longtemps, les gardiens surveillent aussi bien les détenus que les alentours, n'hésitant pas à faire feu sur des individus suspects ou porteurs d'armes qu'ils auraient détectées grâce à leur système de contrôle. Les infos relaient ces exécutions dans leur édition de 20 heures présentant immanquablement le mort comme un dangereux terroriste et le tireur comme un héros."


Moi :-"Donc les fonctionnaires responsables de la sécurité de l’état regardent leurs concitoyens nus toute la journée. Cela doit changer les relations humaines un tel poste. »

Cécile :-« Comment ça ils nous voient déshabillés ? »

Moi :-« Bah oui, les scanners à terahertz ne pénètrent que les vêtements. Donc ils permettent de voir à travers eux et ainsi détecter un objet métallique où de savoir si tu es épilée. »

Cécile :-« J’avais toujours cru que c’était comme une radio à rayon X de l’hôpital. »

Moi :-« Hé, non ! «

Je regarde mon téléphone. Il n’y a aucune notification de recherche sur ma belle rousse. En plus vue l’heure, le président n’a pas eu le temps de prévenir ses hommes. Nous ne craignons rien à sortir sans arme.

Moi :-« Bon ! Jouons la sécurité, je laisse mon revolver. Maintenant il faut vraiment y aller. »

Cécile :-« Tu as raison. En route ! »


Je suis Cécile vers la sortie quand Je me souviens que je n'ai aucun moyen de paiement, j'en informe ma chérie.

Cécile :-" Je m'en doute bien chérie et alors ? "

Moi :-" Je ne peux acheter de ticket de métro."

Cécile, souriant :-" Je le ferai, bien sûr, pour toi,  voyons !"

Moi :-" Merci."

On arrive à l'entrée de l'appartement, elle prend son sac à main dans le meuble de l'entrée et nous partons.
Nous descendons les trois étages par les escaliers aussi rapidement que possible.
Nous continuons encore en petite foulée une fois dans la rue et cela jusqu'au métro. C'est moi qui dois m'occuper des tickets pour la laisser reprendre son souffle.
Une fois assise dans la rame, je reprends la parole.

Moi :-" Cécile, tu crois que nous serons à l'heure ?"

Cécile après avoir regardé sa montre et le plan de métro :-" À cinq minutes près oui."

Moi :-" Chérie, tu sais comment tes parents vont réagir ?"

Cécile :-" Non, je n'ai jamais eu personne avant toi à leur présenter."

Le sachant déjà, je m'inquiète d'essuyer les plâtres.

Moi :-" Quand tu as prévenu tes parents de la libération de ta marraine, tu leur a bien dit que je venais ?"

Cécile :-" Évidement !"

Moi :-" Et ?"

Cécile :-" Et ma mère a paniqué parce qu’elle n’avait prévu qu’une soupe pour mon père et elle, pour ce soir. Je l’ai rassurée en lui disant que j’invitais tout le monde au restaurant. »

Moi :-« Elle n’a rien dit sur le fait que je sois une fille. »

Cécile :-« Oh, elle n’a pas eu le temps. Elle m’a passé tout de suite mon père pour aller vérifier que le salon était immaculé et se chercher une tenue pour ce soir. Il faut que tu saches Caro, ce n’est vraiment pas courant d’aller manger dans un vrai restaurant gastronomique, tant ils sont devenus dispendieux. Bien sûr il y a encore de petites pizzerias, des brasseries ou des fast-food qui sont abordables mais leurs qualités sont souvent discutables.
Je crois que la dernière fois que nous y sommes allés avec mes parents, c’étaient quand j’ai offert leur appartement. C'est-à-dire il y a huit ans. »

Je me ferme alors comme une huitre. J’ai honte de ma tenue que je trouvais déjà limite pour notre rendez-vous de la veille. Je l’ai mise aujourd’hui parce qu’elle est plus discrète que mon équipement de commando. Mais là, elle est juste impossible à justifier que ce soit pour rencontrer les parents de Cécile ou pour aller dans ce lieu qui semble d’exception. Je n’ai plus qu’une envie, c’est de fuir.

Ma chérie devant mon mutisme se rapproche de moi. Elle ne me donne pas le baiser que j’imaginais, sûrement à cause de l’homophobie dont elle m’a parlé tout à l’heure, mais elle me serre la main et me dit.

Cécile :-« Que t’arrive-t-il mon amour ? »

Et pour la première fois, je le lui explique. Je m’étonne moi-même, parce que tu le sais bien, on ne confie nos soucis qu’après de longues tractations et des sollicitations répétées. Et là, je me mets à lui parler comme si je ne pouvais faire autrement.


Moi, montrant ma tenue avec horreur :-« J’ai honte d’être habillée comme ça. Le haut est trop petit. Ma poitrine est vraiment trop mise en valeur et en plus on voit mon nombril, c’est indécent. Que vont penser tes parents ? En plus, jamais on ne m’acceptera au restaurant. »

Cécile, rassurée et attendrie :-«  Chérie, tu es magnifique. En plus, je ne sais pas si c’est dû à tes cours de danse, à ton assurance dans tes capacités physiques qui t'ont permis de te sortir de toutes les situations, pondéré par ton ignorance absolue de ton charisme et de ta beauté ou au fait que je sois totalement folle de toi mais quand tu marches quoi que tu portes, ton harnachement de commando ou cette tenue qui te met parfaitement en valeur tu es. »

Elle s’arrête et j’en fulmine.

Moi :-« Pourquoi tu ne continues pas ? »

Cécile :-« Parce que je n’arrive à l’expliquer sans tomber dans les clichés. Je me fais l’effet d’une groupie. »

Moi, curieuse :-« Tu voulais dire quoi ? »

Cécile :-« Que tu as la classe et la simplicité des princesses de contes de fées. «

Je suis étonnée, amusée et attendrie. J’ai envie de l’embrasser, la câliner et rire. Je ne fais aucune de ces trois choses.

Moi :-« Merci Cécile, mais je crois que tu viens d'illustrer merveilleusement l'adage " l'amour est aveugle" cela me touche énormément. Je pense quand même, si tu acceptes de me prêter de l'argent, que j'essaierai tout à l'heure de trouver une tenue plus appropriée."

Cécile, souriante :-" Cela me va complètement mais il faudra faire vite car les magasins ferment tôt. Bien sûr, je demande un droit de regard sur ce que tu vas choisir. Pas question que tu mettes un truc moche ou tue l'amour. »

Après cet intermède vestimentaire et malgré ma décision de ne pas m'obnubiler à propos de ce que ses parents vont penser de moi, je n'y arrive. Alors, je l'interroge tout de même.

Moi :-" Et qu'as-tu dit à ton père?"

Cécile, souriante :-" Je lui ai d'abord dit que Marraine sortait dans une heure. Ensuite, je lui ai annoncé que j'allais leur présenter la femme qui fait battre mon cœur mais qu'il ne fallait pas qu'ils prennent peur face à sa grande laideur parce qu'elle a un bon fond."

Outrée, je me mets à la chatouiller en représailles. Tout le monde nous regarde dans la rame mais pour la première fois, je m'en fiche. Après qu'elle ait ri aux larmes, je m'arrête et la regarde droit dans les yeux.

Cécile, totalement sérieuse :-" Il m'a dit être impatient de te rencontrer et qu'il le dira à maman. Je lui ai aussi parlé de l'invitation au restaurant."

Moi :-" Il n'a pas été choqué ? Ou il est trop bien élevé pour le montrer ?"

Cécile :-" Arrêtes de stresser tant, mes parents ne sont absolument pas racistes ou homophobes."
Moi :-" Tu as sûrement raison puisque tu les connais."

Cécile :-" Exactement."

Nous restons silencieuses un petit moment. Puis Cécile se retourne vers moi

Cécile :-" Dis Caroline, le vrai problème avec mes parents, ce ne serait pas que tu culpabilises tellement de devoir partir qu’il t’est impossible d'envisager qu'ils puissent t'apprécier."

Moi, après une minute de réflexion :-" Je pense que tu as raison Cécile. Mais tu te rends compte ! Je vais t'abandonner pour retourner sur mon monde. Aucun parent n'accepterait cela. Comment les regarder dans les yeux sachant que je vais te faire souffrir ? "

Cécile, m'enlaçant :-" Tu est vraiment une belle personne mon amour. Même si cela ne règle pas le problème de ton départ et de la souffrance que toutes les deux nous subirons, et j’insiste sur ce point »

Moi, la coupant :-« Bien sûr que je vais souffrir au-delà de ce qu’il est imaginable en te quittant, mais j’en suis responsable, je n’aurais que ce que je mérite. Donc il est hors de question de m’en plaindre ou de l’évoquer. »

Cécile, resserrant son étreinte, très sérieuse :-« Mon preux chevalier blanc. »

Elle se met alors à rire, d’abord horrifiée par son humour, très vite je ne peux que l’accompagner.
Je n’ai comme excuse au fou rire qui s’en suit que la fatigue. Parce que honnêtement, là, quand je te l’écris cela peut faire sourire qu’on m’appelle ainsi moi, une jeune femme noire, mais pas plus.

Nous retrouvons notre sérieux très peu de temps avant de changer de métro.

Cécile :-« Amour, on en reparlera plus tard parce que je ne suis absolument pas d’accord avec toi. Mais, dans l’immédiat, nous n’allons rien dire à mes parents et éluder toutes questions sur l'avenir, expliquant qu'il est encore trop tôt pour l'envisager. Je sais que cela n’enlèvera pas ta culpabilité mais au moins cela t’évitera le malaise d’en parler. »

Je me penche et lui murmure que c’est la personne la plus formidable que je connaisse et que mon amour est infini pour elle.
Nous nous regardons alors dans les yeux pour tenter de transmettre la force de nos sentiments, à défaut de le faire par un baiser passionné.

Moi, sérieuse :-" J'arrête de gâcher l'ambiance. Profitons du temps que nous avons ensembles. "

Cécile," Voilà mon amour, abusons de chaque seconde en faisant des folies de nos corps."

Moi, rentrant dans son jeu, le dos de la main sur le front en prenant un air choqué :-" Le chevalier blanc, que je suis, est offusqué à l’évocation de la gaudriole avec ma mie avant le mariage."

Cécile :-"Ce n’est pourtant pas ce que dirait le pot de Nutella dans ma cuisine. »

Je suis scotchée par sa remarque. Et même si normalement on ne voit pas quand je rougis, je suis certaine, vu combien mon visage me brûle, que le rouge a remplacé le marron.
Elle, par contre, semble très fière de sa réplique.

Cécile, l’air de rien :-« On descend, c'est là que nous faisons notre correspondance."

La station de métro a hélas beaucoup de caméras de surveillance. Je suis ma douce rousse qui m'emmène dans les couloirs de la station. Aux aguets, je repère enfin ce que je recherche depuis notre descente de la rame, un couloir dépourvu de vidéos et désert. J'emprisonne les épaules de ma belle et l'embrasse, enfin. D'abord étonnée, elle y répond et glisse ses mains sur ma taille dénudée.
J’arrête ce merveilleux moment, juste avant que de nouveaux passagers arrivent. Comme de vraies gamines, nous partons en courant et en riant.
Nous ne nous calmons qu'une fois entrées dans la rame de métro suivante que nous avons attrapée in extremis.

Ce deuxième voyage est plus court, mais il est suffisant pour nous remettre de nos émotions. Pour ma part, ce silence me permet aussi à me préparer à la confrontation avec les parents de Cécile, timide et fatiguée comme je suis, il me faut au moins ça.

Pour rattraper notre retard, nous dévalons les couloirs et les rues. A l'entrée de celle menant à la prison, je nous y stoppe. Cécile se tourne vers moi intriguée. Je lui réponds que dans un état totalitaire, il est certain qu'il y aura des agents de renseignement pour prendre en photo les personnes venues chercher les opposants politiques libérés. Or, nous ne pouvons pas prendre ce risque avant d’être sûres que tous les hommes du président sont d’accord pour repartir. Sinon, les récalcitrants pourraient utiliser ses parents comme moyen de pression s’il la reconnaisse comme faisant partie du groupe de Mamé.  Je m'excuse de ne pas y avoir pensé avant. Très vite, je repère le couple qui, alors que les anciens prisonniers sont accueillis par leur famille, les observent plutôt que de scruter la porte avec espoir. Je le montre à ma compagne.
Nous discutons ensuite, quelques minutes, pour déterminer la meilleure façon d’agir.

Moi :-« Bon, alors on va faire simple. Tu les appelles en leur disant de ne pas nous attendre et de commencer à rentrer chez eux. Tu leur expliques que je me suis perdue et que nous les rattraperons sûrement au niveau de Port Royal. «

Cécile :-« Bonne idée. »

Après trente secondes de conversation avec ses parents, ma douce raccroche en me disant que son père me propose de participer à ses excursions découvertes de Paris, pour que je ne m’y perde plus. Je souris.
Nous marchons d’un bon pas vers le boulevard, quand je me souviens que nous avons oublié un truc important.

Moi :-« Cécile, nous n’avons pas déterminé ce que nous allons raconter à tes parents ! »

Cécile :-« Mon dieu, oui. Heureusement que nous avons ce contretemps pour y penser. »

Moi :-« Oui. Comment avons-nous pu nous rencontrer ? Et, plus important que puis-je faire dans la vie pour pouvoir croiser un génie comme toi ? Il y a des écoles d’informatique ? »

Cécile :-« Pas tant de questions en même temps. Alors oui, je pense qu’il y a une école mais elle doit être hors de prix et parfaitement inaccessible aux femmes. »

Moi :-« Comment ça ? »

Cécile :-« Depuis l’arrivée du Président au pouvoir, la société a à peu près la même mentalité que sous Pétain. Les femmes sont là pour rester à la maison à s’occuper des enfants. Si elles travaillent, elles ne peuvent accéder qu’à des fonctions subalternes.
Celles qui font des études, le font parce que leurs parents ont les moyens. Mais surtout parce que dans ces milieux aisés, il est indispensable d’être cultivé si l’on veut faire un bon mariage et donc avoir réussi sa vie.
Alors clairement tu ne peux pas, pour être crédible, prétendre travailler dans l’informatique parce qu’alors tu devrais être un génie, seule façon pour une femme d’accéder à ces fonctions et comme le pouvoir, misogynie ultime, considère cela extraordinaire, tu aurais eu, comme moi, plusieurs fois ta photo dans les journaux que mes parents auraient donc vu. »

Elle n’est pas responsable de la société et s’est juste contentée d’énoncer un fait mais cela m’a vexée.

Il ne lui faut que quelques secondes pour s’apercevoir de mon état et en déterminer la cause. Elle m’arrête en me prenant la main. Je peux évidement aisément m’y soustraire mais je n’en ai aucune envie. Elle se place alors devant moi, indifférente aux regards outrés des passants, elle pose ses mains sur mes joues et après s’être excusée d’avoir été injuste et blessante, elle m’embrasse doucement et tendrement, me transmettant tout son amour de la plus agréable des façons.

Alors, pour la première fois au cours de toute mon existence, je cesse de bouder après moins de deux heures.
Oui Caroline ! Tu as bien lu ! Cécile a réussi en moins d’une minute à me faire arrêter. Je suis sûre que maintenant tu comprends vraiment l’intensité de l’amour qui nous lie toutes les deux.

Etant tout de même restée la même tête de mule, je ne fais aucune référence à ce qui vient de se passer. Je me contente de reprendre la conversation en lui demandant s’il lui semble crédible que j’ai le poste de la jolie cruche dans la galerie d’art où elle a acheté ses tableaux.

A la fois amusée et chagrinée que je sois si blessée, elle me dit que l’idée d’une passionnée d’art acceptant un poste dégradant pour être au plus près des œuvres qui la subjuguent, est vraiment romantique. Elle m’explique que ce serait presque une raison suffisante pour qu’elle ait craquée pour moi.

Elle m’a encore une fois retournée et sans malice aucune. D’une proposition que je voulais avilissante, elle crée, pour moi, un personnage des plus intéressants.

Je ne résiste plus et la prend dans mes bras pour faire la paix.

Cécile :-« Comme nous sommes pratiquement arrivées, nous n’allons pas avoir le temps de nous inventer des souvenirs en commun ou d’apprendre le parfum de notre glace préférée. Je te propose, alors, de simplement dire que nous nous sommes mises ensembles il y a une semaine. Cela justifiera l’absence de coup de fils à mes parents pendant mon incarcération. »

Moi :-« Très bonne idée. Mais nous continuons de vivre, toi dans ton appartement et moi chez mes parents, en banlieue. Cela explique ma méconnaissance de la capitale. En plus, je ne veux pas qu’ils pensent que je suis avec toi pour profiter de ton argent. Surtout s’ils s’aperçoivent que c’est toi, qui tout à l’heure, me payera ma tenue pour le restaurant. »

Cécile, sourire aux lèvres :-« C’est d’accord. Les voilà justement. »

Telle une enfant, elle part en courant vers un groupe de deux femmes et un homme d’une cinquantaine d’années. Elle embrasse ses parents et enlace sa marraine. Moi, je l’attends à l’écart, la laissant profiter de ses retrouvailles.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:53

XIII



Pendant quelques minutes, ils se retrouvent. Peu de mots sont dits mais beaucoup de câlins et de bisous sont échangés.
Moi, cela me laisse le temps pour m'apercevoir que nous n'avons pas déterminé avec Cécile le lieu de la galerie où je suis sensée travailler. J'ai déjà décidé de l'histoire expliquant pourquoi ma tenue est trop décontracte pour une présentation à ses beaux-parents et pour un dîner dans un restaurant.
J'en suis là de mes réflexions quand je vois le couple d'agents dans une Peugeot de notre époque. Heureusement que j'observais les voitures sortant de la rue de la Santé. Ils sont à cent mètres devant nous et tournent dans notre direction. Après avoir juré intérieurement, j'avise deux possibilités. Je choisis celle qui me vaudra un interrogatoire en règle mais qui est la plus sûr pour notre discrétion.
Je m'approche du petit groupe.

Moi, en me dandinant et après m'être raclé la gorge :-" Désolée de vous déranger."

Tous se tournent vers moi. Cécile, d'abord étonnée, veut me présenter. Je joue alors les indisposées pressées pour couper court, la voiture s'approchant dangereusement et le passager commençant à tourner la tête vers nous.

Moi, me dandinant de plus belle :-" Excusez-moi, mais serait-il possible d'aller dans ce café qui est juste là, j’ai un besoin urgent de me laver les mains ?"

Leurs visages sont un peu choqués par mon intervention cavalière. Cécile intervient et explique que je m'appelle Caroline et que je suis la personne qu'elle voulait leur présenter. Ils changent alors complètement de visage et un sourire de bienveillance y apparaît.

La mère de Cécile :-" C'est une bonne idée ainsi nous serons plus à l'aise pour faire les présentations."

Comme tu le vois, le grill est avancé et la cuisinière prépare déjà la sauce avec laquelle elle veut me manger.
Mais au moins, ma stratégie est payante. Nous pénétrons dans le troquet bien avant l'arrivée des agents à notre niveau.
Je suis sûre, qu'ils n'ont pu, ni bien nous voir, ni nous prendre en photos. C'est le père de ma douce qui se charge de demander une table pour cinq et où se trouve les toilettes. Cécile m'y accompagne.

Cécile, inquiète :-" Les agents venaient vers nous ?"

Moi très agréablement surprise :-" C'est vraiment super d'être avec un génie, il n'y a pas besoin de s'expliquer."

Cécile, toute rouge :-" Idiote."

Moi :-" Ça c'est sûr si je me compare à toi. Mais pour l'instant, il est urgent de déterminer tout un tas de détails pour être crédibles avec tes parents. Surtout, que je vais devoir jouer les jeunes filles sures de soi, puisque je suis sensée être une hôtesse d'accueil."

Cécile :-" Tu veux qu'on trouve autre chose ?"

Moi :-" Cela me permettra d'être moi-même et d'un peu moins mentir à tes parents."

Nous y réfléchissons, à ça et à d'autres détails pendant les cinq minutes qui suivent.
Nous retournons auprès de sa famille, après être passées tout de même aux toilettes pour ne pas qu’une envie pressante ruine toute notre mise en scène.
Ils sont tous les trois installés sur la banquette et j'ai l'impression de passer devant un jury surtout qu'ils se taisent à notre arrivée. Nous nous asseyons et commandons un café. Je n'en bois jamais, mais après une nuit blanche, c'est une obligation pour réussir ce qui va suivre et qui est très important pour mon couple. Pendant qu'ils arrivent, je m'excuse une nouvelle fois pour mon intervention cavalière de tout à l'heure, ils m'assurent que ce n'était rien.

La mère de Cécile :-" Alors Cécile, tu nous présentes ton amie."

Cécile, très cérémonieusement :-" Oui, maman. Alors papa, maman et marraine, je vous présente Caroline Detrois, la femme qui a volé mon cœur. Amour, voici mon père Robert Agnodice, ma mère Clara Agnodice et ma marraine Démetria De Phalère."

Les "enchantés" fusent ensuite.

Robert Agnodice :-" Alors comment vous êtes-vous rencontrez ?"

Cécile, faussement outrée :-"Papa !"

Robert :-" Cécile, c'est la première personne que tu nous présentes. Comment veux-tu que nous ne soyons pas complètement curieux, nous, de tout savoir ? Aussi bien des circonstances, que de l'incroyable personne qui a réussi cet l'exploit d’ailleurs."

Cécile, visiblement ravie de le raconter :-" C'est un concours de circonstances qui  nous a réunies. Il a commencé tragiquement mais s'est merveilleusement terminé."

Elle relate alors leur évasion des geôles présidentielles en la transformant en une agression d'Angélique et elle par huit types dans le métro. Son initiative me permet de connaître son point de vue sur notre rencontre. Je t’écris la fin de son récit quand nous sommes sensées avoir neutralisé facilement les méchants agresseurs.

Cécile :-" A la station suivante, les secours sont là à nous attendre. Son grand frère les avait appelés. Angie se réveille et part avec le SAMU pour une nuit d'observation. Avant ça, je lui assure de l'appeler dès demain sur son portable.
Je sais que j’aurais dû l’accompagner mais quelque chose m’a forcée à rester pour remercier mes sauveurs et bien m’en a prise.
Je les vois ausculter une femme. Mais une fois certains qu'elle n'a rien, ils lui passent un savon carabiné puis la laisse dans son coin pour venir prendre des nouvelles d’Angie auprès de moi. Je les rassure et en profite pour les remercier. Je leur demande si je peux aussi  présenter mes remerciements à la demoiselle avec qui ils parlaient. Ils m'assurent que cela ne pose aucun problème.
Je m'approche d’elle et lorsque la dame se tourne, c'est le coup de foudre.
Celui qui rend muet et fige pendant un temps trop court et infini. Heureusement je retrouve la parole ensuite. Je lui dis merci pour avoir sauvé mon amie. Je vois alors dans ses yeux une immense tristesse et comprend qu’elle croit que nous sommes ensemble, je la rassure immédiatement et exulte intérieurement.
Soulagée, elle minimise cependant son geste. Je me présente et elle en a fait de même. Un silence commençait à s’installer quand ses frères sont revenus vers nous. Ils nous proposent de les attendre en buvant un verre dans un café pendant qu’eux se chargeaient de la déposition à la police. Une heure plus tard, ils lui téléphonent pour lui dire qu’ils ne peuvent revenir la chercher. Visiblement surprise de leur attitude plus qu’inhabituelle, elle tint tout de même à me raccompagner jusqu’à chez moi pour que je ne fasse pas encore de mauvaise rencontre. Evidemùent une fois arrivées à mon appartement, je ne l’ai pas laissée repartir. Et depuis ce moment nous ne nous sommes plus quittées surtout que nous sommes toutes les deux en vacances. C'est d'ailleurs, pour ça que vous n'avez pas eu de mes nouvelles depuis.
Alors bien sûr vous allez croire qu'il s'agit du syndrome du sauveur, mais dans ce cas c'est de l'un de ses frères que j'aurais dû tomber amoureuse."


Je suis choquée et surprise bien sûr mais aussi touchée. Ce n'est pas du tout ce que nous avions prévu. Les adultes ont l'air aussi étonnés que moi. Cécile, par contre, affiche un immense sourire. Son père est le premier à réagir.

Robert :-" Merci Caroline, à vous et vos frères d'avoir sauvé ma fille et sa camarade de fac."

Moi, tout intimidée :-" Vous savez ce n'était pas grand-chose. Nous avons juste profité de l’effet de surprise."

Clara :-" Comment ça ?"

Mince, moi qui espérais ne pas entrer dans les détails ou paraître encore plus héroïque, c'est raté.

Moi, complètement mal à l'aise:-" Les agresseurs de Cécile et d’Angélique ne faisaient pas attention à nous. Nous nous sommes mis derrière eux et d'un coup de pied là où ces messieurs sont très sensibles, nous les avons neutralisés."

À leurs sourires en coin, je suis sûre qu'ils ne me croient pas mais ils ont la gentillesse de ne pas insister.

Cécile intervient avant que de nouvelles questions me soient posées.

Cécile :-" Le plus étonnant c'est que Caroline travaille comme secrétaire à La Sorbonne. Ses frères étaient venus la chercher parce qu'elle finissait tard ce soir-là. Ils sont très protecteurs avec elle. Ce qui me fait dire que leur coup de fil annonçant qu’ils ne pouvaient revenir chercher leur sœur était leur façon de lui forcer la main. "

Les adultes hochent la tête, ils ont visiblement très bien compris que je suis super timide.
Moi, je pique un ènième fard en entendant la dernière partie de son intervention. On avait décidé de dire que je bossais à la fac mais pas le reste..

Cécile :-" Maman, papa, marraine, nous n'allons pas pouvoir rester longtemps ici. Caroline tient absolument à trouver une boutique pour acheter des vêtements pour le restaurant de ce soir."

La mère de Cécile regarde son amie et répond à sa fille.

Clara :-" Mes chéries, allez-y ! Nous allons finir nos cafés tranquillement. Vous venez à l'appartement de Demetria quand vous aurez fini. Nous partirons ensuite au restaurant pour ne pas rentrer trop tard."

Cécile visiblement a vu, elle aussi, le coup d'œil de sa mère :-" Vous savez, je n'ai proposé le restaurant que pour éviter à maman de faire la cuisine. Mais, il nous est possible de passer chez un traiteur. Nous mangerons, ainsi, chez Marraine cela réduira les trajets et la fatigue."

Robert :-" Moi, cela m'irait complètement."

Clara :-" C'est vrai que nous serions plus à l'aise. Qu'en penses-tu Démetria ?"

Démetria :-" Moi tout me va ! Mais je dois avouer que je serais plus détendue si je me retrouve chez moi."

Cécile :-" Bon alors avec Caro, on va chercher le repas au traiteur et on vous retrouve chez Marraine. A tout à l'heure."

Moi, me levant pour suivre ma douce et d'une petite voix :-" À tout à l'heure."

Un " A tout à l'heure" collégiale nous est répondu.

A peine sorties du café, Cécile, sans me laisser le temps de râler, se tourne vers moi.

Cécile :-" Amour, je suis désolée pour l'histoire que j'ai racontée à ma famille. Mais je ne peux pas leur dire que tes frères et toi allez rétablir la démocratie en France. Alors, j'ai inventé ce mensonge pour qu'ils sachent quand même que tu avais sauvé Angélique."

Elle s'arrête et blanchit encore plus qu'elle ne l'est naturellement.

Cécile :-" Mon dieu, je ne l'ai pas fait, comme je le pensais, pour que tu aies un peu de la gloire qu'il devrait te revenir, mais pour que mes parents sachent que je suis avec une héroïne et qu'ils soient fiers de moi. Vraiment Caroline, je m'excuse de t'avoir fait subir ça. En plus je sais parfaitement que ta timidité te fait détester cela. »

Moi :-" Amour, je ne crois pas une seconde que ton intention était égoïste. Ton interprétation négative de ton geste est, pour moi, une preuve flagrante de ta mésestime de toi. Cela me rassure de n’être pas la seule et cela me prouve que tu peux avoir tort. »

Je termine en lui déposant un rapide baiser sur les lèvres. Oui, à ce moment-là, j’ai complètement oublié et la bienséance et ma timidité. L’important était de soutenir ma dulcinée.

Cécile, un peu perdue :-« Tu crois ? »

Moi, sûre de moi :-« Oh, oui ! »

Cécile :-« Tu ne m’en veux pas ? »

Moi :-« C'est vrai que je n'aime pas être le centre de la conversation. Mais, cela m'a vraiment flattée ce que tu as raconté à tes parents."

Cécile, reprenant des couleurs :-"C'est vrai ! Tu ne dis pas ça pour que je me sentes moins mal ?"

Moi, lui serrant un peu la main :-" Non, ne t'inquiète pas. Par contre, ce n'est pas crédible que mes frères soient allés seuls faire la déposition, je pense que la procédure normale est que les policiers entendent tout le monde."

Cécile :-" Oh M..... Tu as raison. Je tenais tant à coller au déroulement de ce qu'il s'est réellement passé. J'en ai oublié d'être crédible."

Moi :-" En plus, tu n'as pas non plus réfléchi au fait que ce sont tes parents. Après une telle aventure, ils vont forcément s'inquiéter pour toi en pensant que cet incident pourrait se reproduire."

Cécile :-" Mais tu sais, le métro est vraiment très sécurisé. Je l'ai toujours pris aussi bien pour aller à l'école des surdoués, à mon hôpital ou à la fac et je n'ai même jamais vu de pickpockets."

Moi :-" Alors que vas-tu dire à tes parents quand ils t'en feront la remarque ?"

Cécile, après un instant de silence :-"je ne sais pas."

Moi :-" Comment as-tu su que ta marraine avait été emprisonnée ?"

Je sens que Cécile, à son regard perdu, ne voit pas où je veux en venir mais me répond tout de même.

Cécile :-" Un jour que je venais la voir à sa bibliothèque, ses collègues m'ont dit qu'elle n'était pas venue de la journée. Cela ne lui est jamais arrivée. Je me suis précipitée chez elle. Évidemment, elle n'y était pas. J'ai interrogé ses voisins. Ils m'ont appris qu'elle avait été emmenée, au petit matin, par la police. J'ai foncé au commissariat mais aucune information ne m'a été donnée. En désespoir de cause, j'ai contacté le préfet de Paris, dont j'ai sauvé le fils, il y a quatre ans. Après s'être renseigné, il m'a rappelée et m'a appris qu'elle avait été emprisonnée à la prison de la santé pour idée subversive."

Moi :-" Alors si tes parents t'interrogent, tu leur diras que la police ne nous a pas auditionnées le soir-même parce que tu as parlé du préfet. Mais nous avons dû le faire dès le lendemain. Tu y as alors appris que l'incident est dû au fils du responsable de la surveillance vidéo de la ligne où nous étions. Avec des amis, après avoir beaucoup bu pour son anniversaire, il a coupé le système de contrôle grâce aux clefs de son père. Ils ont ensuite importuné nombres de voyageurs avant nous. C'est pour ça que la police les attendait à la station suivante, en plus des secours. Enfin, tu as su la libération de ta marraine, encore une fois, grâce au haut fonctionnaire."

Cécile :-" Dis donc, on dirait que tu as fait ça toute ta vie. Vu la facilité avec laquelle tu as inventé tout ça."

Moi :-" Mais non, cela ne fait que deux ou trois cent ans."

Cécile :-" Évidemment, au cours de vos aventures vous avez l'habitude d'endosser des personnages donc d'inventer des histoires."

Je m’empresse de préciser immédiatement que je suis parfaitement moi-même avec elle. Elle m'en remercie. Pour changer de sujet, je lui demande pourquoi nous sommes allées si tôt chercher le repas.

Cécile :-" D'abord, parce que nous avons un peu de marche, il n'y a pas beaucoup de traiteur et il n'est pas possible d'arriver en retard, sinon nous ne mangeons pas. Ensuite je veux avoir une chance de te trouver une tenue qui te plaise pour que tu te sentes plus à l'aise tout à l'heure, chez ma marraine."

Moi, touchée par cette attention :-" Merci."

Ne voulant pas que mes problèmes vestimentaires nous fassent jeûner, je réussis à la convaincre de passer d'abord prendre le dîner avant d'envisager de s'arrêter dans un magasin de prêt-à-porter.
Nous mettons près d'une demi-heure pour arriver chez le traiteur. Nous en ressortons qu'après un quart d'heure avec deux gros sacs. Cécile a pris trois melons de cavaillon et une chiffonnade de jambon de pays en entrée, des tranches de gigot d'agneau froid venant des prés salés du mont Saint-Michel accompagnées d'une salade de pommes de terre de l'île de Ré chaudes et de mayonnaise à la moutarde de Dijon en plat principal, un camembert de Normandie et du brie de Meaux avec une laitue et sa vinaigrette et pour finir une tarte aux fraises. Elle a complété avec deux bouteilles de Médoc et un très bon pain de campagne.
Alors, ne t'inquiète pas, je ne suis pas devenue critique culinaire. Je t'ai donnée le menu pour te faire partager ma stupeur. En sortant de la boutique, la quantité de victuailles m'a médusée, mais Cécile a interprété mon silence comme de la stupeur face au prix. N'ayant pas de référence, cela ne me disait rien et elle m'expliqua.

Cécile, un peu honteuse :-" Le prix du repas que nous venons de prendre, c'est pratiquement le salaire d'un ouvrier. Mais si nous prenions la même chose au restaurant, cela aurait coûté ce que tu gagnerais en tant que secrétaire."

Moi, choquée :-" C'est parce qu'ils sont hors de prix ou parce que les salaires sont dramatiquement bas ?"

Cécile :-" Les deux."

Moi :-" Cela illustre la dégradation des conditions de vie des français. Cela me donne une raison supplémentaire de rétablir la démocratie."

Cécile :-" Merci de le prendre ainsi. J'avais peur que tu penses que je vis en dehors des réalités, dans ma tour d’ivoire en profiteuse du système."

Moi :-" Après avoir subi une semaine de détention dans les conditions où tu l'as vécue, je ne peux vraiment pas penser ainsi. Surtout qu'avec tes relations et ta notoriété tu serais sortir en moins d'une heure."

Cécile, émue :-" Merci. Bon allons te trouver une tenue dans laquelle tu te sentes à l'aise."

Moi :-" Merci, je te suis."

Tout naturellement, je me charge des sacs et la suit. Après quelques minutes de marche, nous arrivons devant une boutique luxueuse. Au moment où elle veut y entrer, je l'arrête.

Moi, avec un sourire :-"Là, je vais commencer à croire que tu es snobe. Je voulais juste un simple chemisier et peut-être des chaussures plus féminines, pas de la haute couture."

Cécile :-" Tu trouveras ça ici. Simplement c'est une chaîne de magasins appartenant au père d'une amie, j'ai donc une carte de réduction. Autant profiter d'avoir de la qualité à un prix abordable."

Moi :-"Ok, mais pas de folie."

Nous entrons dans la superbe boutique. Une très jolie demoiselle blonde, aux formes très féminines et terriblement bien mises en valeur, m’accueille d'un "bonjour". Puis elle voit ma chérie et son visage s'illumine. Je ne peux pas nier que la jalousie m'étreint alors. Surtout qu’elle l’embrasse comme du bon pain, avec une main un peu trop baladeuse à mon goût. En plus, Cécile ne s’en offusque aucunement.
La vendeuse garde un bras autour de sa taille et n’éloigne son visage que d’une vingtaine de centimètres. Elles sont entre elles. Je crois que si cela ne s’arrête pas très vite ou je tue la jolie blonde ou je pars et ne reviens plus jamais.
Moi qui n’ai jamais connu ce sentiment, le baptême du feu est des plus sévères.

La vendeuse :-" Cécile ! Ça fait presque dix jours que tu ne donnes plus de nouvelles, depuis la soirée mémorable chez moi. L'appartement était dans un tel état que papa m'a forcée à travailler dans un de ses magasins pour financer les réparations. C'est pour ça que je suis ici. Remarque cela me permet de te voir. »

Cécile, se dégageant doucement :-" Bonjour Anastasia, j'ai été très occupée depuis ta soirée. Je te présente Caroline celle qui en est la cause et qui m'a définitivement rayée de la liste des célibataires."

Je suis tellement ravie par ses paroles que j’en oublie de broyer la main de la jeune femme. Nous échangeons un bonjour poli. À peine m'a-t-elle dit bonjour, qu'elle reprend sa discussion avec ma douce. Bien que je me sente snobée, cela m'arrange de ne pas avoir à tenir une conversation.

Anastasia :-" Je suis contente pour toi."

Je m’éloigne les laissant discuter. Ainsi, pouvant les entendre de n'importe où dans le magasin, je peux écouter ce qu'elles se disent sans qu'elles ne s'en doutent et sans qu'elles fassent attention à leur propos.

Anastasia :-" Toi, casée ! La libertine la plus inventive et partageuse que je connaisse, avec une demoiselle magnifique mais très timide, cela m'étonne !"

Cécile :-" Tu ne me croiras peut-être pas mais cela a été le coup de foudre au premier regard. Depuis, je suis sur un petit nuage."

Anastasia :-" Donc, j'en déduis que nous deux ou toute autre combinaison n’est plus possible. Seule votre couple existe maintenant."

Je ne peux m'empêcher de retenir ma respiration en attendant sa réponse.

Cécile :-" Tu as tout à fait compris. En plus, nous avons été pour le moins classiques et sages pour l'instant mais jamais je n'ai ressenti autant de plaisir."

Ouf, je respire. Je suis, comme tu l'imagines, heureuse et flattée. Mes joues sont, comme toujours dans ce cas, brûlantes, mais en plus, j’arbore un des sourires les plus niais que j’ai vu. Un des miroirs du magasin m’a permis de m’en rendre compte. Je continue à regarder tous les articles pour ne pas être surprise à espionner.

Anastasia :-"Je te regretterais. Rien qu’en te voyant et en me souvenant de notre dernière soirée, où tu as été déchaînée, j’en mouille ma petite culotte. Heureusement que j'en porte une aujourd’hui sinon je serais obligée de changer de jupe. »

Cécile, rigolant :-"Ce que tu peux être cavalière tout de même. Je suis flattée de te faire autant d’effet mais c'est une autre époque. Maintenant, je suis totalement, complètement et merveilleusement monogame et exclusivement avec Caroline. Vois cette soirée comme une sorte d'enterrement de vie de jeune fille, prémonitoire."

Je suis sûre que cette soirée s’est passée la veille de l'opération où ils ont libéré Albert. Elle a dû y aller après avoir modifier son dossier. C'est son exubérance à cette fête et son ton quand elle a parlé d'enterrement qui m'y font penser. Cela me fait complètement oublier ma jalousie. Je n’ai qu’une pensée, la prendre dans mes bras pour la réconforter et lui montrer que c’est loin derrière elle. Mais je suis stoppée dans mon élan par la présence de son amie, foutue timidité. En plus, cela révèlerait de façon flagrante que je les espionnais. Alors je continue mes recherches et l’écoute.

Anastasia, pensive :-" Remarque, je te comprends. J'ai connu ça une fois. L’idée de m’enfuir avec elle m’a plus que traversé l’esprit mais j'ai laissé passer ma chance par peur et bêtise."

Cécile :-" Si tu te sens prête et que tu es vraiment honnête, que ce n'est pas une lubie de la gamine un peu pourrie gâtée que tu peux être, je peux en parler à Angélique. Mais je te préviens si tu joues avec elle tu subiras ma colère et même ton père ne pourra rien y faire. »

Anastasia :-« Tu crois qu’elle voudrait encore de moi alors que je l’ai laissée sans une explication le matin où je lui ai pris sa virginité ? Mais comment sais-tu que c’est d’Angélique que je parlais ? «

Cécile, limite froide :-« C’est chez moi qu’elle est venue en larmes sonner quand elle s’est réveillée seule, abandonnée. Après qu’elle m’ait expliqué, j’ai compris que tu avais eu peur des sentiments pour elle car jamais tu n’avais agi ainsi. Je pense, au vu de la réaction Angie, qu’ils sont partagés. Appelle-moi si tu es prête à les assumer, je t’emmènerais la voir. »

Anastasia, enthousiaste :-« Merci Cécile. Bon si nous allions aider ta princesse africaine à trouver sa tenue ? »

Cécile :-« Oui tu as raison. Je l’ai un peu trop abandonnée là. »

Entendant qu’elles arrivent, j’active ma recherche de tenues pour ne pas susciter de questions embarrassantes. Je sélectionne un chemisier blanc qui me semble tout à fait bien.
Arrivée près de moi, Cécile m’enlace par derrière et pose ses lèvres sur ma nuque. Le contact de ma douce contre ma peau déclenche un très agréable frisson qui parcourt toute ma colonne vertébrale et réveille mon bas ventre.
La coquine s’ingénie à promener ses mains sur mon ventre libre de tout tissu en mordillant mon lobe d’oreille. Son ballet sur mes abdominaux descend de plus en plus bas. La combinaison de ses deux merveilleuses tortures embrase mes sens.
Je ne dois qu’à ma timidité et au contrôle que j’ai appris à avoir sur tout mon corps de ne pas lui faire l'amour sur place. Ne voulant pas non plus être prise trop pour une oie blanche, ce que pourtant je suis, je me retourne et d’une main je capture sa très jolie tête pour l’embrasser passionnément pendant que l’autre prend possession de son derrière et la soulève comme une plume pour la plaquer contre moi. Son gémissement est délicieux à entendre. Le mien suit à peine une seconde après.
Anastasia nous laisse profiter l’une de l’autre tout notre soûl mais quand nous cessons, les joues rouges aussi bien à cause de notre température intérieure que de notre timidité, elle ne peut s’empêcher de répliquer.

Anastasia :-« Cécile, la prochaine fois, c’est moi qui passe en première et qui la prévient de notre présence. Surtout si c’est toujours ainsi qu’elle réagit. »

Cécile toujours dans mes bras à dix centimètres du sol :-« N'y penses même pas Ana ! Cette demoiselle ne te laissera pas faire. Si tu te permettais une telle familiarité, tu gagnerais juste un baptême de l’air aussi douloureux au décollage qu’à l’atterrissage. »

Pendant que la jeune fille digère ces informations, je murmure à ma douce que son amie n’aurait jamais pu m’approcher comme elle. La question ne se pose donc pas. Elle me répond qu’elle le sait bien mais qu’elle s’amuse un peu avec notre hôtesse.

Anastasia :-« Que tu sois violente Cécile, je le sais déjà mais que ton amie le soit aussi cela m’étonnerait fort. «

Cécile :-« Oh Caroline peut l’être. Mais là, ce serait tout en douceur et délicatesse qu’elle t’enverra voler grâce sa magnifique main dans ton joli visage. »

Anastasia :-« Je serais donc me tenir et préviendrais de mon arrivée. »

Cécile :-«  Oh, ce n’est pas la peine, elle t’entendra venir. »

Je dépose ma belle et nous nous tournons vers son amie.

Je sens le regard d’Anastasia me détailler, pour la première fois, de la tête au pied. J’en suis mal à l'aise. Ma compagne le comprend puisqu’elle prend la parole.

Cécile :-« Respire Ana."

Anastasia déglutit et reprend son souffle à l’intervention de son amie. Moi, je vois l’effet que je lui fais et ne peux m’empêcher d’en être flattée.

Cécile :" De toute façon Ana, si tu écoutes ton cœur et sautes le pas, tu n'auras plus ce genre de pensées. Le problème ne se posera donc plus. »

Anastasia :-« Bon pour l’instant, trouvons une tenue pour cette demoiselle. »

Voyant la chemise que j’ai posée sur le portant avant d’enlacer ma douce, elle prend un air horrifié.

Anastasia :-« Caroline, je me doute qu’étant timide, tu veux passer inaperçue et que personne ne te regarde. Mais par ces temps obscurs, quand on a la chance comme toi de n’avoir aucun défaut, c'est un devoir civique d’égayer la vie de ses concitoyens en leur permettant de t’admirer. »

Cécile :-« Tu ne veux pas qu’elle se balade en maillot de bain ou toute nue quand même ? »

Anastasia s’éloigne rapidement dans les rayons et revient avec une robe.

Anastasia :-« Surtout pas, il faut suggérer et souligner l’œuvre d’art qu'elle est, pas l’exhiber. Avant toute récrimination, Caroline essaie cela. Si tu ne te trouves pas belle dedans, je ne dirais plus rien. »

Elle me tend le vêtement et de mauvaise grâce, je vais me changer au vestiaire. Une fois arrivée, j’entends Cécile se hâter vers moi. Ses mains passent dans la cabine avec dans l'une un string, dans l'autre, une paire de ballerines beiges à talons hauts et lanières de cuir.
Je bloque sur ce sous-vêtement n’en ayant jamais mis. Encore une fois, ma douce lit en moi comme dans un livre ouvert. Elle me précise, avec l’emphase de son amie, que ce n’est qu’une suggestion destinée à éviter que ma silhouette parfaite soit marquée par l'élastique d'une culotte.
J’en souris et je sais qu’elle a gagné et que je le porterai.
Une fois nue, je l'essaie. Je suis très surprise de ne pas ressentir de désagrément. Je dirais même que je ne sens ni l'élastique qui m'enserre le bassin ni l'autre.
Ensuite je passe la robe. Elle est parfaitement moulante. Cela rend aussi inutile l'utilisation d'un soutien-gorge disgracieux. C'est pour cette raison qu'Anastasia n’en a pas donné à Cécile. Mais n'en ayant pas besoin, je ne m'en formalise pas plus.
Le tissu est aussi vaporeux et agréable que de la soie mais épouse le corps comme un justaucorps de danse. L'association donne l'impression d'une deuxième peau mais sans l'habituelle sensation de contention.
Elle a de petites manches ce qui m’évite d’avoir, avec ma carrure, l’air d’un déménageur et un décolleté rond permettant à ma poitrine d’être maintenue sans aucun risque d’évasion.
Le plus beau est tout de même l’imprimé. Il est comme tissé en filigrane dans les tons très pastels voir délavé mais d'une précision de naturaliste. Il représente un rosier grimpant et toutes les étapes de sa floraison sur un fond blanc cassé. Il part de la base de la robe avec quelques boutons, pour monter jusqu'à l'épaule gauche où une magnifique rose s'épanouit.
Je finis de me préparer en laçant mes chaussures sur mes chevilles. La hauteur des talons m’effraie un peu au début. Mais après plusieurs pas de danse, je constate qu’elles ne me gênent pas. Elles suivent toujours mon pied et les semelles sont bien ajustées à ma voute plantaire. Elles répartissent correctement le poids permettant de marcher sans avoir mal au pied. Bien sûr, elles ne permettent pas de faire un trek en pleine montagne mais sont parfaitement adaptées aux promenades dans Paris. Je me croirais dans nos chaussons Titi.
Mais le plus important, c’est qu’elles sont superbes. Les talons rendent mes jambes encore plus élancées et leur forme font complètement oublier que je chausse du 39.
Les choix d’Anastasia sont parfaits.

