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 Chef oui Chef - Justme

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YulVolk
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YulVolk


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MessageSujet: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 13:38

Pseudo de l'auteur : Justme

Nombre de chapitres : 20

Rating de l'histoire : NC17
Genre de l'histoire : Humour, Romance

Résumé de l'histoire :

Bien malgré elle, Liz fantasme sur Shaell, sa boss au physique irréprochable. Mais cette dernière à beau être superbe, son caractère lui vaut les pires surnoms. Liz va devoir survivre une semaine avec la démone, pas dans n’importe quelles conditions et pas n’ importe où… Vegas, les voilà.



Terminée et Corrigée
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 13:46

Chapitre 1 - Le début de la fin


Le tintement de son affreuse clochette, suivie d'un son quasi inhumain où je reconnais la syllabe formant mon nom m'informent qu'ELLE désire me voir. Ma chef, Shaell Mackenzie, terreur des bureaux.

Bien que je haïsse la manière qu'elle a de m'appeler, je me rends dans la salle de réunion le plus rapidement possible, sachant très bien que la patience n'a jamais compté parmi l'une de ses vertus. M'excusant comme je peux, je vais m'installer à la seule place encore libre, juste à côté d'elle.

Comme tous les autres, je regarde la dragonne marcher de long en large devant nous.

Elle a toujours su jouer du silence comme d'un moyen ultra efficace pour nous mettre mal à l'aise.

Malgré tout, je ne peux m'empêcher de remarquer que son tailleur strict épouse à merveille ses formes parfaites.

Un rapide tour de table m'apprend que les autres collègues ont autant de mal que moi à conserver leur regard sur le tableau qu'elle pointe du doigt et non à le laisser s'égarer…

Elle a beau pouvoir prétendre sans pâlir à une place dans le top dix des pires tyrans que la terre ait porté, elle reste carrément canon. Imaginez, une belle brune aux yeux verts à tomber par terre, un visage aux traits fins et qui est en plus super bien foutue.

Je suis sortie de mes rêveries par un raclement de gorge agacé.

J'ai l'impression que la pièce vient de perdre au moins une dizaine de degrés tandis que le regard de glace de harpie me parcourt.

- Liz, si je vous dérange, n'hésitez surtout pas à m'en faire part…

Je retiens l'énorme soupir qui menace de s'échapper et tente tant bien que mal de ne pas rétorquer. A la place, je fais un petit sourire désolé et baisse la tête, l'air repentie.

Bien évidemment, je ne le suis pas un seul instant. Mais ça, j'espère secrètement qu'elle ne va pas le voir, étant donné que je me cache derrière mes cheveux blonds.

Elle fait un bruit tout ce qu'il y a de plus agaçant, comme a chaque fois qu'elle est énervée et reprend.

J'entends plusieurs de mes collègues recommencer à respirer. Personne ne souhaite attirer l'attention sur soi quand il s'agit d'avoir à l'affronter. On peut être tout à fait en désaccord hors de cette pièce, en présence de la démone, on devient plus soudés que les 7 nains.

Ok, mes références sont à revoir, mais vous avez saisi le sens général, c'est ça l'important.

Mon attention est reportée sur ma chef, tandis qu'elle conclut son exposé.

- J'espère que cette petite présentation vous fait réaliser à quel point il est primordial pour nous d'obtenir ce contrat. Nous parlons de millions de dollars…

Elle observe un petit moment de silence, certainement pour nous laisser le temps de réfléchir à ce qu'elle vient de dire avant de reprendre.

- Si je vous ai convoqués ce soir, c'est pour vous informer que l'un d'entre vous partira dans quatre jours et pendant huit jours et sept nuits afin d'aller rencontrer Mademoiselle Parkson au grand congrès annuel des remorqueurs, qui aura lieu à Las Vegas.

J'ai du mal à retenir le sourire qui me vient spontanément aux lèvres. C'est sans aucun doute la meilleure nouvelle que j'ai entendue depuis longtemps. L'effervescence est palpable et je suis certaine que tout le monde ici s'imagine déjà loin de la harpie.

- Bien sûr, au vu de l'importance de ce voyage, il va de soi que je vais exceptionnellement être de la partie.

Je regarde Steph, ma collègue informaticienne, qui semble penser la même chose que moi : " Pitié, faites que ça ne soit pas moi ".

Bien que je sois sûre que la dragonne n'a pas manqué la réaction collective face à la nouvelle : (à savoir) une nette baisse de l'enthousiasme, elle ne relève pas et attend patiemment que nous nous soyons remis du choc pour continuer :

- Et qui de mieux pour cette tâche que notre responsable réseau.

Oh non…

Ni son sourire, ni sa main tendue m'invitant à la rejoindre ne me consolent le moins du monde. Je remarque les regards compatissants de mes collègues, sans aucun doute soulagés que ça ne soit pas eux, mais néanmoins désolés pour moi. Personne ne souhaiterait à un autre de passer plus de deux minutes en sa compagnie. Personne qui la connait du moins.

Tentant le tout pour le tout, j'envisage une échappatoire :

- Mais je comptais vous parler de mon voya-

- J'ai déjà appelé pour annuler. Le nouveau stagiaire s'est chargé des réservations. Les dates sont les mêmes, excepté la destination, ça ne change pas grand-chose.

Oh que si…

- Parfait, voilà qui est réglé. Au boulot !

Sans un mot de plus, elle quitte la salle de réunion pour rejoindre son bureau.

Je suis quant à moi incapable de bouger tandis que mes divers collaborateurs sortent à leur tour, me donnant au passage tapes dans le dos et mots d'encouragement.

Je crois que je vais en avoir besoin.

Cette femme est l'Attila des bureaux, survivre deux heures avec elle pour seule compagnie serait un exploit en soi.

Je m'en souviens comme si c'était hier...

[Un mois auparavant]

J'attends bien sagement qu'elle termine de lire le rapport qu'elle m'a demandé de lui fournir, n'essayant pas de me faire une idée au vu des grimaces qu'elle fait. Les mauvaises nouvelles peuvent attendre.

Alors qu'elle s'apprête à me faire une remarque très certainement désobligeante, ses yeux verts vont à la place se fixer sur la porte. Elle demande :

- Oui ?

- Madame, je ne comprends pas!

Le stagiaire du département marketing entre en trombe dans le bureau, visiblement à mi chemin entre l'agacement et la peur. Il a raison d'être effrayé, il faut être fou pour risquer de froisser la démone.

- Quoi donc?

Elle replace derrière son oreille une mèche de ses longs cheveux bruns et le fixe en plissant légèrement les yeux.

- Pourquoi vous ne me donnez plus que des tâches inintéressantes !

Les traits fins de ma boss se durcissent immédiatement. Ses lèvres pleines forment une ligne parfaite, preuve qu'elle se retient. Je reste prostrée dans mon coin, tentant de me faire oublier. Pas moyen que j'attire son attention alors qu'on dirait une lionne prête à bondir... Il ne manque plus que les crocs.

- Et qu'est ce que vous jugez inintéressant au juste ? J'apprécierais que vous me fassiez profiter de grande sagesse, certainement acquise suite à de nombreuses années passées sur le terrain.

Il semble perplexe pendant un moment mais, allant à l'encontre de tout bon sens, continue de s'enfoncer :

- Je faisais une étude de marché avec Mlle Starks, puis j'ai eu à m'occuper des finitions d'un autre projet et maintenant je classe des papiers ! Je ne vois pas comment je vais pouvoir expliquer cette... euh... destitution dans mon rapport de stage.

La harpie lui adresse un sourire qui a beau être fait d'une rangée de dents parfaites n'en reste pas moins glacial :

- Et bien... Il suffisait de me demander.

Elle marque une pause qui ne présage rien de bon pour lui avant de reprendre :

- Je vais me faire une joie d'expliquer moi même par courrier à vos professeurs que votre paresse n'a d'égale que votre incompétence.

Totalement insensible à l'air offusqué que le jeune homme a adopté, elle continue :

- Si vous ne travaillez plus avec Mlle Starks, c'est parce qu'elle me fait régulièrement des rapports, tout comme Mlle Scott ici présente. Or dans ce rapport, j'ai constaté nombre de maladresses qui pourraient couter cher à l'entreprise et ce alors que ma formation professionnelle n'a en aucun cas été tournée vers le marketing. J'ai par la suite été vérifier moi même les informations erronées et je me suis aperçue avec stupeur qu'elles provenaient d'une communauté en ligne où les internautes postent le tout. Elles ne présentaient bien sûr pas la moindre fiabilité.

Les couleurs qui font la vie quittent lentement le visage du stagiaire, qui ne prend même pas la peine de fermer sa bouche.

- Le plagiat, mon jeune ami, n'est pas, aux dernières nouvelles tout du moins, prôné par votre université. Alors voilà exactement ce qui va se passer. Je vais effectivement faire part à vos professeurs des différents motifs qui m'ont amenée à revisiter le degré d'implication que vous avez pu avoir dans les différents projets. Je leur décrirai bien évidemment par la même occasion votre visite dans mon bureau.

Le stagiaire met sa main sur le chambranle de la porte, plus pour se tenir que pour autre chose si vous voulez mon avis.

- Sur ce, j'ai du travail. Je vous invite à prendre vos affaires et à aller trouver des tâches " intéressantes " à faire, mais ailleurs.

Elle ponctue son monologue d'un sourire courtois, mais mauvais.

Il l'a cherché, certes, mais elle y a été fort.

Elle le fixe avec une rare intensité tandis qu'il s'empresse de quitter les lieux. Il a la sagesse de ne pas aggraver son cas en ne tentant pas de discuter les faits.

Elle ajoute, suffisamment fort pour qu'il entende dans sa fuite :

- Ne vous en faites pas pour la paperasserie, je me fais d'ores et déjà une joie de m'en charger !

Visiblement satisfaite, elle soupire, puis se tourne vers moi, tout sourire et me sort, comme si de rien n'était :

- Où en étions nous Mademoiselle Scott ?


[Aujourd'hui]

Peut être que je devrais commencer à chercher un nouveau travail ? Après tout, en quelques 8 mois depuis son arrivée, elle a déjà licencié 12 personnes, sans compter le stagiaire. Sachant qu'on est environ une centaine, ça donne une idée de ce dont est capable la Terminator du monde du travail.

Cependant, il faut bien reconnaitre qu'elle fait son job, et qu'elle le fait même bien. Elle a déjà décroché plusieurs nouveaux gros contrats et a même réussi à sauver un client qu'on allait perdre, le tout en augmentant le prix de nos services. Elle est chargée de restructurer l'entreprise et si hiérarchiquement elle est juste en dessous du big boss, tout le monde sait que c'est elle qui fait que ce bateau flotte toujours. Ajoutez que l'actuel chef d'entreprise songe à prendre sa retraite, vous avez une idée très précise du poste qu'elle occupe.

Autant le dire clairement : si cette femme n'était pas le diable personnifié, elle serait mon modèle.


N'empêche, qui aurait cru que les plus longs moments de ma vie allaient se passer à Las Vegas ?

La ville du rêve pour beaucoup, bientôt mon cauchemar.


* * * * *

Tandis que je boucle ma ceinture de sécurité, j'ai l'impression de sceller mon destin.

Ok, j'exagère.

Mais de peu.

Il y a deux raisons à cela :

1) Ma peur maladive de l'avion, plutôt ironique d'ailleurs pour quelqu'un qui voyage beaucoup.

2) La personne qui occupe le siège voisin.

Bon, on est en classe affaires, c'est déjà ça j'imagine. Remarque il fallait bien ça pour avoir la place pour ses longues jambes.

Mon regard balaye rapidement son corps, prenant note de la tenue décontractée qu'elle porte, ainsi que du décolleté qui laisse entrevoir une peau qui promet d'être douce.

Je secoue la tête pour me faire sortir ces idées et porte mon attention sur l'hôtesse de l'air qui vient se poster à quelques mètres de moi et commence à distiller les conseils de sécurité.

Bien sûr, je suis davantage intéressée par sa plastique avantageuse et les mouvements qu'elle fait que par ce qu'elle peut bien raconter mais ça c'est une autre histoire.

J'entends un léger rire à côté de moi.

Je me retourne, totalement sous le choc. La dragonne a rit ? Oh mon dieu ça veut dire qu'elle sait ce que c'est !! Et ça veut même dire qu'elle a un sens de l'humour caché. Enfin enterré là ou nul homme ni femme excepté moi n'avait jamais été ?

Ne nous emballons pas !

Avant de parier sur un hypothétique (ou devrais je dire utopique) sens de l'humour, je me décide à poser la question fatidique, celle qui déterminera la réalité de l'exploit ou non. Cette question, mon génial esprit l'a résumé en un seul mot, clair et concis :

- Quoi ?

Visiblement, ma totale confusion la réjouit, étant donné que son sourire s'agrandit dans un premier temps avant de se faire malin.

- Rien rien.

Quelle petite…!!!

- Vous devez bien rire pour une raison!?

- Ça ne vous ferait pas rire. dit-elle.

Probablement pas mais n'empêche que je veux savoir !

- Dites toujours.

- C'est vraiment pas drôle !

Je lui lance mon fameux regard " Allez accouche " et elle finit par avouer :

- Je me disais que les rumeurs étaient vraies.

- Quelles rumeurs ?

- Celles qui auraient tendance à se trouver vérifiées par le fait que vous sembliez nettement plus intéressée par le physique de l'hôtesse que par son discours.

Oh.

Ces rumeurs là !

- N'importe quoi, où avez-vous été chercher ça ?

Un peu (beaucoup) de mauvaise foi n'a jamais tué personne. Elle ne répond pas à ma question et se contente de demander, directe :

- Je me trompe et la rumeur avec moi ?

- Je mne gne … Et d'abord depuis quand vous écoutez les rumeurs ?

Une fois encore, elle ne prend pas la peine de répondre et m'ignore royalement, un petit sourire aux lèvres. Mécontente, je me rassieds dans mon siège en bougonnant.

Je me doutais que le bruit courait, mais j'aurais jamais imaginé que le bruit puisse être assez fort pour arriver à SES oreilles. Même la commère la plus téméraire n'irait pas lui dire mot. Cette femme à l'air de tout sauf férue d'histoires dans le genre.

Faut croire que les apparences sont trompeuses.

- Pi d'abord je la regardais même pas … Je suis juste soucieuse de ma sécurité.

Je peux pas m'empêcher de râler, c'est plus fort que moi. Je sais pas pourquoi mais ça m'embête qu'elle m'ait prise en flagrant délit, alors je préfère nier les faits. Non pas que je me cache, c'est juste que je n'ai pas franchement envie d'en parler avec elle. Elle me regarde comme si je venais juste de mentir, ce qui est le cas, mais ça elle n'a pas besoin de le savoir. Malgré tout, elle ajoute :

- Ok, je m'excuse. Je ne devrais pas écouter les rumeurs.

Satisfaite, je choisis de ne pas commenter. Toutefois, ma petite victoire est de courte durée lorsque je l'entends rajouter :

- Et puis ça m'est égal avec qui vous choisissez de coucher, je n'ai rien contre les lesbiennes.

Je me retourne vers elle plus vite que l'éclair et m'apprête à faire une réflexion, je ne sais pas encore quoi mais l'intention est là et me retrouve nez-à-nez avec un sourire coquin.

Je comprends direct qu'elle me cherchait, ayant vu que c'était un sujet assez… sensible.

Inconsciemment, je me retrouve à sourire en retour.

Ses yeux pétillent et à cette distance je peux mieux apprécier leur nuance de vert.

C'est vraiment une femme superbe, encore plus quand elle sourit, dommage que ça n'arrive pas souvent… Nos regards se soutiennent pendant quelques instants et ce jusqu'à ce que le décollage me rappelle à quel point je hais prendre l'avion.

Instantanément, mes mains viennent trouver les accoudoirs pour s'y cramponner plus surement qu'une tique sur le dos de Sacapuces, le chat du voisin.

Je sens le regard de ma chef sur moi et m'efforce de garder un semblant de calme.

Lorsque la consigne lumineuse s'éteint, j'arrive à reprendre ma respiration de façon normale. J'entends le cliquetis d'une ceinture qui se détache et je sens une main incroyablement douce se poser sur mon avant bras.

- Ça va aller ?

Je rougis tandis qu'elle m'inspecte et j'acquiesce, ne faisant pas confiance à ma voix.

- Je reviens.

Elle pose sa main sur mon genou et me regarde encore quelques secondes avant de se diriger vers l'avant de l'appareil.

Elle revient quelques minutes plus tard, un verre d'eau a la main. S'agenouillant à mes cotés, elle me le tend.

- Buvez, ça vous fera du bien.

- Merci.

Je m'empresse d'avaler l'intégralité du verre avant de m'adosser à nouveau pour tenter de me calmer autant que possible. Mes yeux se ferment. Peut être que si je prétends ne pas être ici, alors ça ira plus vite ?

- Je ne savais pas que vous aviez peur de l'avion.

J'ouvre les yeux pour me retrouver nez-à-nez avec un décolleté tout ce qu'il y a de plus profond. Je me sens déjà loucher à moitié avant de réaliser que la propriétaire de " la paire qui tue " n'apprécierait sans doute pas mon intérêt évident.

Je tente de détourner l'attention en parlant avant qu'elle puisse commenter :

- Je n'ai pas peur de l'avion. C'est juste que l'idée de me retrouver à plus de 10 mètres du sol ne me rassure pas particulièrement.

- Donc vous avez peur !

Mes yeux lancent des éclairs mais une secousse me fait immédiatement oublier mon agacement.

Je l'entends qui retrouve sa place. Bien vite, je sens sa main venir trouver le dos de la mienne, toujours cramponnée à l'accoudoir. Ses doigts dessinent des mouvements qui se veulent rassurants.

L'efficacité reste encore à prouver mais l'effort est louable.

Je tourne la tête et lui offre mon sourire qui se veut le plus crédible.

Jamais je n'aurais cru que la démone puisse se montrer… attentionnée. J'avoue que la surprise est agréable.


Après un vol qui m'a paru environ 15 fois plus long qu'à n'importe quel autre passager, je suis ultra soulagée de poser les pieds sur le tarmac. Ou du moins sur la rampe d'accès qui nous mène directement à l'aéroport.

J'ai toujours pensé que ça perdait un peu de son charme, cette façon de débarquer. Mais bon, si ça peut m'éviter de me faire aspirer par un des énormes moteurs ou pire, me faire écraser par une des voitures à bagages, tout me va.

J'avoue, l'aéroport à tendance à me rendre légèrement paranoïaque.

Je traine un peu derrière elle, me décontractant tout doucement, le tout en profitant de la vue.

Ben quoi ?

Elle a des fesses superbes, je ne vois aucune raison pour laquelle je ne devrais pas les reluquer.

C'est pas parce qu'elle a toutes les chances d'être frigide qu'il faut que je ferme les yeux. Certains vont bien faire du lèche vitrine les poches vides.

- Qu'est ce que vous faites derrière ? J'aimerais m'enregistrer avant l'aube, histoire d'avoir au moins quelques heures de sommeil !

Grommelant, j'accélère le pas. Je la reconnais bien pour le coup. Nous nous dirigeons ensemble vers le tapis roulant pour récupérer nos valises. Évidemment, la mienne est la dernière à arriver, et je la prends rapidement, feignant d'ignorer le sourcil levé à mon attention. Je l'entends me demander d'une voix rieuse :

- Une valise rose bonbon ?!

- C'est très pratique pour la repérer facilement au milieu des autres.

- Ça je n'en doute pas. Ceci dit un foulard ou autre signe attaché à la poignée aurait eu le même office.

Son petit rire moqueur me suit jusqu'à la sortie de l'aéroport. M'efforçant de nous trouver un taxi et en compétition avec les quelques 200 autres passagers, j'en viens bien vite à faire de ridicules signes de la main, le tout en sautillant.

Oui, ma taille n'est pas franchement avantageuse dans ces cas là.

Je suis à deux doigts d'abdiquer en me résignant à montrer un sein pour arrêter quelqu'un, quand je l'entends appeler mon nom.

Comment diable a-t-elle pu faire ?

Enfin, inutile de chercher, l'essentiel est d'avoir un taxi. Je jette à moitié ma valise fashion dans le coffre avant de m'engouffrer avec entrain dans le véhicule.

En vérité, avec tellement d'entrain que j'ai fini sur ses genoux. Enfin juste à moitié, mais quand même.

Honteuse, je me rassieds convenablement et boucle ma ceinture de sécurité tandis qu'elle semble tenter de redonner forme aux divers muscles que mon popotin a broyé.

Je ne sais pas si c'est l'air du Nevada qui lui fait cet effet, mais je la trouve particulièrement calme et non-désagréable. Ça fait au moins 5 minutes qu'elle ne m'a pas fait de remarque.

- Je pense que je vais avoir besoin de rééducation. dit-elle en massant sa cuisse.

Ok, ou pas !

Le reste du trajet se passe sans encombre et l'on se retrouve devant notre hôtel une fois les embouteillages passés.

- Et ben… !

Le moins qu'on puisse dire, c'est que la boite a dû faire des frais. Devant nous s'étend le hall d'un hôtel grand luxe. Et par grand luxe je veux dire tapis rouge, porteurs de bagages, grands écrans et lustres en cristal.

La classe quoi.

Nous nous dirigeons vers la réception, où plusieurs personnes attendent déjà. J'en profite pour regarder la décoration de plus près. C'est visiblement le 20ème anniversaire de l'hôtel, à en juger par les annonces diffusées en boucle sur l'écran géant. Apparemment, une sorte de tombola est organisée pour l'occasion. Je serais bien curieuse de savoir en quoi consiste les " moments de plaisir " promis aux gagnants.

Un service d'Escort girl peut être ? Je devrais m'inscrire ! Huhu !

La dragonne m'avertit que notre tour est arrivé en me tirant (assez violemment je dois dire) par le bras. J'arrache mon membre endolori par sa poigne d'acier avant de le masser doucement.

- On est quitte maintenant. A moi la rééducation.

Elle me fait un sourire en coin, visiblement satisfaite de son petit numéro, avant de se tourner vers l'homme à l'accueil. Il nous regarde un moment en silence, avant de dire d'une voix ultra aiguë :

- Puis je vous aider ?

On le dirait tout droit sorti d'un mauvais film, les cheveux gominés (ou ultras gras je ne sais pas) avec une raie sur le côté qui nous laisse apprécier la ligne parfaitement droite que forme sa coupe au bol. Ajoutez les petites lunettes rondes et les dents pointues et nous y sommes.


- Bonjour, nous avons une réservation : Mackenzie et Scott.

Il tape quelques instants sur son clavier avant de nous dire, tout sourire :

- Chambre 4010, c'est exact. Je vous demanderais de bien vouloir signer ici pour confirmer votre entrée et la chambre est à vous.

Elle se tourne pour me regarder en même temps que je faisais la même chose. Se comprenant sans un mot, on se tourne vers l'homme derrière le guichet :

- LA ? Comme dans " La seule et l'unique " ?

Il a l'air incertain pendant un instant, avant de dire d'une voix un peu plus faible qu'auparavant :

- Oui. La réservation a été faite pour Scott Mackenzie.

- Enfin il se trouve que je suis Mademoiselle Mackenzie et que Scott, c'est elle, c'est son nom de famille. dit-elle en me pointant du doigt.

Le type prend un air perplexe avant de commencer à parler, et je n'aime pas franchement ce que j'entends :

- Mesdames, je vous assure que je n'ai qu'une seule réservation. Chambre 4010, l'une de nos meilleures.

Ma boss se passe la main dans ses longs cheveux bruns, et une brève expression de contrariété traverse son visage avant qu'elle ne reprenne contenance. Elle semble faire de son mieux pour contrôler son agacement lorsqu'elle dit d'un ton presque posé :

- Dans ce cas serait-il possible d'avoir une seconde chambre ?

- Je suis désolé madame mais l'hôtel affiche complet.

Je ne peux pas m'empêcher d'intervenir :

- Quoi ? Mais c'est impossible !!!

- Je vous assure.

- Dans ce cas vous auriez peut être un autre hôtel à conseiller?

- Bien sûr mais j'ai peur que les plus proches soient complets eux aussi. Il y a en ce moment même plusieurs conventions dans la ville, ainsi que le World Poker Tour.

Je lâche un énorme soupir de contrariété, sachant qu'il a probablement raison. Trouver un autre hôtel risque d'être vraiment dur.

Le réceptionniste s'affaire un moment sur son ordinateur, pianotant avec dextérité. Cliquant une dernière fois à la souris, il relève la tête.

- Je vous ai imprimé la liste des hôtels à proximité. Cependant, ne soyez pas trop optimistes. Je dirais qu'à part ceux situés un peu plus loin, aucun n'aura la moindre chambre de libre ! En tout cas, bon courage pour trouver une seule chambre de libre sur cette partie du Strip (nb: Las Vegas Boulevard)! nous dit-il tout en tendant la page fraichement imprimée.

Elle saisit la feuille, grommelant un merci au passage et se dirige droit vers un téléphone mural. Un bref sourire passe sur mes lèvres avant que je ne réussisse à le contenir. C'est assez étrange de la voir comme ça. D'ordinaire, elle affiche un calme olympien, peu importe la situation. Le voyage a vraiment dû l'épuiser pour qu'elle soit à fleur de peau. Je m'attarde un petit moment au guichet, juste pour satisfaire ma curiosité maladive :

- Dites, j'ai bien saisi que l'hôtel fête son 20ème anniversaire, mais de quoi s'agit il cette " occasion à ne surtout pas manquer ".

- Et bien nous organisons une sorte de tombola pour cette occasion. Vous avez un petit présentoir par là où il suffit de remplir un formulaire indiquant votre numéro de chambre et votre nom. Les gagnants seront tirés au sort d'ici trois jours.

- Très bien, merci.

Je rejoins ma boss le plus vite possible, ne voulant pas me prendre l'une de ses éternelles remarques sur la rapidité du personnel.

Ses doigts agiles parcourent rapidement les touches tandis qu'elle s'adonne à ce qu'elle fait de mieux : prendre les choses en main.

Soit dit en passant, dommage que ce ne soit jamais moi qu'elle décide de prendre en main !

Au bout de quelques instants, elle demande à la personne au bout du fil s'il reste des chambres de libre. Personnellement, si j'étais réceptionniste, j'aurais tendance à dire oui à tout ce qu'une femme pourrait me demander avec une voix pareille. Je sais pas exactement comment elle fait ça, mais dès qu'elle parle de sa voix chaude et riche, les gens ont tendance à faire de leur mieux pour la satisfaire.

Mais à en juger par son expression, cette fois ci la magie n'opère pas.

Deux essais infructueux plus tard, elle se tourne finalement vers moi.

- J'ai bien peur que l'homme de l'accueil n'ait dit vrai. Il ne semble pas y avoir une seule chambre de libre dans le coin. dit-elle d'un air défait.

- Pourtant je pensais que c'était chose impossible que de combler tous les hôtels, surtout ici !

- Ils ne sont pas tous pleins, juste ceux bien situés. Le problème est que notre congrès a lieu sur cette partie du Strip. Trouver un hôtel ne devrait pas être un problème en soit, mais proche d'ici… C'est mission impossible. Puis vu la taille des bâtiments, même deux hôtels plus loin, c'est la promesse d'une bonne marche de bon matin ! Ou alors il faudrait également trouver un loueur de voiture…

Repenser à la circulation et aux déboires qu'a connu notre chauffeur de taxi pour nous amener (en un seul morceau) jusqu'à l'hôtel achève de me convaincre. Tout hôtel situé à plus de 1km ne fera pas l'affaire. Hors de question que je conduise dans cet enfer !

- Ça ira, merci. Mais on fait comment du coup ?

- A vrai dire, je crois qu'on a pas le choix…

Elle n'a pas tort, je suis bien obligée de le reconnaitre. Même si on ne peut pas dire que la perspective de passer plus de temps que nécessaire avec elle m'enchante, là j'ai l'impression que les choses ne font que se gâter…
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 14:38

Chapitre 2 - L'installation


Quelques étages plus haut, elle fait glisser le pass dans la serrure et la porte s'ouvre dans un doux cliquetis. Je la laisse pénétrer en premier dans la pièce, avant d'y entrer à mon tour. L'homme à l'accueil n'avait pas menti, la chambre est superbe, je veux bien croire qu'elle compte parmi l'une des meilleures de l'hôtel.

Il y a une pièce principale où trônent deux canapés et une table basse, puis une double porte coulissante donne sur la chambre en elle-même, avec un lit king size entouré de deux tables de nuit.

Ma boss s'approche de l'énorme baie vitrée qui prend tout le mur du fond, et en caresse la surface du bout des doigts. Elle admire la vue d'un air pensif. M'y rendant à mon tour, je constate qu'il y a de quoi être impressionnée. Les divers casinos se démarquent à perte de vue dans le soleil couchant, leurs néons illuminant le ciel.

Elle se tourne vers moi et me sourit timidement.

- Pas mal huh ?

- C'est le moins qu'on puisse dire…

Son regard reste ancré dans le mien quelques instants, puis elle se dirige vers le lit, avant de s'y laisser tomber mollement.

- J'ai attendu ce moment toute la journée ! me dit-elle depuis sa place.

Je suis quant à moi captivée par la vision que j'ai. Et même si son haut s'est légèrement soulevé, laissant entrevoir un joli ventre plat, ce n'est pas ça qui me captive le plus.

C'est elle.

Je veux dire, elle est superbe, même allongée nonchalamment sur le lit. C'est le genre de femme que tous les hommes rêvent de retrouver chaque soir à la maison. Celui qui partage sa vie à de la chance. Même si elle a sans nul doute un caractère de cochon, elle est aussi brillante et a beaucoup de charme.


J'avoue qu'au travail, même s'il m'arrive souvent de lui porter un intérêt purement lubrique, je ne l'avais jamais vue aussi clairement que maintenant. D'ordinaire, sa présence indique des souffrances à venir. Elle est tout ce qu'il y a de plus dur et paraît insensible, complètement focalisée sur le travail.

C'est sûrement stupide, mais il ne m'était jamais venu à l'esprit qu'elle puisse être une personne " ordinaire " une fois sortie de l'enceinte de l'entreprise.

A la voir, affalée sur le lit, je m'en demanderais presque si la dragonne existe réellement, ou si elle n'est qu'un personnage, un masque destiné à inspirer le respect.


Je suis sortie de ma rêverie par son regard posé sur moi. Avant qu'elle ne me fasse une quelconque réflexion, je secoue lentement ma tête et vais chercher les valises pour les amener plus au centre de la pièce, me donnant une contenance. Le problème va maintenant être de savoir où l'on va mettre nos affaires respectives, étant donné qu'il n'y a qu'un seul placard et qu'une seule commode. J'aime mieux le dire franchement, je ne m'imagine pas du tout partager un tiroir à sous-vêtements avec la harpie.

Mon éloquence naturelle reprend le dessus et je finis par lui demander :

- Comment on va faire ?

Devant son sourcil levé dans une question muette, j'indique les valises puis les deux meubles de rangement.

- Oh. Et bien… Vous préférez sûrement le placard j'imagine ?

Elle me fait un sourire tout ce qu'il y a de plus malveillant en disant cela.

Le placard, j'en suis sortie, merci bien.

- Non, je préfère vous le laisser, vous devez sûrement avoir plus de choses à mettre dedans.

Je fais de mon mieux pour ne pas dire " Et toc " en voyant son air vaincu à la fois amusé et amer.

- Très bien, prenez la commode alors…


Alors que je me dirige vers le meuble afin d'y ranger mes vêtements, je songe au fait qu'il n'y a qu'un seul lit.

Honnêtement, je me vois TRES MAL dormir avec elle.

Outre le fait qu'elle seule est capable de me procurer des rêves qui me réveillent toute palpitante en pleine nuit, c'est surtout ma boss, la bien nommée femme glaçon !

Cependant, la perspective de dormir sur un des canapés ne m'enchante guère. Vu la tête du revêtement en cuir, je pense que dormir à même le sol pourrait s'avérer plus confortable. Après tout il y a des tapis...

D'un autre côté, le lit est tellement grand qu'il y a peu de chances pour qu'on se touche pendant la nuit.

N'arrivant pas à me décider à proposer l'une ou l'autre solution, je choisis de lui laisser cette responsabilité.

Profitant du fait qu'elle s'est levée, j'attrape l'une des couvertures que je plie avant de la poser sur le divan. Sentant son regard sur moi, je dis :

- Vaut peut être mieux que je prenne le canapé.

- Okay.



-_-'



Vous voyez, c'est de ça dont je parle. N'importe qui d'autre aurait répondu " mais ne soyez pas ridicule, Liz, le lit est bien assez grand pour nous deux ".

Mais pas elle !

Elle me laisse dormir sur le canapé sans aucune vergogne ! Même pas un merci, même pas de reconnaissance pour mon sacrifice, juste un " okay " ! Retenant le soupir qui menace de s'échapper, je vais me servir et prends un oreiller dans le lit.

- Vous pensez qu'ils auront bientôt des chambres de libre ?

Elle réfléchit un instant à ma question, remettant une mèche de ses cheveux bruns derrière son oreille avant de répondre :

- J'en doute. Apparemment les conventions et autres événements ne sont pas ce qui manque à cette époque de l'année. J'imagine qu'on va devoir faire avec.

Arf…

Enfin en même temps, c'est pas elle qui va devoir passer les 7 prochaines nuits sur un canapé tout ce qu'il y a de plus inconfortable !! Ok, je le juge avant de m'être assise dessus, mais quand même !


Une fois toutes mes affaires bien rangées dans la commode, je vais à mon tour m'affaler sur le lit. La sonnerie étouffée de mon téléphone me tire bien vite hors de mon monde de confort, me forçant à me lever pour aller le chercher dans mon sac. Voyant que c'est Steph, je m'empresse de répondre, tout en fermant les doubles portes qui séparent le salon de la chambre.

- Hey ma belle, comment ça va ? Le voyage s'est bien passé ?

- Bah la routine, le mal de l'air etc… Et disons que ça pourrait aller mieux.

Je l'imagine sans mal à l'autre bout du fil, mâchouillant quelque friandise que ce soit, en tournicotant ses longs cheveux bruns entre ses doigts.

- Terminator a encore frappé hein ?

- Pas vraiment, ce n'est pas franchement sa faute pour le coup.

Sachant très bien que la curiosité de ma collègue est légendaire, je fais exprès de ne pas en dire trop. Sa réaction ne se fait pas attendre :

- Bon, tu craches le morceau ou quoi ?

- On est obligées de partager la chambre.

J'éloigne rapidement mon oreille du téléphone, connaissant suffisamment Steph pour savoir qu'elle a tendance à manifester sa surprise de façon… brutale dirons-nous.

- KWAAAAAAAA ?

- A mon avis, le petit stagiaire qui s'est chargé des réservations va recevoir un coup de fil bien salé demain.

- Bah, il va se faire virer, comme celui d'avant ! Mais comment une telle chose a pu se produire ?

Je lui explique rapidement ce qu'il en est, la laissant digérer les informations. Après quelques secondes d'étonnement muet, elle finit par dire :

- Ma pauvre…

J'aurais pu rire de son ton si désespéré si je n'étais pas entièrement d'accord avec elle.

- Ouais, comme tu dis.

- Tu penses survivre plus d'une nuit avec elle ? Dans la même chambre ?

- On verra bien. Pour l'instant, elle s'est montrée étonnamment gentille.

Pas besoin d'être à côté d'elle pour imaginer ses yeux noisette se plisser, ni son air accusateur :

- Mouais, c'est le chien qui jappe pour que tu t'approches et GNAP, il te mord la main !!!

- T'exagère pas un peu là ?

- Pas du tout, on a bien vu ce qu'elle a fait de Marc !

Marc… Après deux erreurs, il est passé de chef comptable à… sorte de secrétaire en comptabilité. Autant dire qu'en le rétrogradant, elle n'a pas fait les choses à moitié.

- Enfin bref, je vais te laisser, je suis crevée et je rêve de prendre une douche.

- Ok ça marche ! Et vu que vous partagez la même salle de bain, profites-en pour regarder ce qu'elle met comme crème sur le visage, je tuerais pour avoir une peau comme la sienne !

- Je verrais ce que je peux faire, mais je promets rien. Je compte pas fouiller dans ses affaires, c'est pas mon genre et l'idée qu'elle puisse me brûler vive si elle le découvre ne m'attire pas spécialement !

- T'as raison, mais si elle laisse en évidence hein… Tu penses à moi !

- Oui ok, bon à plus tard hein, je te tiens informée. Bisous.

- Bisous.


Je raccroche, soulagée. Pour une fois que j'arrive à terminer relativement rapidement une conversation avec elle… Je m'étire un bon coup, regarde avec dépit ce qui va me servir de lit et vais toquer à la double porte.

- Oui ?

Oh mon Dieu.

Je tente de garder une certaine contenance, mais j'ai certainement devant moi la femme la plus sexy de ce côté des Etats-Unis. Si vous n'avez jamais rencontré quelqu'un qui puisse faire crier un caraco et pantalon de sport moulant " SEXUALITE ", c'est normal. Mais à voir l'effet qu'elle me fait dans une tenue aussi banale… J'ai peur pour moi.

Résister à la tentation, ça je peux faire.

Ne pas regarder c'est impossible.

- Vous avez vu quelque chose qui vous plait ? dit-elle en arrêtant de se brosser les cheveux.

Ok. Ça, c'est fait.

Son ton est joueur, mais quelque chose dans ses yeux me dit que je ferais mieux de faire attention. Je remarque qu'elle ne reprend pas son brossage, ce qui me fait réaliser qu'elle m'a posé une question. Question à laquelle je n'ai VRAIMENT pas envie de répondre. Je décide à la place de demander ce pour quoi j'étais venue.

- Euh, je peux prendre la salle de bain ?

- Oui, mais pour l'emporter où ?

Autant pour mon éloquence naturelle.

- Enfin je veux dire, je peux prendre une douche ?

- Même un bain !

Acquiesçant, j'entre dans la salle d'eau et suis immédiatement immergée dans une odeur que je qualifierais de… de… ELLE !

Oui bon, ce n'est pas un hasard si je n'ai pas fait d'études littéraires, inutile de se moquer !

Je remarque une minuscule trousse de toilette posée sur le marbre qui entoure l'évier. Steph s'était trompée si elle croyait que madame notre boss était artificiellement belle. Apparemment pas.

Je dépose ma trousse de toilette à côté de la sienne et verrouille la porte. Ça m'étonnerait qu'elle tente d'entrer, mais un moment d'inattention est bien vite venu. La situation est déjà assez étrange comme ça sans devoir en rajouter.


Les robinets ultra polis tournent facilement sous mes doigts et laissent s'échapper un filet d'eau. Je me débarrasse avec soulagement des vêtements que j'ai portés toute la journée et me laisse glisser au fond de la baignoire.

Fermant les yeux dans le vain espoir de réussir à me détendre, je me mets à penser à l'incongru de la situation. Le moins qu'on puisse dire est que je ne m'y attendais pas le moins du monde. En revanche, je ne sais pas ce qui est le pire : être coincée avec elle ou le fait qu'elle est l'actrice principale de mes fantasmes depuis qu'elle est entrée dans la boite huit mois plus tôt.

Soupirant, j'immerge ma tête sous l'eau, savourant la sensation de pur bien être qui m'envahit. Sa voix me parvient à travers la porte :

- Vous avez vu, c'est une baignoire qui fait jacuzzi aussi ! Je viens de le lire dans la brochure !

En y regardant de plus près, c'est vrai que de petits trous ornent le fond et les côtés de la baignoire. Je finis par trouver le mécanisme et me prélasse dans les bulles.

Savonnée et rincée, quelque temps plus tard, je constate que je n'ai pas eu la présence d'esprit de ramener de quoi me changer. Ce qui signifie que grâce à mon génie, je vais devoir traverser sa chambre en serviette de bain.

Si vous avez déjà été dans un hôtel, alors vous savez sûrement que, vu la taille des serviettes, ça s'annonce comme un défi que de couvrir ma modestie.

Finalement satisfaite du patchwork de serviettes que j'ai réalisé, je toque à la porte et sors dès que j'entends son autorisation.

Pour m'arrêter aussi sec.

Elle est là, penchée en avant, les mains sur ses pieds et sa tête contre sa jambe. Étant positionnée parfaitement derrière elle, ça vous donne une idée de ce qui m'est présenté.

Ajoutez la chose moulante qui lui sert de pantalon et je suis en enfer.

- J'ai cru que je vous avais perdue là-dedans. Ça fait au moins 2h que vous êtes rentrée dans la pièce.

Mes yeux sont rivés sur son postérieur et je suis bien incapable de bouger ou même parler, trop occupée à recycler en salive les 2 litres d'eau avalés dans la journée.

Elle se relève pour me faire face, ses cheveux bruns cascadant sur ses épaules dans le mouvement. Je remarque la légère teinte rosée qu'ont prises ses joues, avant de venir planter mon regard dans ces choses vertes à tomber par terre qui lui servent d'yeux.

Plus le temps va, plus cette femme m'inspire les pensées les plus dépravées. Et la… Elle porte un air de " fuck me now " qui lui va à merveille…

Une lueur de chance se fait pourtant dans mon malheur, lorsqu'elle interprète ma contemplation lubrique comme un intérêt quelconque pour ce qu'elle pouvait bien faire.

- Je fais des étirements matins et soirs…Vu que je n'ai pas le temps de faire autant de sport que voulu, ça me garde en forme, dit-elle comme pour s'excuser.

- Ok.

Fière de ma réponse courte ne dévoilant pas mon état, j'effectue une rapide retraite dans ma partie de la pièce, me congratulant au passage pour n'avoir pas lâché mes serviettes sous l'effet du choc.

Je sens que je vais rêver de cette scène pendant des mois, sinon des années.


* * * * *


Je suis sortie de mon semi sommeil par sa voix qui m'appelle.

- Liz, vous dormez ?

- Non. Enfin presque.

- Oh pardon… Je ne vous dérange pas davantage.

Je me redresse et lui demande :

- Non non, que se passe-t-il ?

- J'avais pensé aller faire un tour, profiter un peu du cadre avant d'être plongée dans le boulot, et je m'étais dit que peut-être vous voudriez m'accompagner.

- Bonne idée, je m'habille et j'arrive !

Elle s'approche, les cheveux détachés et encore un peu humides, pour venir se planter devant moi.

- Sans vouloir vous offenser, vous êtes déjà habillée.

- Oui mais je ne peux tout de même pas sortir comme ça… dis-je en montrant mon pantalon en lin et mon haut préféré, un décolleté qui a connu de meilleurs jours.

- Pourquoi pas ? Beaucoup sont en vacances ici ! Et pis je ne suis pas mieux. Vous êtes très bien, je vous assure.

Je suis doublement traumatisée : l'idée qu'elle puisse ne pas se trouver canon, même en vêtements décontractés et le fait qu'elle m'ait fait un compliment. Bon, l'unique but de sa flatterie était certainement d'éviter d'avoir à m'attendre, mais il n'empêche !

- Bon, d'accord…

Mes pieds viennent trouver mes chaussures rangées le long du canapé et je me lève, la suivant jusqu'à la porte d'entrée.

- Vous ne prenez pas de sac ou de portefeuille ? Vous n'êtes pas joueuse ? me demande-t-elle avec un air malicieux.

- Oh, j'avais oublié !

Prenant mon portefeuille sur la commode, je la dépasse et lance par-dessus mon épaule :

- Et si, je suis joueuse. Et vous ?

Je me retourne à temps pour la voir afficher un sourire en coin tout ce qu'il y a de plus coquin. Elle prend cependant quelques secondes pour répondre.

- Aussi. Très. Après tout, ne sommes-nous pas ici pour jouer gros ?

- Très juste, très juste… murmurai-je en la suivant le long du couloir.

Tandis que l'ascenseur se fait désirer, je détaille la décoration du couloir. De la moquette rouge et noire parcourue de motifs complexes orne les sols. Les murs ont, quant à eux, une teinte jaune pâle. Toutes les deux portes environ, on trouve une table basse surplombée d'un bouquet de fleurs fraiches. L'atmosphère est à la fois feutrée, chic et accueillante, ils ont bien réussi leur coup.

L'ascenseur arrive et nous nous y engouffrons rapidement, nous positionnant toutes les deux le long du mur du fond. Bien évidemment, celui-ci s'arrête l'étage juste en dessous, pour laisser rentrer ce que je pense être l'équivalent d'un bus de touristes asiatiques.

Elle se rapproche donc de moi, histoire de laisser un peu plus d'espace aux autres clients.

Les effluves de son parfum légèrement vanillé, à la fois doux et sensuel, me montent au nez. Quelques instants plus tard, je crois percevoir à nouveau son gel douche, ou peut-être son shampoing. Quoi que ce soit, c'est sucré et ça me donne envie de la croquer… Au sens figuré j'entends. Enfin…

On se regarde d'un air de dire " ils peuvent pas prendre un autre ascenseur ? " avant que je ne détourne la tête, un peu mal à l'aise à cause de la proximité.

Finalement, les portes s'ouvrent et la vague humaine se décide à sortir, suivie de près par ma boss et moi. Nous passons par l'accueil, nous dirigeant vers la sortie, lorsque je remarque le petit présentoir du jeu organisé par l'hôtel.

- Une seconde, je reviens.

Elle me regarde d'un air perplexe et m'attend, tandis que je me dirige vers la pub en question. En quelques instants, je réponds aux questions rudimentaires qui composent le formulaire avant de glisser le tout dans la fente prévue à cet effet. On ne sait jamais, peut-être que la chance qui me fait cruellement défaut depuis que j'ai pénétré dans la salle de réunion quelques jours plus tôt va tenter de se faire pardonner… On peut toujours rêver.

- Vous vous sentez en veine ?

- Pas franchement, mais qui ne tente rien n'a rien, paraît-il. Dis-je en la suivant à l'extérieur.

Nous sommes aussitôt immergées dans un océan de chaleur, l'air brûlant du soleil couchant du désert du Nevada remplaçant la fraicheur climatisée de l'hôtel.

- Je n'avais pas remarqué que la température était aussi élevée en arrivant. Me dit-elle en s'épongeant le front.

A vrai dire moi si, mais je pensais que c'était dû au fait que mon visage devait arborer une jolie teinte rouge pivoine après m'être littéralement jetée sur ses genoux dans le taxi.

- Vous êtes déjà venue ici ? me demande-t-elle.

- Non, vous ?

- Il y a quelques années, avec mon petit ami… D'ailleurs, nous le verrons certainement dans le courant de la semaine, il fera partie de la convention. Ajoute-t-elle d'un air pensif.

" Petit ami "… Argh je le savais ! Pourquoi fallait-il qu'elle ruine une série de fantasmes qui comprenait déjà plusieurs épisodes ?! Je mets une seconde de trop avant de répondre :

- Une partie de l'audience est déjà conquise alors ?

- C'est une façon de voir les choses… Disons qu'il s'est montré de très bon conseil lorsque j'ai monté ce projet. Il fait partie de la profession, il connait les problèmes et attentes de ses confrères.


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Chef oui Chef - Justme Empty
MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 15:34

Chapitre 3 - Atroces quiproquos et rencontres imprévues


Nous marchons environ une dizaine de minutes sur le Strip, passant devant casinos, boutiques et hôtels quelque peu excentriques. Alors qu'un couple de passants visiblement alcoolisés me bouscule, ne me remarquant même pas, je ne peux m'empêcher de penser à voix haute :

-Dire qu'on est ici pour le boulot…

A mon grand étonnement, quelques secondes plus tard j'entends un :

-A qui le dites-vous…

Finalement, la chaleur a raison de nous et nous nous décidons à retourner profiter de la fraicheur de l'hôtel.

Alors qu'on traverse le hall, elle m'arrête pour me montrer une jeune femme au loin. Celle-ci est rousse, élancée, les yeux verts et un air de cette chanteuse de Tatu dont je ne me rappelle plus le nom.

-C'est elle ! me dit-elle tout bas, l'air conspirateur.

-Elle quoi ? Et puis inutile de baisser le ton, je ne pense pas qu'elle puisse nous entendre de là ou elle est !

-Cette femme, Linda Parkson, c'est elle la clé de notre succès !

-Comment ça ? dis-je fronçant les sourcils, comme si ça allait m'aider à mieux saisir le sens de ses paroles.

-Elle est présidente de la congrégation des remorqueurs et est on ne peut plus influente dans le milieu ! Si on arrive à se la mettre dans la poche, c'est gagné ! finit-elle, un sourire victorieux fermement planté sur ses lèvres.

Une question me vient cependant à l'esprit :

-Et comment on est censées faire ça au juste ?

-On a un projet en béton, que vous allez présenter… Oh d'ailleurs vous la trouvez comment ?

-Hein ? Que… Pardon ?

Je la regarde comme si elle avait perdu l'esprit. Elle plisse les yeux comme pour réfléchir à comment formuler la chose et me demande :

-Physiquement elle vous plait ?

-Quel est le rapport au juste ?

Je fais semblant de recoiffer ma chevelure blonde dans un miroir proche afin de me donner une contenance. J'avoue que ma question a pour unique but d'éviter de répondre à la sienne. Même si les rousses ne sont pas mon type à l'origine, je suis bien forcée d'admettre qu'elle possède certains… atouts.

-Son statut d'éternelle célibataire l'a dénoncée. Elle est de votre bord.

OMG ! Je suis outrée, jamais je n'aurais cru qu'elle oserait !

Lorsque, passé ma seconde d'étonnement muet, je prends enfin la parole, pas de doute que mon état s'entend dans le ton accusateur que j'adopte :

-Est-ce que vous seriez en train de suggérer ce que je pense ? Parce que si vous croyez une seule seconde que j-

-Calmez vous, je ne vous demande pas de coucher avec, je suis votre patronne, pas votre mac ! Je me suis mal exprimée !

-Alors quoi ? demandai-je les bras croisés, fermement décidée à ne pas la laisser s'en tirer à bon compte.

-C'est juste qu'elle est assez jolie, alors je me demandais " pourquoi est-ce qu'elle est célibataire ? ".

-Donc vous essayez bien de me caser avec !

Je place mes mains sur mes hanches et la regarde d'un air accusateur. Comme elle peut l'être au travail, elle reste parfaitement impassible devant ma démonstration d'humeur et se justifie calmement :

-Non ! Aussi bizarre que ça puisse vous paraître, je suis moi aussi parfois un peu curieuse. J'essayais juste de répondre à une question personnelle… Peut être que je suis la seule à lui trouver un certain charme.

-Huh huh…

Selon moi, cette histoire de " questionnement " n'est qu'une vaste farce. Je la vois mal en Matchmaker mais son excuse me paraît quand même un peu bidon.

Juste quand je suis persuadée que le sujet est clos, elle reprend la parole :

-En un sens je crois que je l'admire, ça fausse peut-être ma perception des choses.

Elle ? Admirer quelqu'un ? Oo Wow, cette miss Parkson va devenir mon idole…

-Comment ça ?

-Je veux dire… Cette femme à dû se battre pour en arriver là. Imaginez ce que c'est que d'avoir à se faire une place dans un milieu typiquement masculin, le tout en affichant ostensiblement son orientation sexuelle.

-Pas faux…

-Le fait que nous soyons deux femmes pourrait jouer en notre faveur. De notre côté de la barrière aussi c'est plutôt rare… Enfin je ne compte pas là-dessus, pas besoin ! Je suis sûre que votre présentation va être du tonnerre.

Euh, MINUTE !

-Comment ça MA présentation ?

-Simple. Si ce projet se déroule comme prévu, notre part de marché se verra considérablement augmentée. Il faudra très certainement embaucher… Et surtout promouvoir ceux qui ont contribué au succès. Je vous fais présenter parce que je veux qu'ils apprennent à connaitre celle avec qui ils pourraient être amenés à travailler.

Mes oreilles tintent joyeusement au son de la chanson " promotion, ohhh promotion à moaaaaa " que je viens d'inventer et qui risque de me rester en tête. Suspicieuse, je décide d'être sûre en demandant néanmoins :

-Rien à voir avec mon orientation sexuelle ?

A peine les mots sortis de ma bouche, je sais que je viens de l'agacer.

Beaucoup.

Énormément.

- Écoutez, et écoutez-moi bien parce que je n'aime pas me répéter. Jusqu'à preuve du contraire le fait que vous aimiez les femmes n'est pas écrit en lettres capitales rouge sur votre front. Vous n'avez pas les cheveux courts, aucun piercing à l'arcade, bague au pouce, marcel ou je ne sais quoi, ce qui vous sort du cliché lesbien. Méconnaissable à l'œil nu. Non, si vous êtes là, c'est parce que j'ai remarqué l'ampleur du travail accompli, et qu'au vu des résultats, je peux affirmer que vous êtes la plus qualifiée. Nous sommes ici dans un but PUREMENT professionnel, et qui vous choisissez de mettre dans votre lit m'est COMPLETEMENT égal. On est d'accord ?


Je mets un moment à répondre, une expression de choc fermement en place sur mon visage. J'ai les sourcils tellement levés qu'en me voyant, la moitié des gens de ce hall doivent penser que je sors d'une opération de chirurgie au botox qui a mal tourné. En tout cas c'est ce que je penserais personnellement.

Je finis par acquiescer, ne sachant pas quoi dire de toute manière.

Apparemment satisfaite, elle se dirige vers la salle des jeux d'un pas rapide, me laissant sur place.

Je songe un instant à la suivre, mais la perspective d'un canapé (même un s'avérant peu moelleux) m'attire davantage. Je fais demi-tour et marche quelques instants avant de réaliser.

C'est elle qui a la clé de la chambre.

Trottinant derrière elle (ne riez pas, la vie n'est pas facile quand on fait 1m20 les bras levés).

Je la rattrape pile au moment ou elle passe a côté de la jolie rousse en question. Ma main sur son épaule la stoppe et elle se retourne d'un air agacé.

-Quoi encore ? Le sujet est clos !

-Non enfin oui mais j'ai besoin de la clé de la chambre.

-Oh ! Immédiatement, elle porte sa main à son sac à main, sortant le pass quelques instants plus tard et me le tendant.

-Autre chose ? demande-t-elle en essayant de garder son air énervé mais elle s'est visiblement calmée.

Cette femme est comme un genre de catastrophe naturelle. On ne la voit pas toujours venir, ça fait mal et une fois que c'est terminé on peine à réaliser.

-Non, c'était tout.

-Très bien. On se retrouve la haut alors. Dit-elle en tournant les talons.

Je la regarde partir un instant, profitant de la vision qu'est son postérieur en mouvement, avant de constater que je ne suis pas la seule. Je détache un instant mes yeux pour remarquer que Linda Parkson a les yeux rivés au même endroit. Mon regard retourne vers les formes de ma boss et je m'étire un peu pour continuer à la voir encore alors qu'elle contourne les machines à sous.

Soupirant, je me tourne en direction des ascenseurs quand j'entends la rousse me dire :

-Les plus jolies ne sont pas toujours les plus faciles à vivre, huh ?

-Je ne peux qu'être d'accord… Mais ça fait partie du charme non ?

-Oh que oui, sans piquant ce serait beaucoup moins intéressant. dit-elle, un sourire coquin aux lèvres.

-Bon, je vous abandonne, il faut que j'aille profiter de la chambre qui m'attend. Le décalage horaire ne pardonne pas !

Je brandis la clé électronique comme pour appuyer mes propos, même si je n'ai a priori aucune raison de me justifier.

-Très bien, à après demain alors !

Mon sourcil se lève bien malgré moi. Comment diable sait-elle ça ?

-Linda Parkson. Je suis la présidente du congrès auquel vous êtes venues assister. Ajoute-t-elle en me tendant la main.

-Liz Scott. Co-comment ?

-Vous n'êtes pas la seule à vous être préparée pour cet évènement. La photo de Mlle Mackenzie se trouve sur un nombre incroyable d'articles. Je n'oublie jamais un visage, encore moins un comme le sien. Et vous étiez sur quelques un de ces articles.

Voyant que je reste dans une léthargie absolue, elle sourit pleinement, me dévoilant une rangée de dents blanches et droites avant d'ajouter :

-Je ne vous retiens pas davantage, allez vous reposer. On sait comment se finissent les réconciliations de couple, vous en aurez besoin ! Veinarde ! Finit-elle en tournant les talons avant que j'aie eu le temps de réagir.

Je retourne dans la chambre en mode zombie. Oh mon Dieu ! La panique s'installe dans l'ascenseur quand je prends pleinement conscience de ce qu'elle vient de suggérer.

Une fois entrée, je me laisse mollement tomber sur le canapé, complètement sous le choc. Quelle merde !

La question qui me vient à l'esprit est : est-ce que je lui dis ou pas ? Et si oui, comment ? " Tiens, bonjour, au fait, cette Madame Parkson, elle croit qu'on est en couple ! Allez, bonne nuit ! ".

Non, ça ne le fait vraiment pas. Ceci dit, cette option est à garder sous le coude si jamais me viennent des tendances suicidaires.


* * * * *


Je suis tirée de mon sommeil par un raclement de gorge. Daignant ouvrir un œil, je trouve ma boss plantée devant moi, en tenue complète de sport.

-Mhararadormi… Euh… Désolée ! 'Jour ! Il est tard ? J'ai trop dormi ?

Je tente d'attraper mon téléphone, posé juste ce qu'il faut trop loin pour que mes doigts malhabiles n'arrivent pas à le saisir. Elle me regarde d'un air curieux avant de répondre :

-Pas vraiment, tout juste 8H30. Je vais faire un jogging d'ici peu, alors je voulais vous prévenir et puis vous demander si vous aimeriez vous joindre a moi ?

-Un jogging ? A l'aube ?

Je peine déjà à conserver une paupière relevée...

Ses yeux verts sont rieurs lorsqu'ils se posent sur moi… En même temps, je suis quasi-certaine que, comme chaque matin, ma coiffure a de quoi rivaliser avec celles présentées sur les mannequins par les créateurs de mode les plus excentriques au monde. Et avec mon carré dégradé, aucune chance que je réussisse une queue de cheval comme la sienne.

-Je vois… Mais après l'effort, le réconfort, on pourrait se détendre…

Je lui accorde un bon point pour la jolie tentative pour m'extirper hors du cuir du canapé, mais la perspective de courir ne me dit VRAIMENT rien. Prenant sur moi, j'arrive à m'abstenir de lui faire part du genre de détente que j'aimerais " pratiquer " à ses côtés et me contente de rétorquer :

-Je m'en tiendrais au réconfort, mais merci quand même !

-Très bien. Mais ne venez pas vous plaindre quand vos fesses feront penser à du Flamby.

-Hey, j'adore le Flamby !

Souriant par-dessus son épaule, elle finit par sortir au pas de course. Puis de toute façon, même si mes fesses devenaient énormes, je ne force personne à les regarder. Elle ne s'en apercevrait probablement pas jusqu'au moment où j'aurais le droit à une réflexion désobligeante.

En ce qui concerne le jogging… Rien qu'à la voir toute motivée comme ça ça m'épuise, comme quoi il n'y a pas besoin d'aller courir.

