Et voilà, une fois de plus je me retrouve avec les menottes et deux flics qui me ramènent au poste.
Je reconnais bien cette cellule qui me servait d'hôtel le temps d'une nuit. Les flics m'enlèvent les menottes et me jette dedans. Je me lève et regarde mon reflet dans la vitre, il m'a pas raté ce con. J'ai une belle entaille à la joue et à la lèvre inférieure. Merde, mon jean est déchiré et mon tee-shirt tâché de sang, moi qui l'adorais celui-là!
Les murs sont tagués de mots d'injures d'anciens pensionnaires de la cellule .Au milieu de tout ça se trouvait un jolie poème d'un détenu pour sa chère et tendre. D'après ses vers son crime ne lui permettrait certainement pas de sortir de si tôt pour la rejoindre.
Après quelques minutes à tourner en rond je m'allonge sur la banquette qui fait office de lit et m'endors en attendant qu'on me libère.
Le lendemain je me lève avec une migraine et un mal de dos horrible. Un flic ouvre la cellule et m'ordonne de lui suivre.
- Allez lève-toi, on va t'emmener devant le juge.
-Devant le juge ? C'est du rapide dis-donc!
Vu le nombre de fois où j’ai passé la nuit en garde à vue, je ne risque pas de m'en sortir avec de simples avertissements cette fois-ci .
Je peine à marcher, ma tête me fait un mal de chien et je ressens encore les coups de la veille qui torturent mon corps. Je marche en compagnie d'un officier qui ne me jette même pas un coup d’œil et dans ce long couloir j'aperçois une grande porte en bois.
L'officier frappe et j'entends une voix austère qui autorise l'entrée.
- Asseyez-vous mademoiselle Campbell. Je me souviens bien de vous, ce n'est pas la première fois que vous êtes face à moi. Bien, alors vous avez été encore une fois arrêtée pour des faits de violence sur autrui et outrage à agent.
- Je tiens à préciser que je n'ai fait que me défendre monsieur le juge.
- Peu importe, vu votre casier je ne dirai rien à votre place. Les avertissements n'ont pas l'air de porter leurs fruits à ce que je vois. Bien en vertu des pouvoirs qui me sont conférés, je vous condamne à une peine de quatre cents heures de travaux d'intérêt généraux.
- Quatre cents heures??!! Vous êtes pas un peu sévère là?
- Vous préférez peut-être quatre mois de prison ferme? Si cela vous convient mieux ça peut s'arranger mademoiselle Campbell.
- Non monsieur le juge, merci à vous.
- Bien, alors dans ce cas vous irez effectuer ces travaux à l’Hôpital de San Francisco à compter de demain. En espérant ne plus jamais vous revoir ! Je serai certainement moins clément une prochaine fois ! Monsieur l'officier vous pouvez la raccompagnez.
Je sors du commissariat et me lance en direction de chez moi. Quatre cents heures...dans un hôpital super ! Comme si la vie n'était pas assez déprimante comme ça, il faut que je me tape des malades. Arrivée chez moi, je vais prendre une douche et surtout je me mets à soigner ces entailles qui ne sont pas si profondes, j'aurais une petite cicatrice, ça fait craquer les filles c'est pas plus mal. Et puis perso je me trouve pas si mal avec mes cheveux châtains clairs et mes yeux verts.
Quelques minutes plus tard, je m'allonge sur le lit et m'endors.
8h00, le réveil sonne, il est temps d'aller se préparer pour l’hôpital. Je sens bien la journée déprimante.
Je monte dans ma voiture et quelques instants plus tard me voilà arrivée, je m'approche de l’accueil et parle à l'infirmière de service.
- Bonjour je suis mademoiselle Campbell, je suis ici sous demande du juge pour exécuter ma peine.
- Ah oui bonjour, je vais appeler quelqu'un qui va s'occuper de vous, allez vous asseoir on va venir vous chercher.
Tout autour de moi, les gens pleurent l'accident ou la mort d'un proche. D'autres attendent depuis déjà assez longtemps de voir un médecin pour des plaies plus ou moins profondes. Qu'est-ce que je fous ici ? J'ai pas la tête à faire la charité encore moins de consoler des inconnus. La prison ferme au final m'aurait peut être plus arrangée.
Dix minutes plus tard, je vois une infirmière assez petite qui s'approche de moi et m'invite à la suivre.
- Mademoiselle Campbell, si j'ai bien compris vous êtes ici pour une durée de travail de quatre cents heures, c'est parfait on a jamais assez de personnel pour nous aider.
- Je vous préviens, je nettoie pas les malades ou ce qui pourrait venir d'eux si vous voyez ce que je veux dire.
- Oh non, on vous a choisi quelque chose d'un peu plus gratifiant. Voilà c'est là.
Je m'arrête devant une grande salle remplie de jouets et d'enfants qui rient et hurlent.
- Quoi, vous plaisantez je vais pas jouer la baby-sitter. Je préfère encore servir le repas ou faire le ménage.
- Désolée c'est tout ce qu'on a en rayon, bon courage et bonne journée.
J'entre avec prudence et un enfant qui m'avait vue se jette sur ma jambe.
- Euh...tu peux me lâcher la jambe s'il te plaît ?
- Sean ! ça suffit, on ne saute pas sur les gens comme ça.
Une fois le gamin partit, cette jeune fille qui sourit aux longs cheveux bruns un peu décoiffés me tend la main pour me saluer.
- Salut, moi c'est Kim et si j'ai bien compris tu vas m'aider à faire rire cette bande de petits monstres.
- Je crois que j'ai pas trop le choix.
- Je ne connais toujours pas ton prénom...
- Taylor.
- Bien, enchantée Taylor, alors ce que tu peux faire c'est prendre un petit groupe et leur lire une histoire par exemple.
Elle n'avait même pas terminé sa phrase, que je m'étais déjà assise dans un coin, mes écouteurs dans les oreilles.