Par contre, comme toujours, l'image que me renvoie le miroir me déplaît. Le contraste est si grand entre ce que je porte qui est si beau et moi si moi. Je me trouve des plus insipides.

Pendant mon habillage, les deux amies n’ont pas arrêté de parler.

Anastasia, chuchotant :-" Rassure moi, elle ronfle ou elle a les pieds froids ?"

Aucune réponse de ma douce

Anastasia :-" Non, parce que ce serait absolument injuste qu'elle n'ait aucun défaut. Tu es canon, c'est une évidence mais elle, c’est limite une déesse. Il faut bien qu'il y ai un truc qui compense."

Cécile :-" Maintenant que tu en parles, ses frères disent qu'elle chante comme une casserole."

Anastasia, riant :-" Évites les karaokés et investies dans des boules Quies alors."

Cécile :-" Évidemment."

Anastasia :-" Tu l'as rencontrée comment ?"

Cécile :-" Ses frères et elle nous ont sauvées, Angie et moi, d'une désagréable mésaventure dans le métro."

Je sors à ce moment, étant prête mais surtout parce que je ne veux pas que Cécile en dise trop. Je ne sais pas si Anastasia et son père n'ont pas les moyens de vérifier ses dires.
Comme dit Paul :- « Prudence est mère de sûreté. »
Elles se taisent en me voyant.

Toujours aussi peu sûre de moi, ma première pensée est que je suis si moche et ridicule qu'elles sont sans voix.
Je me retourne et me précipite pour me changer, les larmes aux yeux, maudissant la fatigue qui me fait perdre le contrôle de moi. J'entends un bruit de course et perçoit le parfum de vanille de ma douce avant de sentir sa main sur mon épaule.

Cécile :-" Mon amour, tu es magnifique. Je peux te jurer que tu es la plus belle femme que j'ai jamais vue."

Anastasia est restée immobile, bouche ouverte. Elle ne réagit que lorsqu'elle s'aperçoit de ma difficulté à croire ma douce.

Anastasia :-" Caroline, nous ne nous connaissons pas mais je peux t'assurer que tu dois absolument croire Cécile. Tu es époustouflante."

Je ne détecte aucun des signes prouvant qu'elles mentent. Je me résouds à les croire. Je me retourne vers elles et prend mon amour dans les bras.

Moi :-" Merci Cécile de si bien lire en moi et d'ainsi m'éviter des interprétations abusives. Merci Anastasia, tu avais parfaitement raison pour la robe."

Cécile :-" Tu penses pouvoir garder ces vêtements sur toi. J'aimerais pouvoir t'admirer dès maintenant avec."

Moi :-" Pour toi, évidemment."

J'arrive à hauteur de notre hôtesse et lui dépose un baiser sur la joue et lui redis merci.

Anastasia :-" Caroline, tu sais je n'ai rien fait. Tu serais belle même avec un sac de pomme de terre."

J'en rougis bien évidemment.
Cécile paie et je récupère le sac contenant mes anciennes affaires. Je m’avance vers la porte sentant que mon amour a une dernière chose à dire à Anastasia.

Cécile :- " Ana, réfléchis bien à ce que tu ressens pour Angélique. Si tu as besoin d’en parler je suis toujours là. Je peux juste t’assurer que c’est un véritable bonheur d’être avec l’élue de son cœur. J’attends ton appel ma chérie. »

Anastasia, timide tout à coup :- « Merci Cécile, je vais réellement y penser. Je t’appelle très vite. »

Nous partons après nous être, une dernière fois, embrassées et remerciées.

Ce n'est qu'au bout de quelques mètres que je m’aperçois que je ne l'ai même pas remerciée. En plus je ne réalise que maintenant qu'une telle robe et des chaussures si belles doivent coûter une fortune.
Là, ce n'est plus de la fatigue, c'est de la négligence.
Ce soir, il faut que nous rentrions tôt, je suis de moins en moins sûr de mes capacités et de mon aptitude à la protéger.
Mais pour l'heure, j'ai quelque chose des plus importantes à faire.
J'avise une entrée d'immeubles déserte et l'y entraîne en lui prenant la main. Une fois à l’abri des regards d’éventuels passants, je la place devant moi d'un mouvement de poignet. Je l'enlace immédiatement et la remercie pour cette magnifique tenue avant de l'embrasser. Je tente par ce baiser d'à nouveau lui transmettre tout l'amour que je ressens pour elle.
Cet instant est réellement magique.
Après un "je t'aime" du fond de notre cœur nous retournons dans la rue et accélérons quelque peu le pas. Il commence à se faire tard.

Maintenant que l’indispensable est fait, il me reste à soulager ma conscience. Je dois pour ça lui révéler que j'ai entendu tout ce qu'elle a dit dans le magasin.

Moi :-" Anastasia aime Angélique mais n'assume pas son homosexualité ?"

Cécile :-" C'est ce que je pense et elle ne m'a pas démentie tout à l'heure."

Moi :-" Tu joues souvent les cupidons ?"

Cécile :-" Étant psy cela m'arrive d'intervenir. Mais là c'est notre amour et le bonheur que cela me procure qui m'ont incitée à agir, c'est si merveilleux. Avant, je considérais qu'Ana avait eu raison, l'époque n'étant vraiment pas tolérante pour les couples de femmes. Maintenant je pense que cela vaut la peine de tenir bon."

Moi :-" En plus, lors de nos travaux pour la transformation de la France en démocratie, nous allons pouvoir protéger les homosexuels au nom du principe d'égalité."

Cécile :-" Je n'y avais même pas pensé. C'est vraiment une super idée, amour."

Moi :-" Tu sais, je ne fais que reprendre ce qu'il a été fait sur ma Terre. Mais cela ne changera pas les mentalités pour autant. Ça, cela prendra du temps"

Cécile :-« Évidemment. Mais si la loi les protège, cela permettra déjà d’avoir le temps et l’occasion de faire changer les choses.
Tu as donc tout entendu tout à l’heure ? C’est encore un cadeau du voyage interdimensionnel ? »

Moi, un, peu honteuse :-« Oui aux deux questions. Tu m’en veux ? »

Cécile :- « Je suis surtout un peu inquiète de ce que tu as entendu et de ce que tu vas penser de moi. »

Moi :- « Je m'interdis de juger ta vie avant moi, même si elle m'effraie un peu. »

Cécile :- « Amour, jamais je ne t'imposerai quoi que ce soit. En plus, si tu as bien entendu ce que j'ai dit à Ana, les deux fois où nous avons fait l'amour, j'ai été comblée comme jamais avant.
Je comprends qu'être novice t'inquiète mais tu ne le resteras pas longtemps. Et crois-moi, ce n'est pas parce que mon ancienne vie était débridée à ce niveau-là que je veux reproduire cela avec toi. Et surtout ne parle pas d'attrait de la nouveauté je risquerais de fondre en pleurs. Nous n'allons connaître que cela. »

Je reste silencieuse, incapable de parler. Elle a tout compris, tout dit, même plus que je ne voulais entendre. Une chape de plomb s'abat sur moi. Ma culpabilité m’ensevelit. Je prétends aimer cette merveilleuse jeune fille et je lui fais mal.

Cécile : « Mais tu pleures ! »

Cette phrase me ramène à la réalité. Je me demande de qui elle parle. Je le comprends quand elle pose sa main sur mon visage et avec une infinie douceur me l'essuie.

Cécile :- " Tu n'y es vraiment pour rien. Même ton arrière-grand-mère ne peut être blâmée. Sans elle nous ne serions pas là, ensemble et connaissant enfin ce que c'est d'aimer vraiment. »

L'amour de ma vie est décidément un génie doublé d'une femme formidable. Même attristée, elle pense à moi et à me remonter le moral. Moi, je ne fais que me replier sur moi-même.
Bon, faut que ça change et que je sois à sa hauteur.
Je capture sa main que j'embrasse. Je lui souris et évite de toutes mes forces de me noyer dans ses merveilleux yeux vert émeraude.

Moi :-" Merci mon amour. Je mesure complètement la chance que j'ai d'être avec toi et que tu m'aimes. Tu as raison vivons cette chance extraordinaire d'être réunies et profitons de chaque instant."

Je lui vole alors un baiser, lui prend la main et repars. Tout doucement je me mets à lui chanter « I do it for you « de Bryan Adams, la chanson du film de Kevin Costner, Robin des bois, pour qu'elle seule l'entende. C’est la seule chose qui m’est venue à l’esprit pour lui signifier tout mon amour, dans la rue.
Quand je tourne la tête pour vérifier qu'elle m'écoutait je la vois me regarder, un lumineux sourire aux lèvres et le regard pétillant de bonheur.

Cécile :-" Tes frères n'ont vraiment aucunes oreille, tu chantes vraiment bien. Je te remercie infiniment. Je ressens exactement la même chose."

Moi :-" Mes frères ne parleraient jamais d'un de mes défauts en public. Merci à toi."
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:54

XIV






Cécile, souriante :-" J'aurais dû m'en douter, c'était juste pour détendre l'atmosphère."

Moi :-"Oui, jamais ils ne se seraient permis."

Cécile :-" Oh de ce que j'ai vu cela ne m'étonne pas. Vous vous asticotez beaucoup mais conservez toujours un très grand respect."

Moi :-" Évidemment."

Cécile, changeant de sujet : -"Dis, comment tu connais cette chanson, elle est vraiment pas de notre génération ?"

Moi :-" Non c'est vrai. Je l'ai connue au collège, enfin c'est plutôt mes professeurs d'anglais et de musique de cinquième qui me l'ont faite découvrir. Elles ont utilisé le film dont elle est la B.O, Robin de bois prince des voleurs, comme outil pédagogique. On a étudié les dialogues avec la première et les paroles de cette chanson avec la seconde. Nous avons même dû l'interpréter devant le collège et les parents en fin d'année."

Cécile :-" Et tu as réussi à chanter devant autant de monde !"

Moi :-" Oui, on était une trentaine. J’étais noyée dans la masse donc cela n'a pas posé trop de problèmes. Et toi, comment l'as-tu connue ?"

Cécile :-" Comme je te l'ai dit hier"

Elle s'arrête alors. Inquiète, je me tourne vers elle et la découvre immobile, pensive. Au moment, où je vais l'interroger, elle reprend.

Cécile :-" Je n'arrive vraiment pas à réaliser que cela ne fait que vingt-quatre heures que nous sommes ensemble. C’est si naturel d’être à tes côtés que j’ai l'impression que cela a toujours été ainsi."

Moi :-" Moi aussi et c’est une sensation que j’adore. »

Cécile :-«  Oh moi, c’est pareil. »
Moi :-« Je pense que c’est aussi dû à tout ce que nous avons vécu en si peu de temps."

Cécile :-" Oui, tu as sûrement raison. Pour en revenir à ta chanson, c'est grâce à ma marraine que je l’ai connue. Quand elle a vu les listes de mots que j'avais à apprendre dans mon école, elle a été horrifiée que la langue de Shakespeare soit réduite à des termes économiques ou de négociations. Immédiatement, elle a voulu me montrer la culture anglophone.
Férue de films, elle a commencé par ça. Elle m'en a montrés pleins, en version originale. Comme pour la lecture, elle a commencé par des histoires de princesses. Elle adore Kevin Costner, alors c'est le premier que j'ai vu. J'ai adoré. Pour travailler ma prononciation, j'ai aussi eu à la chanter."

Moi :-" Oh, tu chantes ! Demain matin, j'exige de t'entendre sous la douche avec moi."

Cécile, les yeux pétillants et le sourire mutin :-" Tu crois réellement que nous penserons à ça, si nous sommes nues et réveillées ?"

Moi :-" Tu n'essayerais pas de te défiler, plutôt ?"

Cécile :-" Peut-être mais nous en reparlerons plus tard, nous sommes arrivées."

Nous nous trouvons devant la porte d'un immeuble. Nous entrons et montons les escaliers. Avant d'atteindre le premier étage, elle se retourne vers moi.

Cécile :-" Caro, j'ai oublié de te dire, il y a un véritable Van Gogh chez marraine. C'est un tableau retrouvé dans un grenier après l'arrivée au pouvoir du président. Son propriétaire est resté très discret pour éviter qu'il ne soit confisqué par le pouvoir au titre de patrimoine national. Mais personne ne le sait. J'ai dit qu'il s'agit de l'œuvre d'une artiste contemporaine qui peint à la manière des classiques pour ceux qui ne peuvent avoir les originaux."

Moi :-" Donc je ne ferai pas d'impair et ne révélerai pas ton mensonge, mais pourquoi ce secret ?"

Cécile :-" D'abord parce que marraine prendrait mal que je lui offre un cadeau hors de prix. Ensuite pour que les tableaux chez moi ne passent pas pour un étalage de richesse totalement déplacé dans cette période difficile."

Moi, fronçant les sourcils d'incompréhension :-" Mais si cela gêne ta marraine et toi, pourquoi tu les as achetés ?"

Cécile :-" Pour qu'elle ait de quoi se retourner si elle a des soucis financiers et que je ne suis plus là. J'ai laissé, à mon notaire, une lettre pour elle qui lui explique tout et lui donne le certificat d'authenticité. En le revendant à un marchand d’arts de la liste que je lui ai fournie dans mon courrier, elle aura un grosse somme en toute discrétion. Pour mes œuvres, je ne suis pas gênée de les avoir, ce sont des coups de cœur. Ce qui m'embête, c'est leur prix exorbitant et extravagant dans ces temps de disette."

Moi :-" Je comprends. Tu n'as qu'à te dire que c'est un investissement pour l'avenir."

Cécile, souriante :-" C'est exactement l'excuse que je me suis donnée quand j'ai acheté le premier. Allez ! On y va, il nous reste deux étages."

Nous arrivons sur un palier où il n'y a que deux portes. Cécile sonne à celle de droite. C'est son père qui nous ouvre. Il me complimente sur ma robe en nous faisant entrer. Je l'en remercie d'une toute petite voix.
Que cela m'agace rétrospectivement d'être si timide, vraiment.
Nous sommes alors dans un couloir.
Ma douce m’attrape le bras et m’emmène dans la pièce se trouvant tout de suite à droite, en disant à son père que nous disposons la nourriture dans les plats et arrivons tout de suite. Nous pénétrons dans la cuisine et nous nous hâtons de tout installer.
Après avoir débouché le bordeaux et l'avoir versé dans une carafe pour qu'il décante, je la suis au salon salle à manger où nous attendent les trois adultes. La pièce est étonnante, du côté repas l'ambiance est classique avec au mur le van Gogh, une table et une enfilade en merisier, mais de l'autre c'est plutôt moderne. La table basse est en verre et métal. Les fauteuils et le canapé sont ultra modernes. Juste derrière la banquette, est accrochée la superbe affiche du film Bird de Clint Eastwood.  L’écran plat géant avec de chaque côté des étagères remplies de vidéos et de DVD de films sont  fixées au mur en face du tableau.
Après de nouveaux compliments sur ma tenue, nous trinquons à la libération de la marraine de Cécile avec un verre de cidre.
Cette dernière doit vouloir ne plus répondre aux questions des parents de Cécile car elle coupe la parole de Clara et m’interroge.

Démetria : » Alors Caroline, quels sont tes hobbies quand tu ne travailles pas ni ne sauvent, avec tes frères, des demoiselles en danger ? »

Heureusement que j’avais déjà prévu des scénarii de cette soirée et les éventuelles questions qui y seraient posées. Mais bien sûr après l’histoire racontée par Cécile j’ai dû réajuster mes réponses.

Moi :-« Oh je n’ai pas beaucoup de temps ou d'argent pour des loisirs. Mais j'essaie de toujours visiter un musée pendant mes vacances. C'est ce que j'étais partie faire aujourd’hui. »

Démétria :-« Quel musée ? »

Moi :-« Je voulais aller voir Beaubourg mais je n’ai pu que voir la fontaine Stravinsky avant l’appel de Cécile. »

Demetria :-" Personnellement je préfère Orsay."

Moi :-" C'est celui que j'ai visité l'année dernière et j'ai adoré. Les impressionnistes sont vraiment mes peintres préférés."

Demetria :-" je suis d'accord avec toi. Es-tu déjà allée au musée Rodin ?"

Moi :-" Non, mais c'est une idée pour l'année prochaine."

Demetria :-" Un conseil choisis un jour où il fait beau et amène un pique-nique, le parc du musée est super agréable."

Moi :-" Merci de l'info."

Cécile :-« Marraine, tu pourrais montrer ton Van Gogh à Caroline pendant que les parents et moi dressons la table. »

Moi, jouant les étonnées :-« Vous avez un Van Gogh !! »

Elle se lève du canapé en riant et se dirige vers le tableau. Je la suis. Les Agnodice, eux, quittent la pièce pour aller dans la cuisine. Je me place à côté de notre hôte et admire le chef d’œuvre avec elle, silencieusement, voire religieusement. C’est un pur chef d’œuvre. C’est le retour dans la salle de ma douce avec les couverts qui nous sort de notre contemplation.

Démétria, murmurant :-« Dieu, tu m’as manqué dans ce sale lieu. »

Sentant son léger malaise et le regard inquiet de mon amour devant notre mutisme apparent, je prends la parole.

Moi :-« Superbe vraiment. Si ce n’est pas un Van Gogh, c’est bien imité. »

Je fais une pause pour faire semblant de réfléchir puis reprend.

Moi :-« Ne serait-ce pas une œuvre de l’artiste qui a fait les toiles que Cécile a dans son appartement ? »

Démetria :-« Tout à fait, c’est d’ailleurs Cécé qui me l’a offerte. »

Nous passons ensuite à table.
Démetria préside la tablée, les parents de Cécile sont d'un côté, ma douce et moi de l'autre.
Nous commençons.
Je sais que la nourriture n'a jamais été une passion, tu as toujours préféré une pizza avec des frites à la grande gastronomie, mais là, je peux te jurer que même toi, tu aurais été subjuguée.
Le melon est sucré et bien frais, la chiffonnade de jambon fond dans la bouche.
Nous sommes tous silencieux tant nous dégustons et apprécions ce que nous mangeons.
C’est Demetria qui prend la première la parole.

Demetria, presque choquée :-" Cécile, tu n'as pas été chez un traiteur quelconque tu as été chez Vatel !"

Cécile :-" Bien sûr Marraine, tu ne sors pas tous les jours de l'enfer."

Demetria, contenant son énervement :-" Peut-être, mais cela ne veut pas dire qu'il faut dépenser l'équivalent d'un mois de mon salaire dans un repas."

Je comprends alors pourquoi ma douce ne lui a ni offert d'appartement ni dit que le tableau était vrai. Mais cette réaction blessante me fige. Si mes yeux étaient des rayons lasers, sa marraine serait fondue tant je la fixe incapable de la comprendre. Je suis excessivement en colère. C'est le contact de la main de ma chérie sur ma cuisse qui me sort de mes noirs pensées. Je la regarde alors. Elle sourit pour me rassurer et d'un mouvement de ses yeux, elle attire mon attention sur ma main droite. Je m'aperçois alors que ma fourchette est pliée à angle droit. Le plus discrètement possible, je la redresse.

Clara :-" Dem ! Cécé a voulu fêter ton retour. Elle était morte d'inquiétude tout le temps de ton absence."

Robert :-« Non, Clara, Démétria a raison. Il faut avoir le courage de ses opinions et la volonté de lutter contre l’injustice culinaire. De ce fait, je pense que vous, mesdemoiselles et toi ma chérie, par solidarité féminine vous allez préparer des pâtes et toutes les quatre en manger. Pendant que moi, je me sacrifierais et mangerais ce merveilleux melon, le gigot dont la tendresse me semble un poème et la tarte aux fraises merveilleusement appétissante. Ainsi votre résistance, grâce au contraste, sera encore plus héroïque. »

Clara, souriante :-« Idiot. »

Je comprends ainsi que c’est de l’humour et vois de qui Cécile a hérité du sien.
Je pense que l’action du couple permet à Démétria de se rendre compte qu’elle a été un peu brusque et injuste. Ses yeux papillonnent et fuient un temps sa filleul. Puis elle reprend la parole.

Démétria :-« Désolé Cécile. C’est exquis ce que tu as amené. Merci. »

Cécile :- «  Je comprends ta réaction marraine, tu es fatiguée. »

Robert, jouant les dépités :- « Cela veut dire que vous aussi les filles, vous allez déguster ce merveilleux repas ? »

Nous répondons en cœur que oui.

Robert bougonnant :- «  Vous vous posez là comme résistantes à l’oppression capitaliste. »

Démétria :- «  Ah mais c'est là que tu te trompes Robert parce que nous sommes des révolutionnaires. »

Robert ouvrant des grands yeux :- «  Rien que ça ! Je suis donc assis à la table des nouvelles Che Guevara ? »

Comme tu t'en doutes avec Cécile nous échangeons un regard amusé.

Démetria :- «  Non, pas du tout, nous sommes françaises. Je vois ça plus comme un nouveau 1789. »

Robert :-«  Je te préviens tout de suite, je ne veux pas que Clara ou Cécile soit les seins à l'air. »

Démetria ne peut s’empêcher de sourire à cette bêtise en référence au tableau de Delacroix.

Démétria :- «  C'est d'accord nous porterons des cols roulés. »

Robert faussement soulagé :- «  Merci. »

Démétria :- «  D'ailleurs mesdames, il va falloir apprendre notre chanson de ralliement. »

Nous sommes atterrées.  C’est Clara qui réagit la première.

Clara :-«  Dem, tu nous laisses en dehors de ça, s’il te plaît. »

Cécile :-«  Oui marraine, nous sommes pacifistes toutes les trois et ne voulons pas faire de révolution. »

Elle conclut sa phrase par un clin d’œil dans ma direction. Je suis sûre qu’elle s’est beaucoup amusée à dire cette phrase. Ces intervention n’entame pas l’enthousiasme de la femme qui se lève, brandit sa fourchette et se met à chanter.

Démetria :- «  Ah ça ira, ça ira, ça ira, les mets d'aristocrates à la fourchette
Ah ça ira ça ira, ça ira les mets d'aristocrates on les mangera. »

Elle se rasseoit avec un grand sourire, fière d’elle. C’est d’abord le silence de notre part puis le père de Cécile éclate de rire et tout le monde suit.  Quand nous reprenons notre calme, c’est encore lui qui intervient.

Robert :-«  Maintenant c’est sûr tu auras un bonnet phrygien pour ton anniversaire Dem. »

Nous finissons, dans le calme, notre entrée. D'un regard, Cécile m'invite à l'aider à débarrasser. Je vois du coin de l’œil que son père veut nous stopper mais sa femme l’arrête en lui attrapant et serrant  la main.
Une fois dans la cuisine et les assiettes mises dans le lave-vaisselle, ma douce s'empare de mes lèvres dans un baiser passionné. J'adore. Une fois celui-ci achevé, elle se blottit un peu plus dans mes bras.

Cécile, murmurant :- « Tu es réellement le chevalier servant de mes rêves. Même quand il s'agit de ma famille, tu es prête à prendre ma défense. Tu es un amour. »

Nouveau baiser et nouvelle sensation merveilleuse, par contre elle devient coquine et ses mains baladeuses, embrasant nos sens à toutes les deux. Je crois que, si son père n’avait pas dit dans la salle à manger qu’il allait venir nous aider, je me serais moi aussi laissée emporter. Quand je m'éloigne d'elle pour reprendre mes esprits, Cécile est complètement surprise et interrogative. Je m'explique.

Moi :- « Ton père a dit vouloir venir nous aider mais ne t’inquiète pas ta mère lui a demandé d’attendre encore cinq minutes. »

Elle blanchit, prend un plateau et s’apprête à sortir. Je ne réfléchis pas et la capture d’un bras et m’empare des victuailles de l’autre pour qu’elles ne tombent pas. Je les pose sur la table et garde ma douce contre moi, en la tournant pour que je puisse voir son visage. Elle boude ce qui la rend parfaitement craquante. Je dois lutter pour ne pas l’embrasser.

Moi :-«  Cécile, est-ce que tu entends ton réveil le matin ? »

Heureusement elle me répond en hochant la tête. Je suis soulagée, elle ne m’en veut pas trop et le dialogue n’est pas rompu. Je vais pouvoir m’expliquer.

Moi :-«  Pourtant tu dors! Et bien moi, la conversation de tes parents, je la perçois aussi bien ici que si j’étais à table avec eux. Ainsi même si tu m’as fait perdre la tête par tes caresses et tes lèvres, je les ai entendus. »

Cécile :-«  Pardon de réagir comme une gamine. »

Moi, levant les sourcils d’étonnement :-«  Vu ce que tu m’as fait il y a trente secondes, j’ai vraiment beaucoup de mal à te prendre pour une enfant. »

Cécile jouant les bébés en minaudant :-«  Tu as aimé ? »

Moi :-«  Oh oui ! »

Et là, je ne résiste plus à l’embrasser. Une fois rassasiée de l’autre, nous nous séparons. Je prends le plat de viande et le saladier de pommes de terre. Cécile attrape le pot de mayonnaise et nous retournons à table.

Ce que je n’ai pas dit à Cécile,  c’est que j’ai consciemment gardé une oreille attentive aux conversations du salon.  Je ne voulais pas me faire surprendre dans une position gênante.
Je te livre ce qui s’y est dit.

Clara, en colère :-« Dem, Cécile n’est pas une profiteuse du système ! Elle n’est en rien responsable de l’appauvrissement de la population ! Bien sûr, grâce à ses brevets elle a de l’argent ! Mais tu sais bien que c’est rien en comparaison à ce qu’elle aurait si nous étions dans un pays libre et ouvert sur le monde ! En plus, sa générosité n’est plus à démontré ! Donc tes réflexions sur le prix du repas, tu les gardes pour toi ! »

Dem :-«  Je sais tout ça Clara et je m’en veux. Mais après avoir subi et vu l’horreur de la prison, j’ai  craqué devant tant de luxe. Si tu n’avais pas envoyé des colis toutes les semaines, je ne sais pas si j’aurais pu tenir. D’ailleurs j’ai paniqué la semaine dernière quand il est arrivé avec un jour de retard. »

Clara, étonnée :-«  Mais ce n’est pas moi qui l’ai fait. Bien sûr nous y avons pensé dès que Cécile nous a appris ton incarcération mais il faut graisser la patte de tellement de monde que nos revenus ne suffisaient pas.

Robert :-«  C’est donc Cécile qui s’en est chargé. Elle l’a fait en notre nom pour que tu l’acceptes. »

Dem, abattue :-«  Elle me connaît vraiment bien. J’ai encore plus honte de ma réflexion de tout à l’heure. »

Robert, souriant :-« D’ailleurs, vu le traitement que la fourchette de Caroline a subi quand tu l’as fait,  on a intérêt à faire attention à ne pas blesser Cécé devant Caroline. La demoiselle semble être une vraie tigresse quand on s’en prend à notre fille. Et je suis certain que tu ne dois d’être entière que parce que tu es la marraine. »

Clara :-«  Oh ça je n’en suis pas si sûre que toi Robert. Je pense que c’est uniquement parce que Cécé n’en a pas été blessée. Caroline a arrêté de maltraiter son couvert que lorsque Cécile lui a souri. »

Robert :-«  Elles doivent avoir fini de s’embrasser, je vais aller les aider. »

C’est là que je me suis éloignée des mains entreprenantes de ma douce, de peur que son père débarque.

Clara :-«  Robert on jurerait que tu ne te souviens pas de notre jeunesse. Laisse leur encore cinq minutes. Cela doit être quand même difficile pour Caroline de se retrouver à dîner avec les parents de sa copine après l’avoir rencontrée il y a moins de deux semaines. D’autant plus qu’elle semble très timide. »

Robert :-«  Oui, tu as raison. »

Le reste de la conversation est anodin.

Après que chacun se soit servi nous goûtons. Il n'y a pas un bruit, nous sommes concentrés pour apprécier. C'est hallucinant comme un plat qui semble si simple, peut-être un enchantement pour les papilles. Une fois les premières bouchées dégustées, les conversations reprennent.

Demetria, un peu mal à l’aise :-" Merci Cécile pour les colis pendant que j'étais en prison. C'est ce qui m'a permis de tenir et d'acheter ma protection. Inutile de dire que ce n’est pas toi mais tes parents, j’en ai déjà parlé avec eux. "

Cécile :-« C’était la moindre des choses, marraine »

Démetria :-« D’après ce que j’ai compris, eu égard aux sommes astronomiques en jeu, ce n’est absolument pas une « moindre chose ». »

Cécile :-« Écoutes, je n’emporterai pas mon argent dans la tombe. »

Demetria :-« Évidemment, mais vu ton âge, tu n’as fait qu’un quart de ton temps sur Terre. »

Cécile :-« Alors, si un jour je suis ruinée, je viendrais squatter chez toi.

Demetria :-« Pas de problème, ma puce. »

Pendant quelques minutes, seul le bruit des fourchettes résonnent dans la pièce.

Demetria :-« Caroline, tes frères sont vraiment protecteurs avec toi pour venir te chercher quand tu finis tard. »

Je déroule ma réponse préalablement préparée. Cela me permet de parler sans risquer de bafouiller et en essayant même de regarder mon interlocutrice.

Moi :-« Oui, je pense aussi. C'est sûrement parce que je suis la seule fille d'une fratrie de quatre. Pourtant, ils savent très bien que je peux me débrouiller toute seule. Mais je ne vais pas me plaindre, cela prouve que nous sommes très liés. D'autant qu'ils n'ont encore jamais dépassé les bornes."

Demetria :-" En tout cas, je pense parler pour nous tous en te disant que j'apprécie cette tendance, cela a permis à Cécile de ne rien avoir."

Cécile :-" Oh tu sais marraine, je suis sûre que Caroline s'en serait occupée seule."

Je lui caresse la cuisse pour la remercier de sa confiance en moi.

Moi :-" L'amour t'aveugle Cécile."

Cécile, faussement boudeuse :-"Même pas vrai."

Tous nous en sourions.

Demetria : -" Donc, ils viennent à chaque fois !"

Maintenant, je n'ai plus qu'à utiliser ce que j'ai inventé chez le traiteur. J’y ai repéré des publicités pour le seul cinéma montrant les blockbusters américains en France. Il se trouve sur les Champs Élysée et j'ai vu qu'il y avait une formule place et pop-corn.

Moi :-" Oh non, c'était l'une des premières fois qu'ils venaient à quatre. Mes petits frères, jusqu'à cette année et l'obtention du Bac par Paul, étaient tous les deux lycéens. Ils devaient donc se coucher tôt. Par contre, Pierre qui n'a que deux ans de plus que moi et travaille dans une petite boîte comme acheteur, est venu souvent me chercher."

Demetria :-" Alors, pourquoi, cette fois-ci, étaient-ils là tous les quatre ?"

Et encore une fois, la marraine de Cécile pose une question prévue. Je déroule le récit que j’ai inventé. En plus si je l'avais fait de mon propre chef, cela aurait été louche. Mais là, cela donne l’illusion que je réponds de façon spontanée. Enfin pour être honnête, cela ne m'aurait pas non plus gênée de m'arrêter là.

Moi :-" Pierre et moi avons offert à Paul et Jacques, les deux cadets, pour leur anniversaire, le même cadeau. Il s'agit d'une place pour le seul cinéma montrant des films américains avec en plus un grand gobelet de pop-corn. Ils ont décidé d'y aller ce jour-là. Pour être honnête, je pense qu'ils ont choisi sciemment le jour où je terminais tard pour venir me chercher mais surtout pour que nous rentrions ensemble."

Cécile :-" C'est vraiment touchant de la part de tes frères. Le cinéma dont tu parles, c'est celui des Champs-Elysées ?"

Moi :-" Oui, c’est ça."

Demetria :-" Tu sais quel film, ils ont vu ?"

Moi :-" Oh, sûrement pas un chef-d'œuvre, je crois que c'est soit «  Fast and Furious 16 » ou « Star Wars 15 ou 16 ». Nous n'avons pas eu l'occasion d'en parler depuis."

Demetria, amusée mais déçue :-" Ca c'est sûr, je pense qu'il doit y avoir plus d’effets spéciaux que de scénario ou de jeu d'acteurs. Mais pour des lycéens c'est plus intéressant que « Fanny et Alexandre » d’Ingmar Bergman. Tes petits frères ont quel âge ?"

Moi :-" Paul vient d'avoir 18 ans et Jacques en a 16."

Cécile étonnée :-" Quoi, seulement !"

Demetria, étonnée elle aussi :-" Alors toi qui a 23 ans c'est mieux si tu es accompagnée pour rentrer et eux qui ne sont que des enfants peuvent se balader seuls. C'est un peu misogyne, non ?"

Moi, après avoir un peu ri :-" Vous avez raison dans l'absolu mais vous les connaîtriez, vous ne vous seriez même pas interrogées."

Cécile :-" Tu les verrais marraine, ce qui t'étonnerait, c'est plutôt d’apprendre, comme moi à l’instant, leur jeune âge. Paul est immense. Cependant, il n'a pourtant pas l'allure déguingandée des ados. Il a plutôt celle, pleine d'assurance, des cowboys des années 50 comme John Wayne ou Gregory Peck. Jacques doit être plus grand que papa. Mais il est si costaud que les acteurs bodybuildés comme Stallone font gringalets à côté de lui. Heureusement, il est souriant et tranquille. Enfin ça c'est ce que j'ai vu quand ils nous ont sauvées et le lendemain quand ils nous ont accompagnées au commissariat."

Moi :-" Il faut ajouter à cette description flatteuse qu'ils sont experts en art martiaux. Donc associer à leurs qualités physiques, ils n'ont pas beaucoup de risque à sortir à leur âge."

Demetria, têtue :-" Mais je suis sûre que toi aussi tu sais te défendre."

Moi :-" Je me débrouille mais je ne suis pas aussi costaud que mes frères."

Cécile :-" Peut-être, mais tu es plus belle et porte mieux les robes qu'eux."

Ma douce nous fait rire et clot le débat. D'une caresse sur sa cuisse je l'en remercie.

Nous avons tous terminé le plat principal.

Cécile :-" Nous avons pris du fromage et une tarte. Avez-vous faim pour les deux ou on passe directement au dessert ?"

La réponse est à l'unanimité pour les deux. Oui, même moi ! Mais pour ma défense, je te rappelle que mon dernier vrai repas date du déjeuner de la veille avec les tatas et Mamé. Le goûter chez Cécile ne peut définitivement pas être considéré comme un moment où j’ai mangé.
Cette fois-ci, tout le monde aide. Ses parents s'occupent des plats, nous d'enlever les assiettes et Demetria sort de l'enfilade des petites assiettes. Ensuite nous attaquons le fromage qui est crémeux à souhait et la salade dont la vinaigrette est un régal.

Le même rituel de dégustation, dans le silence se produit. Puis, sa marraine recommence avec les questions comme si elle voulait combler tout ce qu'elle avait raté durant son absence auprès de sa filleule en une soirée.

Demetria :-"Caroline, comment a réagi ta famille ?"

Là, je n’ai pas besoin d’inventer. Je relate, comme tu vas le voir, ce que diraient dans ce cas les parents.

Moi :-" Mon père est inquiet à cause de l'homophobie ambiante et ma mère regrette que je ne lui donne pas de petits-enfants."

Demetria :-" Mais tu as trois frères, il y en a bien un qui lui en donnera ?"

Moi :-" Évidemment, mais dans la famille, les enfants sont importants."

Cécile, voulant m'aider :-" En tout cas, moi je trouve ça bien que cela ne leur pose pas plus de problème que nous soyons ensemble."

Moi :-" Papa ne supporterait pas qu'il en soit autrement."

Robert intervenant pour la première fois : -" C'est rare comme attitude, en ce moment."

Moi :-" Oui et il m'a fallu du temps pour le comprendre ou plutôt rencontrer Cécile."

Demetria :-" Tu n'as jamais eu à subir de racisme à l'école à cause de la couleur de ta peau ! "

Moi :-" Si, mais j'ai toujours considéré cela comme de la bêtise d'individus isolés. "

Demetria :-" C'est ce que c'est. Mais en quoi être avec Cécile t'a fait comprendre que le monde était raciste. Je ne comprends pas."

Moi :-" J'ai été élevée dans le respect et la tolérance. Jusqu'à ce que je tombe amoureuse de Cécile, j'ai toujours pensé que c'était une attitude normale. Maintenant je vois que non, puisque l'homophobie est généralisée. Je ne peux même pas lui prendre la main dans la rue."

Demetria :-" Dur retour à la réalité."

Cécile réagit un peu excessivement. Elle est incapable de laisser sa marraine continuer à penser que ma vie est un long fleuve tranquille. Pourtant c'est exactement ce que j'ai vécu avant hier matin, à plus ou moins trois cent ans près si on compte le voyage interdimensionnel.

Cécile, dure :-" Marraine, Caroline est vraiment très loin d'être une douce rêveuse."

Moi, en lui caressant la cuisse pour la calmer :-" Amour, je n'ai pas fait six mois de prison pour avoir exercé ma liberté d'expression. Il est donc normal que moi, avec ma vie bien tranquille de secrétaire, je sois en dehors de la réalité politique."

Et là, son enthousiasme et son désir de vérité la pousse à faire une grosse bêtise.

Cécile :-" Caroline, c'est quand même toi qui es retournée toute seule chercher Angélique au mépris de ta vie. Comment veux-tu que j'accepte qu'on pense que tu as une vie facile, protégée et en dehors de la réalité ? Tes frères et toi avez risqué vos vies pour changer les nôtres !"

Le silence suit ses paroles. Elle prend alors conscience de la bourde qu'elle vient de faire.
J'éclate de rire pour essayer de récupérer les choses.

Moi, entre deux hoquets :-"Cécile, c'est vrai que je me suis déplacée derrière les agresseurs de ton amie mais je n'ai jamais été en danger. Ils ne m’ont même pas vue. Ils étaient trop occuper à contrôler leur otage. Mais tes propos me touchent beaucoup et pour moi aussi le fait de te rencontrer a changé ma vie."

Et là je fais le geste le plus courageux de toute ma vie, je l'embrasse sur la bouche devant ses parents.
Une fois fini, nous sommes toutes les deux, toutes rouges. Les adultes ont un sourire attendri et visiblement m'ont crue puisqu'ils ne reviennent pas sur les déclarations de Cécile.


Demetria :-" Je crois que la prison m'a vraiment beaucoup marquée et changée. Jamais je n'ai été si injuste, enfin j'espère. Je te prie, Caroline, de bien vouloir m'excuser. Je suis une vieille aigrie."

Moi :-" Il n'y a eu aucune offense pour ma part. Je m'aperçois seulement que j'ai été protégée par mes parents toute ma vie et qu'il est temps pour moi de voir le monde tel qu'il est."

Demetria, souriante :-" Tu aurais fait une grande diplomate lorsque la France était une démocratie. Caroline, tu manies le verbe avec talent. Je te remercie de le prendre si bien."

Le reste du repas se fait au son des anecdotes de Robert sur ses chasses aux trésors dans Paris. La tarte aux fraise en entièrement dévorée tant est la délicieuse. Après avoir tout rangé et tout lavé, nous nous installons au salon. Les trois adultes prennent un café et nous parlons films. Cécile évoque la chanson du film de Robin des bois ce qui enthousiaste sa marraine. Elle commence alors à parler du beau Kevin Costner avec les yeux brillants. Les parents de ma douce ne la laisse pas nous montrer le film comme elle le veut. Ils lui disent vouloir rentrer étant fatigués. Avant qu'elle ne nous propose de rester, Cécile, me sachant épuisée, lui dit que nous préférons les accompagner pour éviter tout problème.
Les au revoir sont rapides, je pense que Demetria est aussi fatiguée que nous.
Mais les compliments des trois adultes pour le repas sont légions. J'en suis ravie pour ma chérie.

Pendant les cinq ou dix minutes de marche, ils commencent en nous expliquant qu'ils nous ont vues nous endormir quelques peu dans les bras l'une de l'autre et que c'est ce qui les a décidé à partir. Ensuite, ils abordent leurs véritables préoccupations.

Robert :-" Je tiens d'abord à dire que je suis ravie de te connaître Caroline. Je n'ai jamais vu ma fille si bien."

Clara :-" Oh oui, c'est la première fois que nous la voyons amoureuse."

Robert :-«  Et vu ta réaction, Caroline, quand Demetria a été quelque peu agressive envers notre fille, nous sommes sûres que tu tiens à elle. »

Clara :-«  Nous apprécions aussi ton contrôle. »

Robert, souriant :-«  Enfin ça c’est parce que nous ne sommes pas des fourchettes. »

Évidement nous rougissons toutes les deux.

Robert :-" Cécile, ma chérie, tu ne te souviens apparemment pas, mais il y a dix jours, tu es venue à la maison en plein après-midi. Tu nous as annoncé que le lendemain tu partais en vacances à la mer pour une durée indéterminée. Tu nous as même précisé qu’il était probable que tu ne pourrais pas nous joindre pendant ton séjour. Ensuite, quand ta mère t’a proposé de rester manger, tu as décliné l’invitation. Tu avais le soir même, une fête chez ton amie Anastasia pour clôturer l’année scolaire. »

Clara :-" Donc, lorsque tu as appelé pour nous prévenir de la libération de Démetria, nous avons été étonnés que ce soit de chez toi. Mais nous avons pensé que tu étais restée à Paris pour passer du temps avec la personne que tu voulais nous présenter, certainement rencontrer au cours de cette soirée. »

Robert :-«  Mais quand tu as oublié tout ce que tu nous avais dit pour nous servir cette histoire que tu nous as raconté dans le café, nous avons été intrigués et inquiets. »

Clara :-«  Comme tu ne sais pas mentir et que ton amie semblait plus flattée qu’ennuyée par ton récit, nous en avons déduit que tu avais, avec Angélique réellement été sauvée par ses frères et elle. »

Robert :-«  Mais, nous avons tout de suite pensé que cela devait être beaucoup plus important qu’une agression dans le métro pour que tu nous mentes.  Et ce soir, ta volonté de présenter Caroline comme une héroïne,  nous as confirmé que nous avions raison. Mais, cela nous a encore plus inquiétés. Nous nous demandions ce que tu faisais pour te mettre autant en danger.»

Clara :-«  Comme nous avons parfaitement entendu tes paroles sur le fait que vous œuvrez pour que les choses changent en bien en France, nous allons vous faire confiance et nous ne vous demanderons rien. »

Robert :-«  Mais s’il vous plaît faîtes attention. »

Clara :-« Bien sûr, nous espérons que tes mensonges ne sont pas là pour masquer ta relation avec Caroline. Ce qui, pour nous, serait pire que d’apprendre que tu fais la révolution.  »

Robert :-«  Parce que nous serions plus que tristes que tu puisses penser que nous voulons contrôler ta vie ou que nous sommes homophobes.  Nous espérons que tu sais depuis toujours que ce qui nous importe, c’est que tu sois heureuse. »

Clara :-«  Nous resterons tes parents quoi que tu fasses, Cécile. Nous avons confiance en toi et t’aimons. »

Cécile, en pleurs, se jette dans les bras de ses parents et les enlace pendant plusieurs minutes.

Pendant ce temps, je me remets de leur petit discours. Ensuite, je m'engueule de ne pas avoir été plus lucide. Il est évident que si elle a pris la peine de changer son dossier de fac pour que ses parents ne soient pas embêtés par la police en cas de capture, elle allait aussi justifier son absence auprès d’eux pour qu'ils ne s'inquiètent.
Je me rends compte que cette erreur me permet, au moins, d’être rassurée sur l’avenir. Ses parents connaissent et aiment leur fille. Ils sont préoccupés par son bien-être. Ils l’aideront quand je devrais partir.
Je suis désolée de ne pas pouvoir leur raconter ce que nous faisons. Très vite, je me console en me disant qu’ils paniqueraient s’ils savaient. En plus, comme il semble bien prendre nos cachotteries, ça va.
Au final, je suis flattée qu’ils m’apprécient et ravie que ma chérie ai tout oublié tellement elle était désireuse de partager son admiration pour moi avec ses parents.