J'esquisse un mouvement pour finalement me rendre compte que mes pauvres muscles ensommeillés ne sont pas de taille face au canapé modèle " incrustation de son occupant ". Résignée suite à ma tentative d'une seconde ¾, je me réinstalle confortablement, décidant unilatéralement que c'était un repos bien mérité. Finalement, il n'est pas si mal ce lit improvisé.


* * * * *


On me secoue.

J'ouvre un œil, puis l'autre et réalise que c'est ma chef qui tente de me réveiller. Vu comme ses cheveux sont humides, soit elle est fraichement lavée, soit elle a de la famille parmi certains catcheurs à la TV. Pour ma santé d'esprit, on va dire que c'est l'option douche.

-Vous êtes prête ? me demande-t-elle

-Prête pour quoi ?

-Le réconfort ! Me dit-elle en brandissant fièrement devant mon nez ce que j'identifie comme étant un prospectus. De quoi, je l'ignore étant donné qu'il est bien trop proche de mes yeux pour que je puisse y lire quoi que ce soit.

-C'est quoi ?

-De quoi faire notre choix parmi les montagnes caloriques proposées par l'hôtel ! Allez allez, vous n'allez quand même pas me laisser grossir seule ?

Sceptique, mes yeux se posent quelques instants sur le menu des desserts proposés par l'hôtel, avant de préparer ma réponse. La laisser grossir seule ? Son gonflement pourrait créer un mouvement inverse de ma libido à son égard !

Je m'apprête à la laisser seule dans son désarroi, lorsqu'elle prend la parole avant que je ne réponde :

-N'essayez même pas de me sortir une quelconque excuse vaseuse sur votre peur de grossir, j'ai bien repéré le tiroir à bonbons de votre bureau.

L'énorme mensonge diététique que je m'apprêtais à proclamer haut et fort meurt avant même d'avoir quitté ma bouche.

-Très bien, je vais me préparer…

Me levant, je regrette l'absence de mes pantoufles vert pomme, qui d'ordinaire accentuent à merveille le trainement dramatique de mes pieds. Je n'ai strictement aucune envie de quitter le confort de la chambre pour aller petit-déjeuner en bas, mais puisque ça a l'air de lui faire plaisir...


Mi assise, mi incrustée dans les énormes fauteuils en cuir proches des tables du petit déjeuner, je considère avec un intérêt non feint les diverses " gâteries " qui sont au menu.

Suite à trois minutes d'intense réflexion, je finis par opter pour une chose dont j'ignore jusqu'au nom mais qui dégouline vraisemblablement de chocolat.

Rien de tel pour commencer une journée.

J'engouffre avec le peu de grâce que l'opération autorise des cuillerées pleines de mixture pâtissière hautement chocolatée, prenant garde à ne pas tâcher mes vêtements.


En voyant le sourire narquois qui orne les lèvres de ma supérieure, je comprends que ce n'est pas pour mes vêtements que j'aurais dû m'en faire. Résignée, je lui lance :

-Allez y, lâchez vous, je suis prête à tout entendre…

-Rien rien ! Je me disais juste que si vous vouliez à ce point vous faire un masque vous auriez dû me le dire, il y a de très bons instituts dans le coin.

Essuyant la claque à mon égo en même temps que la moitié inférieure de mon visage, je termine de manger avec un empressement beaucoup plus modéré.

Au moment même où je termine ma dernière cuillerée, la harpie se lève, j'imagine pour re-remplir sa tasse de café pour la cinquantième fois au moins. Je m'apprête à combattre l'attraction gravitationnelle qu'exerce ce fauteuil sur moi, quand une main vient se poser sur mon épaule. Suivant celle-ci, je trouve un bras, puis un cou, surmonté d'une tête rousse bien connue.

-Mademoiselle Parkson, bonjour !

-Bonjour ! Excusez-moi de vous interrompre, mais le temps m'est compté ! L'intervenant qui vous précédait à dû annuler, il vient d'Asie et apparemment les conditions climatiques l'empêcheront d'être là à temps. Vous pensez pouvoir avancer votre présentation ?

Deux choix s'offrent à moi : refuser et par la même admettre notre manque total de préparation, ou accepter et faire face à notre manque total de préparation.

-Euh, il faudrait juste que j'en avise -

-Consultez-la, je comprends. Je serai dans les parages pour prendre mon petit déjeuner.

-Très bien, je vous dis cela d'ici quelques instants. Dis-je, paniquée en voyant ma boss revenir.

-Parfait !

A mon grand désespoir, elle reste juste ce qu'il faut de trop pour que la dragonne revienne.

Ses yeux s'écarquillent un instant en voyant la rousse à notre table, mais elle reprend très vite contenance.

-Mademoiselle Parkson, enchantée ! proclame ma chef en lui tendant la main, un sourire chaleureux aux lèvres.

-Ravie d'avoir enfin l'occasion de vous rencontrer mademoiselle Mackenzie !

-De même.

Se mettant en mode travail quasi-instantanément, elle enchaine avec un :

-Je me disais avant de partir que puisque je vous y verrai, le congrès sera l'occasion de mieux connaître votre opinion sur un certain nombre de points que j'aimerais aborder avec vous.

-Ce sera avec joie ! D'ailleurs je viens justement de faire part d'une nouvelle concernant le déroulement du congrès à mademoiselle Scott. Enfin, elle vous en dira plus ! Et puis, on en encore le temps de profiter du cadre avant de se mettre au travail !

-Tout à fait ! dit ma boss en acquiesçant.

-Je vais devoir vous abandonner, j'ai peur que mon cappuccino ne refroidisse.

-Très bien, à demain alors !

-A demain.

Elle tourne les talons, ce qui me fait lâcher un énorme soupir intérieur de soulagement.

Dieu merci, elle n'a pas évoqué le " quiproquo ".

Juste lorsque je me sens tirée d'affaire, je la vois partir se chercher l'équivalent de trois kilogrammes de sucre, et, au voyage retour, me gratifier d'un " thumbs up ", clin d'œil et " bien joué " muet dans le dos de ma supérieure.

En voyant les sourcils de celle-ci se froncer quasi-instantanément, j'ai envie de pleurer. Faisant mine de chercher quelque chose dans ma veste, je me retourne afin de confirmer mes pires soupçons.

Il y a en effet un miroir situé pas bien loin derrière moi.

J'évite toujours de sortir sans sous-vêtements au cas où je me ferais renverser par un gros camion. Pour le coup, j'aimerais que celui-ci vienne mettre fin à mon malheur.

Bien évidemment, la question ne se fait pas attendre :

-Pourquoi elle vous a fait ces signes dans mon dos ? Vous complotez ? demande-t-elle en plaisantant à moitié seulement.

Oh oh…

-J'ai quelque chose à vous dire…

Impatiente, elle demande directement ?

-Quoi ? Dites-le tout de suite comme ça on en finit !

-A vrai dire, je préférerais en parler dans la chambre.

La vérité c'est que je préférerais ne pas en parler du tout, mais j'aurais dit n'importe quoi pour repousser le moment de mes aveux. Et accessoirement, j'imagine que la faire s'étouffer publiquement sous le poids de ma " révélation " pourrait créer une publicité dont je me passerais volontiers.

A contre cœur, elle termine son café et prend ses affaires, trottinant à moitié vers les ascenseurs.

La patience n'est vraiment pas son fort, elle n'a pas menti. La suivant d'un pas beaucoup moins pressé, je prends le temps de profiter du cadre sublime de l'hôtel. Ça me console de me dire qu'au moins je mourrai telle une princesse.

Pénétrant dans l'ascenseur, je réfléchis à quelle pièce choisir pour ma grande révélation. C'est dans ces moments là qu'on se rend compte du nombre d'objets contondants potentiellement mortels qu'il y a dans une simple chambre d'hôtel.

Alors que les portes se referment lentement, on entend " attendez " et une main vient se glisser entre elles, stoppant aussitôt la fermeture.

L'inconnue pénètre dans l'ascenseur avec nous, suivie de près par un très beau mec, tous deux inconscients du fait qu'ils viennent de rallonger ma vie de quelques instants.

-Avoue tout, tu tentais de nous semer ? dit la jeune femme en s'adressant visiblement à ma boss.

-Mais pas du tout, vous vous faites des idées ! Je ne vous avais pas vus ! Comment ça va vous deux ?

Shaell s'avance d'un pas plus incertain que d'ordinaire vers la jeune blonde et lui fait la bise, avant de poser sa main sur l'épaule du type et de lui déposer un baiser sur la joue qui m'a l'air bien trop familier pour me plaire. C'est sûrement LUI le petit copain.

Je me demande si c'est par rapport à ma " révélation " ou pour les fuir qu'elle était si pressée…

J'observe les nouveaux venus d'un œil critique, qui pourtant ne trouve rien à redire au physique ni de l'un, ni de l'autre. La jeune femme est blonde, les yeux bleus, un corps à m'en décrocher la mâchoire et un sourire ravageur. Quant à lui, il doit avoir des origines latinos, des beaux cheveux courts et bruns et des yeux noirs qui lui confèrent un charme dingue. Et si vous voulez mon avis (d'ailleurs même si vous ne le voulez pas), il doit être coutumier des salles de sport.

-Tu ne nous présentes pas ? demande la jeune femme.

-Si si, bien sûr. Répliqua ma chef sur un ton qui me laisse penser qu'elle avait tout sauf l'intention de le faire. Liz, voici Mattéo, dont je vous ai parlé, et Angélique une amie. Voici la responsable réseau de l'entreprise, Liz.

Elle lance un regard des plus étranges en direction d'Angélique au moment de la présentation et ignore complètement la question de Mattéo voulant savoir pourquoi on avait parlé de lui. Résigné, il se tourne vers moi et dit :

-Enchanté.

-De même.

-Vous pouvez m'appeler Angy. Ravie de faire votre connaissance. J'ai tellement entendu parler de vous !

Je jette un regard interrogateur en direction de ma future meurtrière qui se contente de l'ignorer et de demander :

-Vous allez à quel étage ?

-9ème.

Elle appuie aussitôt sur le bouton de leur étage et l'ascenseur se met en marche dans un doux ronronnement.

Souriant et fixant Shaell d'un air qui ne me plait pas trop, Mattéo s'enquiert :

-Ça vous dirait de se boire un verre ce soir ?

-Oh oui bonne idée ! renchérit Angy.

Ma boss tente de s'en sortir en annonçant :

-Euh c'est-à-dire qu'on a pas mal de boulot, entre la conférence et le reste…

-Ta-ta-ta ! Ma vieille, hors de question que tu nous fasses faux bond ! Liz, qu'en dites-vous ?

Ignorant le regard assassin de ma supérieure, je réponds comme je l'entends :

-Avec grand plaisir !

-Parfait alors ! Disons… Rdv dans le hall de l'hôtel pour 20H ?

-Nous y serons ! répond la harpie à contre cœur.

Je me demande pourquoi elle ne veut pas passer une soirée avec son petit ami. Ohhh, peut-être qu'on pourrait échanger de chambre. S'il dort seul, j'aurais mon intimité, s'il dort avec Angy… hehehe… Concentre-toi Liz, ta fin est proche je te signale. Et puis hors de question de les laisser seuls tous les deux. Si je dois fantasmer sur cette femme, personne ne doit l'approcher trop près pour briser mes rêves.

Le truc qui m'a poussé à accepter c'est aussi qu'elle ne pourra pas se présenter sans moi ce soir, donc elle ne pourra pas m'éliminer ! Brillant, pas vrai ?

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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 19:54

Chapitre 4 - L'explication


Le moment ou le pass déverrouille la porte arrive bien trop vite. A peine la porte fermée, ma supérieure s'approche de moi comme le faucon de sa proie. Son air infiniment contrarié ne présage rien de bon pour ma survie.

- Pourquoi vous avez accepté ?

- Parce que j'en avais envie voilà tout.

Je cherche à m'échapper mais son regard d'un vert intense me cloue sur place. Elle dit d'un ton infiniment irrité :

- Vous ne les connaissez même pas !

- Et alors ? C'est l'occasion !

- Argh !


Elle se détourne de moi tout en se prenant la tête dans les mains. Ça ne m'étonnerait pas de la voir perdre quelques cheveux dans l'opération, vu la délicatesse du mouvement. Trop vite, elle se souvient.

- Bref. Pourquoi fallait-il monter pour votre grande révélation ? dit-elle d'un ton plein de sarcasme.

Je baisse la tête par pur automatisme, honteuse à l'idée d'avoir à lui " avouer " ça. Les motifs du tapis sont en train de m'hypnotiser lorsqu'un lourd raclement de gorge m'informe qu'elle attend une réponse.

Bah, au moins je mourrai dans une chambre luxueuse, c'est déjà ça.

- Il fallait monter parce que… c'est un peu gênant en fait…

Elle fait signe de la main pour que je continue et je réalise qu'il n'y a aucun espoir que je m'en tire à bon compte.

- En réalité, après notre " accrochage " hier, Mademoiselle Parkson a comme qui dirait… Insinué qu'on puisse être… enfin que…

Ma supérieure ne fait strictement aucun effort pour cacher son agacement et m'agresse verbalement :

- Que quoi ? Crachez le morceau !

- Qu'on puisse être en couple ?

Son visage passe par à peu près toutes les couleurs de l'arc en ciel et une palette d'émotions assez impressionnante avant de stopper sur rouge et énervée.

- Pardon ?! Et ça ne vous a pas semblé UTILE de NIER ?

- Je… je ne m'y attendais pas. Tout est parti de la chambre… Je… J'étais tellement surprise qu'elle puisse penser ça que je n'ai pas su quoi répondre…

- Oh mon Dieu…

Elle commence à faire les cent pas devant moi, visiblement entre l'état de choc et la panique. Ses traits d'ordinaire si réguliers sont déformés par son air désespéré. Elle semble soudain se souvenir de quelque chose et se tourne dans ma direction avant de demander :

- Achevez-moi, pourquoi les deux pouces en l'air et le clin d'œil aujourd'hui ?

- Elle a… comme … hum… dirons-nous euh… suggéré, que nous… enfin que nous allions nous réconcilier comme beaucoup de couples font… Enfin vous voyez…

Son regard se pose sur moi et elle semble complètement vidée. Elle est tellement abasourdie qu'elle se contente de cligner des yeux en me fixant. Au moment ou je m'apprête à appeler à l'aide, craignant une rupture d'anévrisme ou je ne sais quoi, elle parle.

- Donc vous venez de me dire que la femme qui préside le congrès auquel nous allons assister et dont l'issue pourrait influer sur nos carrières respectives présume que nous sommes en couple et qu'elle risque d'attendre que nous nous comportions comme tel ?

Oups. Je n'avais pas vu les choses comme ça.

- Euh… c'est une possibilité ?

- Approche.

Bien évidemment, mon instinct de survie me pousse à faire exactement le contraire et je me recule jusqu'à être adossée au mur. Je n'ai que trop conscience qu'elle me rejoint et que je vis peut-être mes derniers instants. Pour une fois, l'idée d'un contact avec ma boss ne provoque aucune poussée hormonale.

- Voyons, de quoi as-tu peur, CHERIE ?

Gulp. De vous ? Son tutoiement ne présage rien de bon.

Elle s'arrête une fois arrivée à approximativement 3 millimètres de mon visage. Son souffle se mêle au mien et je me doute qu'elle fait de son mieux pour se maîtriser.

- J'aimerais tellement pouvoir te virer en cet instant Liz…

Je ne réponds rien, en ayant déjà assez fait pour une soirée.

- Je l'aurais déjà fait si je n'avais pas tant besoin de toi. Et aussi parce que je ne voudrais pas que ça passe pour une dispute de couple.

Un sourire mauvais vient ponctuer la fin de la phrase.

- Et maintenant ? On fait quoi ?

- Je… je ne sais pas. Vous pensez à quoi ?

- Seule, unique et horrible solution. Tu vas commencer par me tutoyer et t'habituer à l'idée que pour les prochains jours, je suis ton petit sucre d'orge.

Oh mon Dieu.

J'aurais dit oui dans n'importe quelles circonstances sauf celle-là. Espérant la faire renoncer, je me mets à balbutier rapidement :

- Je… Non ! Je ne crois pas que…

Elle porte sa main à son cœur, feignant le choc, avant de s'approcher jusqu'à coller son front au mien et tenir ma tête entre ses mains. Je n'ose pas bouger, attendant qu'elle me brise la nuque ou peu importe ce qu'elle compte me faire.

- Oh, tu repousses mes avances? Je suis blessée ! Écoute-moi, je ne te demande pas ton avis. Tu m'as mise dans cette situation, tu assumes et tu te tais. Compris ?

Face à l'absence de hochement de tête, elle serre légèrement ma tête entre ses mains.

Ça déclenche quelque chose en moi et je porte mes mains à ses épaules pour la repousser sans la moindre douceur.

Je ne manque pas son air surpris alors qu'elle se rattrape au canapé. Je fais un pas en avant et croise les bras, lançant fermement :

- Non.

- Non ? Réfléchis-bien.

Elle me fait un sourire menaçant accompagné du regard " fais ce que je dis ou meurs ". Je sais très bien que je risque gros, mais cette fois-ci, j'ai envie de m'entêter :

- Non. C'est de l'abus de pouvoir.

Elle lève ses yeux verts au ciel avant de redonner forme à sa chevelure brune, massacrée par ses soins un peu plus tôt. Elle attend quelques instants et se met à parler d'une voix très calme, mais qui monte bien vite en puissance :

- Tu crois vraiment que cette idée me réjouit rien qu'un instant ? Si ce coup là rate, je risque ma carrière. Ce n'est VRAIMENT pas parce que j'ai une quelconque attirance pour toi. Tu nous as mises dans cette merde, à toi de nous en sortir.

Je soupire bruyamment, ne sachant pas quoi faire. Après tout, je ne suis même pas sûre de ce qu'elle attend de moi. Je me décide à lui demander :

- Et comment au juste je suis supposée faire ça ?

- En la laissant croire ce qu'elle veut. Mais que ça soit bien clair, si tu essaies d'en profiter rien qu'un seul instant…

Elle laisse la menace planer, n'ajoutant rien.

Inutile de me faire un dessin.

Je l'observe un moment, toujours postée près du canapé, me pointant d'un doigt accusateur. Son corps élancé a l'air figé dans le temps tandis qu'elle attend ma réponse sans bouger un cil.

Je déglutis péniblement et me décide.

- Très bien. On la laisse croire. Mais on ne fait rien.

Elle émet un petit rire dédaigneux avant de me remettre à ma place comme il faut :

- Il n'en a pas été question un seul instant, Scott.

N'ayant plus grand-chose à perdre, je me décide à demander :

- Pourquoi on ne peut pas lui dire la vérité ?

- Pour qu'elle pense que c'était un genre de " mise en scène " pour attirer sa sympathie ? Super ton plan !

Elle n'a pas tort, ça le fait pas franchement… Et vu comme cette fille a le bras long, mieux vaut éviter de se la mettre à dos !



Elle fait le tour du canapé pour s'y asseoir, mais sa posture m'indique qu'elle est en pleine réflexion et que je ferais mieux de ne pas déranger. Ses cheveux bruns cascadent autour de son visage, m'empêchant de voir l'expression qu'elle porte sur son visage.

La tension semble se plaire à rester au maximum jusqu'à ce qu'elle demande d'une voix lasse, semblant prête au pire :

- Au fait, Mlle Parkson a parlé d'une nouvelle concernant le congrès ?

Oh merde. J'avais COMPLETEMENT zappé.

- Euh oui… Elle voudrait que nous avancions notre présentation. L'intervenant qui nous précédait à du annuler en raison de problèmes climatiques …?

Je termine ma phrase par un murmure à peine audible, le regard meurtrier qui m'est adressé me dissuadant de continuer. Elle se relève aussi rapidement qu'un diable sort de sa boîte et recommence à faire les cent pas.

- Génial ! Formidable ! Merveilleux ! Heureusement que j'ai demandé ! Honnêtement ton cas s'aggrave de minute en minute…

Je sais qu'elle a raison. Aussi, la seule chose que je parviens à articuler est un :

- Je suis désolée…

- Tu peux. Et j'imagine qu'elle attend toujours une réponse ?

- J'y vais ! dis-je en me précipitant vers la porte dans le vain espoir de m'échapper.

- Et pour lui dire quoi ? Je ne me rappelle pas avoir donné ma réponse…

- Pardon, qu'est ce que je do-

- Dis-lui oui. Le manque d'options semble être le thème du voyage.

- Très bien.

Juste avant de passer la porte, je l'entends murmurer " ça va se payer Scott, ça va se payer… ".



L'ascenseur me ramène au point de départ et je commence à paniquer en ne voyant pas la moindre trace de mademoiselle Parkson à proximité de là ou elle se trouvait. Tournant la tête dans tous les sens, je la localise avec soulagement, avant de comprendre qu'elle s'apprête à sortir de l'hôtel.

Pressant le pas, à la limite de la petite foulée, je tente de la rattraper. A mon avis, à la moindre boulette de plus, besoin de moi ou pas je n'aurais plus qu'à aller pointer au chômage.

Arrivée à sa hauteur, je m'arrête un moment pour prendre mon souffle.

- Mlle Parkson ! Je voulais vous dire que ça nous ne nous pose pas de problème d'avancer la présentation !

- Parfait alors ! Merci beaucoup, vous me tirez une épine du pied ! Par contre si vous voulez bien m'excuser, je ne reste pas, je suis déjà en retard.

- Je comprends, bonne journée.

- Merci, pareillement.

- Merci.



Je suis soulagée qu'elle n'ait pas mentionné quoi que ce soit en rapport avec ma chef et moi, ou notre prétendu couple.

L'idée de m'enfuir et affronter le désert du Nevada plutôt que la démone me semble particulièrement tentante tout à coup.

Mais après tout, ça n'arrangerait rien. Et cette femme a toujours ce qu'elle veut. Elle serait foutue de me retrouver.

Je retourne non sans appréhension dans la chambre, me préparant au pire.

Shaell se contente de me demander si j'ai pu transmettre le message. Apparemment satisfaite de ma réponse, elle retourne au classeur posé devant elle.

Elle n'a pas franchement tort de commencer à s'y mettre, si nous voulons terminer à temps c'est la seule solution.

La journée se déroule dans un silence quasi-mortuaire, mais au moins nous avons une solide présentation entre les mains. Je mets un temps fou à m'habituer à l'idée de la tutoyer mais après m'être mangé un paquet de remarques directement dans les dents, je finis par m'y faire.

C'est avec surprise que je constate qu'il est déjà 18h30 à ma montre. Le rendez-vous avec ses amis est déjà dans une heure et demi. J'étais plus absorbée par le travail que je ne l'aurais cru.

Cette femme est étonnante, elle a réussi à ne pas m'adresser un seul mot personnel, même lors du repas mais est capable de me parler comme si de rien n'était lorsqu'il s'agit de travail. Au moins elle ne fait pas de mélanges.

Mais en ce qui me concerne, le jeu du roi du silence ne m'amuse qu'un temps. Après avoir passé la journée avec une femme dragon aussi sympathique qu'une porte de prison, je me décide à poser la question fatidique :

- Tu vas m'ignorer encore longtemps ?

- Le temps qu'il faudra afin que je n'aie plus envie de t'étriper à la seconde même ou mes yeux se posent sur toi pourquoi ?

La réponse a le mérite d'être franche. Mais pas franchement satisfaisante. Je réplique immédiatement, mon agacement me donnant suffisamment de courage pour être plus familière avec elle :

- J'ai dit que j'étais désolée. La situation ne m'amuse pas davantage que toi.

- Ah oui ? demande-t-elle, défiante.

- Oui. Est-ce que tu peux juste prétendre ne pas me haïr au moins pour ce soir ? j'ai vraiment eu une rude journée et j'aimerais bien avoir un break.

Semblant peser le pour et le contre, elle ne prend la parole qu'après avoir laissé passer quelques secondes :

- Ok. Pour l'instant tâchons de passer une bonne soirée.

- Merci.

Je ne suis pas tout à fait convaincue qu'elle va réellement renoncer à l'idée de me faire subir une mort lente et douloureuse mais bon, qui vivra verra. Sans mauvais jeux de mots.

- Ah, au fait, connaissant Angélique, je serais toi je prendrais des chaussures dans lesquelles je suis à l'aise, à mon humble avis elle ne s'en tiendra pas qu'à un verre. Et… Non rien.

- Non, dis maintenant !

- Pardon pour tout à l'heure, je me suis laissée emporter.

Oh wow… Je n'aurais jamais deviné qu'elle allait s'excuser. Surtout que sa réaction était des plus " normales ". Je veux dire, je ne sais pas comment j'aurais fait à sa place. Au fond, je ne peux pas lui en tenir rigueur. Je dis donc :

- Je comprends. C'était mérité. Je suis encore déso-

- C'est bon, je sais. Elle a émit cette hypothèse parce qu'elle t'a entendu me réclamer le pass de la chambre ? Tout est parti de là c'est cela ?

Et bien ! Malgré la faiblesse de mon argument, elle l'a noté ! Impressionnant !

- Oui. Enfin c'est suite à cela et c'est la seule raison que j'arrive à trouver pour qu'elle ait pu s'imaginer quelque chose dans ce goût là. Dis-je pour ajouter à ma défense.

- Alors dans ce cas ce n'est pas réellement ta faute. Pour cette boulette là du moins. Et puis si tu avais tout nié avec trop d'entrain, elle l'aurait probablement cru quand même.

Elle me fait un demi-sourire, plus désolé qu'autre chose. Je baisse la tête, me cachant derrière mes cheveux blonds et disant d'une petite voix :

- Oui mais maintenant on va devoir " faire semblant " par ma faute.

- Bah… ce n'est pas si terrible… Au fond il suffit juste de la laisser croire ce qu'elle veut. Pas besoin de nous tripoter en public.

Je sais que le moment est mal choisi, mais je ne peux m'empêcher de penser : dommage… En privé peut-être ?

J'évite de lui faire part des messages que m'envoie ma libido et commente juste d'un :

- C'est cela.

Je me dirige vers la commode et me penche pour sortir une paire de chaussettes située au fin fond du tiroir lorsque je l'entends me dire :

- Et puis j'imagine qu'en tant que petite amie potentielle elle aurait pu me trouver pire !

Traumatisée, je me retourne pour apercevoir ma boss les yeux fixés sur mon postérieur.

Je crois que je viens de faire un mini arrêt cardiaque.

Oh mon dieu, c'était un compliment ?

Dis quelque chose !

Abrutie réponds !

T'as la femme la plus… grrrrr de tout ton monde qui te dit ça et toi tu la regardes comme un merlan frit ? Allez, bouge-toi !!!!!

Le temps que je sorte de ma catatonie elle est partie. Quelque part cela me soulage, je préfère ne pas imaginer ce que j'aurais pu lui répondre. " Oh a qui le dis-tu, depuis le temps que je fantasme sur toi, cette miss Parkson n'aurait pas pu mieux tomber ! ". Heureusement, elle est partie sans attendre de réponse !


Je me prépare le plus rapidement possible en essayant de conserver un minimum de style. J'opte pour le classique chemise blanche décolletée juste ce qu'il faut et jeans moulant.

Il faut que j'appelle Steph avant qu'on sorte, sinon je ne suis pas sûre de tenir la soirée. Au train où vont les événements, tenir le coup risque d'être bien plus difficile que prévu. J'ai besoin d'un brin de soutien moral. Ou en tout cas d'un soupçon de compassion.


Une fois descendue dans le hall, je me dirige directement vers les téléphones muraux. Je compose le numéro de Steph sur mon téléphone portable. Certes, ma présence dans la zone des téléphones muraux avec un portable me donne un air de " je viens me mélanger avec vous, pauvres mortels qui ne possédez pas de téléphone personnel " mais au moins, je serai à l'abri des oreilles indiscrètes. De celles de ma chef tout du moins.

Steph répond au bout de la première sonnerie. J'ai bien fait de déplacer le téléphone à côté de son canapé avant de partir, ça limite considérablement le temps d'attente.

- Oui ?

- Steph, c'est moi !

Je ne prends pas la peine de me présenter davantage, sachant que de toute manière elle a certainement reconnu ma voix.

- Oh ma belle ! Alors quoi de neuf ? T'as pas encore été dévorée par le grand méchant loup ?

- Tu ne sais pas à quel point tu es proche de la vérité…

Je lui raconte le million de choses et pensées qui ont fait ma vie depuis notre dernier coup de fil, n'oubliant aucun détail. Même si c'est une vraie amie, j'ai un peu hésité avant de lui parler de l'" arrangement " entre la boss et moi. Je ne pense pas qu'elle ira le crier sur les toits mais après tout c'est quand même pas rien comme nouvelle. A la fin de mon récit, la seule chose qu'elle trouve à dire c'est :

- Il me faut une vidéo !

- Comment ça ?

- Attends, la moitié… Qu'est ce que je dis les ¾ de la boite fantasment sur la harpie, si tu arrives à la bécoter ou autre… Tu deviendrais une héroïne. Et moi une millionnaire.

-_-'

Parfois, elle est désespérante. Je lève mes yeux bleus au ciel, même si elle ne peut pas les voir et à la place, je laisse transparaître dans mon ton à quel point je suis blasée :

- Il n'est pas question qu'on se bécote ! Je t'ai dit qu'on allait juste la laisser croire !

- En parlant de croire, tu crois vraiment que moi je vais te croire que tu ne comptes pas en profiter? Je suis sûre que tu ruinerais la réputation des meilleurs essuie-tout ultra absorbants !

- Euh Steph, je te suis vraiment pas là ! Et non je ne compte pas en profiter. Tout le monde n'est pas toi !

Elle ignore complètement ma remarque et continue sur sa lancée :

- N'empêche qu'on ne m'ôtera pas de la tête que rien qu'a l'idée d'approcher la dragonne, tes sous-vêtements apprennent à nager.

- Très poétique !

- Bah on fait avec ce qu'on a que veux-tu ! Ah, tant que j'y pense, et cette crème pour le visage, elle met quoi ?

Je souris devant la curiosité maladive dont fait systématiquement preuve ma collègue et amie et décide de lui répondre :

- A vrai dire, j'ai l'impression d'être un pot de peinture à côté d'elle. Sa trousse de toilette est minuscule. Je crois que son secret, quel qu'il soit, ne réside pas dans une crème… Désolée pour toi ma vieille.

- Et merde… dit elle à l'autre bout du fil. Oh, donc t'as fouillé dans ses affaires ?!

- Pas fouillé, constaté !

- Elle porte quoi ? Petites culottes ? String ? Tanga ? Shorty ?

Un rire m'échappe alors qu'elle énumère la liste des sous-vêtements potentiels de ma boss.

- Ma pauvre, t'es irrécupérable !

- Ben quoi ? Je m'informe !

- Oui ben trouves quelqu'un d'autre !

- Tu rigoles ou quoi, t'es la mieux placée ! Après tout, t'es bien officiellement sa chérie non ?

- Juste officiellement… Officieusement…

- Officieusement tu es l'employée avec qui elle partage sa chambre et qu'elle vient de menacer de virer si elle refuse de faire croire que vous êtes romantiquement engagées ? Bon c'était en grosse partie par ta faute mais bon…

u_u

Voyant que plus la discussion avance, plus je m'enfonce, je décide de couper court, histoire de limiter les dégâts.

- Bref, je dois te laisser, on a rendez-vous avec des amis à elle d'ici peu, je vais remonter dans la chambre…

- Ohoh, elle te présente déjà ses amis, c'est du sérieux !

- Je ne commenterai pas ! A la prochaine, profite bien du bureau sans qu'elle y rôde !

- T'inquiète je fais que ça ! T'as au bout du fil la professionnelle du Freecell ! Allez file, je ne voudrais pas que tu fasses attendre ta belle !

Je regrette déjà de lui avoir mentionné l'état des choses, sachant que je vais en entendre parler pendant des années.

- Allez à + Steph ! Bisous.

- Bisous bisous ! Et oublie pas ma vidéo !



Je raccroche le combiné, un sourire aux lèvres. Décidemment, elle a de la suite dans les idées… Bref, à défaut de m'avoir fait dédramatiser, elle m'aura fait sourire. Lui avoir raconté ce qu'il en est m'aura au moins permis de m'alléger un peu la conscience.


Au moment où je m'apprête à appeler l'ascenseur, celui-ci s'ouvre devant moi, en laissant sortir ma boss, visiblement fin prête. Elle porte un petit haut de sport noir, col en V et relativement moulant et un jeans taille basse bleu clair. J'approuve le choix de tenue. Ses yeux

verts sont encadrés par ses cheveux, laissés détachés en délicates vaguelettes brunes et elle porte le plus léger des maquillages. Mais ça suffit. Ça suffit amplement. Malgré tout, je ne me laisse pas distraire et demande :


- On n'avait pas rendez-vous dans la chambre ?

- Euh… Si mais t'étais bien trop longue, j'ai décidé de venir te chercher, sinon on n'a pas fini.

- Mouais, tu ne voulais pas me laisser en plan plutôt ? dis-je en plaisantant.

En voyant l'air coupable qui traverse son visage, je réalise que je viens d'expliquer avec exactitude ce qu'elle comptait faire. Je me demande pourquoi elle tient tant à ce que je ne vienne pas à cette soirée.

Voyant certainement mon air déçu, elle tente de se rattraper :

- Je n'ai pas réfléchi. Désolée. C'est juste que cette soirée me rend nerveuse…

- Pourquoi ? Il n'y a pas de quoi !

- Et bien… Je ne sais pas comment l'expliquer mais… C'est-à-dire que je ne suis pas la même avec mes amis qu'au bureau… C'est... différent.

C'est bien ce que je pensais. Alors comme ça elle n'est pas toujours infecte et autoritaire. C'est bon à savoir ça. Je tente de la rassurer, tout en ne résistant pas à la tentation de me moquer :

- Comme nous tous. Ne t'en fais pas, je ne répéterai à personne que tu es humaine.

Je garde mon air joueur tandis qu'elle fait semblant de s'offusquer avant de répondre par un sourire bien à elle. Elle reprend contenance et me fait un signe de la tête.

- On y va ? C'est bientôt l'heure. A moins que tu aies quelque chose à récupérer dans la chambre ?

- Non c'est bon…


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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 20:39

Chapitre 5 - Je suis en enfer…


On retrouve Angy et Mattéo comme prévu. Angy a laissé ses cheveux blonds mi-longs détachés et joue machinalement avec sa robe rouge foncé tout en parlant à son compagnon lorsque nous arrivons.

Une question me vient à l'esprit :

- Il est de quelle origine ?

Ma supérieure me regarde d'un air horrifié puis soulagé avant de me répondre :

- Dieu merci c'est à moi que tu as demandé, si on commence il ne s'arrête plus. Latine, un peu partout entre Espagne et Amérique du Sud.

- En tout cas le mélange est réussi. Il est à tomber. Ses yeux noirs sont…

Je m'arrête, faute d'adjectif qualificatif.

- Oui, je sais. Au lycée toutes les filles me détestaient de sortir avec lui.

Mon fabuleux système d'autocensure m'empêche de répondre que les hommes devaient l'envier lui aussi. Nous continuons en silence, avant de nous faire accueillir par deux sourires ravageurs.

- Voilà les plus belles ! dit Mattéo, ce qui lui vaut une tape d'Angy.

Il me salue avant de gratifier Shaell d'un baiser sur la joue que je n'aime pas plus que la dernière fois que j'en ai été témoin. Angy se contente de nous faire la bise à toutes les deux, même si elle chuchote quelque chose à l'oreille de ma boss au passage. Quoi que ce soit, ça la fait rougir légèrement.

Finalement, c'est Angy qui prend la parole :

- Alors ce que je vous propose, c'est d'aller manger et ensuite de finir la soirée dans un bar. Vous en dites quoi ?

Acquiesçant de manière parfaitement synchrone, nous nous mettons en route tous les quatre.

Immédiatement, le bras de Mattéo vient trouver l'épaule de Shaell. Je ne peux m'empêcher d'être jalouse de la familiarité avec laquelle il la touche, même si je sais que c'est parfaitement normal. En lot de consolation, j'ai la superbe blonde qui vient entrelacer son bras au mien. J'ai toujours détesté les gens qui faisaient ça, mais étonnamment, alors qu'elle se rapproche de moi au point que des effluves parfumées viennent me chatouiller le nez, mon aversion pour la chose diminue d'approximativement 97%.

On arrive dans un restaurant tout simple, le genre où on va diner en famille. A mon grand soulagement, y'a pas de môme brailleur dans les parages. La déco est essentiellement composée de jaune et rouge. Guidés par la serveuse, on va s'installer à une table avec deux banquettes rayées aux couleurs de l'endroit pour sièges.

Angy et moi continuons la discussion qu'on a entamée depuis notre départ de l'hôtel, sous l'œil visiblement malveillant de ma boss. Pour une raison parfaitement obscure, elle me semble étrange dès que son amie m'approche.

Si elle s'en fait par rapport au fait que je sois lesbienne elle ne devrait pas. Je veux dire, bien sûr Angy est canon… Surtout dans cette tenue… Mais après, étant l'amie de la vipère, elle est chasse gardée.

Je m'installe sur la première banquette venue et Mattéo se glisse à mes cotés. Angy se place en face de moi.

La logique voudrait que ma chef vienne à ses côtés, mais c'est sans compter sur Shaell Mackenzie.

Elle semble réfléchir un moment, puis va s'installer de l'autre côté d'Angy, là où il reste une minuscule place assise.

Elle s'assied l'air de rien, une fesse sur le siège, une fesse dans le vide, ignorant complètement l'énorme partie de banquette désespérément vide juste de l'autre côté de la blonde. Et réservant le même sort à nos regards incrédules.

Alors qu'Angy se tourne vers elle, sans nul doute dans l'intention de lui faire remarquer l'absurdité de son installation précaire, elle prend les devants en lançant un :

- De là, on voit mieux la rue.

Qui, comme vous l'aurez sans doute remarqué, n'explique rien du tout.

Nos trois paires d'yeux restent fermement plantés sur sa personne tandis que ma boss ne fait pas le moindre mouvement indiquant qu'elle compte changer de place.

Finalement, dans un soupir très mélodramatique, Angélique daigne se glisser pour faire face à Mattéo, laissant la place en face de moi à la dragonne.

La discussion à fait place au silence étant donné que nous sommes à présent en diagonale avec nos " partenaires " respectifs.

- Donc Liz, on disait…dit Angy en se tournant vers moi.

- Oh regarde Matt, il y a des banana split en dessert !

Ce faisant, Shaell tend la carte du restaurant pile dans mon champ de vision, me cachant efficacement le visage de son amie. Alors que je penche la tête dans le but de contourner l'obstacle, je constate que le carton plastifié suit le mouvement avec une précision chirurgicale.

Agacée, je jette un coup d'œil à ma chef, dont le visage impassible ne laisse rien transparaitre de ses intentions.

- A quoi tu joues ?

Elle tourne vers moi un visage à l'air innocent, tout en maintenant efficacement le menu entre Angy et moi le tout en disant :

- Comment ça ?

Mon bras se lève pour pousser l'obstacle cartonné hors de ma vue.

- Je montrais les banana split...

- Pendant trois plombes ?

Je m'empare du menu pour constater qu'il n'y a même pas de photo à contempler. Non, rien qu'une ligne " Banana Split 5,90 $ ".

Elle ne répond pas et baisse les yeux, me rappelant terriblement Gaby, ma petite cousine de 5 ans, lorsqu'elle a fait une bêtise.

- T'es vraiment bizarre ce soir Sha ! lui fait remarquer Angy.

On se met tous à parcourir le menu afin de nous décider sur ce qu'on va manger ce soir. Je m'arrête bien vite sur Cheeseburger Frites et constate, en relevant la tête, que les autres ont choisi aussi. On se regarde comme des merlans frits pendant un moment, inconfortable suite au petit jeu de ma supérieure.

Heureusement la serveuse vient nous demander ce que nous prenons et rompt ainsi le silence. Une fois notre commande arrivée, nous mangeons tous avec enthousiasme, ravis d'avoir quelque chose à faire qui puisse ôter un peu du bizarre de la situation.

Au bout d'un moment, l'atmosphère commence à se détendre et nous nous mettons à discuter tous les quatre.

Il n'y a rien à redire sur Mattéo comme sur Angy. Ces deux là n'ont pas que le physique en leur faveur, ils en ont aussi dans la cervelle. Enfin c'est exactement pareil pour ma boss.

- Bon, ça vous dit de bouger un peu ? Plus tôt dans la journée on a repéré un bar cocktail ou ils passent de la bonne musique et où on peut danser… propose Mattéo.

- Personnellement ça me tente bien.

Angélique et Shaell se regardent l'une l'autre avant d'acquiescer et de se lever. L'homme de la soirée se dirige vers le comptoir, sans nul doute dans l'intention de régler la note, mais suivi de près par ma chef.

Souriante, j'assiste de loin à ce qui semble être une dispute pour savoir qui va payer. Finalement, au bout d'un moment et après avoir eu droit au " regard qui tue ", j'entends Mattéo abdiquer :

- Très bien, mais une fois là-bas, ne songe même pas à tenter de…

- Oui oui ! répond Shaell, un air coquin et le sourire aux lèvres.

Vu l'air mi-résigné mi-amusé de Mattéo, j'imagine qu'il ne se fait pas d'illusions quant au fait qu'elle tentera une nouvelle fois de régler l'addition. Enfin s'ils veulent se battre pour payer ce que je consomme, ça me va tout à fait. Je ne compte certainement pas chercher à m'imposer dans ce domaine là. Ce n'est pas tant les araignées qui ont élu domicile dans mon portefeuille qui m'effraient, mais plutôt le vide déprimant que j'y trouve à chaque fois que j'espère dénicher un billet oublié.

Une fois dehors, on regarde Matt qui dit :

- Direction l'ouest du Strip, on va au " Flirt ".

Rien que le nom ne m'inspire rien de bon. Le fait que j'éprouve un amour immodéré pour les cocktails non plus. Et un seul regard par-dessus mon épaule suffit à me rappeler que la dragonne est là.

*Gulp*

Je n'ai que deux souhaits à faire :

1 Faites que Mattéo et Shaell ne se relèchent pas devant moi au " Flirt ".

La connaissant un minimum, je pense qu'ils se retiendront mais on ne sait jamais.

2 Faites que je me comporte correctement une fois que je n'aurais plus beaucoup de sang dans mon alcool.

Finalement arrivés à destination, on rentre dans le bar. L'ambiance est relativement lounge et la déco bleu foncé est du plus bel effet. On s'installe à une petite table haute avec quatre chaises de bar. Cette fois-ci, pas de cinéma pour savoir qui " voit la rue ".

Le bar est déjà assez plein et selon ce que je vois, on a eu de la chance de trouver une table. En voyant que quelques personnes se mettent à danser, Mattéo tend la main vers ma chef en disant :

- Tu m'accompagnes ?

Elle sourit et s'apprête à se lever avant de regarder Angy, puis moi. Ok. La confiance règne, visiblement elle n'a pas envie de nous laisser seules. Comme si j'allais lui grimper dessus. Pas en public voyons !

- T'inquiète pas, je vais prendre soin d'elle. Répond Angy.

Shaell semble hésiter et finit par se laisser convaincre tout en murmurant un " c'est bien ce qui m'inquiète ".

Après avoir vérifié que ma chef est bel et bien partie danser et non en train d'espionner par-dessus mon épaule, je me tourne vers la charmante blonde en face de moi :

- Tu n'aimes pas danser ?

- Si si, mais j'avais juste envie de discuter un peu avec toi. On ira après si ça te dit.

Je fais une grimace à cette idée avant de lui avouer mon secret :

- Je suis loin d'être la meilleure des danseuses tu sais… Mais j'imagine que je peux faire un effort.

- T'en fais pas, je guiderais ! me dit-elle dans un sourire malicieux. Ça fait longtemps que tu bosses dans la boite où Sha a certainement fait une entrée fracassante ?

- Je suis arrivée il y a deux ans environ. Et ça pour être fracassante…

- Laisse moi deviner, elle a semé la terreur en virant les incompétents à tours de bras, et fait fantasmer ceux qui restent ?

Au vu de l'intense chaleur que je ressens, je sais que j'ai rougi. Certes, je fantasme, mais j'aurais préféré que ça reste un secret.

- Oh oh, aurais-tu des choses à cacher ? demande-t-elle en voyant mon inconfort.

Mon instinct de survie m'envoie immédiatement un mensonge à l'esprit :

- Non, c'est juste que … Non, je ne pense pas qu'elle fasse exprès de faire fantasmer les mecs de l'entreprise.

- Qui a parlé d'hommes ?

Ce faisant, elle me fait un clin d'œil. Je suis grillée. Mais le déni ne m'a jamais effrayée.

- Duh ! Je ne vois pas qui d'autre ! Les nanas de la boite sont trop occupées à être jalouses et hétéro et moi… Je suis trop pure pour ça.

- Pure ? Son sourcil se lève, lui donnant un air malin qui aurait pu la rendre charmante.

En d'autres circonstances j'entends, pas lorsqu'elle est en train de me torturer.

- Bon, pure n'est peut être pas le mot, apeurée le serait. Après c'est clair qu'elle est vraiment jolie.

- Qui est vraiment jolie ?

Le pire timing du monde, et voilà ma boss, celle dont j'étais en train de parler justement. Voyant qu'Angy s'apprête à répondre et voulant à TOUT PRIX éviter une honte incroyable et une gêne abominable les prochains jours, je m'empresse de le faire à sa place :

- Ma petite cousine, Gaby. Quand sa mère lui fait des petites tresses…

Angélique fait un sourire moqueur et pendant un instant j'ai peur qu'elle ne révèle tout à ma supérieure, mais heureusement elle garde le silence.

- Vous inquiétez pas, on était juste venus boire un coup, on y retourne. Me murmure Matt à l'oreille, un air complice sur le visage.

- Pourquoi j'ai l'impression que tout le monde me cache quelque chose ? demande ma boss.

N'obtenant aucune réponse, elle hausse les épaules et retourne sur la piste en bonne compagnie.

- Donc tu la trouve vraiment jolie ?

Je ne peux empêcher le léger grognement qui sort de ma gorge. J'avais secrètement espéré qu'on change de sujet, pour en trouver un moins embarrassant. Hey, mais peut-être que si je la mettais elle, mal à l'aise…

- Oui, faut se rendre à l'évidence. Tu ne trouves pas toi ?

Après avoir lancé ça, je prends la paille de mon cocktail entre les lèvres pour camoufler mon sourire.

- Oh que si. Et faut la voir à poil pour se rendre compte à quel point.

Ce qui devait se produire arrive… Je recrache une bonne partie de ce que j'avais en bouche, peut-être même un peu par le nez. Je constate que dans le mouvement, j'ai même réussi à renverser une partie du cocktail sur moi. Génial.

Je tente de philosopher en me disant que c'est un signe que je ne dois pas boire ce soir.

Angy, loin de me consoler, se contente d'éclater de rire, se bidonnant devant mon désarroi.

Je tente de m'essuyer comme je peux avec mes mains mais une visite aux chiottes est impérative. En plus, c'est possible que je sois en état de choc suite à sa réplique et je ne voudrais pas m'évanouir devant de parfaits inconnus.

- Je vais aller m'essuyer je crois. Dis-je en me levant.

- Attends je t'accompagne.

Elle se tourne tout comme moi vers la piste de danse pour capter l'attention des deux tourtereaux afin qu'ils viennent garder la table.

A mon grand désespoir, je constate que Shaell est collée comme il faut à Matt. Ce n'est pas vulgaire ni fait pour être sexuel, mais ça me rend un peu jalouse. Dans mes rêves, c'est moi qui suis à la place de son partenaire.

En même temps, étant moi-même dégoulinante de cocktail, je peux comprendre qu'elle l'ait choisi.

Finalement, Angy arrive à capter leur attention et tous deux reviennent vers la table.

- Faut que j'aille me nettoyer… dis-je, penaude

Tous deux me regardent de haut en bas, constatant l'étendue des dégâts. Ils arrivent tout de même à se retenir de rire devant mon apparence de chien battu. Mais ils sourient quand même. Je note je note.

- Je vais t'accompagner, répond ma boss.

O_O Non non non.

C'est pas ça le plan.

Ça c'est le cauchemar.

Au lieu d'une jolie fille qui m'aide à me nettoyer, j'ai la dragonne qui à coup sûr va me demander ce qui s'est passé. Chose que je ne dirai que sur mon lit de mort !

- T'inquiète Sha, j'ai les choses en main. Réplique Angy avant de me prendre par le bras.

- Rien du tout ! rétorque-t-elle en détachant sa main de mon bras. Je te la laisse deux minutes et voilà ? Non non tout ce que vous deux réussiriez à faire serait d'étaler !

Peut être pas, j'ai plein d'idées sur les différentes façons dont la blonde et moi on pourrait étaler cette tâche… Une minute ? Elle vient de suggérer que je suis incapable de réussir à me nettoyer sans aide ? Ce qui reste de mon égo ne peut pas la laisser dire impunément :

- Hey, stop vous deux ! Je peux très bien me débrouiller seule.

Après tout, même si je suis effectivement incompétente, ce n'est pas une raison pour me le faire remarquer aussi directement.

- Pas un mot de plus Scott, on me suit.

Face à l'emploi de mon nom de famille je la suis, défaite. Quand elle est comme ça, discuter ne sert strictement à rien.

Elle m'emmène directement au distributeur de papier pour essuie mains et me fourre plusieurs feuilles dans les mains.

Je la regarde un moment, attendant qu'elle évacue les lieux avant de m'essuyer les seins, minimum de pudeur oblige.

Et puis je préfère sécher mon égo tranquille.

Voyant que je ne bouge pas et ne comprenant pas le message, elle m'arrache littéralement le papier des mains dans un soupir et j'assiste complètement impuissante à la scène de " ma boss carrément canon sur laquelle je fantasme tente d'éponger le surplus de cocktail dans mon décolleté ". Certes, elle a une tonne de papier dans la main, ce qui doit l'empêcher de sentir quoi que ce soit, mais quand même !

- Faut tout faire soi même ! marmonne-t-elle.

Elle se recule pour admirer son œuvre tandis que je reste bien trop pétrifiée pour l'aider. Une légère grimace vient entacher son beau visage.

- Liz, je suis désolée d'avoir à te le dire, mais le bleu qui tire sur le verdâtre, le tout sur fond blanc, ça rend moyen. Et j'ai bien peur que ta chemise soit à présent transparente.

Oh mon Dieu ! Sa réplique aura au moins eu le mérite de me faire sortir de ma torpeur. Je tente de couvrir ma modestie du mieux que je peux mais l'efficacité reste à prouver. Finalement, face au lourd soupir qu'elle pousse, je me décide à retirer mes bras de devant mes seins et à me tourner vers le miroir pour constater moi même l'étendue des dégâts.

La première chose qui me vient a l'esprit est :

- Je peux pas sortir comme ça !

- Quelle idée d'aller mettre un soutien gorge foncé, tout le monde sait que ça ne se fait pas en dessous d'une chemise blanche !

Je lui lance un regard meurtrier avant de dire :

- Oh ça va hein ! On fait avec ce qu'on a ! Comment je vais faire ?

Je suis déjà à moitié en train de pleurnicher, m'imaginant dépérir dans ces chiottes qui n'ont même pas de sèche main électrique, lorsqu'elle se met à dire :

- Retire ta chemise.

Mes yeux menacent de sortir de mes orbites tellement je les ouvre grand.

- Pardon ?

- Retire ta chemise, tu ne peux pas sortir comme ça.

- Me déshabiller ne va pas aider davantage…

- Liz… déclame-t-elle en me fixant d'un air mi-menaçant mi-agacé tout à fait réussi.

Mes membres reprennent vie et contre les instructions que leur lance mon cerveau, commencent à défaire les boutons de ma chemise. Pendant l'opération, mes yeux font tout pour regarder à peu près n'importe où sauf le visage de ma boss.

- Fais vite, des fois qu'Angy vienne vérifier. C'est une obsédée qui se fait des films, j'ai pas envie d'avoir à lui expliquer ça…

Je peux la comprendre. Une fois ma chemise retirée et alors que je me tiens devant ma chef en soutif, je suis persuadée que je vais m'évanouir lorsqu'elle commence à soulever son petit haut de sport. Heureusement pour mon pauvre petit cœur fragile, elle à un caraco en dessous.

- Tiens, mets ça ! Dit-elle en me tendant le vêtement qu'elle vient juste de retirer. D'ailleurs comment t'as fait ton compte ?

C'est PILE à ce moment, alors que je suis en soutien gorge devant ma boss pas beaucoup plus habillée que nous entendons la porte des toilettes s'ouvrir. Je me crois un moment sauvée par le gong. Mais bien sûr, avec notre chance habituelle, c'est Angy que voilà.

J'enfile rapidement mon nouveau vêtement mais je crois qu'elle a pu voir ma tenue d'il y a quelques secondes à peine. Et en effet :

- Sha, promotion canapé, j'aurais pas cru ça de toi ! Quant à toi… Il a fallu que tu vérifies par toi-même pas vrai ?

Parfaitement inconfortable, et ayant bien trop peur que rétorquer quoi que ce soit amènerait la question " vérifier quoi ? " de ma boss, je garde le silence. Shaell ne se démonte pas du tout, au contraire :

- Arrête de te faire des films. T'as vu la tête de sa chemise ? Elle peut pas sortir comme ça ! D'ailleurs, qu'est ce que tu lui as fait au juste pour qu'elle se renverse son cocktail dessus ?

- Qu'est ce qui te fait croire que j'ai quoi que ce soit à voir là dedans ? Réplique Angy d'un air tout sauf innocent.

- Je te connais. T'adores mettre les gens mal à l'aise. Et puis Liz n'est pas si maladroite que ça d'ordinaire. Et même si je la soupçonne d'être un peu perverse, je ne pense pas qu'elle irait jusque là pour se déshabiller.

Je suis en enfer… Maintenant c'est certain. J'ai fait quelque chose de mal et en réalité je suis morte et à souffrir.

Alors que je m'apprête à aller plonger ma tête et me noyer dans la cuvette des toilettes, Shaell se tourne vers moi en souriant :

- Je te faisais juste marcher avec ce petit commentaire. On y retourne ?

Soulagée, j'acquiesce, laissant ma supérieure ouvrir la marche, et ignorant à la fois le clin d'œil d'Angy et le derrière de ma boss qui se trouve être pile dans mon champ de vision.

C'est dur d'être moi.
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 20:40

Chapitre 6 - Petites confessions entre amis



On retrouve Mattéo, sagement assis à la table haute. Il me regarde, puis Shaell, et dit :

- T'as bien fait de te renverser une partie de ton cocktail dessus !

Évidemment, de son point de vue… Il gagne sa copine qui montre un peu de chair. Remarque, je profite de la vue aussi (en toute discrétion bien sûr). Mais moi j'ai quelque chose qu'il n'a pas ! Son odeur sur moi ! Enfin vu comme ils étaient collés tout à l'heure, ça c'est moins sûr. Il me faut ma dose ! Je me retiens difficilement de renifler son haut, ce qui me rendrait encore plus bizarre que je ne l'ai déjà été et tente de suivre la conversation. Bien sûr, mon esprit vagabonde au moment passé dans les toilettes. Après réflexion, excepté la gêne et la honte, ce n'était pas si mal !

- Et vous avez déjà rencontré la nana là, la rousse qui dirigera le congrès, elle s'appelle comment déjà ? Matt, aide moi ! dit Angy en donnant une petite tape sur le bras musclé du latino canon à ses côtés.

- Parkson, Linda Parkson.

- Oui voilà ! Vous l'avez rencontrée, il parait qu'elle est lesbienne !

- Oui oui, d'ailleurs je lui ai parlé pas plus tard que ce maAaatin !

Angy comme Mattéo me regardent d'un air bizarre, mais ça c'est uniquement parce qu'ils n'ont pas vu la poigne d'acier que constitue la main de ma supérieure qui se referme sur ma pauvre petite cuisse. Ma parole, cette femme n'a rien à apprendre des crabes !

En attendant le message est passé, NE PAS parler de Parkson, ou peut être est-ce " évite le sujet de notre prétendu couple " ? Pour détourner l'attention je leur sors :

- Désolée, un frisson !

Je vous arrête tout de suite. Ne vous attendez pas à ce que mes talents de menteuse s'améliorent.

Personnellement ça fait un paquet d'années que j'espère la même chose et sans grand succès. Ma chef embraye sur le sujet épineux et je décroche complètement de la conversation. Je suis sortie de mes pensées par une main sur mon épaule.

Soit Angy vient de se téléporter à mes côtés, soit j'étais vraiment perdue dans mes rêveries.

- Tu danses ?

- Avec plaisir.

Je la suis en constatant que nous sommes accompagnées par Shaell et Mattéo, ce qui me fait me demander une chose :

- Et la table ?

Les yeux bleus d'Angy se posent sur moi et elle me répond en montrant ma boss et son ami du doigt :

- Bah, de toute manière ils ne vont pas tarder, et moi non plus… je pense qu'on peut bien l'abandonner. Après tout vous vous levez aussi tôt que nous demain.

- T'as raison.

Je me retrouve face à Angy au centre de la piste et tente de m'oublier dans la musique, histoire d'avoir un minimum de tempo. Alors que j'essaie de trouver le rythme tout en gardant une certaine distance, je vois l'une de ses mains venir attraper la mienne pour m'attirer à elle.

Ok.

Guider dans le langage de la danse implique donc un corps à corps ?

Dans quoi j'ai encore été me fourrer ?

Je suis soulagée que l'ambiance bleutée du bar offre une atmosphère suffisamment sombre pour que la blonde ne puisse pas voir ma gène.

Je finis par me détendre un peu et " profiter " du moment. Je vous vois venir, je ne profite pas que de ma partenaire. Non non. Je trouve ça assez sympa que pour une fois je sois sûre d'être dans le tempo et de ne pas faire n'importe quoi.

- Ben tu vois, tu te débrouilles bien. Me dit Angy à l'oreille.

- C'est toi qui fais tout, je me contente de suivre.

- Tout, n'exagérons rien, je ne pense pas être responsable de tes mouvements de bassin.

….

Shaell avait raison, Angélique aime mettre les gens mal à l'aise.

Je détourne le regard un instant, pour tomber les yeux dans les yeux avec ma supérieure. Les deux pupilles vertes me suivent un instant, avant de retourner se poser sur le visage de celui avec qui elle danse, le temps de me faire un sourire auquel je réponds rapidement. Je continue de l'observer un instant, remarquant qu'elle bouge très bien. Visiblement, ma partenaire n'a rien manqué puisqu'elle me demande :

- Tu l'aimes bien ?

J'espère qu'elle ne me demande pas si… Levant un sourcil, je lui demande confirmation :

- Comment ça ?

- En tant que personne.

Ouf, elle ne me demande pas si je suis sexuellement attirée par son amie. Sinon j'ose même pas imaginer quel genre de mensonge j'aurais dû sortir.

Il me faut un moment pour réfléchir à ma réponse. Et lorsqu'elle sort, elle n'est pas moins confuse que dans ma tête.