- Euh excuse-moi...mais je ne crois pas que tes heures de travail consistent à rester assise à écouter la musique.
Je ne réponds même pas et continue à écouter ma musique toute la journée, dépitée par mon comportement, Kim ne s'était même plus préoccupée de moi, après plusieurs tentatives.
Le moment de partir pour moi est arrivé, en prenant la direction de la porte, Kim rangeait les jouets qui trainaient au sol dans une caisse en plastique. Avant que je ne franchisse le pas de la porte elle m'interpelle.
- Taylor...J'espère que demain tu te à décideras à faire des efforts, sinon je serai dans l'obligation de le signaler...
Sans un mot, je prends la direction de la sortie. Les nuits se ressemblent toutes, je suis chez moi, regarde un truc débile à la télé et me traîne jusqu'au lit pour m'endormir.
Le réveil est difficile et déprimant. J'enfile un jeans et un tee-shirt et prend la route en direction de ma peine.
Une autre matinée à l’hôpital, les enfants sont assis en cercle devant Kim qui leur lit une histoire.
- Regardez les enfants, Taylor nous fait encore l'honneur de sa présence aujourd'hui...on en a de la chance.
- Je vois que l'ironie fait partie de tes qualités.
Je vais m'asseoir et prend un livre en attendant qu'elle finisse de lire le sien. Quelques instants plus tard, un enfant s'approche de moi avec un petit ballon de basket dans les mains.
- Taylor, tu veux bien faire des paniers avec moi ?
- Pas envie...
- S'il te plaît...
- Tu comprends pas ce que je dis? J’ai pas envie de jouer avec ton ballon.
Le petit s'en va dans son coin les larmes aux yeux et Kim s'approche de lui pour le consoler. Puis elle se tourne vers moi, ses yeux bleus commencent à se remplir de larmes à cause du mal que j'ai causé.
- Je ne sais pas ce que tu as, ou ce que tu as fait pour être ici mais Dylan ne t'a rien fait.
Je m'en voulais d'avoir mal parlé à cet enfant qui boudait dans son coin. Je m'approche de lui et lui met la main sur sa petite épaule.
- Je suis désolée...allez donne-moi ton ballon, on va faire quelques paniers.
- Non ! je te parle plus, me dit-il les bras croisés en me tournant le dos.
- Bon, ok comme tu voudras...
Puis je me met face à lui et fait ma grimace la plus drôle, ce qui le fait rire.
Kim nous regardait en souriant, pendant que Dylan et moi faisions des paniers. La journée passa en un instant et une caisse à la main je me mets à ranger les jouets qui trainent un peu partout.
- Merci... tu vois quand tu veux… me dit Kim avant de partir.
Rentrée chez moi, je m'allonge sur le lit perdue dans mes pensées. Je me dis que finalement s'occuper d'enfants malades n'est pas si mal. Dylan me fait rire et ils méritent tous d'oublier en l'espace de quelques instants leurs maladies.
Le lendemain, Kim qui s’apprêtait à rentrer dans la salle, fut surprise de me voir déjà présente. Certains enfants jouent dans leur coin, alors que d'autres dessinent avec moi.
Elle sourit à ce tableau qui la surprenait et me salue en passant devant moi.
L'heure de la pause était arrivée et l’hôpital abritait un petit parc. Je décidais de m'y rendre et m'assis sur l'herbe devant un petit étang en fumant ma cigarette.
Kim qui se tenait debout s'approcha de moi.
- C'est interdit de fumer ici.
- Tu vas aller le signaler?
- Non...pourquoi es-tu comme ça? Me demande t-elle en s'asseyant à mes côtés.
- Comment ça?
- On dirait que tu portes la haine du monde en toi.
- Sans doute la faute à mes problèmes.
- Tes problèmes? Regarde cet homme là-bas. Il a fêté ses trente ans hier et il est bloqué dans ce fauteuil roulant depuis un an. Un chauffard ivre l'a percuté ! Malgré ça il garde le sourire et se bat chaque jour en rééducation. Et cette fille près du grand chêne, cela fait trois ans qu'elle vient ici quatre fois par semaine pour une dialyse. Elle reste chaque jour dans l'attente d'un rein compatible et pourtant chaque fois que je la vois elle sourit et garde espoir. Alors dis-moi, quels sont tes problèmes si important qui méritent d'être si dur ?
Je ne sais pas quoi répondre face à ce discours convaincant et dans ce silence, Kim, énervée, me laissa seule.
La journée se déroula comme à son habitude et le soir commençait à tomber. Les enfants avaient tous regagné leurs chambres et Kim a déjà commencé à ranger les jouets.
- Laisse...je vais le faire.
- J'aimerais te poser une question Taylor, qu'est-ce-que tu as fait pour être ici?
- Juste la haine du monde qui parfois prend un peu trop possession de moi, lui dis-je en esquissant un sourire.
Puis à la fin de ces paroles, Kim rentra chez elle. Cette nuit est magnifique et je prends le temps de me balader dans les rues de San Francisco. Les lumières de la ville rendent ce paysage plaisant et je me rends compte que tout ce que j'ai vécu jusqu'ici, mérite sans doute de rester derrière moi...
Je vois au loin dans une ruelle parallèle du bruit à la sortie d'un bar " le FG"(For Girls) où plus précisément le bar où j'avais l'habitude de passer la soirée avant de finir en garde à vue.
J'entre en saluant le videur qui avec le temps a fini par me connaître.
-Hé, salut beauté ! me dit une jeune femme ne tenant presque plus sur ses jambes.
-mh...ouais salut lui répondis-je tout en me dirigeant vers le bar retrouver mon amie barmaid.
-salut Jen, sers moi la même chose que d'habitude s'te plait.
-Oh, une revenante. Trois jours que l'on ne t'a pas vue c'est miraculeux de ta part.
-L'autre soir les flics m'ont encore chopée en rentrant chez moi...