Le câlin collectif fini, Cécile prend la parole.
Cécile :-" Papa, maman, surtout ne vous inquiétez pas. Je ne vous ai peut-être pas toujours tout dit de ma vie privée mais jamais avant les évènements présents, je ne vous ai menti. Et là, ce n’est pas parce que je n’ai pas confiance ou que je ne vous aime plus. Nous sommes un groupe qui œuvre dans l’ombre pour le bien de tous.
Le secret est de mise pour  notre sécurité et la vôtre. Il vous faut donc impérativement garder pour vous tout ce que vous pensez que nous faisons. Même marraine ne doit être au courant.

Ses parents nous assurent de leur discrétion.

Clara :-" Caroline, nous ne t’avons posé aucune question parce que nous avons compris que tu ne pouvais répondre honnêtement pour continuer à corroborer les dires de notre fille. »

Robert :-«  Par contre, je suis sûr que lorsque tu as décrit la réaction de tes parents et ta vie auprès d’eux, tu nous as dit la vérité. »

Ils n’attendent aucune réponse et je ne peux leur en donner.

Clara :-«  Mais, une fois que tout sera terminé, on aimerait quand même tout savoir et vous avoir à dîner vous deux et tes trois frères Caroline."

Cécile :-«  Je vous assure que je vous raconterai tout quand je le pourrais. Pour le dîner, nous verrons»

Heureusement, ils n’insistent pas.
Un fois arrivés devant chez eux et avant les embrassades, j'arrive à m'excuser pour cette petite mascarade et à leur assurer que ma préoccupation principale sera toujours la sécurité de leur fille. Ils me disent en être persuadés.
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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:54

XV







Après que les parents de Cécile sont rentrés chez eux, cette dernière se tourne vers moi. Elle est toute penaude. Je lui souris le plus sincèrement possible. Je pose mon sac de vêtements et lui capture les mains.

Moi :-« Amour, ce n’est pas grave. Tu es une belle personne qui ne sait pas mentir. C’est génial et cela me va complètement. Tes parents ne nous en veulent pas. Ils ont compris que notre silence était dans l’intérêt de tous. En plus grâce à toi, tes parents ne m’ont posé aucune question et j’ai mangé un excellent repas en bonne compagnie. Que demande le peuple ? »

Cécile, d’une toute petite voix :-« T’es sure ? Tu n’es pas fâchée et tu ne me prends pas pour une idiote de gaffer ainsi ? »

Moi, souriante :-« Si toi tu es une idiote, alors je suis un poisson rouge qui ne se souvient pas de ce qu’il a fait après un tour de son aquarium. Allez viens là mon adorable amour. »

Je l’enlace et l’embrasse oubliant ce qui m’entoure. Je suis seulement préoccupée à lui remonter le morale et à lui montrer que ce n’est rien.
Par contre, lorsque nous avons fini, nous nous souvenons que nous sommes en pleine rue. Heureusement celle-ci est déserte. Nous remontons alors la rue, passons devant le Panthéon, pour arriver au boulevard Saint-Michel.
Pendant le chemin, je m’aperçois que Cécile avait raison, la sécurité est vraiment très bien assurée. J’ai vu deux patrouilles de police alors que nous sommes quasi seules sur les trottoirs et que moins de dix voitures sont passées.
Je comprends encore mieux que ses parents ne l’ai pas crue avec son histoire d’agression. Surtout qu’elle n’a pas eu l’occasion de leur servir l’explication que j’avais imaginée.
Je me mets à réfléchir au programme du lendemain. Mais je m’arrête rapidement en voyant que Cécile est aussi dans ses pensées, le visage crispé. J’espère qu’elle ne rumine pas encore à cause de son mensonge éventé par ses parents. Je m’en assure en l’interrogeant.

Moi :-« Amour, ça va ? »

Cécile :-« Je suis toujours vexée mais je fais avec. »

Moi :-« Amour, je comprends bien que tu n'as pas l'habitude de l’échec. Mais laisse-moi te redire que je considère ça comme une qualité de ne pas savoir mentir. En plus cela prouve que tu n'en as jamais eu besoin, c'est plutôt une chance, non ?"

Ma douce, toujours un peu boudeuse, hoche la tête.

Moi : -" Tu sais mes frères et moi avons appris de la pire des façons que mentir demande du travail. Après une croissance et une acquisition de compétences expresses et optimales, grâce au voyage interdimensionnel, nous avons eu notre première mission. Elle s’est passée au Nigeria. Nous devions récupérer des filles capturées par la secte Boko Haram."

Elle m'interrompt.

Cécile :-" Excuse-moi, mais je n'ai jamais entendu parler d'eux."

Moi :-"C'est une secte islamiste qui a terrorisé l'Afrique à mon époque. Elle se finançait en enlevant des filles et en les revendant comme esclaves.
Nous avions remonté leurs traces depuis le village des demoiselles en suivant les cadavres de ceux qui se sont mis en travers de leur chemin ou de celles qui avaient tenté de s'échapper. Comme tu l'imagines, c'était la première fois que nous en voyons. Nous étions choqués et traumatisés. Ce qui, associé à l’inconscience de par notre inexpérience, nous fit alors foncer dans l'espoir d'arriver avant que d'autres personnes ne soit tuées.
Avec notre discrétion d'éléphants, nous avons été rapidement repérés et interceptés. N'ayant rien préparé, seulement préoccupés par la santé des victimes, Pierre inventa une histoire à ce moment-là. Nous n'avons dû notre survie qu'à son bagout qui embrouilla les sous-fifres. Il leurs raconta que nous étions là pour acheter toutes les filles qu'ils pouvaient nous fournir. Nous fûmes emmenés dans leur repère.
Mais les hommes inquiets de s'être peut-être faits manipuler et surtout d’en subir les conséquences funestes, nous ont fait attendre le retour de leur chef enfermé dans une cellule. La pièce était exigüe et munie d’une unique lucarne. Jacques, claustrophobe, était comme un lion en cage.
Obligés de nous poser, nous avons pu réfléchir et nous nous sommes très vite aperçus des failles de notre mensonge. Nous n’avions pas d’argent ou de compte pour accréditer notre volonté d'achat, pas la possibilité de justifier notre présence en citant le nom d'un contact et nous ne savions même pas où on nous nous trouvions, étant partie sur les chapeaux de roue, sans chercher à nous repérer.
Sûrs de notre future mort, notre cadet fut pris d’une crise de panique et enfonça la porte, la tête la première. Elle ne résista pas mais mon frère non plus. Il fut sonné. D'ailleurs à ce propos, hier, il a arrêté une balle avec son casque et le choc l'a assommé."

Cécile, affolée : -" Quoi, il a pris une balle ! Mais cela veut dire que vous avez essuyé des tirs. Tu ne me l'as pas dit."

Moi :-" C'était hier, pendant la petite mission que nous avons faite avec Albert."

Cécile :-" Ah d'accord, l'explosion du tank et ses conséquences t'ont suffisamment secouées pour que tu oublies."

Moi :-« Oui. »

Nous arrivons alors à l’arrêt de bus et nous nous asseyons pour l’attendre.

Cécile :-" J'ausculterai ton frère dès qu'il le voudra. Nous pourrons même passer un scanner pour vérifier l'état de son cerveau."

Moi, inquiète :-" Tu crois qu'il peut avoir des séquelles comme la maladie de Parkinson ?"

Cécile :-" Je ne pense pas, mais on sera fixé avec les résultats de l'examen. Comment as-tu entendu parler de cette complication ?

Moi :-" J'ai vu le film sur le boxeur Mohammed Aly avec Will Smith, ma mère aime l'acteur et le boxeur est venu faire un match historique à Kinshasa, la capital de son pays la RDC."

Cécile :-" Moi aussi je l'ai vu grâce à ma marraine. Tiens, c'est notre bus."

Elle prend deux tickets et nous nous installons à l'arrière. Je suis étonnée, il y beaucoup de monde. Je m'en étonne auprès de ma chérie.

Cécile :-" Je pense qu'il s'agit, pour l'essentiel, d'infirmières de l'hôpital Cochin. L’horaire correspond à la fin de leur service. Tu pourrais finir ton histoire."

Moi :-" Ok, je comprends mieux pourquoi il y a surtout des femmes.
Donc Jacques est assommé. N'arrivant pas à le réveiller, nous nous affolons. Pierre et Paul le mettent sur le banc de notre cellule et nous fuyons dans la brousse. Eux le portent, comme ils l'ont fait pour transporter Angélique et moi, j'assure nos arrières. Je m'occupe de l'effacement de nos traces, du repérage du chemin en amont, pour pouvoir retourner là où se trouvaient les otages, mais aussi en aval, pour que nous ne tombions pas sur une nouvelle patrouille. J'assure ainsi notre sécurité avec juste un pistolet mitrailleur que j’ai récupéré sur le seul garde que nous avons croisé et assommé.
Après avoir couru un temps infini, nous nous arrêtons pour la nuit, dans des hautes herbes, sans pouvoir faire de feux, pour ne pas se faire repérer.
Nous veillons sur Jacques à tour de rôles. Heureusement il se réveille au matin mais nous préférons qu’il se repose toute la journée encore. Nous retournons au camp des kidnappeurs une fois le soleil couché. Là, nous ne retrouvons que les cadavres des deux hommes qui nous avaient interceptés et emmenés dans leur base.
Nous avons passé trois mois à sillonner sans succès la région pour retrouver les filles ou quelqu’un pouvant nous aider. Etant visiblement des étrangers, même si Pierre et moi sommes noirs, et définitivement repérés par la secte Boko Haram, nous n’avons jamais retrouvé personne. »

Pendant un temps nous restons silencieuses et je regarde dehors. Paris n’est vraiment pas comme celui que papa nous a montré quand il a fait visiter grand père Gaston venue du Congo. Aucun monument n’est éclairé, ni d’ailleurs les devantures des magasins et seul un réverbère sur trois fonctionne. La capitale ressemble à une petite ville de province. Elle est triste et morne comme les occupants du bus qui, s'ils ne somnolent pas, ont le visage fermé.

Cécile :-« Caroline, ça va ? Tu repenses à ces pauvres filles ? »

Moi :-« Non, Cécile cela fait longtemps que j’ai fait mon deuil. Je m’étonnais de l’absence de lumière et d’éclairage des édifices. »

Cécile, tout bas :-« C’est pour faire des économies d’énergie et parce que le touriste n’est plus une manne financière depuis que les frontières sont fermées. Caroline, tu as raison. C'est plutôt une bonne chose de ne pas avoir l'expérience suffisante pour savoir mentir."

Moi :-" J'espère que cela restera comme ça pour toi le plus longtemps possible."

Nous descendons alors devant la gare Saint Lazare et continuons à pied jusqu'à l'appartement.

Nous prenons l'ascenseur pour monter chez elle. Pendant ce voyage, elle me fait découvrir un autre intérêt à mon unique sous-vêtement, celui d'avoir visiblement exacerbé son imagination et sa curiosité depuis qu'elle me l'a tendu dans la cabine d'essayage. Ainsi, si je suis fatiguée par mes 36 heures d'activités non-stop, ma chérie semble brûler d'un feu intérieur ardent tant ses mains qui s'aventurent sur mon corps sont chaudes et coquines. Elle me murmure aussi à l'oreille toutes ses envies et ses pensées osées qu'elle a en me regardant depuis que j'ai passé ma superbe robe. Cela me trouble autant que ses effleurements.
La porte de chez elle, à peine fermée, elle me débarrasse de son cadeau. Ma timidité n'ayant plus que les quelques centimètres carré de tissu de mon string comme seule repart, je me mets à rougir et à vouloir me couvrir de mes mains. Mais la bouche de ma chérie, ses caresses et surtout mon corps, ce traître, sont plus forts. Je laisse alors retomber mes bras et profite du feu d'artifice sensoriel que m'offre Cécile.
Le bouquet final pleinement savouré et mon esprit retrouvé, je la déshabille à mon tour et l'embrasse passionnément pour la remercier. Sentant ma fatigue revenir après avoir ainsi tutoyé les sommets, je soulève ma douce tout en continuant mon baiser et l'emmène dans sa chambre où je l'allonge délicatement sur le lit.
Là, bien que novice dans cet art, j'entreprends de lui montrer tout mon amour en reproduisant toutes les merveilleuses choses dont elle me régala. C’est pour moi une féérie de mes cinq sens, j’espère donner autant que je prends. L’extase atteint, Cécile m’enlace, m’embrasse et insatiable, tout comme moi, elle me montre comment nous fusionner pour aimer et être aimer.

Après avoir partagé notre passion, nous nous sommes un temps câliné mais je pense que très vite, en tout cas pour moi, nous nous sommes endormies.

Au réveil, je me demande toujours où je suis. Enfin, c'est ainsi depuis le départ du jardin des parents. Je pense que c'est l'un des contrecoups du voyage interdimensionnel, mais là, le merveilleux corps de Cécile contre moi abrège immédiatement mes interrogations.
Ensuite, voyant qu'il n'est pas encore 7 heures, je râle intérieurement. C'est à ce moment-là que j'entends la fermeture de la porte d'entrée. Je comprends que, toujours inconsciemment sur le qui-vive, je me suis réveillée dès que j'ai perçu que quelqu'un entrait. Tout juste revenue du pays des songes, ce sont mes automatismes qui me dirigent. Je récupère donc mon pistolet, vérifie le chargeur et silencieuse comme un chat, je me dirige vers la source du bruit. Je m’aperçois que cela vient de la cuisine et plus précisément de quelqu’un en train de faire la vaisselle.
Alors, oui je sais le reconnaître rien qu'au son, tes frères ne sont pas beaucoup portés sur la chose, c'est moi qui l'ai faite quasiment tous les jours ces deux ou trois cents dernières années.
Ne cherchant pas à analyser les raisons qui pousseraient un voleur à agir ainsi, étant toujours en mode autodéfense, je pénètre par une roulade dans la pièce puis braque l'intrus.
J'ai alors devant moi le dos d'une vieille dame s'affairant devant l'évier et une bonne odeur de croissant, de pain frais et de fleur qui envahie mes narines.
Là, mon cerveau se réveille enfin, je comprends qu'il s'agit de la personne s'occupant de l'appartement de Cécile.
Mais je n'ai pas le temps de baisser mon arme qu'elle se retourne. Elle sursaute de surprise puis blanchit de peur et s'évanouit. J'ai juste le temps de la rattraper. Je vérifie son pouls pour être sûre qu'il ne s'agit pas d'une crise cardiaque.
Rassurée, je l'emmène dans la bibliothèque et la dépose sur le canapé puis cours vers la chambre. Là je tente de réveiller ma douce.

Moi :-" Cécile !"

Grognement

Moi, plus fort :-" CÉCILE !"

Cécile se retournant :-" Marie, si tu me réveilles pour que je diagnostique au final un simple rhume je t'envoie faire les toilettes en gérontologie pendant un mois."

Moi, énervée :-" Amour !"

Elle ouvre immédiatement les yeux, ce qui ne manque pas de me faire sourire de fierté. Par contre, maintenant, il faut que je lui explique la situation embarrassante que je viens de provoquer. Et la chose est d'autant moins aisée qu’elle m’enlace et commence à m’embrasser dans le cou. Inquiète pour ma victime, je capture ses poignets et m’éloigne de sa bouche tentatrice. Après avoir dégluti puis soufflé, je lui explique les évènements.

Moi :-" J'ai effrayé la personne qui s'occupe de ton appart et elle est tombée dans les pommes."

Elle réagit alors immédiatement en allant dans sa salle de bain. Elle en sort moins de 5 secondes après, en robe de chambre, elle a pensé à s'habiller elle au moins. En plus, elle a pris sa sacoche de médecin. Je n'ai jamais vu son visage si sérieux.
Honteuse, je me réfugie dans le lit et me replie sur moi-même. Jamais depuis le départ de chez les parents, je n'ai eu autant besoin de ma musique. Je suis tellement mal que si j'avais de quoi me vêtir je partirais à l'instant.
J'attends son retour avec crainte en alternant les périodes de grande culpabilité et celle de terreur à l'idée de perdre l'amour de ma dulcinée. Il est évident que Cécile va me prendre pour une grosse brute. D'abord, je fonce mitraillette au poing sans réfléchir quand j'apprends que sa copine est retenue par un psychopathe et maintenant je fiche une trouille bleue à une amie de sa famille en la braquant avec mon arme.
Comment pourrait-elle encore vouloir de moi ?

Ensuite la triste réalité me frappe. Toutes les aventures que notre inconscient nous a fait vivre pour supporter le voyage m'ont certes permises d'être à la hauteur pour rétablir la démocratie et sauver mes oncles mais me rend inadaptée à la vie normale.
J'ai failli agresser une femme qui ne faisait qu’entretenir un appartement.
Que se serait-il passé si elle s'était retournée avec un couteau à la main pour le ranger ?
Je suis devenue Fol-Œil dans Harry Potter. Je suis une paranoïaque pratiquement psychopathe

Mon seul espoir, si elle ne rompt pas dès maintenant avec moi, est qu'elle trouve cela chevaleresque.
Mais je sais que cela ne durera qu'un temps.
C'est la première fois depuis mon coup de foudre pour Cécile, que je comprends la nécessité pour moi de rentrer chez mes parents. J'éviterais ainsi de subir l'horreur de ne plus être aimée par elle. Ce qui arrivera quand elle ne supportera plus que je sois toujours sur le qui-vive, à envisager le pire et surtout à agir violemment contre des menaces fictives.
Ce malencontreux événement m'aura au moins permis ça.
J’espère juste que ce ras le bol n’arrivera pas avant mon retour chez moi.

Je crois que je me suis endormie car je ne l'ai entendue que lorsqu'elle a tourné la poignée de la porte de la chambre.
Elle laisse tomber son déshabillé, se glisse dans le lit et vient se lover derrière moi. Elle me murmure alors à l'oreille, tout en me caressant les cheveux.

Cécile :-" Madame de Falla va bien. Il n'y aura aucune séquelle. J'ai quand même appelé un taxi pour qu'elle rentre chez elle se reposer."

Toujours déprimée, je n’arrive qu’à lui donner une réponse banale, tant j’ai peur de mettre à pleurer.

Moi :-" C’est bien. »

Pendant quelques secondes nous restons silencieuses et enlacées.

Cécile :-" Amour, pour moi, le seul problème de cet incident c’est qu’il m’a donné une raison supplémentaire de redouter ton départ. Comment vas-tu t’adapter à une vie normale, maîtriser tes réflexes de soldat et refaire confiance ? Tu ne demanderas de l’aide à personne, j'en suis certaine. Or, mon expérience me dit qu’ainsi c’est presque impossible. »

Et là, une chose extraordinaire m’arrive. Je suis frappée à nouveau par un coup de foudre pour cette femme géniale qui me comprend si bien. Je me laisse emporter avec délectation par ce tsunami et me retourne vers elle pour l’embrasser et lui faire l’amour passionnément.

Mon deuxième réveil est beaucoup plus agréable, doux et spontané. Nous sommes mélangées l'une à l'autre. J'ai le plaisir d'avoir devant moi son merveilleux visage. Je me retrouve alors à l'admirer comme sur l'île de Pâques, détaillant chaque tâche de rousseur, son petit nez ou ses lèvres. Elle n’est pas seulement la femme la plus intelligente que je connaisse, c’est aussi la plus belle. Quand elle ouvre ses yeux et me sourit, je fonds littéralement.
Mais mon estomac interrompt ce moment de grâce en se rappelant à mon souvenir de façon bruyante, encore. Cela fait rire ma douce.

Cécile :-" Allez estomac sur pattes, allons petit déjeuner."

Nous nous levons, elle me prête son peignoir et je la suis vers la cuisine.

Moi :-" Surtout que j'ai senti tout à l'heure la bonne odeur de viennoiseries et de pain frais."

Cécile, se retournant vers moi :-« Cela va être vraiment difficile de te faire des surprises ! »

Moi, tout doucement et intimidée :-« Tu sais, tu m’as plus que surprise tout à l’heure en comprenant si bien ma façon d’agir et en l’acceptant. »

Cécile, sérieuse :-« Sans vouloir me vanter, je comprends assez bien les choses en générale. D’autant plus, si elles me touchent intimement. Ainsi je sais qu’automatiquement tu envisages le pire et agis en conséquence. Pour l’acceptation, c’est encore plus facile. Je t’aime Caroline, en entier et pas seulement ton merveilleux visage ou ton magnifique corps. »

Je me mets instantanément à rougir.

Cécile, tout sourire :-« Ou parce que tu es trognon quand tu rougis !»

Elle l’a fait exprès, j’en suis sûre et lui tire la langue.

Cécile, à nouveau sérieuse :-« En plus je ne me vois pas t’en vouloir alors que je suis autant responsable que toi de ce fâcheux incident. »

D’un froncement de sourcils je l’interroge sur la signification de ses paroles.

Cécile :-« Hier, après avoir appelé mes parents, j’ai téléphoné à madame de Falla pour qu’elle apporte de quoi petit déjeuner quand elle viendrait. Je voulais te faire la surprise, c’est pour ça que je ne t’ai pas prévenue de sa venue. Ça et le fait que jamais je ne l’ai entendue entrer. »

Moi :-« En tout cas merci d’être si formidable. »

Elle rougit pendant que je l’enlace, mais je ne trouve pas le moment opportun à une taquinerie.

Dans la cuisine je l’aide à préparer le petit déjeuner et à mettre la table. Bien que le repas de la veille fût gargantuesque, nos ébats amoureux ont suffisamment épuisé nos réserves pour que les croissants et la baguette soient dévorés sans espoir qu’une miette en réchappe.
Incapable de ne pas revenir sur l’incident avec madame de Falla, j’aborde le sujet de façon la plus anodine, enfin je l’espère.

Moi :-« En tout cas, on aurait sali plus de vaisselle hier pendant le goûter, jamais il n’y aurait eu d’incident ce matin. »

Cécile :-« Comment ça ? »

Je suis contente qu’elle poursuive la conversation, ainsi même si elle a compris les grandes lignes je vais pouvoir m’expliquer et oublier cette histoire.

Moi :-« Tout à l’heure grâce à une roulade j’ai réussi à être derrière madame de Falla sans qu’elle ne s’en aperçoit. J'ai alors compris qui elle était. Hélas, elle s’est retournée juste à ce moment. Cinq secondes après et jamais elle n’aurait su que j’ai été derrière elle, une arme à la main. »

Et là je vois Cécile commencer à rire, je fronce les sourcils, elle essaie de m’expliquer.

Cécile :-" je viens de visualiser ce que tu as fait avec en voix off les commentaires des vieux films lors des bandes annonces.
Elle est rapide, vous ne la verrez pas venir. Elle est silencieuse, vous ne l'entendrez pas arriver. Elle est dangereuse, vous ne lui échapperez pas. Qui est ce ?
C'est Caroline, la ninja venue d’Afrique. Noire de peau, elle n’a pas besoin de tenue de camouflage, c’est nue qu’elle opère.
Personnel de maison, gare à vous ! Elle est derrière vous, elle vous surveille. La vaisselle propre est sa quête."

A peine sa tirade terminée, elle laisse éclater son fou rire.
Comme tu t’en doutes cela me vexe. Je me referme alors comme une huitre. Après plusieurs très longues minutes, elle réussit à contenir son hilarité. Ma perfide et moqueuse amoureuse contourne alors la table, m’enlace et me fait des bisous dans le cou puis me murmure à l’oreille.

Cécile :-« Moi, je ne me serais pas évanouie avec toi nue devant moi. »

Je subis alors une attaque en règle de toutes mes zones sensibles ce qui entrainent une liquéfaction de mon bas ventre et de mes velléités de bouderie. Vaincue, je m’empare de ses lèvres et participe.
Nos sens apaisés, nous prenons une douche l'une après l'autre pour ne pas risquer d'à nouveau succomber à la tentation. Je suis en train de m'essuyer quand je lui pose la question qui vient de me frapper.

Moi :-« Amour, où sont passé ma robe et le sac avec les vêtements de mes tantes ? »

Cécile :-« Madame de Falla les a sûrement mis à laver. »

Je blanchis d’un coup et bredouille.

Moi :-« Mais comment je vais faire pour retrouver mes frères dans une heure ? Jamais ils ne seront secs et je ne rentre pas dans tes affaires. »

Cécile tout attendrie :-« Mais ne t’inquiète pas. Les machines à laver n’utilisent plus d’eau. C’est un genre de nettoyage à sec mais avec des produits non toxiques. Ils doivent d’ailleurs être prêts, nous irons les chercher tout à l’heure."

Dix minutes plus tard, nous sommes dans la pièce attenante à la cuisine, qui fait office de buanderie. Je retrouve et enfile les affaires de mes tantes, la robe n'étant pas adaptée à la journée qui m'attend.

Cécile, en passant une main coquine sur mon ventre dénudé :-" Tu es définitivement à croquer dans cette tenue."

Je n'ai ni le temps de rougir, ni de répliquer, mon téléphone portable sonne. Je mets au moins trois à quatre sonneries pour m'apercevoir qu'il s'agit du mien et deux autres pour le trouver dans le sac à main, prêté hier par Cécile. Je l'avais complètement oublié. Je décroche. C'est Pierre. Nous parlons en code, l'habitude quand on est au téléphone, je te la retranscris traduite.

Pierre :-" Salut Caro, c'est Pierre. Comment vas ?"

Moi : -" Très bien et toi ? Tu as réussi à convaincre le proprio de l'appart ?"

Pierre :-" Oui, mais ça été dur. Je trouve le loyer exorbitant, mais Mamé dit que c'est le prix. En plus c’est un meublé alors évidement cela nous évite de devoir acheter de quoi le rendre habitable mais cela permet aussi au proprio de pouvoir nous mettre dehors facilement. «

Moi :-« Sinon l’appartement est bien ? »

Pierre :-« Oui. Il est grand et lumineux et nous avons chacun notre chambre. «

Moi :-« Alors qu’est ce qui t’embête vraiment ? »

Pierre :-« Notre absence d’argent. C’est Mamé qui à payer la caution et le premier mois de loyer. Nous allons rester ici longtemps, il faut rapidement trouver un moyen d’être indépendants financièrement pour ne pas être une charge. »

Moi :-« Je pense exactement la même chose. Mais nous avons bien trop de choses à faire pour avoir un vrai travail. On peut, peut-être, utiliser l’argent trouvé à Los Angeles ? »

Pierre :-« J’y ai pensé aussi, d’autant qu’il reste presque un million de dollars. Mais on ne peut pas les utiliser ces billets ici. Et si on retourne sur l’autre terre pour acheter de l’or par exemple et que nous revenons avec, comment le revendre en restant discrets ? »

Moi :-« Tu en as parlé à Paul ? »

Pierre :-« Non, depuis hier que nous avons emménagé dans l’appart, il joue avec Jacques à Mario Kart, sur une Wii trouvé chez tonton Olivier. J’ai même dû les menacer de lancer la console par la fenêtre pour qu’ils aillent se coucher. »

Moi, rigolant :-« Je comprends ta frustration mais n’oublies pas qu’ils n’ont, normalement, que 8 et 6 ans. »

Pierre :-« Je le sais bien. Cela m’a d’ailleurs tout attendri de les revoir s’amuser et se comporter comme avant. J’en ai eu même un petit coup de spleen. »

Moi :-« Ca va maintenant ? »

Pierre :-« Oh oui, c’était sûrement dû à mon manque de sommeil. «

Moi, étonné :-« Donc, Jacques n’a pas cherché de moyen pour que les ondes électromagnétiques de la machine d’Albert ne soit pas repérables ? »

Pierre :-« Comment aurait-il fait? Tu as emmené l’ordinateur, il n’a eu accès à aucune source d’information.

Moi :-" Mince, j'ai agis par habitude."

Pierre :-"Au moins, cela lui a permis de décompresser. Il a pensé que le meilleur moyen, si nous devons faire un voyage dans l’urgence, serait d'utiliser la machine dans l'enceinte de protection d'un IRM. C'est d'ailleurs en partie pour ça que je t'appelle. »

Moi :-« Vous voulez savoir si Cécile peut nous faire accéder, facilement, à celui de son hôpital ? »

Pierre :-« Oui »

Moi :-« On n’est peut-être pas obligé d’aller dans un hôpital. »

Pierre :-« Mais il n’y en a pas D’IRM ailleurs. »

Moi :-« Comment tu le sais ? Tu parles avec nos connaissances de 2014 et de banlieusards. Mais comme nous sommes à Paris, il y a sûrement eu de riches cabinets de radiologie qui se sont équipés. Il nous suffit d’en trouver un qui a fait faillite à cause de la chute du pouvoir d’achat et qui possède encore l’installation de contrôle du rayonnement électromagnétique. Nous n’aurions plus qu’à en faire notre quartier général. »

Pierre : -« C’est une super idée. »

Moi :-« Donc comme vous êtes meublés et que nous avons les vêtements des tontons et des tatas, je pense que pour aujourd’hui on peut se contenter de cette recherche. Surtout qu’il nous faut absolument un lieu sécurisé où la bande à Mamé puisse commencer à travailler sur la réforme de l’éducation et Jacques, continuer ses inventions. »

Pierre :-« Oui, en plus en sillonnant la capitale, cela nous permettra de voir s’il y a des agences de change ou d’achat d’or. Bon j’en parle aux deux petits. »

Moi :-« Moi, je vois avec Cécile si mon idée est réalisable et si elle connaît un lieu qui pourrait nous convenir. A tout de suite. »

Pierre :-« Salut »

J’explique alors mon idée à ma chérie qui m’apprend que l’IRM est devenue un appareil courant dans les grands cabinets de radiologie et m’indique qu’il y en a un qui est justement fermé depuis un an à moins d’un quart d’heure à pied d’ici.
Nous avons à peine fini notre conversation que le téléphone sonne à nouveau.
Je décroche. C’est encore Pierre. Il a oublié de me donner l’autre raison de son précèdent appel. Angélique a été opérée hier et tout s’est bien passé. Mais il faut qu’elle sorte ce soir, l’infirmière chef ne peut pas la cacher plus longtemps. Nous convenons qu’il ne faut pas qu’elle rentre ni chez elle, ni dans sa famille, ni chez un membre du groupe. Son tortionnaire a sûrement mis en place une surveillance à ces endroits pour la retrouver et la faire taire définitivement, effaçant ainsi toutes traces. Psychopathe comme il semble être, je ne le vois pas supporter qu’une de ses victimes puissent lui échapper.

Moi :-« Bon, Pierre, j’ai peut-être une idée de la personne qui accepterait de l’héberger mais il faut que j’en parle avec Cécile. D’autre part, comme elle dit qu’il y a un cabinet de radiologie qui pourrait convenir près de chez elle, le mieux c’est que tu viennes ici,  avec Paul et Jacques. Ainsi nous pourrons directement aller voir ensemble. »

Pierre :-« Ok, mais nous ne serons pas là avant une demi-heure, les petits sont encore en train de jouer. »
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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:54


XVI


Après avoir raccroché, je préviens Cécile de la sortie d’Angélique, aujourd’hui même. Mon idée de demander à Anastasia de l'héberger ne semble pas l’emballer. Mais, je n’ai pas le temps de m’interroger sur ses raisons. Elle m’explique dans la foulée que son amie aura sûrement besoin d'un peu plus que d’une cachette en ce moment. Elle devance mes protestations en m’accordant qu’il lui faut échapper à son tortionnaire pour rester en vie. Mais, elle m’explique que pour son avenir, elle doit être aussi aidée pour guérir du, plus que probable, traumatisme psychologique engendré par les sévices et les viols répétés de cette semaine cauchemardesque.
L’évidence de ses propos me fait culpabiliser. Nous n'y avons pas pensés alors que c’est à nous de mettre les choses en places pour son bien-être, sa famille ne pouvant le faire pour des raisons de sécurité. Nous ne sommes encore que des enfants, mes frères et moi pour les choses du quotidien
Je n’ai pas le temps de m’appesantir sur cela que ma belle reprend la parole.

Cécile, mal à l’aise et se triturant les mains :-« Amour, d'habitude les patients restent plus longtemps à l’hôpital. Cela permet aux psychologues de constater l'étendue des dégâts et de mettre en place, en partenariat avec le patient, un traitement. Mais là, cela n'a pas été fait à cause des circonstances exceptionnelles de l’hospitalisation. Ce qui serait bien, si tu es d’accord, c'est que nous l’hébergions ici, le temps que je m'occupe de ça. »

Je reste ébahie

Cécile, l’interprétant mal, panique un peu :-« Amour, ne t’inquiète pas, cela ne devrait pas prendre plus d’une semaine. Après nous serons toutes les deux. En plus, pendant son séjour, nous pourrons avoir nos moments rien qu’à nous, nos chambres sont suffisamment éloigné pour respecter notre intimité. »

En entendant sa dernière phrase, j’oublie que je voulais m’expliquer sur mon mutisme et joue les indignées. Je me redresse de toute ma taille et m’avance vers elle, sourcils froncés. Impressionnée, ma douce se recule, probablement inconsciemment, jusqu'à buter sur la machine à laver.

Moi, en lui dénouant la ceinture de son déshabillé :-« Mademoiselle Agnodice, je trouve que vous projetez un peu trop vos pensées lubriques. »

Je lui ôte son vêtement et commence à caressé sa peau nue.

Moi, alternant mots et petits baisés sur sa poitrine :-« Je vous rappelle que je suis une douce et pure jeune fille. »

Je m’empare de sa bouche sentant qu’elle allait répondre. Mes mains ne restent pas inactives. Elles réveillent le merveilleux corps de ma chérie en s’attardant sur ses zones sensibles.

Moi, murmurant à son oreille que je mordille :-« D’ailleurs, je ne comprends pas du tout ce que vous insinuez, jeune dépravée."

Perdu dans le flot de sensation enivrante que lui envoie son corps, elle ne peut plus répondre. Je la soulève et la dépose sur la machine. Après un dernier regard à son magnifique visage, je me penche et déguste son fruit défendu.
Je ne m’arrête qu’une fois son voyage terminé.

Moi, en la câlinant, sa tête posé sur mon épaule :-« Mon amour, si je suis restée muette tout à l’heure, ce n’est pas de tristesse ou d’ennui à l’idée qu’Angélique vienne ici. Non, c’est d’émotion quand tu as dit « nous », cela m’a touché énormément. »

Cécile :-« Je n'ai même pas fait attention. »

Moi :-« C'est encore plus fort, alors. Surtout que pour moi, c’est la première fois. »

Cécile :-« Oh, mais c'est aussi une première pour moi. Jamais avant, je ne m’étais senti si amoureuse et si naturellement en couple avec quelqu’un. »

Nous restons ainsi encore quelques secondes.

Cécile:- « Bon, je suis super bien dans tes bras mais nous devons nous préparer avant que tes frères arrivent. »

Moi :-« Tu as raison. Dis, si nous accueillons Angélique tu as de quoi la nourrir, la soigner ou l’habiller ? »

Cécile :-« Mince, non je n’ai rien de tout ça. C'est madame de Falla qui fait d'habitude les courses mais là, elle ne revient que dans deux jours. En plus mes vêtements sont, comme pour toi, trop petit pour elle et sortir dans la fouille risque de lui être difficile."

Moi:-" Ne t'inquiète pas. On se prépare puis on fonce aux grands magasins pour faire toute ces courses. Je vais appeler mes frères, pour qu'ils nous y rejoignent. Cela nous permettra de repérer les lieux pour le rendez-vous de demain, évitant ainsi les mauvaises surprises et surtout ce seront les garçons qui porterons les sacs."

Cécile, souriante:-" Tu es maline. En plus, le labo dont je t'ai parlé tout à l'heure se trouve sur le chemin. Mais il serait mieux qu’ils nous appellent quand ils y sont sinon ils vont mettre une éternité pour nous retrouver. D’ailleurs, vous pourriez en profiter, tes frères et toi, pour constituer vos gardes robes et autres affaires dont vous aurez besoin, ce sera ma petite contribution à la cause. »

Moi :-« C’est très gentil, Cécile mais je ne peux accepter. »

Cécile, vexer et en colère :-« Et pourquoi donc ?
Moi, je dois bien accepter que tu risques ta vie pour nous parce que c’est, soi-disant, ton boulot et ce qu’il faut faire, pour le bien de tous ! Et toi tu ne peux pas me laisser vous aider en payant ce qui vous serait utile !
Je suis qui et je suis quoi, pour toi, exactement?
Je suis juste celle avec qui tu couches, c’est ça?
Ou alors tu aimerais que je sois comme Pénélope qui attend Ulysse en brodant sa tapisserie pendant dix ans ? Je t’annonce tout de suite que tu es trompée Caroline, je ne serais jamais ainsi, je ne suis pas passive. En plus ce n’est pas m’a conception du couple, pour moi on est deux et on est au même niveau, l’une ne dirige pas l’autre. »

Elle se retourne et sort quasiment en courant. Je suis statufier, jamais ne l’ai considéré ainsi. Je mets plusieurs secondes à réagir tant je suis choqué de la tournure qu’on prit les évènements. Une fois cela fait, je me lance à sa poursuit, en me maudissant, je suis sûre de l’avoir vu pleurer. Mon audition me permet de savoir qu’elle se dirige vers sa chambre. Je pique un sprint et la rattrape avant qu’elle ne ferme la porte. D’une main je bloque battant. Tout doucement, pour ne pas la blesser, je pousse et entre. Je m’approche et l’enlace tout doucement, m’attendant à une réaction de rejet. Il n’en est rien, une fois dans mes bras, elle s’écroule en pleure.

Moi :-« Je m’excuse mon amour. Jamais, je n’ai pensé ça de toi. Je t’aime et te considère comme mon égale. Si je t’ai donné l’impression de te tenir à l’écart, c’est involontaire. Mais je ne peux nier que l’idée même de ta perte est si insupportable que jamais je ne pourrais envisager de te mettre dans une situation dangereuse.
Pour l’argent, je suis désolé mais ma réaction vient d’une fierté mal placé, entretenu par des siècles d’autonomie à ce niveau. Je vais essayer de travailler dessus. »

Cécile, d’une toute petite voix :-« Tu n’as rien fait de mal Caro. Tu n’as donc rien à changer ou à te faire pardonner. Je sais parfaitement que j’ai été injuste. Mon amour, c’est un trop plein d’angoisse et d’inquiétude qui m’a fait craquer. Je t’aime, c’est la première fois et c’est merveilleux. Mais si tu ne meurs pas parce que tu risques ta vie plusieurs fois par jour, au final tu partiras retrouver tes parents. C’est dur mais je n’y peux rien, alors quand tu as décliné mon aide je me suis sentie réellement inutile. Non, j’ai eu l’impression que je ne comptais pas vraiment pour toi et cela m’a fait atrocement mal. »

Moi, la tournant face à moi :-« Cécile, je donnerais ma vie pour toi et je tuerais quiconque mettrais la tienne en danger. Tu es ce qui m’es arrivée de mieux depuis que je suis née et ce qui es le plus chère à mon cœur. »

Cécile :-« Merci je ressens la même chose pour toi Caroline. »

Elle m’embrasse tout doucement et tout tendrement puis s’excuse de sa réaction qu’elle qualifie comme étant celle d’un gros bébé pourri gâté. Je lui réponds qu’il serait bien qu’à l’avenir on discute avant les larmes. Mon petit cœur préfèrerait. Elle me sourit et fait un petit bisou au-dessus de mon sein gauche et murmure un désolée. Nous restons enlacées pendant de très agréables minutes.
Je suis obligée d’interrompre ce doux moment.

Moi :-« Amour, toi qui connait bien le fonctionnement de l’hôpital, quand penses-tu qu’il sera mieux d’aller chercher Angie, sachant qu’il nous sera plus facile de passer inaperçu si il y a du monde ? »

Cécile, après avoir réfléchis :-« Je pense vers 14 heures. Les consultations externes sont à nouveau ouvertes, les visites dans les services autorisées et c’est en plein au moment où les infirmières du matin font leurs transmissions à celle d’après-midi. »

Moi, regardant ma montre :-« On a donc 4 heures pour préparer sa sortie. Tu crois qu’elle pourra marcher et prendre le métro ou il faut envisager d’avoir un véhicule ? »

Cécile :-« C’est normalement de la microchirurgie qu’elle a eu, donc elle devrait pouvoir marcher. Mais elle n’a pas beaucoup manger pendant une semaine et ce n’est pas avec la nourriture de l’hôpital qu’elle a pu reprendre des forces. »

Moi :-« Donc tu penses qu’il est plus prudent d’être motorisé ? »

Cécile :-« oui. »

Moi :-« Merci je vais en parler avec mes frères. »

Après bisou tout tendre, je lui suggère qu’il est temps de se préparer. Je la laisse partir se doucher en premier. Avant de donner toutes ses infos aux garçons, je veux faire des recherches sur le net avec l’ordinateur de la police. C’est aussi pour éviter tout dérapage coquin qui serait, certes très agréable, mais préjudiciable à notre emploi du temps serré.
Je découvre qu’il y a sur Paris au moins une dizaine de centres d’imageries médicales en vente ou à la location. Je note leurs adresses. Je trouve aussi celle des quelques loueurs de voitures.
Je m’attèle ensuite à chercher une solution pour nos soucis pécuniaires. Car même si je vais laisser participer Cécile ainsi, il est hors de question qu’elle paye tout et surtout pas pour notre quartier général qui sera probablement chère. Je m’aperçois que sur la capitale il y a encore une demi-douzaine de bureaux de change et autant de bijouteries spécialisées dans l’achat de bijoux et de métaux précieux. De la lecture des rares journaux français sur la toile, tous pro-gouvernementaux d’ailleurs, j’en ai compris la raison. Le président permet ainsi aux français qui ont caché un pécule chez eux ou de petits trésors, de le transformer en franc français. L’argent ainsi obtenu sera inévitablement dépensé aidant alors l’économie nationale et taxé, remplissant les caisses de l’état. C’est une aubaine pour nous.

Une fois tout ça trouvé, j’appelle Pierre. Ils allaient partir. Il met son téléphone sur haut-parleur, cela me permet de faire mon compte rendu à mes trois frères en même temps. Si l’ainé est content à l’idée que nos problèmes financiers sont bientôt finis, les deux petits sont focalisés sur la nécessité de devoir aller faire des courses.

Moi :-« Hé, c’est ce que nous avions prévu de faire aujourd’hui. »

Jacques :-« Oui mais on était si content quand Pierre nous a dit tout à l’heure que c’était plus la peine. »

Paul :-« Parce qu’acheter des fringues ce n’est pas vraiment notre tasse de thé. »

Moi :-« Alors voyez ça comme les préparatifs obligatoires d’une mission. Nous ne pouvons avoir une seule tenues pour tout le temps que nous passerons ici et Angie ne peut sortir de l’hôpital avec une blouse de malade, dans les deux cas nous serions facilement repérable. En plus, il faut bien faire une reconnaissance du lieu pour demain. »

Paul :-« On le sait bien tout ça mais cela ne veut pas dire que cela nous enchante. »

Pierre tique, nous sommes toujours sans ressource, je le rassure en lui disant que pour ce matin, Cécile payera. Il n’aime pas l’idée mais je lui explique qu’il n’est pas envisageable de faire autrement.

Paul :-« Bon, je réfléchis à un plan pour l’évacuation d’Angélique pendant notre trajet. Nous nous attèlerons à la recherche du laboratoire d’analyse une fois qu’elle sera à l’abri. »



Mamé a dit vrai, les grands magasins sont immenses.
Contrairement à notre époque, il n’y en a plus que quatre. Ils sont sous la même enseigne et uniquement le long du boulevard Haussmann. Mais ils s’étendent sur près de 400 mètres de trottoir. Les rez-de-chaussée sont occupés par les produits frais. Les fruits et légumes sont dans le plus grand. Les viandes, les volailles et les poissons occupent le moyen. Les deux derniers accueillent les produits transformés comme les fromages, la charcuterie ou les plats préparés. Aux premiers étages se trouvent tout le reste de l’alimentation, de la droguerie, mercerie et petit bricolage et aux troisième et quatrième, plus petits, les vêtements, les chaussures et les accessoires de modes.

Nous avons mis près de deux heures pour tout acheter et nous sommes soulagés que cela se termine.
Dans un premier temps, ma chérie a acheté de quoi recevoir Angélique et nous restaurer toutes les trois, puis nous avons constitué notre garde-robe avec mes frères et enfin nous avons pris ce qu'il nous fallait pour sortir Angie de l’hôpital.
La partie alimentation de ces courses a été un pensum pour Pierre, Paul et Jacques. Ils se sont alors occupés en repérant toutes les sorties, les vigiles, les caméras et leur mode d'intervention, un pickpocket c'est fait arrêter quand nous étions dans le bâtiment des viandes, me laissant tout loisir d’être complètement avec Cécile, un peu comme un couple faisant son marché.
Mais le plaisir c'est inversé par la suite.
Les garçons ont trouvé facilement des vêtements pratiques et confortables pouvant aisément dissimulés leurs armes. Moi, je suis obligée de prendre jupes, robe et chemisier ne le permettant absolument pas. Cécile m’a expliquée que le pantalon n’est plus une tenue correcte pour une femme, sauf pour certain travail. S’il ne fallait pas rester discrète, j’aurais rué dans les brancards. Pour cacher mon artillerie dans la vie courante, j’ai pris des sacs à main coordonnés avec mes tenues mais avec le plus de pièces métalliques possible pour que les détecteurs soit bernés.

Une fois le quotidien acheter, c’est Paul qui prend la direction des opérations en vue de préparer l’exfiltration de l'après-midi.
Pour une fois il n’utilise pas le langage codé pour expliquer son plan. Je pense qu’il a un peu peur de la réaction de Cécile face à ce qu’il va me demander. Il veut donc qu’elle comprenne pourquoi il choisit cette façon d’agir.