- Non... Enfin oui mais…

Elle sourit tout en continuant à me questionner :

- Oui ou non ?

- A vrai dire, je découvre qu'elle est une personne depuis quelques jours seulement. Auparavant, elle était juste froide et distante.

Elle pondère un moment mes propos, gardant les yeux loin dans le vide par-dessus mon épaule.

- Honnêtement, connaissant son passé je ne peux pas lui en vouloir... Elle doit faire ça pour éviter que des évènements se reproduisent. Bon après c'est clair que l'amie en moi aurait envie qu'elle se lâche plus, qu'elle s'autorise à vivre, à faire confiance à d'autres personnes qu'à Matt et moi.

- Oui mais même. Il y a " se protéger " et en venir à se faire donner des surnoms atroces par tous les gens du bureau.

Angy a un petit sourire triste devant ma " révélation ". Elle met quelques instants à répondre :

- Elle se planque derrière tout ça. Le boulot c'est, à mon avis, sa façon à elle d'oublier qu'elle n'a pas une vie palpitante à côté.

- C'est dommage…

Les sourcils d'un blond foncé de ma partenaire se froncent tandis qu'elle me demande de préciser :

- Comment ça ?

- Et bien… Je sais pas comment dire... Il y a beaucoup de domaines où elle force l'admiration, je suis sûre qu'elle pourrait être tout à fait populaire si elle ne se conduisait pas comme ça. Enfin après je ne la connais pas.

Tout en continuant de danser, Angy a l'air perplexe :

- Ça fait quand même un petit moment que tu travailles avec.

- Oui mais ça reste très pro. J'ai découvert dans l'avion pour venir ici qu'elle était capable de faire preuve d'humour.

Elle hausse les sourcils, visiblement un brin surprise :

- A ce point ?

- Ohhh que oui.

Elle ne répond pas et nous continuons à danser en silence. Je ne suis pas fâchée de ne plus parler de ma chef. Quelque part, j'ai encore du mal à la considérer comme " elle " et non pas comme l'image qu'elle veut donner.

Angy lève soudain la tête, l'air déterminé :

- Si ce que tu me dis est la réalité, je ne peux pas la laisser faire. Je vais prendre ça en main.

Prépare-toi Shaell Mackenzie, car à mon avis, Angy risque de venir bousculer tes petites habitudes.

- Et je vais commencer maintenant. Ça t'embête qu'on change de partenaire ?

Euh à vrai dire oui.

Mais je sais bien que c'est une question rhétorique, elle veut " s'occuper " du cas de ma supérieure et vu son air résolu, il y a peu de chances que j'y échappe.

Bien que l'idée de danser avec Mattéo ne m'enchante guère (et c'est un doux euphémisme), j'acquiesce, sachant mes options limitées.

- Je peux t'emprunter ta partenaire ? demande Angy.

Refuse Mattéo, refuse. J'envie pas du tout la place qu'occupe ma chef. Malheureusement, il prend ma main et la pose sur son épaule.

Refuser serait vraiment malpoli et vexant ? Feindre l'évanouissement peut-être ?

Résignée, je me laisse entrainer. J'arrive même à retenir l'énorme soupir qui ne demande qu'à sortir. Yay, go moi !


Vu de près je dois reconnaitre qu'il est vraiment beau gosse. Ses origines latines lui donnent un charme tout particulier. L'une de mes mains vient se poser sur l'un de ses pectoraux parfaitement musclés et je reconnais à contrecœur qu'il a l'air vraiment bien foutu. Je suis sortie de mes pensées par sa voix grave et chaude à mon oreille :

- J'ai enfin l'occasion d'avoir un tête à tête avec la fameuse Liz. Dit-il, ponctuant sa déclaration d'un sourire email diamant.

- Fameuse ?

- Sha ne tarit pas d'éloges à ton sujet.

- Huh huh... Ok.

Mon ton parfaitement incrédule et mon sourcil levé montrent bien que je ne crois pas un mot de ce qu'il dit. Il tente immédiatement de me convaincre :

- Non je ne déconne pas. Depuis tout à l'heure elle me raconte qu'elle flippe pour demain et qu'elle ne regrette pas de t'avoir prise avec. A ce qu'il paraît, tu " assures " pour ce qui est de développer un projet et de le vendre à un public.

J'avoue, les mots me manquent. Elle aurait dit ça ? Je sais que je rougis alors je baisse la tête, priant pour qu'il n'ait pas vu que j'étais mal à l'aise. Ses yeux noirs s'écarquillent en réalisant que je ne joue pas la comédie :

- Tu ne t'en doutais vraiment pas ? Allez, genre ! C'est pas son style de faire des cadeaux quand il s'agit du boulot. Si t'es ici, je suis persuadé que ce n'est pas un hasard… Mais surtout…

- Oui ?

Il tourne la tête de droite à gauche, s'assurant que ma chef n'est pas là, se passe la main dans ses cheveux courts avant de me murmurer à l'oreille :

- Pas un mot sur cette conversation, si elle l'apprend, je donne pas cher de ma peau.

L'idée de rapporter ses paroles dans l'unique but de le faire tuer est tentante. Mais après tout, excepté être en couple avec ma supérieure, il n'a rien fait de mal. Il est même plutôt sympa.

- Alors comme ça elle terrorise même ses amis ?

Il sourit et baisse légèrement le regard, comme s'il songeait à d'anciens souvenirs.

- T'as pas idée d'à quel point ça peut être vrai.

- Oh je serais toi, je ne parierais pas dessus, j'ai eu l'occasion de la voir faire quand même.

D'un ton malicieux, il ajoute :

- Elle a fait de l'équitation. On marche au pas !

Bien malgré moi, je me bidonne. Mon imagination n'a aucun mal à me représenter très clairement ma chef dans un complet en cuir, cravache à la main et faisant c-

- Pensées cochonnes.

- Hein ? Que, quoi ?

- T'avais la tête de celle qui a des pensées cochonnes.

- Qu'est ce que tu veux dir- Oh… Mais… Mais pas du tout. Tu te trompes. Non. Du tout. Faux.

Ok, réaction un chouia trop prononcée. Bien joué.

- Déni trop insistant pour être réel.

Et il en rajoute. Ça va pas du tout, ils sont pires les uns que les autres. Que quelqu'un vienne m'achever. C'est un trio infernal, les " gorgones " en version moderne.

Le moment me semble parfait, oui, changer de sujet pile maintenant semble être une idée brillante.

- Avoue, vous avez fait un pacte à vous 3 : me torturer.

Ma phrase est accueillie par un sourire taquin :

- Dis-toi qu'au moins tu as droit à trois experts en la matière.

- J'ai vu ça, et puis je fais une proie commode, pas vrai ?

- A qui le dis-tu. La moitié de ce que tu penses est écrite bien clairement sur ton visage.

Ok. Là c'est la peur qui doit être gravée en lettres rouges. J'irais même jusqu'à dire de la terreur.

Tout ?

Comme dans " tout, même la partie ou je fantasme ouvertement sur ma chef " ?

Il éclate de rire face à ma réaction, s'amusant notoirement de mon trouble.

- Tu vois, c'est de ça dont je parle. Je t'ai rencontrée il y a seulement quelques heures, mais tu m'as déjà fait des têtes épiques. C'est intensément gratifiant.



Finalement, j'arrive à détourner son attention vers un sujet moins épineux que mes pensées. A côté de nous, Angy essaie clairement de décoincer ma chef, entrant en conversation avec un couple de parfaits inconnus dansant à côté. Je doute de l'efficacité de ses méthodes pour faire " s'ouvrir " ma supérieure, mais une chose est sûre : elle est hors de son élément et pas franchement à l'aise.



[Plus tard, dans la chambre]

Je m'affale à plat ventre sur le canapé sans même prendre la peine de mettre mes bras pour amortir la chute.

Je suis vannée.

- Alors, tu as passé une bonne soirée ? me demande Shaell

- Oui nickel, sauf pour la partie où je me suis renversée mon verre dessus et toi ?

- Idem. Je les adore.

- Je peux comprendre pourquoi.

Un doux sourire vient parcourir furtivement ses lèvres pleines. Pas de doute, elle les aime. Elle semble sortir de sa torpeur et se passe la main dans les cheveux, remettant le tout en place.

- Bon, je vais aller me coucher. Contente que tu aies passé un bon moment. Bonne nuit.

- Merci, toi aussi. Shaell ?

Elle se retourne et me regarde par-dessus son épaule. Je me rappelle ce que m'a dit Matt et j'imagine qu'elle doit être anxieuse pour demain.

- Tâche de te reposer. On va assurer demain, j'en doute pas.

Un sourire plus tard, elle me répond :

- J'ai confiance.

Et je sais à son regard qu'elle dit l'entière vérité.


Satisfaite, j'enfile rapidement mon pyjama, avant de m'allonger sur le canapé. Je roule en boule et amène à mes narines le haut que je viens juste d'ôter.

Je sais que c'est franchement bizarre, mais son odeur à un effet dingue sur moi, enivrante, entêtante, sensuelle... Je ne manque pas d'adjectifs pour la décrire, mais aucun n'arrive à la cheville du réel. Ça ne prend que quelques instants avant que je ne m'endorme paisiblement, enveloppée dans son odeur.


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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 20:41

Chapitre 7 - Le grand jour



Respire.

Concentre-toi.

Pose ta feuille sinon tout le monde va voir que tu trembles.

Reste bien droite.

Merde j'ai le pantalon qui me rentre dans la raie des fesses, je pourrai pas me retourner pour présenter les graphiques comme ça.

Oh non oh non oh non.

Inspire, Expire.

La même chose.

La main de Shaell sur mon épaule vient me sortir de la transe dans laquelle je me suis mise. Elle se penche légèrement pour venir chuchoter à mon oreille :

- Ça va aller t'inquiète.

Je sais que c'est que du blabla, mais venant d'elle ça me rassure.

Je m'accroupis derrière la table afin de vérifier que les câbles d'affichage sont bien reliés au PC portable. Cela me permet au passage de décoincer le pantalon de ma raie.

Alors que je suis affairée, j'essaie vainement d'ignorer la remarque d'un charmant monsieur ventripotent installé au fond : " oh oh, elle passe sous le bureau ".

Bien sûr, la tâche aurait été nettement simplifiée si la moitié de l'assemblée n'avait pas ri devant le commentaire. Certes les remorqueurs n'ont jamais gagné de prix " humour fin " mais quand même. On est à un congrès professionnel, merde.

Si moi j'arrive à mettre de côté mon attirance pour ma boss, ils peuvent bien garder leurs fantasmes pour eux.

En me relevant, je constate que Shaell arrive très bien à feindre n'avoir rien entendu. On se remémore ensemble le déroulement de la présentation, histoire de bien se mettre en confiance.

La regardant une dernière fois, je lance finalement le PowerPoint de présentation.


[Quelque temps plus tard]

Le moment où mon siège me tend les bras est le bienvenu. J'utilise ce qu'il me reste de contenance pour me retenir de m'affaler dessus. Bien évidemment, je ne peux m'empêcher de remarquer que Linda Parkson aka " ma nouvelle meilleure amie " a pris soin de nous garder deux places à ses côtés.

Elle chuchote quelque chose à ma boss avant de me gratifier d'un sourire.

À peine assise, la main de ma supérieure vient discrètement se poser sur mon genou.

- T'as assuré.

Je n'essaie même pas de retenir le sourire qui gagne mes lèvres. Valait mieux pour moi que ça se passe bien et j'avoue que je n'aurais pas espéré mieux. Les pros ont posé beaucoup de questions précises, ce qui montre à la fois qu'on a présenté quelque chose d'intéressant et qu'ils voulaient en savoir plus. En plus, vu qu'ils ont été plus loin dans les détails que ce qu'on avait abordé, j'imagine que nos explications générales étaient claires.

Je suis carrément soulagée que ça se soit bien passé. Je risquais ma place l'air de rien, et puis ça rattrape peut-être les bourdes que j'ai pu faire.

La présentation suivante commence et je ne sais pas si c'est la retombée du stress ou quoi, mais je peine à retenir les bâillements.

L'air de rien, j'en profite pour mater Shaell du coin de l'œil. Elle s'est montrée étonnamment supportrice. Comme quoi il n'y a pas que la cravache qu'elle connait, elle maitrise aussi la carotte.

Pour ma part, je préfère quand elle manie la seconde. Enfin, tout dépend du contexte. Un sourire vicieux vient se planter sur mes lèvres, l'imaginant parfaitement en dominatrice.

- C'est bientôt fini ? C'est sur l'estrade que se passe l'action. Dit-elle sans prendre la peine de camoufler son sourire.

Je devrais être honteuse de m'être ENCORE fait prendre, mais quelque part j'ai l'impression qu'il y'a une sorte d'acceptation tacite entre elle et moi. Je ne sais pas comment l'expliquer mais au fond je crois qu'elle sait pertinemment bien que je la regarde à la moindre occasion venue.

Et pas d'un côté strictement professionnel si vous voyez ce que je veux dire.

Pas de méprise.

Je ne suis pas en train de dire qu'elle l'accepte.

Elle le tolère plutôt.

Après tout, ça lui donne une nouvelle méthode pour me tourmenter.


À contrecœur, mon regard retourne se poser sur les deux types ventripotents qui tentent d'expliquer je ne sais trop quoi.

Je devrais prêter attention à ce qui se dit mais étant donné que je viens de sauver ma peau j'estime que j'ai droit à un break. Ce n'est pas tous les jours qu'on réussit à se sortir du pétrin et en même temps qu'on s'autorise à caresser une promotion du bout des doigts…

- Tu pourrais au moins faire semblant d'écouter.

- Mes profs ne se sont jamais aperçus de rien.

Ok, mon argument ne tient pas trop la route.

- Les profs sont pour une grande majorité trop blasés pour avoir le courage de te faire remarquer que tu somnoles de manière ostentatoire.

C'est quand elle sort le plus naturellement du monde des phrases comme ça que je me souviens pourquoi cette femme est douée pour mener des débats commerciaux. Généralement ses tirades sont sans appel.

Lorsque mademoiselle Parkson se penche pour chuchoter à l'oreille de ma supérieure, je réalise que le premier rang, à un siège de celle qui a organisé le congrès, n'est pas l'endroit idéal pour piquer un petit roupillon, aussi mérité soit-il.

Je m'efforce de me tenir droite et d'avoir l'air captivée par ce qui se dit, tout en espérant secrètement que la matinée ne s'éternise pas.

Un coup d'œil à ma montre m'indique que mon calvaire ne saurait trop tarder à prendre fin.

Pour mieux reprendre cet après-midi.

Duh.

Peut-être que je pourrais m'étouffer avec les bretzels qui garnissent le coin des salés, ce qui m'éviterait de revenir.

Mais pas l'arrachage d'yeux pour motif " abandon " que je subirais une fois passé le pas de la chambre.

J'imagine que la seule option qu'il me reste est de prendre mon mal en patience.


[En fin d'après-midi]

Mes inconfortables-bien-que-très-classe chaussures de boulot quittent mes pieds dès que j'ai franchi la porte. Retirer ces trucs là, c'est presque aussi bon que le sexe.

Comme pour me narguer, ma boss écarte les doubles portes et s'affale sur le lit dans un soupir tout ce qu'il y'a de plus sexy.

Ok peut-être pas aussi bon.

Mais pas loin alors.


Je resterais volontiers là, à ne rien faire d'autre que de m'enfoncer lentement et sûrement dans ce canapé, mais la voix de Shaell vient bien trop vite briser mon doux rêve.

- Te décontracte pas trop vite, la journée boulot n'est pas finie.

Jamais mes abdos ne se sont contractés plus vite qu'en ce moment précis, alors que je me relève pour lui lancer un regard mi-accusateur mi-meurtrier.

- Comment ça ? Je suis pas au courant !

Je suis tout ce qu'il y'a de plus indignée à l'idée que mon repos oh-combien mérité ne soit pas d'actualité.

Elle se contente de me fixer en clignant plusieurs fois des yeux pendant quelques instants, comme si je revenais tout juste d'un séjour de plusieurs mois dans un hôpital psychiatrique très très loin d'ici. En même temps, vu la vitesse à laquelle j'ai réussi mon abdo, je devais avoir une folle ressemblance avec les diables à ressorts qui sortent de leur boite.

- Liz. J'essaie de t'informer là.

Oui ben si tu pouvais le faire plus vite. Bougonnant, je demande :

- Bref. Comment ça pas finie ?

- On va au restau ce soir.

Mes traits s'illuminent. J'ai vraiment passé une bonne soirée hier. Peut-être qu'avec un peu de chance...

- Oh, cool. Avec Angy et Matt ?

Vu son air, à mon avis c'est pas ça. Elle secoue la tête, signe de négation et ne me répond pas, attendant probablement que je percute.

Qui d'autre que -


Oh.


OH…


- Le … la … Mademoiselle Parkson ?

Mon ton laisse tout à fait transparaitre ma crainte que ce soit la bonne réponse.

A son hochement de tête, mon cœur commence à battre la chamade.

Non non non.

Je ne suis pas prête.

- Pourquoi ne pas me l'avoir pas dit avant !?

Un de ses élégants sourcils se soulève avant qu'elle ne parle :

- J'ai préféré éviter une telle " réaction " en public.

- Quelle réaction ?

- Tu sais bien. Le " je suis tellement blanche qu'on dirait que je suis sur le point de m'évanouir " " oh non j'ai des palpitations " " c'est moi ou il fait chaud ? "

Je pourrais rétorquer.

Si si, je pourrais.

Je sais pas exactement quoi mais… hein ! Je pourrais.

Sauf que c'est l'exacte vérité.

Mais j'ai de quoi hein.

Ce séjour empire de minute en minute.

Moi je pensais qu'une fois qu'elle aurait eu ce qu'elle voulait, cette miss Parkson nous laisserait tranquilles.

Mon cu- ma cuisse !

Oui, j'ai récemment décidé qu'il fallait choisir entre vulgarité et obscénité lorsque je me parle à moi-même. Mais ceci n'est pas la question.

- Pourquoi ? Je veux dire, pourquoi avec ELLE ?

- Elle semble vouloir nous " remercier " du service rendu.

Ah, bon ça va, si c'est que ça.

- Et puis elle n'arrêtait pas de me parler de toi tout à l'heure, tu lui as visiblement fait de l'effet. Paraîtrait que je suis très chanceuse.

Son sourire joueur n'atténue pas mon envie de me défenestrer. Au contraire. Une chance que la baie vitrée ne s'ouvre pas.

Pour le coup, j'échangerais volontiers ma place.


Résignée, je me lève dans un soupir mélodramatique et me dirige vers la commode.

- Plutôt quel style ?

- Décontracté à ce que j'ai cru comprendre.

Je farfouille dans mes vêtements. J'ai bien fait de prendre la quasi-totalité de ma garde robe dans ma valise. Au moins j'ai du choix.

Et puis c'est ludique le casse tête au moment de la fermer : comment faire rentrer 4m3 de fringues et chaussures dans une seule valise de taille moyenne ?

Je trouve assez vite l'ensemble qui me convient pour ce soir. Un haut rouge, histoire de faire genre j'ai confiance en moi et mon jeans bleu clair tout simple.

J'aime bien le rouge, parce qu'au fond, j'ai toujours été persuadée que lorsque j'en porte, j'ai meilleure mine. C'est censé faire ressortir mes yeux bleus.

J'ai jamais vraiment osé demander si c'était vrai, de peur qu'on brise mon mythe. En tout cas ça fonctionne dans ma tête, ça me donne confiance et c'est déjà ça.

- Je peux ?

Je pointe du doigt la salle de bain. Elle acquiesce et je me dirige dans ce qui j'espère va être mon havre de tranquillité.

A travers la porte fermée, je lui demande :

- A quelle heure on a rendez vous ?

- 19h.

Oh, donc j'ai le temps de prendre une douche.



Fraichement douchée et ayant passé bien plus que ce qu'on considèrerait comme humainement possible de temps dans la salle de bain, j'en sors un peu plus sereine.

Avant de me faire bousculer par une Shaell pressée.

Hey, j'ai même pas eu le temps de me sécher correctement les cheveux !

Cependant, lorsque je vois exactement combien de temps j'ai passé dans la salle d'eau, je peux comprendre qu'elle soit présentement en train de speeder. Mon indignation meurt avant que les mots ne quittent ma bouche.

Faut dire que douche s'est bien vite transformé en bain rapide, qui s'est transformé en bain avec huiles essentielles, puis masque pour le visage etc etc…

Au moins je suis détendue, alors rien que pour ça, ça valait le coup.

Bon après n'allez pas croire que ça veut dire que j'ai plus envie d'y aller que tout à l'heure. Parce que c'est faux.

J'ai un mauvais pressentiment. Et généralement, avec la chance qui me fait cruellement défaut, je ne me trompe pas.

Elle sort de la douche après ce qui me semble être quelques millisecondes, entièrement habillée. Parfois je me dis que cette femme recèle bien des mystères. On m'apprendrait qu'elle a été transformiste pendant des années, après l'exploit qu'elle vient de réaliser j'y croirais sans problème.

Elle ne prend même pas le temps de se sécher les cheveux et m'attrape le bras, me traînant vers la sortie. Je pleurniche immédiatement, voulant repousser l'échéance :

- Mais j'ai pas fini de me préparer !

- Moi non plus, grâce à toi. Me répond-elle accompagné d'un regard meurtrier.

Elle trottine à moitié jusqu'au restaurant et n'ayant pas lâché mon bras, je suis bien forcée à suivre la cadence.

On arrive pile poil cinq minutes avant l'heure.

- Ah ben tu vois, c'était pas la peine de m'arracher à moitié le bras, on est même en avance.

Je suis assez fière d'avoir marqué un point jusqu'à ce qu'elle réponde :

- Elle est déjà là.

Duh !

À peine la baie vitrée passée, Linda nous accueille avec… enthousiasme. Je ne suis pas quelqu'un de super tactile, alors c'est vrai qu'une " inconnue " qui me serre dans ses bras en me faisant la bise… C'est perturbant. Cette femme est américaine, donc normalement les bisous c'est en trop. M'enfin.

Je n'ai pas le temps de m'inquiéter davantage de l'excès de familiarité de nôtre hôte que déjà nous sommes conduites à une table.

On traverse le restaurant déjà à moitié plein rapidement. Personnellement, ce n'est pas le genre d'endroit où j'aime passer du temps. Des objets étranges trainent un peu partout et l'harmonie des couleurs est visiblement un concept étranger au type qui a décoré les lieux.

Voyant deux chaises d'un côté et une banquette de l'autre, je me dirige rapidement vers l'une des chaises. Si vous voulez mon avis, la situation est déjà suffisamment gênante sans que je sois côte à côte avec ma supposée petite amie.

- Vous savez, vous pouvez aller à côté d'elle. Je ne voudrais pas vous séparer.

Je m'efforce de faire un sourire qui est supposé avoir l'air joyeux, mais je crois qu'il sort un chouïa crispé.

C'est donc avec une joie toute en retenue que je prends place aux côté de ma boss.

Je feins une lecture plus qu'approfondie du menu pour ne pas avoir à regarder l'une comme l'autre.

- Hum, c'est horrible, tout m'a l'air appétissant.

- A qui le dites-vous ! Répond Shaell à l'autre femme.

- Dites, j'ai une question : le tutoiement vous gêne ?

- Non, du tout.

- Ça m'arrange, généralement les " formalités " ne sont pas de mise avec les remorqueurs.

Je les laisse discuter tout en essayant de me recoiffer discrètement dans le reflet de ma petite cuillère.

Je ne sors jamais sans me sécher les cheveux, alors je m'attends à voir une touffe incroyable surmonter ma tête mais en fait ça va. C'est potable.

- Vous êtes chanceuses d'avoir eu le temps de prendre une douche, j'ai été retenue au congrès jusqu'à il y a un quart d'heure environ.

Je croyais qu'elle avait dit qu'elle allait nous tutoyer ?

Je relève la tête et suit son regard, des cheveux mouillés de Shaell aux miens, pas beaucoup plus secs.

Oh

- Je reviens tout de suite.

Profitant du fait que Linda se lève, j'observe ma chef, dont l'incompréhension se lit clairement sur le visage.

- Elle ne vient pas de demander si on peut se tutoyer ?

Heureusement qu'elle est assise, le choc sera peut-être moins grand.

- Elle croit qu'on est un couple. Et… Tes cheveux sont aussi mouillés que les miens. Dis-je en pointant du doigt sa tête puis la mienne.

- Oh… Une douche ensemble ?

Tout en acquiesçant, je retiens le sourire qui menace de s'échapper devant la légère rougeur qui vient colorer ses joues. C'est trop mignon.

- Je crois que je ne me ferais jamais à cette idée de jouer le couple. Me dit-elle.

- Hey, c'est vexant.

- Roh non, c'est pas ce que je veux dire ! C'est pas toi le problème, c'est juste, trop bizarre, tu es mon employée.

- Mouais.

- Tu vois ce que je veux dire ?

Comme pour appuyer ses faits, elle pose sa main sur la mienne. Je m'apprête à répondre quand Linda s'assied à la table. Je ne vois qu'une solution : pour être aussi discrète, elle doit revenir d'un voyage au Tibet où elle a tout appris des moines Shaolin. Je l'ai pas entendue revenir.

Toujours est-il que j'ai ma boss, qui fixe alternativement Linda et nos deux mains façon " biche apeurée devant les phares d'une voiture " et moi qui ne sait pas trop comment réagir.

Je retire ma main dans un sourire crispé, embarrassée.

- Ça ne me gène pas vous savez.

Devant notre froncement de sourcils, elle ajoute :

- Que vous vous teniez la main. A vrai dire je trouve ça plutôt mignon.

Ne sachant pas du tout quoi faire, je jette un coup d'œil en direction de Shaell.

Elle me fait un sourire tout ce qu'il y a de plus crédible et tourne sa main dans une invitation silencieuse.

Je ne peux que constater mon membre qui réagit à l'encontre des messages que lui envoie mon cerveau, observant ma main venir se loger au creux de la sienne.

Linda semble, elle, tout à fait satisfaite.

- En tout cas, vous m'avez rendu un fier service en acceptant de passer en premier.

- Et toi en organisant le congrès, on est quittes. Réplique ma chef.

Je suis bien trop soulagée du changement de sujet pour prendre part à la conversation.

- Merci quand même. En plus vous avez fait un carton, j'ai eu de bons échos pour votre projet. Ambitieux et bien présenté, tout ce qu'il faut pour un succès.

- Pour la présentation, le mérite revient entièrement à Liz.

Sa main serre un peu plus fort la mienne et j'ajoute :

- Et elle est à l'origine de beaucoup de points du projet.

Toutes deux sourient devant mon affirmation. J'imagine que de nous voir nous renvoyer la balle doit être assez mignon. Même si ce n'était pas franchement notre intention.

- En tout cas j'espère pour vous que vous avez apporté suffisamment de cartes de visites, quelque chose me dit que ça ne va pas être du luxe ! dit Linda

- Tant mieux !

Le serveur vient prendre notre commande, rompant avec efficacité la discussion.

Pour une fois que celle-ci ne portait pas sur un sujet qui me met mal à l'aise.

Une fois nos plats choisis, un léger silence s'installe.

Elle nous fixe intensément, un large sourire aux lèvres. A vrai dire, je me sens tellement scrutée que je finis par craquer :

- Quelque chose ne va pas ?

- Non. Je suis juste très curieuse.

Shaell et moi nous regardons l'une l'autre, puis ma boss s'enquiert :

- Curieuse à propos de ?

- Votre couple.

Elle aurait jamais du demander sur quoi se portait sa curiosité.

Si les énormes pics qui sont déjà plantés dans mes fesses sont une quelconque indication, je sens l'approche d'un sujet épineux.

Linda prend notre absence de réponse comme une acceptation tacite de ses questions puisqu'elle se met à parler :

- Comment s'est passé votre premier baiser ? Je veux dire, ça doit être spécial vu que c'est une relation " patronne / employée ".

Oh mon Dieu. Comment on va se sortir de ça ?

En tout cas, la question ne semble pas inspirer plus Shaell que moi. Et ça la stresse également, vu qu'elle en train de réduire les os de ma main en toute petite poudre.

Espérant m'en sortir " facilement " je choisis de tenter de me décharger, quitte à affronter la tempête une fois rentrée, en disant :

- Vas y, raconte-lui toi.

Elle se tourne vers moi pour me faire face et malgré le sourire qui orne ses lèvres, je sais qu'elle n'a pas apprécié. Comment je le sais ? Simple. Déjà sa main continue son opération destruction sur mes phalanges et la lueur meurtrière dans ses yeux le confirme.

- Nan chérie, je suis sûre que commère comme tu es, tu meurs d'envie de le dire à quelqu'un, vu qu'au boulot ça doit déjà te démanger de ne pas pouvoir le dire.

Je la hais.

Cette femme, bien que très attirante, est le démon personnifié.

- Très bien. Alors je vous fais la version courte ok ?

- Ah non, c'est pas souvent que j'ai l'occasion d'entendre ça ! répond Linda.

Ok.

Bon.

C'est définitif, je suis dans la merde.
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 20:42

Chapitre 8 - L'histoire



Mes yeux se posent un peu partout autour de moi, prenant note du décor du restaurant en espérant y trouver l'inspiration. Manque de chance, à part une tapisserie de mauvais goût, je n'y trouve pas grand-chose.

Heureusement, le serveur revient avec notre apéritif et des amuse gueule et cette fois-ci je bénis l'interruption.

Ça me laisse un peu de temps pour inventer quelque chose. Heureusement pour moi, j'ai beaucoup d'imagination. Pour une fois, elle va servir.

Je ne m'empresse pas de répondre, je sais que c'est vain mais j'espère néanmoins qu'elle va être frappée d'amnésie soudaine.

Toute gaie, sans mauvais jeux de mots, Linda dit d'une voix joyeuse :

- Parfait, un cocktail et de quoi grignoter, pile pour le début de l'histoire.

Autant pour l'amnésie.

Je le savais que c'était pas une bonne idée ce voyage !

- Ok… Alors ça faisait déjà quelques mois que Sha était devenue notre chef.

Je remarque que Linda n'est pas la seule à prêter attention à ce que je dis. Ma boss ne cache pas son intérêt et se penche un peu sur la table afin de me regarder sans trop avoir à tourner la tête.

Imperturbable (ou presque), je continue ma fable.

- On devait travailler sur un projet en commun, quelque chose d'énorme qui allait prendre un temps fou. J'ai bien sûr essayé de lui dire qu'on aurait pas fini avant pas d'heure, mais elle n'en a fait qu'à sa tête et m'a assuré que c'était possible de boucler le tout à la fin des heures de bureau.

Cette remarque me vaut une petite claque joueuse sur le bras.

- Bien sûr, devine ce qu'il s'est passé ?

- Vous n'aviez pas fini ? suggère immédiatement Linda, visiblement déjà à fond dans ce que je raconte.

- Pas du tout ! En plus pour arranger le tout, un gros client l'a appelée pour qu'elle vienne le voir urgemment. Le genre de visite qu'on ne peut pas trop refuser. Du coup elle m'a comme plantée seule au bureau, alors que tout le monde était parti.

- Nan nan nan, je dirais pas que je t'ai plantée, c'était une obligation ! tente de protester Shaell.

C'est MON histoire, je l'invente comme je veux. Non mais.

- Oui, bref, c'est ce qu'on dit. Du coup je me dis " pourquoi je resterais au bureau alors que je peux faire la même chose beaucoup plus efficacement de chez moi ? "

Ma supérieure embraye spontanément :

- Imagine ma surprise, quand, en revenant de chez le client, je trouve les bureaux désespérément vides et pas le moindre signe d'où elle aurait pu aller. J'ai cherché partout, me disant qu'elle avait peut-être fini le dossier puis l'avait abandonné dans un coin pour que je le trouve…

Elle joue son rôle à la perfection, si je n'étais pas persuadée que ce qu'on dit n'est qu'un énorme tas de mensonges je nous croirais presque. Je prends le relais et continue en la voyant en mal d'inspiration :

- Sauf que non, j'étais tranquillement chez moi, un latte à la main, en train de fignoler le tout.

- N'empêche que t'aurais pu laisser un mot.

- Fallait pas partir ! Bref. Mon téléphone sonne, l'écran affiche le numéro du bureau, je décroche et là…

Histoire de faire languir, je laisse planer le suspens quelques instants avant de reprendre :

- Tina Turner n'a qu'à bien se tenir parce que les sons incroyables que me transmet mon cellulaire sont d'une puissance phénoménale. Une vraie harpie !

Linda me lâche un instant du regard pour tourner des yeux ronds en direction de Shaell. Bien sûr, ma chef n'est pas franchement à l'aise et tente de se justifier :

- Elle exagère. J'ai à peine haussé le ton.

- C'est pas ce qu'a dit mon ORL le lendemain en constatant les dégâts. Dans mon oreille, le marteau vibrait encore !

- Tu vois, exagération ! Ajoute ma boss tout en me donnant une autre tape.

- Violences sur employés, ça peut aller loin !

Je suis très fière de la situation dans laquelle je l'ai mise. J'ai parfaitement conscience que ça va se payer mais pour l'instant mon bonheur ne pourrait pas être plus complet. Du moins pas en public et avec tous mes vêtements.

Elle lève les yeux au ciel, puis dit :

- Continue au lieu de dire des bêtises !

- Chef, oui chef !

Je mime un soldat en apportant ma main à mon front, ce qui fait rire Linda et me vaut un énième regard assassin de ma boss.

Sa main passe sous la table et glisse sur ma cuisse. Instantanément j'ai le cœur qui se met à battre la chamade. C'est dingue l'effet qu'elle me fait. Mais pourquoi elle fait ça ? Je la fixe d'un air interrogateur pour savoir.

Elle me fait un mouvement de la tête l'air de dire continue avant de désagréger mon quadriceps sous sa main.

Violences sur employés, je ne le dirais jamais assez !

Je suis sûre que j'aurais la trace de ses doigts en bleus demain ! La pression continue me pousse à poursuivre mon histoire très rapidement.

- Bref je lui réponds que je suis chez moi, et que j'ai même presque fini le dossier. Madame patiente me demande si elle peut passer le chercher, histoire de voir ça ensemble et de dormir tranquille. Je réponds oui et lui donne mon adresse. Après un temps bien trop court pour quelqu'un ayant respecté les limitations de vitesse, elle sonne à ma porte. Je lui ouvre et j'ai à peine le temps de me retourner qu'elle est déjà en train de consulter mon ordinateur.

- Le moins qu'on puisse dire c'est que tu ne prends pas ton travail à la légère ! fait remarquer Linda à ma boss.

- Non, c'est sûr. C'est un métier où il faut s'impliquer !

Je souris devant leur échange et continue ma narration :

- Donc je m'approche d'elle, tout en retenant le commentaire qui menace de s'échapper concernant la manière qu'elle a eue de consulter sans se gêner mon PC.

- C'est bon, ce n'était pas ton portable personnel, mais celui du boulot !

Elle fait avec brio la tête de celle agacée que le sujet soit encore une fois remis sur le tapis. Je l'ignore et poursuis mon histoire :

- Toujours est-il qu'elle se retourne, toute joyeuse. " T'as fait du bon travail ". Pendant un instant j'ai même cru qu'elle allait me prendre dans ses bras ! Non pas que je l'aurais repoussée hein mais… Merci.

Je commence à piocher dans le plat que m'a donné le serveur. Ça sent super bon. J'ai pris un filet mignon et des petits légumes, c'est à tomber !

J'en oublie que j'étais en train de parler jusqu'à ce que ma boss me le rappelle avec la délicatesse qui la caractérise :

- Continue.

Peut-être est-elle aussi intriguée que Linda par la suite de l'histoire ?

Parce qu'en tout cas, ma fable a le mérite de captiver notre interlocutrice, elle ne m'a pas lâchée du regard depuis tout à l'heure. C'est tout juste si elle a jeté un coup d'œil à son assiette de pâtes carbonara.

Craignant de voir ma cuisse à nouveau broyée, je m'exécute et reprends :

- Elle copie le tout sur sa clé USB et se retourne, visiblement déjà prête à me fausser compagnie, quand son ventre émet un gargouillis à faire trembler les murs. A vue de nez, je l'aurais placé entre 4 et 5 sur l'échelle de Richter.

Ma boss rougit, probablement comme elle l'aurait fait si la scène avait vraiment eu lieu. Je prends quelques bouchées de mes mini pommes de terre et reprends la parole en la pointant du doigt, même si ça me fend le cœur de pas profiter plus du plat :

- Elle fait à peu près cette tête là et commence à s'excuser! En la regardant de plus près, je lui ai même trouvé un air fatigué. Alors du coup, je me décide à faire quelque chose qui ne m'aurait même pas traversé l'esprit si je n'étais pas prête, moi aussi, à tomber de fatigue : je lui ai proposé de rester dîner. D'ailleurs je ne sais pas pourquoi, je suis la pire cuisinière au monde.

- Je pense qu'elle voulait m'achever. Dit Shaell d'un air conspirateur. Bien sûr, sur le coup je refuse et tente d'éluder la proposition en m'enfuyant sans répondre mais elle n'était pas de cet avis. 5 minutes plus tard, ne me demande même pas comment, je me suis retrouvée les pieds sous la table à attendre que mon repas cuise.

Héhé, c'est marrant mais j'ai l'impression qu'elle se prend vraiment au jeu. Je lui fais un petit sourire et rétorque :

- Au moins je prends soin de mes invités ! Quant à moi j'étais en train de faire à manger, ou plutôt de tenter de réaliser quelque chose de comestible tandis que mes pensées se résumaient à " crotte crotte crotte crotte crotte pourquoi j'ai fait ça " !

- Tu avais une idée derrière la tête ? me demande Linda, curieuse.

J'hésite un moment avant de répondre. Je me demande si c'est judicieux d'avouer mon désir pour elle. Quelques secondes de réflexion plus tard, je me décide à me lancer, de toute manière vu la discrétion dont je fais preuve, je suis quasi-sûre qu'elle le sait déjà :

- Non. Enfin ! Je… j'étais très attirée par elle, mais c'était physique avant tout et puis avec son air hétéro, je pensais que j'avais pas de quoi espérer. Donc non, j'ai pas vraiment voulu tenter ma chance, je sais encore aujourd'hui pas franchement pourquoi j'ai proposé qu'elle reste.

- C'est pas moi qui vais m'en plaindre en tout cas ! ajoute ma chef tout sourire en me caressant l'épaule.

Je pourrais m'y faire à cette histoire de couple ! Et si Linda venait nous rendre visite au bureau à notre retour?

Concentre-toi Liz !

Ne te laisse pas perturber par des pensées perverses mais oh combien tentantes !

- Toujours est-il qu'on se met à table, et que je sors un petit blanc pour arroser le tout. Je sais très bien comment je suis quand je bois, alors je me sers qu'un demi-verre. Mieux vaut prévenir que guérir.

Ma boss prend le relais :

- Mais j'étais pas d'accord, j'adore le blanc et je voulais pas passer pour une poivrotte à côté d'elle en buvant un verre entier.

- Donc elle m'a resservie allègrement.

- Une idée derrière la tête ? demande Linda, rieuse, mais à ma supérieure cette fois-ci.

Elle rougit violemment, avant de répondre tant bien que mal :

- Non. Je… C'est juste que j'étais… contente d'avoir l'occasion de me détendre.

- Avec Liz !

- Non, peu… pas spécialement avec elle, de me détendre tout court !

- Comment ça pas spécialement avec moi ?

Mon air faussement énervé et accusateur est tout à fait réussi, et c'est fière de moi que je la vois se " dépatouiller ". Pour une fois que je ne suis pas celle dans cette situation !

- Tu sais très bien que c'est pas ce que je veux dire. J'avais juste besoin de me détendre.

- Donc pas de motivations cachées. Mais tu avais déjà été avec une femme avant ? demande la rousse.

Je me sers un délicieux verre de vin bien fruité qui termine de rendre la situation parfaitement savoureuse. Je me demande comment elle va se sortir de celle là. " Oh non j'étais avec mon mec depuis le lycée ".

Un sourire narquois vient se ficher sur mes lèvres tandis que j'attends sa réponse.

- Oui, pendant 3 ans.

Ma bouche fait de son mieux pour conserver le précieux liquide à l'intérieur, alors que le réflexe de mon corps était de recracher le tout sur la table. Je suis traumatisée, mais j'essaie de le cacher.

Elle a vraiment été avec une femme ?

No way !

Elle a sûrement juste dit ça pour le bien de l'histoire. Reste plus qu'à m'en persuader.

Nan parce que sinon ça va pas le faire.

Fantasmer sur ma boss inaccessible, passe encore.

Fantasmer sur ma boss tout aussi attirée par les femmes que moi… Ça va vite devenir délicat !

Ne rêve pas Liz, rien n'indique qu'elle ait un jour été attirée par le sexe féminin ! Inutile de t'emballer. Cette " déclaration " a été faite dans le cadre d'une histoire fictive je te rappelle.

- Oh, je n'aurais pas dit !

- Comme quoi ! J'ai toujours été du genre à garder ma vie privée séparée de ma vie professionnelle.

- Pour le coup c'est un peu raté. Réplique Linda en riant

- Oui… Mon cœur en avait décidé autrement.

Elle me lance un regard que je jurerais plein d'amour. Est-ce qu'elle cessera un jour de m'épater ?

- En tout cas vous formez un superbe couple ! Le genre qu'on ne voit qu'à la télé normalement !

Je sens la chaleur qui me monte aux joues et je baisse la tête, gênée. Je finis par me remettre et me tourne pour regarder ma boss, qui exécute exactement le même mouvement en même temps. Duh, tu parles de fâcheuses coïncidences.

- Et donc ? On approche du baiser je me trompe ?

L'audace et l'indiscrétion maladive de Mlle Parkson me font sourire. C'est rare de nos jours de voir quelqu'un d'aussi ouvertement curieux. En même temps, le milieu professionnel dans lequel on évolue n'est pas franchement folichon.

- Non, tu as raison. Quelques verres plus tard, j'insinue que je suis fatiguée. Je me lève pour aller mettre les assiettes dans l'évier, puis me retourne. Et elle était là…

Linda se penche en avant et ouvre grand les yeux :

- Debout contre toi ?

- Non. Elle était exactement là ou je l'avais laissée. Elle n'avait pas bougé de sa chaise. J'étais pourtant persuadée qu'elle n'attendait qu'une chose : partir. Après tout, à la base, je l'avais quasiment forcée à rester !

- Et après, il se passe quoi ?

Linda regarde avidement Shaell puis moi à tour de rôle. On dirait qu'on lui raconte le dernier film au box office. Je continue donc :

- Je me suis approchée, je lui ai tendu la main pour l'aider à se lever. Elle l'a prise… mais m'a attirée à elle. Je me suis retrouvée à cheval sur ses genoux et j'avoue que j'étais divisée entre être gênée et me laisser aller.

- Wow ! Et donc ? Tu l'as embrassée ?

Elle se tourne vers ma chef, qui est très occupée à faire un tri très très précis des 3 pauvres bouts de viande restant dans son assiette.

- Raconte-lui. Me dit-elle sans lever la tête.

- Je me suis décidée à la regarder dans les yeux. Je me suis comme à chaque fois émerveillée de leur couleur. J'étais plongée dans ce vert quand j'ai senti sa main se glisser derrière ma nuque. Et puis elle m'a dit : " maintenant ou jamais ". Et j'ai cédé.

Un sourire de contentement vient se placer sur les lèvres fines de la rousse.

J'imagine que mon histoire lui a plu. Je devrais faire scénariste !

Après quelques instants de silence, pendant lesquels je profite enfin du peu qu'il reste dans mon assiette, Linda commente :

- C'est une très belle histoire.



A qui le dis-tu.

Dommage que pas un mot ne soit vrai.

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Chef oui Chef - Justme Empty
MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 20:44

Chapitre 9 - Débriefing



Le reste du dîner s'est plutôt bien passé. Elle n'a pas arrêté de poser des questions sur notre couple, comment on gérait ça par rapport à l'entreprise etc... Heureusement, Sha s'est chargée d'inventer cette partie là. On est même retournées à notre hôtel en discutant avec Linda sur le chemin.

Finalement, alors qu'on est là, toutes les deux dans l'ascenseur qui nous ramène à la chambre, je réalise un truc :

- J'ai quand même passé une bonne soirée. Je n'aurais pas cru.

Elle se tourne vers moi en souriant, se mord légèrement la lèvre, comme pour se retenir, puis dit :

- Moi aussi. Bravo pour l'invention sur commande.

Elle fait glisser le pass dans la serrure et on entre tour à tour.

- Même si la partie où je suis supposée dire " maintenant ou jamais " n'était pas super réaliste.

Pas super réaliste ? Elle vient de me dire exactement les mêmes mots en s'approchant de moi d'un air séducteur et je peux vous jurer que de là où je suis, c'est parfaitement réaliste. Et ce ne sont pas mes genoux qui bloblotent qui vont dire le contraire.

- J'inventais au fur et à mesure hein ! On fait ce qu'on peut !

- Oui. Plutôt mignon comme histoire.

Elle retire ses chaussures dans un soupir de contentement et se dirige vers sa partie de la chambre.

- Je sais qu'il n'est pas tard, mais je suis fourbue, je crois que je vais aller me coucher. Une toute aussi longue journée nous attend demain. Dit-elle après avoir consulté sa montre.

- A qui le dis-tu ! Il se fait quelle heure ?

- 21h10

- Merci. Par contre je vais juste aller dans la salle de bain avant que tu ne te couches.

- Fais donc !

Alors que je suis occupée à essayer de faire pipi tout en me brossant les dents, je l'entends me parler à travers la porte.

- T'as remarqué qu'elle n'a même pas essayé de prétendre que c'était un repas pour le boulot ?

Je termine vite fait mes deux occupations avant de répondre.

- Oui ! Mais déjà la première fois que je lui ai parlé ça m'avait frappé. Elle est super curieuse.

- Mais sympa. Je l'ai trouvée très agréable.

- Moi aussi.

Je me lave les mains et me passe un peu d'eau sur le visage.


Le miroir me renvoie un reflet que j'aurais préféré ne pas voir.


J'ai la tête de celle qui a passé une très bonne soirée, essentiellement due à la compagnie.

La frontière entre la harpie des bureaux et ce que je peux entrevoir de la vraie Shaell se fait de plus en plus épaisse.

Je ne suis pas sûre que ça soit une bonne chose.

J'aime assez la femme avec qui je viens de passer la soirée.

Trop peut-être.

Shaell est intelligente, sympathique, très belle...

Et hétérosexuelle.


Je me décide à sortir de la salle de bain une fois mon rituel pré-dodo accompli. Elle s'est déjà changée.

La sonnerie du téléphone me coupe dans mes pensées. Intriguée, je me tourne pour voir Shaell qui hausse les épaules avant de répondre.

Bien sûr, c'est dur de deviner ce qui se dit par seulement la moitié d'une conversation.

" Allo ? Oui. Oui c'est exact. Ah ? Oh ! Oh non, je vous remercie, ce n'est pas nécessaire. Oui. Bien sûr. Merci encore. Bonne soirée "

Devant mon regard interrogateur, elle se contente de dire :

- La réception. Ils nous ont vues monter et voulaient me demander quelque chose.

-_-

Quelque chose.

C'est tellement précis.


Je m'avance vers le canapé, shoote dedans, puis m'assieds dessus. Ça me vaut un sourcil levé de ma boss.

- J'ai mal partout.

Elle sourit depuis son lit, ce qui, j'imagine, veut dire que c'est à moi de fermer les doubles portes. Déjà que j'ai mal partout, je dois me relever pour faire ça.

Mes mains viennent se poser sur chacun des battants. Je relève la tête avant de les fermer, et quelque chose dans son regard me fait m'arrêter. A la place, je dis :

- Bonne nuit.

Elle se mord la lèvre inférieure, semblant réfléchir. Finalement, alors que ses yeux ne m'ont pas quittée un instant, elle lâche un soupir et défait les draps de l'autre côté du lit.

- Viens.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que je suis surprise. Je pensais qu'elle allait me laisser croupir sur ce canapé jusqu'au bout.

- Je me change et j'arrive.

- J'espère que tu ne dors pas nue ! Sinon tu peux reconsidérer ma proposition !

Je souris, sachant très bien que c'est sa manière de me charrier pour dédramatiser le truc. Elle se lève toujours plus tôt que moi, c'est sûr qu'elle a vu que j'étais habillée.

L'idée de me pointer nue me paraît tentante l'espace d'une fraction de seconde.

Mais faut pas rêver : j'oserais jamais et en plus la perspective de dormir sur le canapé par ma faute alors qu'on m'avait proposé un lit me calme direct.


Une fois changée, je prends une grande inspiration avant d'aller près du lit.

Je pose avec hésitation mes fesses sur le matelas, persuadée que dans un instant elle va me dire que c'est une blague et m'ordonner de retourner sur le canapé.

Mais rien ne se passe. Je me retourne, peu assurée.

Face à mon hésitation, elle sourit et tapote le matelas.

- Promis, je ne vais pas te manger.

A vrai dire, c'est plutôt de ce que moi je pourrais faire dont j'ai peur !

Je m'allonge de tout mon long, essayant de me faire à l'océan de confort auquel je n'ai pas eu droit les nuits précédentes.

Bien sûr, y'a aussi le fait que je suis hyper stressée par la personne à mes côtés. Je la regarde à nouveau, ne sachant pas trop quoi faire, quoi dire…

Elle semble hésiter avant de se mettre à parler d'une petite voix compatissante :

- Si ça te dérange, t'es pas obligée tu sais.

- Non, ça va, faut juste que j'arrive à me décrisper.

- C'est juste que ce canapé a pas l'air super confortable et que ce soir je n'ai pas le cœur à te laisser dormir dessus. Après tout c'est pas ta faute ce problème de chambre.

- C'est pas faux.

Je sais que le moment est atrocement mal choisi, mais y'a quand même une question qui me trotte dans la tête :

- C'était vrai cette histoire de relation ?

Son regard est tourné vers moi tandis qu'elle sourit et s'approche.

Ma respiration s'arrête bien malgré moi. Je me demande ce qu'elle va faire, alors qu'elle s'arrête à quelques centimètres de mon visage. J'ai l'impression qu'elle peut entendre à quel point mon cœur bat fort. Ses cheveux chatouillent mon cou mais je n'ose pas faire le moindre mouvement.

Elle dépose un baiser sur mon front, puis se recule avant de me murmurer :

- Bonne nuit Liz.

Ses doigts vont trouver l'interrupteur et elle éteint la lumière.

Hey !

Et ma réponse alors ?

- Mai-

- Dors.

Un regard vers le canapé me fait oublier de protester davantage.

N'empêche que j'aurais bien aimé savoir.

Un baiser sur le front et bonne nuit ne sont pas franchement un signe d'amour des femmes.

Ou alors je suis zoophile, parce que je me souviens parfaitement avoir fait la même chose à Sacapuces la fois où j'avais dû le garder !

J'essaie de me détendre et de m'installer confortablement, d'oublier à quel point celle allongée à mes côtés m'attire et de passer une bonne nuit, histoire de rattraper celles d'avant.

Moi qui était crevée y'a pas si longtemps, je n'ai plus du tout sommeil. Pourtant le stress devrait être retombé là…

Je n'ai que trop conscience des lumières des casinos qui clignotent de l'autre côté des rideaux opaques, du corps chaud à mes côtés ou du fait que j'aimerais m'endormir vite même si je sais que c'est mal parti.


C'est le service de réveil de l'hôtel qui me tire de mon sommeil.

Heureusement, il n'y a pas eu d'incident pendant la nuit. En plus ce matin je n'ai pas émergé en mauvaise posture, du genre contre elle ou autre. Pourtant dans les films ça arrive tout le temps.

Non, ce matin à mon réveil j'étais de mon côté du lit et … seule.

Je préfère, c'est une situation embarrassante et ingérable, à éviter. Pour tout dire, bien que les situations étranges ne font que s'empiler depuis notre arrivée, je crois que mon entrainement ne servirait à rien devant " me réveiller aux côtés de Shaell Mackenzie ".

J'entends la serrure qui se déverrouille, signe que ma colocataire revient de son footing.

Elle porte son habituelle tenue de sport, celle qui ferait pâlir d'envie toutes les profs de fitness du monde. Remarquez, si j'étais aussi bien foutue qu'elle je n'hésiterais pas non plus. Bon, excepté une taille modeste je n'ai pas franchement à me plaindre mais elle…

Un rapide aller retour de mes yeux me le confirme : on n'est pas dans la même catégorie.


Elle reprend son souffle pendant quelques instants, et me sourit en demandant :

- Enfin réveillée ! Bien dormi ?

- Carrément. Ce lit n'a rien à voir avec le canapé !

J'accentue mes propos en baillant un bon coup.

- J'imagine !

Elle se penche et retire ses baskets, tandis que je commence à m'étirer, histoire de passer en mode éveillée. Lorsqu'elle se relève, je jurerais que ses yeux s'arrêtent un instant sur ma poitrine tendue par l'étirement.

Mais peut-être que je me trompe.

Après tout, ça ne m'étonnerait pas que je devienne un peu dingue.

Depuis le tout début, elle me rend chèvre, alors qu'on ne prétendait même pas être en couple à cette époque ! Mais ça m'embêterait que ma nuit aux côtés d'elle se soit bien passée uniquement dans mon sens. Je m'inquiète donc :

- Et toi ? J'ai pas tiré la couette ?

Elle sourit un peu plus et me répond après s'être affalée sur le lit à mes côtés :

- Non. D'après ce qu'on m'en a dit, ce serait plutôt ma spécialité.

J'essaie.

Si si, j'essaie.

Mais je n'arrive pas à me retenir plus de 1,25 seconde.

- On ? Celle avec qui t'as eu une relation de 3 ans ?

Le son qu'elle émet est entre soupir et rire dénué d'humour, tandis qu'elle se tourne sur son flanc pour me faire face :

- Tu renonces jamais ?

- Mon métier me l'interdit m'dame !

J'abandonne mes étirements pour me rallonger à ses côtés. Alors qu'on contemple toutes les deux le plafond, je demande :

- Donc pour ma réponse…

Je reçois une petite tape qui je pense était destinée à mon ventre, mais atterrit plus sur mon sein qu'autre chose. Je pousse un petit cri de douleur et m'apprête à me masser avant de me raviser. C'est peut-être un chouïa malvenu.

Elle relève immédiatement, un air coupable absolument trognon sur le visage.

- Pardon ! dit-elle en portant la main à sa bouche. Je t'ai fait mal où ?

Sa main palpe mes côtes, et j'hésite à feindre une douleur à cet endroit.

- Euh non en fait, tu m'as frappée sur le…

Mon doigt vient pointer la partie de mon anatomie que je me refuse à mentionner à voix haute.

- Ah ! Euh. Désolée ! Pas fait exprès.

Elle rougit et je dédramatise la situation en répondant :

- Bah, j'ai l'habitude que tu me violentes !

- Mouais. D'ailleurs merci de m'avoir fait passer pour un monstre hier soir !

- Oh arrête ! Ose dire que c'est volé ?

Elle prend un air fin offusquée mais pourtant ne réplique pas.

- C'est ce qu'on appelle un silence révélateur.

Ohhhh comme je savoure la première fois où je lui ai cloué le bec.

- N'en rajoute pas trop Liz.

Son ton rieur m'indique qu'elle accepte la défaite. Temporairement. Sa voix chaude vient rompre le léger silence qui s'était installé :

- Je me souviens également de toi qui tente de me refiler le bébé.

- Le bébé ? Quel bébé ?

Je suis carrément confuse ! De quoi elle m'accuse au juste ?

- T'as essayé de me faire raconter l'histoire !

Elle se tourne complètement vers moi, accoudée et la tête reposant sur sa main. Je ne manque pas une miette de son regard accusateur ni de ce que le mouvement laisse entrevoir de son décolleté.

Ben quoi ? Je reste moi !

Me motivant comme je peux, je m'arrache au confort du lit pour aller m'habiller. Inutile d'aller dans son sens et de m'embarquer dans une conversation potentiellement réprobatrice.

C'est le dernier jour de présentation des différents projets, après on aura une petite pause pour profiter du dimanche et le plan sera ensuite de négocier des partenariats ou autre…

La seule chose qui arrive à me faire sortir du lit est la perspective qu'une fois cela fait, j'aurais un moment de répit.

En plus, l'idée de passer du temps avec ma chef ne m'effraie même plus. Finalement, une fois sortie des bureaux elle n'est pas si terrible.

La voix de Steph me parvient dans ma tête " c'est le chien qui jappe pour que tu t'approches et GNAP, il te mord la main !!! ".

Secouant la tête, je continue de me préparer.

Elle exagère toujours.


[L'après midi, pendant le congrès]

Chance dans mon malheur, Mattéo et surtout Angy sont venus s'asseoir à côté de moi. Enfin heureusement c'est elle qui est venue contre moi, pas lui. Je l'aime bien, mais je préfère sa compagnie à la sienne. Étonnant, je sais !

Toujours est-il que malgré les regards désapprobateurs et autres promesses de sévices physiques de ma chef, Angy et moi discutons tranquillement.

Tout se passe bien jusqu'à ce qu'elle me demande la question à laquelle je ne voulais pas répondre :

- Vous avez fait quoi hier soir ?

Juste alors que je m'apprête à changer de sujet de manière fort peu discrète, ma boss me force à regarder l'estrade :

- C'est bientôt fini ? On bosse là je te signale, écoute un peu !

Et là, la pire chose qui pouvait arriver arrive : une bonne intention.

- Non mais Sha, c'est ma faute, je lui ai demandé ce que vous aviez fait hier soir.

Deux yeux verts et accusateurs viennent se poser sur moi.

- Et tu lui as répondu quoi Liz ?

- En fait, elle n'a pas encore répondu. Vous avez fait quoi ?

Avant que je ne sorte mon mensonge, ma supérieure dit :

- On a diné avec Mlle Parkson.

Angy ouvre de grands yeux.

- Sérieux ? Bien joué, si vous arrivez à vous la mettre dans la poche, c'est gagné ! Ça s'est bien passé au moins ?

Face à l'évidente catastrophe qui se profile à l'horizon, je tente de ne faire qu'un avec le dossier de mon siège, espérant fusionner d'ici peu. Du coup, Shaell continue de discuter tranquillement, ne se rendant apparemment pas compte que le sujet devient épineux. J'imagine qu'elle préfère éviter que ses amis n'apprennent notre " histoire ".

- Oui oui, très bien.

Ma boss s'adosse correctement à son siège et fait mine de se remettre à écouter. J'imagine que c'est une manière comme une autre de couper court à une conversation.

- Mais allez Sha, raconte quoi, on s'ennuie à mourir !

Ou pas.

Tout en se tournant pour faire face à son amie, ma chef soupire tellement fort que je suis persuadée que les types sur la scène l'ont entendue. Heureusement que cette fois ci, Linda ne nous a pas gardé de place.

- On a parlé… euh… boulot. Essaie de suivre maintenant !