-Faut que t'arrêtes tes conneries Tay' Reprends ta vie en main bon sang! T'en as pas marre sérieux ?
- Si si... Je suis en Travail d'intérêt général à l'hôpital! Ils m'ont filé quatre cents heures ...
-Ben il était temps en espérant que ça te remette les idées en place me dit-elle avec un sourire de compassion.
Je prends mon verre et me dirige vers une table isolée. A peine assise que la femme croisée un peu plus tôt revient à la charge
-Ma jolie on m'a dit que du bien sur tes belles performances. J'aimerai bien savoir ce que ça vaut... me rétorque-t-elle en me caressant la cuisse.
-Euh… De quoi tu parles là ?! Lui demandais-je en faisant balader gentiment ses mains ailleurs.
-Ben arrêtes de faire genre tu sais pas de quoi je parle. De ta façon de baiser toutes ces femmes toute la nuit. A ce que j'ai cru comprendre il suffit de simples salutations pour finir dans ton pieu me dit-elle en rigolant
-Oula tu vas te calmer! Puis si je peux me permettre de simples salutations ne suffiront pas avec toi. Faut m'envoyer la bouteille de whisky pour que je te conduise dans mon pieu comme tu le dis si bien .Et encore ...
Après ces mots, je me lève sans me retourner et me dirige vers la sortie. Il ne me sert à rien de continuer à lui parler si c'est pour finir de nouveau au poste. J'avais cette fâcheuse tendance à rentrer systématiquement dans les conflits .Mais les enfants comptent sur moi et je ne finirai pas en cellule pour une fille aussi pathétique.
Le lendemain, les rayons du soleil éclairent très légèrement le parc qui se trouve à l’hôpital. Je voulais marcher un peu avant de rejoindre mes petits amis et au loin j'entends une voix crier mon prénom.
- Hé salut, je t'ai vu marcher alors je voulais faire le petit bout de chemin restant avec toi, me dit Kim en souriant. J'adore cette étendue d'eau qui arbore le parc... je trouve ça magnifique avec ces canards et leurs petits qui suivent en ligne.
- Tu trouves que des canards dans un étang c'est magnifique ? lui dis-je en souriant.
- Eh bien oui... allez dis-moi...pourquoi est-ce que tu es comme ça?
- Et pourquoi ça t’intéresse tant que ça ?
- Je suis curieuse de nature et puis comme tu pourras le constater, j'aime aider mon prochain, dit-elle avec un clin d’œil.
Je souris à sa réponse et son sourire qui illumine d'autant plus sous les rayons du soleil, m'avait convaincu.
- Lorsque j'avais 10 ans, ma mère est partie me laissant seule avec mon père... Il était désemparé mais il essayait de ne pas le montrer, il ne voulait pas que je m'inquiète. Alors il a travaillé dur pour subvenir à mes besoins et au bout de quelques temps il a commencé à tomber malade...gravement malade. Mon père était tout ce qu'il me restait, toute ma vie. Trois ans après, il est mort et je ne m'en suis jamais remise. J'ai été en famille d’accueil puis en foyer et bref jusqu'au jour où j'ai été majeure. Depuis je me suffis à moi-même...
- Je suis désolée...
- De quoi ? Tu ne pouvais pas savoir...et toi...raconte moi les souffrances de ta vie.
- Ma mère est morte quand j'avais 5 ans. Parfois j'essaie de me souvenir de son visage mais j'ai du mal. J'ai quelques souvenirs avec elle, comme quand on faisait des gâteaux ou des trucs comme ça, mais rien de plus...
- Je vois qu'on se met en condition pour bien commencer la journée, lui dis-je en souriant.
- Oh ne t'inquiètes pas, les petits monstres vont te rendre le sourire...En tout cas ça marche avec moi, me dit-elle avec un sourire magnifique.
Puis elle passe son bras autour du mien et se laisse conduire jusqu'à l’hôpital. Je ne peux empêcher le sourire d'envahir mes lèvres et quelque part, la joie de retrouver une fois de plus ces enfants qui me donnent un peu de lumière.
Dans la salle, j'installe une chaise au milieu des enfants qui se tiennent debout autour de moi. Je prends une guitare et commence à jouer un air.
- Aujourd'hui on va chanter, ça vous dit? Leur demandais-je, un grand sourire aux lèvres.
Ils me répondent tous en cœur un énorme "oui". Je vois dans les yeux de Kim, la joie de voir ces enfants si heureux et oublier le temps d'une chanson ce qui les retient prisonniers de cet hôpital. Après la chanson, Dylan se rapproche de moi et grimpe sur mes genoux. Ce petit bout de 5 ans à peine est atteint d'une insuffisance cardiaque.
- Taylor...je t'aime. Je veux plus que tu partes me dit-il
- Je t'adore aussi et t'inquiètes pas, je ne risque pas de partir...
Puis il se blottit dans mes bras et le temps de cette étreinte, ce qu'un juge m'avait ordonné de faire, Kim le faisait tous les jours bénévolement. Cette sensation est tellement plaisante, de répandre la joie dans leurs petits yeux...
Après une journée remplie de chansons, de bataille de papiers et d'atelier peinture, les enfants regagnèrent leurs chambres.
- Tu as été géniale aujourd'hui Taylor ! Les enfants ont adoré tes chansons et la peinture ! me dit-elle en souriant.
- Oui et comme tu pourras le constater, la peinture est plus étalée sur mon tee-shirt que sur leurs feuilles de dessin !
- Ça te va bien, me dit-elle en rigolant.
- En parlant de ça je trouve que tu n'en as pas assez ! je prend un pinceau rempli de peinture et je m'approche d'elle le sourire aux lèvres.
- Non tu ne vas pas faire ça ! me dit-elle en reculant.
- Oh que si ! Puis je me jette sur elle et lui étale la peinture sur tout le visage.
Dans un moment de fou rire, elle prend de la peinture sur ses mains et me l'étale sur les joues.