Paul, ennuyé :-« Caroline, je suis désolé, mais pour éviter de devoir faire une grosse opération commando absolument pas discrète, je crois qu’il faut encore utiliser la tactique « Maryline ». »

Evidemment, c’est pour ça que nous l’avons créé.

Moi :-« Ok. »

Paul, toujours hésitant :-« Cécile devra venir avec nous. »

Là par contre je blanchis d’effroi. Elle va me voir !

Moi :-« Pas question ! »

L’intéressée se méprenant sur mes raisons intervient.

Cécile :-« Amour, Angélique doit encore être en état de choc, jamais elle n’acceptera de suivre des inconnus. »

Je suis incapable de lui expliquer ma réaction, heureusement Pierre s’en charge.

Pierre :-« Cécile, Caroline ne rejette pas ton aide. Elle refuse que tu la voies agir pendant la mission. »

Cécile :-« Mais pourquoi ? »

Pierre :-« Elle va devoir endosser un rôle et une tenue qui ne sont pas très flatteuse. »

Son froncement de sourcil me révèle qu’elle n’a pas compris.

Moi :-« Je vais devoir jouer les bimbos décérébrées et outrageusement sexy. »

Elle comprend alors ma réaction et demande à mes frères deux minutes seule avec moi. Là, elle m’explique qu’elle sait faire la part des choses et que cela ne modifiera pas ses sentiments pour moi puisque ce n’est qu’un rôle que je dois jouer. Elle termine avec un sourire coquin en me disant qu’elle ne peut qu’être ravie que ma garde-robe s’étoffe d’une tenue sexy que je n’aurais, sinon jamais acheté. Nous revenons près des garçons.

Paul :-« Il faut donc une tenue la plus sexy possible pouvant être porté à l’extérieur, sans se faire arrêter pour attentat à la pudeur ou racolage. »

Moi :-« C’est d’accord mais je veux être seule pour la trouver. »

Paul :-« De toute façon, Cécile doit, elle aussi, trouver une tenue spéciale et nous aider à en choisir une pour Angélique. »

Je suis déçue de ne pas participer au essayage der ma belle mais je ne peux pas être partout.

Et voilà l'épisode le plus honteux de ma vie où en tout cas celui qui me fait le plus culpabilisé. J’ai beaucoup hésité à te le raconter. D’ailleurs personne n’est au courant. Mais je ne peux faire autrement car il revient régulièrement hanter mes rêves. Je ne voudrais pas que tu sois perdue si de tels cauchemars t'arrivent.

Cécile et mes frères m’accompagne jusqu’au bon rayon. J’en suis ravie, cela gagne du temps. Mais je me demande aussi si ma douce n’a pas déjà acheter une de ses tenues sexy pour ne pas avoir eu à chercher. Je n’ai pas l’occasion de lui demande. Ils m’abandonnent tous dès qu’une vendeuse vient à notre rencontre. Elle semble ravie de cela si j’en crois le sourire radieux qu’elle affiche. Mais je n’y prête pas attention, trop préoccupée par ce que je dois trouver comme tenue. Je prends mon courage à deux mains et lui explique ce que je recherche en rougissant, bien sûr. Comme si cette demande est des plus normales, elle ne sourcille même pas et commence à m’interroger sur mes éventuelles idées. N’en ayant pas, je lui réponds que je lui fais entièrement confiance. Elle s’approche alors très près de moi, me murmure à l’oreille qu’elle essayera d’être à la hauteur pour que ma jolie rousse soit charmée. Elle part dans les rayons avant même que je réagisse. Je reste alors seule a regarder les vêtement qui m’entoure et à me maudire de mon absence de réaction. Les minutes passant, j’en viens à me demander comment elle a découvert notre relation alors que j’ai utilisé tout mon self-control pour ne pas avoir de geste tendre envers ma chérie.
Elle revient enfin avec quelques tenues.
Elle stoppe à quelques mètres de moi comme si elle savait que je la détaille pour la première fois. Elle est de ma taille, blonde aux yeux bleus, mince mais avec une poitrine généreuse tenant toute seule, si j'en crois l'absence de soutien-gorge, que suggère la marque de ces tétons sur son chemisier presque transparent et très peu boutonner. Je suis sûr que ce n'est pas celui qu'elle avait tout à l'heure.
Elle avance conquérante vers moi et d'une voix terriblement érotique, elle me demande si elle ne m'a pas trop manquée.
Je suis incapable de lui répondre, ni de détourner les yeux des siens et de son superbe visage parfaitement maquillé. A nouveau, elle vient murmurer à mon oreille, son corps ou plutôt sa poitrine caressant mon bras dénudé, qu'elle se prénomme Marie. Elle ajoute qu'elle est tout à moi et que pour préserver l'intimité de cette essayage un peu spécial, elle désir m’emmener dans un salon privé. Lorsqu'elle s'écarte un peu, mes yeux ne peuvent s'empêcher de fixer ses pointes fièrement érigées tendant encore plus le tissu. Mon cœur et mon esprit sont outrés de ses manières mais mon corps, se traite, est plus que réceptif. Ma bouche est sèche en complète opposition avec mon bas ventre et je sens mon rythme cardiaque s'emballer. Je n’arrive pas à prononcer un mot. Elle en semble ravie. Elle me prend la main et m’emmène. Je me retrouve avec elle dans une pièce très cosy avec un grand miroir, une baquette et une cabine d’essayage.

Marie, accrochant ses trouvailles au portant à coté de nous:-" Que diriez-vous de commencer, ce serait dommage de ne pas avoir le temps de tout essayer."

Je reste toujours bloquer.

Voyant cela elle vient pour m'aider. Quand ces doigts se posent sur mon ventre nu pour attraper mon haut, la brûlure exquise que je ressens, me réveille.
En rougissant et d'une toute petite voix je lui dis que je vais le faire moi-même. Je ne pense même pas à rentrer dans la cabine. C’est au milieu de la pièce que je me déshabille.

Elle me sourit, se retourne pour me prendre une première tenue et me la tend.
Elle stoppe son geste un moment pour clairement m'admirer en sous-vêtement. Inexplicablement, j'en suis flattée et la laisse faire attendant patiemment son bon vouloir. Quand je m'en aperçois, 5 secondes plus tard, j'en ai honte.
Mais avant que je ne réagisse, elle me tend le même chemisier que celui qu'elle porte. Profitant que je le boutonne, elle me contourne et me passe une mini-jupe écossaise rouge et vert, non sans me caresser au passage. Ensuite, elle revient avec de grandes chaussettes blanches. Là d'autorité, elle m'assoit sur un siège et me les enfile jusqu'au genou.
Il règne un silence monacale dans la pièce mais pas à l’intérieur de mon esprit, mon cœur ne cesse de crier que seule Cécile existe et mes sens n'arrête pas d'être en ébullition tant la caresse sur mes jambes m'électrisent. Elle me met des escarpins blancs d'au moins dix centimètres de talons et m'aide à me lever.
Elle se place ensuite dans mon dos, sa tête juste à côté de mon oreille gauche.

Marie, murmurant:-" Alors, qu'en pensez-vous?"

Moi, chuchotant comme elle:-" Je ne sais pas trop."

Marie:-" Si vous me permettez, nous pourrions vous rendre encore plus sexy, puis-je?"

Je ne sais toujours pas pourquoi, mais j'ai acquiescé, peut être son souffle chaud sur ma nuque ou son parfum enivrant.
Alors, elle m’enlace se rapprochant encore un peu plus de moi, au point où je sens merveilleusement bien sa poitrine contre mon dos. Elle enlève quasiment la totalité de mes boutons. Je n’arrive pas à réagir, je suis hypnotisée par son regard bleu azur qui est ancré dans le mien par l’intermédiaire du miroir. Quand elle me rend ma liberté de pensé par un « Quand pensez-vous ? » directement glissé dans mon oreille. J’ai devant moi l’archétype de l’étudiante bimbo des films américains pour adolescents boutonneux.
Mon chemisier est largement ouvert sur le dessus, rendant parfaitement visible la naissance de mes seins et les pans inférieures de mon haut sont noués juste en dessous de ma poitrine, dénudant mon ventre qu’elle caresse en attendant mon verdict. Je suis sans voix, je ne peux plus parler, totalement focalisée par ses mains sur ma peau

Marie:-« Oui cela fait trop petite fille. On va essayer une autre tenue. »

Elle s’écarte, me laissant au milieu de la pièce. Un profond sentiment de honte s’empare de moi face à ma passivité. Mais de façon incompréhensible, je ressens aussi le froid et le manque là où ses mains et son souffle ont touché mon corps. J’enlève la jupe et le chemisier, toute hébétée, bien décidé à fuir. Je suis horrifier et mortifier en découvrant l’état de ma culotte. C’est évidement à ce moment-là, qu’elle se retourne vers moi.
Elle se place devant moi, plonge son regard dans le mien et me dit que l’ensemble suivant ne nécessite pas de sous-vêtements. Sans attendre, elle m’enlève mon soutien-gorge dont l'attache est dans le dos. Nos poitrines et nos joues se touchent, inconsciemment, je hume son parfum. Elle s’en aperçoit et en glissant ses mains sur mes épaules pour récupérer mes bretelles, elle me demande si j’aime ce que j’ai senti. Un tout petit oui réussi péniblement à sortir de ma bouche. Toute velléité de départ m’a abandonné.
Ma lingerie tombe à terre et la belle s’accroupit en glissant le long de mon corps. En ôtant le dernier rempart de mon intimité, ostensiblement elle en respire les fragrances puis reprend mon effeuillage en récupérant mes chaussettes et mes chaussures.
Je suis si chamboulée par l’érotisme de la scène que je ne comprends qu’elle a bougé que lorsque je la sens plaquer dans mon dos. Sa main gauche sur ma hanche me maintenant contre elle, elle me susurre aimer, elle aussi, mon parfum et profite du trouble que cela me provoque pour poser un mouchoir sur mon fruit défendu. Méticuleusement, elle passe et repasse le tissu pour, me dit-elle, être sûre que je ne laisse pas de trace préjudiciable aux vêtements. Je suis complètement abandonné dans ses bras, mon bas ventre est au bord de l’explosion. Le gémissement que je ne peux retenir me ramène à la réalité.

C’est une douche froide pour moi, que suis-je en train de faire ?
C’est Cécile l’amour de ma vie pas cette Marie.
Je me dégage énervé et tente d’enfiler le body blanc en dentelle qu’elle m'a donné.
Evidemment, n’en n’ayant jamais porté, mes seins ne sont pas bien placés dans les bonnets, le tissu fait des plis sur le ventre et la ficelle est mal mise. Je vois bien que je suis ridicule ainsi fagotée et pour une fois Marie ne vient pas à mon aide d’elle-même. J’ai dû être trop brute en prenant mon haut.
Après plusieurs tentatives infructueuses, je suis très frustré. Je suis capable de démonter n'importe quelle arme à feu les yeux bandés et là je ne peux même pas m'habiller seule. L'heure tournant, je me résous à ravalé ma fierté.
Alors comme une gamine, je lui demande de m’aider. C’est son merveilleux sourire qui répond pour elle.
Elle s’occupe alors de moi. Certes ses mains glissent, caressent et échauffent mes sens mais tout est en place et en peu de temps. Je suis alors vêtus d’une jupe longue fendu jusqu’en haut sur le coté, de bas couture, de chaussures à talon, du body dentelle et d’une veste trois quart, le tout de couleurs blanc cassé.
Marie reste à distance de moi, j’ai peur de l’avoir vexé.
Mais pourquoi cela me préoccupe?
Pourquoi ce besoin de retrouver sa sollicitude?

Il faut que j'arrête mes bêtises. Mon comportement est parfaitement déplacé et incorrect envers ma chérie. La seule solution, pour que mon corps m'obéisse à nouveau, c'est la fuite. Je sais, j'ai déjà pensé ça tout à l'heure et pourtant je suis encore ici mais là c'est décidé. J'arrête cet essayage. Je prend cette dernière tenue et part avant de réellement déraper.

Je me retourne vers elle pour m'excuser et lui dire ce que je veux faire. Mais avant que je ne prononce un mot, son regard sur moi me stop, il est empli de désir et cela me fige. Elle s'avance vers moi, chaque pas quelle fait dans ma direction liquéfie mes bonnes résolutions. Elle s’arrête à quelques centimètres de moi et me sourit. Je suis alors incapable de lui résister plus longtemps, je m'abandonne et le lui rend.

Marie :-« Là, par contre cela fait trop vieille, même si vous êtes complètement désirable. »

N’attendant aucune réponse de ma part, elle me déshabille ou plutôt elle goûte de ses doigts tout mon corps. Je suis sous son emprise, définitivement offerte. Elle me chauffe à blanc sans jamais me délivrer. Et quand je suis nue, elle ne me laisse aucun répit en revenant immédiatement avec la dernière tenue. Elle me la passe. C'est une robe bustier blanche moulante mais moins sexy que les deux autres. Elle ne joue même plus les vendeuses, elle m'enlace dans mon dos et me murmure à l'oreille, en caressant ma poitrine, s'attardant sur mes tétons. Je suis dans un tel état que je fais difficilement attention à ses paroles, je suis plutôt préoccupé à contrôler mes réactions pour éviter de gémir.

Marie:-" Le tissu de cette robe est à mémoire de forme. Sous l'action de la chaleur, il se rétracte légèrement, moulant ainsi ton merveilleux corps de princesse africaine comme une seconde peau et soutenant ce qui, dans ton cas, n'a pas besoin de l'être."

Elle retire ses mains et je vois ma poitrine fièrement dressée toute blanche, mes tétons pointant effrontément. Elle semble peinte tant le tissu l'épouse. L'effet est saisissant, je me croirais nue. Marie continue son ouvrage et mes abdominaux ainsi que mon nombril apparaissent. Elle me murmure qu'ainsi ma chérie et elle ne sont plus les seules à connaître ma beauté. J'en rougie mais la remercie.
Elle me retourne et s'empare de ma bouche. Son baisé est comme le reste, dominateur. J'en suis pantelante. Ses mains dessinent et affolent mes fesses pour finir sur mon mont de venus et enfin m'amener à la jouissance. Elle me soutient. Je reprends pied et choquée de ma réaction, je ne sais quoi dire.

Marie:-" Vous resterez ma déesse inaccessible, un fantasme que je n'oublierais pas. Votre amie au regard qu'elle vous porte, sait très bien la chance qu'elle a de vous avoir. Vivez heureuse."

Elle s'écarte et ramasse les autres vêtements.
Je me retrouve devant miroirs. Je suis tout simplement obscène. En plus de ma poitrine qui s'affiche crânement, le tissu de ma robe moule mon bassin en révélant les détails de mon intimité et en séparant mes fessiers. Le choc me redonne la parole.

Moi:" Marie, aidez-moi s'il vous plaît, je ne peux être vue ainsi."

Elle se retourne et à l'élégance de me faire un petit sourire désolé.

Marie:-" Il vous suffit de l'enlever pour qu'elle oublie."

Ce que je fais immédiatement. Elle me prend la robe et me tend un mouchoir en regardant mes cuisses et mon bas ventre. Je m’essuie rouge de honte.
J'enfile ensuite mon pantalon, mon soutient gorge et mon petit haute trop court, en n'oubliant pas de mettre ma culotte dans ma poche. Je me retourne et vois Marie perdu dans ses pensées, plus du tout aussi souriante. Je comprends qu'elle n'est pas si forte et détachée que ça, qu'elle se retient simplement d'avoir des sentiments. Cela me touche.
Je décide d'être enfin courageuse et d'assumer. Je m’approche d'elle, lui prend délicatement son visage entre mes mains et lui donne un baisé tout tendre puis la remercie de s'être si bien occupé de moi. Son visage s'illumine.
Elle me tend un grand sac en plastique, je regarde à l'intérieur et y trouve ma robe mais sous emballage plastique, mes chaussures dans leur boite et une pochette blanche très jolie et suffisamment grande pour y mettre mon arme. Je fronce les sourcils d'incompréhension, ce que je viens d'essayer se trouve ou par terre ou sur le portant et je n'ai jamais vu ce sac.

Marie:-" Depuis le début je savais que c'était cette robe qui vous irait le mieux. Alors j'ai pris les accessoires les plus adaptés. Et étant de nature optimiste, j'ai aussi pris deux tenues au cas où la première ne serait plus mettable. Pour la mouler sur vous, il vous suffira de lisser doucement le tissu avec la main après l'avoir réchauffé avec un sèche-cheveux à la plus basse des températures. Ainsi vous n’entraînerez pas et donc ne fixerez pas des réactions de votre corps trop gênantes."
Après un dernier bisou sur la joue, je la laisse sans me retourner.

Une fois seule, la culpabilité m'assaille et pour rajouter à mon malaise, je sais que j'aurais à vivre avec ce poids sur la conscience le reste de ma vie.
Je me sens sale et poisseuse.
Je repère les toilettes et m'y rend. J'ai de la chance, elles sont gratuite et je peux y aller en n'ayant pas payé mes affaires.
Elles sont désertes alors j'en profite pour me nettoyer tout le haut du corps. Je finis juste quand mon portable sonne. C'est Cécile.
Je panique.
Comment faire pour lui parler?
Dois-je lui dire, la blesser et risquer de la perdre?
Sans avoir décidée, je décroche. Le son de sa seule voix me fait vibrer et emplit mon cœur d'amour. Je sais alors que je vais être vile et lâche. Je vais me taire à jamais préférant souffrir de la culpabilité de ce que je viens de faire et du mensonge par omission que je vais perpétrer plutôt que de risquer de ne plus être avec elle.
Elle me demande si j'ai finis parce qu'ils ont trouvé sa tenue et celle d'Angélique et qu'ils doivent aller dans un autre bâtiment pour acheter le maquillage et le reste. Je lui dis que je la rejoins tout de suite à la caisse de l'étage.

La seule chose positive de ce triste événement, c'est qu'avant mon cœur était certain et mon esprit ne s'était pas posé de question. Maintenant, j'ai décidé, les deux sont à l'unisson sans aucun doute possible, Cécile est la femme de ma vie.




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:55

XVII






Je les retrouve et nous finissons les courses. Cécile me chuchote à mon arrivée qu'elle est impatiente de me voir dans ma tenue. Je ne peux lui répondre que d'un sourire.

Nous sommes chargés comme des mulets en sortant du dernier magasin mais je prends cinq minutes pour acheter des revues. Je veux parfaire les connaissances sur la mode que les vendeuses du rayon maquillage m'ont donné. Il n'est pas question de faire la moindre erreur tout à l'heure. Ensuite, nous allons dans le parking où se trouve la voiture que les garçons ont dû emprunter.

Au départ, nous avions l'intention dans louer une mais, en sortant de leur appartement, mes frères, croisèrent tonton Fred. Ils apprirent qu'il faut, pour cela, une carte d’identité et un permis de conduire. Bien sûr, immédiatement, il se proposa de le faire pour nous, mais ils durent décliner. Il a été arrêté en même temps qu'Angélique, il est forcément sous surveillance. De ce faite en montant dans la voiture qu’il aura loué, nous le serions, nous aussi. C’est inenvisageable..

Je m’aperçois que je ne t’ai pas expliqué pourquoi notre anonymat est si important. Pour le président et ses proches collaborateurs ce sont les dossiers en notre possession qui les font collaborer. Il y a aussi l’envie de rentrer chez eux comme pour les autres soldats. Mais mourir d’une balle entre les deux yeux est quand même plus stimulant et c’est ce qu’il leur arrivera si nous divulguons ce que nous savons.
C’est pour inspirer cette même peur que nous avons envoyé à chaque homme une munition avec son nom. S’ils savaient que nous n’étions que quatre et simplement âgés d’une vingtaine d’année, ils seraient persuadés pouvoir nous éliminer facilement pour continuer à rester ici. Ils se focaliseraient sur notre recherche plutôt que de nous aider à rétablir la démocratie. En restant une menace invisible, telle une épée de Damoclès au-dessus de leurs têtes, nous leur ôtons la possibilité de se retourner contre nous et augmentons leur crainte.

Pour en revenir à mes frères, ils ont donc dû improviser. Le plus dur fut de descendre tout l’équipement, armes, oreillettes, gilets par balle… en restant discret.

Pierre et Paul ne monte pas avec nous. Pour gagner du temps, ils vont voir le centre d'imagerie médical évoqué par Cécile, rue de la Pépinière pendant que nous rentrons ranger les produits frais. En un voyage, tout est monté. Jacques nous fait une démonstration de sa force en s’occupant des trois quart des sacs, nous laissant les miettes. Les deux garçons sont de retour très vite. Le lieu ne peut convenir comme quartier général. La rue est passante, rendant anonyme nos allés et venues, ce qui est bien, mais il y a beaucoup de commerce autour qui forcement s'interrogeront sur un lieu qui reste fermé tout en ayant autant de monde qui y passe.

Nous préparons ensuite le matériel.
Paul, en voyant ce que je prenais comme sac à main tout à l'heure, a trouvé l'idée excellente et a fait acheter quatre valises en métal toutes différentes. Dans celle de ma chérie, qui est à roulette, se trouve tout le nécessaire au déguisement d'Angélique. Dans celle de chacun de mes frères, ils ont mis un revolver, un fusil automatique et leur gilet pare-balle. Moi, dans ma pochette j’ai mon arme de poing caché par un miroir et une palette de maquillage.
Mais avant, je vérifie chaque arme, chaque chargeur même les gilets pare-balle. Je donne à ma douce un portable sécurisé comme les nôtres.

Enfin, le plan est expliqué en détail. Quand tout est clair pour tout le monde, mes frères nous laissent nous préparer.
Ils vont d'abord visiter un autre centre de radiographie, avant d'aller en voiture à l'hôpital. Ainsi, ils repéreront les lieux et les hommes, éventuellement, placés par le tortionnaire d'Angie pour la retrouver.

Je me mets à paniquer quand la porte se referme sur mes frères que j'ai raccompagnés. Je suis seule avec ma douce, comment affronter le regard de mon amour?
La question ne se pose même pas.
En retournant au salon où je l'ai laissé, je la retrouve pencher sur la feuille où elle nous a dessinés le plan du hall d'entrée de l'hôpital.
Je pense, dans un premier temps, qu'elle est vraiment consciencieuse mais quand elle lève la tête et que je croise son regard, j'y vois de la peur.
Mes préoccupations égoïstes disparaissent instantanément. Je la rejoins rapidement et l'enlace.

Moi:-"Ça va aller mon Amour. Nous avons pris toutes les précautions."

Elle reste toujours muette.

Moi:-" Cécile, cette opération est vraiment moins dangereuse et mieux préparé que celle que tu as faite quand tu as libéré Albert. En plus, jamais je ne laisserais quoique ce soit t'arriver."

Cécile, les larmes aux yeux:-"Mais c'est justement ça le problème. Je sais que je suis le maillon faible de l'équipe, ce qui est d'ailleurs une première. J'ai parfaitement conscience que si je fais une erreur, tu n'hésiteras pas à te sacrifier pour moi. Cela m'est intolérable. C'est pour ça que je suis morte de peur. Aujourd'hui, je risque de perdre, et surement par ma faute, quelque chose auquel je tiens plus que tout, toi. Pour la même raison, ma mort n'est plus du tout une éventualité anodine."

Je suis transpercée par ses paroles d'amour inconditionnel pour moi qui en suis si peu digne. Mon cœur manque de s’arrêter tant j'ai mal.
Mais qu'importe, j'en suis responsable et ma culpabilité est le prix à payer pour ce que j'ai fait. Je dois assumer, arrêter de me morfondre et seulement me focalise sur l'essentielle, elle.
Je prends alors son visage entre mes mains pour que nos yeux entrent en contact.

Moi:-" Tu n'es pas le maillon faible, tu es la pierre angulaire du plan de Paul. Sans toi, Angélique, traumatisée par sa semaine de torture, n'acceptera jamais de suivre quatre parfaits inconnus et encore moins si nous sommes habillés en policiers. Il faudrait surement la sédater et je ne suis pas certaine qu'après son opération de la veille cela soit indiqué."

Cécile:-" Oui, c'est sûre et je te remercie d'ainsi surestimer mon utilité. Mais je sais très bien que c'est parce que tu m'aimes. C'est évident que tu n'es pas objective. Tu ne m'enlèveras pas de la tête que je suis un danger pour toi."

Je sais que je ne pourrais jamais lui enlever ses idées de sa tête. C'est un génie et elle est têtue. Je me souviens alors de sa façon de régler l'interrogatoire de mon frère.

Moi:-" Amour, Pourquoi avons-nous choisi un tel plan?"

Cécile:-" Pour que le psychopathe, s'il cherche angélique, continue à croire qu'elle est dans un établissement de soin et la laisse tranquille."

Moi:-" Qui crois-tu qu’il faille protéger, une jeune fille traumatisée par une semaine de viol et de torture ou nous qui avons passé plus de deux siècles à côtoyer le danger?

Elle ne me répond pas, incapable de choisir entre son amie ou son âme sœur.

Ne pouvant plus attendre, je joue sèchement carte sur table.

Moi, un peu dure :-« Amour, il faut que tu me le dises tout de suite si tu ne te sens pas prête. Le temps est compté surtout si tu ne viens pas."

Je vois que cela à marcher à son visage plus volontaire mais aussi choquée.

Cécile :-« Je viens avec vous. »

Ne supportant pas ce que je viens de faire, j'essaie d'en atténué ma dureté.

Moi, sourire en coin:-"Cela me rassure. Pendant un temps j’ai cru devoir expérimenter la nouvelle mode de la fessé déculottée sur vous, jeune demoiselle indisciplinée. J'ai vu ça à la une d'une revue tout à l'heure."


Elle comprend que cela m’a couté de lui parler ainsi. Mais joueuse, elle décide d’avoir le dernier mot.

Cécile:-" Tu sais Caroline, j'ai essayé bien pire."

J'en suis choquée et en reste bouche bée.
Fière d'elle, elle récupère les produits dont elle a besoin et part se doucher en me laissant au milieu de son salon.

Je mets longtemps pour sortir de l'étonnement, de la jalousie totalement déplacée et de l'interrogation sur ce qui pourrait être pire que la fessé dans le cadre d'une relation, semble-t-il, consentie.
J'ai de très bonne notion sur les différentes techniques de tortures. Mais j'ai vraiment du mal à les imaginer dans le cadre de jeux sexuelle. Il me semble incompréhensible d'aimer faire mal à la personne qu'on aime ou d'apprécier souffrir pour son plaisir.
De toute façon, je n'ai pas le temps de me pencher sur la question, moi aussi je dois me préparer.
Mais avant, je compulse les revues que j'ai acheté.
Je ne trouve rien de nouveau ou de contradictoire par rapport à ce que les conseillères en maquillage m'ont dit. Par contre, les pages sexos et celle du courrier du cœur, me renseignent sur les pratiques à la mode et sur ce qu'insinua ma douce tout à l'heure. Honnêtement, je ne me sens pas prête à expérimenter tout ça. Mais, c'est vrai aussi que dans ce domaine, je n'ai que trois jours d'expériences.
De toute façon, ce n'est pas d'actualité. Alors, je fonce dans la salle de bain des invités.
Je commence en me m'épilant intégralement le corps, ensuite je me douche et enfin je me passe une crème multifonction. C'est un vrai couteau suisse. Elle hydrate la peau, la rend toute douce, fait office de fond de teint et de protection solaire. En plus elle ne tache pas les vêtements.
J'enfile ma robe blanche après m'être séchée. Je ne la lisse que sur mes seins et mes abdominaux pour les révéler comme si j'étais nue et je laisse au bas sa forme qui est déjà bien assez moulante. Je trouve qu'ainsi, je suis bien assez sexy. Je continue par le maquillage tout en nuance de blanc et la pose d'un brillant au coin de l'œil. J'enchaine en me faisant un chignon haut et en mettant mes bijoux fantaisie. Je finis, enfin, en me posant des faux ongles déjà vernis de blanc pailleté. Ils sont longs d'au moins deux centimètres. Cela m'inquiète pour le cas où je dois utiliser mon arme. Mais de toute façon, je n'ai pas le temps de les couper, je viens déjà de passer une heure à faire tout ça et il va être tant d'y aller.
Je n'en reviens pas d'avoir mis si longtemps, cela me rappelle les premières fois où j'ai voulu jouer les grandes en accompagnant maman à une fête.
Je retourne au salon pour mettre mes chaussures et y retrouve Cécile. C'est maintenant un petit gavroche à peine adulte, brun au teint hâlé avec une casquette et un pantacourt gris, une chemise blanche, des bretelles et des godillots au pied. Elle a bandé sa poitrine, je ne suis pas certaine que c'était utile mais plutôt mourir que de le lui dire.

Elle me dévore des yeux.
Moi, je suis surprise pas sa transformation, j'ai vraiment du mal à la reconnaitre. C'est le but, bien sûr, mais cela me perturbe.
Je me force à venir l'embrasser pour qu'elle ne se sente pas rejeté dans ce moment plutôt anxiogène. Je ferme même les yeux. Mais dès le contact de ses lèvres sur les miennes toute ma réticence s'envole. Je la retrouve complètement et plus rien n'existe qu'elle.
C'est juste merveilleux.
Ça l'est d'ailleurs tellement que si mon téléphone n'avait pas sonné, nous aurions totalement oublié la mission.
Je décroche en mettant de l'ordre dans ma tenue et en vérifiant mon maquillage sur un miroir du salon. C'est Pierre qui m'annonce qu'ils ont trouvé notre quartier général. Le centre de radiographie du boulevard Malesherbes se trouve en réalité dans un passage anciennement aménagé en galerie marchande où maintenant presque tous les commerces sont fermés. Il a pris rendez-vous vers 18 heures pour signer le bail de location. Ils ont bien sûr déjà visité les lieux de façon illégale pour s'assurer de la présence d'une enceinte spéciale pour IRM. Ensuite, il me dit qu'ils sont en place à l'hôpital pour leur surveillance. Ils n'attendent plus que nous. Il m’enverra la photo des types dès qu'ils les ont repérés. Je lui dis que nous partons et que je le préviendrais par oreillette de notre arrivée. Après avoir tout raconté à Cécile, nous y allons sans oublier sa valise, ma pochette, ni de l'argent pour les tickets de métro.

Nous montons dans l’ascenseur, silencieuses et pensives. Nous sommes toutes les deux, je pense, pareillement préoccupées par notre rôle dans la mission. Pourtant, elle n’a lieu que dans trente petites minutes. Je décide de parler d’autre chose pour que ma douce ne panique pas à nouveau à force de ressasser.

Moi :-« C’est incroyable ta transformation. Cela m’a fait un tel choc que j’ai eu du mal à t’embrasser tout à l’heure. Je crois que si tes lèvres n’avaient pas gardé le pouvoir de m’emporter, je n’aurais pu prolonger le baisé bien longtemps. »

Cécile :-« C’est marrant parce que moi c’est complètement le contraire. Ta nouvelle tenue a un effet aphrodisiaque difficilement contrôlable, même maintenant où ce n’est pas du tout approprié. »

Moi, sûrement toute rouge :-« Je saurais m’en souvenir en temps utile. En tout cas, c’est hallucinant qu’en moins d’une heure tu puisses changer ainsi de couleur de cheveux et de peau."

Cécile :-« J’attends avec impatience ce moment alors. C’est rapide parce que ce n’est fait que pour durer le temps d’une soirée. A ma prochaine douche tout partira. »

Je ne peux retenir un ouf de soulagement qu’évidement elle a vue et qui lui déclenche un sourire.

Cécile, coquine :-« Mais il serait plus prudent que tu m’accompagnes pour t’assurer que je n'oublie pas un endroit. J'ai parfois un peu de mal à me laver le dos. »

Moi, ultra sérieuse, lui posant la main sur l'épaule:-« Je suis fière de toi Cécile. Il faut une grande force de caractère pour accepter aussi bien les méfaits de l'âge. J'accepte donc de t'aider. »

Elle est bouche bée. C’est ma première victoire lors de nos joutes verbales. Alors, après lui avoir fait un grand sourire, je fais ma danse de la victoire devant elle. Elle se met à faussement bouder, les bras croisés, la moue aux lèvres et dodelinant de la tête en marmonnant dans sa barbe. Je la retrouve et la reconnaît enfin. Elle est comme à son réveil sur l’île de Pâque et je craque. Je l’enlace et l’embrasse.
Ces mains se sont juste posées sur mes fesses qu’elle stoppe tout et s’éloigne d moi.
Elle se retourne d’un coup face à la paroi de l’ascenseur. Je reste coi d’étonnement. Elle se met en apnée pendant bien cinq secondes puis relâche tout doucement son air. Je vais pour lui demander ce qu’il ne va pas quand elle prend la parole.

Cécile :-« Amour, s’il te plaît ne fait pas ça. J’ai déjà beaucoup de mal à me contrôler pour ne pas te faire l’amour à chaque fois que je te regarde. Alors, si je t’ai tout contre moi, c’est une torture sans nom de devoir résister. »

Moi :- » Je suis désolée Cécile. Mais lorsque tu as fait ton visage boudeur, j’ai enfin retrouvé celle que j’aime alors j’ai craqué. »

Muette, nous nous regardons, les yeux brillant d’amour et de désir, n’osant aucun geste de peur de succomber à notre passion. C’est le petit gling de l’ascenseur indiquant que nous somme arrivée qui nous sort de notre contemplation.
Je suis furieuse contre moi-même, je voulais utiliser le temps de cette descente pour aborder plusieurs sujets. J’empêche Cécile de sortie de son immeuble pour le faire maintenant dans le hall. Ce n’est pas discret mais ce mieux que dehors.

Moi :-« Amour avant d’y aller, j’ai deux, trois trucs à voir avec toi. »

Elle pose sa valise et me regarde.

Moi:-" Tu ne dois pas oublier que tu es un garçon. Tu dois absolument éviter de rouler de tes jolies fesses en marchant. Quand tu parles, essaies d’avoir une voix de gorge pour qu'elle soit plus grave. D’autre part, quand tu seras à Bichât ne cherche pas mes frères cela paraîtra bizarre."

Cécile, s'entraînant à avoir une voix grave:-" Comme ça?"

Moi:-" Oui, c’est pas mal mais contente toi de monosyllabes, c'est plus sûr. Ah, j'oubliais, là-bas évite aussi de te retourner sur des garçons, cela serait suspecte. D'ailleurs si tu peux éviter de regarder qui que ce soit cela m'arrangerai."

Cécile, amusée:-" Ah oui et pourquoi?"

Moi:-" Tu le sais bien. «

Cécile :-« Oui, mais j’aimerais te l’entendre dire. »

Moi :-« Parce que je crois que j’en serais jalouse. »

Cécile, tout sourire :-« J’adore cette idée, mais je me retiendrais pour le bien de la mission. »

Moi :-« Dernières questions, y'a-t-il un proctologue dans ton hôpital et à quel étage?"

Cécile, intriguée:-" Il y a le docteur Bartok, son service est au 11ème étage. Mais pourquoi?"

Moi:-" C'est pour ma couverture de tout à l'heure? »

Cécile :-« Ok »

Moi :-« Allons-y! Nous allons être en retard. Souviens-toi que passé la porte, nous ne nous connaissons plus sauf en cas de nécessité."

Elle hoche la tête. Je la stoppe pour un dernier baisé.

Moi :-« Dans moins une heure tout devrait être finis. »

A peine sortie, je reçois un SMS de Pierre.

Paul :-« Deux types surveillent les entrées et sorties, voici leur visage. Ils sont peu discrets et comparent, à priori, chaque personne à des photos, surement celle du groupe de mamé. En plus, ils ont deux gros calibres et sont nerveux. Jacques l’a testé en faisant tomber un présentoir de prospectus. Ils ont quasiment dégainé avant de savoir ce qu’ils se passaient. »

Moi :-« Ils sont sérieux ou regardent les filles ? »

Pierre :-« Regardent les filles. »

Moi-« Ok merci. »

Cette conversation par texto me donne une idée pour rendre le voyage plus agréable et éviter que Cécile rumine ses peurs.

Moi à Cécile :-« Coucou, j’avais raison tu as un beau petit derrière. »

Je la vois, devant moi, étonnée d’entendre le portable vibrer dans sa poche. Elle le sort, lit le message et se retourne en me faisant les gros yeux. Mon sourire s’efface instantanément et je fronce les sourcils, mécontente. Elle comprend son erreur et reprend immédiatement sa route vers le métro. En même temps, elle pianote d’une main sur son téléphone. Je reçois un message.

Cécile à Caroline :-« Désolée je ne le referais plus et merci. »

Le reste du voyage est sans incident. Nous nous sommes mises pouvons l’une en face de l’autre dans le wagon. Nous avons échangé au moins une cinquantaine de SMS, ce qui a rendu le trajet très court.
A vingt mètres de l’entrée de l’hôpital, je mets mon oreillette et lui envoie un dernier texte. Je lui dis que je l’aime et que nous nous retrouvons dans la chambre d’Angélique.

Au moment où je vais signaler ma présence à mes frères, je repère un des hommes affecté à la surveillance, en train de fumer. Il scrute Cécile qui est devant moi. Visiblement il se dit l’avoir déjà vu quelques part, puisqu’il fronce les sourcils en sortant de sa poche arrière les fameuses photos.
Pour éviter tout risque qu’il comprenne, j’entre en scène.

Moi par l’oreillette :-« Que le spectacle commence ! »

Je prends mon téléphone portable, presse le pas, dépasse ma belle puis je m’arrange pour rester entre eux deux. Le type a oublié ma douce. Il est, comme tous ceux que j’ai croisés depuis que je suis sortie de l’immeuble de Cécile, complètement hypnotisé. J’enfonce alors le clou pour lui faire définitivement oublier ma douce. Je décris une hypothétique soirée orgiaque qui me serait arrivée la veille. Je donne moult détails et parle suffisamment fort pour que tout le monde entende. Je finis au milieu du hall en disant que je suis là pour voir un proctologue.
Un bref regard me montre que tout le monde a bien entendu ma conversation. Cécile est déjà devant l’ascenseur. Elle est rouge et incapable de détacher ses yeux de moi comme tous les autres présent ici. Je m'avance vers elle.

Moi, la voix le plus séduisante possible:- « Pourriez vérifie appeler l'ascenseur s'il vous plait ? »

Elle le fait sans décrocher un mot et se retourne pour attendre. Paul arrive alors, Jacques continue la surveillance. La porte s'ouvre, nous y pénétrons tous les trois. Heureusement nous sommes seuls.

Cécile:-" Bah dis donc, tu n'y as pas été avec le dos de la cuillère là."

Moi, un peu gênée:-" J'ai surtout fait en sorte que le type que tu as croisé en arrivant t'oublie. Il est affecté à la surveillance de l’hôpital et quand il t'a vue son visage refléta la perplexité. Je ne voulais pas qu'il te reconnaisse. »

Cécile:-« Merci, je pense qu'avec ta prestation, personne ne m’a remarqué. »

Paul:-« C’est sûr. En tout cas, si ta tenue fait partie de ton rôle, tes propos exubérants et limites obscènes sont une première. Cécile, elle n’aurait jamais agi aussi aux antipodes d’elle pour qui que ce soit d’autre. »
Cécile, après m’avoir embrassée : -« Je sais. »

Moi, pour changer de sujet:- « Où est Pierre ? »

Cécile, étonnée:- « Tu as repéré son absence en un regard. »

Moi, haussant les épaules:- « C'est mon boulot. »

Paul:- « Il est allé prévenir madame Souïte pour qu'elle commence à préparer Angélique psychologiquement à notre venu, dès que tu as prévenu de ton entrée en scène. »

Nous arrivons au deuxième étage à ce moment-là. La porte s'ouvre, notre aîné nous attend adossé au mur d’en face. Il fait semblant de jouer à un jeu sur son portable. Nous sortons de la cabine, d'autres personnes rentrent. Une fois seuls dans le couloir, Paul le remplace à la surveillance de l’accès au service où nous allons. Ce changement permet de ne pas éveiller l'attention. Pierre, lui, nous accompagne pour nous introduire au prêt de la cadre infirmier. A la chambre 220, il s’arrête et toque. Une dame brune, d'une quarantaine d'année, entrouvre la porte et passe la tête. En apercevant mon frère elle referme, prévient Angie qu'elle revient avec les personnes qui doivent la faire sortir et nous rejoint dans le couloir désert.

Pierre:- « Madame Souïte voici les deux personnes qui vont nous aider. Voici Nabilla qui est maquilleuse et va grimer Angélique pour qu'elle soit méconnaissable. »

Ça c'est moi. Je sers la main qu'elle me tend en donnant un coup de coude discret à mon frère. Il a osé m'appeler comme la bimbo de notre temps. Il continue l'air de rien en présentant Cécile

Pierre:- « Voici monsieur Lacan, ne vous fier pas à son jeune âge, il est comme son arrière-grand-père, un génie. C'est lui le psy spécialisé dans les troubles post-traumatique dont je vous ai parlé. »

Elles se serrent la main. L'infirmière semble perturbée. Elle se dit sûrement l'avoir déjà vue. Pour éviter qu'elle la reconnaisse, Cécile intervient en vrai professionnel de santé.

Cécile:- « Comment va-t-elle ? »

L'infirmerie chef reprend son rôle et nous fais un compte rendu exhaustif de l’intervention, de l’hospitalisation et des soins devant être pratiqué dans le future. Elle termine en précisant que les ordonnances seront dans le dossier quel nous donnera.

Madame souïte :-« Il est impératif que vous le preniez et surtout qu’Angélique ne le perde pas car il n'y a pas de trace d'elle ici.
Ce qui m'inquiète le plus, c'est sa santé mentale.
Depuis qu'elle s'est réveillée ce matin et qu'elle n'a vu personne à son chevet, elle n'arrête pas de dire que c'est parce que sa famille et ses amis ont honte de ce qu'elle a fait. Elle n'a jamais entendu mes explications sur l'obligation de la garder au secret pour sa survie. Elle est persuadée être punie pour avoir été une mauvaise femme."

Je suis choquée et horrifiée. Je me tourne vers ma douce qui ne bronche pas.

Cécile:-" C'est hélas une réaction courante des victimes de maltraitance. Je pense qu'il faut que je la vois seule dans un premier temps."

Madame Souïte:-" Vous savez, elle a été quasi hystérique quand un de nos collègues masculins a tenté de rentrer dans sa chambre."

Cécile:-" Je n'insisterai pas plus que nécessaire. »
Madame Souïte accepte alors et entre avec ma chérie. Nous l’entendons la présenter à Angélique qui semble plus que rétive. Ma douce réussie à se retrouver seule avec elle en faisant sortir la surveillante. Nous la récupérons dans le couloir, tout étonnée d'avoir été sortie poliment mais ferment par un gamin à peine adulte sans avoir pu protester.
Pierre la rassure en lui disant que rien n'arrivera à Angélique et l'incite à retourner à sa réunion de service pour ne pas éveiller les soupçons de ses collègues. Il lui assure venir la chercher si nous avons besoin d'elle. Nous nous retrouvons alors que tous les deux.

Pierre:- « Comment tu connais toutes ses pratiques sexuelles que tu as évoqué tout à l’heure, toi qui n'avait embrassé personne il y a encore trois jours ?
Ce n'est quand même pas Cécile qui t'a appris tout ça en si peu de temps ? »

Moi, bras croisé, faussement en colère:- « Tu me prends pour une oie blanche ? »

Pierre:- « Je te rappelle que j'ai toujours été ton confident, donc pour ça, oui ! »

Moi, souriante:- « J'ai découvert ces pratiques dans les magazines que j'ai acheté tout à l'heure. »

Pierre:- « Cela me rassure »

Nous arrêtons là notre discussion pour écouter celle se déroulant dans la chambre.
Ce que je te raconte maintenant est ce que j'ai entendu à travers la porte.

Cécile, avec sa propre voix:-" Angie, je suis Cécile. Je me suis déguisée en garçon pour venir te chercher sans risque."

Angie, la voix tremblante:-" C'est pas possible, Cécile ne viendra plus me voir, je suis mauvaise."

Mon amour marque un temps d'arrêt. Moi je suis choquée et les larmes aux yeux. Je l'entends ensuite se déplacer et s’asseoir sur le lit.

Cécile, la voix toute douce:-" Angie, tu sais bien ce que Cécile te dit tout le temps quand tu t'enflâmes à la moindre injustice qu'on te rapporte."

Les deux ensembles:-" Qui n'entend qu'un son, n'entend qu'une cloche."

Cécile:-" C'est pareil là. Il n'y a que toi qui dises que tu es mauvaise. La preuve je suis ici. »

Il n'y a aucune réponse d'Angie.

Cécile:-" Tu dis que tu es mauvaise et pourtant cinq personnes viennent aujourd'hui te chercher pour te ramener chez moi en toute sécurité. Parce qu'elle considère que ton bien être est une chose importante. En plus est-ce à une personne mauvaise que je montrerais le manuscrit originale de Roméo et Juliette?"

Un long silence s'en suit. J'en profite pour résumer ce qui vient d'être dit à mon frère. Il est aussi choqué que moi.

Angie, sanglotant:-" Cécile, j'ai eu mal, si mal qu'à chaque minute je voulais mourir."

Cécile:-" Tout est fini maintenant, nous rentrons. Mais avant nous devons te déguiser pour que tu passes inaperçu et j'ai besoin d'aide pour ça. Tu acceptes que d'autre personnes viennent ici?"

Angie:-" C'est d'accord."

Cécile, sans élevé la voix:-" Vous pouvez entrer."

Je préviens Pierre et nous poussons la porte.