Ok, même un gosse de 4 ans tout ce qu'il y'a de plus crédule aurait entendu que c'était un énorme mensonge. Finalement, elle n'est peut-être pas douée en tout.

C'est assez étrange étant donné que les rares fois où je l'ai entendue dire des bobards, elle avait de quoi rivaliser avec mon dentiste.

Et croyez-moi, ça implique beaucoup de talent.

Surtout quand il me dit " ne vous inquiétez pas, vous n'allez rien sentir ". Mon cu-mes fesses !

Le pire, c'est que ce sadique est tellement convaincant qu'à chaque fois je me fais avoir.

Pile quand je me dis que Shaell a réussi à clore le sujet en évitant tout dommage collatéral, Angy se penche pour dire à mon oreille :

- Nan, sérieux, vous avez parlé de quoi ?

Duh.

Je donne un coup de coude bien placé à ma boss, histoire d'attirer son attention. Elle se tourne tout en m'offrant un regard qui me laisse penser qu'elle me prédit une mort lente et douloureuse.

Je m'approche et lui demande tout bas :

- Ton amie lâchera pas l'affaire, je fais quoi ?

- Tu te débrouilles.

Offusquée, je proteste :

- Hey, c'est pas moi qui nous ai mis là dedans !

Je lui attrape le bras pour l'empêcher de se retourner, mais apparemment elle ne comptait pas le faire et elle lève un sourcil alors qu'elle me demande :

- Ah bon, c'est pas toi ?

1 point partout.

- Tu sais très bien de quoi je parle !

Alors qu'on joue toutes les deux à " qui fera baisser les yeux à l'autre en premier " j'entends un énorme soupir sur ma gauche et bientôt Angy dit :

- On dirait un vieux couple.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? fait semblant de demander ma boss un poil trop rapidement après que la question ait été posée.

Le pire, c'est que je ne suis pas la seule à l'avoir remarqué, puisqu'Angy dit :

- Minute, pourquo-

- Ok stop, je vais tout te dire.

Wow, faire avouer ma boss aussi rapidement… je suis presque impressionnée. Jusqu'à ce que je me rappelle qu'elles se connaissent depuis un bail. Shaell doit savoir si elle est du genre à lâcher le morceau ou pas.

Toujours est-il qu'Angy, après avoir remis une mèche blonde derrière son oreille, se penche dans l'intention visible de ne pas manquer une miette de ce que ma chef compte dire :

- Linda Parkson croit qu'on est en couple.

Même moi je n'aurais pas dit ça aussi directement. Pourtant la diplomatie n'est pas mon fort. Les yeux de son amie s'écarquillent et elle demande rapidement, inquiète :

- Quoi ? Comment elle l'a su ?

Minute !

Je mate Angy puis Shaell puis …. Bref, vous avez saisi. C'est à mon tour de demander :

- Su quoi ?

Shaell semble perturbée pendant un moment, et s'empresse de répondre :

- Rah… Linda croit que je suis en couple avec Liz parce qu'elle n'a pas répondu par la négative quand elle a insinué qu'on pouvait être un couple " chef /employée ".

Angy reste bouche bée devant la révélation et ressemble étrangement à un poisson alors qu'elle ouvre la bouche et la referme sans qu'aucun son n'en sorte. Finalement, elle se tourne vers moi et demande :

- Pourquoi tu n'as pas nié ?

Je me tortille face à la manière qu'elle a de me scruter, mal à l'aise d'avoir autant l'attention sur moi.

- J'étais tellement sur le cul qu'elle puisse suggérer ça que j'ai mis quelques secondes à me remettre du choc et elle avait déjà changé de sujet…

Angy fait une sorte de grimace qui, j'imagine, est supposée ressembler à de la compassion.


Je suis soulagée d'entendre que le dernier intervenant a terminé sa présentation et je me vois déjà fuyant cette conversation. Malheureusement, alors que je me lève et me dirige vers le hall, il n'y a pas que Shaell qui me suit.

Perdue dans mes pensées, je marche sans m'arrêter en direction des ascenseurs, cherchant à rejoindre la chambre et par la même une tranquillité bien méritée.

- Liz ?

Je me retourne, pour voir Shaell, Angy et Mattéo un peu en retrait, me faisant signe de me rapprocher. A contre cœur, je me dirige vers le petit groupe.

- Oui ?

- Mate ça ! dit Mattéo en pointant l'un des écrans géants.

Oh mon Dieu.

En levant les yeux, je constate que mon nom et celui de Shaell sont écrit en énorme sur le LCD.

- Que ?

Alors que je n'ai même pas fini de comprendre ce qui se passe, j'entends une voix que s'extasie derrière moi.

- Vous avez gagné le tirage au sort !!! Oh c'est génial ! Même si c'est toujours les mêmes qui ont de la chance !

J'appréhendais le moment où je découvrirais " qui " venait de parler, ayant reconnu l'intonation. Et en effet, pour terminer en beauté la touche finale de mon horrible petit tableau je me retourne pour constater que c'est bel et bien Linda Parkson qui se réjouit pour moi.

Là, tout de suite, il n'y a aucun autre endroit dans lequel je n'aurais pas envie d'aller, dès le moment que ça me permettrait de m'enfuir d'ici.

Le sourire en coin d'Angy, accompagnée par Mattéo qui, vu son air amusé, a dû apprendre la nouvelle et la joie de Linda Parkson, le tout en même temps c'est un peu trop. La seule chose qui me console un peu, c'est de voir que ma boss n'est pas plus à l'aise que moi !

Mais pile quand je me dis que ça ne pourrait pas être pire, j'entends un cri suraigu sur ma gauche et vois avec effroi un troupeau de gens se diriger vers nous.

A sa tête, ce que j'identifierai comme un présentateur, à mi chemin entre Prince et le type de la radio du film le 5ème élément, suivi d'une troupe de caméramans. Comment un homme peut-il porter une chose zébrée moulante devant une caméra ?

A mon grand désarroi, il vient se positionner très près de moi et s'exclame :

- Vous êtes les grandes gagnantes du concours ! Wouhou ! Féli-ci-ta-tions !

Il s'empresse de me prendre dans ses bras, me procurant un merveilleux câlin forcé. Étant donné que je suis filmée, je m'efforce de faire un sourire. Mais croyez-moi, cela me coûte.

Il s'approche de ma boss, dans l'intention de lui faire subir le même traitement, mais celle-ci se recule en éternuant.

J'aurais tendance à dire bien joué si je ne doutais pas, au fond de moi, du côté pas fait exprès. Je veux dire, ce type a dû verser un seau de parfum sur lui avant de sortir. C'est un bon motif pour un éternuement.

- J'imagine que vous MOURREZ d'envie de savoir ce que vous deux, petites veinardes, avez gagné !!?

- Euh... oui.

Mourir est une perspective attrayante là tout de suite, mais pas d'envie.

- Je le savais ! Chanceuses chanceuses chanceuses ! Et bien vous avez gagné… Ceci !

Il pointe alors son doigt parfaitement manucuré vers l'écran géant qui diffuse immédiatement une vidéo :

" Le grand tirage au sort a eu lieu, et c'est deux femmes qui ont gagné ! Ces petites veinardes vont avoir droit au must de Las Vegas ! Deux jours dans le centre de soin le plus prisé de la ville. Balnéo, massages, et autres joies les attendent ! En plus de cela, elles vont recevoir la somme de 5 000 dollars, de quoi faire un peu de shopping ou, qui sait, gagner le gros lot, on est à Las Vegas après tout ! Enfin, toutes deux gagnent un pass valable un an leur garantissant qu'elles auront toujours une chambre qui les attend gratuitement dans tous les palaces de notre groupe et ce dans le monde entier ! Alors mesdames, qu'en dites-vous ? ".

La vidéo se termine par un gros plan sur la tête du présentateur tenant mon coupon gagnant devant lui. On lit bien clairement mon nom et celui de Shaell. J'entends celle-ci me murmurer à l'oreille :

- Pourquoi diable as-tu mis mon nom sur ce truc ?

- Pas le choix, c'était les règles ! Pi tu devrais être contente d'avoir gagné !

Avant qu'elle puisse me répondre, toute l'attention revient sur nous et le peu de confiance en moi qu'il me restait se décompose lorsque le présentateur demande :

- Laquelle de vous deux a eu l'idée de participer au tirage au sort ?

- Euh, c'est moi. Dis-je, me dénonçant.

- Oh oh oh vous avez dû faire une heureuse ! Alors, alors ça fait quoi une surprise comme celle-là ? Vous devez être fière d'elle !

Tout en posant sa question, il s'approche de ma chef, visiblement un peu trop à son gout mais son bras passé dans son dos l'empêche de reculer.

- Très. Répond-elle sans la moindre trace d'enthousiasme.

- Alors dans ce cas vous devriez la remercier comme il se doit !

Le visage de Shaell devient si blanc qu'elle ferait fureur dans certaines pubs de lessives, mais bientôt elle se reprend et dit :

- Merci.

Linda Parkson qui elle, se réjouit, nous prend chacune sous un bras, rendant ainsi ma boss super bien entourée.

- Je pense qu'il parlait d'un baiser ! dit-elle dans un clin d'œil.

- Mais… commence Shaell.

Puis tout à coup, elle se désengage des deux sangsues et vient me faire un bisou sur la joue.

- Voilà. Merci Liz !

- Oh non, non jeune demoiselle, pas ce genre de baiser. Après tout vous n'essayez quand même pas de nous faire croire que vous êtes amies ? Une seule chambre, deux noms… On a tous vu le papier. dit Angy.

Traitresse.

Le présentateur me regarde, puis Shaell bouche bée.

- Un couple ? Moi qui n'osait pas y croire ! Oh oui !!!!

Shaell se retourne dans un mouvement qui pourrait être ridiculement lent s'il n'impliquait pas un haut niveau de menace. Si ses yeux étaient des fusils sniper, Angy aurait de jolis trous un peu partout dans le corps.

- Oh oui oui oui !!! Merveilleuse idée ! Faites place ! dit le présentateur en tapant dans ses mains puis en écartant Angy et Mattéo pour que la caméra nous ait bien en ligne de mire.

- Euh… Je ne préfère pas. Dis-je.

Ok, c'est un argument bien faible mais c'est la seule chose qui me vienne à l'esprit pour le moment.

- Vous ne voudriez quand même pas décevoir votre public ? insiste-t-il.

Ma chef et moi faisons un tour de l'assemblée, histoire de constater un paquet de trucs.

Linda sautille sur place en applaudissant, visiblement ravie à l'idée d'assister au spectacle. Mattéo a un air conspirateur qui me laisse penser qu'il n'a pas l'intention de nous laisser nous en tirer à bon compte. Ce qui est un peu con de sa part d'ailleurs. M'enfin j'imagine que beaucoup de mecs aimeraient voir leur nana embrasser une femme sous leurs yeux.

Angy, elle, jubile ostensiblement. Et elle a de quoi ! Si tout comme elle, j'adorais mettre les gens mal à l'aise, je serais également fière de mon chef d'œuvre, ma plus belle pièce !

Le présentateur est, quant à lui, déjà extasié rien qu'à l'idée de ce qu'il compte nous forcer à faire.

Pour ne rien arranger, les caméras, l'annonce de notre gain sur l'écran et le présentateur lui-même ont attiré l'attention d'un petit attroupement au sein du hall de l'hôtel.

Pub gratuite.

Je vois déjà les gros titres : " un couple de lesbiennes gagne le tirage au sort de l'hôtel. " " Chaud la Balnéo " " L'huissier chargé du tirage au sort témoigne : c'est un peu grâce à moi si elles ont gagné, elles pourraient peut-être me remercier ? "

Gulp.

Comment je vais me sortir de là ?
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 20:59

Chapitre 10 - Sous les feux des projecteurs



Ayant fini mon tour d'inspection de notre audience, mes yeux viennent se poser sur Shaell. Quelques instants plus tard, elle me regarde à son tour.

Vu son air désemparé, j'imagine qu'elle ne sait pas quoi faire non plus.

Elle se mordille la lèvre inférieure, signe extérieur de stress. Finalement, après avoir pris au préalable une grande inspiration, je la vois s'approcher de moi.



Oh non.


Non je ne veux pas.


Enfin si je veux mais pas comme ça !


Pas ici !


Je jette ce que j'estime être un discret coup d'œil vers les portes d'entrée, jaugeant mes chances de m'enfuir à toutes jambes sans être rattrapée. Mais Angy vient ruiner mon plan en se plaçant entre moi et la sortie, un sourire fermement planté sur les lèvres.

Autant pour la discrétion.

Comment une fille que j'appréciais peut-elle ruiner de la sorte ce qui aurait pu être une entente cordiale ?

Mon attention se reporte vers Shaell.

Ses yeux verts sont remplis d'incertitude tandis qu'elle regarde nerveusement autour d'elle.

Finalement, elle semble prendre une décision et fait un nouveau pas vers moi.

Le hall entier est devenu silencieux, attendant de voir ce qui va se passer.

Moi aussi, car je ne la pense pas capable de le faire. Après tout elle est hétéro, me sait homo et a une réputation à tenir.

Sa main vient se poser sur ma joue, glisse jusqu'à mettre une mèche de cheveux blonds derrière mon oreille, puis dans mon cou pour lentement remonter à mon visage.

Elle caresse mes lèvres du bout de son pouce.

Je suis comme tétanisée, incapable de penser, encore moins d'agir.

J'avoue que j'ai complètement oublié notre audience, captivée par l'image de Shaell. Je suis complètement perdue dans ses yeux verts. Bien que je ne sois pas sûre que ce soit une bonne idée, je la laisse continuer.

Mes yeux suivent sa langue lorsqu'elle s'humidifie les lèvres et s'approche encore de moi, nos corps étant séparés de quelques centimètres seulement.

Finalement, ses yeux semblent me demander mon accord et je fais un timide sourire dans lequel j'essaie de lui dire que j'ai confiance.

Peut-être va-t-elle faire un baiser de cinéma, mettre son pouce entre nos lèvres ?

Lentement, trop lentement et à la fois trop vite à mon goût, elle s'approche de moi.

Mon cœur s'arrête un instant de battre et j'oublie de respirer alors que je réalise qu'elle va le faire.

Les derniers centimètres nous séparant se réduisent et bientôt je sens ses lèvres sur les miennes.

C'est un baiser doux, qui ne demande rien, tout simple et tendre à la fois.

Honnêtement, je n'ai pas la moindre idée du temps qu'il peut avoir duré, m'apparaissant comme une éternité et une fraction de seconde.

Elle se recule et colle son front au mien, sa main toujours contre ma joue. Elle passe sa tête sur le côté pour venir me chuchoter à l'oreille :

- Merci de ne pas t'être débattue... et désolée.

Je ne sais pas quoi répondre et je ne suis pas sûre d'en être capable.

J'ai embrassé Shaell Mackenzie.

Enfin pour être parfaitement exacte c'est elle qui m'a embrassée.

Je n'aurais jamais cru que ce jour arriverait.

Certes, ce n'était pas franchement dans ce contexte là dans mes rêves mais ça me convient tout à fait.

Alors que nos corps sont encore un peu séparés, un coup de cul bien placé d'Angy finit de me projeter dans les bras de ma chef.


Je la hais.


Je tente de me reculer immédiatement mais le bras de Shaell vient se glisser dans mon dos, m'en empêchant.

J'imagine qu'elle veut éviter de nous décrédibiliser tout en se donnant un moment pour retrouver une contenance.

Finalement, elle se recule et jette en même temps que moi un coup d'œil timide à notre assemblée.

Plus personne ne faisait de bruit et tout à coup tous se mettent à applaudir, Angy, Mattéo, Linda et l'homme zèbre étant de loin les plus bruyants.

- Oh alors ÇA, c'est que j'appelle HOT ! Vous êtes canons les filles !

L'animateur continue de parler tandis que Shaell et moi gardons la tête fermement baissée. Je sais que mes joues sont rouges et je n'ose pas lever les yeux pour voir à quoi elle ressemble.


Finalement, après quelques longues minutes et félicitations diverses, monsieur 5ème élément nous remet nos prix.

C'est avec un soulagement non dissimulé que je m'engouffre dans l'ascenseur avec ma boss.

Angy a eu l'intelligence de ne pas nous suivre, préférant faire la discute avec Linda. Valait mieux pour elle croyez-moi.

Shaell et moi entrons dans la chambre sans qu'aucun mot ne soit échangé.

Je ne sais pas franchement comment réagir par rapport à tout ça. Et je suis super gênée pour ne rien arranger.

Donc pour éviter de risquer d'aggraver mon cas, je ne dis rien.

Je suis encore sous le choc dans un sens. Et puis je me demande encore pourquoi ce baiser m'a paru… intime ?

Réfléchir à ça ne m'apportera rien de plus que d'autres questions mais je ne peux pas m'en empêcher.

Bien vite, je m'assieds sur mon cher et tendre canapé, choisissant de détailler les divers éléments du décor jusqu'à ce qu'elle se décide à aller dans l'autre pièce. Malheureusement, ça a l'air de prendre du temps comme décision puisque ça fait bien 10 bonnes minutes qu'elle reste plantée dans mon dos.

Pile quand mon regard passe sur l'écran plat, me rappelant les douloureux évènements d'il y a peu, ma boss me demande :

- Tu fais quoi ?

- Je regarde la télévision.

- Liz, elle est éteinte ! précise-t-elle.

Comme si je n'avais pas remarqué !

Voyant que je n'ai pas l'intention de poursuivre la discussion, elle reprend la parole :

- Par rapport à ce qu'il s'est passé… Tu veux en parler ?

Et voilà. Je m'y attendais.

Est-ce que je vais me faire virer ? Ou juste subir un bon gros savon ?

- Je suis pas sûre qu'il y ait grand-chose à dire. Pour ma part, en tout cas.

- Liz je…

Elle soupire et vient s'asseoir à mes côtés, passant ses mains sur son visage, comme pour se rafraichir les idées.

- Comment cette journée a pu tourner comme ça ? demande-t-elle à personne en particulier.

- Aucune idée, j'aimerais bien savoir aussi. Écoute, je… désolée d'avoir participé à ce stupide tirage au sort. Enfin surtout de t'avoir impliquée.

- Tu ne pouvais pas savoir que ça allait se passer comme ça. Et puis au moins, on a eu un bon cadeau. Enfin DES bons cadeaux.

Pour toute réponse, je lui fais un sourire timide.


C'est très étrange.

Mes sentiments sont contradictoires.

Je suis contente d'avoir eu l'opportunité de savoir ce que ça fait de l'embrasser…. Mais d'un autre côté les circonstances me dégoutent, j'ai l'impression de l'avoir utilisée. Ce n'était pas intentionnel mais… pfff.

Quitte à être embrassée, autant que ça ne soit pas forcé.

Je suis un peu déçue de moi. J'aurais du trouver une solution. Pas… pas la laisser faire ça.

Je m'en veux et je suis contente. Pas de doute, je suis une femme.

- Liz…

Mes yeux vont se poser sur elle, mais pas directement sur son visage.

- Qu'est-ce qui se passe ? J'embrasse si mal que ça ?

Sa remarque me fait sourire. Moi qui pensais qu'elle allait m'engueuler, ce n'est pas parti pour, pour l'instant.

- Bien sûr que non. C'est juste que j'aurais voulu éviter d'en arriver là. Je veux dire, j'en ai fait assez.

- C'est pas faux, mais là tu n'y pouvais rien. Et ce n'est pas toi qui as fait quoi que ce soit. C'est surtout Angy qui a enfoncé le clou.

- Elle… Quand je vais la trouver…

Je laisse ma phrase en suspend, histoire de faire planer la menace.

Après quelques instants de silence, ma chef s'adosse complètement dans le canapé et commence à rire. Face à mon air interrogateur, elle dit :

- T'aurais vu ta tête.

- Hey ! Pi t'étais pas mieux, je te signale.

Elle sourit puis ajoute :

- D'ailleurs je suis un peu vexée, si ça se trouve certains auraient aimé être à ta place et on aurait dit que tu vivais les pires instants de ta vie.

Si ça se trouve… Beaucoup m'auraient enviée, point. Mais c'était quand même horrible. Enfin pas le baiser, les circonstances … enfin vous voyez.

- C'était le cas.

Elle frappe ma cuisse sans défense :

- Espèce de…

- Maltraitance et insultes ? Ça va chercher loin tout ça ! […] Non mais je veux dire, je m'en voulais de te mettre dans une situation comme ça. Surtout avec Mattéo et Angy à côté.

- Je pense pas que l'un comme l'autre ait eu à se plaindre, crois-moi, je les connais bien, y'en a pas un pour relever l'autre.

Sa remarque me fait sourire. Quelque part je m'en doutais mais quand même.

- On est ok ? me demande-t-elle bien plus timidement qu'à l'accoutumée.

- On est ok.

Elle ne se relève pas et on reste toutes les deux affalées dans le canapé, sans bouger. Au bout d'un moment, je prends mon courage à deux mains et lui dit :

- Tu sais… je sens que je vais regretter ce que je vais dire… J'espère que ça va rien changer entre nous. Je veux dire… On commence à s'entendre non ?

J'ose enfin la regarder, espérant qu'elle va répondre à ma question.

- On commence Scott, on commence ! Même si je prends sur moi !

A son ton joueur, je sais qu'elle plaisante pour la dernière partie. Ça me rassure, au moins je suis pas la seule à avoir cette impression.

Elle garde un sourire songeur tandis qu'elle regarde à travers la baie vitrée depuis sa place sur le canapé. Le soleil est assez bas dans le ciel, bientôt le jour fera peu à peu place aux lumières de la ville, créant une sorte de crépuscule étrange pour le reste de la nuit. Mais je n'ai pas besoin de me retourner pour le voir.

Je préfère la regarder elle, avec ses longs cheveux bruns, ses beaux yeux verts d'une intensité que j'ai peu rencontrée, ses lèvres pleines et si douces…

Ok. Stop.

Je me fais du mal.

Avant que j'ai pu détourner le regard, le sien vient se poser sur moi, me prenant en flagrant délit.

- Quoi ?

- Rien, rien.

- Ben non, dis ! J'ai un truc sur le visage ?

- Non, non, tu es parfaite ! Enfin je veux dir-

- Non, non, surtout ne te corrige pas, j'aime assez ce lapsus. Dit-elle en plaisantant.

Elle se lève et marche vers la baie vitrée, observant les voitures qui circulent sur le strip.

- Merci quand même. Et pour ta gouverne… Tu n'es pas mal non plus.

Après avoir dit ça, elle se retourne, j'imagine dans le but de profiter de ma tête surprise, et me fait un clin d'œil. Devant mon air étonné et mon absence de commentaire, elle ajoute :

- Ben quoi ? J'embrasse pas n'importe qui, sache le !

Je sais qu'elle plaisante mais quelque part ça me réjouit. Finalement ma journée n'a pas été si terrible que ça.

Voyant qu'elle n'a pas retiré ses chaussures, j'annonce :

- Je sais pas pour toi, mais je crois que je vais m'en tenir au dîner livré dans la chambre ce soir. J'ai suffisamment été sous les feux des projecteurs pour aujourd'hui. Et puis pour ne rien te cacher, je n'ai pas franchement envie d'être dévisagée par la moitié des gens de l'hôtel. J'ai pas l'habitude qu'on me regarde alors ça risque de faire trop d'un coup.

- Ça t'en sais rien.

Je fronce les sourcils en entendant sa réplique, qu'est-ce qu'elle veut dire par là ? :

- De quoi ?

- Si les gens te regardent. Mais je suis d'accord sur l'idée de nous faire discrètes pour ce soir. J'aimerais bien pouvoir le faire pour le reste de la convention mais c'est impossible. Perso j'ai pas envie de " revoir " certains des charmants remorqueurs présents dans la salle. Comme ceux qui ont suggéré que tu allais passer sous le bureau.

A peine entendu ça, je mets ma tête entre mes mains pour cacher ma gêne :

- Oh non… j'avais oublié... Maintenant ils vont avoir beaucoup de mal à ne plus le croire.

- Tu sais, je ne suis pas sûre qu'ils aient un jour essayé de ne pas le croire... Fin bref ! Qu'est-ce que tu dirais d'un repas hypercalorique et d'un dessert chocolaté pour nous remonter le moral ?

- Je dis que si tu me prends par les sentiments…


Elle commande de quoi manger au téléphone et revient à mes côtés.

- Ça te dit un petit film aussi ?

- Oh que oui. Mais pitié, pas de trucs à l'eau de rose.

- Tu n'aimes pas ? me demande-t-elle.

- Disons que j'ai eu ma dose d'histoires de couple pour une semaine ou deux. Ou quatre.

- Pas faux.

Et puis déjà que je n'ai pas la moindre idée de comment je vais bien pouvoir dormir à ses côtés après qu'on se soit embrassées, si en plus je mate un film d'amour avant de me coucher, c'est la porte ouverte aux rêves compromettants.


Le reste de la soirée s'est étonnamment bien passé. J'avais presque l'impression d'être avec une amie. On a commenté le jeu des acteurs, relevé tous les petits problèmes scénaristiques... C'était vraiment sympa.

Je crois que ni elle ni moi n'avions envie de reparler de ce qui s'est passé. Et même sans l'avoir à nouveau évoqué, c'est notre baiser la dernière chose que j'avais en tête au moment de m'endormir...
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:01

Chapitre 11 - Le calme avant la tempête hormonale



Je me réveille dans un calme tout relatif puisque je suis secouée vigoureusement par ma chef.

Étonnamment, j'ai passé une bonne nuit. Finalement, je suis surprise de mes capacités d'adaptation. Dormir à ses côtés me paraît " presque " normal dès la deuxième nuit. Ma bonne humeur du matin est toute relative lorsque je lui demande d'une voix endormie :

- Donne-moi une seule bonne raison pour laquelle je pourrais ne pas t'éliminer dans la seconde ?

- Et bien tuer ta supérieure pourrait t'amener à être renvoyée et trouver un autre emploi s'avérerait difficile compte tenu que tu aurais éliminé ton précédent employeur ?

Je fronce les sourcils, mon esprit embué tentant de décrypter le sens de sa phrase. Finalement, je finis par dire :

- C'est une bonne raison. Je m'en tiendrais juste à de la mauvaise humeur alors.

- Pour changer. Bonjour quand même.

- Bonjour. Quelle heure il est ?

- 5H40.

Malgré la lourdeur de mes paupières, mes yeux s'écarquillent plus que je ne l'aurais cru possible. Ma voix ne cache pas mon incrédulité :

- Quoi ? Mais pourquoi ? Je veux dire tu sais bien que j'ai pour principe de ne jamais me lever avant le soleil !

- Liz, le soleil est déjà en train de se lever…

- Ah. Pourquoi ce " oh combien charmant " réveil ?

- Bah pour faire un footing !

Je suis tellement blasée que je suis persuadée que ma tête pourrait servir de smiley MSN.

- Je. Ne. Cours. Pas.

- Erreur ! Tu ne courais pas !

Je prends mon oreiller et le pose sur ma tête, si bien qu'elle doit entendre ma voix de manière étouffée alors que je demande :

- Pourquoi est-ce que tu essaies de m'extirper de ce lit si ce n'est par pur sadisme ?

- Et bien vu ce que tu as mangé, ou devrais-je dire englouti ? Va pour englouti, donc vu ce que tu as englouti hier soir, j'ai peur pour ta ligne. Et puis vu qu'on est supposées être en couple, je refuse d'être associée à un boudin.

J'écoute l'intégralité de sa tirade en me demandant si y'a un moyen pour que je voie quand elle change de personnalité, passant de presque sympa à démoniaque. Hmmm. Sûrement. Faudrait que j'y fasse attention.

- Si je refuse, tu vas lâcher l'affaire ?

Pour toute réponse, j'ai droit à un sourcil levé.

Message reçu.

Grognant, je m'arrache au confort du lit en me frottant les yeux.

Pile quand je me retourne, je constate qu'elle pompe le bras dans l'air, signe de victoire.

Elle s'arrête à mi-mouvement et me sort d'un air détaché :

- Ben quoi, je m'échauffe !

Blasée, je lui fais savoir dans un :

- C'est ça…

- Bon, je te laisse 5 minutes pour t'habiller, je t'attends à côté ! dit-elle en sautillant sur place.

Elle est déjà à fond que j'ai encore les marques de l'oreiller sur le visage.

On descend dans le hall quasi désert de l'hôtel avant de nous diriger vers la rue.

Alors qu'on dépasse les fêtards encore debout, je me surprends à bien aimer courir avec elle.

Ne soyez pas étonnés.

C'est juste qu'elle court plus vite que moi et que du coup j'ai mon lapin personnel, la chose qui me motive à suivre, nommément son derrière.


Après une course d'une trentaine de minutes et de multiples arrêts de ma part, notamment pour faire le plein de café, nous retournons à l'hôtel.

- Tu t'es bien débrouillée pour quelqu'un qui ne fait pas de sport.

- J'en fais, juste pas de ce type.

- Tu réalises que le concours de télé sur canapé n'est pas un sport ?

Je ne prends pas la peine de répondre et m'arrête net.

Oh mon Dieu.

Sous mes yeux passent en boucle les images d'hier.

J'aimerais me fondre dans le tapis lorsque Shaell pose un regard traumatisé sur moi juste après avoir été témoin de notre " baiser " au ralenti sur l'écran géant.

- Ils ont osé…

Je ne sais pas quoi répondre, trop occupée à être perdue entre l'envie de mater la scène en boucle et celle de me cacher.

Ma boss, elle, ne cache pas son intérêt certain pour la courte vidéo qui passe et repasse sous nos yeux. Après quelques visionnages, elle ouvre la bouche pour me dire, j'imagine, que c'est un scandale etc… Mais non, elle me surprend complètement en lâchant d'un air tout à fait naturel :

- Il avait raison, on est hot ! Nan, sérieux, tu trouves pas ?

J'entends à peine ce qu'elle vient de dire et m'exclame :

- Il faut qu'ils la retirent avant que tout le monde ne la voie !

Je me dirige d'un pas décidé vers l'accueil et m'adresse au réceptionniste :

- Bonjour. J'aimerais voir d'urgence la personne en charge des images qui défilent sur l'écran géant.

- Tout de suite madame.

Il décroche son téléphone et garde un air presque professionnel jusqu'à ce que ses yeux passent de moi à l'écran. Il les ouvre en grand, puis les pose sur Shaell, moi, l'écran …

Heureusement, le responsable ne tarde pas à arriver, m'évitant d'avoir à supporter l'intense regard lubrique du jeune réceptionniste plus longtemps.

Le responsable est un homme d'une trentaine d'années, portant un costume italien qui a dû lui couter les yeux de la tête, grand brun aux yeux clairs, auquel j'aurais pu trouver un certain charme s'il n'était pas responsable de la destruction lente et certaine de mon temps à Las Vegas.


Je vous épargne notre discussion, mais sachez juste que j'ai réussi à le faire accepter de retirer uniquement la scène du baiser en le menaçant de poursuites pour atteinte à la vie privée. Et puis le reste n'est pas si terrible. Je dirais même que je suis assez jolie. La vidéo ne me montre pas plus blonde que je ne suis, mes yeux sont d'un beau bleu et pour ne rien gâcher j'ai défié la règle qui dit qu'on prend 3kg à l'écran. Je suis un joli petit bout de femme !

Alors qu'on pénètre, ma boss et moi, dans l'ascenseur, elle siffle puis me dit :

- Et ben ! Je suis impressionnée ! Il a cédé !

- Oui, et vu que ça faisait que depuis cinq minutes que la vidéo avait été mise… J'imagine que personne ne l'aura vue et n'aura immortalisé le moment ! Normalement on est tranquilles ! Je suis assez fière de moi pour le coup !

- Tu peux ! Mais t'as pas répondu !

- À quoi ?

- Tu trouves pas que la vidéo nous… flattait ? Que le présentateur avait raison ?

Je me retiens de lui dire qu'elle embrassant un panneau de basket serait hot, même si c'est l'entière vérité. Ok je suis pas mal pour une fille pas filmogénique, mais elle…

- Un peu.

- Ne sois pas modeste. Me dit-elle dans un clin d'œil.

J'aimerais pouvoir apparaitre aussi sûre de moi qu'elle, je trouve ça à la fois attirant et super sexy.

N'empêche que je suis étonnée. Jamais je n'aurais dit qu'elle allait prendre la chose aussi bien. Elle est pleine de surprises.

Alors que l'ascenseur ouvre ses portes à notre étage, une question me vient à l'esprit :

- Au fait, c'est quoi le plan pour aujourd'hui boss ? Vu qu'on est dimanche et que le congrès ne reprendra que Lundi ?

- Et bien je dirais qu'on a du temps libre devant nous, 5000 $ à dépenser et de quoi profiter de massages gratuits. Et j'adore les massages.

Je souris à l'idée de passer une journée comme celle-là ! En bonne compagnie en plus. J'ai un immense sourire rêveur lorsque je dis :

- Ça me va bien. Plus que bien en fait. Faudra juste que j'aille m'acheter un maillot de bain.

- Pas de souci ! Je prends une petite douche rapide et on y va ?

- Après m'être douchée aussi !

- Bah bien sûr. Je m'habitue à t'avoir à mes côtés, mais je me ferais jamais à l'odeur.

Elle entre dans la salle de bain assez rapidement pour éviter que le coussin lancé à pleine vitesse ne vienne lui faire le coup du lapin.

Depuis derrière la porte, j'entends un rire étouffé puis :

- Raté Liz, va falloir travailler les réflexes !


A l'instant même où mon postérieur entre en contact avec le cuir du canapé, j'entends frapper à la porte. Intriguée, j'ouvre, me demandant qui ça peut bien être.

Mon visage ne cache pas mon étonnement à l'idée que le petit bout de femme blonde qui a ruiné toutes mes chances de m'échapper hier soir puisse oser toquer à ma porte le lendemain matin.

Mon ton est des plus froids lorsque je dis :

- Angy. Je dois reconnaitre que t'as du cran. T'es venue pour en rajouter une couche ?

A vrai dire, je sais que je devrais limite lui être reconnaissante, sans elle jamais je n'aurais eu l'opportunité de connaître la sensation des lèvres de ma chef sur les miennes, mais quand même.

- Bonjour. Et oui et non. Disons que c'est un petit service rendu de ma part à Shaell. Oh comme la vengeance est douce ! Et pour être tout à fait correcte avec toi qui n'a rien à voir dans nos chamailleries, je me suis dit que je pourrais t'amener ceci. Pour me faire pardonner. Je pense que ça te plaira. Je compte sur toi pour garder le secret. Exemplaire presque unique.

Je baisse les yeux pour constater que j'ai en main ce qui semble être une copie de la vidéo du baiser.

Sans demander son reste, la jeune blonde est déjà à mi-chemin dans le couloir lorsque je lui cours après :

- Comment ça presque unique ? Me dis pas que t'en as gardé une copie ?

Ma question aura pour seule réponse un haussement d'épaules, un air innocent suivi d'un clin d'œil, tandis que les portes de l'ascenseur se referment.

Forcée de constater que la discussion est close, je pique un sprint jusque dans la chambre, trouvant bien vite mon ordinateur et insérant le DVD dedans.

Ben quoi ? J'ai le droit d'être curieuse.

Voyant que le dinosaure qui me sert de portable broute, je m'agace à voix haute :

- Dépêche-toi satanée machine, avant qu'elle ne sorte de la douche !!

Finalement, mon lecteur daigne se mettre en marche.

Au vue des images haute qualité qui défilent sous mes yeux, ma rancœur envers Angy fond comme neige au soleil. Je n'osais pas trop regarder dans le hall de l'hôtel de peur que Sha ne me voie, et puis hier j'ai pas franchement profité sur le moment. Alors j'aime mieux dire que maintenant je me fais plaisir.

Je regarde la scène plusieurs fois, me faisant difficilement à l'idée que c'est vraiment arrivé.

Putain ce qu'elle est sex…

Faudra quand même qu'on m'explique pourquoi les femmes intelligentes, superbes et sympas sont toujours casées ? Et jamais avec moi en plus !

Pour une fois j'aimerais bien être l'heureuse élue.

Surtout cette fois en fait.

J'aime bien la façon dont on s'entend comme chien et chat. Et puis elle sait faire preuve d'humour…

Arrête de penser Liz, tu te fais du mal.

J'entends la douche qui s'arrête et m'empresse d'arrêter la vidéo et de supprimer toute trace de son passage. Je m'envoie vite fait la séquence par mail, histoire de pouvoir la récupérer sur mon téléphone. Quoi ? Comme ça je pourrais la regarder quand je veux !

Je remets le DVD dans sa pochette et vais le planquer dans mon tiroir à sous-vêtements. Aucune chance qu'elle le découvre là et même si ça arrivait, avant de me justifier je LUI demanderais des comptes.


A peine le tiroir fermé, je la vois sortir de la salle de bain, immédiatement suivie d'un nuage de vapeur. Elle a un air étrange et me demande :

- Quelqu'un est venu ? J'ai cru t'entendre parler !

- Non non. Dis-je en prenant l'air le plus détaché possible.

Tandis qu'elle fouille dans son placard à la recherche de vêtements, je ne peux m'empêcher de remarquer les gouttes d'eau qui roulent le long de ses jambes, la manière dont la serviette semble tenir par la simple pression exercée par sa poitrine, ses cheveux bruns mouillés qui sont encore humides… C'est fou de se dire qu'à force de l'habitude, on ne remarque plus la poésie de moments comme ça. Enfin ce n'est que mon avis…

- Ah bon… Pourtant j'aurais juré…

- A l'époque Jeanne d'Arc aussi…

Je ponctue ma phrase d'un sourire moqueur qui répond à merveille à son regard assassin.

Profitant de l'échappatoire la plus facile, je m'engouffre dans la salle de bain et ferme la porte à double tour.

Cette fois-ci, pas question de perdre mon temps. Je prends ma douche en un temps record, ayant la ferme intention de profiter un maximum de notre gain. Déjà qu'on ne va pas pouvoir se prélasser deux jours mais un seul, on n'a pas une minute à perdre.

Je m'imagine déjà aux mains expertes d'une superbe masseuse, qui m'enduirait d'huiles aux senteurs si délicates… Hum. Je m'égare.

Fraichement lavée, je sors, quant à moi, toute vêtue de la salle de bain.

Les pieds de ma boss dépassent du canapé et je m'avance pour la trouver affalée sur le cuir en train de lire ce qui semble être un magazine people.

- J'aurais jamais dit que c'était ton genre !

Elle baisse la couverture et me jette un œil mauvais par-dessus.

- Ça l'est pas. Je suis allée l'acheter pendant que tu étais sous la douche. Vu que c'est un magazine local, je tenais à m'assurer que notre petit " show " n'y figure pas.

- Pas bête…. Peu convaincant mais pas bête.

- Comment ça peu convaincant ?

Je réfléchis un instant pour répondre à sa question le plus clairement possible :

- Et bien on est à Vegas. Je veux dire, entre les stripteaseuses et le reste, je pense qu'un baiser entre deux femmes ne va pas choquer grand monde.

- Oui, sauf si ce baiser est suivi de l'annonce d'une possible promotion de la responsable réseau, alors qu'elle a été vue " proche " de sa supérieure… Si tu vois ce que je veux dire.

S'il y'a une chose dont je suis sûre, c'est que le choc est clairement visible sur mon visage :

- Quand ? Qui ?

- M. Tanner, le responsable de la section Amériques. Apparemment, Linda lui aurait téléphoné hier soir pour lui dire grand bien de nous. J'ai reçu un e-mail plus que chaleureux sur mon téléphone. Il a même fait une déclaration publique.

- Oh… Tant mieux pour nous j'imagine.

- Oui… Plus qu'à réussir notre coup au niveau des contacts et toi et moi allons monter en grade.

Elle me fait un sourire 10 000 Watts et se met assise pour enfiler ses chaussures.

- T'es prête ?

- Oui, je mets juste quelque chose aux pieds !

Une fois préparées, nous descendons rapidement sur le Strip, à la recherche d'un magasin. Finalement, on remarque une boutique à proximité de notre destination finale. Apparemment certains ont pensé à tout.

A peine entrée, je m'attends à ce que ma boss patiente à l'extérieur du magasin mais je suis bien forcée de constater qu'elle me suit.

Alors que je me dirige vers les maillots une pièce, elle m'arrache à moitié le bras pour me diriger vers les bikinis.

A mon sourcil levé, elle dit :

- Ce ne serait pas pratique pour se faire masser.

J'avoue qu'elle n'a pas tort mais j'ai mes raisons :

- Oui mais je préfèrerais éviter.

Ceci dit, je retourne vers la partie des rayons qui comporte le plus de tissus sans un regard en arrière. Elle ne me suit pas et je suis persuadée d'avoir gagné la bataille. Pour une fois…

Une fois les plus potables des maillots entre mes mains, je me dirige vers la cabine d'essayage.

La vendeuse me rappelle que je dois garder mes sous-vêtements tout en me gratifiant d'un sourire faux cul. Qu'elle ne s'inquiète pas, il n'y a pas le moindre danger pour que je veuille aller mettre mon intimité là où des personnes à la possible hygiène douteuse auraient pu mettre la leur. De toute façon je compte bien laver mon maillot avant de prendre ma douche avec.

J'entre dans l'étroite cabine et referme le rideau d'un jaune criard. Le miroir qui occupe entièrement le fond de la cabine me rappelle pourquoi je n'aime pas me mettre en maillot de bain.

Je sais que c'est ridicule et que beaucoup aimeraient avoir mon corps, mais je complexe. Au moins, j'ai conscience de la bêtise du truc, c'est déjà ça.

Comme d'habitude, je psychote et jette un coup d'œil un peu partout afin de m'assurer qu'il n'y a pas de caméra avant de me déshabiller.

Le premier maillot que j'essaie est rouge, ma couleur préférée. Pourtant, à me voir dedans, j'en viens à en douter. Croyez-moi, je n'ai pas l'impression d'avoir quoi que ce soit en commun avec les filles d'alerte à Malibu excepté le ton de mon maillot.

Le second est bleu foncé avec un peu de violet. Il est stylé mais ne me convient toujours pas.

Alors que je me penche pour enfiler mon 3ème et dernier choix, j'esquive de peu ce qui ressemblait étrangement à un direct du droit destiné à être en plein dans mon visage.

A l'extrémité du bras qui aurait pu causer le décès irréversible de l'esthétique de mon nez pendouille un truc rouge.

- Essaie ça. Me demande ma boss depuis l'autre côté du rideau avec sa délicatesse habituelle.

Mon ton dédaigneux laisse parfaitement entendre ce que je pense de son choix :

- Que veux-tu que je fasse de ÇA ?

- Que tu l'enfiles !

Si elle savait où elle peut se l'enfiler…

- Non, je refuse de sortir habillée de ce… machin !

Pour marquer mon point, je mets mes mains sur mes hanches, ce qui est stupide étant donné qu'elle ne peut pas me voir.

- Ça s'appelle un maillot de bain ! M'explique-t-elle comme si j'étais demeurée.

- Merci de préciser, de là où je suis, on aurait plutôt dit un collage entre trois bouts de ficelle et deux gommettes.

Le rideau n'est pas assez épais pour étouffer son soupir.

- Essaie je te dis. Aie confiance, tu verras.

Maugréant, je daigne enfiler cette chose.

Une fois cela fait, je me retourne pour connaitre le verdict final de mon " ami " le miroir.

Oh.

Ok

Pas mal.

Alors que je reste là, à me contempler et à me trouver potable le rideau derrière moi s'ouvre en grand dans un évident manque de délicatesse à mon égard.

Mes bras viennent immédiatement couvrir les parties les plus exposées de mon anatomie tandis que je clame, offusquée :

- Nan mais oh ! Et si j'avais été nue ?

- Et bien j'aurais pu encore mieux t'aider à choisir un maillot qui convienne à ta morphologie… Bien que pour le coup… mon œil expert ne m'a pas trompée on dirait.

Je me tortille pour échapper à l'inspection dont je fais l'objet et tente d'ignorer le fait que mon corps est semi-nu.

- Roh mais laisse-moi voir. Je te rappelle que je suis une femme aussi. Et en plus étant donné que tu ne sortiras pas de cette boutique avec un maillot une pièce, du moins pas tant que je serais en vie, je vais forcément te voir dans une tenue similaire.

Ceci dit, elle pousse tranquillement mes bras, m'exposant à son regard.

Pendant quelques instants, à défaut de verdict de sa part, j'ai un silence long, lourd et gênant pour moi.

Finalement, elle prend la parole :

- Wow… Tu es…

Je relève un peu la tête pour jauger de la sincérité des paroles qui vont suivre.

- …. Complètement crétine de ne pas mettre ça en valeur. Pourquoi on dirait que tu te caches dans tes vêtements au quotidien alors que tu as un potentiel pareil ? Dit-elle en désignant mon corps d'un mouvement.

Ok, ce n'est pas franchement le genre de compliment que j'attendais mais je vais m'en accommoder.

- Sérieusement Liz… Tu es superbe... Tu en fais ce que tu en veux mais je crois que tu devrais le prendre ! Rien que pour rendre toutes les autres femmes jalouses ! Et puis le rouge fait ressortir tes yeux je trouve. Ça les fait paraitre encore plus bleus, c'est vraiment joli. T'en dis quoi ?

Elle ponctue sa phrase en tapotant joyeusement dans ses mains. Je suis quant à moi, trop occupée à crouler sous les compliments inattendus que j'en oublie de répondre. En plus j'ai la réponse sur le rouge qui fait ressortir mes yeux ! Je le savais !

Et puis croyez-moi… Même si je ne l'ai vue qu'habillée (dieu merci je ne pense pas que mon cœur fragile supporterait), je suis déjà sûre et certaine qu'une des femmes ne sera pas jalouse de mon corps aujourd'hui.

- Je vais y réfléchir, laisse-moi essayer le dernier.

- Ok comme tu veux. Mais sache que je ne changerais pas d'avis. Il va falloir que tu me passes sur le corps si tu comptes sortir d'ici avec un maillot une pièce !

Lui passer sur le corps ? Very Happy

Ce serait avec plaisir… Mais pas dans le sens où elle l'entend.

Une fois l'horrible rideau jaune protégeant mon intimité remis en place, je me tourne vers la glace, me regardant de haut en bas.

J'ai pas envie d'essayer mon dernier maillot. Elle a bon goût, il me va vraiment bien. Le haut a les bretelles entrecroisées dans le dos et un genre de lacet à l'avant me fait un super décolleté… quant au bas, une seule question demeure : comment elle connaissait ma taille ?

Pendant un instant j'ai peur pour le DVD niché dans mon tiroir à sous-vêtements, avant de réaliser que c'est ridicule. Je la vois très mal farfouiller dans mes dessous comme un pervers en manque.

- Bon, qu'est-ce que je fais ?

Je pose la question tout bas et à personne en particulier. Si le miroir connait la réponse, il se garde bien de me la dire et du coup je dois répondre à ma question toute seule.

Finalement je décide que je peux bien laisser mon esprit de contradiction de côté si cela me permet de renouer avec la confiance en moi.

Je sors défaite et fourre le maillot dans les bras de Shaell en disant :

- T'as gagné, je vais les ranger.

Elle s'abstient de commenter, mais son petit sourire en dit long.

Je paie et nous sortons toutes les deux dans l'air chaud.

- Je ne vais pas être fâchée de profiter de l'eau, c'est moi qui te le dis !

Oh que oui ! Moi non plus !

On arrive bien vite au bâtiment de la Thalasso. A peine entrée, je suis déjà plus détendue. L'air a un parfum de Jasmin ou de Lys, je ne sais pas mais ça me calme. Avec ce qui m'est arrivé depuis que j'ai posé le pied à Vegas, la perspective de décompresser me paraît tout ce qu'il y a de plus attrayante.

Une femme vient à notre rencontre et nous donne immédiatement deux pass valables pour la journée entière.

Alors qu'on pénètre dans les vestiaires, Shaell me murmure :

- Ils ont dû communiquer nos photos. Elle nous a reconnues, c'est impressionnant !

- Oui… Pourvu qu'ils n'aient pas envoyé la vidéo.

Elle fait une drôle de tête et rentre dans une cabine. Je ne prends pas celle immédiatement à côté, ayant trop peur d'être tentée de jeter un coup d'œil en-dessous de la séparation. Une fois en sous-vêtements, je m'enroule dans ma serviette et vais laver le maillot de bain dont je suis l'heureuse propriétaire. Alors que je frotte comme une démente, j'entends sur ma droite :

- Qu'est-ce que tu fabriques au juste ?

J'aurais aimé répondre, si tous mes neurones n'avaient pas trouvé de plus verts pâturages ailleurs.

Devant moi se trouve ma boss, dans un maillot de bain blanc qui fait ressortir son léger bronzage. Aucun de mes deux yeux ne s'arrête lorsque mon cerveau envoie le message " stoppez l'observation immédiatement ! ". Je la parcours du regard des pieds à la tête, gravant chaque courbe, chaque muscle, grain de beauté dans ma mémoire.

Elle est sublime.

Je suis sortie de mes songes par le bruit d'un vêtement mouillé qui s'écrase au sol et je réalise que j'ai lâché mon maillot. Le fait de me pencher pour le ramasser m'offre l'occasion de me refaire une contenance.

Elle m'a forcément captée mais ne me fait pas remarquer que je l'ai fixée de façon impolie, se dirigeant vers les casiers.

J'effectue une rapide retraite dans ma cabine et me change, frissonnant au contact du vêtement mouillé sur ma peau.

De l'autre côté de la porte, elle me dit :

- Quand t'as fini, passe tes affaires, j'ai pris un casier dans lequel il y a largement assez de place.

Ma main attrape le sac que j'avais laissé sur le banc et lui passe par-dessus la porte. J'attends d'être sûre qu'elle s'est éloignée avant de sortir de la cabine. Je me dirige directement sous la douche, espérant que l'eau enlèvera un peu de ma gêne.

La piscine me fait toujours un bien fou, les thermes encore plus, mais j'y vais rarement, je suis souvent trop crispée à l'idée d'être en maillot de bain en public.


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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:02

Chapitre 12 - Détendez vous qu’ils disaient…



Alors qu’elle revient, je l’entends faire une pause dans mon dos, puis dire :

- J’espère que personne ici n’est cardiaque.

Je fais volte face plus vite que l’éclair et demande, apeurée, tout en tentant de regarder mes fesses :

- Quoi ? Il est pas devenu transparent hein ?

Elle rit et me répond :

- Non non. Juste que j’avais vu que la partie avant. L’arrière te va tout aussi bien.

Elle prend sa douche tranquillement tandis que je l’attends à la sortie des vestiaires, espérant que d'ici à ce qu'elle ait fini, la rougeur sur mes joues ait disparu.

Le cadre est impressionnant.

Le fond de la salle principale est une immense baie vitrée qui donne sur le désert et le soleil en inonde chaque recoin, créant mille reflets dans toute la pièce. Une cascade d’une dizaine de mètres s’écoule pour venir créer une sorte de lagon artificiel. Il y a beaucoup de plantes qui se mêlent à la pierre, créant une atmosphère de forêt luxuriante.

J’en ai le souffle coupé.

De l’extérieur, je n’aurais jamais deviné que le bâtiment cachait cela. L’hôtel ne s’est pas moqué de nous.

- Whaa… c’est super beau. Dit-elle.

Je ne l’avais même pas entendue arriver. Je n’avais pas fait attention.

Le cadre a réussi à me faire oublier Shaell Mackenzie en bikini.

Ceux qui se sont chargés du décor ont de quoi être fiers.

Nous avons à peine fait quelques pas qu’une femme vient nous aborder :

- Mesdames, désirez-vous un massage aux huiles essentielles ?

Ma boss et moi nous regardons et d’un commun accord nous suivons la jeune femme. Nous passons dans un tunnel de verdure si opaque que la lumière extérieure n’y pénètre pas. A la place, quelques dalles en espèce de pierre orangée sont éclairées par le dessous, donnant un aspect irréel à la galerie. Je n’ai jamais rien vu de tel.

Arrivées devant une série de portes en bois, notre hôtesse se retourne et nous demande :

- Vous désirez être massées dans une cabine commune ?

Alors que, pour mon bien, je m’apprête à dire non, j’entends Sha s’enthousiasmer :

- Avec joie ! C’est plus sympa de pouvoir discuter en même temps !

J’offre un sourire timide et crispé à la jeune femme qui me regarde pour avoir confirmation.

Finalement nous entrons dans une salle beaucoup plus grande que je ne l’aurais crue.

- Je vous laisse vous installer, vous trouverez les consignes au mur.

La masseuse quitte la pièce, me laissant seule et désemparée avec ma boss qui lit attentivement les instructions. Bien sûr, celles-ci consistent essentiellement à « se déshabiller et s’allonger en mettant la serviette de telle sorte qu’elle couvre votre modestie ».

Alors que je m’installe, aussi détendue qu’un bout de bois, j’entends ma boss dire :

- C’est parti ! J’ai hâte, j’ai mal partout !

Je tente de me déshabiller une fois allongée à plat ventre, ce qui ressemble étrangement aux mouvements que pourrait faire un poisson une fois sorti de l’eau. Prenant pitié de moi, Shaell s’approche et me lance :

- Ne bouge pas, tu me fais de la peine !

D’un geste rapide, elle passe la main dans mon dos et dégrafe mon haut de maillot de bain avec une dextérité qui me paraitrait louche si elle n’était pas une femme.

Crispée, je lui lance un timide merci avant de regarder dans sa direction. Je la vois s’asseoir sur la table de massage, dos à moi. Elle passe ses mains dans son dos et vient défaire le flot qui maintient son haut. Ma respiration s’arrête quand je vois le peu de tissu laisser place à des kilomètres de peau douce. Elle a le dos musclé juste ce qu’il faut, j’ai toujours trouvé ça sexe chez une femme. Elle détache ses cheveux bruns, les faisant cascader dans un mouvement que je suis certainement la seule à trouver poétique avant de les rattacher, probablement pour que la masseuse puisse avoir de la place.

Alors qu’elle se rallonge, je détourne le regard histoire de ne pas être captée en plein reluquage. Une fois que j’ai laissé suffisamment de temps et un petit rab en plus histoire d’être certaine, je la regarde à nouveau.

Heureusement que je suis allongée. De là où je suis, je vois parfaitement le galbe de son sein, accentué par la pression de la table. J’aimer-

- Bonjour !

Les deux masseuses entrent et viennent à nos côtés.

- Je vois que tout est prêt. Vous préférez quelle huile ?

Je lui montre rapidement celle que j’ai choisie, reconnaissante du changement de sujet.

Bien vite, je sens les mains chaudes de la masseuse venir se poser dans mon dos. Ses doigts trouvent facilement les nœuds et malaxent mes muscles avec juste ce qu’il faut de fermeté.

Je fais de mon mieux pour ignorer ma supérieure, tout en étant tentée de jeter des coups d’œil.

Je manque de m’évanouir quand elle se met à gémir sous les administrations de sa masseuse.

Je vais pas tenir.

C’est pas possible.

- Détendez-vous, pourquoi vous vous crispez tout à coup ?

Que quelqu’un vienne m’abattre.

J’ignore complètement la question de la masseuse et regarde furtivement ma boss.

Enfin ça aurait pu être furtif si elle ne me jetait pas elle-même un regard interrogateur.

Parfois, être blonde m’arrange. Je me rallonge tranquillement, feignant de n’avoir pas compris la question tacite. Je tourne la tête en direction de la porte, espérant que mon esprit daigne ne plus m’envoyer l’image de mes mains massant Shaell.

- Au fait, tu n’as pas de nouvelles des autres au bureau ?

- Non. Enfin si, j’ai eu Steph au téléphone.

- Retourne-toi j’entends mal ce que tu dis !

Blasée mais résignée, je lui fais à nouveau face.

Elle continue de me parler et je fais de mon mieux pour lui répondre, même si mon esprit est complètement ailleurs.

La voir allongée semi-nue, entrevoir sa poitrine… Ça me donne des envies d’une intensité rare. J’aimerais m’allonger sur elle, caresser son dos de mes seins, lui murmurer combien je la désire à l’oreille, la parcourir du bout des doigts…

Argh !

- Vous ne vous détendez pas du tout là madame. Quelque chose ne va pas ?

J’en suis maintenant convaincue. Ces deux masseuses viennent directement de l’enfer et cherchent à me donner un avant goût de ce qui m’attend si je continue à penser des trucs comme ça.

Ne désire pas ta boss, c’est le mal !

- Non non, tout va bien.

Je prie pour que cette séance de massage se termine le plus vite possible, ayant abandonné toute idée de détente. Inutile d’y croire, relaxation ne colle pas avec « Shaell en maillot de bain ». D’ailleurs ça ne rime même pas, c’est pour dire !

Enfin en même temps, peu de choses riment avec relaxation : décapitation, déformation, annulation, crispation…

Ok ça n’aide pas.

Le reste du massage se passe à peu près sans encombre. La jeune femme qui s’occupe de moi ayant vite pigé que je suis un cas désespéré.

Finalement, je sens qu’on me rattache le haut et j’accepte avec gratitude le peignoir qui m’est tendu.

Au moins, ma chef sera un peu couverte. Ça nous laisse un peu de répit à moi et mon cœur. Je n’aurais jamais dû jouer à ce maudis tirage au sort.

Nous repartons au cœur de la jungle artificielle.

- Ça te dit de profiter du bassin ?

- Et comment !

Nous entrons dans l’eau, dont la chaleur me surprend.

- Ce n’est pas aussi rafraichissant que ce à quoi je m’attendais !

Shaell m’observe un instant puis réplique :

- C’est comme un bon bain chaud mais à grande échelle. Et avec compagnie.

Soit dit en passant, si elle veut prendre de vrais bains en ma compagnie, je ne dis pas non. Surtout si elle se met à l’aise.

Elle se dirige immédiatement vers la cascade et laisse le flux continu s’écraser sur ses épaules.

- C’est un peu violent mais ça détend, tu devrais essayer ! me dit-elle.

- Peut-être après !

Ou pas.

Je lui laisse ce privilège.

De là où je suis, on dirait qu’elle s’apprête à tourner une pub pour du gel douche. Sauf que d’habitude la femme dedans porte encore moins de tissu.

Je vais m’installer un peu plus loin, dans un recoin de verdure, à l’abri des regards indiscrets. Je m’adosse à la pierre et penche ma tête en arrière. Lorsque, pour la première fois depuis que j’ai mis les pieds dans cette thalasso, je me détends, je sens un mouvement d’eau sur ma gauche et voit ma chef s’approcher. Ses abdos légèrement dessinés fendent l’eau tandis qu’elle s’installe à mes côtés.

- On s’isole ?

- Plus maintenant.

- Oh, tu veux que je… ? dit-elle en faisant signe qu’elle peut y aller de sa main.

- Non non reste, je plaisantais.

Elle me fait un petit sourire et s’installe à mes côtés.

- T’as revu Angy depuis l’autre jour ? me demande-t-elle

Je réfléchis un instant avant de lui répondre. Je n’aime pas mentir mais j’ai de bonnes raisons.

- Non. En même temps j’étais tout le temps à tes côtés.