- Ok, je pense qu'on va s’arrêter là, sinon mes voisins risquent d'avoir peur en me voyant rentrer chez moi, lui dis-je en rigolant.
Puis elle arrête de rire et me regarde droit dans les yeux.
- C'est quoi ton rêve le plus secret?
- Hum, mon rêve le plus secret? non je peux pas le dire… lui dis-je avec le sourire.
Puis elle s’assoit face à moi.
- Allez dis-moi tout, vu dans l'état dans lequel on est, ça peut pas être pire, me dit-elle en rigolant.
- Ok...quand mon père est mort, j'étais tellement triste que je ne voulais pas que ça puisse arriver à quelqu'un d'autre. Alors secrètement je voulais devenir médecin, seulement la vie en a voulu autrement...
- Il n'est jamais trop tard pour vivre ses rêves...Si c'est vraiment ce que tu souhaites, alors tu peux le faire...
- Il est un peu tard pour moi, j'ai 24 ans et je ne vois pas comment je peux devenir médecin, les études et moi on est pas fait pour s'entendre.
- Il n'y a pas d'âge pour reprendre sa vie en main et crois-moi, si tu bosses à fond je suis sûre que tu peux y arriver.
- Et toi...ton rêve le plus secret, maintenant que tu sais tout de moi, soit tu me dis tout de toi, soit je t'assassine, lui dis-je en rigolant.
- Tu me promets de ne pas te moquer?
Je lève la main droite en signe de promesse.
- Mon rêve, ça serait de voir le monde de là-haut, de l'espace, pouvoir être au milieu des étoiles et contempler la Terre avec d'autres yeux.
- Je trouve ce rêve magnifique et je t'assure qu'il n'y a pas de quoi se moquer.
Elle sourit à ma réponse en me regardant droit dans les yeux. Je me sens gênée et me lève de la table sur laquelle j'étais assise.
- Bon...je vais y aller, je dois encore aller faire quelques courses et puis demain on se lève tôt...
- Oui, tu as raison...Alors à demain.
- A demain...
Puis dans un dernier sourire, je me dirige vers la porte comme pour la fuir. Son regard me troublait totalement et ce n'était pas dans mes habitudes d'être gênée.
Après m'être ravitaillée au supermarché du coin, je rentre chez moi et repense à tout ce que m'avait dit Kim, ses confessions, son rêve. Je sentais encore son regard sur moi, ce qui me fit sourire.
Le lendemain soir, alors qu'elle rangeait tous les jouets au sol, je lui prends la main.
- J'aimerais que tu viennes quelque part avec moi...lui dis-je avec le sourire.
- Quoi? Mais où?
- C'est une surprise et c'est pour ça d'ailleurs que je dois te bander les yeux...
- Tu vas pas m'emmener dans un guet-apens au moins? me dit-elle en souriant.
- J'espère que tu me fais assez confiance maintenant pour savoir que je ne suis pas ce genre de personne, lui dis-en rigolant.
Je lui tiens la main et l’emmène en direction de ma voiture. Après l'avoir installée je me mets au volant.
- J'ai peur...je ne sais pas du tout où tu m'emmènes et en plus je suis aveugle !
- Ne t'inquiètes pas...lui dis-je d'une voix rassurante en lui tapotant la main.
Dix minutes plus tard j'arrête la voiture et fait sortir Kim.
- Nous sommes arrivées, tiens toi à moi, il y a des escaliers à monter.
- Des escaliers? Mais où est-ce que je suis? me demande t-elle la voix un peu inquiète.
Puis quelques instants plus tard, nous voilà arrivées à destination.
- Bon tu es prête? je vais t'enlever ton bandeau et s'il te plaît...soit indulgente...
Au moment où j'enlève son bandeau, je vois ses yeux s’émerveiller. On était dans l'obscurité mais le paysage était illuminé d'étoiles et en plein écran la Terre se suspendait entre elles.
- C'est magnifique...
- Je sais que ce n'est pas tout à fait ton rêve mais je me suis dit que l'espace d'un instant, je pourrai t'y emmener à ma façon.
-Mais où sommes-nous Taylor ?
-Au musée d'histoires naturelles à la salle du planétarium.
- Comment as-tu réussis à faire tout ça? me demande t-elle les larmes aux yeux.
- Le gardien est un bon ami à moi et lorsque je lui ai parlé de ce que je voulais faire, il m'a simplement filé un petit coup de main, lui dis-je en souriant.
- C'est vraiment merveilleux...je ne sais pas comment te remercier...
Puis dans ce moment intense, elle me prend dans ses bras et me donne un baiser sur la joue en me remerciant une centaine de fois.
- Miss astronaute est allée dans l'espace...lui dis-je en rigolant.
Puis quelques instants plus tard, nous sortons du musée, Kim avait des étoiles plein les yeux et était encore émue par ce qu'elle avait vu. Je la raccompagne chez elle et le long du trajet, elle n'arrête pas de me parler de cette sensation qu'elle avait ressentie, comme si elle y était vraiment. Mon sourire s'agrandissait au fur et à mesure de ses paroles.
- Voilà, si je ne me suis pas trompée, c'est bien là que tu habites.
- Merci pour tout Taylor...Jamais personne ne m'avait fait un aussi beau cadeau, me dit-elle les yeux brillants.
- Je t'en prie, ton sourire suffit amplement.
Puis elle dépose un baiser sur ma joue et rentre chez elle.
Des jours magnifiques passèrent et je commençais à voir ma vie d'un autre regard. La joie de ses enfants qui partageaient mes journées, remplissait mon cœur de bonheur et les sourires de Kim en faisaient autant.
Un matin comme les autres, je me rends comme à mon habitude à l’hôpital. J'entre dans la salle qui fait maintenant partit de mon quotidien et remarque le silence étrange qu'il y réside. Soudain, tous les enfants sortent de derrière les meubles et me crient un "joyeux anniversaire" en cœur. Je souris à pleines dents en voyant toutes ces banderoles à mon effigie et tous ces enfants qui me sautent dessus. Kim me regarde du fond de la salle et sourit en me souhaitant un bon anniversaire. Les enfants me donnent leurs dessins les uns après les autres en m'embrassant en guise de cadeaux, lorsque Kim s'approche de moi.