Cécile:-" Angie, voici Caroline, elle a ravie mon cœur. Elle est là pour te déguiser. L’homme qui l’accompagne s’appelle Pierre, c’est l'un de ses frères."

A notre entrée, elle remonte le drap jusqu'à son menton. Elle semble tétanisée. Apres la présentation de ma douce, elle m'observe étonnée.

Cécile, riant devant sa perplexité: -" Je te rassure elle aussi est déguisée. En vrai, elle n'est pas du tout une bimbo."

Je lui souris.

Angie, inquiète: -"Mais avec tous mes pansements, je ne peux pas m'habiller comme ça. En plus, je n'ai vraiment pas son magnifique corps."

Je rougie et Cécile intervient.

Cécile:-" Dis donc n’essaies pas de draguer ma copine."

Son amie blanchie. Cécile le voit tout de suite. Elle la rassure immédiatement en lui disant qu'elle blague et qu'elle sait que ce n'était pas son intention.

Pierre:-" Je ne voudrais pas jouer les troubles fête mais il faudrait se hâter. Plus nous tardons à partir, plus nous risquerons de croiser du monde et d'être repérer."

Cécile:-" Tu te sens prête Angie?"

Angie:-" Pas vraiment mais il le faut bien."

Pierre:-" C'est très courageux. Je vous laisse donc. Caro, tu nous donne le top départ des que tout est prêt."

Moi:-" Ok."

Je récupère la valise de ma douce, la pose sur le lit et l'ouvre. J'explique ce que nous allons faire en lui montrant les différents éléments de son déguisement.

Moi:-" Angie, nous avons eu l'idée de te transformer en personne âgée. Donc, nous avons une perruque gris cendrée, une veste et une jupe pied de poule sur fond beige, des bas de contention type hôpital, des chaussures à petit talon, un chemisier blanc à froufrou avec son camé et enfin ce masque de François Mitterrand. Nous le maquillerons pour le rendre féminin, ajouterons ces boucles d'oreilles et ce foulard très vieille France pour cacher ses bords. Quand penses-tu?"

Angie, esquissant son premier sourire:-" C'est sûr que personne ne me reconnaîtra ainsi accoutrée."

C'est avec beaucoup de précautions que nous commençons par lui enlever sa chemise d'hôpital. Ensuite nous l'habillons. Cécile en profite pour lancer quelques plaisanteries qui ramènent petit à petit Angélique à un meilleur moral. Elle finit même avec un grand sourire avant que nous lui mettions le masque.
Là, elle a un instant de panique. Pour la calmer, ma belle rousse lui parle doucement. Elle lui rappelle leur bon moment, lui explique ce que nous avons fait avec le président et le travail qu'il reste. Cela marche. Je finis en la maquillant et en lui mettant les derniers accessoires.
Une fois cela fait, je préviens mes frères que nous avons terminés et qu'ils peuvent arriver avec le fauteuil roulant. Je suis regardée comme une folle par les deux filles. Je leur montre mon oreillette et elles comprennent. Je revérifie tout le costume d'Angie en attendant. Je suis sûre que tout est parfait quand Pierre et Paul entre dans la chambre. Ce dernier se présente. Ensuite, les deux garçons soulèvent Angie pour la déposer délicatement dans la chaise.

Paul:-" Alors Angélique, je t'explique ce qui va se passer. Pierre va à la voiture pour préparer notre départ. Jacques, notre petit frère, nous attends dehors et moi je descends dans le hall. Ainsi tout ton chemin est sécurisé. C'est madame Souïte qui te pousse, elle arrive. Cécile reste à côté de toi. Caroline s'occupe de créer la diversion pour détourner l'attention. Ton infirmière en a été avertie, elle sait quoi faire.
Essais d'avoir une voix et des gestes tremblotant si quelqu'un te parle. De toute façon, on va l'éviter le plus possible. Tu te sens prête à y aller? "

Elle hoche la tête, donnant ainsi le signal du départ. J'embrasse ma dulcinée avant que l'infirmière ne rentre. Quand elle le fait, elle marque un arrêt. Elle s’approche du lit étudiant attentivement chaque détails du déguisement

Madame Souïte, s’adressant à Angie:-" Angélique?"

Angélique, la voix tremblotante:-" Oui."

Madame Souïte:-" Je suis bluffée, je ne t'aurais jamais reconnu et même à un mètre on jurerait que tu es une vrai vieille dame. Bien sûr après une étude un peu poussée on reconnait le président Mitterrand mais pour ça je pense qu’il faut savoir au préalable que tu portes un masque tant tu es bien maquillée. »

Elle se redresse et se tourne vers nous.

Madame Souïte :-« Bravo, vous avez fait un vrai miracle de cinéma. »

Nous la remercions et tous sortent de la chambre. Je rejoins les femmes devant l'ascenseur après avoir vérifié ma tenue. Nous le prenons. A sa sortie, j'entre en scène pour jouer le deuxième acte, cette fois ci, c'est un vaudeville.

Je me place au milieu de mon auditoire. Je m’assure d’être bien remarquer par tous puis fait mon show. Je sors mon téléphone portable comme s'il venait de vibrer. Je regarde qui est mon correspondant imaginaire et réponds.

Moi, avec le même accent maniéré et guindé qu’à l’allé:-" Charles Édouard mon aimé, je suis ravie au-delà du dicible de t'avoir au téléphone."

Je me tais, simulant l'écoute de sa réponse, l'expression de mon visage se décomposant progressivement.

Moi, en colère:-" Tu me quittes après plus de deux ans ensemble, mais pourquoi, je t'aime et j'ai fait tout ce que tu as voulu ?"

Je me tais un temps en me dirige vers la sortie. Angie est pratiquement dehors, il ne faudrait pas que le type dehors s'intéresse à elle."

Moi:-" Comment ça c'est justement le problème?
Tu me trouves trop docile alors que je fais ces choses uniquement pour toi."

J'entre dans une colère noire. Cela me permet de justifier ma démarche rapide et mes arrêts pour capter l'attention.

Moi:-" Tu vas voir si je suis trop docile !
Avec les photos que tu as pris et que tu as eu le bon goût de m'envoyer pour m'humilier un peu plus, j'ai de quoi te faire arrêter pour maltraitance. Alors maintenant, c'est toi qui va obéir et m'attendre nu à genoux au milieu de ton salon. Tu vas subir mon courroux pour tout ce que tu m'as imposée. Et tu n'auras même pas l'excuse de l'amour pour te justifier à tes yeux, juste celle de ta couardise et de ta muflerie."

Je n'ai pas eu à grossir le trait pour attirer l'attention, je l'avais déjà. J'ai pu donc un peu réhabilité mon personnage. Je sais que c'est un peu sentimental et ridicule mais j'en avais besoin.

Une fois mon monologue fini, je vois que Jacques vient d'installer Angélique dans la voiture et monte à côté d'elle. Pierre démarre alors et sort du parking. Paul passe à côté de moi, sans me regarder et se dirige vers le métro. Madame Souïte revient avec le fauteuil roulant et m'ignore royalement, elle aussi.
Le type affecté à la surveillance ne s'intéresse pas à eux, je peux donc partir aussi. Je suis attendue au carrefour par mes frères.

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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:56


XVIII






Nous faisons un arrêt dans une pharmacie avant d'aller chez Cécile. Là se pose le problème de la monté de la convalescente. Mais il est rapidement réglé par mon petit frère qui la prend dans ses bras après lui avoir demandé si cela ne la dérange pas. Paul et Pierre se charge de monter tout le reste.
Elle émet le besoin de se reposer une fois à l'appartement. Il l'a déposé donc dans le lit de la chambre d'ami. Ma douce et moi la préparons pour sa petite sieste en la déshabillant et en lui passant la chemise achetée ce matin. Cécile lui installe le téléphone fixe sur sa table de chevet avec son numéro de portable en mémoire avant de partir.

L'attention avec laquelle Cécile s'occupe d'Angélique me touche. Sa douceur et sa délicatesse envers son amie, loin de me rendre jalouse, m'emplit de fierté et renforce mon amour. Sa bonté transparaît dans ses gestes, faisant oublier complètement leurs technicités. Je m’aperçois qu'elle n'est pas seulement la magnifique jeune femme qui a ravie mon cœur dès que j'ai posé les yeux sur elle ou le génie qui m'a tout de suite comprise, elle est surtout une personne fondamentalement bonne. Je me surprends, alors, à penser qu'elle serait une maman merveilleuse. Je suis si troublée par cette idée que c'est sa douce caresse sur ma joue qui me ramène à la réalité. Il est inconcevable que quelque chose transparaisse sur mon visage pour ne pas risquer de l’inquiéter ou de l’attrister, j’affiche alors un immense sourire pour contrer mon envie de pleurer devant l’impossibilité de vivre cela avec elle. En plus, je veux que chaque moment avec elle ne soit que bonheur, j’aurais bien le temps de sangloter une fois seule sur mon monde.

Cécile, chuchotant :-« On peut y aller. »

Moi, contrôlant ma voix pour qu’elle ne tremble pas, pour ne pas trahir mon émotion :-« ok. »

Nous sortons de la chambre et nous allons dans le salon où se trouvent mes frères. Cécile est accueillie par un concert de louange sur ses tableaux et ses sculptures. Paul lui propose que nous lui installions le meilleur système contre les voleurs et les incendies.

Cécile :-« C’est gentil et c’est aussi amusant parce que ta sœur m’a fait la même proposition hier. Je te répondrais, comme à elle, que cela ne doit pas se faire au détriment de chose importante. »

Paul:-" Nous le ferons avant de partir, alors."

Cécile:-" Merci."

Jacques:-" C'est normal."

Pierre, pour dissipé le malaise qui commence à s'installer :-« Dit Belle-sœur, comment fais-tu pour avoir un goût si sûr en matière d’œuvre d’art et si exécrable de le choix de ta petite amie ? »

J’entre dans son jeu et me chamaille avec lui, faisant bien rire les trois autres. Après quelques minutes, Cécile nous interrompt en proposant d'aller manger parce qu'avec l'exfiltration d'Angélique nous n'avons pas déjeuné.

Jacques, que l’idée ravie :-« C’est une super idée ça, je suis mort de faim. »

Nous nous retrouvons tous dans la cuisine à l'aider. Une fois à table, pendant le repas, Paul nous soumet un plan pour récupérer l’argent qui se trouve dans notre ancienne planque.

Paul :-« Le bâtiment n’ayant pas d’accès à l’arrière, je pense que Caroline peut se charger seule de la surveillance et de la protection extérieur en se positionnant sur l’immeuble d’en face avec son fusils. Pierre et moi nous allons grimper par la façade pour entrer par le toit, une fois que nous aurons tout vérifié, Jacques, tu ouvres la porte et entre la voiture. On prend une dizaine de billets de milles francs suisse et on part au rendez-vous avec l’agent immobilier. Je pense qu’avec le charme de Caroline, surtout habillée ainsi et le talent oratoire de Pierre, nous ne devrions pas avoir de problème pour qu’il accepte la monnaie étrangère et nous signer un bail commercial sans aucun papier. »

Cécile semble chagrinée après le petit discours de Paul. J’ai peur qu’elle s’interroge sur la provenance des billets et qu’elle pense que nous les avons volés à une banque ou un particulier. Je lui demande ce qu’il ne va pas.

Cécile :-« Je sais que je suis novice dans les activités clandestines mais ne serait-il pas plus simple, plus discret et moins aléatoire de faire cette location dans les règles. »

Moi :-« Évidement mon amour, mais nous n’avons pas de papier d’identité, de justificatif de domicile ou de compte en banque. »

Au moment où je vais parler du diplôme de radiologue, je comprends où elle veut en venir.

Moi :-« Tu suggères que ce soit toi qui loue le local en tant que radiologue ? »

Cécile :-« Oui. »

Les trois garçons d’une même voix :-« Tu es radiologue, mais tu nous a dit que tu étais docteur ? »

Cécile, souriant devant leur remarque :-« Un radiologue est un médecin. »

Moi, fière ;-« Cécile a un diplôme dans chaque spécialités médicales. »

Mes frères sont muets d’admiration. Cécile, elle, rougit.

Moi :-« Je pense que c’est une bonne idée mais nous te rembourserons du chèque d’aujourd’hui et c’est nous que payerons les loyers. Qu’en pensez-vous ? »

L’idée est acceptée.
Pendant le repas, nous discutons de la suite des opérations. C'est là que j'ai l'idée de pirater la préfecture pour nous faire fabriquer des cartes d'identité et des permis pendant qu'eux iront louer le local.
Une fois que nous avons fini, mes frères ramènent la voiture. Nous deux, nous restons pour normalement nous doucher et nous changer. Mais ma douce en a décidé autrement.
Elle s'arrange pour s'éclipser pendant que je fais la vaisselle. Quand j'entre dans la chambre, elle m'accueille de façon très sexy.
Elle est torse nue. Les bretelles, tenant son pantacourt, ne cachent que la pointe de ses seins. Elle a troqué ses godillots pour des escarpins aux talons aiguilles vertigineux. Sa casquette est toujours sur la tête mais elle a eu le temps de se mettre du gloss rose fluo sur les lèvres, de maquiller ses superbes yeux verts et de se parfumer, je perçois de douce fragrances de vanille.

Elle a merveilleusement féminisé sa tenue, surement parce que j’étais gênée par son travestissement en homme.
J’en suis émue, touché puis envahie par la culpabilité.
Elle se met en quatre pour me faire plaisir et moi je laisse une vendeuse profiter de moi.
Heureusement je sors rapidement de cet apitoiement sur moi-même grâce à son merveilleux sourire. Enfin sur le moment, j’ai plus eu l’impression d’un réveil musclé type coup de pied aux fesses qu’autre chose mais cela me permet de revenir sur Terre. Le retour à la lucidité me permet de comprendre que cette honte n’est qu’une expression de mon égocentrisme blessé. Je ne suis pas parfaite comme je rêverais l’être. Mon erreur de ce matin a été monumentale mais ma douce ne doit en aucun cas en être affectée. C’est à moi de vivre avec et de souffrir, pas à elle.
Je décide, donc de me focaliser sur elle, cela n’effacera rien mais je ferais tout pour qu’elle soit heureuse.

Je finis de l’admirer rouge et presque transpirante tant c’est l’embrasement à l’intérieur de moi. Je me fais l’effet d’une midinette.
Mais à bien y penser j’en suis encore une pour tout ce qui est des sentiments et de choses du sexe.

Elle augmente encore mon trouble en s’avançant vers moi d’une démarche féline et diablement sexy.
Une fois à ma hauteur elle se blotti dans mes bras et aventure ses deux mains sur tout mon corps en me susurrant à l’oreille d’une voix terriblement érotique.

Cécile:-" Depuis que je t'ai vu dans cette robe, je n'ai qu'une envie, c'est de te l'enlever et d'abuser de toi. Tu es magnifique et un appel irrésistible à la luxure. Tu n’imagines pas tout ce que j’aimerais te faire là maintenant. »

Moi, complètement subjuguée :-« Tu n’as qu’à me montrer. »

Elle ne me fait pas répétée deux fois et me déshabille immédiatement comme si sa vie en dépendait. Elle reste quelque secondes interdite devant mon absence de sous vêtement et de toison puis se reprend. C’est alors un feu d’artifice de volupté où la passion et la fougue remplace la douceur et la délicatesse.
Cécile semble vouloir évacuer tout son désir accumulé et moi, je laisse pour la première fois le torrent d’amour que je ressens pour elle s’exprimer. J’ai besoin qu’elle connaisse l’étendue de mes sentiments à son égard. Je ne peux pas te dire si mon message est bien passé mais ce qui est sûr c’est que mes capacités physiques supérieures à la normale lui ont donné quelques courbatures mal placé, nous obligeant à plus de mesure lors de nos ébats suivant.
L’inventivité de mon aimée nous permet d’être quasiment prête au retour de mes deux frères, sans jamais nous être arrêtées. Ainsi je n’ai qu’à enfiler une des robes qu’elle m’a offertes avant de leur ouvrir.
Cela me fait vraiment bizarre de ne pas porter de pantalon mais je dois m’y faire, ici cela ne se fait pas et je dois passer inaperçu.
Nous visitons la bibliothèque en attendant que Cécile rassemble les pièces nécessaires au dossier de location. Nous sommes tous les trois émerveillés devant les ouvrages et la beauté du lieu.

Paul résume ce que nous pensons :-« C’est superbe. Cécile a vraiment un goût sûr mais pour sécuriser aussi bien ses trésors qu’elle-même contre le vol et les incendies, cela va être plus que difficile. Il faut espérer que le génie de Jacques permettra de trouver la solution. »

Moi:-" Après avoir inventé un dépollueur, cela ne devrait pas lui poser de problème."

Ma douce arrive au moment où nous sortons de la pièce. Elle s'étonne de l'absence de Jacques, Pierre lui explique qu'il est resté travailler à son invention dans leur appartement. Après m’avoir expliqué tout ce que je devais savoir pour m’occuper d’Angélique. Ensuite, elle m’embrasse et accompagnée de mes frères au rendez-vous avec l’agent immobilier.

Avant de m’atteler à mon boulot, je prends quelques minutes pour manger un peu de raisin et boire d’un grand verre eau, les exercices physiques cela creusent.
Ensuite, je m’installe dans le bureau pour pirater la préfecture. Comme il est situé à côté de la chambre d'Angie, cela me permet de surveiller, à l’oreille, sa respiration. Je n’ai aucun souci pour nous faire fabriquer nos papiers d'identités et permis de conduire par l’imprimerie nationale. En vingt minutes tout est réglé, dans trois jours nous n’aurons qu’à entrer nuitamment dans la mairie de l’arrondissement pour les récupérer. J'audits ensuite le réseau gouvernemental pour voir son fonctionnement et toutes ses failles. Je navigue dans le site de La Défense nationale quand j'entends un non déchirant de terreur en provenance de la chambre d'à côté.
Je me précipite, ne prenant même pas le temps de toquer avant d'entrer. Angélique est tremblante, couverte de sueur et pleure en silence sur son lit. Je ne réfléchis pas une seconde et réagis comme papa quand je faisais des cauchemars petite. J'enlève mes chaussures, m'allonge à ses côtés et la prend délicatement dans mes bras pour lui faire un gros câlin. Je lui parle en lui caressant les cheveux. Je ne peux pas te rapporter mes propos parce que je ne m'en souviens plus et cela n'a pas d'importance, ce n'est pas ce qui l'a sortie de son mutisme.

Apres un moment sans réaction de sa part, elle se tourne vers moi comme si je l'avais giflé et me regarde avec de grands yeux étonnés, puis me parle enfin.

Angélique:-" Tu es le soldat qui est venu me sortir de l'enfer!"

Ma première réaction est d'être ennuyée. Je ne sais pas pourquoi mais cela m'embête qu'elle le sache. Ensuite J'espère que timide comme je suis, cela ne va pas être trop dur à vivre dans le même appartement qu'elle. Enfin, Je tente une esquive.

Moi:-" Qu'est ce qui te fait dire ça?"

Angélique:-" Ton parfum. Depuis que tu me tiens dans tes bras, je cherche pourquoi je me sens autant en sécurité et là Je viens de comprendre, tu as la même odeur que la personne qui m'a sauvée."

Ce matin, j'avais été heureuse et surprise quand Cécile m'a offert en cadeau une jolie fiole avec un ruban rouge. Elle a recréé mon parfum, inconnu ici, dans un stand au rayon parfumerie du grand magasin. En me la donnant, elle m'a murmurée à l'oreille que le mélange de frésia et de cassis qu'elle avait adoré sur l'île de Pâque lui avais manqué la nuit dernière. Evidemment j’en avais rougi ce qui la fit sourire.

Après une courte réflexion, je décide de lui dire la vérité. Elle a le droit de savoir ce que tous ses amis connaissent déjà. J'espère ainsi l'aider un peu pour son rétablissement. En plus, c’est une des façons les moins embarrassantes pour ma grande timidité pour qu'elle l'apprenne.

Moi:-" Oui, C'est bien moi. »

Angélique :-« Merci d’être venu me chercher. »

Je n’arrive qu’à lui serrer les épaules avec mes mains trop mal alaise.
Après un long silence, elle reprend.

Angélique :-« J’étais prête à tout pour que ce calvaire cesse. La nuit précédent ton sauvetage, j’ai listé tout ce que je pourrais lui faire pour le pousser à me tuer. »

Je suis choquée et terriblement en colère en imaginant les tortures qu’elle a dû subir pour en arriver là. Incapable du moindre mot, je ressers mon étreinte.

Angélique, avec je pense un sourire :-« L’idée qui m’a le plus plu c’est de lui couper le sexe avec les dents lorsqu’il utilisera ma bouche comme urinoir le lendemain matin. Ca ne s’est pas fait. »

Je mets quelques secondes pour digéré ses paroles et encore plus pour trouver quelque choses à lui dire. Mais au moment où je vais parler, je m’aperçois qu’elle s’est endormie. Je la garde encore un peu dans mes bras pour m’assurer qu’elle dort profondément puis doucement et délicatement je descends du lit et sort de la chambre. C’est là que je me rends compte que je pleurs.

Je me dirige vers la salle de bain de ma douce pour me passer de l’eau sur le visage. Je suis dans une colère noire. En plus, je ne peux même pas l'évacuer en me défoulant sur un sac de frappe ou sur Jacques. Il est le partenaire idéal pour ce genre de situation. Avec lui, je peux y aller de toutes mes forces, sans aucune retenu, lors de combat ou quasiment tous les coups sont permis. Il est si costaud que je m’épuise toujours avant de lui avoir fait le moindre bleu.
Il n'est pas non plus question de reprendre mon travail, je ne ferais rien de bon. Je n'ai vraiment pas la tête à ça.
Je me décide donc à m’épuiser en faisant des exercices physiques. N’ayant pas de poids sous la main, je cherche un peu comment faire pour que la séance soit suffisamment fatigante.
Ce sont mes vêtements du matin gisant dans un coin de la pièce qui me donne la solution. Je retire ma robe et passe mon gilet pare-balle pour à la fois rester descente, il couvre mes fesses et augmenter la difficulté. Je récupère l’ordinateur et me dirige vers la buanderie.
C’est la plus petite pièce de l’appartement mais elle fait tout de même près de dix mètres carré. Je dégage l’espace, trouve une musique entraînante sur le net, débranche la machine à laver et c’est partie pour une séance d’aérobic avec l’électroménager comme charge. La pauvre n’a jamais dû être secouée ainsi de toute son existence. Après une heure de mouvement à un rythme effréné, la frustration de ne pas pouvoir étrangler le tortionnaire et l’horreur face à ce qu’a vécu Angélique sont remplacées par la fatigue.
Je réinstalle l’électroménager et m’étire. Ensuite, je vais prendre une douche. Je jette un œil en passant à Angie qui dort toujours.
En sortant de ma douche je m’habille et me dirige vers la cuisine pour boire. Quand j’arrive dans l’entrée, Cécile pousse la porte de l’appartement. Je me précipite et la prend dans mes bras en faisant attention de ne pas la broyer, ce n'est pas un lave-linge.
Elle en est toute étonnée et tout émue. Je lui murmure à l'oreille que je l'aime, et l'embrasse passionnément. J'ai été toute retournée, en la voyant entrer. J'ai pris conscience que cela aurait pu être elle, la torturée. J'ai besoin de la sentir contre moi pour me rassurer.
Mes frères sont derrière elle et nous laisse tranquille deux minutes puis Paul toujours aussi impatient se manifeste. Je stoppe le baisé et enfoui sous des tonnes de mouchoirs cette peur qui n'a pas lieu d'être. Je repose ma douce et me tourne vers lui.

Nous devons partir, cette nuit, sur une autre Terre pour chercher de quoi sécuriser notre nouveau quartier général et l’aménager pour qu’il soit fonctionnel dès le lendemain. Après un début de dispute parce que ma douce est déçue de mon départ, elle comprend finalement que nous le devons. Si un des hommes du président ne veut pas que la situation change, sa meilleure façon d'agir est de faire pression en kidnappant tout le groupe de mamé après avoir suivi un des membres jusqu'au labo radio.
Jacques vient ici en ramenant la machine par le métro.
Cécile nous invite à diner avant notre nuit de travail. Angélique étant bien réveillée, nous dinons tous dans sa chambre. Elle semble ravie de tout ce monde autour d’elle. Mes frères font les andouilles pour la faire rire et Cécile lui relate entre deux blagues tout ce qui s’est passé pendant son hospitalisation. Au cours de ce repas, Paul et moi avons l’idée d’utiliser l’ordinateur portable pour que les deux demoiselles puissent participer à l’élaboration de programme scolaire avec leur camarade et communiquer avec eux grâce à la caméra qui se trouve en haut de l’écran. Cela donnera à la convalescente un moyen de penser à autre chose et à retrouver une vie normal sans trop se fatigué.
C’est ainsi que nous l’avons présenté mais il est clair que c’est surtout parce qu’il aurait été idiot de se priver de l’aide d’un génie tel que ma douce. Moi, j’ai aussi suggéré cela pour avoir la possibilité de la voir depuis mon ordinateur, une journée sans elle, me paraissant vraiment trop long. C’est aussi au cours de ce repas qu’est venue l’idée que je m’occupe de sécuriser le réseau internet gouvernemental. La facilité avec laquelle je l’ai piraté est inquiétante pour l’avenir.

Nous avons tous les quatre du mal à partir tant l’ambiance est agréable. Au cours de toutes nos précédentes aventures nous n’étions qu’entre nous et en mission, c’est vraiment plaisant ces moments d’insouciances entre amis. Après les embrassades d’en revoir, plus appui entre Cécile et moi, nous partons en emportant les quatre valises métallique contenant tout notre équipement de commando. J’emmène aussi le mien dans le nouveau quartier général ainsi que mon fusil, pour éviter qu’Angélique tombe dessus.
La nuit se passe sans aucun souci. Nous trouvons et installons tout en temps et en heures. La Terre où nous faisons nos courses ayant au moins dix ans d’avance sur celle de Cécile, je trouve du matériel informatique de très haut niveau qui me facilitera grandement la sécurisation du réseau gouvernemental et plusieurs vieux coucous largement suffisant pour des recherches internet qu’on me brade. Ensuite nous achetons du mobilier.
Au cours de nos pérégrinations, nous sommes tombés, sur un magasin vendant de la haute technologie en armement et protection individuel. Une fois notre étonnement passé face à des publicités sur la devanture ventant les performances destructrices de balles ou la beauté et le glamour de revolvers, nous ne résistons pas à la tentation de rentrer. Je sais c’est un peu malsain mais c’est comme une boutique de téléphone portable pour toi.
Notre premier achat est une combinaison intégrale, pour chacun. Elle protège de presque toutes les armes de poing, des explosions et des feux domestiques. Elle rend invisible aux infra-rouge tout en étant aéré et agréable à porter. C’est une vraie tenue de super héros sans le slip apparent et de couleur noir. Elle a en plus une cagoule intégrale pour protéger la tête et des gants.
Ensuite nous investissons dans de l’artillerie. Il y a plus de choix que de parfum chez un parfumeur. Nous en prenons deux armes chacun. Nous ne choisissons pas les mêmes ayant des habitudes différentes mais elles sont toutes puissantes, précises, silencieuses, discrètes et surtout indétectables par les portiques de sécurité ou les systèmes de surveillance. Nous prenons bien sûr une quantité importante de munitions de tous types, de nombreux chargeurs et les ceintures pour les transporter sur nous. Nous n’oublions pas huit holsters. Le tout est aussi non repérable. Nous sortons de là ruiné mais maintenant notre sécurité s’est grandement facilitée. Même Paul et Pierre lors des négociations à Bruxelles ou à New York pourrons être armés.
De retour dans le local, nous nous installons rapidement le mobilier et les ordinateurs ainsi que le système de surveillance. Après une dernière vérification, nous retournons petit déjeuner chez ma douce. Elle nous a invité hier soir. Sur le chemin, un fourgon identique à ceux de la police passe à côté. Il est tout bleu et un slogan est écrit sur l’arrière :-« Vous en avez assez des retards de train, les transports Debussy vous emmènent jusqu’à Paris ».
Le reste du trajet est occupé à déterminer la couleur et le slogan qu'aura le nôtre. Au final, ce sera bleu marine pour avoir moins de travail de peinture et « nous vous emmenons là où vous allez » pour l’accroche publicitaire. Avec lui nous pourrons l'utiliser et passer inaperçu avec plusieurs personnes à son bord.

A notre retour à l’appartement, nous sommes accueillis par une exquise odeur de pain frais, de croissant et de café. Cela réveille notre faim de la plus efficace des façons, nous nous retrouvons, presque sans y avoir pensé, à nous précipiter vers la cuisine. J’entends, alors, nettement le bruit de quelqu’un mettant la table. Persuadée qu'il s'agit de ma douce, je joue les collégiennes impatientes de rencontrer son idole et double mon grand frère. Arrivée à la porte, je la pousse sans retenue, prévoyant bien sûr de la rattraper, mais c’est madame de Falla et non mon aimée qui se trouve dans la pièce. Ma déception me fait oublier le battant qui heurte violemment le mur, ce qui fait sursauter et pâlir d’effroi la pauvre dame. Heureusement, Pierre, juste derrière moi, est témoin de la scène. Grâce à sa grande célérité, il récupère, avant qu'elles ne tombent, les viennoiseries que la femme allait déposer et tire une chaise juste derrière elle. Paul s’occupe de lui verser un verre d’eau, le lui met dans la main et l’assoit, avant même qu’elle ne se rende compte de quelque chose.
Moi, je suis atterrée. J’ai encore une fois provoqué un grand choc à cette personne. Certes, là le traumatisme est moins grand que lorsqu'elle s'est retrouver avec mon arme sous le nez, mais quand même, que va-t-elle penser de moi et surtout comment va réagir Cécile ?
Évidemment, il suffit que je pense à ça pour que l'élue de mon cœur déboule dans la pièce. Elle se dirige directement vers son amie qui reprend déjà doucement ses esprits. Après s’être assurée qu’elle va bien, elle se tourne vers moi, sourcils froncés m’interrogeant du regard. Je baisse la tête, je suis à nouveau la gamine de treize ans prise en faute et toute honteuse de la bêtise qu’elle vient de faire.
Jacques intervient immédiatement, il a dû voir mon malaise. Il me passe devant pour se placer face à Cécile et sa patiente. Je relève alors la tête, curieuse.

Jacques :-« Excusez-moi, madame, pour cette entrée pour le moins cavalière et bruyante dans votre cuisine. L’odeur du bon café que vous avez préparé est si alléchante que je n’ai pu me retenir de pousser tout le monde pour m’en abreuver le premier d’où le claquement intempestif qui vous a fait sursauté. »


Madame de Falla rosit légèrement du compliment. Mes deux autres frères prennent la relève.

Pierre:-" Je dois ajouter à la décharge de mon impulsif cadet, madame, que cela fait si longtemps que nous n'avons pas été accueilli par de si merveilleuses odeurs de petit déjeuner que nous n'avons pas su résisté. Nous avons été, comme Marcel Proust face à sa madeleine, projeté en enfance ce qui nous a fait perdre toute notion de bienséance. »

Paul:- « Pour finir de nous expliquer, je tiens à ajouter que c'est aussi notre proportion à la compétition qui nous a poussé à vouloir arriver le premier. Cela ne nous excuse en aucune façon mais explique l'entrée fracassante ici. »

Dieu, au lieu de faire les imbéciles, comme à leur habitude, ils s'excusent. Là, c'est une grosse claque dans mon égo, ils ont un comportement d'adulte et moi je continue à être la gamine boudeuse qui se referme comme une huître quand elle a fait une bêtise.
C'est totalement inadmissible et il faut que cela change. Je commence tout de suite.


Moi:-« Madame de Falla, je tiens moi aussi à vous demander pardon. Tout d'abord pour mon entrée fracassante d'aujourd'hui qui était dû, comme pour mes frères, à mon impatience à venir ici."

Je regarde Cécile en finissant ma phrase puis reprends.

Moi:-" Mais surtout pour vous avoir braqué, hier matin, un revolver sous votre nez. Je n'ai que l'excuse d'une trop grande paranoïa me faisant toujours envisager le pire, pour expliquer ce geste."

Je n'ai pas acquis en une seconde le lyrisme des garçons, j'ai donc fait simple et concis, comme d'habitude. Je n'ai pas l'angoisse de l'attente de la réaction de mon interlocutrice, elle prend tout de suite la parole.

Madame de Falla:-" Bien sûr que je vous excuse et je suis touchée par vos compliments implicites. En plus, j'ai bien sûr été surprise, mais mon cœur est encore suffisamment jeune pour y survivre."

Elle se tourne vers moi.

Madame de Falla:-" Mademoiselle, pour hier, j'ai eu très peur, je ne peux le nier et c'est sûrement pour ça qu'aujourd'hui, j'ai mis tant de temps pour m'en remettre. J'espère bien ne jamais revivre ça un jour. Mais Cécile m'a expliqué que vous ne saviez pas que je venais. Alors, lui ayant toujours rabâchée qu'elle est trop insouciante avec la sécurité, surtout avec cet appartement qui regorge d'œuvres d'art, je me vois mal vous reprocher de vous en charger. En plus, vous êtes la première personne que je croise ici, à une heure si matinale, j'ai donc bonne espoir que vous lui assurerez une protection pendant une longue période, ce qui me permettra d'être plus tranquille pour elle. Pour ses deux raisons, je vous pardonne avec joie. "

Ma douce et moi sommes rouges, Mes frères, eu par contre, ont un sourire jusqu'aux oreilles. Je sens qu'ils vont s'en donner à cœur joie.


Madame:-" Bon, ce n'est pas tout ça mais j'ai du retard dans mon ménage avec tous ses événements et votre petit déjeuner va refroidir."

Cécile:-" Vous ne voulez pas le prendre avec nous?"

Madame:-" Non, j'ai pris le mien avant de venir."

Cécile:-" Madame de Falla, ne faites pas la chambre d'ami, elle est occupée. C’est une personne qui s'y repose après une grosse intervention."

Madame:-" Je passerais donc l'aspirateur le plus tard possible."

Cécile :-" Merci"

Elle part, nous passons à table et il ne faut pas deux minutes à mes frères pour nous inonder de questions sur ce qui s'est passé hier. Bien sûr, moi je tiens bon, mais ma Dulcinée, cette traîtresse, le leur raconte. Les rires et les commentaires fusent. Mes bonnes résolutions étant toujours présentes, je me décide à participer et donne les détails de mon opération commando. Nous rions ainsi jusqu'au moment où Paul regard l'heure et nous ramène à la réalité, nous avons le groupe de mamé à emmener au cabinet de radiologie dans une heure et demi. Cécile nous apprend alors qu'elle ne peut venir ce matin. Elle doit rester avec Angélique et surtout organiser ses soins. Mes frères se chargent de ranger et m'envoie avec ma chérie me laver. Nous nous retrouvons enfin seules avec un très grand plaisir. Nous nous douchons ensemble. Nous en profitons pour nous câliner et oublier ainsi que nous ne nous sommes pas vu de la nuit et que cette journée risque de se passer en étant éloigné l'une de l'autre, jusqu'au soir.
Une fois habillée, je fixe mon arme sur ma cuisse droite sous ma robe. Voyant cela elle ne peut s'empêcher de commenter.

Cécile:- « C'est donc fini ta période Lara Croft, tu fais dans l'espionne et deviens Mata Hari. »

Elle vient un sourire coquin aux lèvres passer ses mains sur mon corps, enfin surtout sous mes vêtements. Je dois les lui capturer pour ne pas y succomber, mes frères m'attendent pour se préparer eux aussi. Mais je la garde quand même contre moi, la sensation est trop agréable pour m'en passer.

Cécile, me murmurant à l'oreille:- « Je ne sais pas si je gagne au change. Bien sûr cette robe dévoile tes jolies jambes mais j'aimais beaucoup voir et caresser tes abdominaux biens dessinés et ton ventre plat. »

Je l'embrasse pour la faire taire avant de ne plus pouvoir résisté à l'envie que sa douce voix, sa chaleur et son odeur suscitent en moi. C'est évidement à ce moment-là que mon portable sonne. C'est Paul, visiblement les garçons en ont marre d'attendre. Nous leur laissons la place à contre cœur. Cécile leur fournit le nécessaire pour leur toilette et nous allons voir Angélique en les attendant. Elle vient de se réveiller et semble beaucoup mieux que la veille. Mes frères n’étant toujours pas prêts, j’installe l’ordinateur portable et montre comment il fonctionne à mon amour.

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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:56

XIX







L’accompagnement du groupe de mamé des grands magasins au quartier général se fait sans problème. Par contre, il me faut pas mal de temps pour leur faire comprendre le fonctionnement d’internet et comment y faire des recherche. Ils ne l’ont jamais utilisé. C’est à l’occasion d’une de mes démonstrations que je découvre que les chefs d’état des pays membres de l’union européenne se réunissent mardi et mercredi de la semaine prochaine, à Bruxelles. Je l’annonce à mes trois frères quand ils reviennent. Nous pensons tous les quatre que c’est une occasion à ne pas raté surtout que c’est le dernier sommet avant les vacances. Nous décidons alors que Pierre et Paul irons. Je les aide ensuite à déplacer le mètre cube de billet de mille franc suisse et tout ce qui était resté dans notre ancienne planque après notre départ précipité qu’ils ont ramené. Grâce à un chariot et à l’ascenseur, nous cachons le tout dans la cave que nous avons aménagé comme notre antre. Il y a tout pour notre entrainement, notre matériel et notre arsenal. Jacques lui a évidemment installé son atelier dans la salle qui accueillait l’IRM. Moi, je me suis installée dans ce qui devait être le bureau de l’ancien propriétaire.
Une fois que tout le monde a pris ses marques, la journée est studieuse.
Les étudiants commencent à collecter des données sur le déroulement du passage à la démocratie dans l’Histoire. Jacques reprend son travail sur son dépollueur, aidé par Albert. Même Paul et Pierre ont trouvé quelque chose à faire. Ils apprennent par internet à faire fonctionner une cabine de peinture automobile, ils se sont mis en tête d’en utiliser une pour la fourgonnette. Une fois qu’ils se sentent prêt, ils partent avec le véhicule de police sur l’autre Terre pour aller squatter un garage possédant la fameuse machine. Moi, je continue l’audit du système informatique gouvernemental, tout en appelant régulièrement Cécile restée au chevet d’Angélique
En fin de journée, mes deux frères reviennent. Ils sont tachetée de jaune et de rouge. Ils nous expliquent, sous nos sourires goguenards, qu’ils ont dû utiliser ses deux couleurs pour avoir suffisamment de peinture et qu’au final la machine s’est avérée moins facile à manipuler que dans la vidéo.
En sortant voir le résultat, Jacques ne peux s’empêcher de dire qu'il faut espère que mamé ne soit pas coulrophobe (peur des clowns) sinon ce sera la crise cardiaque assuré. Moi je dis que l’important c’est qu’en orange, nous pouvons conduire cette fourgonnette sans risque.

Pressés de rentrer pour se laver, ils avancent la réunion prévue pour faire le point, d’une heure. Il ressort de celle-ci que nous devons demander plusieurs choses au chef de l’Etat pour avancer correctement.

Pierre l’appelle immédiatement en mettant le haut-parleur. Après les formules de politesse, l’ancien général nous révèle que ses hommes, dans l’ensemble, sont plutôt content de retournée sur leur Terre. Il ne semble pas inquiet des autres. Ensuite, mon frère en vient aux raisons de son appel.
Pour plus d’efficacité et de coopération, il reste diplomate et cordiale. Il demande et suggère plutôt que d’ordonner ce que nous pourrions très bien faire étant en position de force. Il obtient facilement, pour le surlendemain, l’avion dans un hangar du Bourget pour Jacques.
Moi, J’obtiens un rendez-vous avec le responsable la sécurité informatique pour le lundi suivant ainsi que les pleins pouvoirs pour la sécurisation du réseau de l’état. J’ai un instant de pure panique devant l’énorme responsabilité que cela implique. Je me ressaisi en me disant que si je n’ai pas les compétences suffisante j’irai les acquérir sur une Terre plus évolué.
La suite réclame plus de persuasion mais le chef de l’état signera bien l’ordre de mission pour Bruxelles pour Pierre et Paul. Il les recevra demain pour préparer ce premier contact avec les pays européen et leur révélera les tenants et les aboutissants des accords passés à l’époque du bug de l’an 2000. Un avion les emmènera mardi matin dans la capitale belge.
Ensuite, c’est le président qui demande à mamé où en est le programme. Le temps presse, septembre est dans un mois et demi. Mon arrière-grand-mère, optimiste, propose une réunion de travail mercredi prochain. Le général semble soulagé. Il annonce que, le ministre et plusieurs inspecteurs de l’éducation nationale seront là.

Une fois cela fait, nous rentrons tous chez nous. Mes frères utilisent la camionnette évitant ainsi à notre arrière-grand-mère de prendre le métro. Elle est surprise en voyant la couleur de celle-ci mais ne fait aucun commentaire.
Moi, je marche, enfin je me force à ne pas courir pour ne pas me faire remarquer. Même si j’ai pu régulièrement parler et voir, par écran interposé, Cécile, je dois avouer qu’elle m’a énormément manqué.
Nos retrouvailles sont d’abord timides, n’étant pas depuis longtemps ensemble, puis la passion nous emporte mais nous finissons de manière toute tendre.
Ensuite, nous passons une soirée tranquille avec Angie.

A cause de nos échéances très courtes nous sommes tous plongés. Mes deux frères ont eu leur réunion avec le président et leurs lettres d'introduction. Le week-end est tout aussi studieux mais nous prenons le temps de récupérer nos cartes d’identités dans les deux mairies d’arrondissement pendant la nuit du samedi et d’organiser un grand déjeuner au quartier général le dimanche midi. Tout le monde y participe, même Angélique qui est physiquement bien remise. Elle sourit et rit plus aussi mais un voile de tristesse est toujours présent dans son regard.
Mais le lundi matin, elle est au centre de radiologie pour participer à l’élaboration du programme scolaire. Cécile l’accompagne. Je ne peux même pas profiter de sa présence, je suis en rendez-vous avec le responsable de l’informatique. La visite des locaux et l’entretien sont édifiants. Il explique pourquoi j'ai si facilement piraté le réseau et la promptitude du général à me donner les pleins pouvoirs. Certes, ce sont eux qui ont créé le bug en 2000 mais ils n'ont absolument pas évolué depuis et ne devait pas être des flèches sur leur Terre. En tout cas, j'ai du boulot pour que cela soit à niveau lors de l’ouverture de la France au monde.
Le reste de la journée, je la passe avec mes trois frères à rechercher nos permis à la préfecture, changer des Francs suisse en Francs, ouvrir nos quatre comptes en banque et choisir deux tenues complètes pour Paul et Pierre.
Nous allons alors au grand magasin. Pour ne pas croiser Marie, je me fait toute petite et m’esquive dès que mes frères ont ce qu’il faut. En attendant qu’ils payent je me promène dans le rayon bijou. Je tombe sur une chaîne en or jaune et son pendentif en émeraude en forme de cœur, la pierre est de la couleur des yeux de mon aimée. Malgré son prix astronomique, je la prends.

En rentrant chez ma douce, la boite bien cachée au fond de mon sac à main, je n’ai qu’une envie lui offrir tout de suite. Mais le moment n’est vraiment pas approprié, les deux amies sont ont en train de chercher une tenue chic, dans le dressing de ma chérie. C’est pour leur réunion de mercredi avec le président. Je leur fait alors remarquer qu’elles sont paradoxal, elles ont été jusqu’à aller en prison pour qu’il parte et maintenant qu’elles le rencontrent, elles lui font l’honneur d’être magnifiquement habillé. Elles se contentent de me tirer la langue et retournent à leur essayage. Nous y passons pratiquement toute la soirée. Evidement Cécile est splendide dans la sienne mais d’après elle, je ne suis pas objective. C’est en apprenant qu’Angie va voir ses parents après la réunion présidentielle que j’ai l’idée d'organiser un dîner aux chandelles, ce soir-là. Elle sera déjà habiller et moi je remettrais ma robe du repas de ses parents, même si elle m'a déjà vu dedans, je n'ai pas le temps d'en trouver une autre.

Ce mardi, Pierre et Paul, tout beau dans leur costume, partent en avion pour Bruxelles. C'est un peu difficile, c'est la première fois depuis le départ du jardin des parents que nous sommes séparés de notre plein gré, le moment est émouvant. Heureusement, ma dulcinée est au centre de radio. Je passe le reste de la journée avec elle. Le soir, j'arrive à discuter seule avec Angie. Elle me suggère comme menu pour le lendemain, du saumon fumé avec des blinis et une mousse au chocolat en dessert. Avant même que je m'interroge sur comment me procurer tout ça, elle m'écrit un numéro de téléphone et me dit que c'est un traiteur excellent et surtout raisonnable au niveau prix. Il est à trois cent mètres d'ici et elle l'utilise souvent. Je me couche sereine.

Le mercredi matin, je fais taxi. D'abord, j'emmène Jacques et Albert à l'aérodrome. Ensuite je récupère ma famille, Angie et Cécile et direction le palais de l’Élysée. Je vois dans les yeux de tous de l'appréhension. Ce qui me choque vraiment ce sont les poings serré d'Angélique dont les jointures blanchissent tant la tension est grande. En me garant, je leur demande s'il serait plus rassuré si je les accompagnais jusqu'au bureau du président pour vérifier autant que je le peux qu'il ne s'agit pas d'un guet-apens. Leur " oh oui" est comme un ouf de soulagement. Je vais donc avec eux, le reste du groupe qui attendait dans la cours, nous suit. J'écoute et scrute, il n'y a rien de suspect. Nous sommes accueillis par le chef de l'état. Il les met tout de suite alaise en leur annonçant que depuis la semaine dernière sur décisions du conseil des ministres, en vue du retour à la démocratie, la prison du sous-sol est fermée et son personnel réaffecté ailleurs. Il ne ment pas, Cécile propage l'information, les visages sont sereins à mon départ. Ils sont tous soulagés, je m’éclipse donc, j’ai à faire.