- Pas faux…

Un léger silence s’installe. Finalement je demande :

- Pourquoi cette question ?

Elle soupire et se tourne vers moi.

- Je n’ai pas eu de nouvelles. Elle n’a pas répondu à mes messages.

- Ils étaient assassins ?

- Même pas.

- Tu crois qu’elle se planque par rapport à son « coup monté » pour le baiser ?

Étonnamment, je ne suis plus gênée de parler de ce qui s’est passé. Elle semble pensive pendant un instant avant d’afficher un sourire malin :

- Oh non. Ça fait un bout de temps qu’on se fait des coups tordus l’une l’autre. C’est comme un jeu entre nous.

- Ah ok. Mais là, elle a fait fort quand même.

Au moins ça confirme ce que m’a dit Angy concernant un « service rendu » à Shaell.

- Oui, mais j’avais fait pire !

Étonnée, je me tourne immédiatement vers elle :

- C’est possible ?

- Ohh que oui. Mais elle m’a fait jurer que je ne raconterai cette histoire à personne. Et vu qu’elle a des histoires « dossier » sur moi… Je vais en rester là.

Visiblement, ces deux là ont un passé chargé ensemble.

En face de nous, des jets de massage disposés sous l’eau le long de la pierre se mettent en marche. Immédiatement, une petite lueur vient transformer les yeux de ma boss et elle se précipite de l’autre côté.

Ses yeux se ferment doucement et son visage est figé dans une expression de pur contentement. Ses lèvres pleines sont entrouvertes, sa tête légèrement penchée en arrière et son corps entier trahit son bien être. La scène est extrêmement sensuelle, elle à moitié nue, ne boudant pas son plaisir dans ce cadre paradisiaque. Je me sens presque comme une voyeuse. Ses paupières se soulèvent et ses iris verts viennent me clouer sur place. J’ai envie d’avoir l’air repentie d’être ainsi spectatrice de son étrange transe, mais je suis trop occupée à me retenir de lui sauter dessus. J’ai envie de m’approcher jusqu'à sentir un léger frôlement d’eau entre nos deux corps. Je la fixerais, lui interdisant de bouger et me pencherais pour venir caresser son cou de mes lèvres. Je la ferais gémir sous mes caresses, je la sentirais offerte, prête à oublier que nous sommes dans un lieu public. Je -

- Approche, c’est jouissif.

Son vocabulaire est des mieux choisis. Mais je ne bouge pas. J’ai envie de la rejoindre, mais peur de ce que je pourrais faire.

C’était une grossière erreur de venir ici. Je vois et j’envie tout ce que je ne peux pas avoir.

Elle tend le bras dans ma direction, m’invitant à m’avancer. J’hésite puis me décide. Ma main vient se glisser dans la sienne. Peut-être que ces jets vont me détendre moi aussi…

Elle m’attire à elle et se dérobe au dernier moment, ne laissant que de l’eau à l’endroit où elle s’était trouvée un instant auparavant. Je me tourne et laisse le jet me masser le bas du dos, tandis qu’elle se place à celui à côté, massant je ne sais trop quelle partie de son corps.

Je fais de mon mieux pour me contrôler, me concentrant sur les sensations de l’eau. L’avoir à portée de bras ne m’aide pas franchement.

Finalement, je me dis que prendre la parole m’aidera peut-être à me changer les idées :

- Si tu veux, j’essaierais d’aller lui parler.

Devant son air interrogateur, j’ajoute :

- A Angy.

- Ah. Oh, ne t’embête pas. Elle doit avoir une idée en tête. Un autre plan machiavélique pour me rendre la vie impossible. Quand elle disparaît c’est souvent ça.

- Et Mattéo ne te défend pas ?

- Lui ? Tu rigoles ou quoi, ça l’amuse oui !

- Bah moi je n’aimerais pas que ma petite amie se retrouve dans des positions comme ça !

Elle se tourne vers moi, un air étrange sur le visage.

- Petite amie ?

- Ben oui, tu sors avec Mattéo non ?

Elle a l’air étonnée, puis sourit :

- Euh non. Je suis sortie avec lui au lycée, mais c’était il y a tellement longtemps…

- Mais alors, les câlins…

- On est restés proches. Il est comme un grand frère...

- Oh.

Il me faut un moment pour encaisser le truc. Je pensais qu’elle était avec lui, donc hétéro et casée. Elle devient de moins en moins inaccessible, mais toujours hors de ma portée, c’est affreux.

- Promis, la seule personne avec qui je sors actuellement, c’est toi.

Je fais un énorme blocage dont j’ai tout à fait conscience. Heureusement que je ne mange rien, sinon c’était l’étouffement assuré.

- Pardon ?

- Euh non, je veux dire, enfin tu sais bien !

Elle rougit et détourne le regard, c’est très mignon, ça ne lui ressemble pas tellement. Jouant avec les vaguelettes du bout des doigts, elle embraye rapidement :

- Désolée. Ça ne sonnait pas comme ça dans ma tête.

Si seulement… J’aurais aimé que ça soit le cas.

- T’inquiète pas mon petit sucre d’orge, je vois ce que tu veux dire.

Je ne peux m’empêcher de la taquiner avec ça, faisant référence à ce qu’elle m’a dit lorsque je lui ai appris la nouvelle de notre prétendu couple. L’humour m’aide à rester saine d’esprit. J’en ai bien besoin là.

Elle me fait un sourire vaincu et demande d'un ton rieur :

- Parfois je me demande où est passée la charmante responsable réseau que j’ai connue dans l’entreprise.

- Ah oui ? Tu me trouvais charmante ?

- Tu n’aides pas ton cas Liz…

- Bon, bon… Ça te dit d’aller découvrir le reste des lieux ? On pourra toujours revenir ici après.

- Ok, ça me va.

Elle sort de notre petit recoin et se dirige vers l’entrée du bassin. Je m’efforce de conserver mes yeux au niveau de son dos et non de les laisser vagabonder plus au sud. Inutile que j’en rajoute, non ?

Après un court tour des lieux, Shaell décide de faire la traversée bassin glacé vers bassin chaud. Personnellement, je passe sur la première partie, je l’observe donc s’enfoncer seule dans l’eau bien trop froide pour quiconque de raisonnable.

Elle ressort quelques instants plus tard, tout sourire. Elle semble revigorée par ce petit trajet au pays du froid, et elle n’est visiblement pas la seule. De là où je suis, j’entrevois parfaitement son haut de maillot de bain, au travers duquel on devine sa poitrine tendue par le froid. Je fais de mon mieux pour éviter de loucher sur cette partie de son anatomie et détaille à la place le décor. Cette fois, l’ambiance évoque un temple en ruines englouti sous les flots et la verdure. Les pierres sont disposées de telle sorte qu’on devine des constructions. Le rendu est à nouveau bluffant. Je pourrais rester des heures à contempler les parfaites finitions des lieux, mais c’est sans compter sur ma camarade de jeu :

- Le bain bouillonnant te tente ?

- Pourquoi pas !

Nous sortons après quelques secondes seulement du bain chaud. J’imagine qu’elle aussi le trouvait un peu trop chaud.

Elle se glisse en premier dans un ensemble en pierre qui ressemble aux sources d’eaux chaudes qu’on peut voir à la télévision. Des petits sièges sont incrustés dans la roche, nous permettant de nous asseoir à mi hauteur. Je me place à ses côtés, m’installant au mieux. Les bulles me chatouillent en glissant contre ma peau. Je n’ose plus me réajuster même si un des jets de bulles est particulièrement mal placé au niveau de mon entrejambe. J’ai peur qu’elle pense que je me fais des sensations. Même si c’est exactement ce que je suis involontairement en train de faire.

Alors que les petites bulles deviennent de plus en plus agréables, j’entends Shaell me demander :

- Toi, t’as rien écouté de ce que je viens de dire !

Je me crispe légèrement, car je suis parfaitement coupable du forfait dont elle m’accuse.

En un instant, son ton faussement accusateur devient inquiet :

- Hey, ça va ? T’as les joues drôlement rouges.

Oh non !

- Oui ça va, ça va, merci.

J’en profite pour me réinstaller un peu plus loin. Au moins, les bulles laisseront mon entrejambe tranquille. Il n’y a pas besoin de ça pour m’exciter, inutile d’en rajouter.

Un coup d’œil en direction de ma boss m’informe que mon subtil mouvement est passé inaperçu. C’est étrange, mais je suis passée de crispée à l’idée seule d’être avec elle à « à l’aise en sa présence ».

Après quelques minutes d’un confortable silence, je me lève pour sortir. Je veux découvrir le reste, inutile de m’éterniser dans un seul coin.

Alors que je m’apprête à profiter du sauna, je constate en ouvrant la porte que je suis suivie de près par Shaell. Je ne l’avais même pas entendue me suivre.

La pièce est parfumée d’une délicate odeur de pin. Personne n’occupe le sauna, ça m’arrange. Remarque, tout semble fait pour qu’on se sente seul au monde. Rien à voir avec certaines thalassos surpeuplées. A mon avis, l’établissement doit refuser d’avoir plus d’un certain nombre de personnes en même temps à l’intérieur.

Je m’installe sur l’escalier du milieu, car je sais que la chaleur trop intense ne me réussit pas. Au contraire ma chef n’hésite pas à aller tout en haut. Une fois nos peignoirs étalés, nous nous asseyons. La pièce est grande et recouverte de bois. Un thermomètre nous informe de la température élevée de la pièce et un sablier en bois lui aussi se charge de nous rappeler le temps qui passe.

- J’ai toujours aimé le sauna. me dit-elle.

- Moi aussi. Je préfère au hammam. Même si apparemment je suis la seule.

- Non, non. Perso le hammam me donne un peu l’impression d’étouffer, je ne peux pas y rester longtemps. Ça vient certainement de la vapeur.

Je suis étonnée, c’est la première fois que j’entends dire ça. Et pourtant :

- Minute, comment tu fais pour lire dans ma tête ?

Elle sourit de ma plaisanterie, avant de rétorquer :

- Tout est écrit en énorme sur ton front.

- Ah oui, je voulais te prévenir, parfois j’ai un sale petit tatouage invisible qui apparait sur mon front, il dit « prends-moi pour une imbécile ». Si tu l’aperçois en ce moment, n’y prête pas attention s’il te plait.

- Où tu vas chercher tout ça ? demande-t-elle en riant.

- J’aimerais dire « dans mon génial cerveau » mais il me semble avoir entendu ça dans un film !

- Si j’ai besoin de parfaire ma culture cinématographique, je sais à qui m’adresser alors ?

- Tout à fait !

Nous sourions bêtement l’une et l’autre pendant encore un moment, avant que la chaleur ne nous rattrape. Je sens déjà la transpiration se formant sur ma peau, me recouvrant d’un voile humide.

Un coup d’œil en direction de Shaell m’informe qu’elle aussi commence à ressentir les effets de la température. Elle se passe la main dans sa nuque et se fait du vent. Une goutte part de son cou pour serpenter entre ses seins, puis courir sur son ventre, se nicher dans son nombril pour mieux repartir plus au sud. Je suis la gouttelette des yeux tandis qu’elle continue sa course le long de son bas de maillot de bain.

- Hum hum.

Son raclement de gorge forcé me fait réaliser que j’étais en train de fixer son bas de maillot de bain d’une manière suspecte. D’autant plus louche qu’étant un étage plus bas, je me retrouve la tête pile au niveau de vous savez quoi.

- Désolée, je regardais –

Son sourcil levé m’interrompt. Inutile de préciser ce que je regardais, elle l’a bien vu. Même si c’était « une goutte sur son entrejambe », tout ce qu’elle risque de retenir c’est « entrejambe », c’est sûr.

C’est extrêmement dur pour moi de discuter avec elle sans que mes yeux ne voyagent sur son corps. Je dois rester très concentrée, la preuve.

Je tente de changer de sujet en lui demandant :

- Dis, tu vois depuis combien de temps on y est ?

- Euh… Plus de 10 minutes et moins de 15. Le sablier n’est pas super précis.

- Ok.

- Déjà chaud ?

Comment dire ? Non seulement j’avais chaud à l’origine, mais contempler le trajet de la gouttelette n’a pas aidé. Pas du tout.

J’en ai marre d’être un cas désespéré.

Mes yeux retournent parcourir son corps bien malgré moi. J’aimerais pouvoir m’approcher suffisamment pour respirer l’odeur de sa peau, ma tête nichée au creux de son cou. Je voudrais passer ma main dans ses cheveux. Contempler ses yeux si verts sans avoir à me justifier. Admirer tous ses traits. L’écouter parler pendant des heures.

Ou même juste être avec elle.

Comment je vais m’en sortir ?

C’est trop. Ou plutôt pas assez. La thalasso n’aide pas du tout.

J’en peux plus.

Sans un mot, je me lève, prends mon peignoir et sors de la pièce rapidement.

La douche froide est bienvenue. Elle me permet de me rafraichir les idées, littéralement. Je laisse l’eau couler sur moi, la laisse emporter tout ça

- Hey, ça va ?

Je me retourne, surprise. Je ne l’ai pas sentie s’approcher.

Mon mouvement me déséquilibre et je me sens glisser sur le carrelage humide. Alors que je me prépare à atterrir lourdement sur mon postérieur, je sens Shaell glisser son bras dans mon dos.

Un instant, je pense qu’on va finir toutes les deux au sol mais non. Son autre bras va se poser sur le mur derrière moi et elle me retient.

- Liz ? Tout va bien ?

Je ne réponds pas.

Elle ne lâche pas sa prise, me gardant contre elle. Son corps est brulant comparé au mien. Je me sens déglutir. Le temps est comme ralenti.

Je suis piégée. J’ai envie de m’enfuir et de rester pile où je suis en même temps.

Ses pupilles sont dilatées, certainement parce qu’elle sort tout juste de l'obscur sauna. Mes yeux viennent se poser sur ses lèvres. Mon cœur bat trois fois plus vite qu’à la normale. Je vais l’embrasser. Je ne me retiendrais plus longtemps.

Je lève la tête pour contempler la femme devant moi. Ce n’est plus ma boss, encore moins la harpie.

C’est celle pour qui je serais prête à tout.

L’inquiétude se lit dans ses yeux. Mon souffle s’arrête.

Je me colle un peu plus contre elle. Mes yeux ne quittent pas ses lèvres tandis que je m’approche.

J’arrive à un cheveu d’elle, si proche de tout ce que je désire…

Elle ne voit donc pas ce que je m’apprête à faire ?

L’une de mes mains parcourt son dos du bout des doigts, remontant jusqu'à sa nuque. Je la sens frissonner.

Du regard, je la supplie de dire ou faire quelque chose.

Elle se contente de me scruter, mi inquiète, mi curieuse. Mon autre main parcourt son flanc, partant de sa hanche à sa taille, effleurant le galbe de son sein pour glisser vers son épaule.

Je m’approche de ses lèvres et je sens son souffle s’arrêter, tandis que ses yeux s’ouvrent un peu plus.

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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:03

Chapitre 13 - Remises en question



Je ne peux pas.

Elle ne veut pas.

Je ne peux pas la forcer, ce serait injuste de ma part. Il faut que je parte.

Je détache le bras qui était resté autour de ma taille et passe sous l’autre. J’attrape la clé du casier qui dépasse de son peignoir et part aussi vite que je peux.

Je n’ose pas regarder derrière moi. C’est ma chef et même si elle est célibataire, elle n’est pas à ma portée. Qui suis-je pour profiter d’elle alors qu’elle vient juste de m’éviter de me fracasser le crane au sol ?

Je m’habille sans prendre la peine de me sécher. Mes cheveux dégoulinent encore lorsque j’interpelle l’une des masseuses, lui remettant la clé du casier pour qu’elle la donne à Shaell.

Sans perdre un instant de plus, je quitte l’établissement.

Mon pas est rapide. Je n’ai pas la moindre idée d’où je vais, mais il faut que j’évacue une partie de la tension accumulée.

J’ai surement ruiné tout ce qu’il pouvait y avoir entre nous.

Putain !

Quelle conne !

Je m’arrête sur un banc public et m’assois lourdement.

Je suis vidée.

Je ne sais pas quoi faire.

Où aller.

Je pense qu’elle va rester profiter de la thalasso tranquillement, sans employée perverse pour la reluquer.

Et merde… pfff pourquoi faut-il qu’elle me fasse cet effet là ?

Ne voyant pas d’autre chose à faire, je me décide à demander conseil à ma commère préférée. Mais avant, autant m’amuser à ses dépends, ça me détendra.

J’allume mon téléphone et accède à ma boîte mail, histoire de transférer la vidéo du baiser pour l’envoyer à Steph. Immédiatement après, je l’appelle en visio.

Elle répond directement, installée sur ce qui semble être son canapé.

- Salut toi ! me dit-elle, joyeuse.

- Coucou.

- J’ai cru que t’étais morte, j’avais plus de nouvelles.

- Tu ne crois pas si bien dire…

Ses sourcils se froncent et elle remet une mèche de cheveux bruns derrière son oreille avant de demander, sérieuse :

- Qu’est-ce qui t’arrive ? T’es tombée dans la fontaine de l’hôtel en public ?

Je passe ma main dans mes cheveux mouillés en souriant :

- J’aurais préféré.

- Accouche, tu sais que je suis pas patiente !

- T’es surtout super curieuse oui !

- Je m’inquiète de ta santé mentale, c’est différent !

- Pas de là où je me tiens.

- Bref ! Que me vaut la joie de ton appel ? Il s’est passé quelque chose ?

Elle a son air de maitresse d’école en train de faire une réprimande en me disant ça.

- Pas qu’une seule chose ! Ton PC est allumé ?

- Oui pourquoi ? demande-t-elle.

- Va voir tes mails, je viens de t’envoyer un truc.

Je l’observe se déplacer dans son appart, vu qu’elle a pris le téléphone avec elle. Une fois le téléphone bien calé, je la vois tapoter sur son clavier pendant que je combats l’envie de vomir que ce court voyage m’a donné.

- En effet. J’ouvre la pièce jointe ?

Je sais très bien que je lui fais plaisir en faisant ma tête blasée avec un sourcil levé mais je ne peux pas m’en empêcher !

- Non non, je l’ai mise juste pour faire genre !

- Ah ben dans ce cas… !

- Steph…. Ouvre.

Elle clique, surement pour télécharger la vidéo et je scrute l’écran de mon téléphone, attendant avec impatience de voir sa réaction.

Elle prend un paquet de bonbons en main et commence à manger en même temps que la séquence débute, enfin d’après le son que m’envoient ses hauts parleurs.

J’observe avec une certaine avidité son attitude, notant les sourcils qui se lèvent de plus en plus…

- Nan, vous n’avez quand même pas … ? demande-t-elle dans le vide, le regard rivé à l’écran de son ordinateur.

Alors que je m’apprête à lui demander ce qu’elle en pense, j’observe ses yeux faire un truc étrange avant de la voir tomber de sa chaise.

Je lève un peu la tête, espérant admirer l’atterrissage ou même m'assurer qu'elle va bien mais étant donné que le téléphone n’a, lui, pas bougé, je n'assiste pas à grand-chose.

- Steph ? Ça va ?

J’aperçois une main, puis un bras, puis enfin sa tête. Son autre main masse un point dans sa chevelure rousse tandis qu’elle se relève et s’installe sur sa chaise tant bien que mal.

- T’es dingue ! T’aurais pu prévenir !

- Et gâcher la surprise, certainement pas !

- T’aurais pu me tuer ! J’ai failli faire un arrêt !

- Tu vas bien, t’es solide je le sais !

- Mouais… En plus j’ai mis des bonbons partout, ils sont gâchés !

Le fait que son encas soit désormais passé du côté « non comestible » semble plus la déranger que sa future bosse. Finalement, sa curiosité bat son agacement tandis qu’elle relance la vidéo et me demande :

- T’as truqué ça ?

- Même pas !

Je ne peux m’empêcher d’être un peu fière.

- Bien joué alors ! Elle embrasse bien ?

Alors que j’allais répondre, elle s’empresse de rectifier sa question :

- Nan nan atta ! C’est un bon coup ?

Elle jubile visiblement pour moi et s’approche de son téléphone jusqu'à occuper tout mon écran avec son visage. Ses yeux de folle furieuse et son sourire béat m’inquièteraient si je ne la savais pas inoffensive.

- Il ne s’est rien passé entre nous.

- MENTEUSE ! AU BUCHER ! Je viens de voir la preuve contraire !

Elle s’agite et se recule pour me pointer d’un doigt accusateur. Je me sens obligée de me justifier :

- Non… rahh, je veux dire, là on était forcées.

- Mouais. Tu me feras pas croire qu’elle a dû trop te forcer. La dragonne est du genre à faire de nous des esclaves du travail mais toi… Pas besoin de te contraindre pour te faire l’embrasser. Je me trompe ?

Elle ajoute son « je me trompe » en voyant mon air offusqué, même si je sais bien qu’il y a une part de vrai. Je finis par répondre, bougonne et pleine de mauvaise foi :

- Moui. M’enfin là c’est pas venu de moi ! T’as vu t’as vu, c’est elle qui m’a embrassée ! Fin bref. Tiens, et si on changeait de sujet ?

Sympa, elle accepte direct :

- Explique ton état ! dit-elle en désignant sa chevelure.

- Bah t’as vu, on a gagné le tirage au sort, et on a été à la thalasso aujourd’hui.

Je l’observe souffler sur un des bonbons qu’elle vient de ramasser au sol et l’apporter à sa bouche. Elle s’arrête juste avant que ses dents ne broient ce qui semble être une fraise tagada.

- Et ?

- Tu ne manges pas ton bonbon ?

- J’attends que tu me dises ce qui s’est passé avant, je suis sûre que tu veux encore attenter à ma vie, par étouffement cette fois !

Le pire, c’est qu’elle a l’air d’y croire. Je souris, lui fais un clin d’œil juste pour la faire psychoter et continue.

- Parano. Bah disons qu’à cause de ça, je suis dans la merde.

- Laisse-moi deviner. Tu l’as vue couverte d’une combinaison de plongée, coincée du cul comme elle doit être, et comme t’avais pas dormi rien qu’à l’idée de la voir en maillot t’as arraché ce qu’elle avait sur elle et tu l’as palpée à même le sol ?

-_-‘

Merci Steph pour le vote de confiance. Même si pour la partie où je la tripote elle a visé proche de la vérité.

- Tu te trompes sur la partie combinaison de plongée, crois-moi !

Ses yeux menacent de sortir de sa tête :

- Tu as vu la harpie dénudée ?

- En deux pièces quoi ! Et ne l’appelle pas comme ça, s’il te plait.

- Oh mon Dieu ! Tu es passé du côté obscur ! Tu fais partie de ses troupes maintenant ! Vade Retro !

- N’importe quoi ! C’est juste que je… j’ai… appris à la connaître.

Elle pondère ma réponse un instant, baisse ses doigts qu’elle avait mis en signe de croix devant le téléphone et reprend :

- Bref, c’est pas ça l’important de toute manière ! Elle a des vergetures ?

Pourquoi ses questions complètement à côté de la plaque ne m’étonnent-elles pas ?

- Pas que je sache. Enfin j’en ai pas vu !

- T’as survécu à l’expérience, c’est qu’elle ne doit pas être aussi bien foutue que ça !

- Oh que si…

Je me demande si mon ton avait l’air aussi rêveur que ce que je crois. Malgré cela, elle semble perplexe :

- Et tu ne t’es pas liquéfiée sur place ?

- Sur la durée on va dire.

Elle paraît inquiète pour moi et me demande, hésitante :

- Je dois m’attendre à te voir quitter l’entreprise ?

- Honnêtement, je ne sais pas.

- Sérieux ? A ce point ? T’as fait quoi ?

Un soupir m’échappe avant que je ne parle. Comment dire ça ? Comment le décrire ?

- C’est… compliqué.

- Essaie quand même ! Pour moi !

Elle me fait une belle imitation de chien battu et j’accepte de m'expliquer :

- Je suis dans la merde. Je… Je commence à l’apprécier…

- Pour son physique ? C’est pas nouveau.

- Pas seulement. C’est ça le problème. Aujourd’hui, j’avais envie de… J’ai essayé de toutes mes forces de me retenir… Enfin je l’avais à portée pi… j’ai glissé, elle m’a rattrapée et…

- Tu l’as embrassée ?

Elle est visiblement stressée alors qu’elle me demande ça, portant ses mains dans sa chevelure en attendant ma réponse :

- Non. J’en crevais d’envie. Je me suis retrouvée contre elle et je l’ai… Caressée on va dire.

- Où ? Longtemps ? Elle t’a laissée faire ? C’était bien ? Minute, elle a la peau douce ?

- Euh… Dans le dos et sur le côté. Et puis je sais pas si elle m’a laissée faire. Elle était comme surprise…

- Et elle a dit quoi ? Elle t’a giflée ?

- Elle a pas eu le temps ni de dire, ni de faire quoi que ce soit. Je me suis tirée avant…

Elle se mord la lèvre sous l’effet de l’inquiétude et me questionne, après quelques instants de réflexion :

- T’es bonne à quelque chose d’autre que ton boulot ? Juste au cas où…

- Tu crois que je vais me faire virer ?

- Honnêtement je sais pas… Je dois vraiment te rappeler QUI tu as osé palper ? Je veux dire, la plupart n’osent même pas la regarder… Alors la tripoter…

Je ne sais pas quoi faire de sa réponse. D’un côté elle n’a pas tort, de l’autre, la femme avec qui je partage mes journées depuis quelques jours n’a rien à voir avec son double diabolique des bureaux.

Bordel !

Je suis suffisamment désespérée pour demander conseil à Steph :

- Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ?

- Bah, t’excuser serait bien. Même si ce sera pas crédible, t’auras essayé quoi. T’as vu sa réaction ?

- J’étais trop occupée à m’enfuir pour regarder.

- Mouais. Ça n’aide pas trop. Excuse-toi, je vois que ça. Et pas genre « désolée de t’avoir caressée », trouve plutôt quelque chose dans le « je sais pas ce qui m’a pris ».

- Ouais…

Je suis dégoutée, elle n’a pas l’air beaucoup plus optimiste que moi. Tu parles d’une remonteuse de moral !

Visiblement, elle arrive parfaitement à lire le désarroi sur mon visage vu qu’elle s’approche du téléphone d’un air compatissant :

- Hey Liz… Ça veut rien dire tu sais… Si elle fait si peur, c’est parce que la démon- parce qu’elle est imprévisible. Tu peux pas savoir comment elle va réagir…

- Bah quand même…

- Non, tu peux pas. En te voyant partir avec elle faire ce voyage, j’étais déjà prête à envoyer une couronne à tes parents, mais apparemment ça va…

Ça va ? Comment elle peut dire ça, la situation pourrait difficilement être pire ! Je m'empresse de la corriger et m'exclame :

- Ça allait tu veux dire !

- Non ! Je veux dire ça va ! Elle ne t’as pas encore étripée et à moins que tu sois la plus grosse masochiste au monde, elle a peut-être même été sympa avec toi.

- Mouais…

- Et pi elle t’a embrassée hein…

- Sous la contrainte.

- Même. Et pi si tu veux mon avis, elle y a mis la manière. On n’est pas du même bord mais au vu de ça, ma barque vacillerait presque !

Qu’elle est bête ! Au moins, ses idioties me font sourire. Il y a une part de vérité dans ce qu’elle dit. Peut-être que tout espoir n’est pas perdu ?

- Je préfère ça !

- Hey !!! Arrête tout de suite Steph !

- Ben quoi ? Tout ce que tu penses est traduit en mimiques, j’y peux rien.

Ok. Après Mattéo et Shaell, c’est elle qui me le dit.

Minute.

Si tout ce que je pense…

Alors dans la thalasso… Elle aurait dû le voir venir, right ?

- Je vois de la fumée !! Arrête ça, tu te fais du mal !

De l’autre côté du téléphone, ma collègue arrangée fait mine de souffler pour m’éteindre. Et dire que je suis amie avec elle…

- Sérieux Liz, arrête… Trop réfléchir te servirait à rien là. Attends de la revoir et tu aviseras…

- Depuis quand tu es de bon conseil toi ?

- Depuis toujours darling, c’est juste qu’avant t’avais la tête tellement loin dans ton hum-hum que t’entendais pas !

- No comment !

- Bref ! Je vais devoir te laisser, j’ai un gâteau au four et toi t’as une pneumonie en chemin si tu ne te sèches pas !

Je l’observe, dubitative :

- T’es sérieuse là ? Las Vegas est dans le Nevada. Autour il y a le désert tu sais… Mes cheveux sont déjà quasiment secs !

- Ouais ben mon fondant au chocolat géant doit l’être aussi ! Et j’aime le manger tant qu’il est chaud !

- Ok, ok, face à de tels arguments…

- Voilà ! Bon ! Appelle-moi dès qu’il y a du nouveau. ajoute-t-elle.

- Oui, oui.

- Je compte sur toi !

- Mais oui, ok !

- Ça marche alors. Moi je vais me remettre du choc et analyser cette intéressante petite vidéo. Le chocolat m’aide à réfléchir ! Si j’ai une idée qui puisse t’aider à t’en sortir, je te fais signe.

- Ok ! Bonne journée. Et Steph ?

- Oui ?

- Merci.

- De rien ma belle ! Courage !

- C’est gentil.

La conversation prend fin sur ça et je dois dire qu’elle a plutôt bien réussi son job. Je suis un tout petit peu rassurée.

Je range mon téléphone dans ma poche et m’adosse au banc. Le soleil tape plutôt fort et l’envie de rester à me faire griller comme un steak n’est pas franchement là. D’un autre côté, l’alternative, à savoir retourner à la chambre d’hôtel ne m’attire pas non plus.

J’imagine que j’y serais tranquille, à tous les coups Shaell est restée profiter de la thalasso. Après tout, rien de tel qu’un moment de détente pour se remettre d’un choc.

Mais j’ai pas envie de retrouver cet univers là. Je n’ai pas envie de sentir son parfum dans la chambre, de voir ses affaires de toilette…

Courage Liz, le voyage est bientôt fini. Je retrouverais sûrement la raison en rentrant au bureau. Elle redeviendra la femme froide et inaccessible et tout s’arrangera.

Finalement, je trouve le courage de me lever et de marcher. Le soleil de plomb ne m’aide pas à réfléchir, me collant juste un mal de crane pas possible. Et probablement des coups de soleil.

Bon. Faut que je m’abrite.

Je repère une enseigne qui me promet de bonnes glaces et me décide à entrer. Peut-être que ça calmera mon débordement hormonal au passage. Même si le fait que je flippe m’a déjà bien refroidie.

Je commande une glace pilée parfum framboise et bubble gum. Le type me donne une paille géante avec, et je m’empresse d’aspirer autant de glace que possible. Autant me geler le cerveau au passage.

Une fois mon énorme glace terminée, je me remets à parcourir les rues. Ça aura eu le mérite de me rafraichir les idées. Ça ne sert à rien de continuer à me prendre la tête et d’imaginer toutes les solutions possibles et imaginables. Je le verrais bien assez tôt.

Je décide de me rendre dans la direction générale de l’hôtel. Si je ne trouve rien à faire d’intéressant d’ici là, je pourrais toujours tenter de m’endormir, ou faire semblant de pioncer une fois que Shaell rentrera. Comme ça j’éviterai les discussions étranges.

Alors que j’approche de l’hôtel, je me décide à entrer dans un des plus célèbres casinos, décoré façon Rome antique. Je me fais un peu de monnaie avant de trouver une machine à sous où m’installer. D’ordinaire, j’aurais préféré tenter ma chance au Blackjack mais pour le coup, appuyer sur des boutons sans avoir à réfléchir m’ira très bien.

Je ne sais pas combien de temps je passe là, à regarder la machine engloutir mon argent, mais au bout d’un bon moment je me retrouve sans un sous.

On ne peut pas gagner à tous les coups. Je ne m’attendais pas à gagner de toute manière vu l’état de ma chance en ce moment.

Je finis par ressortir, me dirigeant dans la direction générale de l’hôtel, tout en regardant autour de moi à la recherche du moindre prétexte pour ne pas rentrer tout de suite.

Un club de striptease attire mon attention.

Après tout… Ça ne peut pas me faire de mal, non ?

Je veux dire, si ça n’aidera sûrement pas ma libido, je verrai qu’il y a d’autres femmes, que d’autres peuvent me faire de l’effet.

On verra bien.

Je montre ma carte d’identité à l’homme à l’entrée qui ouvre la porte pour moi. L’atmosphère est sombre, confinée et étrangement réconfortante. La salle est plus grande que je ne l’aurais cru. Je parcours les lieux des yeux, à la recherche de l’endroit idéal pour m’asseoir.

Un coin de la pièce me paraît plus sombre que les autres et l’idée que je puisse regarder sans être vue me plait. C’est d’un pas décidé que je me dirige là bas, slalomant entre les tables tout en regardant les danseuses et serveuses présentes.

Alors que j’arrive à proximité de ma destination, je remarque que la banquette est déjà occupée. Un peu déçue, je m’apprête à me retourner lorsque quelque chose attire mon attention.

Une des stripteaseuses, jolie blonde au corps bien sculpté est en train de faire le lapdance de sa vie à un client. Sauf que ce client porte des talons aiguilles. La curiosité l’emporte, l’envie de voir une femme canon se frottant contre une autre est trop forte. Je me décale sur ma gauche afin de mieux apercevoir la scène. J’ai tout à fait conscience que c’est une sorte de voyeurisme, mais j’ai juste besoin de savoir que je ne suis pas la seule à avoir ce genre d’envies.

Mes yeux finissent par s’adapter à la pénombre ambiante et mon souffle s’arrête.

Non.

Impossible.

Je m’approche encore un peu, attirant involontairement l’attention de la danseuse et sa cliente. Je dois en avoir le cœur net.

La stripteaseuse regarde d’un air confus sa cliente, remarquant que celle-ci s’est arrêtée net alors qu’elle glissait un billet dans son soutien gorge.

Sous mes yeux, ma boss me regarde d’un air horrifié, puis coupable.

Je suis, quant à moi, trop traumatisée pour qu’une seule émotion ne domine les autres. C’est la dernière personne que je m’attendais à trouver là.

Shaell repousse la danseuse sur ses genoux et s’apprête à se lever, mais je ne crois pas être prête pour lui parler maintenant.

Pas après avoir vu ça

Maintenant elle teste les femmes ? Je pige plus rien.

Je me retourne et me dirige vers la sortie à la limite du pas de course.

Sans un regard derrière moi, je m’enfuis en direction de l’hôtel. Je compte bien me réfugier dans la chambre. Je ne pense pas qu’elle va venir après ça.

Je m’affale directement sur le lit, regardant le plafond.

Qu’est-ce qui lui est passé par la tête ?

Je la tripote et puis elle va profiter des charmes d’une jeune femme dans un club ? Quel genre de logique dérangée c’est ça ?

Faut que j’arrête de penser, ça donne rien de bon en général.

Deux minutes ? Peut-être qu’elle à réellement été en couple avec une femme pendant 3 ans !

Argh. Non, pas possible. Pas elle. Faut que j’arrête de rêver.

Je sais plus.

J’allume la télé et reste un bon bout de temps à regarder l’écran sans vraiment y prêter attention.

Je regarde par la baie vitrée et remarque que la nuit est tombée. Un coup d’œil au réveil sur la table de nuit m’indique qu’il est beaucoup plus tard que je ne l’aurais cru.

Elle aurait déjà du être rentrée.

Les minutes passent et je commence à m’inquiéter.

Et si elle m’avait suivie hors du club, avait traversé sans regarder et s’était faite renverser ?

Plus le temps passe, plus je me fais du souci.

Au bout d’un moment, je ne tiens plus et attrape mes baskets. Une fois chaussée, je sors et me dirige immédiatement vers l’ascenseur. Quelques minutes plus tard, je suis devant la chambre d’Angy. Enfin je crois.

Finalement, je me décide à toquer.

Je suis rassurée en entendant la voix d’Angy dire :

- J’arrive, une seconde !

Elle m’ouvre quelques instants plus tard, légèrement à bout de souffle.

- Hey ! Désolée j’étais affalée devant la tv !

- T’inquiète, j’étais pas mieux il y a quelques instants. Comment ça va ?

- Bah écoute bien et toi ? Mais reste pas là, entre.

Je franchis la porte pour pénétrer dans une chambre qui ressemble vaguement à la notre, mais en moins luxueux. La vue donne du côté opposé de l’hôtel. Mais j’ai pas le temps de répondre à sa question qu’elle me dit d’un air joyeux :

- J’imagine que t’es là pour me demander si je l’ai pas vue ?

- Tu l’as vue ?

J’essaie de cacher mon enthousiasme à l’idée qu’elle sache où elle est :

- Ouais, en coup de vent. Elle est passée, fin stressée. Elle m’a marmonné un truc et est repartie. Je pense qu’elle est avec Matt. S’est passé quoi au juste ?

Je ne sais pas si je dois lui dire la vérité ou pas. Je veux dire, si Shaell avait voulu qu’elle sache, elle lui aurait dit. Non ? Je décide de la jouer fine en disant :

- Elle t’a dit quoi ?

- D’après ce que j’ai compris, vous êtes allées profiter de la Thalasso, soit dit en passant je te déteste d’avoir gagné à ma place, pi que t’avais comme paniqué, que t’es partie très vite et que tu l’as retrouvée par hasard dans un club de strip.

Oh.

Donc elle sait l’histoire en gros.

- Elle t’a dit pourquoi j’étais partie ?

- Non. […] Bon après, j’ai ma petite idée.

- Ah ?

Involontairement, je sens mon sourcil se lever. Présomptueuse la petite. Imperturbable, elle me dit :

- Je suis peut-être blonde, mais pas aveugle. Vu comment tu la lorgnes dès qu’elle a le dos tourné, je parie que t’as pas résisté… T’as dû faire un truc. J’hésite entre l’embrasser ou peut-être t’approcher très près avant de te faire peur à toi-même et t’enfuir. Je suis loin de la vérité ?

J’envisagerai de répondre une fois que ma bouche daignera se refermer. Quelle petite …. Bien sûr que je la mate, mais ce n’est pas une raison pour me le faire remarquer !

Grognon, je réponds :

- Pas trop.

- Elle a réagi comment ?

- Bah honnêtement, j’étais trop occupée à regarder dans quelle direction je m’enfuyais pour l’observer ! Elle t’a rien dit à ce sujet ?

- Je t’ai dit, elle n’est pas restée très longtemps. Pi elle était plus perturbée par le fait que tu l’aies surprise qu’autre chose.

Je m’assieds sur le canapé, un peu déçue. Je ne sais pas quoi penser. Elle vient s’installer à mes côtés, avant de poser sa main sur mon genou, tentant de me réconforter.

- T’inquiète pas. Elle a juste besoin de temps.

- Non mais…. Je suis juste stupide.

- Dis pas ça….

Elle passe son bras autour de mon épaule, m’attirant à elle. Je suis tellement dégoutée que je n’apprécie pas sa proximité autant que d’ordinaire.

- Non mais c’est vrai. Je veux dire on s’est rapprochées, on s’entendait pas si mal et pi j’ai tout foutu en l’air.

Angy semble réfléchir un moment avant de se tourner vers moi et me dire :

- Tu sais, je crois qu’on peut dire que je la connais bien, même très bien et je sais un truc avec certitude : quoique t’ai fait, y’a beaucoup de chances pour qu’elle l’ait vu venir.

- C’est censé me réconforter ?

Elle me regarde comme si j’étais la fille la plus crétine au monde :

- Bah oui voyons ! Elle a un instinct de dingue, c’est d’ailleurs pour ça qu’elle est douée dans son boulot. Elle semble tout savoir à l’avance. Si c’était pas sur un coup de tête, elle l’avait sûrement vu.

- Mouais… Pourquoi elle m’a pas recadrée direct si ce que tu dis est vrai ?

- Sérieux Liz, tu te vois dire à quelqu’un qui te reluques « cesse de me mater » ? La probabilité que l’autre nie est de 50% et après tu passes pour une abrutie imbue d’elle-même.

Elle marque un point. Cependant, quelque chose me tracasse toujours :

- J’avoue ! Mais pourquoi un club de striptease ?

- Bah j’en sais rien ! C’est toi qui l’as émoustillée !

-_-‘

Mais bien sûr Angy.

- Tu parles, j’ai rien fait du tout !

- J’ose même pas imaginer si tu faisais quelque chose alors !

Ça l'a fait rire, mais moi moins. Je peux pas m’empêcher de demander, d’ailleurs je n’essaie même pas :

- Mais pourquoi une stripteaseuse ?

- Bah à ma connaissance, ça fait plus de 2 ans qu’elle n’a pas eu de relation alors bon…

- Tu crois qu’elle remet en cause sa sexualité ?

Elle me rit ouvertement au nez et je suis un peu vexée. J’ai le droit de rêver quoi !

- Chérie, après moi, personne ne remet en cause sa sexualité !

Je ne sais pas si mon traumatisme se voit, mais heureusement que je suis assise.

OMG !

Ça veut dire ce que je crois que ça veut dire ?

Je réplique rapidement, histoire de camoufler le fait que je suis choquée :

- Comment tu fais pour enfiler tes hauts ?

Elle me regarde, perplexe :

- Comment ça ?

- Comment tu fais pour mettre tes hauts en ayant une aussi grosse tête ?

Elle me frappe le bras, comme aurait pu le faire ma boss, avant de dire :

- T’es bête !

- Je n’arrête pas de le dire ! […] Sérieusement, tu as dit ce que je viens de comprendre ?

- Ça dépend, t’as compris quoi ? Dialogue de blondes, on n’est jamais trop méfiantes !

- Que toi et Shaell vous….

Je fais le signe universel du bécotage entre mes deux index en la regardant. Ma chef, ma canon et beaucoup moins hétérosexuelle qu’il n’y parait supérieure aurait eu une relation avec la superbe jeune femme à mes côtés ?

No way !

- Oui. On est sorties ensemble pendant 3 ans !

AHA ! J’ai la réponse !

Et un gros problème hormonal sur les bras.

Oh non, je vais imaginer !

Des images commencent à se former dans ma tête.

Oh oui, je vais imaginer !

Angy me sort de ma transe en me riant ouvertement au nez.

- Tu verrais ta tronche ! Ça va aller ?

- Ouais… J’essaie de me remettre là…

- Tu ne te doutais pas… même pas un peu ?

- Tu rigoles ou quoi ? Au bureau, Shaell a l’air plus coincée qu’une nonne. Quelle puisse avoir une sexualité paraissait impossible, alors en plus avec des femmes !

- Liz Liz Liz… Ton gaydar n’est pas au point !

- Il l’a jamais été ! Vaut mieux pas !

Elle me regarde, comme si j’étais tombée sur la tête avant de demander :

- Pourquoi ça ? C’est pratique !

J’hésite à dire, lui mentir l’espace d’une fraction de seconde mais finalement j’opte pour la vérité au dernier moment :

- Bah oui et non. Disons que j’ai pas assez confiance en moi pour faire quoi que ce soit du genre « approcher une femme » alors savoir qu’elles sont de mon bord me torturerait plus qu’autre chose.

- Je vois. Je comprends pas mais je vois.

J’essaie d’empêcher l’expression faciale « t’es bête ou quoi ? » de s’installer trop longtemps sur mon visage et m’empresse d’ajouter :

- C’est pas dur à comprendre.

Angy soupire et s’installe plus loin sur le canapé, se tournant légèrement vers moi :

- Je parlais de pourquoi t’as pas confiance en toi ! M’oblige pas à te complimenter !

Je me sens sourire malgré moi.

Ça veut dire qu’elle me trouve bien ?

La seule idée qu’une femme comme elle puisse me trouver potable me réjouit. Et fait ressembler mon visage à certaines décapotables rouges qu’on peut voir dans la rue.

- C’est gentil, merci.

- Me remercie pas, j’ai rien dit ! Bref ! Pour votre histoire t’inquiète pas, elle va certainement venir te parler demain. Il lui faut juste du temps pour digérer le « flagrant délit » si tu veux mon avis !

En même temps, si je ne l’avais pas voulu c’était pareil. Une question me vient cependant à l’esprit :

- Pourquoi elle ne m’a rien dit ?

- Sur son homosexualité ?

- Oui.

- Pourquoi faire ?

Bonne question. Tu marques un point ! Mais quelque chose me revient à l’esprit.

- Bah elle est quand même gonflée quelque part. Elle m’a limite accusée d’être une espèce de perverse qui adore la coincer dans ce genre de situations ! Alors qu’en fait elle n’était pas mieux !

Angy émet un rire cristallin avant de répondre :

- C’est Sha. Elle a parfois un humour tordu.

- J’ai pu le constater.

Un léger silence s’installe. J’aime beaucoup Angy. Si je n’étais pas obsédée par ma supérieure, je pense que j’aurais songé à tenter ma chance.

Le fait qu’elle soit également une petite blonde aurait fait de nous un couple bien assorti au moins ! Puis j’aurais eu plus de chances qu’avec Shaell. Hétéro ou homo, elle est comme qui dirait « out of my league », on ne joue pas dans la même cour.

J’ai juste peur d’y croire encore un peu plus, envers et contre tout.

- Allez, fais pas cette tête ! Ça te dit de sortir boire un verre ou manger un bout ? Je suis peut-être pas miss briseuse-de-cœurs mais j’ose croire que je fais un substitut potable !

Je me lève et lui tends la main pour l’aider à se lever. Une fois cela fait, une petite claque ponctuée d’un « c’est pour t’apprendre à pas dire de conneries » lui explique ce que je pense d’elle. Certes, j’aurais pu m’exprimer moins violemment, mais ça aurait été moins plaisant. Pas de raison pour que ce soit toujours moi qui prenne.
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:04

Chapitre 14 - Y’a comme un malaise dans l’air



Une fois de retour dans la chambre, je ne peux que constater qu’elle est vide.

J’espère qu’elle ne va pas se terrer avec Mattéo jusqu’à la fin du voyage.

Peut-être que je n’aurais pas du fuir ?

Argh, faut que j’arrête de penser à ça.

Je me déshabille sans même prendre la peine de fermer les rideaux. Je ne suis pas prête de dormir, alors l’animation de la nuit me donnera quelque chose à faire au pire.

Une fois prête à aller me coucher, je m’installe sous la couette non sans un certain soulagement. La journée a été rude et riche en émotions. C’est le moins que l’on puisse dire.

Le plafond capte mon entière attention pendant une dizaine de minutes, avant que mon esprit ne se mette à vagabonder.

J’ai passé une super soirée, Angy a réussi à me changer les idées. Sa compagnie est super agréable et elle est très jolie, pas étonnant qu’elle ait réussi à séduire ma boss.

Je n’imagine même pas le couple qu’elles devaient former. De quoi en faire baver plus d’un. En tout cas personnellement je n’aurais pas dit non pour faire le beurre dans le sandwich Shaell / Angy ! Dommage qu’elles ne m’aient pas demandé.

C’est cool qu’elles soient restées amies après leur séparation. J’ai pas trop trop pigé ce qu’Angy m’a dit mais d’après ce que j’ai pu comprendre elles ont eu un désaccord et se sont séparées. Par la suite, elles se sont dit que ce n’était pas une raison pour ne pas rester proches. J’aime bien cette mentalité.

Contrairement à ce que je pensais, je me sens sombrer vers le sommeil, les pensées tournées vers Shaell, pour changer...



Une caresse sur ma joue me fait sortir de ma torpeur. J’ouvre doucement les yeux, pas encore tout à fait éveillée.

- Hey…

- Hmm Coucou.

Je m’étire puis regarde Shaell, légèrement penchée au-dessus de moi. Elle est superbe dans la semi-pénombre. Un coup d’œil à la baie vitrée me laisse penser qu’il est encore tôt, le soleil n’étant pas encore apparu à l’horizon, seulement précédé d’un halo de lumière.

Je suis bien trop contente de la voir pour songer à censurer ce que je dis :

- Ça me fait plaisir de te voir… A propos d’hier j-

Son doigt sur ma bouche m’arrête. Si je m’écoutais, j’entrouvrirais mes lèvres pour goûter sa peau, mais je me retiens. A la place, je me concentre sur ce qu’elle dit :

- Ne dis rien. J’ai beaucoup réfléchi depuis…

Voyant qu’elle ne continue pas, je n’arrive pas à me résoudre à être patiente et demande :

- Et ?

Elle semble incertaine, ses yeux partent de gauche à droite, sa lèvre inférieure va se glisser entre ses dents. Puis, comme au ralenti, je la vois s’abaisser.

Non.

Je n’ose pas y croire jusqu’à ce que je sente ses lèvres se poser sur les miennes. Légères comme des plumes, une fois le contact fini, je le regrette déjà.

Elle se recule, hésitante. Ses yeux viennent chercher les miens tandis qu’elle déglutit.

Je ne sais pas ce qu’elle croit y lire mais elle se redresse encore davantage, l’air défaite.

- Pardon. Je… j’ai cru…

Je ne la laisse pas s’excuser davantage et l’attire à moi. Dans le mouvement, son corps entier vient contre le mien et je m’entends gémir sans réellement me reconnaître.

Accoudée de part et d’autre de mon visage, elle me sourit :

- Je n’étais pas sûre…

- T’aurais dû… Si tu savais comme j’ai attendu ce moment…

- Pas autant que moi.

Tout étant dit, elle s’abaisse à nouveau pour venir caresser mes lèvres des siennes, taquine. Bien vite, le baiser devient plus appuyé, plus intime.

Mon esprit est en ébullition face à ce trop plein d’émotion. Elle se recule légèrement pour respirer et je l’observe en pleine lumière, le soleil ayant pointé le bout de son nez.

Je remarque chaque détail, chaque courbe, chaque creux, le petit pétillement dans ses yeux.

Elle est superbe.

Et elle m’a embrassée.

Mon cœur bat la chamade et je n’échangerais ma place pour rien au monde.

Enfin je pourrais peut-être me décaler pour le rayon de soleil qui va pile dans mon œil. Je tourne légèrement la tête en fermant les yeux, histoire de limiter l’éblouissement.

Lorsque je les ouvre, il n’y a plus que le rayon de soleil et moi dans une chambre désespérément vide.

Et merde !

J’ai envie de crier, ou peut-être de pleurer.

Je ne peux pas exprimer à quel point je suis frustrée. Mes mains saisissent deux poignées complètes de draps et les serre aussi fort que je peux.

Même mon subconscient est contre moi.



Je me lève dans un grognement, toute trace de sommeil et de bonne humeur bien loin derrière moi.

Fait chier ! Faut en plus que je fasse des rêves débiles et sadiques !

Mes pieds me trainent jusqu'à la salle de bain où je commence à remplir la baignoire. Peut-être que ça me détendra…

En attendant, je reste sub-tendue ! Il y a, à la fois, la frustration sexuelle et le dégoût de ne pouvoir que rêver ces choses-là.

L’eau chaude, censée avoir un effet relaxant n’y fait rien du tout. J’ai envie de frapper quelque chose, de faire l’amour, … pas forcément dans cet ordre.

Le seul petit souci est que la seule personne avec laquelle j’aurais envie de m’envoyer en l’air ne veut pas de moi. Enfin, rêves mis à part.

Je me mets debout pour me rincer, de toute manière ce bain ne me détendait pas. Alors que l’eau coule le long de mon corps, je m’observe dans le miroir semi-embué. En me concentrant un peu, j’arrive à deviner une silhouette à mes côtés. Elle repousserait mes cheveux mouillés pour dégager mon cou, passerait ses mains sur mon ventre, avant de descendre plus au sud.

Ma main suit le trajet de mes pensées, jusqu’à se glisser entre mes jambes.

Peut-être que je ne devrais pas…

Tout désir d’arrêter s’évanouit en sentant à quel point mon corps en a envie. Je me caresse en douceur, voulant faire durer la sensation d’intense chaleur que je ressens. Mes doigts parcourent habilement mon sexe et j’imagine que c’est quelqu’un d’autre qui me pénètre lorsque je le fais.

Ma tête va s’appuyer sur le carrelage derrière moi tandis que ma main continue son œuvre. Mes yeux se ferment et s’ouvrent aussitôt en entendant un bruit.

….

Je suis mortifiée de honte en voyant ma chef dans l’encadrement de la porte, les yeux rivés à mon entrejambe.

Ses lèvres forment un « O » parfait pendant toute la durée de son fixe. Elle semble fascinée par ma main placée entre mes cuisses et peine à détacher son regard avant de devenir rouge vif et de fermer la porte.

Je l’entends murmurer un « désolée ! » au passage.

Alors c’est à ça que ressemble la pièce où je vais terminer mes jours ? Je n’aurais pas cru. Non parce qu’il est hors de question que je sorte d’ici. Je ne survivrai jamais à une telle honte.

Ma chef vient de me surprendre me masturbant en pensant à elle. Bon elle ignore à qui j’étais en train de songer mais c’est déjà pas mal.

Génial, comme si les choses n’étaient pas assez tendues comme ça

Pff.

Je me laisse glisser le long du carrelage et termine de me rincer en silence, toute envie de sexe n’étant plus franchement d’actualité. Je m’enroule dans la première serviette venue, me séchant rapidement avant d’enfiler mes habits propres.

Je tente d’écouter à travers la porte, pour savoir si elle est partie. N’entendant rien, je me risque à sortir. Je m’arrête net en la voyant allongée sur le lit, parlant toute seule à voix basse. La porte est déjà à moitié refermée quand je l’entends dire :

- Liz, non !

Je glisse ma tête dans l’ouverture sans pour autant oser la regarder.

- Je- je n’ai rien vu ! dit-elle rapidement.

Face à mon air mi-blasé, mi-incrédule, elle reprend, toujours rouge vif :

- Enfin si, j’ai vu quelque chose mais… je ne suis pas sûre de… enfin j’ai pas fait attention, j’ai just-

Elle s’arrête en voyant que plus elle parle, plus j’ai l’air d’être mal. Vu le temps qu’elle a passé les yeux rivés sur ma main entre mes cuisses, j’ose douter de sa sincérité. Un bref soupir plus tard, elle reprend :

- Écoute, je… Je te propose un deal.

Intriguée, je m’approche un peu. Elle tapote le lit et je m’assieds tout en prenant garde d’être le plus loin d’elle possible. Je ne vais pas la mettre plus mal à l’aise qu’elle doit déjà l’être… Je n’ose pas la regarder dans les yeux lorsque je demande :

- Quel genre de deal ?

- Je pense qu’on sera d’accord sur le fait que beaucoup de choses on été… constatées depuis hier.

Je remarque que je ne suis pas la seule à éviter de regarder l’autre, étant donné que Shaell fait un super boulot lorsqu’elle est à fond dans le dépoussiérage de la table de nuit pourtant impeccable. Je réponds sans avoir à réfléchir beaucoup :

- Ouais… On peut le dire.

Comment on a pu en arriver là ? Tout s’est passé si vite. Je la tripote, je la retrouve dans un club de strip, puis j’apprends qu’elle est homo et elle me surprend en train de me faire du bien… Sans parler de mon rêve…

Elle me regarde, l’air de me sonder avant de dire d’une voix plus incertaine qu’à l’accoutumée :

- Personnellement, je n’ai pas super envie de parler de ce qui s’est passé… Toi ?

- C’est une vraie question ?

L’avantage c’est que ça l’aura faite rire.

Nan mais sérieusement, comme si j’avais envie de parler du fait que je l’ai palpée contre sa volonté ou de moi me masturbant.

Bon, c’est vrai que j’aurais quelques questions concernant le choix de l’endroit où elle s’est rendue après la thalasso mais l’enjeu ne vaut pas la chandelle !

- Tant mieux alors ! On n’évoquera pas ces sujets là, ça te dit ?

Une lueur d’espoir dans les yeux, elle attend ma réponse avec impatience :

- Oh que oui…

Ses lèvres s’étirent dans un de ces sourires que j’aime tant. Son visage s’illumine en même temps que ses dents blanches sont révélées. J’ai envie de replacer une mèche de cheveux qui lui dissimule un peu le visage mais je m’abstiens. C’est pas le moment de refaire une boulette. Même si je ne vais pas oublier pour autant, c’est déjà ça que de savoir qu’elle n’en parlera pas.

Malgré notre accord, un silence gêné s’installe.



Au bout d’un moment, je n’en peux plus et décide de rompre notre « pacte » :

- A propos de la Thalasso…

- T’as déjà oublié ce qu’on vient de dire ?

Un sourire joueur vient se poser sur ses lèvres, me faisant sourire en retour. Ses yeux verts comportent cependant une interrogation à laquelle je m’empresse de répondre :

- Je veux pas en parler, juste m’excuser. Je… Je ne sais pas ce qui m’a pris. Voilà.

- Ok… Ne compte pas sur moi pour parler de ce que tu as vu, hein !

Ça me fait sourire. Je comptais pas aborder le sujet mais maintenant qu’elle en parle…

- Non j’y comptais pas. Mais si tu veux…

- Toujours pas. Et euh… Si tu pouvais aussi éviter d’en parler au bureau…

- Chef, désolée de te l’apprendre, mais dire que je t’ai vu dans un club de strip, ce serait admettre que j’étais dans ce même club…

- Certes…

On tourne toutes les deux la tête en direction de la porte en entendant quelqu’un frapper. Je la regarde, essayant de savoir si elle sait qui ça peut bien être mais je devine au premier coup d’œil qu’elle n’en a pas la moindre idée non plus.

Je vais d’un pas hésitant à la porte, tout en disant « oui ? » sans pour autant ouvrir.

Je m’attends à ce qu’une des femmes de chambre me demande si je suis prête à ce qu’elle vienne faire le lit mais à la place, j’entends la voix d’Angy :

- Ouvre Liz ! C’est Angy !

J’ouvre immédiatement la porte, contente d’avoir quelqu’un pour me distraire et m’aider à sortir des longs silences à se regarder dans le blanc des yeux avec Shaell.

- Hey, comment ça va ?

Je lui fais la bise au passage. Elle passe à côté de moi pour entrer un peu plus dans notre suite.

- Bah écoute ça va depuis hier soir ! Ah ben, je vois qu’elle est revenue ! dit-elle en apercevant ma chef.

Shaell pourrait prendre un air penaud en apprenant que je m’étais inquiétée mais nonnn. Elle a visiblement repris du poil de la bête vu qu’elle se lève et vient saluer la jolie blonde à mes côtés, comme si de rien n’était.

Je peux m’empêcher de les mater tandis qu’elles se font la bise et je crois que mon imaginaire a de quoi fantasmer pendant trois lustres au moins !

- Je t’ai toujours enviée pour cette capacité à rester coiffée même au saut du lit ! dit Angy à ma supérieure.

Ce faisant, elle passe sa main dans les cheveux de celle-ci. De là où je suis, on pourrait croire qu’elle s’apprête à l’attirer à elle pour l’embrasser. Les yeux verts de ma boss pétillent, comme à chaque fois qu’elle s’apprête à dire une bêtise et elle réplique :

- C’est parce que je le vaux bien !

Elle ponctue ses paroles d’un mouvement de cheveux bruns comme ceux qu’on pourrait voir à la télé Cependant, sa joie est de courte durée étant donné qu’elle s’arrête en voyant les regards blasés qu’Angy et moi lui lançons !