- Je ne t'ai toujours pas donné le mien...me dit-elle en souriant.
- Si c'est encore un dessin, je te préviens je ne vais pas avoir assez de murs chez moi pour tous les accrocher, lui dis-je en rigolant.
Puis elle me tend un paquet orné d'un petit nœud rose. En l'ouvrant, j'aperçois un livre de médecine. Émue par ce geste, aucun mot ne sort de ma bouche.
- Il n'est jamais trop tard pour vivre tes rêves...
- Merci...C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait fait jusqu'à présent.
Je sens les larmes m'envahir et me retourne en direction de la fenêtre pour ne pas qu'elle les voit. Puis quelques secondes après je me tourne vers elle.
- Comment as-tu-su que c'est mon anniversaire?
- L'infirmière qui est chargée de ton dossier est une bonne amie à moi, me dit-elle avec un clin d’œil.
- Kim...j'aimerai savoir si tu accepterais de venir dîner avec moi demain soir?
- Je ne sais pas...je...
- Je ne vais pas te mordre tu sais, c'est juste pour te remercier de ce que tu as fait pour moi, lui dis-je en souriant.
- D'accord, j'accepte avec grand plaisir, me répond-elle avec le sourire.
Le lendemain soir, je me prépare pour aller au restaurant. Je mets un chemisier noir, une veste de tailleur noire et un jean couleur brut. Je sens le stress monter en moi et me parfume pour la énième fois. Je prends la voiture et me rend chez elle. Quelques instants plus tard, je me tiens devant son entrée et la vois sortir. Elle porte une robe noire magnifique et ses longs cheveux bruns sont lâchés. Ses yeux d'un bleu intense, sont légèrement mis en valeur par un trait de maquillage et son odeur m’enivre totalement.
- Tu es magnifique...lui dis-je les yeux totalement ébahis.
- Tu n'es pas mal non plus, me répondit-elle avec un sourire.
Arrivées au restaurant, le serveur nous installe dans un coin tranquille et plutôt tamisé.
- Je ne savais pas quel genre de cuisine tu aimais, alors j'en ai choisis un qui fait un peu de tout.
- C'est parfait, me dit-elle avec ce sourire si magnifique.
La soirée se passa divinement bien, nous avons rigolé de tout et n'importe quoi, parlé des enfants et de nos vies respectives. Arrivées devant son entrée, je me tiens face à elle, intimidée par sa beauté.
- Merci pour cette soirée Taylor, j'ai vraiment apprécié...
- Le sentiment est partagé.
Nos regards se fixent pendant quelques secondes et j'ose m'approcher d'elle pour l'embrasser. Elle m'enlace tendrement et me rend mon baiser. Je la serre contre moi et au contact de son corps, je sens une douce chaleur m'envahir. Puis après quelques secondes nos lèvres se séparent.
- Dors bien miss astronaute...à demain, lui dis-je en souriant.
- Dormez bien docteur...me dit-elle en rigolant.
Je remonte dans ma voiture, le cœur léger et la tête remplie d'étoiles. Elle ne m'a pas rejetée bien au contraire. De savoir que l'attirance et les sentiments naissants sont partagés me réchauffent quelque peu le cœur.
Au lendemain de cette magnifique soirée, je me rends à l’hôpital le sourire aux lèvres et le cœur rempli d'amour. J'arrive devant la salle des enfants et personne n'est là. Ils ont dû sans doute sortir, je vois l'infirmière qui s'occupe de mon dossier dans le couloir.
- Excusez-moi, vous ne savez pas où se trouve Kim par hasard? personne n'est là...
- Vous n'êtes pas au courant?
- Au courant de quoi?
- Kim a fait un malaise ce matin très tôt et a été admise aux urgences...
- Quoi?! un malaise? mais où est elle? c'est grave??!!
- Je...je pensais qu'elle vous en avait parlé...Kim a une leucémie...Si elle est si souvent dans cet hôpital c'est aussi pour sa santé...
- Une leucémie...Elle est malade?
- Oui...elle est dans la chambre 420...
Puis elle reprend son chemin, attristée par la nouvelle qu'elle venait de m'apprendre.
Je reste immobile pendant quelques secondes, essayant de réaliser ce qu'elle venait de me dire...C'est comme si ce monde si merveilleux que j'étais en train de me construire, s'effondrait tout à coup. Puis je me mets à courir aussi vite que possible cherchant la chambre 420.
J'entre et vois Kim allongée inconsciente sur le lit. Je m’assoie face à elle et lui prend la main, des larmes coulent malgré moi sur mes joues. Je remonte sa couverture pour ne pas qu'elle ait froid et lui caresse le visage.
Les heures passent et je finis par m'assoupir.
- Ne me dis pas que tu es là pour moi...me dit Kim d'une petite voix.
- hey...comment ça va?
- J'ai un peu mal à la tête mais ça va. Tu n'aurais pas dû rester, je ne veux pas que tu me voies dans cet état.
- Je te trouve très belle, pourquoi ne m'as tu pas parlé de ta leucémie?
- C'est le genre de sujet que je préfère éviter...je n'ai pas envie que les gens aient pitié de moi parce que je suis malade.
- Je n'ai pas pitié de toi...bien au contraire.
Elle me regarde et sourit à mes paroles, puis je m'approche d'elle et lui dépose un doux baiser sur ses lèvres. Sa main se pose sur mon visage et son regard est plongé dans le mien.
- Tu as un regard magnifique...
Je souris à sa remarque et rougis.
- Tu as besoin de quelque chose? tu veux que j'appelle l'infirmière ou le médecin?
- Non, je vais bien, ne t'inquiètes pas pour moi, tu devrais rentrer chez toi...