Dès mon entrée dans le quartier général, j'appelle le traiteur et passe commande pour le soir même, le prix est effectivement raisonnable, ensuite je m’attèle à l’audit que je n’ai pas fini la veille.
Je suis en pleine exploration des méandres du réseau informatique quand mon téléphone portable sonne. C'est Cécile, je décroche le sourire aux lèvres.

Moi:- " Mon amour tu me manques, comment cela se passe à l'Elysée?"

C’est une voix d’homme que J'entends en réponse.

L’homme:-" Alors Général, maintenant que cet idiot de Jules s'est tu définitivement, je pense que j'ai toute ton attention. Nous sommes une vingtaine à ne pas être d'accord avec ton projet donc nous allons le remanier quelque peu. D’abord tu vas rédiger ta lettre d'abdication en ma faveur. Ensuite nous allons contacter ceux qui ont la machine d’Albert. Nous échangeront cette dernière et le passage sur notre cher Terre de ce groupe de justicier contre la vie des otages. D’ailleurs, s’il y a des imbéciles parmi tes soldats qui veulent retourner sur notre planète moribonde, nous les enverrons avec plaisir une fois que je serais au pouvoir. Il va sans dire que ceux qui resteront ainsi que tous les français devront m’obéir.
Tu sais que tu m’a bien facilité les choses je pensais devoir aller moi-même arrêter chacun des membres de ce groupe et tu les as réuni pour moi, c’est vraiment bien. »

J’entends des bruits de pas se rapprocher du téléphone.

L’homme :-« Tiens! Tu es là toi, et toute réparée en plus, c’est vraiment mon jour de chance ! J’ai passé toute la semaine à te chercher. C’est à cause de toi si je ne suis ici que maintenant. Remarque au vu de ce que j’y ai trouvé, je devrais plutôt dire grâce à toi. Pour la peine, je vais tout recommencer depuis le début et avec encore plus d’application.
Oh, mais je vois que tu as un petit chaperon roux pour veiller sur toi. Je sens que cela vas être un régal avec vous.
Hum ! Hum ! D’ailleurs, puisque nous sommes en avance sur notre planning, je vais m’accorder une petite séance avec vous deux, juste après l’abdication de ce cher président pour fêter ça. J'ai vraiment bien fait de ne pas récupérer mon matériel quand j'ai été réaffecté. Décidément cette journée, c'est Noël avant l'heure. Allez général accélère ces demoiselles m’inspirent."

Si au début de la conversation la colère et la peur bouillaient en moi, quand il a parlé de Cécile une fureur glacé m’envahi. A l'intérieur de moi, plus rien n’existe, ni pensées, ni émotion. Je ne suis qu’action avec pour seul objectif, sauver Cécile. Alors j'agis.

Je me déshabille. J’enfile ma tenue de protection , celle des commando ainsi que le gilet pare- balle et finis avec mes rangers. Pas question de mourir avant que Cécile soit saine et sauve. Ensuite je m’arme méthodiquement. D’abord je glisse un couteau au niveau de chaque cheville. J'attache mes holsters aux cuisses et y glissent mes pistolets. Je remplis les chargeurs de balle perforante. J'en prends dix et les fixe sur leur ceinture. Après l’avoir vérifié, j'emmène aussi mon fusil de précision et ses munitions avec de quoi l’attacher dans mon dos. Je mets mon casque sur ma cagoule et pars.
Le trajet en fourgonnette est fait pied au plancher sans aucun arrêt même au feu rouge. J'ai provoqué trois accidents et abimé mes deux ailes.
Je stoppe mon véhicule en travers de la route à l’angle de la rue de Saussaies du Faubourg Saint Honoré pour empêcher tout renfort d'arriver.
Je fixe parfaitement la mallette de mon arme longue portée dans mon dos et descend.
Un automobiliste furieux est descendu pour venir se plaindre. Heureusement pour lui il a fait demi-tour avant de me ralentir.
Je cours le long du mur d’enceinte du palais de l’Elysée pour atteindre l’entrée.
Dès que j’ai un visuel sur les gardes je les élimine d’une balle dans la tempe.
Sans ralentir, je prends appui sur la guérite qui me fait face. Cela me donne de l’élan nécessaire pour escalader rapidement la façade.
Une fois en haut, je me baisse et me hâte jusqu’au bâtiment principal.
Là, je m’arrête.
Je monte mon fusil puis j’abats les huit soldats qui se trouvent dans la cours en les étêtant.
Je le démonte, fixe la mallette et grimpe sur le toit.
Sûr de la présence d’autres soldats dans les lieux et ne connaissant qu’un chemin pour arriver au bureau présidentiel, je redescends au niveau de l’entrée du palais.
En me penchant, J’en vois quatre assis dans le hall. Ils discutent tranquillement et n’échange qu’entre eux.
Je glisse le long de la colonne. Je dégaine mes révolvers, pénètre en courant et les tue d’une balle entre les deux yeux.
Je continue sur le même rythme.
En traversant un petit salon, je suis percutée par un homme presqu’aussi costaud que Jacques. Mes armes m’échappent des mains tandis que j’heurte violement le mobilier puis le sol.
Je ne cherche pas à comprendre comment il a fait pour que je ne le repère pas.
Je me relève en me saisissant de mes deux couteaux et lui fonce dessus avant qu’il n’utilise le fusil mitrailleur que tous ses collègues avaient avec eux.
Il tape fort mais je suis trop pressée pour esquiver.
J’avance.
Quand je suis à la bonne distance, je lui plante mes deux lames. Il en est tout étonné en s’effondrant.
Je récupère mes armes et lui tire une balle en pleine tête. Je recharge puis essuie et range mes poignards.
Je me remets, ensuite, à courir.
En passant près d’un bureau j’entends des gémissements. Je m’arrête et vais voir. Ce sont les employés. Ils ont peurs et très bien attachés. Ils ne viendront pas me prendre à revers. Je repars vers le bureau du président.
C’est à pleine vitesse que je pénètre dans le dernier couloir avant celui-ci.
Je repère immédiatement une mitrailleuse lourde juste devant la porte.
Son opérateur lui ne me voit pas, il a la tête baissé.
Je me réfugie dans l’un des bureaux latéraux.
Je monte, à nouveau mon fusil puis utilise son scanner.
L’homme regarde son téléphone.
Le bouclier qui le protège va poser soucis.
Il me faut deux secondes pour parcourir la distance et lui au moins trois pour commencer à tirer. Je vérifie qu’il toujours sur son portable puis me lance.
Quand je dépasse l’arme de guerre, attrape la tête du soldat et lui brise la nuque, il tient toujours son mobile.
Je retourne immédiatement chercher mon matériel.
Je porte deux bureaux que je mets l’un sur l’autre devant la mitrailleuse. Je m’installe en haut pour mon tir de précision.
Le scanne me révèle que vingt personnes se trouve debout contre les ouvertures, que six les surveillent armés chacun d’un fusil mitrailleur. Je vois aussi le général assis à son bureau écrivant sous la contrainte de l’arme d’un homme debout derrière lui.
Comme je m’y attendais les otages servent aussi de bouclier humain. La hauteur sous plafond me permet de pallier à cela. Je me lève et vise. Je répète ma séquence deux fois avant de réellement tirer.
Ma dernière munition à peine sortie de mon fusil, je saute à terre, pose mon fusil et me précipite vers la porte.
J’utile un de mes couteaux pour détruire la serrure.
J’entre en écartant les deux tontons et fonce sur les soldats étendus au sol. Ils leur manquent tous la moitié du crâne, je range donc mon poignard et me contente d’éloigner leur arme d’eux.
Tout danger étant écarté, j’enlève mon casque et ma cagoule et cherche Cécile des yeux. Je la repère quasi immédiatement et vient vérifier qu’elle est indemne.
Rassurée, je l’enlace.

C'est seulement là, qu'elle réagit en prononçant mon prénom
Cela ramène instantanément ma conscience aux commandes et avec elle, un résumé du massacre que je viens de perpétuer.
Attention, je ne regrette rien et le referait s'il le fallait.
Mon problème c'est la superbe jeune femme que j'ai entre mes bras et l'horreur qu'elle ne manquera pas de ressentir à mon égard, après avoir vu tous les cadavres que j'ai laissé derrière moi.

Le groupe de mamé et le président sortent enfin de leur torpeur. Cela me sort de la mienne.
Je m’écarte d’elle, lui caresse une dernière fois sa joue et m’enfuit.

Je cours le plus vite possible. Je veux être loin quand elle sortira.
Je sais qu’elle ne dira rien mais ces magnifiques yeux, si.
Je crois que si j'y voyais de la répulsion pour moi, cela me tuerait. Et comment pourrait-il en être autrement?
Alors je pars.
Une fois le portail loin derrière moi, mon esprit prend un malin plaisir à déclencher mon diaporama personnel. Je revois toutes mes victimes, en boucle. A chaque image j’entends dans la tête : Tu es un monstre.
Je me fais subir cette souffrance un nombre de fois incalculable. Mais à un moment, je me souviens de l'essentiel: Cécile.
Je m'arrête sous le choc, sonnée par l'ampleur de ce que j'ai fait.
Je l'ai abandonnée après une prise d'otage sans aucune explication.

Je reprends ma course incapable de ne rien faire mais moins vite.
Je commence, alors un dialogue intérieur.

"Je l'ai encore laissé gérer seule après un évènement plus que traumatisant.
Comble de l'égoïste, là, je n'avais pas une mission vitale pour le retour de la démocratie comme excuse mais juste mon incapacité à assumer l'image de moi que me renvoyais mes actes."

Je m’arrête à nouveau.

"Dieu, c'est ça la cause de ma fuite, mon incapacité à m'accepter comme un assassin."

Je repars en petite foulé.

"Et comme apothéose à mon égocentrisme, je me le suis justifié en me cachant derrière ma peur, réelle, de voir dans ses yeux de la répulsion. Mais encore une fois, c'est uniquement parce que j'ai considéré comme une évidence qu'elle penserait comme moi au lieu de réellement l'interroger.
Bon ce n’est pas très productif tout ça !
Qu'est que je dois faire maintenant?
Accepter d'être une tueuse froide et sans considération pour la vie des autres?
Bah, non banane ! Si c'était le cas, les images que tu te repasses en boucle depuis des heures ne te traumatiseraient pas autant.
Mais je les ai tous tué sans aucune hésitation.
Pouvais-tu faire autrement?
J'aurais pu essayer de les neutraliser en les blessants.
Oui, mais cela aurait pris plus de temps et tu n'en avais pas. Le capitaine pouvait à tout moment emmener Cécile dans sa salle de torture.
En plus, des blessés peuvent tout à fait alerter leur complice ou te prendre à revers. C'est d'ailleurs pour cela qu’à chaque fois tu t'es assuré qu'ils soient bien morts en leur tirant dans la tête ou en les égorgeant..
Bon on va dire pour l'instant, que j'ai fait ce que je devais faire pour la sauver même si c'est à l'encontre de mes principes.
C'est un peu facile ça.
Pas vraiment vu comment les images me font culpabiliser, je suis certaine qu'elles vont me hanter longtemps.
Surtout que maintenant il faut que je gère aussi le faite que je l'ai abandonnée sans aucune explication.

Dieu! Elle pourrait croire que je lui reproche ce que j'ai dû faire pour la libérer! »

Je m’arrête.

« Là c'est certain, il faut impérativement que je rentre au plus vite pour tout lui expliquer !

Oui, mais retourner la voir après qu'elle est vue tous les cadavres et que je l'ai lâchement abandonnée, ce n'est pas un peu au-dessus de mes force ça?
Peut-être, mais cela l’est moins que d’assumer la responsabilité d'avoir tourmenté celle que j'aime plus que ma vie.
Mais si je lui fais horreur?
J'emménage dans l'appartement des frangins, travaille d'arrache-pied pour que la France acquière la démocratie le plus vite possible pour retourner sur notre Terre et souffre. Mais en sachant que j'ai fait ce que je devais faire.

Bon où je suis là, il faut que je retourne au plus vite près d'elle? »

Je pars à la recherche d’un panneau indiquant le nom de la ville.

« Mince je suis à Évreux. Mais j’ai couru combien de temps ?
Il est quelle heure ?
Quoi il est déjà 15 h 30!
Cela veut dire que j’ai couru près de cinq heures !
Je suis vraiment lente à réagir et à réfléchir, moi.
Bon, pas le temps de s’appesantir sur ça pour l’instant, l’important c’est de retourner à Paris, donc direction la gare SNCF.
J’ai de la chance un train peut m’emmène à Saint Lazare en moins d’une heure et après seulement un quart d’heure d’attente. J’arriverai même à temps pour le traiteur si c’est encore d’actualité. Je n’ai pas d’argent pour le billet, je paierais l’amende plus tard. »

Sur le quai, je commence à m’entrainer à m’excuser. Parce que celle pour madame de Falla était mes premières vraiment verbalisées.
D’habitude, il faut bien le reconnaitre, elles sont plutôt prononcés du bout des lèvres et à moitié inaudible. Là, c'est parfaitement inenvisageable.
En montant dans le train, je me souviens que mon amour est aussi psy doublé d'un génie. J'arrête de chercher et décide d’être honnête et direct. En plus, il y a de forte possibilité pour qu’elle ait déjà tout deviné donc faire simple est la meilleure méthode.

Une fois assise, je me ressens la fatigue et des douleurs m’envahir. Je fais mes étirements, pensant que j’ai des courbatures. Mais j’ai toujours aussi mal. Je vérifie, alors, que je n’ai rien de cassé. C’est le cas. Ce ne sont que des bleus.
Je décide de dormir. Hélas la petite sieste réparatrice m’est refusée par mon esprit torturé. Les images de ma boucherie reviennent me hanté dès que je ferme les yeux.
Je me mets alors à réfléchir à Cécile mais cela m’angoisse.
Je me concentre, alors, sur le paysage. En voyant défiler les caténaires à travers la vitre, j'ai l'idée d'utiliser les lignes électriques de la SNCF comme support du réseau informatique de l’administration. Cela constituerait une sorte d’intranet sans aucune relation avec l’internet. Cela réduirait significativement les risques de piratage extérieur. Mais je sais que cela veut aussi dire que seules les villes ayant le chemin de fer pourront y être connectées. De ce faite, ce n’est pas une solution tout à fait satisfaisante, plus une piste de recherche.
Cette heure de réflexion me repose un peu moralement. En plus, pour continuer avec les points positifs de ce voyage, le contrôleur, en me voyant, se contente de me saluer que je lui rends un peu étonné. Il part ensuite assez vite, visiblement mal à l'aise. Je pense que c’est dû au gilet pare-balle et à mes pistolets.
En arrivant à Paris, je me demande où peut être Cécile. Si elle est chez ses parents, cela va compliquer ma tâche mais c’est décidé, je ne me couche pas ce soir sans m'être expliqué.
Je me fais l’effet d’être une petite veille en me levant de la banquette. Il me faut deux minutes pour marcher normalement.
En traversant la foule dans la gare, les regards me rappellent la tenue que je porte.
Je comprends que pour l’instant, la première étape est d'aller me changer au centre de radiologie. Une tenue rappelant ses anciens geôliers n'est vraiment pas adapter.

En pénétrant dans la galerie, j'entends qu’ils sont tous au quartier général. Cécile a dû, à nouveau, organiser des groupes de parole pour gérer le traumatisme, comme elle l'a fait la semaine dernière après leur libération. J'ai compris cela des conversations du soir entre Angie et ma douce.

Je n'ai pas fait cinq pas, que la porte de la planque s'ouvre à la volée. Jacques apparait et se précipite vers moi. Il m’a surement vu grâce à la vidéosurveillance. Avec sa délicatesse de rhinocéros, il me prend dans ses bras pour un câlin un peu rude et à dix centimètre au-dessus du sol

Jacques:- » Tu n'imagines pas combien nous étions inquiets. Tu n'as rien, pas de blessure ? Pourquoi tu es partie ? »

Il n’a pas changé malgré les années, toujours un débit de parole trop rapide sans écouter la réponse de son interlocuteur. Il est donc inutile d’essayer de lui répondre ou de lui demander de me reposer.

Jacques:- « Je suis arrivé avec Albert dès que Tonton Olivier m'a appeler. On a utilisé les coordonnés de la prison qui sont toujours en mémoire dans la machine pour arriver au palais de l’Élysée, en passant, comme d’habitude, par le gymnase. D'ailleurs, pourquoi tu ne m'a appelé quand tu as eu le coup de fils de Cécile nous serions passé par là, évitant ainsi les garde dans la cours. »

Dieu, je n’y ai pas même pensée.

Jacques :-« Cela ne t’a pas effleurée l’esprit une seconde. Quand tu as reçu l’appel de ta chérie, tu t’es armée et tu as foncé. Je te comprends, j’aurais fait pareil. D'ailleurs nous ne sommes partis qu'après que le président est fait le nécessaire pour débarrasser la cours. Je ne voulais pas que le groupe voit ça, ils étaient déjà bien assez choqués. »

Je pousse un ouf de soulagement qui l’interrompt. Mon amour n’a pas vu tout le massacre, elle ne va peut-être pas penser que je suis une meurtrière sanguinaire et me détester. J’en ai les larmes aux yeux, mon frère le remarque.

Jacques :-« C’est pour ça que tu as fui ! Tu as eu peur de la réaction de Cécile face à tous ces corps? »

J’hoche la tête.

Jacques-« J’espère que tu es revenue pour lui parler de tout ça, vous en avez bien besoin toutes les deux. Elle anime des groupes de parole depuis ce midi. Elle aide ses amis à digérer cette prise d’otage. Mais elle, elle ne s'est absolument pas ouverte pour se soulager. Apparemment, elle est comme toi et garde tout au fond d’elle. »

Moi, murmurant :-« Je vais aller lui parler. »

Il me tient encore.

Jacques :-« Et profite pour manger un peu tu es toute pale. Mamé a organisé un pique-nique dont il reste encore beaucoup de chose. »

Il me pose enfin mais me capture le bras.

Jacques :-« Je t’accompagne! Je vais te préparer une assiette et sonné la retraite. Tout à l’heure, nous n’avons pas trouvé la camionnette orange. Alors avec les tontons, nous avons conduits tout le monde ici, grâce aux véhicules militaires. Nous les avons laissés autour du parc Monceau pour garder le QG secret. Donc maintenant, c’est métro pour tout le monde. Avec le contre coup, j’ai peur que pour notre aïeule, cela soit un peu dur si nous tardons trop. Pierre et Paul sont au courant. Ils prendront un taxi pour rentrer ce soir. »

Je lui fais un gros bisou sur la joue. Il organise tout pour que je me retrouve seule avec Cécile.
Maintenant plus question de reculer pour la grande explication entre nous.


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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:56






Au fur et à mesure que j'avance vers la porte, l'angoisse monte. Jacques le sent, sûrement à cause de ma crispation sur son bras. Il se met alors à évoquer avec fierté, sa « victoire sans conteste » sur nos frères pendant le réarrangement du centre.
Les garçons ont organisé, à cette occasion, une compétition. Ils ont commencé par une course pour savoir qui installerait, dans la grande pièce, le plus grand nombre de table et de chaise pour en faire la salle de travail du groupe de Mamé. Cela a continué avec l'aménagement du sous-sol pour en faire notre dojo, stand de tir et espace de musculation. Là, ils se sont affrontés sur le montage des appareils.
J'ai été le témoin malheureux de l'épreuve finale. Elle consista à encombrer l'entrée, la salle d'attente et le comptoir d'accueil pour donner l'impression de travaux à toute personne regardant par la porte. C'est surtout pour obliger un éventuel commando à progresser en file indienne, laissant ainsi suffisamment de temps aux occupants pour partir par les égouts. Cela s'est terminé par un fou rire général quand, dans un geste désespéré pour transformer une défaite inéluctable en victoire inespérée, Pierre lança le sac de ciment qu'il portait et que ce dernier explosa en touchant le sol. Nous fûmes recouverts tous le quatre d'une épaisse couche de poussière grise à cause du puissant courant d'air que nous avions créé pour diminuer la température étouffante dans le quartier général. Une fois notre calme revenu, nous avons lutté pour nous en débarrassé.
La suite fût moins ludique et plus efficace. Jacques s'est occupé de son atelier dans l'ancienne salle de l'IRM et d'amener tout l'électroménager dans la cuisine. Pierre et Paul ont parcouru les égouts pour trouver la sortie la plus sûre et moi j'ai installé ma salle informatique personnelle dans le bureau du radiologue et équipé la pièce des étudiants de plusieurs PC.
Une fois ce souvenir raconté, nous cheminons en silence, chacun dans nos pensées jusqu’au couloir menant à toutes les pièces du QG. Je me tourne vers lui pour lui demander où se trouve ma belle mais il me devance.

Jacques :-« Tout à l’heure il y a eu un petit incident sans gravité mais montrant le traumatisme de tous et l'efficacité de ton système de sécurité. Il a détecté un policier entrant dans la galerie. Cela a mis un froid quand le premier niveau d'alerte a retenti mais tout le monde a tenter de faire bonne figure. Par contre au deuxième, j’ai fait l’erreur de laisser le groupe descendre seul dans le sous-sol pendant que regardait les moniteurs que tu as installés.
Ce n’était qu’une ronde de routine.
Quand l'agent est partie, je suis retourné avertir mamé et les autres. Je les ai alors tous récupérés dans les égouts. J’ai dû leur expliquer pendant plus d’un quart d’heure que tout allait bien et que ce n’était qu’à la troisième sonnerie, qui avertit d’une intrusion, qu’il fallait partir. Je te dis tout ça parce que Cécile, elle, est restée à ton bureau tout ce temps. Elle y était encore quand je suis passé pour venir t’accueillir. »

Je suis atterrée par cette dernière information. En plus de tout garder enfoui en elle, ma douce ne cherche même plus à se protéger. Parce qu'il est claire qu'elle aurait dû réagir comme les autres après tout ce qu'elle vient de vivre.
Cela me donne un formidable coup de pied au fondement pour agir et arrêter de me morfondre sur moi-même, je remercie Jacques et cours la voir.

Arrivée devant la porte, j'entends une voix d'homme. Mon premier réflexe est de rentrer. Je me souviens alors qu'elle est aussi psy. Elle est peut-être en séance. Je décide donc d'aller dans le poste de sécurité jouxtant mon bureau. De là, je peux les écouter. Je saurai ce qu’il en est avant d'agir, pas question de faire une nouvelle boulette aujourd’hui.

L'homme:-" Cécile, s'il te plait confie-toi. Tu as aidé tout le monde à surmonter ce nouveau drame en verbalisant sa peur, son ressenti. Mais toi qui souffre sûrement plus que nous, tu as tout gardé enfoui en toi. Je suis là, n'hésite pas."

Lui aussi a remarqué, comme Jacques. Il faut que j’arrive à l’aider, ce que je n’ai pas fait jusqu’à présent.

Cécile :-" C'est gentil Thomas mais ça va. En plus comment pourrais-je te parler de Caroline en sachant les sentiments que tu as pour moi, Ce serait cruel?"

"Comment ça « les sentiments » ?
Il l’aime ?
Je vais te le sortir par la peau du c.. !
Attend! Après ce que j’ai fait tout à l’heure ce serait un peu gonfler, surtout que lui est là pour elle.
Mais moi aussi !
Oui, mais avec plus de cinq heures de retard et tu es en grand partie responsable des souffrances de Cécile."


Thomas:-" Au contraire cela me permettra de t'être utile. J’ai bien compris que nous deux, c’est impossible. Mais cela ne veut pas dire que j’apprécie de te voir souffrir. »

"Oh que c'est doux à entendre et rassurant.
J’ai bien fait de réfléchir avant d’agir. Maintenant il faut que je continue à le faire pour ne pas commettre d'autre bêtise.
Mais même s'il a l’air d’un type bien, je vais le garder à l’œil."

Cécile:-" J'en parlerai ce soir avec Angélique ne t'inquiète pas."

Thomas:-"Elle vient de dire au professeur Detrois qu’elle ne viendra finalement pas dormir chez elle ce soir mais rendra visite à ses parents maintenant qu'il n'y a plus de risque d'être retrouvé par son tortionnaire."

Dieu, j'étais tellement dans ma recherche du moment idéal pour offrir mon cadeau que j'ai sauté sur l'occasion qu'elle m'a donné sans m'inquiéter de sa sécurité. Décidément, en ce moment, je les accumule. Il faut absolument que je la remercie quand je la verrais, elle a fait tout ça pour me laisser seule avec ma chérie.
Il est temps pour moi d’aller m’excuser.
Je sors de la pièce et longe le couloir. La porte de mon bureau s’ouvre quand je suis à un mètre d'elle et nous nous retrouvons, Thomas et moi, face à face. Nous sommes tous les deux surpris. Il se ressaisit le premier et me tend la main que je saisi par réflexe.

Thomas :-« Merci d’être venue sauver Cécile tout à l’heure, même si le mal que vous lui avez fait en fuyant semble l’avoir totalement abattu. Je voudrais vous passer le goût de la faire souffrir en jouant les chevaliers servant vindicatifs mais hélas cela ne m'est pas permis. Je ne peux considérer Cécile incapable de s’occuper d’elle-même, ce serait parfaitement insultant. En plus, mon éducation m’interdit de m’en prendre à une femme, surtout après que celle-ci nous a tous sauvé.
Alors je vais me contenter de vous implorer de ne pas recommencer et de prendre soin d’elle. Elle est formidable et vous aime. Ne gâchez pas cette merveilleuse chance. »

Il s’éloigne avant même que j’ai pu lui répondre. Je suis sidérée par cette intervention. Incapable de savoir si je suis vexée, contente que ma douce est un ami si dévoué ou encore plus triste de l’avoir si blessée que même Thomas s’en est aperçu.

Assez d’introspection et d’apitoiement sur moi-même, il est l’heure des excuses. Je frappe à la porte du bureau et rentre.
Ma promptitude à rentrer me permet de la voir pleurer en regardant ma photo sur son téléphone assise à mon bureau. J'en suis déchirée.
Se rendant compte d'une présence dans la pièce, elle s'essuie le visage et éteint son portable. Puis, elle lève sa tête pour voir qui est entrée. Quand elle me reconnaît elle se lève de sa chaise, tel un diable sortant de sa boite, faisant tomber sa chaise et se précipite vers moi. Je la réceptionne et l'enlace. Elle m'embrasse avec passion. J'y réponds avec plaisir mais je garde le contrôle sur mes sens. Je n'oublie pas les excuses que je dois lui faire.
Cela aurait été plus facile, pour moi, de le faire avant qu'elle ne m'embrasse mais je suis là pour elle. La moindre des choses est que j'aille à son rythme.
Je suis tout de même obligée de la frustrer en l'arrêtant quand elle commence à être entreprenant. Je ne peux absolument pas penser à la bagatelle avant d'avoir soulagé ma conscience.

Moi:- « Cécile, je dois te parler. »

Je vois dans son regard qu'elle en comprend le sujet. Elle m'embrasse et se recule pour se poser sur mon bureau.

Moi:-" Cécile, je suis terriblement désolée d'avoir fui. Je n'aurais pas dû te laisser alors que tu venais de subir une prise d'otage, un moment oh combien traumatisant. J'ai agis ainsi parce que je n'ai pas supporté et accepté l'image que mes actes renvoyaient de moi. Je suis partie parce que j'ai eu peur de voir de l'horreur dans tes yeux quand tu aurais vu ce que j'avais fait. Je t'aime et je veux vivre avec toi. Mais je comprendrai très bien que tu ne veuilles pas partager ta vie avec un assassin. J'accepterai ta décision. »

Elle revient m'enlacer tout doucement, tout tendrement.

Cécile, murmurant:-" Jamais, je n'ai pensé que tu étais un monstre sanguinaire, bien au contraire. Tu ne verras dans mes yeux qu'amour et désir pour toi. Et mon souhait le plus chère est de vieillir à tes côtés."

Rassurée, je laisse s'exprimer mon cœur. Je l'embrasse avec passion. De retour sur Terre je lui pose les questions qui me taraudent.

Moi:-" Tu ne m'en veux pas d'avoir fui?"

Cécile, souriante:-" Cela ne m'est pas venue à l'esprit."

Moi:-" Parce qu'évidemment tu en as compris les raisons. Tu n'as pas trop souffert aujourd'hui?"

Cécile:-" Je ne vais pas te mentir, cela a été la pire journée de ma vie. Tout avait pourtant bien commencé, le président et le ministre de l'éducation étaient enthousiaste face à nos programmes et nos demandes de travailler avec des philosophes et des spécialistes en science de l'éducation.
Mais tout bascula quand les sept hommes entrèrent. Ils nous placèrent sans ménagement là où tu nous as trouvé. Le ministre fut tué après avoir tenté de parlementer. J'ai profité du flottement que cela a provoqué pour t'appeler. Ensuite, la certitude que tu viendrais tout arranger m'a permis de supporter l'angoisse d'être torturée par ce pervers sadique. Ainsi j'ai pu soutenir et rassurer Angélique.
Ma joie fut indicible quand tu aies entrée en trombe et j'ai été la plus heureuse des femmes lorsque que tu m'as enlacée.
Ensuite, j'ai vu ton regard changer et tu es partie.
Cela a été le début d’un cauchemar sans nom. Un vide abyssal s'est fait en moi, un manque que je n'avais jamais ressentie avant et qui vient seulement de se combler.
Dans un premier temps, un peu sonné par la promptitude de ton passage, j’ai espéré que tu ne faisais que vérifier qu'il n'y ait plus d'autre menace et que tu allais bientôt revenir.
Mais au bout d'un quart d'heure, il fut évident qu’il y avait une autre raison à ton départ. D'ailleurs, je n’ai pas été la seule à le penser. Ton oncle Frédéric a appelé Jacques. Me souvenant de tes propos après ta mission en Lozère, j’ai commencé à avoir une petite idée de ce qui se passait.
Quand ton frère est arrivé avec Albert, il est immédiatement partie à ta recherche. Ne te trouvant pas, il a été très prévenant avec moi. Il m’a pris à part pour me l’annoncer et me rassurer. Il m'a dit que cela ne pouvait que signifier que tu étais en bonne santé.
Mes conclusions ont été renforcées quand Jacques et le président ont évacué les corps de nos anciens kidnappeurs, nous ont laissé seuls pendant pas mal de temps puis en voyant toutes les traces de sang le long du chemin menant à la sortie.
J'étais persuadée que tu avais fui parce qu'honteuse de ce que tu avais dû faire pour nous sauver. Je me suis trompée.
Une fois certaine de mes conclusions, le désespoir m'envahit.
Tu ne reviendrais que lorsque tu aurais fait un travail sur toi pour t’accepter. A cela, il fallait ajouter le temps nécessaire pour surmonter ta culpabilité d'être partie sans aucune explication.
Or, cela pouvait ne jamais arriver.

Ensuite, nous sommes tous rentrées dans trois véhicules militaires. Dès notre arrivée ici, j’ai tenté d’oublier la douleur de ton absence en m’occupant des autres avec des groupes de paroles et ce jusqu’à ton arrivée."

Elle m'embrasse à nouveau.

Cécile:-"Tu n’imagines pas combien je suis heureuse que tu sois là."

Elle s'arrête et fronce les sourcils.

Cécile:-" Tu as été vraiment très rapide à surmonter ta peur! Une journée pour un tel travail sur toi-même, c’est exceptionnel!"

Moi :-« Disons qu'une peur plus grande l'a remplacée."

Elle fronce les sourcils d'incompréhension.

Moi:-" Je suis revenue parce que j'avais peur que tu te sentes responsable de mon mal- être étant donné que j'avais agi ainsi pour te sauver."

Cécile:-" J'y ai pensé mais très vite j'ai été obligé de faire taire mon égo quand je me suis souvenue que tu avais aussi foncé pour secourir Angélique."

Nous continuons à nous câliner. Nous sommes, hélas, interrompues par nos deux ventres qui gargouillent de faim, nous éclatons de rire. Je relâche ma douce et me déshabille. Je passe ensuite ma robe et mes chaussures à petit talon. Je fixe un holter sur ma cuisse droite et son arme sous ma jupe. En me redressant, Cécile me dit qu'elle commence à comprendre m’a paranoïa. Je l'enlace et lui dit qu'aujourd'hui hui est aussi la preuve que je ne laisserai jamais rien lui arrivé. Elle me remercie d'un baisé. En voyant mon sac à main, j’ai un instant d’angoisse. A-t-elle vu le pendentif s’y trouvant, ou même simplement sa boite ?
Sachant qu’elle me regarde, je me focalise sur son rythme cardiaque, celui-ci reste régulier même quand je remets mon téléphone dans mon bagage. J’en déduis qu’elle n’a pas découvert mon cadeau. De toute façon, ce soir je lui offre après le repas aux chandelles.

Moi :-« Je suis prête mon Amour. Allons saluer tout le monde et rentrons. Par contre nous devrons faire un petit détour avant. »

Cécile, le visage sévère :-« Ok mais une dernière chose. Si un jour cela arrive encore, ce que je n'espère pas, parles ! Ne fais pas des suppositions dans ton coin, s’il te plait. Tu discutes avec moi et m’exposes le problème! Nous somme un couple!
Cela nous évitera de souffrir toutes les deux. Parce que tu n'as rien dit mais je suis sûre que cela n’a pas été une partie de plaisir pour toi non plus. En plus, tu l’as vue avec mes suppositions imparfaites, on ne peut jamais vraiment savoir ce que pense l’autre si on ne lui demande pas. Et même, si on a un petit talent pour deviner les choses. "

Moi :-« C’est vraiment contraire à mes habitudes mais après aujourd’hui, j’ai bien compris qu’il faut que je sache verbaliser Il est temps que je murisse. »

Cécile, à nouveau toute sourire :-« Hé pas trop ! Je te l’ai pourtant dit sur l’île de pâques que tu étais déjà limite. Alors si tu muris encore je vais vraiment passé pour une gérontophile avéré et te promené en fauteuil roulant et c’est pas ma tasse de thé »

A peine terminée, elle s’enfuit par la porte.
Je mesure encore une fois la chance de l’avoir.
C’est avec un immense sourire aux lèvres et les jambes un peu lourdes que je lui fonce après.

Sa légère avance et le peu de distance à parcourir font que je ne peux la rattraper avant la salle de réunion. Elle me gratifie d’un très joli sourire goguenard lorsque je passe la porte. Je remarque tout de même que les ailes de son nez palpitent, sa poitrine monte et descend rapidement et j’entends d’ici son cœur résonner comme un djembé sous les doigts d'un parkinsonien.

Comme elle présente tous les signes physiques prouvant qu’elle a du mal à retrouver son souffle après sa course alors que je suis fraiche comme une rose, je m'approche d'elle avec le même sourire moqueur. Elle est près du buffet avec ma famille.
Mon entrée est discrète, mais pas les deux yeux de ma douce qui ne me quitte pas depuis et que je ne lâche pas non plus, d'ailleurs. Intrigués par sa réaction, les personnes autour d'elle, se tournent vers moi au bout de seulement quelques secondes. Ils sont surpris de me voir là. Seule Angélique réagit. Elle se précipite sur moi et me prend dans ses bras en m’embrassant chaleureusement.

Angélique murmurant :-« Merci infiniment Caroline, maintenant je vais enfin pouvoir revivre. »

Moi :-« Merci à toi d’avoir fait fi de tes peurs et de ta sécurité en m’organisant, avec ma grand-mère, une soirée seule avec Cécile. »

Angélique étonnée :-« Comment tu le sais ? »

Moi :-« J’ai de bonnes oreilles. »

Angélique :-« Tu vas le faire, alors, ce diner aux chandelles ? »

Je n’ai que le temps d’acquiescer que tous m’entourent pour me demander de mes nouvelles ou me remercier. Je suis sauvée par Jacques qui me tend une assiette et un verre d’orange puis fait barrage. Il est tout à fait diplomate puisqu'il les oriente sur une autre idée. Il leur rappelle que la journée a été éprouvante pour tous, que le retour doit se faire en métro et qu’ils doivent partir dès maintenant pour accueillir Pierre et Paul.
Pendant que les denrées sont emballées et divisées entre mes parents, Thomas et Angélique, moi, je bois mon jus mais ne mange qu’un bout de gâteau.
En moins d’un quart d’heure nous sommes dans la galerie pour nous dire au revoir. Ensuite, nous sortons au compte-goutte pour plus de discrétion.

Une fois seule avec Cécile, je nous dirige vers le traiteur en luttant contre une furieuse envie de lui tenir la main. C’est ma douce qui me fait penser à autre chose en engageant la conversation.

Cécile, mal à l'aise :-« Amour, tu n’es pas obligé de me répondre, mais je ne peux pas faire autrement que de te demander. Qu’as- tu as fait pendant que tu étais partie ? »

Moi :-« J’ai couru et un peu réfléchi. »

Elle s’arrête d’étonnement et me cri presque dessus.

Cécile :-« Pendant six heures ! »

Je reprends la marche pour lui répondre, je ne veux pas arriver après la fermeture, elle me suit.

Moi :-« Non, pendant seulement cinq heures, le reste du temps je l’ai passé à attendre le train puis à voyager à son bord. »

Cécile, encore plus étonnée :-« Mais, tu es allé jusqu’où ? »

Moi :-« Evreux »

Cécile :-« Tu plaisantes, c’est à presque cent kilomètres d’ici et tu sembles aussi en forme que ce matin à ton réveille. »

Je reste muette le temps qu’elle digère l’information.

Cécile-« Waouh ! Je n’avais pas mesuré ce que cela impliquait vraiment quand tu m’a dit sur l’île de Pâques que le voyage interdimensionnelle a permis que tu sois le mieux qu'il est possible d'être avec tes gènes. C’est pour moi tout simplement incroyable. En plus tu as couru avec tout ton arsenal et ton gilet pare- balle. Heureusement que tu avais laissé ton fusil sinon tu aurais rajouté au moins quinze kilo. »

Là, c’est moi qui m’arrête et me tourne affolée vers elle. Elle me rassure, avant même que j’ouvre la bouche, en m’expliquant que Jacques a tout de suite repéré mon arme, qu’il l’a minutieusement démonté, rangé dans sa palette et déposé dans mon bureau. Soulagée, je lui explique.

Moi:-"Je pense que si j’ai pu parcourir toute cette distance aussi facilement c'est aussi grâce à nos entraînements quotidiens, depuis deux ou trois cent ans, qui gardent nos capacités à leurs maximales et nos aptitudes parfaites. »

Cécile:-" C’est comme en musique, le talent ne mène à rien s’il n’est pas soutenu par des heures d’exercice. »

Moi :-« Oui, c’est exactement ça. Mais jamais je n’aurais osé une comparaison si flatteuse. »

Cécile :-« Honnêtement tu devrais. Ne serais ce qu’eu égard à tous ceux que vous avez sauvé. »

Moi, mal alaise :-« Merci. »

Après un petit temps où chacune est perdue dans ses pensées, je me rappelle que j’ai une chose à aborder avec ma douce.

Moi, avec un sourire en coin :-« Amour, j’ai vu que tu avais du mal à reprendre ton souffle tout à l’heure. J’aimerai vraiment beaucoup que tu t’entraines avec moi. Je serais plus rassurée si tu étais capable de te défendre ou, au moins, de semer un éventuel agresseur. »

Cécile, après quelques seconde de réflexion :-« C’est d’accord mais seulement si tu parles de ce que tu as fait à nos kidnappeurs avec quelqu’un. »

Moi :-« Oh ça ce n’est pas possible ça ! Je ne parlerais de mon ressentie par rapport à ce qui s’est passé que si tu confis le tien à un de tes confrères aussi bien pour cette prise d’otage que pour ton incarcération d’ailleurs. »

Cécile ;-« Mais je vais très bien ! »

Moi :-« Moi aussi ! »

Cécile :-« Tu m’as dit tout à l’heure que tu ne supportais pas l’image que tes actes donnais de toi. »

Moi :-« Tu as eu très peur ce matin et pourtant tu n’as pas bougé de mon bureau quand le signal d’alarme a retentie cet après-midi. »

Nous cheminons, silencieuses, jusqu’au traiteur. Je laisse ma Dulcinée dehors pour qu’elle ne voie pas ce que je nous ai pris. Lorsque le vendeur me demande ce que j’ai choisis comme vin pour le repas, je m’aperçois que je n’y ai pas pensé, n’en buvant pas. Voyant mon visage, il comprend mon omission et me conseille un champagne qui servira de l’apéritif au dessert. Je retrouve Cécile adossé à la devanture et pensive.

Cécile :-« C’est d’accord pour la psy et l’entrainement. »

Une fois cela dit, elle retrouve sa bonne humeur.

Moi, tout sourire :-« Nous irons demain nous chercher chacune une tenue de footing. »

Cécile :-« Tu sais, nous ne sommes pas dans un pays où les loisirs sont très développés à cause de la relative pauvreté de la majorité des français. Je ne pense pas que tu trouveras de tenue de sport pour des femmes et il vaut mieux éviter de sortir faire du footing si tu veux rester discrète. »

Moi :-« On s’équipera et nous courrons sur une Terre parallèle alors. »

Cécile :-« C'est toi la coach. Alors que nous as-tu pris de bon à manger ? »

Moi :-« C’est une surprise. »

Heureusement que l'appartement n'est pas loin. Sur tout le trajet, ma douce cherche à savoir ce qu'il y a dans mes sacs par des questions, en essayant de regarder à l’intérieur ou en me charmant. A notre arrivée, je l'envoie se rafraîchir.

Cécile, sourcils froncés :-« Non ! »

Moi, étonné et espérant ne pas l’avoir froissé :-« Pourquoi mon amour ? »

Cécile, boudant toujours :-« J’ai pas eu mon bisous. »

Mon soulagement se dispute à ma surprise. Je lui capture le visage et l’embrasse puis la retourne et l’envoi d’une tape sur les fesses. Elle part en criant « Je vous aime » et éclate de rire.

De mon côté fini les préparatifs. Ce matin, pendant que Cécile dormait encore, j'ai cherché de quoi faire une belle table en ouvrant tous les placards. En voyant cela, madame de Falla a eu pitié de moi et m'a proposé de tout installé sur le toit avant de partir à midi. Je n'ai donc qu'à monter mes sacs, les bouteilles d’eau et de soda qui sont au frigo et le saut avec le champagne avec les glaçons que je trouve facilement. Une fois sur la terrasse, j’enlève le drap, mis pour protéger la table, installe les victuailles et les boissons sur la desserte.
Cette femme est une perle, elle a même mis une superbe rose rouge dans un jolie petit vase. Je dois impérativement lui trouver un petit cadeau pour la remercier et m’excuser des deux frayeurs que je lui ai fait.
Je cache la boite où se trouve le pendentif sous ma serviette et une fois sûre que tout est parfait, je fonce me préparer.

En moins d'un quart d'heure, je me douche, me maquille, enfile ma robe et mes chaussures puis me coiffe. Ainsi, je sors de la chambre d'Angélique, utilisé pour l'occasion, en même temps que ma douce. Elle est superbe. Si un pigeon ou une rafale de vent ne risquaient pas de gâcher le diner, je crois que nous serions retournées dans sa chambre. D’autant plus que l'éclat de ses yeux me fait penser qu'elle est dans le même état d'esprit.
Happer par sa beauté, je m'approche d’elle, lui capture sa joue avec ma main droite et sa taille de ma gauche. Je me penche vers son oreille pour lui murmure qu'elle est magnifique et ne résiste pas au plaisir de l'embrasser. Ce merveilleux moment doit hélas être abrégé. Je noue alors le foulard pris à cet effet devant ses yeux et lui susurre que la nuit ne peut, aujourd’hui, être mon allié. Je lui prends, alors la main et l'emmène sur le toit.

Bien sur le passage par l'escalier en colimaçon est un peu délicat mais c’est le seul moyen pour qu’elle découvre ce qui a été préparé sous le meilleur angle. Je sais bien qu’étant chez elle, elle le connait déjà mais je tiens tout de même à conserver un petit côté surprise.

Une fois satisfaite de l’endroit où nous sommes, je me place derrière elle et lui retire son bandeau.
Elle se trouve alors face à la table. Une jolie nappe blanche la recouvre et son plus beau service y est dressé. Les serviettes, du même rouge que la rose, sont posées sur les assiettes en cône. C’est peut-être dû à la couleur des trois verticales mais l’ensemble me fait penser au Kremlin.
En arrière-plan, le soleil, pas encore couchant, éclaire une mer de toit d’où émerge le dôme de l’église Saint-Augustin, tout proche. Sur l’horizon, on aperçoit la basilique du sacré cœur.

Je ne sais combien de temps nous admirons muette cette vue, mais, à un moment, Cécile se retourne vivement vers moi et m’embrasse passionnément.
Que j’aime cela.
Elle s’écarte ensuite et me regarde avec les yeux tout brillant.

Cécile:-" Tu sais mon amour, au début de mon installation, je montais ici très souvent pour lire ou boire un café et puis je ne suis plus venu. Tu viens de me faire redécouvrir se magnifique lieu. J’ai vraiment beaucoup de chance que tu sois si romantique."