- Ben quoi ?

Ses yeux verts semblent pleins d’innocence et c’est la preuve qu’il me fallait : non seulement les yeux peuvent mentir, mais qu’il ne faut au grand jamais jouer au poker contre elle !

- Bref, que nous vaut la joie de ta visite Angy ?

- Bah je voulais voir si t’avais fini de jouer à cache-cache, parce que tu as inquiété Liz hier soir et savoir ce que vous faisiez ce soir !

Shaell me regarde comme pour avoir confirmation et je baisse la tête en rougissant. Bon ok, je me faisais un peu de souci, normal quoi, inutile d’en rajouter !

- C’est trop mignon ! Je t’assure Sha, elle est venue me voir hier soir en ne te voyant pas revenir ! Ça me rappelle nos débuts !

Que quelqu’un vienne m’abattre…

C’est au tour de ma boss d’être gênée, jetant un regard noir à Angy avant de tout faire pour éviter de tourner la tête dans ma direction.

Visiblement très contente d’elle, la blonde va s’asseoir sur notre canapé, prenant ses aises. Elle attend qu’on se remette de notre catatonie avant de demander, dans un élan d’éloquence :

- Alors ?

Je suis la première à suffisamment reprendre mes esprits pour répondre :

- Personnellement rien… Ce sera l’avant dernière nuit ici alors je serais bien tentée par l’idée de profiter… Toi chef ?

Shaell déforme un instant ses traits fins dans une expression qui montre son mécontentement avant de dire :

- Ne m’appelle pas comme ça, s’il te plait.

- Pourtant c’est ce que tu es ! fait remarquer Angy.

Ma boss semble contrariée par le fait que je l’appelle « chef » tout à coup. C’est étrange, je n’avais pas l’impression que ça la dérangeait avant.

- Je dois t’appeler comment alors ? Pas mon petit sucre d’orge j’espère ?

Un air intensément blasé lui passe sur le visage.

Pourtant une seconde plus tard elle s’approche de moi, prédatrice et me dit d’une voix qui sonne incroyablement sensuelle :

- Tu pourrais… Entre autres…

Je grogne et détourne le regard, sachant très bien qu’elle me taquine. Mais même, je ne suis pas immunisée au sex-appeal moi ! Sa « punition » face à mon insolence me paraît cruelle !

- Ohé ! Public sensible aux débordements hormonaux lesbiens par ici !

Angy surjoue et fait de grands signes depuis le canapé. On se regarde ma boss et moi avant de porter notre attention sur Angy, le même air lassé sur le visage.

- Ben quoi ? Vous voir c'est pire que regarder Xena ! Et moi je me laisse facilement emporter alors je préfère prévenir ! Mais t’as pas répondu à ta chérie Sha !

- Angy….

C’est impossible que le ton menaçant de ma supérieure soit passé inaperçu et pourtant la jolie blonde toujours affalée sur le canapé continue comme si de rien n’était :

- C’est Linda Parkson qui me l’a dit ! Et j’étais là pendant votre séance « bisou en public » je vous signale ! J’ai même la vidéo !

Les yeux de Shaell semblent prêts à lui sortir de la tête en entendant ça, puis une deuxième fois en voyant qu’Angy me fait un clin d’œil.

Oups.

Depuis son poste sur le sofa, l’ex de ma boss sourit, fière de son coup, avant de passer ses mains croisées derrière sa tête.

- Hein ? C’est quoi cette histoire ? La vidéo ? Quelle vidéo ?

Vous avez sûrement souvenir, quand vous étiez enfant, d’avoir fait une bêtise et de chercher à passer inaperçu lorsque vos parents vous scrutent ? Ben là c’est ça. Je sais que j’ai tout intérêt à la jouer discrète mais j’ai terriblement envie de rire. Elle verrait sa tête !

- Liz, si tu sais quelque chose…

Mes yeux viennent loucher sur le doigt accusateur placé devant mon nez.

- Je… C'est-à-dire que…

- Je suis venue lui donner une copie de ma vidéo !

Tout sourire, Angy se réinstalle confortablement après m’avoir placée sur le bucher et donné une allumette au bourreau.

Je vais m’asseoir sur le lit, essentiellement pour me donner une contenance et tente de faire comme si je n’avais pas compris que j’étais dans de beaux draps. Peut-être qu’en changeant de sujet… :

- Bref, tu fais quoi ce soir, toi ?

Je ponctue la question de mon plus beau sourire faux-cul et m’accoude sur le lit, l’air décontractée.

- Rien. Maintenant, explique-moi cette histoire de vidéo ?

- Y’a rien à expliquer Sha, j’ai demandé à l’accueil une copie de la vidéo, ils me l’ont donnée, soit dit en passant c’est incroyable le sens du service qu’ont ces gens et puis je suis venue en donner une copie à Liz ! C’est tout ! répond Angy à ma place.

Ceci dit, elle se lève d’un air décontracté, comme si de rien n’était. J’aimerais bien en faire autant sauf que j’ai deux yeux verts ressemblant étrangement à des armes meurtrières pointées sur moi et que je suis par conséquent clouée au pilori.

- Et ?

- Bah euh… Rien d’autre. D’ailleurs je n’ai même pas encore regardé.

Un petit mensonge innocent n’a jamais fait de mal à personne. Heureusement que Shaell ne voit pas le sourire narquois que me lance Angy depuis son dos.

- Tu me montreras- non, tu me donneras ça plus tard !

C’est ça, tu rêves ma vieille ! Pi de toute manière je m’en fous j’ai une sauvegarde sur mon téléphone !

Sans prendre la peine de répliquer, je contourne ma boss pour aller près d’Angy.

- Apparemment on ne fait rien, pourquoi ?

- J’ai entendu parler d’un bar lesbien pas super loin de l’hôtel et je pensais y aller ce soir. Je me demandais si vous voudriez venir avec moi !

- Angy je ne-

- Sha, épargne les excuses, elle sait qu’on était ensemble, inutile de faire ta prude qui refuse d’aller dans un bar !

Ma supérieure ouvre grand la bouche et regarde son ex avec insistance.

- T’as pas fait ça…

Et si Shaell, elle l’a fait !

- Elle s’inquiétait ! C’était pour la rassurer !

Un long silence tendu s’installe et ma supérieure finit par demander d’une voix lasse :

- … C’est où ?

Angy fait un sourire 10 000 Watts et s’empresse de répondre d’un ton enjoué :

- Une rue adjacente au Strip, j’ai déjà été faire le repérage. Je passe vous chercher à 22h comme ça on aura des chances de se trouver une table, ça vous dit ? En plus on verra tout le monde arriver. J’espère qu’il y aura des jolies filles !

- T’es vraiment une crevarde ! dit ma boss.

- Au moins j’ai pas de fils barbelés dans la culotte, pas comme certaines !

Je ne peux m’empêcher de sourire devant leur échange ! Ces deux là sont vraiment comme chien et chat !

S’estimant certainement trop âgée pour continuer à répliquer comme une gosse de 5 ans, Shaell décide de changer de sujet après avoir lancé à son ex un regard plein de promesses assassines :

- Bon, ce n’est pas tout ça mais certaines sont ici pour bosser ! Liz et moi avons une rude journée qui nous attend, faut se préparer !

- Très bien, j’ai compris ! Rabat joie ! dit Angy.

Elle s’approche et me fait une bise sur la joue avant de me murmurer à l’oreille :

- J’ai un plan pour ce soir, c’est comme si c’était dans la poche !

J’ai déjà peur. Et je ne suis pas sûre de comprendre de quoi elle parle.

Elle s’en va, non sans me faire un énième clin d’œil qu’heureusement ma supérieure a raté.



Une fois seules, Shaell va s’asseoir sur le canapé, dos à moi. Je l’entends soupirer puis dire d’une petite voix :

- Pardon pour hier. Je ne pensais pas que tu t’inquièterais.

- … C’est fait, c’est fait… Et puis c’est en partie ma faute. Après tout c’est moi qui ai commencé la spirale infernale.

- Spirale infernale… Ça décrit plutôt bien les choses en effet… Pardon aussi pour ne pas t’avoir dit pour Angy et moi…

Je m’approche d’elle jusqu’à venir m’asseoir juste dans son dos. Une main sur l’épaule l’encourage à se retourner.

Elle me regarde et me fait un sourire timide et désolé.

- Tu as le droit d’avoir une vie privée, ça ne me regarde pas.

- En un sens si…

- Comment ça ? Parce qu’on partage la même chambre et que tous les gens de l’hôtel pensent qu’on est en couple ?

- Oui, mais pas seulement…

Pas seulement ? J’ai à peine le temps de froncer les sourcils que déjà elle reprend :

- Tu ne m’en veux pas ?

- Bien sûr que non… Je ne sais pas comment j’aurais réagi à ta place. Probablement pareil.

Elle sourit et je vais poser ma main sur la sienne dans un geste réconfortant.

- Viens là ?

C’est demandé comme une question et pourtant lorsqu’elle écarte ses bras, m’invitant, je n’hésite pas une seule seconde, pour moi c'est une évidence.

Son amitié c’est mieux que rien.

Je me retrouve contre elle, ma tête nichée au creux de son cou pendant quelques délicieuses secondes. C’est pile là, alors que je respire son odeur comme une accro se jetterait sur son rail de coke que je me demande comment je vais pouvoir m’en passer. Je me vois mal aller lui faire des câlins au bureau juste pour avoir ma dose. J’ai conscience que la situation exceptionnelle dans laquelle on se trouve est la seule raison pour laquelle j’ai l’occasion de connaître ce que ça fait d’être dans ses bras.

Et croyez-moi… C’est… quelque chose ! Je n’ai pas vraiment les mots, juste l’envie de rester là, pour toujours. Son corps est collé au mien et pourtant je voudrais tellement plus… Je ne sais pas comment l’exprimer.

Alors qu’elle se recule après un court moment, la sensation me manque déjà. J’espère avoir à nouveau l’occasion de sentir cette proximité, avoir à nouveau l’occasion de voir ses bras se refermer sur moi… Au pire je lui ferais un « hug » avant de monter dans l’avion du retour. Le courage n’a jamais été l’un de mes points forts mais pour ressentir à nouveau cela, je serais prête à beaucoup…

On se regarde un instant dans les yeux et on se sourit mutuellement. Le malaise est parti. Je ne pourrais pas être plus heureuse en cet instant.

C’est marrant.

Je ne la vois plus comme la harpie ou la dragonne.

Bien sûr elle reste superbe et inaccessible et pourtant…

Quand je regarde ce nez droit, ces yeux vert émeraudes, ces lèvres pleines qui ne demandent qu’à être embrassées, ce visage aux traits si fins encadré de longs cheveux bruns je ne vois plus une femme ravissante. Non. Quand je la regarde, je vois une femme qui sous ses airs durs et sous cette carapace, est mille fois plus belle à l’intérieur qu’à l’extérieur. Et croyez-moi, ça n’est pas peu dire.

Je cesse de la scruter et détourne le regard avant qu’elle puisse y lire quoi que ce soit et me lève du canapé.

- Bon et si on se préparait pour cette rude journée de boulot ?

- Comme tu dis Scott. Plus qu’aujourd’hui et demain et on pourra rentrer terroriser les employés.

Je me retourne, levant un sourcil taquin :

- On ?

- Bien sûr. Tu vas être promue je te l’ai dit. Et tu as survécu tout ce temps avec moi… Tout le monde sait que les loups ne se mangent pas entre eux.

Je souris devant sa comparaison. Je ne me sens pas du tout l’âme d’une prédatrice. Certaines ont plus de dispositions que moi !
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Chef oui Chef - Justme Empty
MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:04

Chapitre 15 - Sacré soirée



Je termine de me préparer en attendant l’arrivée d’Angy avec impatience.

Cette journée a du faire dans les 94 heures au moins. Le plan c’était de rencontrer un maximum de gens pour voir si nos services étaient compatibles et ensuite trouver un terrain d’entente pour finalement les mettre en relation avec les commerciaux de l’entreprise.

Seul souci : notre présentation a fait son job et du coup, Shaell et moi nous sommes retrouvées face à une marée humaine.

On a réussi à se dépêtrer d’une partie des intéressés mais demain on risque de ne pas chômer non plus.

C’est pour ça, j’estime que j’ai bien mérité cette petite soirée. Et puis j’apprécie la compagnie d’Angy.

Ça fait des plombes que j’ai pas mis les pieds dans un bar lesbien. Faut dire que je me vois mal y emmener mes amis hétéros. Non pas qu’ils soient gênés, plutôt qu’en bons geeks, les faire sortir de chez eux n’est pas toujours chose facile.

Bref, l’essentiel c’est que je compte bien profiter de mon avant dernière soirée ! En plus je suis plutôt fière de moi. Pendant que ma chef s’occupait d’une horde de types que je lui laissais bien volontiers, Linda est venue discuter avec moi de l’accord qui pourrait se faire avec elle.

En gros : GO MOI !

Liz au pouvoir !

Je veux faire la surprise à Shaell c’est pour ça que je ne lui ai rien dit. Elle m’a même dit qu’elle trouvait étrange que Linda ne soit pas venue nous voir ! Je lui ai dit qu'elle attendait surement qu'on soit moins débordées. Héhé !



Fin prête et ayant mangé un petit bout sur le pouce avec ma boss, je m’affale sur le canapé et allume la télé en attendant Angy. Shaell s’approche et veut visiblement s’asseoir. Je veux retirer mes jambes pour qu’elle ait de la place mais elle me dit que c’est bon, soulève mes jambes et s’installe, les reposant sur elle.

Je tente de me concentrer sur ce que peut bien être en train de dire le présentateur du show à la télé mais à vrai dire je suis frappée par une chose : je trouve que cette scène, allongée sur le canapé avec mes jambes sur Shaell fait très domestique, comme si on était en couple ou très bonnes amies.

J’aime bien l’idée qu’elle soit suffisamment confortable à mes côtés pour autoriser ce genre de proximité. Peut-être qu’une fois rentrées on pourrait se voir en dehors du travail…

Argh ! Faut que j’arrête de rêver.

On toque à la porte et je me lève pour aller ouvrir, étant donné que ma boss était bloquée sous mes jambes.

- Hello Angy ! Comment ça va depuis tout à l’heure ?

- Super et toi ?

- Rude journée mais ça va !

Je m’écarte pour la laisser entrer tout en admirant sa tenue au passage. Elle a choisi de porter un ensemble sombre près du corps avec un décolleté qui laisse entrevoir juste ce qu’il faut de poitrine plus que tentante. Tandis que je suis occupée à plonger dans ledit décolleté, Angy dit :

- J’en déduis que tu aimes ma tenue ! Et toi ma vieille – whaa…Sha… joli… Très joli !

Je dois admettre qu’Angy a tout à fait raison. Ma chef porte un maquillage léger, qui met en valeur ses yeux. Elle a mis un jean taille basse que je n’avais encore jamais vu qui moule parfaitement ses fesses. Vous ne me verrez pas me plaindre d’avoir à la suivre ce soir, c’est moi qui vous le dis ! Son haut laisse également entrevoir une poitrine plus qu’appétissante tout en mettant en avant son ventre plat.

- Essaie de ne pas te noyer dans ta propre bave ! me lance Angy en riant.

Oui bah je voudrais l’y voir. Nous autres mortels avons parfois du mal à rester indifférent devant ce genre de spectacle.

Niveau compagnie, personne n’est aussi en veine que moi ce soir. Blonde, brune et carrément canons, que demande le peuple ? Mis à part un moment avec les deux cela va de soi.

- Tu tentes d’impressionner quelqu’un ce soir ou quoi ?

Angy lance un clin d’œil pseudo complice à Shaell qui soupire en levant les yeux au ciel.

- J’ai plus tenté de t’impressionner depuis très longtemps darling ! réplique ma boss du tac-au-tac.

- Qui a dit que je parlais de moi ?

Remettant une mèche de cheveux blonds derrière son oreille, elle se retourne, fière d’elle et se dirige vers la porte, ma boss sur ses talons.

Mes yeux sont tournés vers le bas, mais juste en-dessous de leur ceinture si vous voyez ce que je veux dire. Parfois, fermer la marche a du bon.

Après une dizaine de minutes de trajet, nous arrivons devant un bar devant lequel des tas de jolies filles sont en train de discuter.

J’aime déjà cet endroit !

Nous entrons pour trouver les lieux relativement pleins compte tenu du fait qu’il est encore tôt pour sortir. On se met à scanner les lieux pour trouver un endroit où se poser mais l’ambiance assez sombre n’aide pas franchement. La décoration est juste ce qu’il faut entre le moderne et l’actuel, chaleureux et sobre à la fois.

Finalement, Angy pointe du doigt un endroit un peu plus loin où un canapé et deux sièges sont libres. Enfin sièges… plutôt fauteuils vu comme ils ont l’air confortables. On remarque un carton qui dit que la table est réservée mais Angy le planque dans un pot de fleur, ce qui fait très cliché mais a le mérite de nous faire rire. Je m’approprie immédiatement un des fauteuils tandis qu’Angy s’installe sur l’autre, laissant Shaell sur le canapé.

Un léger sourire étire mes lèvres en la voyant tâter le moelleux du meuble avec ses fesses, sautillant légèrement dessus. J’ai pitié d’elle, enfin plutôt je ne voudrais pas qu’un derrière comme ça s’abime alors je demande :

- Tu veux ma place ?

- Non c’est bon t’inquiète, profite !

Soulagée qu’elle n’ait pas dit oui, je suis son conseil et ne perds pas un instant… pour regarder autour.

Bah quoi ?

Elle a dit de profiter, elle n’a pas précisé de quoi.

J’essaie de repérer les jolies filles, mais le cœur n’y est pas. La seule qui me fasse vraiment envie est assise près de moi.

- Liz tu pourrais au moins tenter d’être discrète ! Sha te voit là je te signale !

- Je regarde juste la déco…

- Oui oui, bien sûr ! Bon, d’ailleurs je vais aller voir la déco des toilettes ! Si vous voulez bien m’excuser. Oh et si la serveuse passe, je voudrais une vodka pomme caramel !

- Ça marche !

Ma chef et moi regardons Angy s’éloigner en silence. Une fois seules, un léger silence s’installe.

- Ça me fait bizarre. dit Shaell

- De quoi ?

- Ça faisait très longtemps que je n’avais pas mis les pieds dans un endroit comme ça… Et en plus, après tout ce temps passé à cacher mon homosexualité au boulot, y aller avec quelqu’un de la boite…

- J’imagine... Enfin j’essaie. Pourquoi t’en cacher ?

- … Parce que c’est pas facile tous les jours quand on doit diriger une équipe et que je n’ai pas besoin d’avoir « ça » en plus. Et puis jamais vu l’intérêt de le dire. Pourquoi faire ? A qui ?

- Bah à moi tiens ! Pour que je ne souffre pas à dormir en semi-combinaison de plongée alors que tu n’aurais pas été traumatisée si j’avais mis un peu moins d’habits !

Elle écarquille les yeux sous le coup de la surprise avant de dire d’un ton mi-joueur mi-sérieux :

- Liz… Je ne pense pas pouvoir dormir si tu es en string à côté de moi dans le lit !

OMG.

Je suis si repoussante que ça ?

Je ne vais pas non plus lui grimper sur la jambe pendant son sommeil hein ! Et il n’a jamais été question de dormir en string ! Je pensais plutôt à shorty et débardeur !

A vrai dire c’est plutôt elle qui s’immisce dans mes rêves, il ne faut pas inverser les rôles !

Cependant je n’ai pas le temps de m’offusquer du fait qu’elle puisse penser ça qu’Angy revient.

En charmante compagnie.

- Regardez qui j’ai croisé !

- Linda, quelle bonne surprise ! s’exclame ma supérieure.

J’y crois pas ! Vu la tête d’Angy, c’était un coup monté ! Et Shaell a un air étonné fermement en place sur le visage, donc j’imagine qu’elle n’était pas plus au courant que moi.

- Liz, va te mettre à côté de ta chérie, laisse le fauteuil à Linda, un peu de savoir vivre tout de même.

- Euh oui bien sûr, où avais-je la tête.

Je me lève à contrecœur, n’ayant pas la moindre envie de quitter mon petit confort, même pour m’asseoir aux côtés de Shaell Mackenzie. D’ailleurs une fois une fesse ¼ posée sur le « canapé » je réalise que le meuble en question a l’air plus grand qu’il ne l’est en réalité.

- Ce « love couch » est superbe ! J’adorerais avoir le même pour chez moi. s’exclame Linda.

- Tu m’et, imagine les possibilités. ajoute Angy.

Ok.

Au moins ça explique pourquoi on a du mal à ne pas se grimper dessus.

C’est fait pour ça.

Sha et moi offrons notre plus beau sourire à sa réplique tout en tentant de s’installer en gardant un air à peu près normal. Sauf que mon naturel s’en va au contact de ma boss, remplacé par son copain monsieur rigide.

Je sens la main de Shaell qui se glisse sous mon haut et fais de mon mieux pour ne pas faire de mouvement brusque malgré ma surprise. Une chance que Linda et Angy soient déjà en pleine discussion. Ma boss se sert de sa main pour m’attirer suffisamment à elle pour qu’elle puisse me chuchoter à l’oreille.

- T’étais au courant ?

Je tente de garder un sourire de façade alors que je me retourne puis lui murmurer :

- T’es dingue ! Non ! Sinon je ne serais pas venue. Enfin non pas que faire semblant de… enfin tu vois… je veux dire… bref, je… euh… on fait quoi ?

Je me recule légèrement pour regarder ses yeux tandis qu’elle me répond le plus naturellement du monde :

- Le couple.

Ceci est un message à Dieu : vu toutes les épreuves que j’endure, le paradis à intérêt à valoir le détour, c’est moi qui te le dit mon bonhomme !

Shaell s’adosse et m’attire à elle, mettant son bras autour de mon épaule. La forme du canapé est telle que je lui tombe / grimpe dessus malgré moi. Après quelques minutes passées à combattre la gravité, mes muscles commencent à me faire souffrir et j’entends ma boss me dire tout bas :

- C’est bon, t’inquiète pas. Laisse-toi aller.

Un peu d’aide de son bras et mes muscles cèdent. Je me retrouve collée de tout mon long contre elle, ma tête sur son épaule et un bras autour de sa taille. D’ordinaire je ne suis pas démonstratrice en public, mais une fois ma crispation passée, je dois dire que vu où je me trouve, l’audience ne me dérange pas du tout pour le coup.

Non seulement j’ai la plus belle femme ici présente pour moi, mais mieux encore je l’ai contre moi. Je n’aurais pas cru que j’allais me retrouver dans ses bras de si tôt.

Voyant que je suis la seule à ne pas avoir commandé, je suis le mouvement et prends comme Angy. Tout le monde semble boire ça ce soir.

Je suis sortie de ma torpeur par la blonde se plaignant :

- En presque une semaine à Vegas, je n’ai même pas gagné le jackpot !

- Tu n’es pas la seule ! Moi non plus j’ai rien gagné ! On est pas toutes veinardes comme les deux amoureuses. Chanceuses ! ajoute la rousse.

- C’est vrai que je me sens pas mal veinarde… réplique ma boss.

Comme pour appuyer ses propos, elle passe son nez dans mes cheveux dans un geste tendre.

Ok s’il vous plait, je voudrais la même réponse mais sans qu’elle joue un rôle ! Alors que la discussion reprend sur le pourcentage de chance que l’on a de gagner quand on joue au casino, je remarque que la main de ma chef se met à dessiner des motifs complexes sur mon bras. Je pense qu’elle fait machinalement des câlins, sans même s’en rendre compte. Qu’elle ne compte pas sur moi pour l’arrêter.

Alors que je suis en soirée, entourée de personnes que je côtoie depuis une semaine seulement je me sens étrangement à l’aise. J’aime leur compagnie, même si la présence de Linda ce soir est une surprise. Faut que je fasse attention, je pourrais m’y faire.

La discussion passe de choses à d’autres, tous les sujets étant abordés sauf peut-être le boulot, lorsque Linda demande à Shaell :

- De quoi tu aurais envie là tout de suite ?

Ma boss réfléchit un instant, passant sa lèvre inférieure entre ses dents avant de répondre :

- Faire un massage. J’adore ça.

Oh comme elle et moi on pourrait s’entendre… Quelle étrange coïncidence, j’adore en recevoir.

Linda se tourne vers moi, me regardant l’air de souffrir avant de dire :

- Je te hais. Tu ne veux pas me la prêter ?

- Euh... Non ? Toi Linda, tu aurais envie de quoi ?

Tout le monde sourit, surtout Angy qui se plait visiblement à nous regarder jouer le couple. La rousse me répond en plaisantant, un air malicieux sur le visage :

- Mis à part être à ta place tu veux dire ? Je dirais mon lit, une jolie femme et une glace poire et chocolat ! Pas forcément dans cet ordre !

Ça nous fait rire, enfin surtout son air débile en se frottant les mains à vrai dire.

Les minutes passent et les verres s’enchainent les uns après les autres. L’alcool commence à avoir un effet euphorisant sur moi. Il vaudrait mieux que je freine avant de faire n’importe quoi. Le bar est à présent bondé et vu que personne n’a réclamé notre table, j’imagine que c’était Angy qui l’avait réservée. Elle avait vraiment tout prévu.

Shaell se lève pour aller chercher une autre tournée, me laissant seule avec Linda et Angy. Honnêtement, vu que je n'ai plus trop l'habitude, je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir continuer à boire sans que j'oublie mon propre nom. Mais bon, c'est peut-être ma seule chance de trouver un semblant de normalité avec ma boss.

Certes, le fait d'être dans une situation où je dois me retrouver à moitié grimpée sur elle n'est pas tout à fait conventionnelle, j'en conviens, mais ça nous rapproche, au sens figuré comme au propre.

J'essaie de reporter mon attention sur la conversation, qui porte à présent sur... les piercings je crois. En fait j'avoue ne pas trop écouter parce qu'une jeune femme semble s'approcher de seconde en seconde et que si elle continue sur sa lancée, elle va bientôt finir sur mes genoux.

Je regarde ma « nouvelle amie » d'un air intrigué et elle se penche pour me parler, non sans me laisser entrevoir à peu près tout de son cou à son nombril. Y compris son tatouage sur le sein gauche. Je n'en demandais pas tant:

- Excuse-moi mais j'ai pas pu m'empêcher de venir te parler, j'ai cru te voir à la thalasso l'autre jour. Il paraît que tu aurais gagné le concours d'un hôtel ?

Est-ce qu'elle aurait pu faire plus commun comme approche ? J'en doute.

- Euh oui en effet.

- La chance, je joue dès que je vois une loterie mais les employés des casinos ne sont pas toujours autorisés à participer. Tu es à Vegas pour des vacances ?

Je ne peux m'empêcher de remarquer que Linda et Angy ont arrêté de parler, bien trop occupées à tenter d'écouter le baratin de l'inconnue.

- Pour raisons professionnelles à vrai dire.

Elle regarde par dessus mon épaule et me dit:

- Ah ok, cool. Bon, peut-être à tout à l'heure alors...

Un clin d'œil plus tard elle est partie et ma boss place nos verres sur la table basse.

- C'était qui ? Demande-t-elle à personne en particulier.

La blonde comme la rousse font preuve d'un fort esprit d'équipe en lançant en même temps :

- Liz se faisait draguer.

- Ta chérie a une touche !

Le regard intense de Shaell vient se poser sur moi et je réponds par un haussement d'épaule.

- Elle nous a vues à la thalasso.

- Rien à faire. Pour qui elle se prend ?

Je me serais faite prendre à son jeu d'actrice si je n'étais pas dans le coup. De là où je suis, on jurerait qu'elle a l'air agacée.

Finalement, elle se réinstalle à mes côtés, enfin « sur » moi serait plus exact. Sa nonchalance n'est pas partagée et j'ai du mal à me laisser aller. Du coin de l'œil, je constate que la jeune femme qui avait très envie de chercher des amis m'observe toujours depuis l'autre bout de la salle. La discussion reprend entre les deux compères mais ma chef n'y prend pas part. Au bout d'un moment, Linda et Angy finissent par remarquer et demander :

- Quelque chose ne va pas ?

A ma grande surprise, Shaell répond immédiatement :

- L'autre pouf de tout à l'heure ne la quitte pas des yeux. Ça m'agace.

Je ne sais pas comment je dois le prendre. Elle est vraiment jalouse ? Ou elle s'efforce de jouer le jeu de la petite copine pas franchement contente que sa chérie se fasse draguer ?

- Bah normal. Au moins ça veut dire que Liz plait ! tente Angy d'une petite voix dans le vain espoir de détourner ma boss de ses envies de meurtre.

- Bien sûr qu'elle plaît ! Regarde la ! J'ai pas besoin qu'on vienne la draguer sous mon nez pour m'en rendre compte !

Mes sourcils menacent de fusionner avec mes cheveux à cette nouvelle. Je n'aurais pas pensé qu'elle puisse dire quelque chose comme ça. Elle me trouve vraiment bien ?

- Peut-être qu'elle n'avait pas compris que vous étiez en couple ? ajoute Linda.

Je me sens obligée de participer pour mettre fin à la discussion :

- Euh quand même... Le « canapé » ne laisse pas franchement de place à mes deux fesses, alors au doute... Et puis arrêtez, elle ne me draguait pas, elle me parlait juste !

Toutes les trois m'envoient un regard à mi-chemin entre le « s'il te plait, quand même ! » et « tu plaisantes ? », que j'ignore avec une impressionnante efficacité.

Shaell jette un énième regard en direction de l'inconnue et a l'air infiniment contrariée en se mettant à nouveau contre moi. Je trouve ça mignon la façon qu'elle a de pester dans sa barbe.

Je me sers à nouveau et termine mon verre mais ma vessie me rappelle bien assez vite qu'elle existe.

Je m'excuse et m'éclipse pour aller aux toilettes. Dans ma course infernale, je percute quelqu'un qui se trouvait entre moi et la porte des sanitaires. Je m'apprête à m'excuser avant de me rendre compte qui je viens de percuter.

Évidemment.

Fallait que ça soit elle.

Finalement peut-être que ma maladresse n'était pas de mon fait cette fois.

L'inconnue se retourne et me tend la main:

- Je n'ai pas eu le temps de me présenter tout à l'heure, je m'appelle Audrey.

- Liz.

- Enchantée.

J'ai pas franchement envie de répondre mais ce qu'il reste de mes bonnes manières me pousse à dire :

- De même. Pardon mais faut vraiment que j'y aille.

Je tente de la contourner pour m'engouffrer dans les toilettes mais elle se décale, me bloquant effectivement le passage:

- Pas si vite ! Après ça te dit de boire un verre toutes les deux ?

- C'est-à-dire que je suis déjà avec... dis-je en me retournant pour pointer notre table du doigt.

Je n'ai pas le temps de terminer ma phrase car je dois m'excuser auprès de la personne que j'ai presque éborgnée. Cependant j'abandonne cette idée en voyant que celle qui aurait pu porter un bandeau pirate si elle n'avait pas eu autant de réflexes est ma boss. Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle n'a pas l'air contente.

- Tout va bien ma chérie ?

Audrey semble réaliser son erreur au ton de la voix de Shaell, qui a endossé le rôle qu'elle porte au boulot.

- Euh oui, oui.

Je l'enlace pour m'assurer qu'elle ne va pas avoir l'occasion d'être plus désagréable avec la jeune femme, qui, je suis forcée de l'admettre, me drague.

Elle me prend dans ses bras et fixe sa cible du regard tandis qu'elle m'embrasse sur la joue et passe la porte des toilettes.

- Possessive... dit Audrey d'un air dédaigneux.

- J'aurais dit amoureuse, chacune son point de vue.

J'en profite pour pénétrer dans les toilettes, contente d'avoir l'occasion de m'enfuir pour aller soulager ma vessie.

Une fois mon affaire faite, je sors du box pour constater que ma boss m'attend devant les lavabos. Je commence à me laver les mains en attendant qu'elle parle :

- Pardon, je...

Je lève la main pour l'arrêter et dit :

- Ne t'excuse pas, tu m'as tirée d'affaire, fallait vraiment que j'y aille.

Je ponctue ma phrase d'un petit sourire en pointant le box du doigt.

- C'est juste que Linda me regardait et...

- Je comprends, fallait que tu fasses quelque chose, surtout après avoir fait semblant d'être agacée. Ne t'en fais pas, j'ai pigé.

- Oui enfin, j'ai pas trop eu à me forcer...

- Comment ça ?

- Rien, allez viens, elles doivent nous attendre.

Ma boss se tire en me plantant au milieu des toilettes toute seule avec mes questions : comment ça pas trop eu à se forcer ? Elle était vraiment agacée ?

Je ne suis pas sûre de comprendre.

En même temps il ne vaut peut-être mieux pas.

Je retourne à la table et tente de rependre le fil de la conversation. Je crois que je n'aurais pas du boire autant...

Linda se lève et propose de danser à Angy qui accepte. Devant le regard interrogateur de Sha, je me lève à mon tour, contente d'avoir une chance de prendre un peu l'air, histoire d'ôter un peu de brume dans mon esprit.

Angy et Linda semblent s'entendre à merveille et dansent toutes les deux comme si ça faisait des années qu'elles pratiquent ensemble. Comme quoi certaines personnes ont des atomes crochus d'entrée.

L'alcool aidant, je me sens suffisamment à l'aise pour venir me coller à Shaell, le fait de pouvoir mettre ça sur la boisson en cas de besoin me mettant en confiance.

Je me lasse aller et apprécie à sa pleine valeur sa proximité. Ma tête vient se nicher au creux de son cou, peu importe que la musique ne s'y prête pas vraiment. Je la sens sourire plus que je ne la vois et je ne peux m'empêcher de sourire à mon tour. Ses bras viennent m'entourer et je ne pourrais pas être mieux en cet instant. Pendant un instant, j'oublierais presque que l'on est pas proches en temps normal.

Je tourne la tête pour constater qu'Angy nous regarde d'une manière étrange, avec un sourire en coin.

Je suis trop alcoolisée pour chercher à comprendre ce que ça peut bien vouloir dire et retourne à ma béatitude. Mes mains vont se poser en bas de son dos et l'une d'elle va jusqu'à se glisser sous son haut. Petit à petit, je découvre sa chute de reins du bout des doigts. Sa peau est douce et chaude et je sens les muscles réagir sous mes caresses. J'aurais envie d'en découvrir davantage mais je sais par expérience qu'il ne faut pas abuser des bonnes choses.

J'immobilise ma main, me contentant du simple contact à contrecœur. Il ne reste plus qu'à me rabattre sur la vue plongeante sur son décolleté.

Son souffle est chaud et me fait frissonner lorsqu'elle me murmure à l'oreille :

- T'aurais pu continuer, j'aime bien...

Inutile de préciser que je ne me fais pas prier deux fois.

Les musiques passent et le temps fait de même, un peu trop vite à mon goût. Le fait d'avoir à jouer le couple me plait sur bien des aspects.

On retourne à la table et Angy part chercher une énième tournée.

Je ne sais pas si c'est l'alcool ou le fait d'avoir dansé mais je suis épuisée. Je pose ma tête sur l'épaule de Shaell, me retenant de me laisser tomber jusqu'à sa poitrine qui a l'air, il faut le dire, beaucoup plus confortable. J'avale distraitement le verre qui m'est tendu et ferme les yeux, un instant, rien qu'un instant.

J'entends Angy dire de très loin :

- Il faudrait peut-être rentrer, visiblement Liz est passée à un autre stade de la soirée.

Shaell se met à bouger et je me réinstalle confortablement sans pour autant ouvrir les yeux. Je n'ai aucune envie de bouger moi, j'ai bien chaud, elle sent bon, j'entends les battements de son cœur, c'est parfait quoi ! Mon bras vient se placer sur sa hanche pour me retenir et je sens le sommeil me gagner. J'ai vraiment trop bu.

Linda et Angy disent toutes les deux quelque chose, mais je n'arrive pas à saisir quoi.

Je suis déjà à moitié dans le royaume des rêves lorsque je sens des lèvres douces se poser sur les miennes et le contact a à peine commencé que déjà il est fini. Je ne suis pas certaine d'avoir vraiment senti ça et lorsque j'ouvre les yeux, Shaell me sourit et m'annonce qu'il est temps d'y aller. Je suis trop fatiguée pour poser des questions, nous disons donc au revoir à Angy et Linda et retournons vers notre chambre.

Je fais de mon mieux pour marcher droit, ou tenter du moins.

Une fois arrivées à destination, je m'assieds sans aucune grâce sur le canapé pour retirer mes chaussures. Inutile de tenter de faire ça debout, les quelques neurones qui n'ont pas encore été noyés m'en dissuadent en m'envoyant une image de moi dévorant le mur à pleines dents. Involontairement cela va sans dire.

Shaell suit le même chemin et vient s'installer à mes côtés. Un léger silence prend place et c'est ma boss qui finit par le rompre :

- J'ai passé une bonne soirée...

- Moi aussi! Angy et Linda ont l'air de bien s'entendre.

- Un peu trop à mon goût ! réplique Shaell dans un sourire coquin.

Je trouve le courage de me lever et d'aller jusqu'au lit. Je retire mon haut et mon pantalon sans prendre garde au fait que d'ordinaire j'aurais été me changer dans la salle de bain. Ce soir, la salle de bain est juste beaucoup trop loin vu mon état. Même si le chemin du retour m'a permis de prendre l'air et de décuver, je ne suis pas claire du tout.

- Tu prends tes aises ! me fait remarquer ma supérieure alors que j'essaie vainement de donner la forme souhaitée à mon oreiller.

- J'ai la flemme de me changer et honnêtement je ne suis pas sûre de réussir à faire un aller-retour à la salle de bain sans une bosse ou deux. Mais si ça t'embête, je peux toujours...

- T'inquiète, j'en ai vu d'autres !

- Oui, c'est bien ce que j'avais cru comprendre.

Elle se tourne vers moi d'un air complètement choqué, sa large consommation d'alcool la rendant plus facile à déchiffrer. Je ne peux quant à moi m'empêcher de rigoler, c'est si rare que la taquinerie aille dans ce sens là !

Elle se dirige vers le placard qui contient ses habits avant de faire un demi-tour dans un équilibre précaire.

- Oh et puis merde, t'as raison!

Et là, sous mes yeux ébah.... embués, elle soulève son haut et le jette nonchalamment sur le canapé.

Son soutien-gorge est très féminin et met en valeur sa poitrine, la rendant bien trop tentante pour qu'une obsédée dans mon genre ne la mate pas.

Je ne sais pas si elle réalise qu'elle me fixe tandis qu'elle déboutonne son jean mais ça à un effet dingue sur moi. On dirait qu'elle fait une sorte de striptease langoureux, me laissant entrevoir son corps petit à petit, le tout en ne me quittant pas des yeux.

Bien malgré moi, mes yeux suivent ses moindres gestes avec avidité et je suis persuadée que cela se voit. Je tourne la tête sûrement un peu trop vite pour que cela aie l'air naturel, afin d'éviter d'avoir à répondre à d'éventuelles questions embarrassantes.

Je sens la couette se soulever et je me retourne vers elle une fois certaine qu'elle est installée.

Dans un éclair de lucidité elle semble se rappeler ce pourquoi nous sommes à Vegas en premier lieu :

- Au fait je t'ai pas demandé, ça s'est bien passé cet après-midi?

Je tente de garder mon air fier jusqu'au dernier moment lorsque je dis :

- Si «signer un accord avec Linda Parkson » est une bonne chose, alors très bien !

Sa bouche forme un O parfait avant qu'un large sourire ne vienne se poser sur ses lèvres. Elle s'approche alors et me prend dans ses bras, enthousiaste.

Je réalise la tenue qu'on a et le fait de la sentir contre moi a pour effet de me faire me crisper. Elle semble elle aussi réaliser la même chose et se recule lentement, mal à l'aise.

- Pardon, je me suis emportée !

- C'est rien. C'est juste que...

Mes yeux vont de son ventre nu jusqu'à venir capter son regard pour lui faire comprendre où je veux en venir.

- Ouais, je vois ! Ça fait un peu trop en un seul soir !

Je l'observe jusqu'à attirer son attention et lui envoie un air de « t'es sérieuse ? ».

- Si tu crois que c'est ça, tu vois pas grand chose!

Ma main vient se porter à ma bouche. Mais qu'est-ce qui lui prend à celle-là, je lui ai jamais demandé de dire des trucs comme ça ! L'alcool vient de tuer tout esprit de censure ! C'est pas cool du tout, faut que je dorme.

Et que j'oublie la sensation que son câlin improvisé vient de me procurer.

Cependant, je sais que je n'arriverai pas à dormir si je n'ai pas la réponse à une question supplémentaire :

- Sha ?

- Oui ?

Elle tourne la tête pour me regarder et j'hésite un instant avant d'oser poser ma question :

- Tout à l'heure, comment tu m'as réveillée ?

Elle baisse les yeux en rougissant et j'ai la réponse à ma question. Donc je n'avais pas rêvé.

- Tu dormais pas ?

- A moitié, j'étais pas sûre...

Timide, elle demande d'une petite voix :

- Tu m'en veux ?

- Non, y'avait Linda... T'as fait ce que t'avais à faire...

J'ai besoin de le dire à voix haute pour achever de me convaincre. Il ne faut pas que j'y croie. Surtout pas.

Sauf si je veux un cruel retour à la réalité une fois partie de Vegas.

Les derniers verres qu'on a engloutis me font me sentir encore un peu plus alcoolisée qu'auparavant et je suis bien contente que l'on se soit arrêtées là dans le bar.

Elle se mord la lèvre et ses yeux viennent se planter dans les miens avant qu'elle ne dise :

- Je l'ai fait parce que j'en avais envie...

Une fois que mon cerveau daigne se remettre en marche suite au choc, je m'apprête à ouvrir la bouche pour dire je ne sais pas quoi mais je suis réduite au silence par ses lèvres posées sur les miennes.

Je réponds immédiatement au baiser, l'attirant contre mon corps de sorte qu'elle se retrouve allongée sur moi.

Ses mains se posent de part et d'autre de mon visage et sa langue demande la permission d'entrer. Le baiser s'approfondit et je ne sais pas si c'est l'alcool ou elle qui me fait tourner la tête. Et à vrai dire je m'en fous.

Tout ce que je sais, c'est que mon cœur menace de lâcher à tout instant suite aux sensations que le contact me procure. Mes mains parcourent son dos, caressant, massant chaque parcelle de peau que j'arrive atteindre.

Mes doigts descendent petit à petit et s'arrêtent un instant à la limite de son sous-vêtement, stoppant un instant et n'entendant pas d'objection de sa part, descendent encore.

Son gémissement est étouffé par notre baiser et mon pouls s'accélère encore à ce seul son.

Cette femme va me rendre dingue.

Sa jambe se glisse entre les miennes et vient se presser sur mon intimité. A présent, impossible qu'elle ne réalise pas l'effet qu'elle a sur moi.

Je continue de l'embrasser avec abandon, mettant de côté l'idée que nous sommes en train de commettre une erreur dûe à l'alcool.

Bien vite, j'ai envie de plus, de tellement plus... Elle s'arrange pour inverser nos rôles et je me retrouve sur elle, toujours intimement enlacées.

Sa main glisse le long de ma colonne pour venir trouver l'attache de mon soutien gorge. Ses doigts essaient de faire sauter les crochets sans trop de succès :

- Ils font des shoutiens gorges de cshasteté maintenant ? Jshe savais pas ! Pourquoi t'as mis un shoutien gorge de cshasteté ? Oh pi j'habandonne !

Elle me dit l'intégralité de sa tirade en susurrant comme seuls ceux qui ont vraiment trop bu savent le faire. L'intelligence de sa réplique montre à quel point elle n'est pas claire. J'imagine que je ne suis pas la seule chez qui l'alcool continue de monter.

Avant que je réponde, je lui jette un coup d'œil pour constater qu'elle est à présent profondément évanouie sous moi.

Je la secoue vaguement, histoire de vérifier qu'elle n'est pas dans le coma :

- Oui tata, j'hirais acheter des crêpes demain promis !

Ok.... Elle est en vie, même si sa santé mentale reste douteuse !

Je roule de mon côté du lit, complètement dégoutée. J'ai complètement dessaoulé d'un seul coup !

Demain va être atroce...

Pourvu qu'elle ne se souvienne de rien.

Je mets l'oreiller sur mon visage et me résigne à tenter de dormir, en ignorant le corps brûlant de ma chef semi-nue à mes côtés et mes lèvres qui picotent encore sous l'effet de nos baisers.

Seulement rien n'y fait.

Je retourne alors me coller contre elle, plaçant ma tête à ses côtés sur l'oreiller, drapant mon bras sur son corps. Peut-être que ça ne s'est pas fini comme je l'aurais voulu mais d'ici au moins, en fermant les yeux je peux prétendre...

La nuit va être longue.
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:05

Chapitre 16 - Réveil difficile



La première chose qui me vient à l’esprit est « soif ».

Oui, le matin mon éloquence est à revoir. Je repousse l’oreiller et tente de redonner une forme à mes cheveux qui ont visiblement décidé que l’abstrait est au goût du jour niveau coiffure.

Je me rends compte que ma bouche a des airs du désert de Gobi en voulant déglutir. Finalement, j’arrive à réunir ce qui me reste d’énergie pour basculer mes jambes hors du lit et aller jusqu’à la salle de bain.

Je bois quelques gorgées au lavabo et me rince le visage, me rafraîchissant. Le problème est que je suis maintenant parfaitement réveillée, ou presque et que je n’ai pas eu la chance d’avoir un trou de mémoire dû à l’alcool.

Oh merde…

Je me souviens m’être endormie contre elle. Et malgré l’envie, je ne l’ai même pas tripotée pendant son sommeil !

Le ridicule de mon sentiment de fierté me frappe. Le club des pervers anonymes devrait me remettre une médaille d’honneur, je suis un modèle pour eux tous.

Enfin je suis surtout pitoyable.

Je me passe la main sur le visage tout en retournant dans la chambre. Le lit est vide et j’entends à travers la double porte que la télé est allumée.

Avec un peu de chance Shaell ne se souviendra de rien !

Je mets quelques vêtements sur moi avant de me rendre dans le salon. Si jamais elle ne se souvient pas, je ne prends pas le risque que ma tenue lui paraisse familière.

Dès qu’elle m’entend ouvrir les portes, elle se retourne et me salue de la main d’un air timide.

Ok… Une petite amnésie c’était trop demander j’imagine…

Peut-être que je devrais faire comme si MOI je ne me souvenais de rien ?

Mouais.

C’est pas le bon plan.

Mes talents d’actrice ne sont PAS connus et il y a une raison.

J’avance d’un pas hésitant et me dirige jusqu’à la petite machine à café, cherchant plus à me donner une contenance qu’autre chose.

Tasse en main, je vais m’installer sur le canapé le plus loin possible de ma chef. Si je pouvais fusionner avec le cuir de celui-ci, là maintenant, je ne dirais pas non. Ça m’éviterait l’humiliation d’avoir à accepter l’idée que ce qui aurait pu devenir l’un des plus bons moments de ma triste vie de perverse est considéré par l’objet de mes fantasmes comme ce qui aurait pu devenir l’une de ses plus grosses erreurs.

Je garde le silence et me concentre un brin trop pour être réaliste sur ce que dit miss météo à la télé. Soleil, encore et toujours. En même temps, Vegas étant aux abords d’un désert il n’y a rien de vraiment étonnant.

Les pubs passent et je m’efforce d’avoir l’air captivée par les femmes présentant leur nouvelle lessive plus blanc que blanc, les croquettes pour chiens et autres yaourts à boire. Croyez-moi, c’est pas facile.

C’est Shaell qui parle en premier :

- Bien dormi ?

J’acquiesce d’un mouvement de tête avant d’ajouter :

- Profondément, merci l’alcool.

Elle sourit vaguement et continue :

- À propos d’hier soir…

Oh non… Direct dans le sujet en plus.

Je tourne la tête dans sa direction sans pour autant oser la regarder. À la place, je souffle sur mon café déjà froid, le mettant devant moi entre mes deux mains comme une protection.

- Hey Liz ?

Je la sens bouger et ses doigts viennent se placer sous mon menton, me forçant à la regarder. Son visage est déformé par une grimace que je n’arrive pas vraiment à déchiffrer. Elle m’observe un instant, comme pour me jauger et dit en baissant les yeux :

- Je… Pardon… Je… Enfin je sais bien que ça n’excuse pas mais je ne sais pas quoi dire d’autre.

Hein ?

De quoi elle s'excuse là ? De m’avoir plantée en pleine session de bisoutage ou de m’avoir sauté dessus à la base ?

Je suis confuse et j’ai pas envie de parler de peur de dire quelque chose qu’il ne faut pas et ruiner ce qu’on a.

Je ne sais pas exactement ce qu’elle conclut de mon absence de réponse mais bien vite elle reprend :

- Je… J’espère que tu arriveras à me pardonner, je…

Elle prend une grande inspiration et continue, un poil plus bas :

- J’apprécie ta compagnie, sûrement plus que tu ne crois et j’espère que ça ne va pas tout gâcher entre nous.

Sa réplique a le mérite de me faire rire et c’est sous son air perplexe que je réponds :

- Sans vouloir perturber ta façon de penser, je ne sais pas si tu te rappelles, mais on était deux.

Elle baisse à nouveau la tête et continue d’un ton hésitant :

- Oui mais j’ai commencé.

- Tu n’as pas franchement eu du mal à me convaincre si je me souviens bien.

Évidemment que je me souviens bien, chaque seconde est gravée dans ma mémoire. Elle fait un sourire désolé et me dit :

- J’imagine que ceux qui disent que l’alcool désinhibe ont raison. On était pas farouches hier soir.

- Pas trop non !

Je souris à cette idée. J’ose à peine la regarder en temps normal et hier je lui grimpais dessus avec une aisance déconcertante.

Je lève la tête en l’entendant rire, je lève un sourcil questionneur et elle dit :

- J’ai l’impression que j’arrête pas de m’excuser depuis qu’on est ici !

- Y’a un peu de vrai !

- Hey !

Elle me frappe en souriant.

- On fait comme si de rien n’était alors ?

Mon cœur se serre en l'entendant dire ça, mais je suis bien trop peureuse pour lui avouer que j'aurais aimé que ça signifie quelque chose pour elle. Je souris bravement, tentant de cacher ma déception et réponds :

- C’est pour le mieux je crois.

Enfin, c’est mieux pour l’une de nous en tout cas.

Si elle arrive à oublier, à faire comme s’il ne s’était rien passé, je devrais pouvoir le faire, light ?

LOL.

Qui je crois tromper ?

Je n’arriverai jamais à oublier les sensations que ses baisers m’ont procurées, ni la passion avec laquelle elle me regardait. Je ne me suis jamais sentie aussi vivante qu’hier soir, allongée dans ses bras.

Je me lève en soupirant et vais poser ma tasse avant de m’allonger à plat ventre sur le lit.

J’ai à peine fermé les yeux que je revois tout ce qui s’est passé hier, que je revis les sensations.

Heureusement qu’hier l’alcool m’a aidée à m’endormir, car à mon avis, ce soir ça risque d’être une autre paire de manches.

Quelques instants plus tard, je sens le lit s’affaisser à mes côtés et Shaell me demande :

- Ça va aller ?

Je réfléchis quelques instants à un mensonge crédible avant de répondre d’une voix qui, j’espère, ne me trahit pas :

- Oui. J’ai trop bu hier soir, j’ai mal à la tête et mal partout en général.

- Ah ok…

Je m'attends à ce qu'elle retourne regarder la télé mais visiblement ce n'est pas dans ses plans puisqu'elle ne fait pas le moindre mouvement. Je l’entends déglutir puis demander :

- Si tu veux, je peux peut-être aider pour la seconde partie, pour me faire pardonner ?

Sa main se glisse sous mon haut, me procurant immédiatement un délicieux frisson. Je n'ai pas mal mais je suis tentée de profiter. Et puis si ça peut l’aider à se sentir moins coupable… C’est uniquement pour lui rendre service que je réponds :

- Si ça ne t’embête pas…

- Je ne propose pas de commencer quelque chose qui m’ennuie !

Excepté hier soir tu veux dire…

Elle se replace et pousse légèrement mon haut, me faisant comprendre qu'il faut que je me soulève. Je l'aide à me le retirer et tente de me détendre. Elle se penche pour attraper une bouteille de crème sur sa table de nuit et s'en met dans la main. Son autre main vient se placer sur l’attache de mon soutien gorge et elle demande :

- Je peux ?

J’acquiesce, ne faisant pas confiance à ma voix. Elle se débarrasse du soit disant soutien-gorge de chasteté avec une facilité déconcertante, ce qui me pousse à croire qu’elle devait vraiment être torchée hier.

La crème est froide, en complet contraste avec ses mains chaudes.

Elle parcourt mon dos de haut en bas, étalant l’huile de massage improvisée. Ses mains s’attachent ensuite à mes trapèzes tendus, me faisant un bien fou. Je fais de mon mieux pour retenir les petits sons d’appréciation qui menacent de m’échapper.

C’est pas possible, est-ce qu’il y a un truc que cette femme ne fasse pas à merveille ?

En tout cas l'effet est réussi, je me détends à moitié. À moitié seulement, car je m’efforce de rester consciente du fait que c’est une situation exceptionnelle. Je devrais avoir honte de profiter de son sentiment de culpabilité mais je suis prête à à peu près n’importe quoi pour un quelconque contact avec elle…

Au bout d'un moment, j'ai envie de plus, de sentir ses mains ailleurs… Son massage s'est mué en une sorte de caresse et j'ai du mal à me raisonner. Si je m’écoutais, je tenterais de reprendre là où l'on s'est arrêtées hier, mais je doute que ce soit une bonne idée.

Je décide d'être raisonnable et lui dis :

- Si tu en as marre tu peux arrêter…

- Ça dépend, ça va mieux ?

- Beaucoup oui, merci.

Ses mains cessent tout mouvement et se retirent, me laissant avec une sensation de vide.

Elle se lève et va se laver les mains dans la salle de bain, sauf que, hum… Elle a laissé la porte ouverte donc je n'ai aucun moyen de me lever sans risquer de flasher mes attributs à elle ou aux occupants de l'hôtel d'en face.

J'opte pour l'option « faire plaisir aux inconnus » et me tourne direction baie vitrée en me levant, dos à la salle de bain.

- Ah merde, attends je vais te le remettre !

Shaell se précipite à mon aide et stoppe net sans raison apparente. Je tourne la tête pour voir ce qui lui arrive et constate qu'elle regarde quelque chose par dessus mon épaule, devant elle.

Je prends mon courage à deux mains et suis la direction où sont plantés ses yeux pour constater que je viens de faire profiter de mes attributs aux gens en face ET à Shaell via le reflet.

Je me couvre en soupirant fortement. Je demande à voix haute, sans réellement attendre de réponse :

- Pourquoi est-ce que ce genre de situation arrête pas d'arriver ?

Entre l'autre jour où elle m'a surprise dans toute ma gloire sous la douche et là…

Je suis un aimant à situations à la con.

Je remets mon soutien-gorge et mon haut et me tourne, trouvant ma boss allongée, le visage rouge pivoine. Cela ne l'empêche pas de se foutre de moi en s'enquérant :

- Je sais pas, ta famille compte beaucoup d'exhibitionnistes ?

- Et la tienne de voyeuristes ?

Elle fait semblant de réfléchir à ma question, plissant ses yeux verts et comptant sur ses doigts :

- Non, il n'y a que moi à ma connaissance.

Elle me fait rire par sa réflexion.

- N'empêche, j'aimerais bien qu'on me dise si je suis au centre d'une blague cosmique ou autre. Et si c'est le cas, c'est vraiment pas drôle ! Non parce qu'à force, je ne vois que ça pour que le sort s'acharne de la sorte.

- Il essaie peut-être de te dire quelque chose… dit-elle.

Je la regarde d'un air intrigué :

- Tu veux dire me suggérer de manière plus ou moins subtile qu'une vie riche en rebondissements et épanouie m'attends dans un des camps naturistes du cap d'Agde?

Shaell m'observe un instant en silence avant d'éclater de rire :

- T'as vraiment un souci !

- Merci je sais.

- Bon et si on se mettait en route, faut encore bosser aujourd'hui.

- Ok ok… Avec un peu de chance il y'aura des gens à qui dévoiler mes charmes là-bas.

J'essaie de faire avec mon manque de chance et d'en rire, même si c'est pas évident tous les jours.

- Je préférerais que tu évites, si ça ne te coûte pas trop ! M'annonce ma chef.

- Pourquoi, c'est mauvais pour les affaires?

- Au contraire, à mon avis ils se bousculeraient et on aurait une charge de boulot impressionnante. Autant profiter du dernier jour étant donné que le contrat le plus important a été décroché ! Grâce à toi !

Je lui souris et me lève pour aller prendre des affaires dans la commode et m'habiller. De toute manière, pourquoi je m'en fais, elle m'a déjà vue dans toute ma gloire… Mais bon… Plus de show pour aujourd'hui.



Un peu plus tard, nous nous rendons dans la salle de conférence pour y retrouver les participants du congrès. Linda est déjà là, en pleine discussion avec Mattéo. Pas d’Angy en vue, peut-être qu'elle se remet difficilement d'hier soir.

Tous deux sourient et viennent à nous pour nous saluer.

- Coucou la belle au bois dormant, Salut Shaell, ça va?



Plus jamais je ne boirais.



[ Une fois le congrès terminé]

Shaell et moi finissons de saluer les derniers partants et allons dans le hall de l'hôtel.

- Je sais pas pour toi, mais je suis pas fâchée que la journée soit terminée…

- C'est une vraie question boss ?

Elle me regarde d'une manière suffisamment réprobatrice pour que cela me dissuade de continuer mon jeu de subalterne.

- Bon, ça te dit d'aller boire un verre pour fêter ça ?

- Pourquoi pas, mais à certaines conditions !

Shaell hausse les sourcils suite à ma réplique :

- C'est-à-dire ?

- Je veux un endroit qui n'implique ni strip-teaseuse, ni eau, ni maillots de bain et une boisson non-alcoolisée.

- Pour une fois, on est d'accord Scott.

Je fais un geste du bras, signe universel de « après toi » et la laisse mener la marche. Je la suis et après quelques minutes passées au soleil, nous entrons dans un bar un peu douteux :

- Euh Sha, j'aurais dû préciser « pas de maison close » ou….?

Elle a un air profondément blasé et me répond rapidement :

- Je connais pas plus la ville que toi, j'en avais juste assez de marcher alors je suis rentrée dans le premier bar venu. Pas de ma faute si ça se trouve être un boui-boui immonde.

- Mouais.

Elle jette un regard dégoûté autour d’elle. Elle a bien raison, je suis quasi sûre qu’en respirant l'air vicié d'ici trop longtemps, on peut attraper la petite vérole. En tout cas j'ai pas envie de tenter le coup.

- D'un autre côté, on pourrait aussi rentrer dans notre chambre et commander quelque chose.