- Rien au monde ne me fera partir d'ici, tu vas être obligée de me supporter toute la nuit, lui dis-je en souriant.
- Je ne pense pas que ça sera déplaisant, me répond-elle avec un grand sourire.
Le lendemain matin, le médecin frappe à la porte de sa chambre et me réveille en sursaut. Mon dos me fait un peu mal, la chaise n'était pas très confortable. Kim était déjà réveillée et me regardait dormir avec tendresse.
- Bonjour Kim, alors comment ça va ce matin? lui demande le médecin.
- Bonjour docteur, très bien merci, on a veillé sur moi toute la nuit ce qui fut agréable, lui répond-elle en souriant.
- Vous en avez de la chance, bien, vos résultats sont plutôt bons, je ne vois pas d'autres raisons de vous garder ici plus longtemps, lui dit-il en souriant.
A l'annonce de cette nouvelle, le sourire revient instantanément sur mes lèvres en prenant la main de Kim.
Quelques instants plus tard, je l'aide à préparer ses affaires afin de la ramener chez elle.
Je lui ramène un fauteuil roulant pour l'emmener à ma voiture.
- Je peux marcher tu sais, je ne suis pas invalide, me dit-elle en rigolant.
- Non, non, je ne veux pas que tu te fatigues, tu restes assise et je te ramène chez toi pour que tu puisses t'y reposer.
- J'en ai de la chance, j'ai mon infirmière privée.
Arrivée chez elle, je l'installe sur le canapé et pose ses affaires dans un coin.
- Tu es bien là?
- Taylor je t'assure je ne suis pas invalide, je peux me débrouiller toute seule, me dit-elle le regard rempli de tendresse.
Je m’assoie près d'elle sur le canapé et pose ma main sur la sienne.
- J'ai eu très peur hier...J'ai cru que j'allais te perdre, alors ne m'en veux pas, j'ai peut-être une réaction qui te semble démesurée mais...j'ai eu peur.
Elle sourit et m'embrasse tendrement.
- Si ça peut te rassurer, reste avec moi...
La journée était passée dans le calme, nous avions joué aux cartes, parlé et surtout nous avions rigolé ensemble. Kim m'a parlée de sa Leucémie et de sa vie gâchée à cause de la maladie.
Le soir tombé nous regardons un film à la télé et Kim se tient blottis dans mes bras, une couverture sur elle que je remets en place pour ne pas qu'elle ait froid. Je la regarde tendrement dormir et lui dépose un baiser sur le front. Je la prends dans mes bras et la porte à l'étage pour l'allonger dans son lit, puis repars dormir sur le canapé.
Au lendemain de cette douce nuit, Kim me réveille un café à la main.
- Bonjour ma belle infirmière. La nuit fut assez confortable sur le canapé?
- Hmmm...c'est déjà beaucoup mieux que la chaise de l’hôpital...merci pour le café.
- Tu as prévue quelque chose pour aujourd'hui? me demande t-elle.
- Vu qu'aujourd'hui c'est samedi et que nous n'allons pas à l’hôpital, je me disais que je pourrai t'emmener faire un tour sur la plage...
- Excellente idée !
Puis avant de monter à l'étage, elle se tourne vers moi.
- Au fait, je ne t'ai pas vu prendre de cigarette avec ton café...
- J'arrête, c'est pas très bon pour ma santé, lui dis-je en souriant.
Quelques instants plus tard, nous sommes sur la plage. Son bras entoure le mien et nous marchons tout en regardant le paysage magnifique qui s'offre à nous.
- Kim...je dois te dire que ces derniers temps, depuis que je suis avec toi et ces enfants que j'adore, ma vie a pris un autre sens. C'est comme si j'avais tourné la page sur toutes ces choses qui me torturaient jusqu'à présent et...je voulais te remercier. Tu rends ma vie plus simple et si belle, je ne pensais pas qu'un tel sentiment de bien être pouvait exister...
Elle me prend la main et continue de marcher en souriant tout en retenant ses larmes. Je sentais qu'elle était émue par ce que je venais de dire et son silence en témoignait.
Puis pour rompre ce silence, je pars en courant en direction de l'eau et commence à l'arroser.
- Ah oui tu veux jouer à ça mademoiselle Campbell? me dit-elle en rigolant.
Puis elle se rapproche de l'eau et commence à faire de même et dans ce rire qui nous unissait, je me jette sur elle pour l'y tremper complètement.
- Bon je pense qu'on devrait rentrer avant de tomber malade, lui dis-je encore sous le coup du fou rire, mais je pense que je vais passer par chez moi parce que c'est très gentil à toi de m'avoir prêtée ta douche, mais il serait temps que je change mes affaires.
- Oui, parce que là ça commence à sentir et encore on est en plein air, me dit-elle en rigolant.
Dans un dernier sourire, nous nous mettons en route vers chez moi, puis quelques instants plus tard nous arrivons.
- Voilà, c'est chez moi, bon c'est pas non plus très grand mais c'est largement suffisant pour moi.
- C'est très joli je t'assure et je trouve que ça te ressemble.
- En bien j'espère...lui dis-je, bon je vais aller me changer et après on fait ce que tu veux miss astronaute.
Je prends quelques affaires, me change et reviens dans le salon où Kim m'attend. Lorsqu'elle m’aperçoit, je la vois me fixer en souriant.
- Quelque chose ne va pas? lui demandais-je.
- Non...au contraire...tu es magnifique...
- J'ai juste mis une chemise et un jeans, lui dis-je en plaisantant.
Puis elle s'approche de moi et m'embrasse tendrement tout en me serrant fort contre elle. Notre baiser devient plus intense, je l'emmène vers la chambre sur le lit et m'allonge sur elle. Nos doigts s'entrelacent, nos corps suivent le même mouvement, comme si nous dansions en rythme, puis lentement j'enlève son haut et tout en passant mes mains sur son corps, mes lèvres frôlent sa peau.