Je suis ravie que cela lui plaise, mais ce n’est pas fini. Je la laisse pour récupérer la petite boite à bijou et revient en la lui donnant. Elle est d’abord étonnée puis lorsqu’elle découvre le cœur en émeraude des larmes perlent de ses yeux.

Moi :-« L’émeraude symbolisait pour les Romains l’amour et pour les Egyptiens l’éternité. C’est exactement ce que je ressens quand je me noie dans tes deux superbes yeux verts, un amour éternel. Avec ce pendentif, je ne t’offre mon cœur, il t’appartient déjà, je veux juste te dire que je t’aime. »

Je vois les joues de ma douce ruisselé de larme que j'espère de bonheur. Elle tient son présent comme le saint Graal en me regardant muette. Je suis un peu surprise par cette réaction. J'ai peur d'avoir commis un impair comme d'avoir réveillé de vieux souvenirs douloureux. J'attrape ma serviette et viens essuyer ses joues.

Moi:-" Amour, ça va?"

Ma question semble la ramener à la réalité.

Cécile:-" Oh oui! Je n'ai jamais été aussi heureuse. Ton cadeau et tes paroles me touchent à un point que tu n'imagines pas. Caroline, moi aussi je t'aime. »

Nous nous embrassons tout tendrement. Plus rien n'existe que mon aimée. Sa chaleur et son parfum m'enveloppe tandis que la douceur de ses lèvres me transporte.
Ce moment est merveilleux. Mon esprit baigne dans le bonheur et l'amour.
Béate, je me dis que j'ai de la chance d'être avec elle.
C'est avec cette phrase que la réalité revient me frapper de plein fouet, j'aurais pu la perdre. Je me suis cachée cette possibilité depuis le début laissant la colère puis la culpabilité me guider. Pourtant je sais bien qu'il n'y a pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarette entre la vie et la mort dans ce genre de situation.
D'un coup les 23 morts que je viens de causer sont beaucoup moins traumatisant et culpabilisant. Bien sûr, ils m'ont marquée et vont certainement me hanter toute ma vie, d'après ce qu'on voit dans les films, mais cela sera toujours plus facile à supporter que l’horreur si elle était morte.

Je suis beaucoup plus sereine quand nous nous séparons. J'ai en plus la satisfaction de voir dans les yeux de ma belle, brillant de mille feux, la preuve qu'elle aussi ne demande qu'à recommencer. Il faut cependant débuter le repas si nous voulons bénéficier de la lumière de jour pour manger.
Elle me tend son collier et je le lui accroche autour du cou. J’en profite pour l'embrasser là où elle est si sensible déclenchant un râle de plaisir. L’envie de continuer est là mais cela sera pour plus tard. Je me redresse. Ma chérie, un peu dépitée, se retourne et capture mes lèvres dans un baiser sauvage comme pour me punir de la frustrer. Me copiant, elle s’arrête lorsqu’elle sent, à la pression de mes mains sur son corps, qu’elle m’a enflammée. Je mets quelques secondes à me calmer. Elle, elle me regarde avec son grand sourire un peu goguenard. Je me contente de l’admirer, encore et je suis ravie de découvrir mon cadeau sur elle. Il est de toute beauté ainsi blotti au creux de sa poitrine et magnifiquement éclairé par le soleil.

Le dîner est une parfaite réussi. Nous profitons de ce premier repas en tête à tête pour échanger des anecdotes sur notre passé. Après le dessert, nous admirerons le coucher de soleil, non loin de l'arc de triomphe, dans les bras l'une de l'autre. La nuit sonne la retraite après cette journée mouvementée. Bien sûr nous débarrassons avant.

Dans sa chambre, Cécile ne me laisse pas aller me changer la salle de bain. Elle m’interpelle pour me stopper avant. Ensuite elle s'avance, telle une prédatrice, ses yeux rivés dans les mien. Une fois devant moi, elle se baisse et glisse ses mains le long de mes deux cuisses.

Cécile:-"Depuis que je t'ai vu à la sortie de la chambre d'amie, je suis intriguée."

Elle arrive à mes hanches, repère ce qui manque et en profite pour m'enlever ma robe.

Cécile:-" C'est bien ce que je pensais, tu eu une crise d'amnésie en t'habillant. Ou alors tu es devenue coquine et cela me plais énormément."

La suite n'est que douceur et volupté. Caresses et tendres baisés nous emmènent jusqu'au lit où nous continuons à nous aimer. Notre plaisir arrive en même temps et achève de nous épuiser. Nous nous blottissons l’une contre l’autre, je nous recouvre de la couette et nous nous endormons ainsi.

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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:57


XXI




Le lendemain matin nous sommes dans la même position. Un rayon de soleil tape à l’œil et une odeur de petit déjeuner alléchante m'ont tiré des bras de Morphée avant ma douce. Je profite d’être la première à avoir ouvert les yeux pour admirer son visage. En détaillant chaque tache de rousseur, je mesure une nouvelle fois la chance que j’aie de l’avoir. Après m’être repue de ce merveilleux spectacle, je me fais la promesse de toujours tout faire pour quelle garde cette sérénité magnifique.
Sur ces bonnes pensées, je décide de réveiller la belle endormie par une multitude de bisous.
Après avoir beaucoup grogné, elle ouvre un œil et je lui fais mon plus beau sourire.

Cécile, tout ensommeillée:-" Pourquoi tu me réveilles?"

Moi:" Tu me manquais trop."

Elle m’éblouit en me souriant à son tour. Nous restons là à nous regarder, incapable de détourner le regard. Puis ses narines palpitent.

Cécile:-« Hum quelle bonne odeur de café et de baguette fraîche! Que dirais tu d'aller petit déjeuner?"

Moi:-" Cela me va complètement."

Nous nous levons alors et nous dirigeons vers la salle de bain pour nous rafraichir et passer un peignoir, il ne faudrait pas choquer madame de Falla.
Le petit déjeuner nous attend sur la table. Nous lui faisons honneur. Une fois terminé, je vois ma douce un peu mal à l'aise se tortiller sur sa chaise. Son regard un peu fuyant me faisant pensée qu’elle n’ose pas me dire quelque chose. Je mets donc les pieds dans le plat. »

Moi :-« Amour, tu sais que tu peux tout me demander alors vas-y, lance toi ! »

Cécile:-" Tu crois qu'aujourd'hui pourrait être une journée rien qu'à nous?"

Je tombe des nues.

Moi:-« Comme un jour de vacances en amoureuse ? »

Cécile interprète mal les raisons de mon étonnement.

Cécile,- « Enfin c'était une idée comme ça. Je comprends que tu aies des choses plus urgentes à faire. »

Moi:- « non, non, Amour, ce n’est pas du tout ça. En plus c'est toujours très important pour moi de passer du temps avec toi. Mais ma surprise vient du fait que j'avais complètement oublier qu'on pouvait ne rien faire. »

Je vois, à son visage, qu’elle s’interroge sur mes paroles. Je vais pour m’expliquer quand elle me coupe l’herbe sous le pied en parlant la première.

Cécile- « C’est évident, je ne vois pas pourquoi je m’en suis étonnée. Toutes vos aventures sont le moyen trouvé par vos subconscients pour que vous supportiez les transformations de votre corps pendant le voyage interdimmensionnel. Vous ne pouviez pas avoir de période d’oisiveté cela aurait été dramatique, vous auriez été confronté brutalement à la réalité. »

Encore une fois son génie m'étonne.

Moi:- « C’est tout à fait ça. Et comme pour nous cela à durée plusieurs siècles, mes dernières vacances étaient il y a une éternité. D’où ma surprise quand tu en as parlé. »

Cécile :-« Comment vous avez réagis quand vous avez compris ce qui vous est arrivé et que tout ce que vous avez vécu était que le fruit de votre imagination ? »

Moi :-« Honnêtement, on a été déçu et frustré de ne pas avoir réellement accompli toutes ses aventures dont en est fière, pour la plupart. Puis comme la mission actuelle est très importante, nos compétences et nos expériences bien réelles, cela nous est passé. »

Cécile :-« En tout cas, heureusement que vous avez eu ce dérivatif, surtout pour Paul et Jacques. Au vu des gabarits qu'ils ont actuellement, ils ont certainement grandi de près de quarante centimètres ce qui est excessivement douloureux."

Moi:-" Tout à fait."

Cécile :-« Alors tu es d’accord pour rester avec moi toute la journée ? »


Mon portable sonne à ce moment-là, c’est Pierre. Je décroche avant de répondre à ma douce, au cas où il s’agirait d’une urgence. Je suis rassurée par le ton calme de sa voix. Il appelle pour prendre de mes nouvelles. Je lui explique qu’après avoir discuté avec Cécile cela va mieux. Il veut aussi savoir quand j’arrive pour le débriefing. Je lui explique que ce n’est pas possible aujourd’hui. Je passe la journée avec Cécile. Evidemment, elle l’entend et me fait un superbe sourire. Après un long blanc, Pierre me propose de le faire demain matin avant le déjeuner qu’organise mamé, au QG. Cécile et moi y sommes conviées, tout comme le reste du groupe. Mon aïeule l’a prévu pour exorciser un peu la prise d’otage et resserrer les rangs. Je suis évidemment d’accord, le salue et raccroche. J’informe ma douce de l’invitation. Elle était déjà au courant, elle en a parlé avec ma grand-mère la veille.

Moi :-« Alors que fait-on ? »

Cécile, tout sourire :-« Nous laver semble une bonne idée. »

Au lieu de rentrer dans son jeu en lui redemandant ce qu'elle a prévu de faire de cette journée de vacances je lui dis que c’est une bonne idée de se laver. Je me lève, l’air de rien, et débarrasse la table. Cécile semble un peu frustrée que je ne réagisse pas comme elle espérait. J’enfonce le clou en venant vers elle, innocente. Je l’enlace en l'interrogeant sur ce qu’il ne va pas. Elle prend son air de petite fille boudeuse, qui me fait tant craquer, pour me répondre.

Cécile :-« Ce n’est pas drôle quand tu ne joues pas avec moi »

Ne voulant pas qu’elle soit trop dépitée mais tenant à ma petite victoire, je fais diversion. Je glisse mes mains dans son peignoir et me fait coquine.

Moi :-« Je pensais que tu voulais vraiment profiter de ta très grande douche. C’est tout de même la première fois que nous sommes seules et sans contrainte horaire.

Je termine par un baisé passionné dans son cou et pars. Arrivée à la porte de la cuisine, je me retourne, elle n’a pas bougé.

Moi :-« Ce n’était donc pas ce que tu avais décidé de faire, dommage. Je vais y aller seule alors. A tout de suite mon amour. »

Je m'en vais. Sûre que ses yeux sont toujours fixés sur moi, je dénoue ma ceinture et laisse glisser mon vêtement à terre, tout en roulant exagérément des hanches. Je prie tous les dieux pour que madame de Falla n’arrive pas à ce moment-là.
Je ne l’entends m’appeler et courir pour me rattraper que lorsque je suis hors de sa vue après avoir tourné à l’angle du couloir. Je ne ralenti pas pour autant. C’est donc une Cécile essoufflée et inquiète qui se met devant moi pour que je m’arrête.

Cécile :-« Si tu es d’accord, je voulais te faire une petite visite de Paris aujourd’hui. »

Je lui souris à pleine dent.

Moi :-« C’est une super idée, je ne connais que la Tour Eiffel. »

Elle semble soulagée. En jouant les timides, ou peut-être pas, elle me demande si elle peut venir prendre la douche avec moi. Evidemment, je fonds littéralement et accepte. Elle me saute dans les bras et m’embrasse. Je la garde contre moi et la porte jusqu’à la salle de bain.

Nous ne sommes sorties de l’appartement qu’aux alentours de midi. L’effet aphrodisiaque de cette première journée, rien qu’à nous, a été colossal. Ma douce a d’ailleurs quelque souci pour marcher. Surement le manque d’habitude des efforts physiques prolongés. Je lui propose de remettre notre balade à plus tard mais elle refuse, disant que cela va aller.
Après cinq minutes de marche sans amélioration notable, je tente une diversion pour qu’elle se repose.

Moi :-« Amour, après notre merveilleuse matinée, je dois avouer que je grignoterais bien quelques chose. Y- a- t-il un moyen de trouver un restaurant qui ne coûterait pas un an de salaire. »

Cécile :-« Tu sais, toutes les entreprises n’ont pas de cantines donc les café et les boulangeries proposent toujours des salades, des sandwichs et parfois mêmes des crêpes et des croque-monsieur quand il fait froid. »

Nous allons donc manger une salade et un éclair au chocolat. Ensuite elle m’emmène voir l’église de la madeleine, la place de la concorde, le jardin des Tuileries, le Louvre, L’ile de la cité avec le palais de justice et Notre Dame de Paris. Avec enthousiasme elle me raconte chacun de ses lieux en me faisant pour la première fois aimer l’Histoire. Au moment où nous traversons la seine, je la sens à nouveau faible. Ce qui est tout à fait compréhensible après les émotions de la veille, nos exploits du matin et les plus de trois kilomètre de marche depuis son appartement.

Moi :-« Amour, que dirais tu de prendre une glace. Je vois des personnes attablées en manger dans le bistrot là-bas. »

Cécile, amusée :-« Caro c’est un des lieux pour les rares touristes qui réussissent à entrer en France. Leurs prix sont prohibitifs. Je vais t’emmener dans une boulangerie qui fabrique des sorbets à tomber. »

La voyant repartir d’un bon pas, je suis rassurée et me contente de la suivre. Le souci, c’est que les rues montent. Très rapidement, elle est à la peine. Je joue les grandes gamines pour pouvoir l'aider sans la vexer. Je l’attrape comme une mariée et me met à courir. Pour me justifier, je lui dis que j’ai trop envie de ces glaces pour attendre. Étonnée et un peu inquiète au début, elle se prend, très vite, au jeu. Elle m’indique le chemin en m’appelant mon brave et en utilisant un accent snob. Nous rions beaucoup. Arrivée à destination je la pose à terre.
Elle reprend son sérieux pour me remercier. Elle a parfaitement compris ce que je venais de faire.

Moi, pour éviter d’être mal à l’aise, je lui dis, avec le ton des majordomes dans les films :-« Madame est arrivée. J’espère que madame a fait bon voyage. Je dois dire à madame que pour ma part se fut un réelle plaisir de transporter madame. »

Cécile défroisse ses vêtements, se recoiffe puis seulement se retourne vers moi.

Cécile, snob :-« Gontran, j’apprécierais qu’à l’avenir vous prévoyez une table à repassez en un fer pour défroisser mes habits. Je ne peux décemment pas le faire moi-même à chaque fois. »

Moi, m’inclinant :-« Il en sera fait comme madame le désir. »

En me redressant, nos regards se croisent, n’y tenant plus, nous éclatons de rire. Il nous faut bien cinq minutes avant de pouvoir rentrer dans la boulangerie. Ma douce a raison, leurs sorbets sont délicieux. Une demi-heure après, c’est reposées, désaltérées et rafraîchies que nous reprenons notre visite. Elle me fait découvrir la place Saint-michel et sa fontaine, la rue Saint André des arts et les dernières galeries d’art, la place de l’Odéon avec l’école de médecine, le théâtre et le sénat. Ensuite nous allons à l’église Saint Sulpice et elle me montre sa méridienne en laiton puis nous redescendons à l'église Saint germain des prés où elle me raconte tout sur les cafés de flore et des deux magots. Enfin nous prenons la rue de l’université jusqu’au musée d’Orsay où nous entrons.

Pendant presqu'un quart d'heure, elle est inabordable. Elle salut et est saluée par tous les employés que nous croisons et qui sont légions justement. Nous entrons dans les salles d’exposition sans passer par la caisse. Elle a simplement discuté avec le vigil des problèmes dentaires de son petit dernier. Son intérêt pour chacun est sincère. C'est vraiment une belle personne.
Ce n'est qu'une fois seules et réellement dans le musée qu'elle revient vers moi.

Cécile :-« Désolée amour de t’avoir délaissée. Je n’étais pas venu ici depuis un mois. Je ne pensais pas que tout le personnel serait là aujourd’hui sinon je t’aurais prévenue. "

Moi :-« T’inquiète, je comprends. Tu connais vraiment tout le monde ? »

Cécile :-« Oui, à peu près. Ce musée a toujours été mon préféré. Quand j'ai repris mes études, j'ai profité de l'excuse que cela me donnait pour y passer presque tout mon temps libre, la première année. Par la suite, j'ai dû tout de même élargir mes domaines de recherche. Cela ne m’empêche pas de revenir ici au moins une fois par semaine, à part ce dernier mois. »

Moi:-" C’est bien d’avoir le contact facile. Dis amour, tu ne crois pas qu'il est un peu tard pour visiter?"

Cécile:-" Si je voulais te faire visiter toute les salles, oui. Mais là, nous allons uniquement voir les tableaux que je préfère. Ainsi tu me connaitras un peu mieux."

Après avoir vérifié que nous sommes seules, je la prends dans mes bras et dépose un petit bisou tout doux et tout fugace. Je la repose ensuite immédiatement, on ne sait jamais.

Moi:-"Cela me va droit au cœur mon amour, merci."

Elle m'emmène ensuite tambour battant vers le premier tableau. Nous passons une heure à voir toutes les œuvres qu'elle aime.

Cécile:-" Amour, il faut hélas que nous y allions."

Moi:-" Déjà! Bon je te suis."

Cécile:-" je suis heureuse que tu réagisses ainsi. J'ai la même impression à chaque fois que je dois partir."

Moi:-" Enfin, je ne peux pas t'assurer qu'après cinquante visites, je sois toujours aussi déçu de partir."

Cécile, un sourire aux lèvres:-" Alors nous ne viendrons que quarante-neuf fois."

Moi, choquée:-" Si tu continues avec cet humour, je te préviens, je t'appelle papa. Ce qui veut dire plus de bisous."

Nous nous regardons sérieuse comme des papes pendant cinq secondes puis éclatons de rire.
Une fois calmée, elle me fait grimper des escaliers alors que je pensais que nous sortirons. Je l'interroge mais elle élude la question en me rappelant qu'hier je ne lui ai rien dit sur le menu de notre diner. Je comprends qu'elle veut me faire une surprise et décide donc d'attendre pour en profiter pleinement. Mais lorsque nous arrivons au dernier étage, elle s'arrête et me fait face, un peu mal à l’aise.

Cécile:-"Amour, je connais aussi très bien les personnes travaillant au restaurant. De ce fait, nous sommes leurs invitées ce soir. Ainsi tu n'as pas à t’en faire pour l'addition. S'il te plait profite de cette soirée et ne t'interroge pas sur l'aspect financier."

Mon dieu! Je suis si imbuvable avec mon complexe vis à vis de l'argent qu'elle se sent obligée d'éventer sa surprise par peur que je me comporte comme sa marraine. Rapidement, je repère un recoin à l'abri des caméras de surveillance et des regards d'éventuels clients voulant aller au restaurant. Je l'y emmène et l'embrasse avec tout mon amour.

Moi:-" Je suis totalement, complètement et définitivement désolée Cécile d'être aussi casse pied avec mes problèmes d'indépendances économiques. Je n’avais absolument pas conscience d’être ainsi. Je vais tenter de me corriger. Mais en tout cas, sois sûre que pour ce diner je vais profiter de chaque secondes de ton cadeau."

Cécile:-" Merci. Une dernière chose, ne sois pas surprise si nous n'avons pas de menus. C'est le chef qui décide. Je n'ai accepté son hospitalité, depuis le début, qu'à cette condition."

Moi:-" J'espère que tu me raconteras comment tu en es arrivée à ce degré d’intimité avec lui."

Cécile:-" C'est prévu. Ne t'inquiète pas."

Nous sortons de notre recoin et parcourons les derniers mètres qu’il nous reste avant de nous arrêter devant un maitre d'hôtel. Après les présentations, ma douce et lui prennent des nouvelles l'un de l'autre, ensuite l'homme revient à la raison de notre présence.

Le maitre d'hôtel:-" Cécile, je peux te laisser aller à ta table seules?"

Cécile:-" Évidemment, Jean."

Nous entrons dans le restaurant et je me trouve éblouie par une intense lumière jaune. Une fois que ma vision s'est adaptée, je découvre une très grande pièce, avec de haut plafond recouvert de trois peintures. J'aperçois ensuite d'immenses porte fenêtre face à moi, occupant toute la longueur de la salle. C'est en regardant à travers elles que je devine pourquoi Cécile a voulu venir ici. La vue sur la Seine, le Louvre et les jardins des tuileries est tout simplement splendide. Je comprends aussi que ce sont les rayons du soleil couchant en se reflétant sur les ors des boiseries qui sont responsables de la clarté si vive de ce lieu superbe. Cerise sur le gâteau, Cécile nous installe à une table située juste à côté d'une de ces ouvertures.

Moi:-" C'est magnifique, amour. Tu m'as plus que gâté."

Cécile:-" C'est vrai cela te plait?"

Moi:-" Oh que oui, le lieu et la vue sont superbe. En plus comble du bonheur tu es là avec moi."

Cécile:-" Merci."

Nous osons nous prendre la main et restons ainsi à nous regarder, nous noyant dans les yeux de l'autre avec plaisir. Lorsque nous revenons à la réalité, un serveur vient nous apporter une coupe de champagne et un plateau d'amuse-bouche. Je pense qu'il a attendu que notre moment intime soit terminé pour être si synchrone.

Le serveur:-" Bonjour Cécile, bonjour mademoiselle."

Cécile:-" Bonjours Luc, je te présente Caroline, mon amie. Caro, voici Luc."

Nous nous saluons.

Luc:-" Pour fêter ton retour Cécile et la première personne que tu nous présentes, le chef vous propose en entrée un duo de foie gras, l'un poêlé sur compotée de rhubarbe, l'autre cuit au torchon et accompagné d’un chutney fraise, en plat principal des médaillons de veau servi avec son étuvé de morilles et d'asperges vert, ensuite en dessert une fraise Melba. Comme vin, André a pensé à un gruau Larose de 2017."

Cécile:-" C'est parfait, pourras-tu remercier le chef et le sommelier de notre part à toutes les deux de tant nous gâter, Luc?"

Luc:-" Je n'y manquerais pas."

Cécile:-" Merci Luc."

Je n'ose parler qu'une fois Luc éloigné.

Moi:-" C'est un repas hallucinant avec un vin d'exception que nous allons avoir."

Cécile:-" Oh oui, j'en suis étonnée et gênée. C'est la première fois que le chef me propose un tel menu. Habituellement, il me régale avec un plat et un dessert et jamais d’alcool ou de vin n’ont été proposé."

Moi:-" Tu lui as donc manquée. »

Cécile :-« Peut-être ou il est content de te rencontrer. »

Moi :-« Je ne vois pas pourquoi. A moins qu’il est deviné que nous sommes ensemble. D’ailleurs quand as-tu eu le temps d’organiser tout ça et que leur as-tu dis? »

Cécile attends pour me répondre que Luc nous serve. L’homme est un peu gêné quand vient le moment de faire gouter le vin, il ne sait pas à qui demander l’approbation de la bouteille. Ma douce le sort de son dilemme.

Cécile :-« Luc, nous faisons entièrement confiance à André pour le choix du vin et dans le soin qu’il apporte à leur conservation. »

Il nous sert donc toutes les deux et nous laisse.

Les assiettes sont superbes et sentent très bon. Nous décidons de satisfaire notre curiosité et notre appétit avant de continuer notre conversation. C’est tout simplement divin. L’union des saveurs, pourtant différentes, est une pure merveille. Je ne parle même pas du vin qui est si extraordinaire qu’il arrive à la fois à sublimer les aliments et à exister par lui-même. Moi, qui ne bois jamais d’alcool, j’en suis la première surprise de tant l’apprécier.
Après les premières bouchées silencieuses, Cécile me répond.

Cécile:-" J'ai juste prévenu le chef que je venais ce soir avec une amie très chère en l'appelant pendant que tu étais occupée à vérifier et fixer ton arme ce matin."

Moi:-" En tout cas, je suis ravie de ton initiative."

Cécile:-" C'est super et cela me soulage. Veux-tu que je te raconte pourquoi je connais aussi bien les personnels?"

Moi:-" Bien sûr."

Cécile :-« J’ai eu quinze jours de battements entre le moment où j'ai arrêté de travailler à l'hôpital et le début de l'année universitaire. Je me suis, alors, amusée à lire tous les livres que je trouvais sur l'histoire de l'art. Ensuite, j’ai visité tous les musées parisiens pour voir en vrai les œuvres dont ils parlaient. Cela m'a rappelée l'époque où je faisais des chasses aux trésors avec papa. Bien sûr, ce ne fut pas très productif, j'ai passé presque plus de temps dans le métro que devant les tableaux, mais cela m'a replongée dans les études et l'art de façon agréable. Après, quand les cours ont débutés, comme je te l'ai dit tout à l'heure, je me suis focalisée sur Orsay.
Mais ma relation particulière avec le personnelle d’ici vient d’une journée exécrable et pluvieuse juste une semaine après la douloureuse soirée étudiante.
Je n'avais tenu que parce qu'après les cours je pourrais venir ici et voir le tableau de Monet « la dame à l'ombrelle » de retour de l'atelier.
Evidemment, quand je suis arrivée, il n'était pas là. Cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase, je me suis effondrée en larme sur la banquette »

Bien que très timide et dans une salle de restaurant pratiquement pleine, je dois faire un effort considérable pour ne pas me lever et venir la prendre dans mes bras. Après m'être agrippé à la table pour me contrôler, je lui prends les mains.

Moi:- « Tu sais amour, tu n'es pas obligée de me raconter si c'est douloureux. »

Cécile:- « Oh, ne t'inquiète pas, pour moi c'est du passé. Donc, je pleurais toutes les larmes de mon corps quand une femme vint s’asseoir à côté de moi. Perdue dans ma tristesse, je ne me suis aperçue de sa présence que lorsqu’elle me tendit un mouchoir. Cela me tellement surprit que je cessai de sangloter et me mouchai. Toujours muette, elle me donna un chocolat chaud et un brownie. Nous avons bu et mangé toutes les deux en silence. Puis, quand nous eûmes fini, elle se présenta comme étant la guide en chef, madame Solange Marchal et me proposa de venir visiter l'atelier de restauration des tableaux, j'ai accepté. »

Moi :-« Marchal, comme le cuisinier de ce restaurant ? »

J’ai vu son nom sur le pupitre du maitre d’hôtel.

Cécile :-« Oui, c’est sa femme. »

Je dois t’avouer que même si je ne dois pas être jalouse pour ce qui s’est passé avant que nous soyons ensemble, cela me soulage.

Luc arrive alors récupérer nos assiettes d’entrées qu’il remplace par celles de viande. Nous interrompons notre conversation et la dégustons avec grand plaisir tant elle est tendre et gouteuse. Les légumes ne sont pas en restes et enchante nos papilles. Une fois que les premières bouchées nous ont donné l’étendu du talent du cuisinier, nous entamons une conversation sur la restauration des tableaux. Elle m'expose les techniques utilisées ici, je lui parle de celle des faussaires que j'ai dû étudier pendant les quelques missions où nous avons été en relation avec le monde de l’art. Elle reprend ensuite le cours de son histoire.

Cécile :-« Le lendemain, je suis revenue avec des macarons et je les lui ai offert. Ensuite notre amitié grandit. Elle me présenta ses collègues guides. J’appris beaucoup au près d’eux, aussi bien la grande que la petite histoire des œuvres présentées ici et souvent avec des points de vues bien différent des livres et de mes professeurs. D’ailleurs, cela a fait l’objet d’un chapitre dans ma thèse de doctorat. Pour le reste du personnel, c'est à l’occasion des cinquante ans de Solange que je l'ai connu. Son mari avait décidé d’organisé, ici même, sa fête d’anniversaire surprise. Il me contacta pour m’y inviter. Evidemment je fus immédiatement d'accord et lui proposai de l’aider, ce qu'il accepta. Nous avons sympathisé pendant les préparatifs."

La fin de son récit correspond avec celle de notre plat et la venue de Luc pour nous débarrasser de nos assiettes et les remplacer par les coupes de fraise melba. Curieuse, je jette un œil à la salle. Je m’aperçois alors que nous sommes les dernières. La salle est maintenant coupée en deux par un rideau derrière lequel j'entends qu'on s'active. Je me rends compte, alors, que notre est table est située au pire endroit d'un point de vue de la sécurité. Je suis d'abord choquée par tant de négligence de ma part. Puis, en y réfléchissant bien, cela me plait d'avoir enfin un comportement de jeune fille amoureuse et insouciante. Je vois ça comme un retour à une certaine normalité, bien loin de mes sinistres exploits d'hier. Je suis stoppée dans mes pensées par la main de ma douce posée sur la mienne.

Cécile:-" Caroline, Ça va? Luc demandait si tu voulais un café après ton dessert?"

Moi:-" Oh oui, Ça va très bien et non je ne veux pas de café, merci."

Cécile:-" Donc seulement un café pour moi Luc, s'il te plait."

Une fois qu'il est partie, je lui relate le cheminement de ma pensée et la joie que cela m'a apportée

Cécile:-" C'est super si tu n'agis plus en permanence comme si tu étais en zone de conflit, cela va te permettre de souffler un peu."

Moi:-" Enfin, le vrai le positif de ce changement, c'est surtout que je n'agirais plus comme une psychopathe en ta présence."

Cécile, offusquée:-" Je n'ai jamais pensé cela de toi! »

Moi:-" Cela ne veut pas dire que si je continuais sur la lancé d'hier, cela n'arrivera pas. Mais lassons cela de côté. Ne gâchons pas cette superbe soirée en parlant de chose déprimant. Et revenons à nos moutons. Amour, il ne reste plus que nous et il semble encore avoir du travail de réorganisation. Tu ne crois pas que nous gênons?"

Cécile:-"Ne t'inquiète pas, s'ils ont tiré le rideau, c'est surtout pour nous laisser tranquille. En plus, nous ne pouvons pas partir sans avoir remercier Henri, le cuisinier, pour ce repas."

Moi:-" Oui, tu as raison. En tout cas, j'ai passé un très agréable moment en ta compagnie et je peux t'assurer que je n'ai pas mangé de meilleur repas."

Cécile:-" J'en suis vraiment ravie. Si nous mangions cette glace qui semble exquise?"

Pour toute réponse, je plonge ma cuillère dans la coupe, récupère une fraise recouverte de glace et de chantilly et l'englouti voracement. La sensation est tout simplement fabuleuse. Habituellement les fruits utilisés sont beaux mais sans goût, là se sont visiblement des gariguettes sucrées et juteuses. La glace a un vrai goût de vanille. Elle est crémeuse mais aérée comme de la chantilly. Le coulis est légèrement acidulé pour contraster l'ensemble. Nous nous régalons toutes les deux dans le silence. Cécile reprend la parole en buvant son café.

Cécile:-" Le jour de l'anniversaire de Solange, un orchestre est venu jouer. Je n'y ai pas fait attention tout de suite. Ce n'est que lorsque j'ai reconnu parmi les musiciens des guides et d'autre employés déjà croisés ici que j'ai interrogé les personnes autour de moi. Elles m'ont dit que c'était l'association musicale des employés du musée d'Orsay. Le monde de la musique m'étant étranger, du fait de mon histoire, ce fut pour moi une découverte que l'on puisse être amateur à l'âge adulte. Curieuse, j'ai demandé si je pouvais assister aux répétitions. Après un mois en tant que spectatrice, je me suis mise au chant."

Je suis étonnée de cette révélation, mais ce n'est rien en comparaison de la suite.

Cécile:-" C'est parce que je suis devenue membre de cette orchestre et que nous jouons souvent devant les autre employés que je les connais tous si bien. Je n'ai hélas pas de superbe bijou, comme toi, a t'offrir alors voici un petit concert rien que pour toi pour essayer de t'exprimer tout mon amour."

Elle se lève ensuite, me dépose un rapide baisé sur la bouche et avant que je ne réagisse, se dirige vers le rideau et disparaît derrière. Je me redresse et me dirige là où je l'ai vu partir. Mais avant que je n'y arrive, les tentures s'ouvrent me révélant un orchestre de plus de vingt musiciens avec au-devant de la scène mon amour un micro à la main. C'est une formation des plus hétéroclites, des basses et des guitares électriques côtoient des instruments classiques. Moi, je reste figée pendant quelques seconde tel un lapin pris dans les phares d'une voiture puis j'arrive à surmonter ma timidité et lui sourit avant de m'assoir sur une chaise trouvée non loin. La musique commence alors.
Ma douce enchaine les chansons d’amours. Sa voix est une pure merveille. Mon cœur est submergé par le bonheur. J’en pleure tellement je suis heureuse.

Sa dernière chanson terminée, elle descend de scène et se dirige vers moi. Un homme la remplace. Elle s'arrête et me tend la main. Je la saisis et me lève. Nous restons yeux dans les yeux tentant de hurler tout notre amour par notre seul regard. Lorsque la musique reprend, nous nous enlaçons puis nous nous dansons.
Une fois dans ses bras, plus rien n’existe. Ce n'est que lorsque la musique cesse et que des applaudissements retentissent, nous y participons d'ailleurs, que je m'aperçois que nous avons été rejointes pendant que nous succombions à Terpsichore. Après avoir été présentée à tout le monde, les avoir tous remerciés, en particulier le chef cuisinier pour l'excellence de notre repas et avoir bu une dernière coupe de champagne, nous partons.
Pendant tout le trajet du retour, je ne me reconnais pas. D'abord je profite de la nuit pour passer un bras autour de sa taille et la sentir contre moi. Ensuite, c'est moi qui anime la conversation et mes sujets sont le repas divin et la superbe voix de Cécile. Ma douce parle peu mais ses yeux le font pour elle. Ils me disent qu'elle est ravie de ma réaction.
Arrivées à sa porte d'appartement, je conclus en disant qu'elle a tous les talents. Elle me répond d'une toute petite voix ensommeillée qu'elle n'a pas celui de pouvoir me protéger et pourtant c'est le plus important.
Émue de cet immense compliment qu'elle me fait, je ne sais quoi répondre. Je ne peux que l'embrasser et la porter directement à sa chambre où nous nous couchons après avoir seulement pris le temps de nous dévêtir, terrassées par la fatigue.

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XXII




Il faut que je me dépêche, Cécile est en danger. Je suis debout sur les deux tables et abat, à travers le mur les sept preneurs d’otages. Je saute et me précipite dans la pièce. Je vérifie que les soldats sont tous morts. Ils n’ont plus de visage, la balle le leur a explosé. Je me redresse et enlève mon casque. Je me retrouve devant Cécile, Thomas, mes frères et ma famille. Je vois sur leur visage toute l’horreur, la répugnance et la peur que je leur inspire. Je m’avance vers ma douce pour lui expliquer, elle recule et se réfugie dans les bras de son ami.

Cécile :-« Tu es une bête immonde et sanguinaire Caroline. Je ne veux plus jamais te revoir. Nous deux, c’est fini. Je pars avec Thomas. »

Ils s’embrassent avec passion avant de partir accompagner de tous. J’entends mes frères leur proposer de les aider pour organiser leur mariage.
Je reste seule au milieu du bureau.

Je réagis enfin et lui hurle que je l’aime, que j’ai fait ça pour elle, que je ne suis pas un monstre. Je sens alors un bras autour de mes épaules me réconforter. Je me retourne et vois le capitaine arborant son sourire sadique.

Le Capitaine :-« Tu vois Caroline, tu m’as tué mais nous sommes pareils, deux monstres haïs de tous et seuls à jamais. »

Désespérée et en larme, je pose le canon de mon arme sur ma tempe et tire.

Je me retrouve alors tremblante, transpirante et en pleure, dans les bras de Cécile, dans son lit. Elle ne s'est pas aperçu de mon réveille. Elle continue de me bercer tout en me répétant tout bas qu’elle m’aime, que jamais elle ne m’abandonnera et que je ne suis pas un monstre.

Dieu, ce n’était qu’un cauchemar. C'est affreux comme il était réaliste et douloureux. Je pense que c'est parce que jamais je n'ai eu aussi peur de quelque chose avant. Je me retourne vers elle.
Elle me fait un grand sourire et m’essuie les joues puis m'embrasse.

Cécile:-" Ce n'était qu'un cauchemar et sois sûre que je n'ai pas l'intention de t'abandonner."

Moi:-" J'ai aussi hurlé ici?"

Cécile:-" Oh oui."

Moi:-" Merci pour ton soutient, cela m'aide beaucoup. Je ne sais pas ce que je deviendrais sans toi."


Cécile :-« Oh moi, je n’y suis pour rien. C’est uniquement parce que tu as volé mon cœur que j'agis de la sorte. Sinon, tu penses bien que jamais je ne te que garderai à mes côtés alors que tu me réveilles en hurlant."

Sa tirade dit, elle s’empresse de m’embrasser pour que je ne réplique pas. D’abord surprise, j’y participe bien vite. Mais je dois tout stopper rapidement. Si je continue, je ne suis pas certaine de pouvoir garder le contrôle sur moi-même. Depuis qu'elle a posé ses lèvres sur les miennes, un puissant désir s’est emparé de moi. Je n'ai qu'une envie, c'est de lâcher prise et d’exprimer avec force tout mon amour pour elle dans des ébats fougueux. Mais, j’ai peur qu’elle ne le veuille pas. Après quelques secondes, j’ose plonger mes yeux dans les siens. Ses pupilles sont dilatées, j’entends son rythme cardiaque s’affolé. J’espère que cela veut dire qu’elle aussi veut beaucoup plus mais je suis toujours inquiète de sa réaction.
Ma douce ne se pose pas tant de question. Elle capture violement ma bouche et me renverse sur le lit. Pour moi c’est le déclic, elle me donne son accord.
Adieu réserve et retenu, je laisse libre court à ma passion, elle aussi.
Nos gestes sont tout en force pour mieux sentir l'autre, pour fusionner avec elle. Nous cherchons le maximum de sensation, nous goûtons l'autre, nous stimulons et surtout nous donnons du plaisir, le plus fort et le plus intense possible. Nous laissons notre côté animal s’exprimer dans cette joute bestiale. Cela me permet aussi de me sentir vivante après cet horrible cauchemar.
Je ne sais combien de temps cela dure mais nous ne nous arrêtons que lorsque Cécile, épuisée, ne peut plus garder les yeux ouverts. Je l’enlace alors et m’endort presque aussitôt.

C'est mon téléphone portable qui nous réveille. Je décroche.

Pierre:-" Caro, tu as un problème? Cela fait trente minutes que nous t'attendons pour le débriefing."

Je me redresse d’un coup, les dernières traces de sommeil envolées.

Moi:-" Non, tout va bien. La nuit a juste été un peu dure et c'est toi qui viens de me réveiller. J'arrive dans un quart d'heure."

Pierre :-" Tu nous raconteras. On t'attend."

Après un bisou à ma belle, je mets les affaires de mes tantes. À mon retour, elle s'est rendormie. Je pose ma tenue pour le déjeuner sur le lit avec un mot où je lui demande de me l'amener et lui dit que je l'aime à la folie. Je cours voir mes frères, ensuite.

J'arrive au quartier général assez vite. Je vais directement dans mon bureau enfiler ma combinaison de protection. C'est Jacques qui a eu l'idée de les utiliser pendant nos entraînements. Au début, c'était pour nous y habituer. Comme elles sont parfaitement bien faite, cela a été facile. Maintenant, nous la mettons à chaque fois pour pouvoir combattre réellement entre nous sans la crainte ni la retenu que nous avions naturellement face à un membre de notre famille. Nous savons qu’elle nous protègera des blessures. C'est comme ça que nous avons subi pour la première fois les assauts à pleine puissance de notre petit frère, cela a été des plus douloureux, mais des plus instructifs aussi. Lui a pu enfin s'entraîner vraiment et nous, nous apprenons à lutter contre un adversaire deux fois plus costaud que nous. Depuis une semaine que nous nous exerçons ainsi, mes progrès au corps à corps, sont flagrants. C’est grâce à ça que j’ai battu au colosse du palais de L’Elysée.

Quand j’arrive pour le débriefing, Pierre et Paul sont en plein combat. Comme toujours je ne peux pas m’empêcher de les regarder pendant que je m’étire et enfile ma cagoule et mes gants. S'il n'y avait pas cinq coup mortelles à la minute, ce serait presque de l’art tant le spectacle est superbe. Leurs mouvements sont si fluides, contrôlés et donnant l’impression de la facilité que cela donne l’illusion d’une chorégraphie. Je ne peux hélas pas prolonger ce moment, l’heure tourne.

Moi : « Bonjour ! »

Les combattants s’arrêtent et Jacques pose sa barre lesté par cinq cent kilos de charge. Ils viennent tous les trois me saluer d’un bisou et d’un câlin.

Pierre, un peu inquiet:-" Alors que t'est-il arrivé cette nuit pour que tu ne te lèves pas aux aurores comme d'habitude?"


Je lui réponds en même temps que nous dégageons l’espace en poussant tout contre les murs.


Moi:-" J'ai fait un cauchemar où je revivais le sauvetage de mercredi."


Pierre:-" Jacques nous a raconté ce qu'il a trouvé en arrivant et ta disparition pendant six heures. Je dois t'avouer que cela nous a plutôt inquiété, surtout si en plus, tu fais des cauchemars."

Moi:-" Le sauvetage en lui-même n’a pas été difficile. C’est plutôt de vivre avec ces vingt-trois morts sur la conscience, qui l’est. Si j’ai fui, c’est parce que j’ai eu peur que Cécile me considère comme un monstre. Mais grâce à la prévenance de Jacques, elle n’a pas vu les cadavres donc ne connait pas l’étendue du massacre. Pour le cauchemar, j'ai promis à ma chérie de voir un psy pour en parler. Cela devrait aider."

Paul:-" Cela va être dur d'en parler sans pouvoir lui raconter ton parcourt. »

Moi :-« Tu as raison, je n’y avais pas pensé. Je demanderai conseille à Cécile. Elle est psy, elle saura ce que je peux dire pour expliquer mon passé sans passer pour une folle. »

Jacques sort son portable.

Jacques :-« Vu le retard de Caroline, je mets une demi-heure pour que nous ayons le temps de nous doucher avant l’arrivée de mamé ? »

Nous acquiesçons tous les trois.
Notre combat commence alors, violent, technique, sans retenu.

Paul :-« Notre rencontre avec les dirigeants européens a été informatif. Tous ceux qui étaient en place en 1999 sont évidemment prêts à accepter le retour de la France dans l’U.E. Je pense qu’ils ont bien trop peur que s’ils s’y opposent nous révélions leur implication. Par contre pour les autres dirigeants et surtout pour les peuples, cela semble difficile. »

J’évite de justesse le poing de Jacques et réussi à faire tomber Pierre qui se relève immédiatement.

Pierre :-« D’après ce que nous avons compris, les gouvernements européens ont utilisé à outrance la sortie de la France pour justifier toutes les mesures impopulaires. »

Je reçois le pied de Paul dans le ventre ce qui me projettes en arrière. D’une roulade, je me rétablis et me relance en avant le percutant avec ma têtes au même endroit.

Moi :-« Comme dirait papa, il va falloir un gros coup de pub pour leur faire penser autrement. »

Jacques me capture et m’envoie sur Pierre de toutes ses forces. Celui-ci, toujours aussi rapide, m’évite. Je suis un peu sonnée à l’atterrissage mais cela ne dure que trois secondes. Ensuite je repars.

Paul :-« J’y réfléchis depuis notre voyage de retour et je n’ai rien trouvé. »

D’un coup de pied retourné, il étale Jacques.

Jacques-« Pour ma part, j’ai bien avancé pour le filtre. Pour l’adaptation sur un avion, je ne pense pas que cela pose de soucis d’ici un mois. Mais franchement, même si j’équipe mille avions qui se pilotent en équipe, c’est à dire si tous les soldats du président apprennent le pilotage, cela ne sera pas suffisant pour dépolluer leur Terre avec ce que nous avons vu en y allant. »

Pierre enchaine une dizaine de coup de poing contre moi, je réussis à m’en sortir en lui en assénant un shoot dans l’entre jambe.

Paul :-« Et tu proposes quoi, alors ? »

Le téléphone sonne, annonçant la fin de notre débriefing.
Paul se lance alors dans un kata où il alterne tous les arts martiaux asiatiques. Nous assomme en moins de cinq minutes. Mais avant, notre petit frère a le temps de nous dire qu’il pense à des bâtiments où serait filtré l’air, implantés autour et dans les villes. Là où est fabriqué la pollution et où elle est la plus importante. Moi, je parle de mon idée d’utiliser le réseau ferré pour l’intranet de la fonction publique.
Paul nous réveille tout de suite. Nous réinstallons notre salle d’entrainement puis prenons une douche.
Nous sommes prêts quand tout le monde arrive, Cécile m'ayant ramenée ma tenue un quart d'heure avant.
Elle a profité de mon habillage pour m'interroger sur mon ressentie par rapport à mon cauchemar de la nuit tout en enflammant mes sens en me caressant. J'élude sa question en capturant ses lèvres et ses mains.
Pierre, nous interrompt avant que cela ne dégénère par une petite toux sèche. Il vient nous avertir de l'arrivée des autres.
En entrant dans la salle où se déroule le déjeuner, je sens le regard de tous sur moi. Après un moment de flottement et pour moi de malaise, des applaudissements commencent. Ils sont d’abord timide puis s’amplifie très vite jusqu’à devenir une véritable standing ovation. Je n’ai alors qu’une envie, c’est de fuir. Hélas je ne le peux pas. Cécile l’a compris et me serre plus fort la main. Je me tourne vers elle. Son sourire m’accueille et me donne le courage de braver ma timidité.
Au bout d’un temps infinie, mais qui en réalité n’a pas dû durer plus de dix secondes, ils s’arrêtent. Chacun vient alors me remercier. Une fois cela fait, Pierre intervient en conviant tout le monde à table.
Mamé et mes tantes nous ont fait des salades vertes, de pomme de terre et de pâte. D’autres ont amené de la charcuterie ou du fromage.
Je m’aperçois alors que même mes frères ont participé en rapportant les boissons. Je suis très mal de ne rien avoir.