Je passe distraitement mon doigt sur une table en réfléchissant et en constatant que j'ai récupéré je ne sais quoi d'ignoble par ce geste, je m'empresse de dire :

- On fait ça ?

Elle sourit en me voyant m'essuyer le doigt sur une chaise qui n'a pas l'air plus propre et acquiesce.

Nous retournons dans la rue sans un regard en arrière.

Alors qu'on marche en direction de l'hôtel, j'en profite pour détailler les casinos, remarquer les gens qui s'amusent, ceux qui ont gagné le jackpot et ceux qui n'ont pas eu cette chance. Quelque chose me frappe :

- J'aurais même pas testé les tables de poker ou de blackjack!

Shaell se tourne vers moi et me sourit, s'arrêtant et me proposant :

- Si ce n'est que ça on peut faire ça ce soir… Je suis pas mauvaise au poker, on aurait nos chances.

Je réfléchis un instant à sa proposition et réalise que je risque non seulement de perdre tout mon argent, mais également ma dignité. Le poker, j'aime, mais c'est pas à ma portée.

- Crois-moi, j'aime, mais je n'ai aucun talent!

- Si tu veux, je peux t'apprendre deux ou trois ficelles… Je suis pas une pro mais je me débrouille !

- Bah si on va à une table, le temps que je retienne le tout j'aurais plus un rond.

Elle me fait un clin d'œil et annonce :

- Tu sais, je pense qu'on peut trouver un jeu de cartes… Pas besoin d'aller à une table, on pourrait s'entraîner n'importe où. Enfin si ça te dit…

- Bonne idée ! On a qu'à faire ça ! Puis au moins le secret de ma nullité ne quittera pas la chambre !

- Ça, ça dépendra de combien tu es prête à me donner !

Non chérie, ça dépendra de si je peux payer en nature ou pas !

Je m'abstiens de commenter et la suis dans une petite boutique. Un jeu de cartes en main, nous retournons à l'hôtel et montons dans notre chambre. Une fois arrivées, elle tire les rideaux côté salon et se tourne vers moi :

- Voilà, comme ça on a aussi l'ambiance feutrée d'une salle de jeux.

Soit. Je ne veux pas la contrarier, ça risquerait de la faire cesser de sourire comme ça mais quelque chose me chiffonne :

- Si tu voulais vraiment faire ça de manière réaliste on aurait de quoi miser !

- Tu tiens vraiment à ce que je te plume ?

Et modeste avec ça. J'ignore son sourire arrogant (qui soit dit en passant lui va à merveille) et réponds :

- J'ai pas dit que je voulais miser de l'argent et vu ce qu'on me paye je risque pas, je dis juste que ça serait plus drôle si il y avait un vrai enjeu.

- Pas bête. Laisse-moi réfléchir…

Un air d'intense concentration se met en forme sur son visage et c'est limite si elle ne tire pas la langue. Tout à coup, elle semble avoir une illumination et dit :

- Des gages !

- Quoi ?

- La perdante a un gage à chaque tour!

-_-'

Avec toutes les possibilités qu'il y avait, il fallait qu'elle pense à CA… Je n'ose même pas imaginer quelles choses tordues elle pourrait avoir en tête.

- Des gages ? Mais t'as quel âge, 5 ans ?

- J'aurais dit un chouïa plus mais ça fait toujours plaisir quand quelqu'un se trompe sur l'âge d'une femme dans le bon sens. Tu n'as tout de même pas peur de perdre au poker contre quelqu'un que tu viens de comparer à une gosse ?

Sa provocation me passe au-dessus de la tête. Bien sûr que j'ai peur. Je ne m'attends pas à gagner, même avec de bonnes cartes !

- Scott, que ça soit clair, je refuse l'idée d'un strip poker! Vu la chaleur qu'il fait je suis certaine que l'idée de tricher juste pour avoir moins chaud me viendrait à l'esprit. Et ça ne serait pas juste envers mon talent ! D'ailleurs la clim est en panne ou quoi ?

- Rassure-toi, je comptais pas en proposer un, je pense m'être suffisamment exhibée en quelques jours pour avoir ma dose pour toute une vie.

Et accessoirement, je jouerais certainement encore plus mal si l'enjeu est trop gros. Et voir Shaell nue c'est ENORME ! (Et je ne fais pas référence à ses seins !).

- Pas faux. Allez quoi ! Des gages !

A la voir trépigner d'impatience, je pense que si j'attends un peu elle va finir par me supplier. Ça a l'air de lui tenir à cœur, je l'ai rarement, pour ne pas dire jamais, vue aussi emballée à l'idée de faire quelque chose.

- Bon ok…

Quoi ? J'ai jamais réussi à lui refuser quelque chose. Avant c'était par peur, maintenant j'ai d'autres raisons.

- Cool ! Bon tu sais quoi, reste là je reviens dans 10 minutes! Prépare-toi psychologiquement à une défaite ! T'as qu'à appeler ta copine du boulot là, elle te donnera peut-être du courage, tu vas en avoir besoin !

Je dois admettre que je suis interloquée, si en plus elle a des dons divinatoires c'est une partie perdue d'avance :

- Comment tu le sais ?

- Quoi ? Que c'est elle qui te booste quand t'es un peu démoralisée ?

- Oui.

- Tu sais Liz, contrairement à la croyance populaire, CHEF n'est pas un acronyme pour Crétin Hautement Estimé pour raisons Futiles.

- J'aurais dit fainéant ! Et après tu vas me dire que Boss ne veut pas dire Bête et Odieux Scélérat Surpayé ?

- Tu sais ce qu'elle te dit la boss ?

- Je préfère pas ! Allez file, j'ai un coup de fil à passer !

Elle me fait un clin d'œil et sort de la chambre en trombe. Je ne sais pas trop ce qu'elle est partie faire mais c'est peut-être mieux ainsi. Les mauvaises surprises peuvent attendre.

J'attrape mon téléphone et compose le numéro que je connais par cœur à force. J'ai beaucoup de choses à raconter mais certaines vont être passées sous silence :

- Alors ?

- Bonjour Steph, comment ça va ?

Elle ignore mon ton faussement enjoué et reprend :

- Ouais ouais bonjour, ça va merci. Alors ?

Certaines personnes ne sont pas sauvables…

- Alors quoi ?

- Bah vous vous êtes réconciliées ou elle t'a étripée ? Minute, t'es passée à l'acte ?

Si par acte elle entend me masturber, oui… Mais même si j'ai tendance à ne rien lui cacher, certaines choses sont un peu trop personnelles pour être partagées.

- Oui on s'est réconciliées.

- Aha ! Donc elle doit bien t'aimer pour passer outre une palpation !

Même si cette fois-ci, elle ne peut pas me voir, je lève les yeux au ciel en entendant ça et elle reprend immédiatement :

- Vous êtes plus proches ?

Rien qu'au ton qu'elle vient de prendre, je sais qu'elle pense « proche » dans le sens pervers du terme.

- Si on veut. Hier soir on est sortie avec une amie à elle et Mlle Parkson. Enfin Linda n'était pas prévue au programme.

- T'en a profité pour la bécoter toute la soirée j'espère ?

- Non, enfin on s'est retrouvées sur un love couch toutes les deux et j'étais contre elle quoi.

- Par-fait! Alors dis-moi, t'as du pouvoir l'analyser, c'est quoi son parfum ?

- À vrai dire, j'avais d'autres choses en tête Steph…

- En TETE? Permets-moi de douter. Je suis quasi sûre que tout ce à quoi tu pensais passait par un autre endroit que ta tête.

Elle vient de réussir l'exploit de me faire soupirer et sourire en même temps :

- Bref.

- Oui, t'as raison, y'a plus important. C'était comment au retour dans la chambre ?

Je me mordille la lèvre et hésite un instant à lui dire avant de me décider. De toute manière, faut bien que ça sorte :

- On avait beaucoup bu… J'ai décidé de dormir en sous-vêtements, ce qui dans mon esprit de bourrée était une bonne idée car plus pratique.

- Et ? T'es en prison pour exhibitionnisme et homicide involontaire parce qu'elle a fait un arrêt ? Je viendrais témoigner en ta faveur t'en fais pas !

Je rigole franchement à ça. C'est vrai qu'elle n'est pas au courant :

- Pas vraiment… J'ai récemment appris qu'elle est lesbienne. Et apparemment, dans son esprit alcoolisé ça paraissait être une toute aussi bonne idée…

- OH MON DIEU! Donc t'as vu ses sous-vêtements ! Elle met quoi ? J'attends toujours cette information, je te signale que je te l'ai demandé depuis le début !

D'autres auraient été choqués d'apprendre que leur superbe et auparavant hétéro-frigide supérieure préfère en réalité les femmes, mais pas elle. Non, elle se contente de détails :

- Soutien-gorge noir et rouge, très féminin. Assorti avec un…

Ma mémoire me fait faire un bond en arrière. Je reviens à l'image de Shaell retirant ses vêtements. De mes yeux dévorant chaque parcelle de peau dévoilée. Plus tard, ma main qui va se poser sur ses fesses… Tanga.

- Un tanga.

- Pourquoi t'as mis autant de temps à répondre ? Vas pas me faire croire que t'as pas lorgné !

- Si si, mais que de face.

Je peux presque entendre les rouages tandis qu'elle réfléchit de l'autre côté du téléphone :

- Comment tu sais alors ?

- Les choses ont… dérapé…

D'un ton mi-hystérique, mi-impatient, elle s'exclame :

- Raconte ! Tu lui as fait des choses ? J'arrive pas à y croire ! Liz Scott, tombeuse de Shaell Mackenzie, Iceberg à temps plein ! T'inquiète je te survivrai juste pour être sure que cet exploit soit gravé sur ta tombe !

- Heureusement que tu es là !

- Je ne te le fais pas dire ! Mais reviens-en aux faits !

- On s'est embrassées et ça commençait à chauffer et puis on s'est arrêtées !

- J'ai comme l'impression qu'il y a quelque chose que tu ne me dis pas ! Je te vois mal t'arrêter en pleine action…

- Elle avait trop bu et s'est endormie !

J'attends patiemment que son fou rire soit terminé, prenant la fin des couinements comme le signe que je peux reprendre la parole :

- Sur le coup, crois-moi que j'étais pas d'humeur à rire.

- Bah tu m'étonnes. Ça aurait été n'importe qui d'autre, ça aurait été la honte !

- Et pourquoi elle a droit à un traitement de faveur ?

Je suis curieuse de savoir ce qui mérite autant d'indulgence.

- Tu l'as bien regardée ? Même si c'est rien qu'un baiser, je suis sûre que les mecs de la boîte seraient fin fous ! On peut pas tenir rigueur à quelqu'un avec un physique pareil !

Certes.

L'argument tient la route.

Elle reprend la parole tandis que je médite sur la chance que j'ai d'avoir connu ce que ça fait de l'embrasser.

- Vous allez faire quoi ce soir ?

- Poker ! Elle va m'apprendre à jouer !

- Ah ben je lui souhaite bien du courage !

- Qu'est-ce que je dois comprendre ?

- La seule fois où j'ai tenté de t'apprendre quelque chose, t'étais la pire élève au monde !

- Il y a prescription, le chocolat était TROP tentant !

J'entends la porte s'ouvrir et vois ma boss revenir avec un paquet en carton dans les mains.

- Bon Steph, je vais te laisser !

- Ok ok, amuse-toi bien ! Ps: là tu me vois pas mais je fais un clin d'œil.

- Ça m'étonne même pas. Allez bisous.

- Bisous.

Je raccroche le sourire aux lèvres et prête à connaître une fessée aux cartes.

Shaell me fait signe de me lever et pousse le canapé, s'installant à même le tapis.

- On sera à la bonne hauteur pour la table basse. Interdiction de planquer des cartes sous le tapis bien sûr !

Elle prend ma main pour m'inciter à me mettre moi aussi à camper au milieu du salon. Je me mets en tailleur à côté d'elle et scrute la boîte qu'elle a ramenée.

Voyant que je suis intriguée, elle l'ouvre et je découvre avec surprise deux éclairs au chocolat.

- Un pour toi, un pour moi ! J'ai repéré l'endroit en passant devant tout à l'heure ! dit-elle toute fière.

- Ahh je suis désolée mais je ne peux pas…

- Pourquoi ça ?

- Je me suis goinfrée depuis mon arrivée…

Je pense avoir tout expliqué avec cette phrase mais visiblement pas tant que ça vu qu'elle demande :

- Moi aussi et alors ?

- Et alors, on a pas toutes la chance d'avoir ton métabolisme !

Elle me regarde d'un air affligé avant de m'annoncer :

- Je réitère ma citation de ce matin : t'as vraiment un souci ! Je t'assure que tu es très bien comme tu es ! D'ailleurs si tu refuses de le manger de bonne grâce, tu me verras dans l'obligation de te l'enfourner moi-même. De gré ou de force, c'est toi qui vois.

Qu'est-ce que je suis censée répondre à ça… Oui chef, bien chef !?

- On joue cartes en main ou sur table ? demande-t-elle.

- Comme tu préfères. Le premier ?

- Va pour en main !

J'espère secrètement que j'aurais ainsi plus de chance de gagner, mais franchement j'ai suggéré au pif. Aucune idée duquel me serait le plus favorable en théorie.

Cependant, je me demande quelque chose :

- J'ai pas trop d'expérience en matière de poker mais ça se fait pas à deux d'ordinaire, si ?

Elle semble réfléchir un instant, un drôle d'air sur le visage avant de dire :

- Je peux appeler Angy si tu veux.

- Nan mais moi je demande comme ça.

- C'est pour toi. Elle a pas la langue dans sa poche. Et accessoirement elle va nous plumer.

Je fronce les sourcils et la regarde tandis qu'elle mélange les cartes.

- Comment tu peux en être aussi sûre ?

- Tu crois qu'elle fait quoi les jours où elle n'accompagne pas Mattéo ? Elle est venue ici exprès pour ça, dans l'unique but de plumer les touristes.

- Ah…

J'hésite à lui dire de l'appeler. D'un côté, c'est vrai que j'aimerais rester seule avec elle, pour profiter de cette dernière soirée.

D'un autre, je sais que je risque fortement de perdre et par conséquent d'avoir à réaliser des gages que je préfère ne pas imaginer. Avoir Angy pourrait aider à détourner l'attention de moi et faire faire des gages à ma boss à la place.

Je lui jette un coup d'œil, la trouvant plus naturelle que jamais, installée en tailleur à même le tapis et adossée au canapé. Je n'arrive plus à croire qu'elle puisse vraiment être rigide et sévère comme elle l'est au bureau. Je sais que tout ça n'est pas elle.

Enfin je crois.

Face à son sourcil levé dans une question muette, je sors de mes pensées pour lui dire :

- Tu peux toujours voir ce qu'elle fait en début de soirée, après nous avons la nuit devant nous pour nous remettre psychologiquement.

Elle prend un ton faussement guindé et lance :

- En tant que ta supérieure, je dois te rappeler que nous ne sommes pas supposées revenir éreintées et avec des vapeurs d'alcool au bureau.

- Je n'ai jamais parlé de boire ! Je parlais de réconfort mutuel !

Elle me regarde et me fait un énorme sourire sadique en disant bien fort :

- Je ne suis pas certaine d'être prête pour le type de réconfort qu'une exhibitionniste dans ton genre serait prête à m'offrir !

Je suis bouche bée et aucune réplique hautement appropriée ne m'arrive en tête. A vrai dire, même l'idée de fermer ma bouche n'arrive pas à me venir à l'esprit. Je crois qu'elle vient de causer une surcharge aux quelques neurones qu'il me reste.

Son rire parvient à mes oreilles qui elles fonctionnent toujours apparemment.

- C'est trop bon, je crois que je ne m'en lasserais jamais.

- Ouais ben moi j'arriverais à vivre sans tu peux me croire ! Tu ris de ma malchance !

Boudeuse, je croise les bras comme les gosses pour souligner mon mécontentement.

- Non, je fais ce que je peux pour te faire sourire, même si c'est un sourire gêné, c'est différent.

Comme certains disent, un ange passe et je me retrouve justement à sourire timidement. Je sais pas ce qui se passe dans la jolie tête de Mlle Mackenzie mais j'aime assez la nouvelle attitude, celle qui me dit des belles choses j'entends, pas la partie qui se moque.

Après quelques instants, elle reprend la parole tout en se levant :

- Bon, je vais appeler la miss, on verra ce qu'elle dira.

Elle prend son portable sur la table basse et part téléphoner dans la chambre.

Je me retrouve seule à même le sol dans notre pseudo salle de jeux. Ça me laisse un peu de temps pour réfléchir. Je sais bien qu'au départ on ne peut pas dire que l'idée de venir ici avec elle m'emplissait de joie. Mais maintenant…

J'ai pas envie de partir.

J'ai pas envie de perdre ce qu'on a, peu importe ce qu'on a.

J'ai pas envie de la perdre elle…

Je sais qu'une fois de retour au boulot, elle sera certainement comme avant. Je ne pourrais plus la taquiner, ni être aussi proche d'elle que je peux l'être en ce moment.

Peut-être que je pourrais la voir en dehors du boulot ?

Ma stupidité me fait rire moi-même. Ça ne risque pas d'arriver. Je vais très certainement endurer les remarques désobligeantes de mes collègues, les entendre dire les pires horreurs sur elle sans pouvoir les contredire. Avec un peu de chance, j'arriverais à oublier qui elle est et comment elle peut me faire vivre des moments inoubliables.

Je suis sortie de mes pensées déprimantes par Shaell qui revient s'installer à mes côtés :

- Elle arrive dans deux minutes. Elle restera peut-être pas super longtemps, après elle sort avec Linda apparemment !

Mes yeux s'écarquillent bien malgré moi :

- Linda, LA Linda ?

- Oui, on dirait que ces deux là s'entendent bien.

- En même temps, ça m'étonne pas ! Elles deux adorent mettre les autres mal à l'aise.

Shaell montre son approbation d'un signe de la tête avant d'ajouter, l'air inquiète :

- Et c'est cette femme là, celle qui aime nous gêner que tu as invité à jouer à un jeu auquel elle excelle et dont l'issue se termine par des gages ?

Oh mon Dieu ! Qu'est-ce que j'ai fait ?

Je cours à quatre pattes jusqu'à l'endroit où elle a posé son téléphone pour l'attraper et le lui jeter :

- Rappelle-la, malheureuse ! Tu aurais pu me dire ça avant !

Avant même qu'elle ait composé le numéro, on entend toquer à la porte.

Et merde !

Shaell m'envoie un petit sourire compréhensif en se levant pour aller ouvrir la porte.

Un instant plus tard, Angy tourbillonne dans la pièce, déjà sur-motivée et certaine de sa victoire.

Elle nous annonce fièrement qu'elle a ramené un jeu de cartes avant de réaliser qu'on en avait déjà un.

- Bon, je mélange et on y va ? La gagnante choisit un gage !

- Minute ! Je préfère faire ça moi-même, on sait jamais avec vous !

Shaell est offusquée mais lui tend quand même le paquet de cartes. Angy reprend la parole en s'adressant directement à ma supérieure, comme si je n'étais pas là :

- En fait, je me méfie surtout de Liz ! On a peut-être été en couple chérie, mais j'ai peur que le strip-tease qu'elle est susceptible de te demander soit un peu trop pour mon pauvre cœur !

Ma boss se contente de devenir rouge pivoine tandis que je réfléchis à un moyen quelconque de traverser le plancher pour m'enfuir. Je pourrais peut-être grignoter le tapis ?

Juste quand je pensais que la situation pouvait difficilement être pire et que mon niveau d'embarras ne monterait pas plus, Angy ajoute :

- Tu vois Sha, elle nie pas ! L'experte a parlé !

Mon regard implorant croise celui de ma chef qui m'envoie un petit sourire désolé.

Mes yeux viennent se river sur les mains d'Angy qui mélange les cartes mieux que la plupart des croupiers que j'ai eu l'occasion d'apercevoir.

On est vraiment dans une merde monstre.

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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:06

Chapitre 17 - Il paraît que la chance tourne ?



- 5 cartes stud poker c'est bien ça ?

Je lance un regard intrigué à ma chef qui acquiesce en direction d'Angy avant de distribuer nos mains sous un regard inquiet.

Dans un élan de désespoir je demande :

- Vous voulez pas plutôt faire un rami ?

Angy éclate de rire et Shaell ne tarde pas à suivre. Je trouve pas ça drôle là !

Au moins au rami j'aurais mes chances et les parties durent plus longtemps. Tant pis pour mon apprentissage.

Une fois qu'elles ont terminé de rire, elles me regardent toutes les deux, semblant s'attendre à ce que je dise quelque chose :

- Pitié ?

Un sourire radieux vient se placer sur les lèvres de Shaell et elle vient à mon secours en disant :

- Pourquoi pas, ça me va. Et ça pimenterait les choses en rendant le jeu plus équitable.

Je suis prête à lui sauter dans les bras pour être venue à ma rescousse mais Angy interrompt ma joie :

- Minute minute ! On m'a appelée pour un poker ! Je suis venue ici dans l'idée de ruiner le peu de confiance en vos talents de joueurs ! Pas pour faire un rami !

Je tente le tout pour le tout :

- Allez Angy ! Si tu nous bats, tu pourras encore plus parader !

- Certes. Tu marques un point !

Un regard suppliant plus tard, elle annonce :

- Bon, va pour un rami !

Yeah !

- Tout le monde sait jouer ?

Je demandais ça au cas où mais vu les regards qu’on me lance, j’imagine que la question ne se pose pas.

Sans plus attendre, ma boss se met à distribuer les cartes.

Je constate très rapidement qu’il ne faut pas compter sur la chance. J’ai en tout et pour tout 2 cartes qui se suivent, le 2 et le 3 de cœur.

Je me sens très en veine ce soir.

Au vu du sourire non dissimulé de ma boss, j’imagine qu’elle n’a pas le même type de jeu que moi.

Le jeu se déroule sans encombre et la pioche n’apporte rien de plus à mon super jeu.

Au bout du 5ème tour Shaell pose toutes ses cartes.

Rami sec.

Ok…

Je regarde Angy qui semble se dire la même chose que moi, à savoir « oh merde ». Un sourire diabolique fermement en place, ma boss nous regarde l’une et l’autre par intermittence.

Finalement, elle se décide et dit d’un ton trop mielleux pour être vrai :

- Liz…

Le soupir de soulagement que lâche ma voisine ne me console pas du tout tandis que je tente de me préparer à ce qui va bien pouvoir suivre :

- Ton gage va être de… Manger cet éclair en une seule fois !

Apparemment, certaines personnes ont de la suite dans les idées.

C’est avec un sourire tout sauf sincère que j’accepte l’éclair que me tend joyeusement ma boss.

Angy s’installe de manière à être davantage tournée vers moi, ne souhaitant pas manquer une seule miette du spectacle apparemment.

Je regarde l’éclair en me demandant comment je suis supposée manger cette chose en une seule fois. Sur le côté peut-être ?

Le sourire façon Cheshire Cat de ma supérieure n’aide pas et c’est d’une main réluctante que je porte la pâtisserie à mes lèvres.

Je pousse l’éclair en biais, sentant le chocolat se déverser dans ma bouche une fois ma joue étirée au max. Je finis de fourrer le tout dans mon autre joue, me retrouvant la bouche ridiculement étirée.

Angy et Shaell se tiennent mutuellement, riant à mes dépends et tombant l’une sur l’autre.

Elles explosent de rire en me voyant tenter de mâcher le tout. Malgré les précautions que je prends, je sens un peu de chocolat s’échapper de ma bouche. J’essaie de mettre ma main devant pour limiter les dégâts mais elle n’arrive pas à temps et je regarde de manière totalement impuissante un peu de chocolat venir s’écraser sur mon haut.

Je gémis de désespoir, ce qui semble être un signe de « riez encore plus » et me fait baver un peu plus de chocolat au passage.

Je marmonne un « ché pas drole » du mieux que je peux compte tenu de la quantité de nourriture encore présente dans ma bouche et me lève dans la ferme intention d’aller me laver dans la salle de bain.

Tandis que mes pitoyables tentatives ont pour unique résultat d’étaler un peu plus la tâche, je sens une présence derrière moi. Un coup d’œil au miroir me fait constater qu’effectivement Shaell est juste là.

A en juger par la façon dont ses yeux brillent, elle a tellement rit qu’elle est au bord des larmes. Je devrais me lancer dans une carrière de comique malgré moi.

- Laisse-moi essayer. Dit-elle en poussant mes mains.

- Pourquoi, tu te sens coupable ? Non parce que si c’est le cas, t’as raison !

Elle m’envoie un petit sourire censé montrer qu’elle est repentie mais qui prouve surtout que parfois elle n’est pas aussi bonne actrice qu’elle le pense.

Elle tente de mettre un peu d’eau et de frotter, ce qui à part me peloter au passage, ne sert pas à grand-chose.

Finalement, elle en arrive à la même conclusion que moi :

- Ok, on dirait que j’empire les choses. T’as plus qu’à retirer ton haut.

- C’est du déjà vu boss, je pense que vous pouvez mieux faire.

- Quoi ? Ohh…

Elle semble voir de quoi je parle, à savoir la première soirée passée avec Angy et Matt, quand je me suis renversé mon cocktail dessus.

Mes yeux se baissent vers sa main recouvrant la tâche juste au dessus de mon sein gauche et elle la retire rapidement, comme si elle avait été brûlée. Elle se dirige vers la porte et dit :

- Je vais te laisser te changer tranquille, je retourne au salon.

- T’as raison, laisse-moi réfléchir à ma vengeance !

Un clin d’œil plus tard elle se retourne et quitte la pièce.

Je sors à mon tour pour aller chercher un autre haut dans la commode, grognant en réalisant que la seule chose propre qu’il me reste est un caraco que j’adore et qui me va très bien. Enfin qui m’allait très bien, quand j’avais 14 ans.

u_u

C'était bien la peine d'emporter ma garde robe, si c'est pour ne pas arrêter de me renverser des trucs dessus.

Je soupire et me change dans la salle de bain avant de retourner m’asseoir en compagnie de mes deux camarades.

J’ignore le regard curieux d’Angy lorsqu’elle regarde mon nouveau haut.

- Plus rien de propre.

Elle m’offre un sourire compréhensif et indique les cartes du doigt. J’acquiesce et elle se met à distribuer à son tour.

Une fois mon jeu en main, je me sens déjà en meilleure posture que tout à l’heure. Les tours passent et j’hésite à poser. J’ai assez de points mais je n’aime pas l’idée d’avantager quelqu’un en lui permettant de compléter mon jeu. Je préfère poser sec. Seulement pour le coup, je ne sais pas si ce sera faisable. Une fois à moi, je me décide à poser et étale mes deux superbes suites sur la table. Il ne me reste que 4 cartes en main et deux suites potentielles. Parfait.

Enfin parfait jusqu’à ce qu’Angy joue à son tour, posant.

Je scrute avec inquiétude ses mains, ne voyant plus que deux cartes. Elle jette un coup d’œil à mon jeu, joue avec ses cartes… et complète mon jeu avant de défausser sa dernière carte.

Je le savais…

Pourquoi je n’écoute jamais mon instinct ? Nan parce que lui était au courant !

Immédiatement, Angy se tourne vers moi :

- Alors Liz, ton gage va être de-

Je lève les bras devant moi pour l’arrêter, sentant comme une bourrasque d’injustice souffler sur notre chambre.

- Pourquoi encore moi ? Pourquoi pas Shaell ?

- Ne t’inquiète pas, elle est concernée !

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas ce qu’elle veut dire.

- Ton gage est de chatouiller Sha ici présente jusqu’à ce que larmes s’ensuivent.

Les yeux de ma boss deviennent aussi gros que des soupières tandis qu’elle bat déjà en retraite, me regardant avec inquiétude.

- Tu vas pas faire ça hein ? Je serais gentille avec toi si je gagne !

Savourant le pouvoir que j’ai sur elle, je me lève et m’approche lentement tandis qu’elle recule jusqu’à se retrouver dos au mur. Voyant que je n’ai aucunement l’intention de refuser, elle ajoute, désespérée :

- Je m’excuse pour tout à l’heure. Je… Je ferais tout ce que tu veux ! Pitié ?

Tout ce que je veux ? Ça pourrait se négocier…

Mais non !

Je m’abaisse pour l’atteindre mais elle s’échappe en direction de la chambre, faisant un bond sur le côté qui ferait fureur sur un terrain de rugby. Elle ne rampe pas assez vite et je l’attrape par la cheville, l’empêchant de s’enfuir.

Elle gigote tant et si bien que je me retrouve à cheval sur elle, hésitant.

Où est-ce qu’elle peut bien être chatouilleuse ?

Elle tente de se protéger mais mes mains se faufilent sur son ventre et testent sa sensibilité. Elle se débat mais je ne crois pas que ça soit ça l’endroit à trouver.

J’entends Angy dire :

- Indice : Juste sous les fesses, en haut des cuisses.

Je suis distraite et ma boss en profite pour me filer entre les doigts et se diriger vers la chambre. Cette femme est pleine de surprises, c’est la première fois que j’entends ça !

A fond dans le jeu, je lui cours après et l’attrape alors qu’elle passe près du lit, la jetant dessus.

- Pas si vite !

Je saute à mon tour sur le matelas et tente de la chatouiller à l’arrière des cuisses, en restant tout de même à ma place et donc loin de ses fesses. Je me retrouve à genoux entre ses jambes, tentant de les placer par-dessus mes épaules pour l’empêcher de gigoter.

Après quelques minutes de lutte digne des gréco-romains, je réussis à faire ce que je veux.

Je marque une pause en réalisant le genre de position intime que je nous ai fait prendre et elle en profite pour me déséquilibrer.

Je tombe lourdement sur le flanc, me retenant comme je peux à sa cuisse et son bras, tant et si bien qu’elle se retrouve sur moi. Un bref instant de lucidité me fait réaliser l’opportunité qui se présente et j’enroule mes jambes autour de sa taille, l’empêchant de s’enfuir.
Mes mains vont immédiatement la chatouiller là où je sais qu’elle va réagir et je dois dire que je me débrouille plutôt bien malgré la petite marge de manœuvre que j’ai.

Elle gigote et se tortille mais ne peut pas s’enfuir et je jubile assez de la voir éclater de rire malgré elle.

- Stop, stop !

- Elle pleure ? demande Angy en s’approchant de nous.

Une de mes mains lui offre un moment de répit tandis que j’écarte ses cheveux, me permettant de voir son visage.

- Mission accomplie.

J’arrête de la chatouiller et immédiatement ma boss cesse de gigoter et s’écroule sur moi.

- Omph.

- C’est le prix pour ce que tu viens de me faire subir. Mort par écrasement.

Jamais je n’aurais dit que j’allais mourir comme ça, mais de là où je suis, ça me parait être une belle fin après tout.

Shaell place ses mains sur mes jambes et les retire de sa taille, se mettant à genoux sur le lit et s’essuyant les yeux.

- Je te déteste ! dit-elle à personne en particulier.

Je me lève à mon tour et retourne me poster à même le sol dans le salon, fière du travail accompli. Maintenant je saurais quoi faire pour amener un joli sourire sur son visage.

Ma boss retourne là où elle était elle-même assise et m’envoie un regard plein de promesses de vengeance tandis qu’elle me tend les cartes afin que je distribue. Angy annonce directement la couleur en lançant :

- Je vais encore vous écraser ! Le prochain gage sera pour toi chérie !

Ma boss réplique immédiatement :

- Rêve ! J’ai une vengeance à accomplir. Une de mes employées va voir…

Gulp. Ça ne présage rien de bon.

Je commence à distribuer lorsqu’Angy prend à nouveau la parole :

- Ceci dit j’aimerais quand même ajouter qu’il ne fallait pas vous sentir obligées de reproduire des scènes d’accouplement pendant le gage !

Je baisse la tête et tente de me persuader que l’intense chaleur que je ressens au niveau du visage est due à la sauce pimentée que j’ai mise sur la pizza que j’ai mangée il y a trois jours.

Oui, je suis prête à nier beaucoup de choses, y compris l’évidence.

C’est vrai que si nous avions été nues… Ça aurait prêté à confusion. Mais là pas du tout.

Du tout.

J’essayais juste d’accomplir la tâche demandée.

Voilà.

Faudrait savoir !

Je ne commente pas et continue de distribuer comme si de rien n’était, recomptant mes cartes au passage parce que j’ai bien évidemment oublié à combien j'en étais. Je m’efforce de garder mes yeux sur le tapis mais je ne peux m’empêcher de jeter un coup d’œil à Shaell pour constater qu’elle n’a pas l’air plus à l’aise que moi. C’est déjà ça de pris j’imagine.

J’attrape les cartes que je me suis distribuées et constate avec soulagement que j’ai un bon jeu.

Je regarde une nouvelle fois et ne peut retenir le sourire qui vient se glisser sur mes lèvres. Un très bon jeu.

Je me défausse d’un double et pioche une carte une fois mon tour venu. Hehe.

La roue tourne !

Au vu des soupirs de ma boss, puis d’Angy, je crois être la seule à avoir tiré le bon numéro.

Un moment plus tard, c’est le sourire victorieux aux lèvres que je pose l’intégralité de mon jeu sur le sol et fais une scène en défaussant ma dernière carte dans un grand mouvement de bras.

C’est un air triomphal que je me tourne vers mes concurrentes, prête à annoncer le gage.

- Sha, le moment est venu.

Elle me regarde, un air de souffrance sur le visage tandis que je me demande ce que je vais bien pouvoir lui demander.

Je me vois mal lui demander de faire quelque chose de trop osé et la voir interagir avec Angy ne me plairait pas davantage. L’idée de lui faire faire quelque chose de ridicule me traverse l’esprit mais je la repousse bien vite. Ce serait non seulement humiliant mais ça risquerait de ruiner certains de mes fantasmes. Et il faut bien que je m’occupe les nuits d’insomnie !

Finalement, j’ai une idée :

- Ton gage va être de me révéler un secret. Quelque chose de VRAIMENT secret j’entends, pas le fait que tu aimes te goinfrer. Dans mon oreille ou devant Angy, au choix.

Le sang de ma supérieure semble avoir trouvé de plus verts pâturages ailleurs que sur son visage et elle devient instantanément un peu plus blanche. C’est comme ça que je sais qu’elle a effectivement quelque chose à cacher.

- Je n’ai pas de secret.

Mon air de « ah oui, vraiment ? » la fait capituler avant même d’avoir bataillé. Elle se met à genoux et vient jusqu’à moi pour me chuchoter à l’oreille :

- La troisième nuit, tu te souviens que j’ai reçu un coup de fil ?

Je réfléchis un moment puis hoche la tête de manière affirmative. Elle continue donc, encore un poil plus bas :

- C’était la réception de l’hôtel, ils m’ont dit qu’ils avaient des chambres de libres et m’en ont proposé une.

J’essaie de ne rien montrer mais mes yeux s’écarquillent de leur propre volition.

OMG

Comment je dois le prendre ?

Elle voulait me garder près d’elle pour me surveiller ?

En voyant ma surprise, Angy s’exclame :

- Elle a dit quoi ? Nonnnn, je veux savoir, c’est pas du jeu ça ! Dites-le-moi !

Shaell et moi la regardons comme l’enfant gâtée qu’elle est et ne commentons pas. Vu les remarques qu’elle est capable de sortir de n’importe où, mieux vaut ne pas lui donner matière à réflexion.

Je m’adresse à Shaell en disant :

- Mais pourquoi ? Je ne comprends pas !

- Ça fait deux question Scott, j’ai déjà réalisé mon gage je te signale !

Malgré mon air dépité, elle commence à mélanger les cartes, prête pour un autre round et je sais que je n’aurais pas les réponses que j’aimerais avoir.

Je peux presque entendre la voix de Steph qui me dit : « c’est le jeu ma pauv’ Lucette ». Je retiens de mon mieux le sourire qui menace de faire son apparition. Inutile d’ajouter une partie « rit toute seule » à ma réputation déjà en piteux état.

Ma boss se remet à distribuer les cartes sous l’œil attentif d’Angy. Visiblement elle n’aime pas perdre. Pourtant pour l’instant aucun gage ne lui a été donné.

Je me fais une petite note personnelle de viser Angy si jamais je venais à gagner et prends connaissance de mon jeu.

Not bad.

Je range rapidement mes cartes par ordre et me concentre sur la partie en cours.

A mon grand désespoir, je ne pioche que des cartes complètement inutiles et c’est impuissante que j’assiste à la victoire de ma boss.

Elle nous gratifie d’un rire diabolique plus vrai que nature avant de nous fixer Angy et moi de telle sorte qu’on se sente au pilori. De toute façon je ne me fais pas d’illusions, je me doute qu’elle à suffisamment de mémoire pour se rappeler qu’elle cherche vengeance.

- Angy, tu vas réaliser le même gage que tu as fait réaliser à Liz tout à l’heure.

Oh non…. Mais pourquoi !!? Pourquoi ?!

- Tu sais si elle a un point sensible ? Demande la blonde à ma supérieure.

- Aucune idée, comment je saurais ça.

- Palpations tiens ! Mais c'est pas grave, je vais trouver moi-même.

Angy se lève en me lançant un regard jubilatoire qui m'inquiète suffisamment pour me faire dire :

- Je suis pas chatouilleuse !

Loin d'être découragée, elle s'avance dans ma direction mains en avant.

D'une manière étonnamment similaire à ma chef un quart d'heure plus tôt, je tente d'échapper à mon agresseur en me déplaçant à quatre pattes façon crabe, ni tout à fait accroupie ni tout à fait debout.

Je suis apparemment la seule à être effrayée par les crabes puisqu'Angy continue son avancée sous le regard amusé de ma chef.

Payback's a bitch.

Bientôt je me retrouve coincée sans aucune échappatoire possible et les mains d'Angy commencent à chercher l'endroit qui me fera réagir. Elle commence par l'avant de mon ventre, sans succès. Je tente le tout pour le tout en lui disant :

- Je l'ai dit, je ne suis pas chatouilleuse. Tu devrais abandonner !

Mon conseil tombe dans l'oreille d'une sourde tandis que ses doigts viennent maintenant gigoter sur mes flancs et sous mes bras.

Hehehe avec un peu de chance, elle va abandonner.

- J'ai connu une fille chatouilleuse des seins ! T'es chatouilleuse des seins peut-être ?

Mes yeux s'écarquillent lorsque je réalise qu'elle a à présent les mains grandes ouvertes, paumes en avant à une distance déraisonnablement proche de ma poitrine.

- Ça va pas, non ?

Je tente de me cacher mais ça a l'air de lui faire penser qu'elle tient la bonne piste. Alors que... Pas du tout !

Me faisant basculer, Angy se met à cheval sur moi et bataille pour écarter les bras qui couvrent mes seins.

Je jette un coup d'œil désespéré à Shaell, comptant sur elle pour mettre fin à mon supplice. Elle va quand même pas me laisser dans une situation comme ça sans rien dire ! Elle nous regarde avec un drôle d'air sur le visage, contrariée ou fâchée, quelque chose comme ça. A mon grand soulagement, elle ordonne à Angy :

- Attends.

Je profite du moment de répit pour m'écarter un peu plus de la peloteuse professionnelle et me crois tirée d'affaire jusqu'au moment ou ma boss continue :

- Laisse-moi faire, t'y connais rien !

u_u

Autant pour le coup de main. Je m'en serais bien passée.

- Pourquoi ? C'est mon gage ! Se plaint Angy

- Ouais mais t'arrives pas ! T'inquiète pas, je considère ça comme accompli.

Cette phrase fait tilt en moi et je m'exclame :

- Si c'est accompli autant arrêter là, alors !

- Tu rêves, je vais trouver ton point faible avec ou sans ton aide ! Vengeance !

La blonde aux mains baladeuses tente de contester l'intervention de Shaell, mais elle doit voir quelque chose qui m'échappe puisque tout à coup elle s'arrête et laisse ma supérieure prendre le relai sans broncher. Elle s'écarte même pour laisser sa place.

J'ai l'impression que le monde est contre moi tandis que mon bras est attrapé par la main de ma boss afin de prévenir ma fuite. Celle-ci vient se poster à cheval sur moi et je dois me retenir pour ne pas faire quelque chose de stupide. La même position, des circonstances différentes, je n'aurais pas dit non.

Sa lèvre inférieure vient se placer entre ses dents tandis qu'elle réfléchit à la manière la plus efficace de me faire souffrir.

Angy s'est assise sur le tapis et me regarde fixement, un sourire aux lèvres avant de me faire un clin d'œil.

Garce.

Les doigts hésitants de Shaell viennent parcourir mon cou. Je ne sais pas si c'est leur fraicheur ou la personne qui me touche qui me fait réagir mais je frissonne au premier contact.

Je sens mes seins réagir et je ne regrette pas d'avoir mis un soutien-gorge un peu épais, surtout que ce n'est pas mon super haut qui aurait couvert grand chose.

Voyant qu'à part me procurer un inconfort monstre, ça ne fonctionne pas, elle décide de passer à autre chose. Elle se recule et regarde mes jambes, puis mes pieds, ce qui me fait réagir malgré moi.

Un sourire victorieux prend place sur ses lèvres et je sais immédiatement que je suis dans la merde.

L'une de ses mains vient maintenir ma cheville tandis que l'autre se place sous la plante de mon pied.

Même à travers la chaussette, je suis ultra chatouilleuse et je ne peux m'empêcher de gigoter, gémir, geindre et supplier à tour de rôle. Alors que je n'ai plus une once d'air dans les poumons et les abdos dans le même état que si j'avais passé la soirée à Montréal au festival Juste pour rire, elle s'arrête.

Je tente de reprendre une contenance tout en ignorant son air satisfait. Elle se relève et va se remettre à sa place comme si de rien n'était et j'essuie mes larmes avant de faire de même.

Plus décidée que jamais à gagner, je m'empare immédiatement des cartes qui me sont distribuées et les trie. Tu ne l'emporteras pas au paradis Shaell, j'y étais pour rien, c'est pas moi qui avait choisi le gage !

Je regarde non sans une certaine inquiétude le superbe (ou pas) jeu qui m'a été donné. La vengeance attendra j'imagine.

Sans surprise, je ne gagne pas mais je suis soulagée de constater que c'est Angy qui vient d'emporter la victoire. C'est déjà ça de pris !

Cependant, mon soulagement n'est que de courte durée puisque c'est avec un air malicieux qu'elle me fixe et annonce fièrement :

- Pour ne rien te cacher, je te trouve très attirante. Et ton côté timide et effarouchée ne me convainc pas entièrement, je me suis toujours demandée de quoi tu étais VRAIMENT capable...

Hein ? Peut-être qu'elle a développé un strabisme divergeant et que c'était à Shaell qu'elle s'adressait.

Un coup d'œil me confirme que ses yeux sont droits et fixés sur moi et nul doute que le sourire satisfait l'est aussi. Je m'entends déglutir assez bruyamment. Elle continue comme si de rien n'était :

- Ton gage sera de m'allumer. Amicalement parlant j'entends.

Voyant que j'hésite, elle ajoute :

- T'inquiète pas, j'ai pas d'arrières pensées. Enfin pas comme tu peux le croire.

Comment ça pas comme je peux le croire ?

Je ne bouge pas d'un pouce en considérant mes options. Ce gage n'implique aucune nudité, juste d'y mettre un peu du mien. Et puis elle est très jolie.

La seule chose qui me dérange, c'est l'audience. Et surtout QUI fait partie de l'audience. Je me sens coupable rien qu'en considérant la chose, alors le faire... Pourtant il n'y a pas de raison, non seulement je ne lui ai rien promis, mais en plus elle ne veut pas de moi.

Les yeux verts de Shaell sont fermement plantés sur le tapis, son expression impossible à lire.

D'un autre côté, si je refuse... je m'expose au pire. Qui sait ce que l'esprit tordu d'Angy pourrait lui suggérer comme gage punitif ?

- Alors ? Tu te dégonfles ?

Elle remet une mèche de cheveux blonds en place et me jette un regard défiant.

Tu la joues comme ça !

- Ok. Je vais le faire.

Les sourcils d'Angy se lèvent en même temps que la tête de ma boss. J'imagine qu'elles sont aussi surprises que moi. J'ai quel âge, 4 ans pour répondre comme ça à la provocation ?

Je regrette déjà mon coup de speed mais il est trop tard pour reculer. Je vais le faire. Je peux le faire.

Je m'avance vers elle, tentant de faire abstraction de la situation et de ma supérieure. Arrivée à quelques centimètres d'elle, son sourire se fait moins certain :

- Tu es sûre que c'est ce que tu veux ?

En la voyant douter, je sens ma confiance en moi revenir à grand pas. Elle a voulu jouer, elle va avoir du jeu.

Elle acquiesce d'un air incertain.

Assise à genoux devant moi, je prends ses mains auparavant posées sur ses cuisses et les place de chaque côté d'elle, légèrement en arrière, de sorte qu'elle s'appuie dessus.

Je la parcours des yeux, m'autorisant à m'attarder sur son physique. Pour une fois qu'on me demande de le faire, je ne vais pas m'en priver. Je la dévore du regard en m'approchant d'elle, la fixant droit dans les yeux.

Je souris intérieurement, je vois, elle n'est pas insensible. Je place mes genoux de part et d'autre de ses cuisses, me collant à elle. De mon nez, je joue avec le sien, frôlant ses lèvres des miennes sans jamais vraiment la toucher. Je me recule et lui fais un sourire plein de promesses. Ma bouche va à son oreille tandis que mes mains remontent le long de ses bras en la frôlant. Une fois arrivées au niveau de ses épaules, elles passent et descendent dans son dos. Je glisse mes mains sous son haut et l'attire à moi, pressant nos poitrines l'une contre l'autre. Je chuchote à son oreille :

- Alors ?

Je me recule et m'approche, comme si j'allais l'embrasser quand j'entends un bruit sur ma droite.

Je tourne la tête pour constater que Shaell est en train de battre les cartes plutôt violemment. A vrai dire, elle BAT littéralement les cartes.

Comprenant que le moment est terminé, je me recule, un petit sourire satisfait aux lèvres. Angy respire plus fort qu'avant et ne croise pas mon regard.

Je m'apprête à demander si j'ai réussi mon gage, juste pour en rajouter une couche quand dans un grand bruit le jeu de cartes vient s'écraser sur le sol.

- J'arrête de jouer.

Angy et moi nous regardons sans comprendre en voyant Sha se lever brusquement et partir dans la chambre puis dans la salle de bain.

Je veux me lever pour aller la voir mais Angy m'arrête et me dit :

- Laisse, j'y vais.

J'acquiesce, aussi parce que je me dis que j'ai dépassé les bornes. Shaell a peut-être encore des sentiments pour la blonde et moi comme une abrutie...

Je secoue la tête, m'en voulant.

J'ai été gratifiée du don de ruiner les choses. J'aime mieux dire que je m'en passerais volontiers.

Je m'occupe les mains en mélangeant les cartes, faisant de mon mieux pour ne pas écouter les chuchotements qui me parviennent depuis la salle de bain.

Quelques interminables minutes plus tard, Angy revient, suivie de près par ma supérieure. Je suis choquée en voyant à quel point le regard qu'elle me lance est glacial. Visiblement, si la blonde l'a convaincue de revenir ce n'est pas pour autant que la hache de guerre est enterrée. Elle ne comprend pas que j'ai juste trébuché dessus, que je comptais pas vraiment la déterrer.

Shaell se réinstalle et regarde Angy distribuer dans un silence de mort. J'essaie, quant à moi, de me faire oublier. Pour ne rien cacher je n'ai pas franchement envie de continuer à jouer, mais j'ai encore moins envie de me retrouver seule avec ma chef qui a des envies de meurtre.

Oula.

Les cartes ont été mélangées et comme il faut. Si j'arrive à faire rien qu'une seule suite ce sera Noël. Angy est la seule à sourire. Peut-être qu'elle a un super jeu, ou peut-être qu'elle essaie juste de détendre l'atmosphère. J'imagine que je le saurais bien assez tôt.

Je me demande ce qu'elles ont pu se dire dans la salle de bain quand même...

Distraite, je ne remarque pas que c'est à mon tour et Shaell me le rappelle dans un très chaleureux :

- Bon c'est bon, remets-toi et joue maintenant.

J'entends Angy soupirer et je la vois jeter un regard réprobateur à ma supérieure. Après avoir tiré une carte tout aussi inutile que celles que j'ai en main, je me dépêche de me défausser. Les tours passent et personne ne semble prendre l'avantage.

Défaite, je jette la carte que je viens de tirer en regardant mon jeu. Ma seule suite est dame roi et as. C'est pas franchement assez pour poser.

Enfin la question de la victoire n'est plus d'actualité étant donné qu'Angy ramasse la carte que je viens de jeter et s'empresse de terminer.

J'ai comme l'impression que certaines ont plus de chance que d'autres.

Un coup d'œil me suffit pour voir que ma chef n'est pas plus joyeuse que moi.

- Oh c'est bon, faites pas la tête !

A peine a-t-elle finit sa phrase qu'une lueur que j'ai appris à ne pas aimer apparaît dans ses yeux. C'est le signe de problèmes à venir.

- Le gage sera pour toi Shasha !

Ma boss lui lance un regard dans lequel transpire la phrase « ta simple présence m'incommode, être servile, va en enfer » mieux que n'importe quel chat saurait le faire. Les possesseurs de félins me comprendront.

- Annonce toujours...

- Pour faciliter votre réconciliation, j'ai décidé de me la jouer peace & love. Faites l'amour, pas la guerre. Donc Sha, tu vas te faire une joie d'embrasser Liz pour faire la paix. Un vrai baiser, j'entends.

Mon cœur s'arrête de battre un moment. Cette femme veut mourir. On ne lui a jamais dit qu'un chien qui grogne et qui montre les dents ne veut pas faire des câlins ?

Lentement, ma boss tourne la tête en direction d'Angy et c'est d'une voix pleine de venin que je l'entends dire :

- Va crever.

Ok. Angy est mentalement déficiente. Je vois que ça. Enfin merde quoi, c'est pas à moi que c'est adressé et j'ai peur, mais elle elle trouve rien de mieux à faire que sourire. Sourire !

Duh !

- J'en déduis que tu te défiles ?

Son air satisfait ne m'échappe pas et pendant un instant j'ai peur d'avoir à témoigner contre ma chef pour homicide. D'une voix glaciale, c'est d'un ton menaçant qu'elle dit :

- Ça m'amuse pas du tout, Angy.

- Tant mieux parce que je plaisante pas.

Les lèvres de Shaell se pincent jusqu'à former une fine ligne. De là où je suis, on dirait qu'elle fait tout ce qu'elle peut pour se contenir.

Je n'ose pas demander ce qu'on fait, étant donné qu'elle refuse de faire le gage. D'un côté ça m'arrange, j'en ai marre d'avoir de délicieux échantillons de ce que je ne pourrais pas avoir.

- T'as rien dans le froc ma vieille, allez quoi ! C'est pas la fin du monde !

Une bataille de volonté qui ne ressemble à rien de plus qu'à un concours de fixette se met en place entre elles. Finalement, c'est Angy qui détourne les yeux en premier pour me regarder :

- Ok, puisqu'elle est une poule mouillée, vas-y Liz, embrasse-la, toi.

Je la regarde comme la dingue qu'elle est. Si elle a perdu la tête, moi je tiens à garder la mienne. Immédiatement, je tente de me défendre :

- C'est pas à moi que tu as donné le gage !

Ma réaction est accueillie par un sourire narquois.

- Pas une pour relever l'autre.

Elle s'approche et murmure quelque chose à l'oreille d'une Shaell peu aidante. Elle se recule et dit à voix haute :

- Ce que je veux dire, c'est que c'est qu'un jeu. Et pi après, vous retournerez à votre vie au bureau.

Je ne sais pas si c'était les bons mots mais ça provoque une drôle de réaction. Ma boss baisse la tête et semble considérer la chose.

Mais pourquoi on ne me demande jamais mon avis à moi. Je ne suis pas partante pour tout hein ! Même si, si ça concerne ma chef, ça n'est pas très loin de la vérité.

J'entends une sonnerie de téléphone inconnue et voit Angy sortir le sien de sa poche.

- Ah, on dirait que c'est l'heure pour moi de vous laisser ! Je rejoins Linda dans peu de temps.

Elle se lève et remet ses chaussures. Je relâche le souffle que je n'avais pas conscience d'avoir gardé. Sauvée par le gong.

Je me lève pour l'accompagner jusqu'à la porte, pressée de la voir partir et impatiente d'oublier ce qui vient de se passer.

Cependant, elle se retourne avant de se sortir et s'adresse à Shaell :

- Fais ton gage Sha. Crois-moi.

Je me retourne à mon tour pour envoyer un regard interrogateur à ma supérieure qui m'ignore et répond à son amie :

- Je verrais. Peut-être.

Minute, ça veut dire qu'elle compte le faire ? Seule avec moi dans la chambre et sans preuve à apporter à Angy ?

Je n'ai pas le temps de me demander beaucoup plus de choses avant que la blonde ne me dépose un petit bisou sur la joue et me dise à l'oreille :

- Joliment réussi ton gage tout à l'heure ! Sha ne sait pas ce qu'elle rate !

Je rougis et lui fais un sourire timide. Elle quitte la chambre et j'ai à peine le temps de me retourner que ma boss me demande d'un air quasi-inquiet :

- Elle t'a dit quoi ?

Je n'ai pas envie de risquer d'amener le même genre de réaction qu'après la réalisation de mon gage alors je décide de dire un petit mensonge pas méchant :

- Qu'elle savait que je l’enviais d'aller passer du temps avec Linda.

Mon air intensément blasé à cette idée fait rire ma chef.

Tout à coup, elle s'arrête, redevient sérieuse et s'approche de moi. J'ai une furieuse envie de reculer mais je doute que ça soit bien pris alors je m'efforce de rester sur place.

Mes yeux vont de droite à gauche mais les murs sont immaculés, ne m'offrant même pas une tâche à contempler. Sans pour autant la regarder, je demande d'une toute petite voix :

- Qu'est-ce que tu fais ?

Elle me regarde fixement et répond simplement :

- Mon gage.

Ses doigts viennent se placer sous menton, me faisant relever la tête. Je cherche son regard et y vois de l'incertitude. Je la sens s'avancer et je me recule :

- T'es pas obligée tu sais. On peut lui dire que tu l'as fait si tu veux !

C'est pas que j'en ai pas envie, loin de là. Mais j'en ai marre des fausses joies. Je préfère essayer d'oublier ce qu'on a vécu plutôt qu'en rajouter une couche.

Son regard se porte vers le bas un instant et elle soupire.

Ouf, on dirait qu'elle a abandonné l'idée.

Je relâche ma garde et me tourne complètement vers elle.

Je lui lance un regard qui se veut réconfortant mais je suis confrontée à de la détermination pure et dure dans ses yeux.

Sans perdre un instant, elle prend mon visage entre ses mains et m'attire à elle. Sous l'effet de la surprise je recule, me retrouvant le dos contre la porte. Sans son corps contre le mien, je suis quasi sûre que je ne tiendrais pas debout. Sa bouche vient trouver la mienne dans un baiser très intense.

Je m'émerveille un instant de la douceur de ses lèvres, répondant instinctivement. Je gémis malgré moi en sentant l'une de ses mains se glisser dans mon dos, puis plus bas.

Ce son me ramène à la réalité. Mes bras viennent se poser sur les siens pour la repousser. Elle résiste et me plaque davantage contre la porte.

Je manque de me perdre à nouveau dans le baiser mais je sais que je ne serais pas capable de m'arrêter. Ni de dormir.

Je pousse le bras qu'elle a passé dans mon dos et en profite pour me décaler, lui échappant. Je recule de quelques pas supplémentaires et la voit taper sa tête contre la porte plusieurs fois avant de se tourner vers moi.

- Pardon...

Je sais combien ça coûte à cette femme de dire ce mot alors je m'efforce d'être compréhensive et de répondre :

- Ce... C'est pas toi.

- Si je... j'aurais pas dû... Tu m'en veux ?

Elle s'approche de moi et je ne peux m'empêcher de tressaillir lorsqu'elle pose sa main sur mon bras. Elle la retire immédiatement et baisse les yeux. Elle garde le silence un moment et me demande d'un ton timide :

- J'ai tout foiré huh ?

Je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable en l'entendant. Peut-être qu'elle m'aime bien au fond ! Toujours est-il que je ne veux pas qu'elle s'en veuille pour cela.

- Dis pas ça, c'est... pas toi.

- J'étais là, je suis celle qui... fin tu sais. J'ai pas le droit de te forcer...

Un rire m'échappe malgré moi. Visiblement, je suis la seule à trouver ça drôle vu qu'elle me regarde d'un air interrogateur. Je me détourne d'elle et me décide.

Maintenant ou jamais Scott. C'est le moment.

Je prends une grande inspiration et lui dit :

- Le problème c'est justement que t'as pas eu à me forcer.

- Tu veux dire que...

Je sens sa main se poser sur mon épaule et c'en est trop. Je m'écarte complètement et vais jusqu'à la baie vitrée. Je pose mes coudes de chaque côté de ma tête et place mon front contre le verre froid. La nuit est tombée et le trafic est dense là en bas.

- Ils s'amusent.

Je la sens s'approcher dans mon dos et je sais qu'elle veut avoir des réponses mais pourtant elle ne demande rien. Elle doit savoir que me toucher n'est pas la bonne solution puisqu'elle garde ses distances, attendant patiemment que je me mette à parler.

- J'aimerais bien être à leur place.

- Qu'est-ce qui t'en empêche ?

- Toi.

- Comment ça ?

Je réfléchis un moment à la façon dont je pourrais lui annoncer ce que je ressens en lui évitant l'arrêt cardiaque et finalement j'opte pour la simplicité :

- Je ne sors pas jouer dans les casinos parce que je sais qu'on va bientôt rentrer au bureau et j'ai envie de passer plus de temps avec toi, plus de temps à te découvrir, parce que...

Je m'arrête, pas réellement prête à dire les mots. J'ai beau savoir que c'est l'entière vérité, j'ai du mal à l'accepter et le dire à voix haute me forcerait à le faire.

- Parce que quoi ?

Sa question est purement rhétorique, je pense qu'elle connaît très bien la réponse mais veut seulement être certaine. Je veux dire... Il faut voir les choses en face. Je n'ai pas franchement été un modèle en matière de discrétion.

Tant pis.

Je lui dois bien ça.

- Parce que je suis tombée amoureuse de toi et que même si je sais que je n'ai pas la moindre chance, ça me tue.

J'attends qu'elle parle.

Qu'elle dise quelque chose.

N'importe quoi.

Après quelques instants, un petit rire amer m'échappe.

J'imagine que ceux qui disent que le silence en dit long ont raison.

J'essaie de me concentrer sur l'activité dans la rue et non sur le fait que je viens de mettre mon cœur à nu de manière à ce qu'elle me le piétine à grand coups de talons aiguilles.

Je sursaute en sentant sa main qui dégage les cheveux de mon cou. Elle vient se poster dans mon dos, m'enlaçant d'un seul bras. Elle est adorable.