Je sens son souffle s'intensifier, elle me relève la tête, m'embrasse avec passion et commence à déboutonner ma chemise. Ses mains caressent mon corps pour le découvrir, des frissons m'envahissent et mon cœur bat tellement fort, qu'il me donne l'impression d'être prêt à s’arrêter.
J'enlève son pantalon puis elle fait de même, sa chaleur est si intense, ma main commence à explorer cette intimité que j'ai hâte de découvrir. Sa respiration se fait de plus en plus rapide et j'entends le plaisir que je lui procure. Elle me serre d'autant plus fort que le désir monte en elle puis je la sens se relâcher. Nos regards s'entremêlent et un sourire vient attiser cette harmonie entre nos deux corps qui ne font plus qu'un.
Après cette étreinte, si intense, elle se rapproche de moi et se blottit dans mes bras.
- J'aimerais que le temps s'arrête...restée ainsi dans tes bras pour toujours...
- J'aimerais aussi...
- Cette maladie qui est en moi...je suis habituée et je sais qu'un jour elle aura raison de moi, je ne nie pas l'évidence et m'était préparée à ça...mais je ne m'étais pas préparée à toi et maintenant j'ai peur...peur de ne plus être avec toi...
En sentant ses larmes couler, je la serre d'autant plus fort dans mes bras et lui dépose un baiser sur le front.
- Ne t'inquiètes pas, quoi qu'il arrive, je serai près de toi je te le promets.
Puis la sentant contre moi, nous nous sommes endormis. Les jours passèrent et alors que nos journées étaient remplies de rire et de joie avec les enfants, nos nuits étaient remplies d'amour et de tendresse. Un soir, alors qu'elle sortait de l’hôpital, elle m'aperçut devant ma voiture.
- Tu n'es pas chez toi? Je comptais te rejoindre, me dit-elle d'un air surpris.
- Non, pas ce soir, ni ce week-end d'ailleurs...j'ai une petite surprise pour toi miss astronaute, lui dis-je un grand sourire aux lèvres.
- Une surprise encore? La dernière fois que tu m'en as fait une, j'ai failli ne pas m'en remettre, me dit-elle avant de me déposer un léger baiser.
- Monte dans la voiture, par contre on a un peu de route. Je me suis permise de passer prendre quelques affaires chez toi car je t'emmène en week-end...
- En week-end? Je m’attends au pire avec vous miss Campbell, me dit-elle en souriant.
- Ou… simplement au meilleur... lui répondis je.
Puis nous prîmes la route vers une direction inconnue pour Kim. Trois heures plus tard nous arrivions à destination. Nous étions en forêt et un chalet bordait un lac grandiose.
- Où sommes-nous? Me demanda t-elle agréablement surprise.
- C'était le chalet de mon père...Parfois je viens ici pour être seule, je voulais que tu le vois.
- C'est magnifique ...
- Je n'ai jamais eu la force de le vendre, c'est la seule chose qui me rattache encore à lui.
Je lui ouvre la porte et en entrant je vois Kim rester figée, émerveillée par le spectacle qui se tenait devant ses yeux. Des pétales de roses ornaient l’intérieur du chalet et des bougies faisaient office de lumière.
- Mon Dieu...Taylor...c'est...c'est magnifique !
Puis elle se tourne vers moi et se jette dans mes bras. Je pose les affaires et allume un feu dans la cheminée. Je l'invite à boire un verre dans cette ambiance tamisée et trinque à notre nouvel amour. Puis dans ce moment de douceur, nos corps se rapprochent et s’entremêlent pour un nouvel échange de passion au coin du feu. Au petit matin, je me réveille et ne trouve pas Kim. Puis en regardant par la fenêtre, je la vois assise au bord d'un ponton en bois qui se suspendait au dessus du lac. Je la rejoins pour m'asseoir à ses côtés et lui pose une couverture sur ses épaules.
Elle me regarde en souriant et pose sa tête contre mon épaule.
- Quel magnifique paysage...Ces montagnes...cette nature et ce silence...
- Oui, c'est pour ça que je viens souvent ici pour m'y retrouver au calme. Kim...je t'aime vraiment...je n'ai jamais ressentit ça pour qui que ce soit et je sais aujourd'hui que je veux passer le reste de ma vie à t'aimer.
- Je t'aime aussi Taylor Campbell, me dit-elle un sourire tendre, tout en me prenant la main.
Je la regarde tendrement dans les yeux. Qu'elle est belle, ce sourire, ce visage cette bonté intérieure pensais-je en la fixant.
- Épouse-moi Kim et je te promets que je passerais chaque jour de ma vie à te rendre heureuse. Je sais que cela peut paraître rapide mais je n'ai jamais été aussi sûre de moi. Je n'ai jamais été aussi sûre de quoi que ce soit dans ma vie à dire vrai.
Ses larmes se font sentir, puis dans un sourire qu'elle ne peut contenir, elle se jette dans mes bras et me dit "oui".
Le temps de rentrer était venu et nous reprenions la voiture. En chemin, Kim n'arrêtait pas de parler du mariage que l'on pourrait faire. Je souriais en entendant ses paroles qui étaient remplis d'émotions et de joie. Des jours merveilleux s'écoulèrent, notre amour grandissait chaque jour un peu plus et l'attente du mariage me devenait insupportable. Je voulais me réveiller chaque matin à ses côtés, la voir rire, la rendre heureuse et nous regarder vieillir ensemble.
Un matin comme les autres, alors que nous étions chez elle, elle se précipite dans la cuisine pour m'y retrouver.
- On va être en retard! vite, il faut qu'on y aille.
- Laisse-moi au moins finir mon café, les enfants ne sont pas à cinq minutes près, lui dis-je en souriant.
Puis soudain, je la vois s'accrocher à la rampe d'escalier.
- Kim? ça ne va pas, qu'est-ce qu'il y a?