Cécile :-« Caroline, tu peux aller récupérer le sac de fruit dans ton bureau, il est trop lourd pour moi. »

Evidemment elle y a pensé. Je vais le chercher et par reflexe récupère mon portable.
Le repas est animé, joyeux et bon. J’arrive à parler avec tout le monde.
Je trouve même une fille qui connait Justin Bieber. Elle l’a découvert sur le net américain grâce à un vieil ordinateur raccordé au téléphone satellite de son père. Ce dernier l’utilisait lors de ses safaris en Afrique il y a vingt ans.
C’est lors de cet échange que le mien sonne pour m’indiquer l’arrivée d’un message. Par habitude, je m’excuse auprès de mon interlocutrice et regard. Il s’agit d’un mail. Je l’ouvre et reste sans voix, choquée.
Cécile qui est à côté de moi, a visiblement entendu mon téléphone. A ses sourcils froncés, elle doit se demander qui peut m’appeler vue que tous ceux que je connais sont dans la pièce. Je lui murmure à l’oreille qu’il faut que j’aille dans mon bureau et demande à mes frères de me suivre. Ils n’en demandent pas la raison, mon ton leur indique que ce n’est pas le moment. Nous nous excusons et partons. Ma douce, évidement nous suit.

Une fois arrivée, je tends mon portable à mes frères et je regarde vraiment pour la première fois le visage de Cécile qui reflète de la colère et de l'inquiétude. J’allume mon ordinateur et l’assoie près de moi. Là je lui raconte, en détail, notre intervention contre la C.I.A.

Après une dernière ligne de code, j’allume la webcam de l’ordinateur de miss Bleuet qui apparait sur l’écran. Elle marche de long en large dans son salon. Elle a les traits tirés, les yeux rouges d’avoir trop pleurés.

Moi :-« Cécile, cette femme demande notre aide. Sa fille a été enlevée par le leader de la mutinerie de la semaine dernière et ses quatre amis. »

Ma chérie reste muette face à la portée de cette annonce. Cela doit lui rappeler de très mauvais souvenir. Je la prends dans mes bras et ne peux m’empêcher de la bercer pour la réconforter.
Mes frères sont penchés sur l’écran. Ils vérifient que l’américaine est seule. Ils veulent être sûr que ce n’est pas un pièges pour nous attraper et récupérer les dossiers compromettant le gouvernement américain. Mais après cinq minutes, il est clair qu’il n’y a personne d’autre et qu’elle est réellement bouleversée.

Paul :-« Je suis presque déçu que ce ne soit pas un guet-apens. Sa tristesse est vraiment poignante. »

Pierre :-« C’est sûr qu’il est plus facile de réagir à une menace qu’au désespoir d’une mère. »

Jacques :-« Bon ! On y va ! Chaque minute compte. »

Cécile se redresse alors, déterminer.

Cécile :-« Je viens avec vous. »

Là, je panique. L’amour de ma vie participant à une opération de récupération, avec tous les risques que cela implique, c’est impossible. Mais comment le lui faire comprendre sans la vexer ou pire ?
Je n’ai pas oublié sa colère quand j’avais émis l’idée qu’il était impossible de dépendre d’elle pour l’argent. Je cherche de l’aide auprès de mes frères, leur visage est tout aussi étonnés que le mien.

Cécile :-« Je n’ai pas dit que j’allais combattre à vos côtés. Si je viens, c’est pour aider cette femme à passer ce moment très difficile. En plus, quand vous aurez récupéré sa fille, je ferais de même avec elle. »

Paul, tout sourire :-« Ce n’est absolument pas parce qu’elle est homosexuelle et pourrais avoir des vues sur Caroline ? »

Elle rosie légèrement, preuve qu’il a vu juste, mais se reprend très rapidement.

Cécile, de mauvaise foi :-« Pas du tout, j’ai toute confiance en Caroline. »

Cela me fait caquer et l’attrape pour lui faire un gros bisou.

Pierre :-« C’est vrai que tous les quatre, nous ne serions pas la gérer. »

La peur me reprend.

Pierre :-« Pour te rassurer, Caro, nous n’avons qu’à lui prendre une combinaison pare-balle. »

Paul :-« D’autant qu’avant d’aller retrouver miss Bleuet, nous devons sérieusement nous équiper. »

Moi :-« Si Cécile vient avec nous, elle doit avoir un des bracelets relier à la machine pour pouvoir revenir automatiquement sur une Terre parallèle. C’est non négociable ! »

Pierre :-« Mais, on ne peut pas demander à Albert de nous attendre à côté de son invention alors que nous ne savons pas combien de temps cela va nous prendre pour récupérer la demoiselle! Ce n’est pas correct. »

Cécile:-" Dis donc, mon amour, quand tu es partie affronter le char en Lozère ou la section d'assaut, je t'ai laissé faire ton boulot. Pourtant j'étais morte de peur. Alors, pourquoi ne pourrais-je pas faire le mien en venant en aide à cette femme et sa fille, d'autant que je ne compte pas être en première ligne?"

Evidemment, elle a raison, je ne peux pas agir suivant mes convictions et le lui refuser. Mais elle ne comprend pas que lors d'opérations clandestines, il n'y a jamais de zone de sécurité, l'ennemi peut être partout. Je vais pour le lui expliquer quand Jacques me coupe.

Jacques:-" Vous saviez que Simon et Roxane ne sont jamais partis en vacances?"

Pierre:-"Oh, ça c'est une bonne idée, Jacques. Je ne devrais pas avoir trop de mal à convaincre les tontons et les tâtas."

Paul:-" Je trouve aussi. Mais où?"

Moi:-" Autant que ce soit inoubliable."

Pierre:-" Pourquoi pas Venise, c'est là que les parents sont allés en voyage de noce et ils ont adoré ?"

Jacques:-" Oui, mais cela m'étonnerai que cela plaise à nos cousins."

Moi:-" On s'amusait bien quand on allait au camping, nous."

Pierre:-" Là, c'est les adultes qui ne vont pas être heureux."

Nous cherchons ainsi longtemps, jusqu'à ce que Paul conclus.

Paul:-" On a pas pris de vacances depuis deux ou trois siècles, on est pas les bonnes personne pour choisir."

Et là, une petite voix se fait entendre.

Cécile:-" Pourquoi pas Disneyworld?"


Moi:-" Toi qui n'es jamais partie, tu as fait la meilleure proposition. Tu es vraiment un génie mon amour."

Cécile:-" Tu sais Eurodisney a fermé il y a plus de dix ans. A l’époque cela m’a marqué, je n’y étais jamais allé et regrettai de ne plus jamais avoir l’occasion de le découvrir. Depuis Disneyworld est devenu pour moi l’archétype des vacances extraordinaire."

Paul:- «Je suis sûr que nous allons pouvoir trouver le temps d'y passer au moins une journée après la mission. »

Nous réagissons tous comme des gamins à cette annonce. Hélas l’instant n’est pas aux réjouissances, alors nous nous activons.

Pierre:-" Bon je vais en parler avec les concernés."

Paul:" Caro, je m'occupe de vérifier les armes pendant que tu accompagnes Cécile."

Jacques:-" Moi, je veux essayer quelque chose avant de partir pour sécuriser la machine."

Au moment où nous sortons tous du mon bureau, j'ai un flash.

Moi:-" Et pour l'argent?"

Paul:-" Tout le monde n'a pas pris une journée de vacances, hier. Nous avons ce qu’il faut"

J'accompagne donc ma douce, chez elle. Nous prenons nos affaires de toilette, des sous-vêtements et surtout sa sacoche de docteur et son nécessaire de chirurgie. Pendant tout ce temps, seule avec elle, je lui donne la marche à suivre pendant que nous serons partie. Je termine en ouvrant la porte du QG par le plus important.

Moi:-" Si un de mes frères ou moi te disons de te coucher, courir ou tout autre ordre, fais le sans discuter, même si tu ne comprends pas pourquoi."

Cécile, avec un sourire:-" Si tu me dis ça pour ne pas avoir à faire la vaisselle pendant la mission, c'est raté."

A cette remarque je me retourne vers elle, indignée et inquiète qu'elle n'ait pas saisi la dangerosité de ce qui nous attend. Visiblement elle le comprend puisqu'elle devient sérieuse.

Cécile:- « Ne t'inquiète pas, amour, je sais que nous ne partons pas en vacances. Je resterais vigilante et je vous écouterais. »

Moi:- « Merci. »

Je ne lui dis pas que j’angoisse à l’idée de ne pas être capable de la protéger et qu'il lui arrive quelque chose. C'est la première fois que j'ai à faire attention à quelqu'un d'autre au cours d'une mission. Avec mes frères cela fait si longtemps que nous œuvrons ensemble que c'est aussi naturel que d'écrire. Nous descendons directement dans la salle d’entrainement où mes frères nous attendent.

Pierre :-« Ils sont tous ravis de ses vacances surprises. Ils sont partis préparer quelques affaires mêmes s’ils devront en acheter sur place pour passer inaperçu. Albert est lui aussi content de pouvoir enfin revisiter les musées parisiens et faire autre chose que travailler. »

Paul :-« Cécile, souviens toi que même si ce que tu vois te semble étrange, il est impératif de ne pas le montrer. »

Pierre :-« Ne serait-ce que pour que nous puissions accéder à toutes les armes, mêmes les illégales et que le vendeur ne tente pas de gonfler la note. »

Moi :-« Pierre, Paul, elle n’a jamais été en mission mais son parcourt professionnel prouve qu’elle s’y connait en relation humaine. »

Je sais, je suis culottée de dire cela alors que j’ai été beaucoup plus loin tout à l’heure avec elle. Mais je ne peux m’empêcher de la défendre, même de mes frères. Ils se souviennent alors qu’elle n’est pas seulement la jeune fille drôle et petite amie de leur sœur mais aussi celle qui a tous les doctorats en médecine et en psychologie. Ils s’excusent alors.

Cécile :-« Ne vous inquiétez pas ! J’ai bien compris que vous n’aviez rien contre moi et que vous étiez juste très vigilant pour que rien de fâcheux n’arrive. Votre sœur m’a bien expliqué qu’en territoire inconnu, il fallait toujours envisager le pire pour survivre. »

Pierre :-« En plus de ça, tu n’imagines pas l’enfer que Caroline abattrait sur nous si il t’arrivait de te casser un ongle. »

Jacques :-« Ou pire, s’il te manquait une seule tache de rousseur. Je suis sûr qu’elle les connait toutes. »

Je rougis furieusement. Paul me sauve en sonnant le départ.

Paul :-« Bon, on y va. »


Nous arrivons dans la ruelle jouxtant le magasin.

Cécile :-« En tout cas, quel que soit le pays ou l’époque, je n’aime pas les ruelles sombres. Je trouve ça très glauque. »

Moi :-« C’est marrant, Paul aussi n’aime pas les lieux sombres. »

Paul :-« C’est uniquement une considération tactique. Il y est plus facile d’y faire une embuscade. »

Pierre :-« Bien sûr, cela ne peut absolument pas être une réminiscence de ta peur enfantine du noir. »

Paul :-« Évidement que non. Tout comme toi qui n’as plus du tout peur des araignées, j’ai surmonté cela depuis bien longtemps. »

Pierre :-« Évidement ! "

Ce petit dialogue permet d’arrivée au magasin sans angoisse pour Cécile.
Avant de pousser la porte, Paul ne peut s’empêcher de lui rappeler qu’il faut y parler anglais.
Nous nous séparons pour gagner du temps. Chaque vendeur est un spécialiste du rayon qu'il a en charge. Ce sont tous d'anciens professionnels des actions armées légales ou non. Ils savent aussi que leur clientèle réagirait de façon assez définitive si elle s'apercevait que le produit qui lui est vendu n'est pas ce qu'elle en attendait. Pour toutes ses raisons, nous écoutons leurs conseils.

Pierre et Paul s’occupent de l’armement. Ils choisissent quatre fusils d’assauts indétectables et deux lances roquettes avec leurs munitions au cas où Eléa serait séquestrée dans une place forte. C'est typiquement ce qu'il se passe lors des enlèvements par des sectes. Ces communautés se regroupent généralement dans une ferme isolée. Bien souvent, le seul moyen de sortir un otage est de l'investir. Ensuite, ils prennent le matériel nécessaire à l’escalade. Là, c'est si elle se trouve dans un immeuble. Enfin, ils nous équipent avec tout ce qu’il faut pour rentrer dans une pièce close. Ils ne font pas dans l’économie puisque cela va du passe partout à l’explosif en passant par le chalumeau.

Jacques sélectionne le matériel pour le recueil d’information. Il est, lui aussi, exhaustif. Nous aurons ainsi à notre disposition tout ce qui existe, des jumelles permettant de voir de l’infra-rouge au rayon X, des lasers permettant d’écouter une conversation grâce aux vibrations de la fenêtre derrière laquelle elle se déroule, un duplicateur de téléphone portable, des mouchards quasi invisible ou du sérum de vérité. Il prend aussi de quoi repérer la présence de micro ou autre traceur électronique. Pour finir, il trouve le même micro d’oreille que le nôtre pour ma chérie.

Moi, j’accompagne Cécile au rayon vêtements.

Le vendeur :-« Mesdemoiselles, bonjour, que puis-je pour vous ? »

Nous le saluons à notre tour.

Moi :-« Nous voudrions une combinaison intégrale pour mon amie. »

Il a la délicatesse et le professionnalisme de ne pas demander sa taille. Il revient rapidement avec deux tenues et nous les tend.

Le vendeur :-« Ce sont des vêtements qui doivent être portés très près du corps, comme une seconde peau. Ainsi, il n’y a pas de plis disgracieux mais surtout douloureux sur le long terme. C’est pourquoi, je vous ai amené ces deux modèles d’une demi-taille de différence pour que vous les essayiez. La cabine est au fond du rayon. »

Cécile:-"Merci"

Ma douce prend les deux articles et s'y dirige mais ne semble pas à l’aise du tout.

Moi, au vendeur:-"Je l’accompagne."

Je préviens mes frères que je coupe mon micro le temps que je m'occupe de mon amour. Quand j’entre, ma douce est en train de regarder une des tenues qu’elle a dépliées. Je la lui prends, l’enlace, l’embrasse et enfin lui demande.

Moi :-« Tu n’as, évidement, jamais mis de collant académique puisque tu n’as jamais fait de danse ? »

Elle me le confirme de la tête.
Je pose le vêtement sur le banc et la déshabille en profitant pleinement de son corps. Nous sommes incandescentes quand je laisse sa robe pour prendre la combinaison.

Cécile :-« Tu sais que n’importe quel tribunal condamnerait ce que tu es en train de faire pour torture. »

Même si je suis dans le même état de frustration qu’elle, ma fierté me fait jouer les grandes guerrières. Je me retourne donc vers elle et feint l’étonnement.

Moi :-« Pourquoi dis-tu cela mon amour, je t'aide seulement à mettre ta tenue. »

Après un grognement de frustration, elle capture ma tête en m’embrasse sauvagement. Je suis pantelante quand elle me laisse enfin. Je suis punie par là où j’ai pécher. C’est un véritable embrasement de mes sens auquel il faut que je résiste maintenant et sans pouvoir m’en plaindre.

Cécile :-« Ma vengeance sera terrible belle demoiselle. Mais ce n’est ni le lieu ni le moment. Allez, mettons ce fichu truc. »

La première tenue essayée est trop grande. En l’aidant à l’enlever, je peux résister plus longtemps. Je fais fi du lieu où nous nous trouvons et lui exprime toute la passion que son corps m’inspire. Elle en fait de même en soulevant juste ma jupe. Nous sommes hélas ramenées trop vite à la réalité par le vendeur qui nous demande si cela va.
Cécile range nos sous-vêtements détrempés dans son sac à main, enfile la deuxième combinaison comme une pro et en moins d'une minute. Je suis outrée et étonnée.

Cécile, au vendeur :-« Je vais prendre la plus petite. »

Le vendeur :-« Vous la gardez sur vous ? »

Elle se tourne vers moi.

Moi, n’ayant toujours pas digérée de m’être fait roulé :-« Oui ! »

Je sors en la laissant se rhabiller.
Elle me suit deux minutes après. Elle rend le deuxième article et viens m’enlacer.Elle m’embrasser et s’excuser. Le vendeur nous laisse.

Moi:-"Bien sûr que je te pardonne. Je suppose que tu m'as laissée faire pour en profiter.

Cecile:-" Non, j'étais réellement perdu par tout ça."

Elle tourne la tête vers moi et continue avec un sourire en coin.

Cecile:-" Mais quand je t'ai vue à mes pieds, là oui, je ne pouvais faire autrement que d’en profiter."

Je lui donne un léger coup avec mon doigt sur son nez.

Moi:-" Coquine."

Elle me tire la langue puis reprend son sérieux. Elle s’écarte de moi et me montre sa tenue avec une moue quelques peux dégoutée.

Cécile :-« Amour, regarde comme ta combinaison noir ne va pas avec ma robe. On me dirait sortie d’une vielle série américaine de science-fiction des années soixante du style de Cosmos 1999. C’est moche. »

Je n’ai même pas le temps de répliquer que le vendeur, qui ne devait pas être loin, prend la parole.

Le vendeur :-« Si je peux me permettre. J’ai créé deux collections dans le même tissu que votre combinaison, une pour celle devant être protégées et une pour les personnes devant être armées. Pourrais-je vous les montrer ? »

J’ai rebranché mon micro juste avant son petit discours ainsi mes frères l’on entendu.

Paul, dans mon oreillette :-« Nous arrivons. Ce serait une bonne chose d’avoir des vêtements pratiques et dissimulant correctement notre arsenal. »

Moi :-« Nous sommes intéressée mais nous devons attendre le reste de l’équipe. »

Contrairement à ma douce qui est étonnée, elle a visiblement oublié la présence du micro, l’homme semble y être habitué. Il nous dit aller ranger le deuxième article en les attendant. Une fois seule, elle m’interroge paniquée ;

Cécile :-« Tes frères ont entendu dans la cabine d’essayage ? »

Par vengeance, je reste impassible cinq secondes puis seulement après je la rassure. Elle répète alors mon geste en me tapant doucement le nez et je lui tire à mon tour la langue.
Les quatre garçons arrivent dans le rayon en même temps et assez rapidement. Le vendeur nous emmène alors devant de superbes vêtements. Il commence par montrer ceux destinés à ma douce.
Nous flashons toutes les deux pour une superbe robe longue en soie avec manche et une fine ceinture en cuir. Elle est parfaite pour ma chérie. Nous n'avons pas besoin d'en voir plus. Le vendeur l’a compris.

Le vendeur :-« Cette robe est superbe. Je crois que c’est ma plus belle pièce. Comme je vous l’ai dit, J’ai utilisé pour les deux collections, la même matière que celle de la combinaison. Elle assure donc la même protection contre les armes ou le feu mais elle a été travaillée pour ressembler à de vrais tissus, avec bien sûr un microprocesseur pour changer sa couleur parmi une palette de 15 possibilités. »

Devant nos têtes étonnés, il se méprend sur leur raisons ce qui nous évite une grosse boulette.

Le vendeur, riant, mal à l'aise :-« Oui, je sais que c’est peu mais cela m’a permis de pouvoir utiliser une puce de contrôle en plastique et silice. Ainsi elle est indétectable au portique de sécurité. J’ai pensé que les personnes à qui ces tenues étaient destinées préféraient éviter toute fouille plutôt que d'avoir plus de cinquante choix à leur disposition. En plus, cela m’a permis de prévoir deux modes. Soit les teintes sont coordonnées, soit vous choisissez selon votre goût pour chaque vêtements ou pour vous mademoiselle, entre le haut et le bas. Mais il y a une couleur que je tiens à vous montrer."

Il passe sa main dans la veste d'homme et attrape le bouton de remplacement cousu à l'intérieur et appui dessus. Maintenant, nous savons où il est. La tenue entière prend immédiatement une teinte noire mate.

Le vendeur:-" Je me suis amusé, pour les tenues professionnelles, à camoufler la puce en bouton. Cette couleur est celle du tissu sans modification. C'est donc celle que tous ces vêtements auront à la fin de la vie du microprocesseur, dans cinquante ans. Mais comme vous le voyez, elle permet un très bon camouflage la nuit. J'ai donc fait installer un petit bouton pour le déconnecter en un seul geste."

Cecile:-" Vous avez prévu quel coordonné pour la robe longue?"

La maline, je suis sûre qu'elle demande cela parce qu'elle n'a, comme nous, aucune idée où le dispositif de contrôle est caché.

Le vendeur met la main dans la poche et fait défiler les nuances.

Le vendeur:-" Il y a bien évidement un dispositif de verrouillage pour éviter qu'un geste malheureux change la couleur au pire moment."

Il passe alors dix minutes pour nous entraîner à toutes les manipulations.

Le vendeur:-" Pour finir avec l’aspect technique, sachez que pour l’entretien, il suffit de la passer à l’eau froide, recto verso, puis de l’essuyer avec une serviette éponge. Elle sera alors comme neuve, totalement inodore, prêt à être porté et sans avoir besoin de repassage. D'expérience, je sais que les verres sont vite renversées pendant un cocktail et que lors d'une mission, on a vraiment d'autre chose à faire que d'aller au pressing."

Nous acquiesçons. Je sens ma chérie impatiente d’essayer sa robe, tout comme le vendeur.

Le vendeur :-« Mademoiselle, vous voulez l’essayer tout de suite ? »

Cécile, rougissant d’avoir été démasquée :-« Non, je vais attendre mes amis. Je veux voir ce que vous avez créé pour eux. »

Il nous montre alors quatre tenues vraiment belles.

Le vendeur :-« Comme vous le voyez, j’ai gardé la veste, comme pièce principal pour les deux sexes. Je l’ai fait pour des raisons pratiques, elle dissimule facilement les armes et les munitions, mais surtout pour conserver l’image de professionnalisme que beaucoup d’employeurs demandent. A partir de ces contraintes, j’ai dessiné des modèles où j’ai tenté d’allier l’élégance aux nécessités techniques de la profession. Pour les hommes, j’ai pensée à un costume en lin, trois boutons et sa chemise ou un ensemble blaser ajusté, pantalon légèrement moulant accompagné d’une chemise en coton rehaussé par une cravate. Pour les femmes , j’ai opté d’abord pour un sarouel et une veste fluide et longue en soie sauvage avec un petit haut que j’imagine de couleur plutôt vive ou une jupe culotte et sa veste longue en coton avec un chemisier. Chaque tenue est pourvue de deux holsters dissimulés et d’une cartouchière dans la ceinture. Pour les messieurs, ils se trouvent dans la veste, sous les aisselles, pour les dames à la place des poches. Comme vous le voyez ces vêtements cachent totalement l’éventuelle combinaison de protection. J'ai aussi prévu une paire de chaussure masculine et une féminine. Elles sont passe partout et confortable mais surtout résistante et silencieuse se mariant parfaitement avec tous les modèle. Évidemment, la couleur est modulable selon votre tenue par une puce électronique placée dans le talon."

Après un regard entre nous, Paul prend la parole.

Paul :-« Nous allons tout essayer avant de nous décider."

L’essayage est l'occasion, pour nous, de relâcher un peu la pression. Les blagues fusent de toutes les cabines. Cécile et moi ne sommes pas en restent, d'ailleurs. Mais le temps étant compté, nous faisons donc, au plus vite et sortons presque simultanément. Ma chérie est sublime, mes frères et moi sommes vraiment bien aussi. Nous sommes tous conquis. Nous testons le comportement de nos nouveaux vêtements en improvisant un petit combat. Le résultat est satisfaisant. Nous sommes presqu'aussi libre de nos mouvements qu'en étant juste vêtu de notre combinaison. Nous décidons de les prendre. Le vendeur est heureux, ce sont ses premières pièces achetées. Il exécute les retouches dans le temps où nous essayons le deuxième costume et le soumettons à l'épreuve du feu. Pour ces derniers, il coud l'ourlet du pantalon de Jacques au moment où Paul et moi terminons de ranger les lance-roquettes et leurs missiles dans le sac de transport. Pierre a si bien négocié que nous avons eu plus de vingt pour cent de réduction sur la facture. Ainsi nous pourrons ne pas regarder à la dépense pour Disneyworld.

À peine la ruelle atteinte, nous appuyons sur nos bracelets pour retourner au QG, Miss Bleuet m'a envoyé le message, il y a déjà une heure.



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MessageSujet: Re: Lettre à moi-même    Lettre à moi-même  Icon_minitimeLun 24 Oct 2016 - 8:58


XXIII







Au soulagement parfaitement visible de leurs visages, il est clair que nous sommes attendus avec impatience par les futurs vacanciers. Pierre, à peine arrivé, répare immédiatement au parc d'attraction, avec les familles de nos deux tontons. Là-bas, après avoir séduit l'employée responsable des réservations d'un des hôtels, il obtient quatre chambres doubles pour une semaine alors que ce dernier est normalement complet. De plus, grâce à son charme et quelques billets, il a la promesse des agents d'entretien de ne pas pénétrer dans celle qui servira à garder la machine de voyage interdimensionnel et une partie de notre matériel. Il a tout de même mis sur la poignée de la porte le petit panneau « Don’t Disturb ».
Il confie aux vacanciers de quoi s’acheter des tenues leur permettant de rester discret en cette année 2035, payer leurs repas et ramener des souvenirs de leurs premières vacances. Ensuite, il leur explique que dans une semaine, Albert, ou l’un de nous, viendra les chercher. Oui, nous avons évidemment prévu notre non-retour de cette mission. Comme le parc est gigantesque, l’arpenter à leur recherche semble fastidieux et vouer à l’échec. Il achète, donc, deux téléphones prépayé, un pour eux, un restant dans la chambre entrepôt. Après leur avoir souhaitez de bonnes vacances, il revient.

A paris, pendant ce temps, nous ne restons pas inactifs.
Cécile a l’idée d’organiser un vrai petit déjeuner français, il sera presque 8 heure du matin en Amérique quand nous débarquerons. Son but est d’éviter que l’ambiance, déjà lourde à cause de l’angoisse provoquée par l’enlèvement d’Eléa, ne le soit encore plus si nous débarquons comme de purs inconnus que nous sommes. En plus, d’après elle, commencer sur des bases amicales, augmentera notre efficacité. Miss Bleuet se confira mieux si elle ne se sent pas agressée. Ainsi, nous aurons rapidement toutes les informations. Je l’accompagne en tant que porteur. Je suis sûr qu’elle va encore prendre pour un régiment.
Bon, c’est vrai aussi que je la suis pour être près d’elle.

Jacques, lui, s’occupe de fabriquer avec un des gadgets électroniques qu’il a acheté, près de deux heures de conversation anodine et ennuyeuse avec nos voix et celle de miss Bleuet. Le véritable travail réside dans la relecture et la modification du contenu pour qu’il n’y ait ni impair, ni anachronisme, ces fichiers ayant été créés par des techniciens vivant dans le futur. Pour notre empreinte vocale, Il lui a suffi de nous faire enregistrer trois phrases. Pour l’américaine, il a utilisé ses soliloques que la caméra de son ordinateur capte régulièrement. L'appareil a fait le reste. Il la diffusera dès notre arrivée, trompant ainsi toutes personnes voulant nous espionner.

Paul s'attèle au plus fastidieux et pourtant le plus important. Il remplit de munitions vingt chargeurs pour les fusils d’assaut, chacun en contenant cinquante. Nous l’aidons dès que nous terminons ce que nous faisons. Notre petit frère réussi à adapté les ceintures des tenues que nous venons d'acheter. Maintenant, elles peuvent dissimuler quatre recharges pour nos armes de poing respectifs.

Cela fait et même si nous savons que tout est parfait nous vérifions une dernière fois tout le matériel et notre armement personnel. Quand Cécile nous voit relevé le bas de nos pantalons pour tester la fixation et la sortie de nos deux couteaux de chevilles, démonter, remonter, vider, remplir, tester et enfin ranger, nos chargeurs et nos revolvers, elle a les yeux exorbités.

Cécile :-« Vous êtes plus méticuleux que tous mes confrères chirurgiens réunis pour une seules de vos armes et vous en avez amenez de quoi alimenter une petite armé! "

Pour toute réponse, mes frères lui sourient. Moi, je lui fais un petit bisou.
Paul nous livre alors son plan.


Paul :-« D'abord, j'aimerais que nous portions les gants qui vont avec nos combinaisons. Je sais que cela manque de discrétion et ne va pas vraiment avec nos tenues, mais cela permettra de préserver les mains de chirurgien de notre belle-sœur, évitera de compliquer l'éventuel travail des enquêteurs avec nos empreintes, mais surtout préservera notre anonymat. »

Nous le faisons immédiatement. Cela me soulage, je cherchais depuis quelques temps l'excuse pour que ma douce les mette.

Paul:- « J'ai trouvé l'adresse de miss Bleuet. Elle habite dans ce qui semble être une résidence. Pour éviter les éventuelles commères, nous allons arriver dans son jardin situé derrière la maison. Comme l’a suggéré Cécile, nous nous y rendrons avec le stricte nécessaire, le sac à doc avec le matériel d’espionnage, l’ordinateur portable dans sa mallette de transport, la sacoche de médecin et la trousse de chirurgie de Cécile, sans oublier les courses. Le reste, nous le laisserons dans la chambre d’hôtel et y accéderons facilement avec les bracelets. Cela vous convient-il ? "

Nous acquiesçons tous.
C’est le signal du départ. Commence alors le déménagement.
Jacques est le premier à bouger et pour cause. Il ramène, à l’aide d’un diable, le coffre-fort dans lequel se trouve la machine d'Albert. C'est à cela qu’il a travaillé avant nos courses dans l’armurerie. Plus exactement, il a œuvré pour que l'appareil soit parfaitement en sécurité et nous ramène dans la chambre d’hôtel lorsque nous actionnerons nos bracelets. Cela aurait été ennuyeux de nous retrouver coincés dans cette ancienne armoire blindé du laboratoire.
Il ouvre la porte, manipule quelque chose que nous ne voyons pas et le portail interdimensionnel apparait devant nous. Armes en mains, j’y pénètre. La voie est libre, je reviens chercher les autres. Nous commencent à emmener les bagages et en relevant la tête, je vois ma douce. Je comprends que j’ai oublié l’essentiel dans l’urgence de la situation.

Moi :-« Les garçons, nous revenons très vite. »

Sans attendre, je prends la main de ma chérie et l’emmène dans mon bureau. Ma chérie est perdue en y arrivant. Une fois la porte fermée, je me tourne vers elle, tout sourire.

Moi :-« Ne t’inquiètes pas mon amour, j’ai seulement une chose de la plus haute importance à te dire. Mais avant cela »

Je m’interromps et l’embrasse, alors, avec tout l’amour dont je suis habitée, qu’elle m’inspire.
Notre baisé est, pour moi, une merveille de pureté, parfaitement à l’image de ce que je ressens pour elle. Je dois hélas l’abrégé.

Moi :-« Cécile, mon amour, je t’aime au-delà de ce que l’on peut exprimer au cours de tout une vie. En te regardant dans la salle d’entrainement, j’ai été submergée par un océan de bonheur et d’amour. Je me suis, alors, rendu compte que je ne t’ai pas assez dit à qu’elle point ta rencontre est la plus belle chose qui me soit jamais arrivé. A jamais mon cœur t’appartient. Chaque seconde à tes cotés est comme une éternité de paradis. Et crois-moi, question éternité, je suis l’une des quatre spécialiste de la question. »

Cécile :-« Merci infiniment, mon amour! Ces paroles me touchent au plus haut point et je te comprends parfaitement. Je suis, moi aussi, envahies par ces mêmes sensations merveilleuse quand tu es près de moi. Depuis la première fois où j’ai eu la chance de te voir, j’ai l’impression de vivre un conte de fée. Tu viens encore une fois de mon combler en prenant ce temps pour nous deux, malgré l’urgence.

Moi :-« Tu seras toujours le plus important pour moi, mon amour. »

Là, c’est elle qui m’embrasse.

Cette parenthèse idyllique refermée, nous retournons près de mes frères. Une fois sur place, il ne reste que mon ordinateur et le sac du petit déjeuner sur le sol. Nous les prenons et passons le portail. On croirait rentrer dans l’antre d’un seigneur de guerre.
La machine est installée devant la porte, toujours dans son cocon de protection. Nous sommes maintenant définitivement sûrs que personne ne pourra rentrer dans la chambre. Le chariot est laissé de façon à permettre au scientifique d’aisément la bouger. Le sac contenant les lance-roquettes est sur l’un des lits, celui des fusils d’assaut sur l’autre. Mon fusil de précision et son étui sont sur la desserte à côté de la porte. Notre réserve de munition est posée juste en dessous. Pierre est en train de ranger le million de francs suisse que nous avons prélevé au trésor du président, au cas où une rançon serait demandée. Voyant que nous sommes là, Jacques règle la machine. Cela ferme le précédent passage et en ouvre un nouveau. Nous mettons nos bracelets nous reliant avec l’appareil d’Albert. Je joue encore une fois les éclaireuses. Ne détectant aucun danger, je viens les chercher. Je range mes armes et prends la main de Cécile. Mes frères s’occupent des bagages que nous amenons avec nous et nous y allons.
Nous sommes tous les cinq dans le petit jardin de miss Bleuet, plus exactement sur sa terrasse. Devant nous, se trouve deux portes fenêtres, une large, celle du salon-salle à manger où nous voyons la femme tourner en rond, une étroite pour la cuisine. Jacques sort le scanner. Elle est seule et aucun micro n’est détecté. Tacitement, c’est moi qui toque au carreau. Miss Bleuet nous voit et vient ouvrir. Elle semble contrariée.

Miss Bleuet :-« Que faites-vous dans mon jardin ? Partez avant que j’appelle la police. »

Evidemment, elle ne nous reconnait pas mais j’avais prévu cela.

Moi avec le sourire :-« Encore une fois, je ne suis pas venue vous demander de me révéler qui a tué le président John Fitzgerald Kennedy. »

Je vois dans ses yeux un éclair de compréhension puis l’incrédulité.
Je pose mon index sur mes lèvres pour lui demander de se taire. Jacques s’excuse et passe alors devant elle pour rentrer dans la maison. Il va directement à la fenêtre se trouvant face à la rue. Là, il installe les enceintes et l’appareil de diffusion sur la tablette s'y trouvant. Il lance la conversation qu’il a fabriquée. Nous pouvons enfin parler. L’américaine est toujours muette d’étonnement.

Moi, tendant ma main :-« Bonjour ! Je m’appelle Caroline, je suis la tireuse d’élite et l’expert informatique de l’équipe. Le géant à ma droite, c’est mon frère Paul, le tacticien. L’armoire à glace qui vient de nous permettre de parler sans risque d’être espionné est mon cadet, c’est l’ingénieur génial. Le beau gosse derrière moi est notre ainé et c’est l’expert en négociation. Et enfin, la magnifique femme que voici est l’élue de mon cœur et accessoirement un docteur en médecine hors pair et je ne dis pas ça parce que je suis fou d’elle. Pouvons-nous rentrer, il serait préférable de rester discret ? »

Elle s’efface et nous entrons. C’est seulement en fermant la porte qu’elle retrouve l’usage de la parole.

Miss Bleuet :-« Bonjour, vous pouvez m’appelez Eugénie. Mais comment êtes-vous venues de France si vite ? »

Cécile :-« Excusez-moi Eugénie, j’ai amené de quoi faire un bon petit déjeuner. Je suis sûre que vous n’avez rien mangé depuis l’horrible évènement. Pouvez-vous m’indiquer la cuisine? Je prépare le tout pendant que vous commencez à raconter ce qu’il s’est exactement passé. »

Logiquement avec tous ses évènements, elle n’est pas au mieux de sa forme physique et mentale, mais le temps presse. Pour une fois, c’est moi seule qui vais faire l’interrogatoire pour retrouver le climat de confiance de la semaine dernière et ainsi gagner de précieuse minutes. Mais, cela ne sera pas des plus facile pour moi. Il est difficile de se concentrer sur les signes physiologique du mensonge, les questions et des réponses aussi importante. Heureusement mes frères écouteront tout, grâce aux oreillettes. Ils pourront me seconder le cas échéant. Je nous dirige vers son canapé et nous y assois. Eux aident ma douce en mettant la table.

Moi :-« Je sais que tout ça est très difficile et perturbant. Mais, je vous assure que tout sera fait pour retrouver Eléas. Avant cela, il faut que vous nous racontiez ce qu’il s’est passé. »

J’ai préféré être honnête en lui signifiant que tous l’entendaient. Surtout qu’elle a peut-être déjà repéré nos micros.
Après quelque secondes d’hésitation, elle raconte sa triste aventure de la veille.

Eugénie :-« Hier soir, il devait être entre onze heures et minuit, ma fille dormait déjà, quand, au moment où je venais d’éteindre la télé, la sonnette retentie. Par habitude, j’ai ouvert sans crainte, le quartier est tranquille et sécurisé. Là, tout s’est enchainé très vite. Les cinq ex membres de la CIA, responsable de la mutinerie de la semaine dernière, sont rentrés en force chez moi. Deux m’ont ligotée et bâillonnée, deux sont montés chercher ma fille. Ils l’ont redescendue quelques minutes après, ficelée avec un sac en toile sur la tête. Ils l’ont soit droguée soit assommée. Elle n’a pas bougé après qu’elle fut déposé sur le fauteuil. »

Moi :-« Avez-vous entendu des bruits de lutte ou de coups quand ils étaient dans sa chambre? »

Eugénie :-« Non, vous pensez qu’il l’on drogué ? »

Moi :-« C’est probable. C’est plus rapide et plus efficace. En tout cas, tout ceux-ci est assez positif. Ils agissent plutôt correctement avec votre fille, compte tenue de la situation. Ils se donnent du mal pour garder leur anonymat vis-à-vis d’elle. Autant d’éléments, inutile s’ils n’avaient pas l’intention de la libérer. »

Eugénie :-« C’est ce que je me suis dit. »

J’aborde le point qui m’inquiète réellement.

Moi :-« Mais je suis moins optimiste à propos de ce qu’ils vous réservent. Ce présenter ainsi, à visage découvert, est de mauvais augure. »

Eugénie :-« C’est ce que je pense aussi, surtout après la suite de la soirée. C’est en partie ce qui m’a fait vous contacter. »

Moi :-« Nous sommes tout ouïe. »

Eugénie :-« Bedford, leur chef, s’est assis sur le fauteuil une fois que nous fûmes immobilisées sur le canapé. Il était ostensiblement décontracté. Visiblement il jouissait de ce retournement de situation, surtout après l’incident de Paris. Mon rapport les a fait virer sans droit à leur retraite. Il m’a dit que maintenant, je n’avais plus qu’à attendre leur coup de fils sur mon téléphone fixe. Il a continué en plaisantant sur le faite que bien sûr je pouvais contacter les autorités. Mais, après avoir ri avec ses quatre complices, il est redevenu parfaitement sérieux en m’assurant qu’avec ses contacts, il le saurait et qu’en représailles ma fille mourait. »

Moi :-« Et pourquoi le croyez-vous? »

Eugénie :-« J’ai travaillé pendant cinq ans au FBI. Pourtant, en Angleterre, ils connaissaient mieux que moi, la majorité de mes collègues. En plus, ils ont réussi à faire pression sur mes supérieurs pour qu’ils me poussent à modifier mon rapport sur leur double insubordination. Cela n’a pas marché, j’avais décidé de démissionner. Ils n’avaient pas de prise sur moi. »

Moi–« Effectivement, il vaut mieux considérer qu’ils seront mis au courant. »

Eugénie :-« Oui, je pense aussi. En plus, après avoir dit cela, Bedford, très théâtralement, s’est levé et est venu fixer autour du poignet de ma fille, un boitier. Selon lui, il contient un puissant explosif. Après s’être redressé, Il a continué en m’expliquant, avec plein d’ironie, que même si je réussissais à les faire arrêter ce serait ma parole contre les cinq leurs. Et cela provoquerait la mort d'Elea. Il a rigolé quelques instants puis est redevenu glacial. Il a alors expliqué s'être inspiré de vous. Il a placé un dispositif de contrôle par téléphone qu'il doit appeler régulièrement. S'il ne le fait pas, elle meurt. Il a cru devoir préciser qu’il ne pourra pas le faire en prison. Ensuite, il m’a assommée. Je me suis réveillée quatre heures plus tard avec une vilaine bosse. Pendant deux heures, j'ai tourné en rond. J'ai élaboré des dizaines de plans tous plus fantasques les uns que les autres. C'est en me remémorant la soirée que je me suis souvenue de leur référence à vous. Désespérée, je vous ai contacté. »

Cécile arrive à ces entrefaites et nous convie à passer à table. Nous la suivons.
La table est vraiment belle. La coupe de fruit est appétissante et très jolie. Les croissants, pains au chocolat, brioches et pains au lait avec éclat de chocolats débordent de la panière. Le parfum des baguettes fraiches, des confitures et du café ouvre l’appétit. En plus, je suis sûr que ma douce a fait du vrai chocolat chaud. Eugénie est, elle aussi, étonnée.

Eugénie, émue :-« Merci. Merci d’être venu et merci pour ce superbe petit déjeuner. »

Elle fond alors en larme. Mes frères et moi restons bêtes. Cécile réagit immédiatement et la réconforte tout en l’emmenant se passer un peu d’eau dans la salle de bain qui se trouve en haut. Nous l’entendons la rassurer en lui rappelant les circonstances de notre rencontre. Au séjour, nous savons que faire et restons debout, n’osant nous asseoir en leur absence. Nous rougissons même en les entendant parler de nous.

Pierre :-« Tu vois qu’elle devait venir. Qu’aurait-on fait dans cette situation ? »

Je ne réponds pas et me contente de lui tirer la langue.
Quelques minutes, elles sont de retour.
Nous nous asseyons toutes les trois du côté du salon, mes frères sont près de la porte fenêtre donnant sur le jardin.
Nous déjeunons dans le silence repensant à tout ça.

Jacques :-« Excusez-moi Eugénie, mais avez-vous une idée de ce qu’ils veulent vous faire faire ? »

Eugénie :-« Non, du tout. Je suis arrivée, moi aussi, à la conclusion qu’ils voulaient se venger de moi en m’utilisant pour quelques choses auquel je ne devrais pas survivre. Mais n’étant plus agent spécial du FBI, je ne vois pas ce que je pourrais faire de risqué. »

Pendant quelques temps nous mangeons et méditons ses paroles puis Paul redresse la tête avec la lueur dans l’œil voulant dire qu’il a un plan.

Paul :-« Bon, je pense que le temps où nous subissons leur volonté est révolu. Maintenant c’est la contre-attaque. La première urgence c’est de retrouver ces cinq types. Caroline, nous connaissons leurs noms. Alors, même si ce sont des ex de la CIA, tu ne devrais pouvoir pister leur téléphone portable ou leur carte de crédit. Ils semblent avoir un égo suffisamment sur dimensionné pour se croire intouchable. »

Moi :-« j'y ai déjà réfléchi. Je vais pirater la CIA pour accéder aux dossiers. Là, j’aurais les noms de leurs banques et leurs numéros de compte. Après j’aviserais mais cela m’étonnerait qu’ils ne vouent pas une passion débordante pour leur voiture jusqu’à y installer un traceur GPS pour prévenir les vols. »

Eugénie :-« Mais c’est normalement impossible de pirater la CIA ! »

Elle nous regarde puis elle conclut pour elle-même.

Eugénie :-« Comme trois hommes ne devraient pas pouvoir assommer douze commandos surentrainés à main nue ou traverser l’atlantique en moins de deux heures. C’est comme un peu beaucoup là. Je vais refaire du café et revient. »

Elle se lève et cours presque vers la cuisine. Une fois que la porte est fermée, je me tourne vers ma chérie.

Moi :-« On a fait quelques chose de mal ? »

Cécile :-« Non, tous ses repères s’effondrent, il lui faut du temps pour remettre la tête hors de l’eau. Si on retrouve sa fille en vie, ce ne sera qu’un mauvais souvenir. J’espère juste que la pression, d’ici là, ne sera pas trop forte. C’est la deuxième personne capitale dans sa vie qu’elle risque de perdre. Je n’ose imaginer ce qu’elle ressent. »

Pendant le silence qui suit ces paroles, nous cherchons, tous les cinq à l’imaginer. C'est juste monstrueux.
Paul est le premier à se reprendre.

Paul :-« Jacques, tu pourrais te renseigner sur le net, avec l’ordinateur d’Eugénie, sur l’explosif et ce détonateur contrôlé par un téléphone. »

Avant qu’il ne réponde, on entend un verre se casser dans la cuisine. Cécile se lève pour aller voir.
Le bruit caractéristique de l'armement d'un fusil d'assaut me fait regarder dans le jardin.
J'y vois quatre types en tenue militaire nous visant.
Je n'ai que le temps de prévenir mes frères et d'attraper Cécile pour la plaquer au sol et la protéger de mon corps, qu'ils ouvrent le feu.




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