A peine se retourne t-elle vers moi, que je la vois s'effondrer au sol. Dans la précipitation, je lâche ma tasse qui se brise sur le carrelage et les genoux à terre, je la prends dans mes bras.
- Kim?! Kim, réveille-toi!
J'appelle les secours qui arrivent quelques minutes après. Je monte dans l'ambulance en pleurant tout en ne lâchant pas sa main. Le silence se fait autour de moi et en cet instant de panique, je prie de toutes mes forces pour qu'elle se réveille dans les secondes qui suivent.
Les heures passèrent dans une attente interminable et la nuit était tombée. Le médecin de Kim s'approche de moi l'air sérieux.
- Docteur, vous savez quelque chose? Qu’est-ce qu'elle a ? Lui demandais-je totalement paniquée.
- Je suis désolé...l'état de Kimberley s'est subitement aggravé et sa leucémie prend malheureusement le dessus...
- Je ne comprends pas, ça veut dire quoi?
- Qu'elle ne répond plus au traitement...
- Quoi?! Mais il y a quelques jours, elle allait bien comment c'est possible?
- Je...je n'en sais rien, je suis désolé... me dit-il en me tapotant l'épaule avant de partir.
Les émotions qui me traversent le corps sont confuses et je ne sais plus quoi penser. J'ai du mal à encaisser ce que m'a dit le médecin, puis mes esprits repris, je me dirige à toute vitesse dans la chambre de Kim. Allongée dans ce lit, son visage est pâle et son regard se tourne vers moi. Je m'installe à ses côtés et lui prend la main.
- Ne pleures pas, me dit-elle d'une petite voix. La seule chose que je veux retenir c'est ton sourire qui te rend si belle.
Alors je souris, essayant de retenir le plus possible mes larmes qui coulent malgré moi. Puis en la regardant me sourire, je me mets à chercher un stylo et du papier.
- Qu'est-ce que tu fais? Me demande t-elle.
- Il me semble que nous devions nous marier...alors on va se marier ici et maintenant.
- Quoi? Je ne comprends pas...
- Je n'ai besoin de personne d'autre que toi pour prononcer mes vœux.
Puis je me place face à elle et écris nos deux noms sur ce bout de papier.
- Kimberley Sullivan, je te promets de t'aimer et de te rester fidèle quelque soit les épreuves que nous aurons à traverser. Tu es et resteras pour toujours celle avec qui je veux vieillir.
Puis elle me regarde en essayant d'essuyer les larmes qui coulent sur ses joues, elle a du mal à cause de la perfusion qui la tire.
- Je t'aime aussi Taylor et je veux passer chaque seconde de ma vie à te donner tout mon amour...
- J'accepte aujourd'hui de te prendre pour épouse, ici, maintenant et pour toujours.
- J'accepte aussi de te prendre pour épouse...
Puis je signe le papier qui nous sert de contrat de mariage et elle fait de même. Je l'embrasse et m'allonge à ses côtés dans ce lit si avide de chaleur. Ma main caresse son visage et tente d’apaiser sa peur qui l'envahit. Ses yeux restent fixés sur les miens et son sourire qui fait de moi une personne meilleure, ne la quitte pas. J'essuie les larmes qui se font de plus en plus abondantes sur son visage.
- J'aimerais être devant cet étang qui me rappelle nos ballades et nos conversations...revoir ces arbres qui l'arborent et les rayons du soleil qui reflètent sur l'eau...me dit-elle.
En entendant cette requête, je me lève et la soulève pour la prendre dans mes bras.
- Qu'est-ce que tu fais? me demande t-elle.
- Je ne veux pas que tu restes ici dans cette chambre froide avec tous ces appareils qui sont reliés à ton corps.
Puis je la transporte en direction de la sortie lorsqu'une infirmière m'interpelle.
- Mademoiselle ! Qu’est-ce que vous faites?! Vous n'avez pas le droit !
J'ignore ses paroles et me dirige vers le parc. Je regarde les arbres qui nous entourent, le soleil qui reflète sur son visage et j'aperçois son sourire s’agrandir.
Je la pose devant cet étang qu'elle aime tant et m’assoie derrière elle en la serrant tout contre moi.
- C'est magnifique...dit-elle en souriant.
Sa main me caresse le visage et elle sent mes larmes qui mouillent ses doigts.
- Tu as changé ma vie Taylor, je t'aime...
Le silence se fait, son corps que je serre si fort contre moi et que je ne veux plus lâcher a perdu toute vie. Ses yeux se sont fermés lentement et son dernier souffle s'est envolé vers le ciel. Je pleure...je pleure tellement fort que ça en est douloureux et je crie tout en la serrant contre moi...Le soleil ne brille plus pour moi et ce parc me semble avide de couleurs sans la chaleur de Kim...
Six mois plus tard...Je marche dans cette allée arborée d'arbres et de fleurs qui essaient en vain d'égayer l'endroit. Un bouquet de fleurs à la main, je me dirige sous un châtaignier qui colore l'endroit par ses feuilles aux couleurs d'automne.
Je dépose le bouquet au sol et me retrouve face à la tombe de Kim.
- Voilà...Je venais te dire que tu me manques et que c'est dur sans toi ici... Ah une bonne nouvelle, je suis acceptée à la fac de médecine. Tu vois, ton livre m'a beaucoup servi... Dylan va bien, son opération s'est bien passée, les médecins pensent qu'il pourra enfin rentrer chez lui définitivement et les autres sont toujours aussi bruyants...
Puis je souris en repensant à tous ces moments passés avec elle. Je m'approche de la tombe et y dépose une bague que je n'ai pas eu le temps de lui mettre au doigt.
- Je t'aime...
Je reprends le chemin à contre sens et souris. Je souris parce que grâce à elle, je suis devenue la personne que je rêvais d'être et mon rêve est en train de se réaliser... Elle m'a donné l'espoir et l'envie d'y croire et comme elle me l'a si souvent répété... "il n'est jamais trop tard pour réaliser ses rêves..."