Je veux dire si personnellement mon employée m'annonçait qu'elle est secrètement amoureuse de moi alors que j'ai passé mon temps à jouer le couple avec elle, je serais trop occupée à me sentir trahie pour la réconforter.

Mais pas elle.

Je devrais me dégager, ne pas la laisser me consoler, ne pas me sentir dans tous mes états juste par son souffle dans mon cou...

Sauf que j'en ai marre.

Ça y est, je l'ai dit. Si elle n'a pas assez de discernement pour réaliser que se coller à la perverse qui fantasme sur elle n'est pas une bonne idée, c'est pas mon problème.

Elle continue de garder le silence pour quelques instants de plus. Je me décide à lui poser LA question typiquement féminine :

- A quoi tu penses ?

Sa voix est chaude et riche à mon oreille lorsqu'elle dit tout bas :

- A si je ferais mieux d'attendre d'être rentrée pour me teindre les cheveux, ou me les décolorer moi-même.

Je sens mes sourcils se froncer, ne comprenant pas un mot de ce qu'elle vient de dire et encore moins le rapport avec la conversation qui a eu lieu juste avant. Elle me demande :

- Tu te souviens du jour de mon arrivée dans l'entreprise, quand on m'a présenté en longueur les employés ?

Elle insiste sur le « en longueur » et j'acquiesce. Bien sûr que je me souviens du jour où je l'ai vue pour la première fois. J'en ai eu le souffle coupé. Je la laisse continuer :

- Tu sais ce que j'ai retenu ?

Elle pose son menton dans le creux de mon épaule, nous rapprochant encore.

- Non.

Comment je le saurais ?

- Rien du tout. J'écoutais pas un seul mot.

Je ne vois toujours pas où elle veut en venir mais je lui fais confiance et réponds sur le ton de la plaisanterie :

- C'est pas très professionnel ça, mademoiselle Mackenzie.

- Non. Ça ne me ressemble pas hein ?

- Pas franchement... Pourquoi tu me dis ça ?

Elle ne répond pas tout de suite. Juste quand je me dis que je ne saurais jamais le fin mot de l'histoire, elle reprend :

- Parce que si j'écoutais rien, c'est parce que j'étais trop occupée à me retenir de faire quelque chose de vraiment stupide.

- C'est-à-dire ?

- Te demander de venir dans mon bureau.

?????

Elle veut dire que ...?

Non.

No way.

Impossible.

Elle me sent certainement me crisper et vient m'entourer de son deuxième bras, regardant la rue par dessus mon épaule. Je n'ose pas dire un mot, voulant qu'elle continue sur sa lancée, qu'elle m'explique plus clairement ce qu'elle vient de suggérer.

- A propos du gage de tout à l'heure... Ce que tu m'as posé comme question...

- Oui ?

- J'avais pas envie que tu aies une autre chambre. Je voulais te garder près de moi.

Je décide d'en avoir le cœur net :

- Pour me surveiller ?

Je la sens rire plus que je ne l'entends et ses mains entament de petits mouvements circulaires sur mon ventre :

- Tu devrais avoir plus confiance en toi.

- Je ne vois pas de raison.

- C'est pas pour ça. C'est parce que dès l'instant où j'ai posé les yeux sur toi, j'ai eu envie de te parler, de te connaître...

Elle prend une inspiration et ajoute :

- J'ai eu envie de toi.

Mon souffle s'arrête et ce n'est qu'en sentant l'une de ses mains parcourir mes côtes tandis que l'autre descend sur ma cuisse que je me rappelle qu'il faut respirer. Je ferme les yeux et les rouvre, juste pour être sûre.

Trompe-moi une fois, honte à toi, trompe-moi deux fois, honte à moi.

Nope, elle est toujours là.

Ses doigts sont chauds lorsqu'ils passent sous mon haut et viennent dessiner des motifs complexes sur mon ventre :

- J'étais encore plus dure avec toi parce que... Ça n'a pas de sens. Je veux dire, quel genre de cliché c'est ? La supérieure qui fantasme sur son employée ?

Je souris malgré moi et déplace l'un de mes bras pour aller mettre ma main sur sa hanche, l'attirant plus à moi.

Elle reprend, son souffle dans ma nuque me créant des sensations indescriptibles, tout mon corps répondant à son toucher :

- Je ne voulais pas. J'étais tellement énervée quand j'ai appris ta boulette avec Linda. Comment j'allais pouvoir faire ? J'en crevais d'envie. Mais je pouvais pas. C'était pas juste par rapport à toi.

Elle fait une pause et quelque chose me dit qu'elle a encore des choses à dire alors je garde le silence, patientant :

- Puis je me suis dit que ce n'était pas « si grave » si le geste venait de toi... Je me suis laissée aller, j'ai voulu te faire craquer. J'ai cru réussir à la thalasso et... T'es partie... Je me suis dit que j'avais dépassé les bornes.

- C'est plutôt moi qui avais abusé sur le coup.

Elle rit un court instant avant de continuer :

- En te voyant ce matin... J'ai cru que tu regrettais. Je... je savais plus quoi faire. Je me suis dit que tu considérais ça comme une grosse erreur et j'ai essayé de ne plus y penser. Mais tout à l'heure... Quand je t'ai vue avec Angy...

Sa main remonte et me caresse juste à la limite en dessous de mon soutien-gorge, jouant avec le tissu. Son autre main explore ma cuisse, puis passe à l'intérieur, remontant lentement le long de mon jeans.

- Ça m'a rendue dingue. Comme si c'est pas elle qui devait le faire. Comme si j'avais le quelconque droit d'être jalouse.

- Tu l'avais... Tu l'as...

- Je le sais maintenant.

Ses mains continuent leur ascension respective, lentement, si lentement.

Je m'entends prendre une inspiration lorsqu'elle applique une délicieuse pression à travers mon jeans. Je sens mon sein réagir à ses caresses à travers mon soutien gorge. J'ai envie de la sentir entièrement, sans barrières.

Ne trouvant pas les mots, je serre la main que j'ai toujours sur sa hanche, essayant désespérément de lui passer le message.

Sa bouche se pose sur la jonction entre ma nuque et mon épaule, embrassant délicatement la peau sensible, puis la mordillant.

Mon souffle est déjà court et elle m'a à peine touchée...

Ses doigts viennent trouver le bouton de mon pantalon, le défaisant dans un geste expert et baissant la fermeture éclair.

Sa main se pose sur mon sous-vêtement et sa bouche arrête un instant sa délicieuse torture. Sa voix est plus grave que d'ordinaire, teintée de désir lorsqu'elle me demande :

- Je peux ?

Ne faisant pas confiance à mes cordes vocales, je hoche la tête.

Je n'ai plus envie d'attendre.

Sa main entame une lente descente et vient se placer sur mon sexe, protégé seulement par le fin sous-vêtement. Je mets ma tête en arrière, la posant sur son épaule, lui donnant pleinement accès à mon cou, à mon corps, à ce qu'elle veut.

Partout et nulle part à la fois, elle me caresse à travers le tissu, me rendant à moitié dingue par ce seul geste.

Son autre main quitte mon sein et ma plainte meurt dans ma gorge en sentant l'agrafe céder rapidement. Ses doigts se glissent sous mon soutien-gorge et l'écartent, relevant mon haut par la même occasion, avant de prendre ma poitrine dans sa main.

J'ouvre un instant les yeux et je sais que je devrais m'inquiéter du possible spectacle que j'offre aux gens de l'immeuble en face. Je devrais si je n'étais pas dans cet état. Le reflet me permet de voir le visage de Shaell, les yeux quasi noirs. Je la vois me caresser et mon excitation grandit encore.

Dans le reflet, son regard vient trouver le mien. Elle d’un air défiant, venant mordiller mon oreille et je réalise une fois ses doigts sur moi, qu'elle vient de passer la main sous mon sous-vêtement.

Je l'entends gémir doucement en découvrant mon désir. Elle passe un moment à explorer mon sexe, me torturant d'une délicieuse manière, avant de se concentrer là où j'en ai le plus besoin.

Je me sens exposée, à sa merci et déjà sur la brèche.

J'essaie de contenir mon plaisir, voulant faire durer ce moment, mais elle n'en a rien à faire et continue sur le rythme qui m'a à deux doigts de jouir à tout moment.

Elle détache sa bouche de mon cou, me retournant dans un mouvement rapide et je me retrouve soudain adossée à la baie vitrée, faisant face au regard passionné de Shaell.

- Je veux te voir.

Ses doigts entrent en moi sans prévenir et mon gémissement est étouffé par ses lèvres. Je l'embrasse avec abandon, je sais que je ne vais pas tenir longtemps. Mes hanches suivent instinctivement le rythme qu’elle impose, oubliant totalement toute idée de retenue. J'ai envie qu'elle me prenne.

Sa paume me procure une exquise friction tandis que ses doigts trouvent le point exact qui me fait partir.

Sa bouche ne quitte pas la mienne et elle continue ses mouvements jusqu'à ce que je n’en puisse plus, emprisonnant son poignet entre mes cuisses pour l’empêcher de continuer.

Elle pose sa tête au creux de mon épaule et y dépose une pluie de petits baisers. Je tremble légèrement et je la sens sourire en sentant ça.

Et en plus elle est fière !

- J’ai toujours aimé ton odeur…

Je souris. Je me retiens de lui dire que j’aime la sienne, étant donné que mon côté psychopathe a déjà été mis bien trop en valeur à mon goût lors de ce voyage. Même au bureau, je me surprenais à tourner la tête en sentant son parfum, espérant en capter les délicieuses fragrances quelques secondes supplémentaires.

J’ai soudainement conscience du fait que je suis à moitié débraillée et que mon soutien gorge me gêne plus qu’il ne fait son office. Je m’écarte légèrement et dans un sourire timide, je cherche à remettre mes vêtements en place, plus par gêne qu’autre chose.

Mon poignet se retrouve pris dans sa main et elle cesse mon mouvement.

Je la questionne du regard, ce qui la fait dire dans un sourire plein de promesses :

- Je n’ai pas dit que j’en avais fini avec toi…

Avant que je puisse protester, elle cherche à me débarrasser de mon haut. Je l’aide et regrette immédiatement. Je ne sais pas si c’est l’air frais ou bien le contraste avec le regard de braise avec lequel elle parcourt mon corps mais celui-ci répond à l’appel de l’un ou de l’autre. Mon soutien-gorge ne dure pas plus longtemps que mon haut et je me surprends à aimer la façon qu’elle a de me dévorer du regard.
Toute trace de pudeur s’évanouit alors que je n’ai plus qu’un seul objectif en tête : avoir sa peau contre la mienne. J'essaie d'exprimer mon point de vue en disant :

- Je me sens légèrement « sous-habillée »…

- Tu ne vas pas m’entendre me plaindre.

Ça, j’avais saisi…

- Faudrait peut-être équilibrer les choses, non ?

- Je sais pas, j’aime assez la situation.

Elle ponctue sa phrase d’un aller-retour du regard qui me parait plus qu’appréciatif. Un sourire coquin vient jouer sur ses lèvres et je sais qu’elle n’a pas menti. Elle n’en a pas fini avec moi.

Ça tombe plutôt bien, car je n’ai pas l’intention de m’arrêter.

Déterminées, mes mains viennent défaire un à un les boutons que j’ai mille fois rêvé d’arracher avec les dents. Les centaines de fois où je me suis vue l’allonger sur son bureau et déboutonner sa chemise me reviennent à l’esprit.
Mais à cet instant, dans notre chambre, avec pour seul éclairage la lampe sur la table basse du salon et les lumières de la ville, je réalise qu’aucun fantasme n’arrive à la cheville de la réalité.

Elle est aussi surprise que moi de la force avec laquelle je l’embrasse. Il est temps de prendre ce qui me fait envie depuis tout ce temps.

Elle répond à mon baiser avec tout autant de passion, m’excitant encore davantage.

Peut-être qu’elle sent que j’ai du mal à tenir debout, ou peut-être juste parce qu’elle n’est pas mieux, mais je la sens reculer et s’abaisser, une main placée dans ma nuque me gardant contre elle. Elle continue sa descente jusqu’à être totalement allongée sur le tapis.

Je m’installe à cheval sur elle et rompt notre baiser pour me redresser.

Je prends un instant pour l’admirer, légèrement essoufflée, les lèvres encore humides, le regard plein de désir.

Mes yeux serpentent plus au sud, où mes doigts achèvent de déboutonner sa chemise. La gravité elle-même prend le relais et écarte les pans du vêtement, m’offrant une vue parfaite sur sa peau chaude et souple. Je viens dessiner chaque ombre, chaque creux du bout des doigts, m’émerveillant de la sentir réagir à mes caresses. Ses muscles se tendent là où passent mes doigts et je vois la chair de poule se former quelques secondes après que je l’aie touchée.

Bien trop occupée à profiter de la vue, je ne remarque qu’une fois trop tard qu’elle a bougé. Elle réussit à inverser les rôles en une fraction de seconde et je me retrouve à sa place, allongée sous elle. Je m’apprête à protester mais cette idée meurt à l’instant où ses lèvres trouvent les miennes. L’une de ses cuisses vient se glisser entre les miennes tandis que ses mains parcourent mes côtes, puis mes bras et viennent capturer mes poignets.
Elle place mes bras au dessus de ma tête et les y maintient d’une seule main, me mettant à sa merci. Mes yeux viennent se plonger dans son décolleté, à peine retenu par son soutien-gorge. Ses cheveux détachés cascadent de part et d’autre de mon visage et les pans de sa chemise créent des ombres qui subliment encore plus ses formes.

Je suis sortie de ma transe par sa voix :

- Désolée, je ne suis pas très patiente.

Un rapide baiser sur mes lèvres et elle se redresse, chevauchant ma cuisse, un sourire coquin aux lèvres. Je n’ose pas bouger, attendant de voir ce qu’elle va faire. Son regard ne quitte pas le mien tandis qu’elle retire sa chemise et que l’une de ses mains glisse dans son dos pour dégrafer son soutien-gorge.

Mes yeux vont se poser sur sa poitrine, attendant que le vêtement tombe. Ses gestes s’arrêtent, elle lève l’un de ses élégants sourcils et me dit :

- Tu sais ce qu’il te reste à faire…

Oh que oui…

Je me redresse et caresse son cou de mes lèvres, glissant lentement vers son épaule. J’attrape l’une des bretelles entre mes dents et la fait glisser le long de son bras, tandis que mes doigts se chargent de l’autre.

Mes yeux vont immédiatement se poser sur sa poitrine. Elle attrape son soutien-gorge d’une main et l’extirpe d’entre nos corps. Mes mains viennent caresser son ventre, puis remontent. Elle gémit en même temps que moi lorsque mes doigts trouvent ses seins. Au creux de mes paumes, je les sens réagir à mes caresses.

Quelque chose glisse dans mon cou et m’attire à elle. Notre baiser n’a rien perdu de son urgence, au contraire.

Son soutien-gorge placé derrière ma nuque m’empêche de bouger, emprisonnant mes mains entre nos corps. Elle doit me sentir un peu frustrée et sourit dans notre baiser. Elle desserre son emprise un instant, le temps que j’extirpe l’une de mes mains, puis tire à nouveau sur le sous-vêtement, m’entrainant à nouveau contre elle.

Elle m’a à sa merci et le sait. Je devrais certainement m’en inquiéter, mais à vrai dire ça me plait bien trop pour que j’y change quoi que ce soit.

Elle m’embrasse avec abandon, d’une manière urgente, presque sauvage. Inconsciemment, elle bouge son bassin, cherchant une quelconque friction. Ma main se place au creux de ses reins, puis sur ses fesses, l’attirant plus à moi. Je relève ma cuisse, lui offrant un point de pression, mais bien vite, j’en veux plus.

Je la maintiens contre mon corps et m’allonge, inversant nos positions au passage.

De mon autre main, je descends jusqu’à son ventre et fais céder le bouton de son pantalon en quelques instants. Je mets fin à notre baiser et glisse mes mains sur ses hanches, attrapant le vêtement au passage et le descendant le long de ses jambes.

Mes yeux parcourent avidement son corps, appréciant l’instant. Shaell est superbe, allongée semi-nue à la lumière tamisée.

- Tu aimes ce que tu vois ?

Ma lèvre inférieure se glisse entre mes dents tandis que j’acquiesce en silence. Elle est parfaite.

- Ôte le tien.

Mes mains parcourent mon ventre et viennent jouer avec les pans entrouverts de mon pantalon, l’aguichant. Je me relève et m’assure d’être juste hors de sa portée avant de faire glisser le vêtement jusqu’à mes chevilles.

Je me sens belle. La façon qu’elle a de me regarder me donne une confiance en moi que je ne savais pas posséder. Je recule encore et m’assure que ses yeux suivent chaque mouvement de mes doigts avant de glisser mes pouces sous mon string. Je le descends lentement et lui lance un regard de défi.

Elle ne sourit plus, ses yeux sont mi-clos et sa respiration est rapide. Prédatrice, elle se lève rapidement et vient se coller à moi, me plaquant dos à la baie vitrée.

Je gémis en sentant le contraste entre l’intense chaleur de son corps et la fraicheur de la vitre contre ma peau. Elle m’embrasse au creux du cou, me mordille et me murmure à l’oreille :

- On pourrait te voir. On pourrait nous voir…

Je sais.

Ses mains parcourent mon corps, caressant, malaxant chaque parcelle de peau à leur portée. La fraicheur de l’air ne freine en rien le feu liquide entre mes cuisses, au contraire.

Je souris et m’entends dire d’une voix que je reconnais à peine :

- Dans ce cas, il faut assurer le spectacle…

Mes doigts vont jusqu’à la limite de son sous-vêtement, la dernière chose qu’elle porte et je finis par être débarrassée de l’ultime barrière.

Ma victoire est de courte durée et je n’ai pas le temps d’en profiter que je suis vite distraite par ses mains caressant mes seins, par sa cuisse entre les miennes par sa bouche contre mon oreille…

Je l’entends sourire et c’est d’une voix plus grave que d’ordinaire qu’elle me dit :

- Tu as raison. Je voudrais pas les décevoir.

Je m’apprête à lui demander comment mais les mots m’échappent alors qu’elle tombe à genoux devant moi.

Elle me regarde droit dans les yeux, m’offre un sourire provocateur, agrippe mes hanches de ses mains et…

Oh mon Dieu.

L’une de mes mains vient immédiatement se placer à l’arrière de sa tête et je lutte pour rester debout. Elle me fixe toujours alors que sa langue parcourt mon sexe, me donnant encore plus chaud.

La voir dans cette position me fait un effet indescriptible. Elle détache l’une de ses mains de ma hanche et descend le long de ma cuisse, passant à l’intérieur. Elle remonte lentement, comme pour me préparer à l’idée. Je m’adosse un peu plus contre la vitre, essayant de m’appuyer un minimum sur mes jambes.

J’ai pas confiance.

Ses doigts trouvent mon humidité et me caressent en accord avec sa langue. Je les sens glisser plus au sud. Mes muscles se contractent, cherchant à l’attirer en moi, voulant qu’elle aille au bout de l’idée. Je sens son regard me parcourir, je sais qu’elle veut me voir.

Volontairement, elle attend, entrant légèrement en moi puis se retirant. C’est cruel mais tellement bon.

Sa langue continue son attention et alors que je pensais qu’elle ne le ferait peut-être jamais, elle me pénètre. Elle gémit en même temps que moi, me faisant vibrer de sa voix.

Je regarde à droite et à gauche, cherchant quelque chose pour me soutenir et ne trouvant que ça, enroule ma main dans le rideau.

Je la sens jouer du bout de la langue, puis aspirer, tout en continuant les mouvements de plus en plus rapides de sa main.

Mes muscles se contractent autour d’elle, je m’efforce de soutenir son regard alors que le plaisir se fait de plus en plus intense. J’ai envie de la voir, de ne pas en manquer une miette.

Ses mouvement s’accélèrent, ses caresses se font plus appuyées, plus précises jusqu’à ce que les sensations soient trop fortes.

Mes doigts se resserrent dans ses cheveux et je lutte pour rester debout tandis que des vagues de plaisir m’envahissent. Un gémissement étranglé m’échappe alors qu’elle m’amène au sol, ne cessant pas ses caresses avant d’être sûre de ne plus rien pouvoir tirer de moi.

Elle s’allonge à côté de moi, me frôlant du bout des doigts en attendant que je récupère.

Je suis prise d’une irrépressible envie de rire et elle me regarde d’un drôle d’air avant de demander :

- Quoi ?

- Rien, rien.

- Liz…

- Je me disais juste que… Nan mais c’est débile !

- Que quoi, crache le morceau !

- Que ça valait le coup d’attendre. Contente ?

Elle rougit et baisse la tête, comme gênée. Elle ne devrait pas.

Même si ce n’était pas ça le plan. Je voulais réciproquer. C’était ça le plan ! Mon tour de jouer ! Et je le ferais. Oui, voilà. Dès que j’aurais retrouvé l’usage de mes membres, je le ferais !

Au bout d’un moment, je remarque qu’elle m’observe avec un sourire au coin des lèvres.

- Quoi ?

- T’avais un petit air déterminé trop mignon !

No comment.

- Mignon ?

Je hausse un sourcil et glisse ma main le long de son bras, puis sur sa hanche. Je la vois frissonner et lui adresse un sourire coquin.

- Tout à l’heure, plus… enfin plus maintenant je veux dire !

J’ai pitié et décide de ne pas la laisser s’enfoncer davantage. Ma bouche vient la faire taire.

A mon tour !
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MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:07

Chapitre 18 - Le grand départ



Le son que produit le diable aux yeux rouges me réveille. Duh ! Pourquoi j’ai emporté cette diabolique machine ?

Parce que la voix nasillarde du réceptionniste serait pire, souviens-toi du service de réveil de l'hôtel...

Mais à part ça ?

Dans un grognement, j’éteins mon réveil et me frotte les yeux.

La première chose qui me vient à l’esprit est que je suis loin d’avoir eu mon quota d’heures de sommeil. TRES loin.

La seconde pensée qui atteint mon esprit embrumé est pourquoi j’ai peu dormi.

Je souris à l’idée, me souvenant de ce qui s’est passé hier soir… et qui s’est poursuivi toute la nuit.

Je me demande si je vais un jour pouvoir m’arrêter de sourire.

Shaell.

Shaell Mackenzie et moi.

Huhu !

Je m’étire et c’est une fois le bras tendu que je réalise que quelque chose que je devrais sentir n’est pas là. Et par « quelque chose » j’entends « le corps de celle qui m’a fait l’amour toute la nuit ».

Je tâte le lit avec inquiétude. Pas le moindre endroit plus chaud qu’un autre.

Pleinement réveillée, je bascule mes jambes de manière à m’extirper du nœud que j’avais fait dans les couvertures. Je me dirige vers la salle de bain, frissonnant au contact de l’air frais.

Après tout, peut-être qu’elle est partie me chercher des pâtisseries !

Je souris à cette idée et m’installe sur le trône, quand quelque chose capte mon attention.
Mon sourire s’évapore en constatant que sa trousse de toilette n’est plus à côté de la mienne.

Autant pour les croissants.

Je finis mon affaire, me lave les mains et cours jusqu’à son placard.
Vide.

Évidemment.

C’était trop beau.

Je claque la porte.

- Merde ! Putain !

Je prends ma tête entre mes mains et vais m’asseoir sur le lit.

Réfléchis.

Il s’est passé quoi ?

Je me revois la caressant, ma bouche, mes doigts parcourant son corps. Je me rappelle le goût de ses baisers, la façon dont elle réagissait à mon toucher…

Ok.

Stop.

Je me fais du mal.

Un coup d’œil au réveil m’indique que je n’ai pas franchement le temps de me morfondre davantage si je ne veux pas rater mon avion.

Je prends une douche rapide, effaçant toute trace de cette nuit, ignorant les picotements là où l’eau chaude rencontre la peau brûlée par le tapis.

Je m’habille avec hâte et termine de remballer mes affaires personnelles.

Elle n’a même pas laissé de petit mot.

Je prends la clé électronique, jette un dernier coup d’œil à la chambre, à la baie vitrée… Et ferme la porte. Je me rends à la réception et dépose la clé, prenant la peine de demander au type à l’accueil s’il faut régler quelque chose. Comme je m’y attendais, elle s’est déjà chargée de tout.



Je résiste à l’envie de me planquer en apercevant Mattéo et Angy un peu plus loin. Étant donné que j’ai passé l’âge de jouer à la cachette, je m’efforce d’être civilisée et leur adresse un petit signe de la main.

Et merde, Angy court vers moi.

Ma politesse me perdra.

J’ignore royalement l’envie qu’ont mes jambes de se mettre à courir et m’efforce de rester sur place.

- Coucou !

- Salut Angy.

- Je voulais te demander… Ce… Ça va ?

Je souris bravement et acquiesce, sachant très bien que tout ce qui sortirait de ma bouche sonnerait faux. Visiblement, pas besoin de parler pour me faire griller puisqu’elle se pince les lèvres et à un petit air désolé.

- J’ai vu Sha ce matin…

Je lève ma main immédiatement pour l’empêcher d’en dire davantage. Je devrais être curieuse, à vrai dire je voudrais certainement des explications un peu plus tard, c’est juste que….

- S’il te plaît, pas maintenant.

Elle baisse la tête, puis attrape son sac, griffonne un truc sur un bout de papier et me le tend :

- C’est mon numéro. Je… Je suis peut-être pas la mieux placée mais… Enfin… Appelle-moi. S’il te plaît

Je lui souris et fais un signe de la tête. Après tout, mis à part un besoin quasi-pathologique de dire à voix haute ses pensées sans tact aucun, elle est plutôt sympa.

Elle m’attire à elle dans une brève accolade et me chuchote à l’oreille :

- Quoiqu’il se soit passé, t’en fais pas, ça va s’arranger.

Je souris, lui tapote l’épaule et me retourne immédiatement. Je ne veux pas en parler. En plus, elle n’a pas l’air de savoir grand-chose, même si on ne sait jamais avec elle.

La route jusqu’à l’aéroport est ennuyeuse au mieux. Cette fois-ci, ma boss ne m’a pas laissé l’occasion de lui broyer une cuisse.

Peut-être que je la verrais à l’aéroport.

Je ris de ma propre stupidité.

Mais bien sûr.

Avec un bouquet de fleurs tant qu’on y est.

Je vais enregistrer mes bagages et tente ma chance au guichet :

- Excusez-moi, est ce que Mlle Mackenzie, placée juste à côté de moi s’est déjà enregistrée ?

- Vous êtes de la famille ?

Je réfléchis rapidement et dit d’une voix moins convaincante que ce que j’aurais souhaité :

- Euh… Oui ?

La guichetière me regarde d’un air parfaitement blasé, levant un sourcil devant mon évident mensonge :

- Enfin de… la famille des homo-sapiens.

Mon petit sourire ne marche pas davantage que ma tentative d’humour. J’imagine que je vais devoir patienter pour avoir la réponse.



Après le vol le plus long de l’histoire et sans personne pour me réconforter, l’avion atterrit sur la piste.

Je laisse échapper un souffle que je n’avais pas conscience d’avoir retenu.

L’attente au tapis roulant est interminable et ma superbe valise fait son apparition en bonne dernière. Le fait qu’elle ne soit pas là pour se moquer de moi me rappelle son absence.

Je savais que ce voyage n’était pas une bonne idée.

Je sors dans le hall de l’aéroport en traînant des pieds, n’ayant strictement pas envie de retourner dans mon appart désespérément vide.

A ma grande surprise, un tourbillon dans une robe blanche à pois verts pomme se jette sur moi à peine les portes automatiques passées. J’essaie de garder un maximum d’air au cas où cette accolade forcée dure plus longtemps que prévu. Après un temps bien trop long pour que mes os n’aient aucun dommage irréversible, Steph relâche sa prise et se recule !

- Surprise !!!!!

Ses cheveux bruns virevoltent dans les airs tandis qu’elle sautille devant moi, surexcitée.

- Coucou.

Elle m’inspecte de haut en bas, me secouant comme un prunier et prend une inspiration surprise en voyant l’état de mon coude.

- Elle t’a battue ? Je le savais ! Je te l’avais bien dit !

Je bouge mon bras de manière à le libérer de son emprise et me met à marcher en direction des taxis :

- Ouh, quelqu’un s’est levé du mauvais pied !

Ça…

- Il s’est passé quoi ?

Je continue ma route sans prendre la peine de répondre :

- Oh allez quoi ! Je suis venue jusqu’ici pour avoir les ragots les plus frais ! Tu ne vas quand même pas me faire attendre !

Mes yeux se ferment et je fais de mon mieux pour ne pas m’en prendre à elle. Après tout elle n’a rien fait, mis à part être fidèle à elle-même.

Apparemment, même sans parler j’en dis long puisque quand j’ouvre les yeux, je me retrouve nez à nez avec son index, bien trop près de mon visage pour que mes yeux ne louchent pas et elle me marmonne un « attends » en farfouillant dans son sac.

Elle finit par en sortir un chewing-gum et me le tend :

- C’est pour quand il y’en a marre.

Je n’arrive pas à retenir un sourire et lève un sourcil. Elle me regarde et dit d’un air parfaitement naturel :

- Quoi ? Pour moi ça fonctionne ! Allez viens, je te ramène.

Je finis par la suivre. Après tout, j’ai du atteindre la limite de ma carte de crédit fournie par l’entreprise dans le taxi tout à l’heure. Et le bus, endroit où je pourrais être amenée à rencontrer des gens, des couples même, ne me tente pas tellement. Allez savoir pourquoi !

Je monte dans sa petite voiture et déplace l’énorme paquet de bonbons pour pouvoir m’asseoir sur le siège passager.

- C’était au cas où tu voulais faire la fête.

Dit comme ça… L’intention était charitable, louable même… Mais pour le coup, j’ai pas tellement envie.

Une fois dans la voiture, je subis l’intégrale d’Annie Cordy et m’efforce de ne pas piquer un sprint jusqu’à ma porte d’entrée une fois arrivée chez moi.

Mon appartement est tout sombre. Ça tombe bien, mon humeur n’est pas mieux.

Je me retourne et vois que Steph est toujours à la porte, comme une espèce de vampire qui aurait besoin d’une invitation pour entrer.

Elle se balance d’un pied sur l’autre et me dit d’un air hésitant :

- Je crois que je vais te laisser.

- Tu peux rester si tu veux.

Je crois qu’elle sait que j’ai dit ça sur ce ton si particulier. Celui avec lequel on dit quelque chose plus par politesse que parce qu’on le pense. Comme quand on doit deviner l’âge d’une personne un peu trop mûre.

- Non, t’as eu un long voyage et le séjour a pas dû être de tout repos. Je vais te laisser récupérer.

- Ok, comme tu veux.

- Si t’as besoin…

- Je sais où te trouver, t’inquiète pas.

Elle m’offre un sourire plein de joie, qu’elle est la seule à réussir. Je veux dire, normalement, y’a que dans les pubs de dentifrice qu’on voit autant de dents. Le pire, c’est que le sien est contagieux. Mes lèvres s’étirent en un genre de grimace, supposément rassurante.

Elle m’observe quelques secondes encore, son sourire vaillamment en place. Elle s’apprête à se retourner quand je l’interpelle :

- Et Steph ?

- Oui ?

- Merci.

Elle me fait un clin d’œil qui, j’espère, n’est destiné qu’à ses amis -étant donné que l’ouverture de bouche et l’exagération du geste n’est pas franchement attirante- et retourne à sa voiture.

Elle klaxonne comme une furieuse, histoire de s’assurer que tous les voisins sont au courant de mon retour et s’en va dans un crissement de pneus.

Je reste à sourire à la porte pendant une bonne minute et me décide à rentrer.

Il me faut un bon bain. Y’a que ça de vrai.



* * * * *



Ce matin est venu bien trop vite à mon goût. Techniquement, je devrais avoir un peu de temps pour me remettre, c’est le rituel en cas de retour de voyage d’affaires, mais il faut finaliser les accords qu’on a conclus et faire un débriefing avec l’équipe.

J’envisage d’appeler le boulot et dire que j’ai contracté la peste bubonique dans l’avion, ce qui, à mon sens, constitue une excuse acceptable pour justifier mon absence.

En plus, Shaell ne pourrait rien dire, elle n’était pas dans cet avion. Paraît qu’on met 2 à 5 jours pour s’en remettre avec les bons médicaments. Des petites vacances improvisées me tenteraient bien.

Secouant la tête, j’ajuste mon tailleur et me regarde une dernière fois dans le miroir.
Comme d’habitude, les mêmes yeux bleus me fixent dans le reflet, les mêmes cheveux blonds… vu de l’extérieur, j’ai pas changé. En réalité, je suis loin de me sentir aussi bien que ce que ma bonne mine laisse penser.

Décalage horaire, pfiou, des broutilles !

Je mets peu de temps pour trouver une place, qui en plus est assez proche de l’entrée. Le soleil brille.
D’habitude, j’aurais dit que c’est le présage d’une bonne journée.

Là je me dis juste que le sort s’acharne et veut s’assurer que je sois à l’heure. Il n’y a jamais de déluge verglaçant quand ça nous arrange.

Je rentre dans l’imposant immeuble et me dirige directement vers les escaliers. Inutile de prendre le risque de me retrouver à devoir faire la discussion à un collègue un peu trop curieux. Je préfère encore prendre les escaliers.

Après tout, on est qu’au 8ème étage.

Arrivée au 2ème, essoufflée et à la limite de transpirer, je réalise la faille dans mon pourtant génialissime plan. Ça ne m’empêche pas de continuer pour autant.

J’arrive à mon bureau sur les genoux. Littéralement.

Je crois que j’ai usé la semelle de mes escarpins dans les escaliers. D’ailleurs je tiens à me plaindre ! Celui qui a eu l’idée de mettre des talons aux chaussures, n’a JAMAIS eu à montrer huit étages avec. Ou alors, il l’a peut-être fait et en est mort avant d’avoir pu dire au monde entier de ne pas le faire !

Hum… Ça se tient.

Je ferme la porte de mon bureau, que je laisse d’ordinaire toujours ouverte.

J’espère qu’ils vont comprendre le message. S’ils veulent me voir, ils n’ont qu’à regarder à côté de la porte. Après tout, avec autant de baies vitrées, mon bureau ressemble plus à un grand aquarium qu’autre chose.

Plutôt que de bosser ou de préparer mon débriefing comme il se doit, je choisis de bouder, option freecell. Faut bien montrer à Steph qui est la patronne. Même si techniquement ce n’est pas moi, je me comprends.

Loin d’être gênée par mon manque de professionnalisme, j’attends qu’on vienne me chercher pour aller à la réunion plutôt que de m’y rendre moi-même.

Je n’ai pas la moindre envie de rejoindre ma chef dans cette pièce. Mais bon, on ne m’a pas demandé mon avis.

Je rentre dans la salle de réunion et salue mes collègues d’un geste de la main, me contentant d’un « madame » et d’un hochement de tête en direction de Shaell.

Elle porte un tailleur bleu marine qui met ses formes en valeur, cintré pile comme il faut. Je détourne le regard de son corps rapidement, plus parce que ça me fait du mal que parce que j’ai une audience.

Aujourd’hui, je n’ai rien à foutre de rien.

Elle commence sa présentation comme si de rien n’était, mettant en évidences les points du projet sur lequel on a avancé. Elle tourne régulièrement la tête entre le graphique projeté au mur et l’audience, ce qui me laisse apercevoir une partie du suçon que son petit foulard blanc ne couvre pas si bien que ça.

Je n’ai franchement pas besoin de ça pour me souvenir de ce qui s’est passé.

Quand vient mon tour de parler, je réalise que ma petite grève inopinée n’était peut-être pas très judicieuse.

Bah… Après tout… Qu’est-ce qu’elle peut me faire, me virer ?

Je rigole à cette idée. Elle ne prendrait pas le risque de se faire mettre à la porte au passage si je la dénonce.

Quand les ¾ des collègues commencent à me regarder d’un drôle d’air, je percute qu’il est temps pour moi de cesser de rire de mon propre cynisme et de me mettre à parler.

Je fais une présentation qu’on pourrait qualifier de brouillon au mieux et termine en demandant si quelqu’un à des questions d’un ton qui signifie clairement qu’il ne vaut mieux pas.

Ayant le silence pour seule réponse, j’imagine que j’ai été claire. Après tout, ma boss avait peut-être raison en disant que rien que d’avoir survécu à ses côtés pendant une semaine me vaudrait leur respect.

Survécu… A peine.

Je remercie sèchement l’ensemble des personnes présentes et suis la première à quitter la pièce.

D’ordinaire, après une scène pareille, on peut s’attendre à voir la chef apparaître dans la minute. Sauf que je sais qu’elle ne viendra pas. Après tout, elle a passé la majeure partie de son temps à éviter mon regard ce matin, ça m’étonnerait qu’elle cherche à me parler.

Et si c’est le cas, je risque de la recevoir, supérieure ou pas.

Un sourire forcé fait son apparition sur mes lèvres tandis que je mets mon fauteuil en position détente.

Peut-être deux minutes s’écoulent avant qu’on ne toque à ma porte. Étant donné que je ne faisais pas attention et que c’est le seul endroit qui ne soit pas transparent, je ne vois pas qui a l’audace de me déranger. Si c’est elle, elle a plus de coucougnettes que ce que j’ai vu l’autre soir.

- Oui.

La porte s’ouvre suffisamment lentement pour que je devine que Steph n’avait absolument pas hâte que je réponde. Elle m’a vue à la réunion et sait que quel que soit mon problème, il n’est pas résolu.

- Coucou.

Elle ferme la porte d’un air hésitant, comme si elle s’enfermait dans la fosse aux lions.

- Salut.

Je montre clairement que je n’ai pas l’intention d’engager la conversation en continuant ma partie de freecell.

- Je viens de la part de la dé-… hum… de la boss.

- Tu peux l’appeler comme tu veux.

Un sourire dénué d’humour vient se placer sur mes lèvres. Je le savais, ça joue les dures mais c’est que du vent, on envoie les autres se faire taper à sa place.

- Elle m’a…

Elle s’arrête et me demande tout à coup :

- Tu veux pas m’en parler ?

- C’est pas franchement l’endroit.

- C’est pas l’endroit pour ça non plus.

Elle ponctue sa réplique d’un doigt pointé sur mon jeu.

- Tu le fais bien.

- Je travaille au service informatique ! Vois ça comme une manière de m’assurer que je suis la seule à savoir contourner les barrières mises sur le pc !

Pour la première fois de la journée, je rigole. Comment elle fait ça ?

- Tu veux quoi Steph ?

- Déjà que t’arrêtes de faire la gueule, t’as l’air plus déprimée qu’un basset hound !

- Qu’un quoi ?

- Le chien télé z ! Suis un peu !

- Je suis pas déprimée !

- Déprimée, dépressive, fâchée, du pareil au même. On aurait dit son clone là-bas !

Je ne trouve rien à répondre à ça, après tout je ne l’ai pas volé.

Il y a une petite part de vérité.

Toute petite.

- En quoi ça te dérange ?

Elle attache ses cheveux en une queue de cheval, certainement parce que je lui ai dit un jour que ça faisait maîtresse d’école et commence à compter sur ses doigts :

- Duh ! De un t’es mon amie, de 2 ça m’agace, de 3 ça me coupe l’appétit ! Et si je n’arrive pas à déguster mon cappuccino glacé du matin, je suis bonne à rien au boulot !

Elle marque un point. Elle doit plus tenir à moi que ce que je n’aurais cru. Je suis un peu fière d’être capable de m’immiscer dans la relation fusionnelle qu'entretient Steph avec sa nourriture.

- Alors ce soir, que tu le veuilles ou non, nous discuterons jeune femme !

Elle fait demi-tour et effectue une sortie théâtrale. Je me lève rapidement et cours la rattraper.

- Attends, tu voulais me dire quoi ?

Elle tape du pied et retourne dans mon bureau, croisant les bras et l’air infiniment contrariée :

- J’avais fait une sortie magistrale, t’as tout gâché ! Pi regarde-le, il se liquéfie !

Elle pointe du doigt son bureau, sur lequel trône un cappuccino glacé recouvert de condensation !

- Je croyais que je te coupais l’appétit.

- J’étais guérie.

Elle continue de bouder et fait un nouveau signe en direction de sa gâterie, comme désespérée.

- Bref, le message.

- Ouais, elle m’a dit de venir te dire que tu pouvais rentrer chez toi.

Ma bouche s’ouvre dans un « O » parfait.

La salo** !!

- Elle croit quoi, que je vais et viens à son bon gré ?

Steph pose une main sur mon épaule et me dit d’un air extrêmement sérieux :

- Crois-moi, je n’aurais jamais pensé dire ça un jour, mais elle avait l’air désolée. Elle a quelque chose à voir avec ton état ?

Je lui envoie un regard de tueuse qui lui donne toutes les réponses qu’elle a besoin d’avoir.

- Je m’en doutais. Et n’essaie pas de m’impressionner, je pourrais bien botter ton petit cul maigrelet je te signale !

Je n’arrive pas à retenir le petit rire qui me vient spontanément aux lèvres. Cette femme a un don pour me remonter le moral malgré elle. Voyant que je ne réponds pas, elle continue :

- Bref ! Maintenant que ma supériorité est prouvée, je vais te dire ce que j’en pense et t’en fais ce que tu veux : M’est avis qu’elle se sent un peu coupable et responsable. Comme quoi elle a une conscience après tout.

Mouais.

Permettez-moi d’en douter.

Avant que je puisse faire une remarque sur le genre de remords que je pense Shaell capable d’avoir, elle ajoute :

- Et elle n’est pas la seule à penser que tu devrais rentrer chez toi.

Elle se redresse et s’auto-pointe avec son pouce, me jetant un regard défiant.

Ok ok.

Je ne vais pas la contrarier.

- Très bien, je vais rentrer.

- Merci. Contente que tu entendes ENFIN raison. Bon allez je te laisse, à tout à l’heure !

- Mais Steph t-

- Je ne veux rien savoir ! N’essaie pas de mettre fin à la vie de mon cappuccino glacé, tu le regretterais ! A tout à l’heure et puis c’est tout !

Mes yeux suivent mon amie en train de faire ce qui ressemble à un sprint en direction de son bureau. Je la regarde essuyer la condensation avec amour avant de porter la paille à ses lèvres, une expression de pur bonheur sur le visage.

J’imagine qu’il est trop tard pour la changer !

Je ramasse le peu d’affaires que j’ai apporté avec moi ce matin et m’apprête à partir. Après tout, même si mon égo n’apprécie pas l’attention, mon corps devrait.

Je plonge ma main dans mon sac à la recherche des clés de voiture. Comme toujours, elles ont été se fourrer dans un endroit complètement différent de là où je les avais déposées, m’obligeant à regarder.

Le bout de papier sur lequel Angy a écrit son numéro attire mon attention. Je le fais tourner entre mes doigts quelques instants.

Oh, et après tout, pourquoi pas ?

J’attrape le téléphone de mon bureau et entre le code pour sortir de l’immeuble avant de composer le numéro de la blonde.

Elle décroche au bout de deux sonneries :

- Allô ?

- Salut, c’est Liz.

- Oh coucou ! J’avoue que je n’étais pas sûre que t’allais appeler.

- Pour être franche, moi non plus !

Je souris dans le combiné et finis par demander :

- Vu que Shaell m’a donné ma journée par messager interposé, je me demandais si tu voulais toujours discuter ?

Elle ne prend pas le temps de réfléchir et répond immédiatement :

- Pas de problème ! Aujourd’hui ?

- Euh, pourquoi pas, si t’as le temps !

- Je suis en vacances, mon emploi du temps n’est pas trop chargé, je pense pouvoir m’en sortir ! Tu veux qu’on se retrouve où ?

- Comme tu veux.

- Hum… Laisse-moi réfléchir…

Elle marque une pause et j’imagine qu’elle fait exactement ce qu’elle vient d’annoncer. Au bout d’un temps trop court pour qu’elle soit une vraie blonde, elle demande :

- Tu comptais faire quoi cet aprem si t’avais pas appelé ?

- Probablement larver sur le canapé.

- Si tu veux on peut larver à deux.

- Ça me va. Chez moi ?

Je l’entends faire un petit rire vicieux et je préfère ne pas savoir à quoi elle pense.

- Ok ! Manque plus que ton adresse !

Je lui donne les indications pour se rendre chez moi et me dirige vers les ascenseurs. Personne n’osera me parler de toute manière.



[Dans l’après-midi]

La sonnette m’avertit qu’Angy vient d’arriver. Je m’efforce de prendre une certaine contenance et ouvre la porte. Faudrait pas qu’elle croie que j’ai fait la gueule toute la journée. Même si c’est exactement ce qui s’est passé.

- Coucou !

- Salut ! Ça va, t’as trouvé facilement ?

- Sans souci !

- Je pourrais peut-être me reconvertir en GPS alors !

Elle m’offre un super sourire et entre dans mon appart. Je vois que ses yeux se posent à peu près partout alors je lui offre un petit tour des lieux.

- Sympa, tu as bon goût !

- Merci !

Elle s’installe sur mon canapé, l’air super décontractée. Je lui propose un truc à boire et revient avec nos verres.

Une fois installée à l’autre bout du canapé, je réalise que je n’ai pas la moindre idée de conversation. Finalement, c’est Angy qui prend la parole.

- Ça va ?

- Ouais.

Je sais qu’elle ne me croit pas mais elle ne relève pas mon mensonge et se contente de demander :

- Je peux te demander ce qui s’est passé ?

Mes yeux vont se poser sur elle, comme si j’allais voir quelque chose que j’aurais manqué les fois précédentes. Ce sont toujours les mêmes yeux bleus qui me fixent, le même visage finement dessiné… Lance-toi Scott, tu l’as appelée, va jusqu’au bout des choses :

- Quand t’es partie l’autre soir…

- Tu peux passer cette partie là, je pense avoir correctement deviné la suite des événements Mais après, enfin je veux dire, pourquoi ? Y’a eu quoi de spécial ?

Je baisse la tête et cherche pour la millionième fois une raison. J’ai beau repasser les souvenirs de cette nuit dans ma tête, mis à part avoir vénéré chaque partie de son corps, je ne vois pas.

- Rien. Enfin je crois pas ! T’as dit que tu l’avais vue, elle t’a rien dit ?

- Je l’ai vue, je lui ai pas parlé !

- Pourquoi ça ?

Ses yeux quittent les miens et il ne faut pas sortir de Saint Sire pour deviner qu’elle se demande si elle peut me dire ce qu’elle a vu. J’essaie de l’encourager en disant :

- Je n’irai pas lui raconter ne t’en fais pas.

- C’est pas ça, c’est juste… C’était bizarre. Je l’ai vue débouler dans le hall avec sa valise, les larmes aux yeux. Elle m’a fixée pendant un moment, a parlé au type à l’accueil et est partie.

Mes sourcils se lèvent malgré moi.

Elle pleurait ?

- Comment ? Enfin je veux dire pourquoi ?

Angy rigole et me dit :

- Je comptais sur toi pour me le dire !

- Bah… Il s’est passé ce qui s’est passé…

Je maudis mon corps en sentant la chaleur envahir mes joues. C’est pas seulement son amie mais aussi son ex. Bref ça me met mal à l’aise.

Elle me fait signe de continuer dans un sourire en coin.

- A mon réveil, elle était partie.

- Et elle avait rien laissé ? Pas de petit mot sur l’oreiller ou autre ?

- Non. Crois-moi, j’ai cherché.

Elle fronce les sourcils et semble dubitative. Peut-être qu’elle ne me croit pas.

- Ça ne lui ressemble pas. C’est… bizarre.

- Toujours est-il qu’elle l’a fait.

Elle remet une mèche de cheveux blonds derrière son oreille et lisse un instant un pli imaginaire sur son petit haut avant de demander :

- Tu l’as vue aujourd’hui ?

Je hoche la tête et elle fait une grimace, comme si elle avait peur d’entendre ma réponse avant de me questionner :

- Elle était comment ?

Je ne peux m’empêcher ma voix de prendre cet air énervé en disant :

- Il aurait fallu que je la voie pour ça.

- Comment ça ? Tu viens de me dire que tu l'as vue ! T’as été au boulot ou pas ?

Elle s’approche de moi et pose une main sur mon épaule, visiblement inquiète :

- J'y ai été ! C’est juste que… Elle n’était même pas foutue de me regarder et elle a envoyé une amie à moi pour « m’inviter à regagner mon domicile ».

- Ah…

Comme tu dis Angy… Ah…

Je prends une profonde inspiration et tente de ne pas montrer l’importance de ma frustration. Malgré tout, je ne peux pas m'empêcher de dire :

- Je trouve ça dégueulasse. Elle… Je veux dire, elle se tire sans un mot et le surlendemain elle est toujours pas… Argh… Je pensais pas qu’elle me ferait un coup comme ça.

- Je comprends.

Elle me fait une sorte d’accolade un peu tendue et me sourit, un air désolé sur le visage. Je commence à me dire quelque chose :

- T’es peut-être pas la personne la mieux placée pour en parler….

Ses yeux parviennent à merveille à me faire comprendre à quel point ma remarque est jugée débile et elle m’annonce directement la couleur :

- Chérie, même si Sha est mon amie, je sais reconnaître un coup de pute quand j’en vois un !

Quand je parlais de son côté franc… Cette femme ne connaît pas la censure, c’est déjà ça !

- Le pire c’est que je sais pas pourquoi… Fin je veux dire, je pensais qu’on s’entendait bien !

- Je sais et… Enfin je veux dire je sais qu’elle t’apprécie, c’est ça le pire !

- Comment tu peux savoir ça ?

- J’ai des yeux et elle me l’a dit.

- Quand ?

- Avant de partir. Elle était et je cite « contente à l’idée d’avoir l’occasion de la découvrir un peu plus ».

Un rire amer m’échappe. C’est un chouïa plus « qu’un peu » qu’elle a découvert de ma personne !

- Ça ne prouve pas qu’elle m’aime bien.

- Bon très bien, elle me l’a dit l’autre jour aussi. En plus, je crois que même toi tu as remarqué comment elle réagissait quand quelqu'un s'approchait un peu trop près de toi. Satisfaite ?

Est-ce que je suis satisfaite de savoir que celle de qui je suis tombée amoureuse et qui m’a plantée après m’avoir fait l’amour toute une nuit « m’apprécie » ?

Non.

Bien sûr que non.

Je prends mon verre et avale quelques gorgées de coca, me donnant une contenance.

- Bon… Ça te dit pas de se mater un truc plutôt que de déprimer ?

Angy fait un signe de la tête en direction de l’écran plat. Je dois avouer que cette « discussion » remue le couteau dans la plaie plus qu’autre chose, alors il ne me faut pas longtemps pour répondre :

- Ouais. Une préférence ? DVD ou télé ?

- DVD, on est en fin d’aprem, faut pas rêver. Y’a aucun programme potable à cette heure.

- Ça marche ! Tout est là…

Je pointe mon étagère remplie à ras bord de DVD comme si ça n’était pas évident que c’est là que se trouvent mes films.

Je la laisse faire son choix tranquillement, étant donné que j’ai vu chacun de ces films une bonne centaine de fois. Finalement, c’est « Basic Instinct » le grand élu. Je mets le DVD en route et vais fermer les volets.

- Ambiance Night Club !

Je souris à la remarque d’Angy et vais m’asseoir à l’autre bout du canapé. A la lueur de l’écran, je la vois lever les yeux au ciel, m’attraper un bras et me tirer jusqu’à elle.

- Qu’est ce qu-

- Chut. Moi je dis que t’as besoin de réconfort, alors tu te laisses faire et c’est tout.

Elle semble très sûre d’elle, ses yeux bleus à nouveau fermement plantés en direction de l’écran.

Je ronchonne tout bas quelque chose à propos d’elle qui essaie juste de profiter de ma faiblesse mais ne bouge pas d’un pouce. Après tout, elle n’a pas tort.

J’essaie de me concentrer sur le film, même si je n’ai pas l’esprit à ça.

Je me laisse aller et pose ma tête sur son épaule. Je la vois sourire tandis qu’elle resserre son bras autour de moi.

C’est étrange de me dire que je suis à l’aise avec cette femme que je connais à peine. En même temps, elle a une odeur sucrée qui me rappelle les bonbons, ça doit certainement avoir un effet réconfortant.

Le film arrive à sa fin quand tout à coup, on sonne à ma porte.

Je m’excuse et m’extirpe d’Angy pour aller ouvrir. Du coin de l’œil, je la vois se recoiffer discrètement tandis que je fais pareil. Ça doit être un truc de blondes.

J’ouvre la porte et me retrouve nez à nez avec Steph.

L’idée qu’elle puisse avoir oublié était trop belle.

Elle s’est visiblement changée depuis tout à l’heure, ses habits professionnels ayant laissé place à une robe aux imprimés de fruits multicolores.

- Me revoilà. Fais pas cette tête, tu savais que j’allais venir !

Elle me pousse et pénètre dans mon appart, suivie de près par Sacapuces, qui a depuis longtemps compris que la gentille dame brune est signe de nourriture.

- Fini la déprime !

Elle rentre dans mon salon comme si elle possédait l’endroit, ouvre les volets et se retourne, remarquant seulement la présence d’Angy sur le canapé.

- Oh, bonjour !

- Bonjour !

L’ex de ma boss a l’air de trouver la situation amusante et sourit en coin, s’installant plus confortablement sur le canapé comme pour mieux voir la scène. Pétillante, Steph n’est pas perturbée pendant très longtemps et me tend le pot de glace hyper calorique qu’elle a amené avec elle.

Le chat du voisin miaule et tente d’attraper ce qu’elle tient en main mais elle l’écarte rapidement, habituée.

Elle m’observe comme si j’avais perdu l’esprit et me dit :

- Ben t’attends quoi ? Prends-le ! En plus j’ai pris goût Cookies ! C’est comme ça qu’on retrouve le moral ! Tout le monde sait ça, même les scénaristes de films gnangnan, c’est pour dire !

Elle me fourre le pot dans les bras, ne remarquant même pas qu’elle me colle la partie glacée à même la peau étant donné que j’ai un petit haut avec un décolleté. Elle farfouille dans son sac et en sort deux cuillères qu’elle met dans ma main avant de continuer à chercher.

- J’en ai peut-être une troisième quelque part…

Je l’arrête en posant mon avant bras sur son épaule :

- Steph ?

- Ben quoi ? Elle va quand même pas nous regarder manger cette charmante jeune femme !

Un air de soudaine réalisation lui passe sur le visage, elle écarquille ses yeux noisettes, se passe les deux mains sur les joues jusqu’à les étirer au maximum et me dit :

- Oh pardon ! Tu te… Enfin t’avais trouvé un autre moyen de te réconforter ! Je... je vous laisse ! Faites comme si j’étais pas passée !

Elle se retourne, ouvre la fenêtre, sort et ferme les volets de l’extérieur. Plus un bruit.

Le sourire aux lèvres, je n’ai que quelques secondes à attendre avant de la voir revenir dans le salon.

On est au premier…

- Pardon ! Le balcon est pas haut mais…

Elle ferme les volets en toute hâte et tente de m’arracher le pot de glace mais je tiens bon.

- Maiiiiis ! T’en as pas besoin !

Ses yeux font des allers-retours pas très discrets entre moi et Angy, essayant de me passer un message pas clair. Le ton désespéré dans sa voix me ferait presque pitié si je ne savais pas qu’elle en a certainement plein d’autres dans son congélateur.

Je lutte pour garder à la fois l’équilibre et le pot, mais entre Sacapuces qui a trouvé en moi sa nouvelle meilleure amie et Steph ce n’est pas chose facile. En entendant Angy éclater de rire, je décide d’arrêter de me ridiculiser et tente d’expliquer la situation à mon amie :

- Steph, stop. C’est pas ce que tu crois !

Elle me regarde d’un air méfiant, comme pour s’assurer que je suis vraiment sincère et que je ne vais pas m’enfuir avec la glace et finit par se reculer.

- Angy, voici Steph, Steph, Angy!

- Enchantée! dit la blonde.

Steph la regarde de haut en bas, suspicieuse et demande :

- Nouvelle petite amie diabolique ?

- Non… Amie tout court !

Heureusement qu’Angy n’est pas tout à fait normale. Elle a l’air plus amusée par la grossièreté de Steph qu’autre chose.

Apparemment satisfaite de la réponse donnée, ma collègue se dirige vers le canapé et lui tend la main en disant :

- Dans ce cas, enchantée ! Vous vous êtes rencontrées comment ? Tu veux de la glace ? Je dois avoir une autre cuillère quelque part…

Je rigole et prend la parole à mon tour, retournant m’asseoir maintenant la tempête passée :

- Steph, tu sais, on est dans mon appart, j’ai des cuillères ! Et Angy est l’ex de Shaell.

La rousse fait un pas en arrière, lissant sa robe multicolore avant de jouer nerveusement avec le motif d’une banane au niveau de la taille. Ses yeux verts se plissent et je sens qu’elle va dire quelque chose de désobligeant alors je m’empresse d’ajouter :

- Elle est venue me réconforter.

J’imagine que ma collègue juge finalement qu’Angy n’est pas si méchante puisqu’elle avance à nouveau vers elle et commence à l’observer sous toutes les coutures. Je m’étonne limite qu’elle ne soulève pas un vêtement ou deux pour voir en dessous. Pile quand, moins amusée que la blonde, je m’apprête à faire une réflexion, Steph demande :

- Alors c’est donc vrai ?! Shaell a craqué pour les femmes ! C’était toi la première ?

- A ma connaissance oui, pourquoi ?

Visiblement impressionnée, elle s’installe entre Angy et moi sur le canapé, caressant le chat qui est immédiatement venu sur ses genoux.

Personne ne bouge pendant un moment et finalement, comme je m’y attendais, Steph craque :

- Bon, allez, racontez-moi tout !

Je souris et me penche pour regarder Angy d’un petit air désolé. Fallait que ma meilleure amie soit « spéciale ».



Angy et moi avons expliqué la situation à Steph. Une fois qu’elle a fini de bouder parce que « je lui refusais tous les détails croustillants », elle a cherché à comprendre la réaction de ma boss.

Bien sûr, vu sa façon de penser et son opinion de Shaell, le résultat de sa réflexion n’était pas franchement plausible.

A moins qu’effectivement elle ait couché avec moi avant puis m’a laissée au matin, profitant une dernière fois d’un déjeuner à l’hôtel, ou elle se serait coupé le doigt en voulant manger une tartine de Nutella. Blessée dans son orgueil, elle aurait quitté les lieux en pleurs.

Vous voyez ? Peu plausible !

Finalement, je me sens limite à part en voyant à quel point Angy et Steph s’entendent à merveille. Les deux sont affalées sur mon canapé et discutent de mon sort comme si je n’étais pas là.

D’un commun accord, se retournant contre moi et le bon sens, elles décident de m’aider et ont une idée supposément géniale. Elles se congratulent l’une l’autre du formidable travail accompli et décident de mettre en place ce que Steph appelle « l’opération fondant ».

Car oui, selon elles, Shaell serait comme un fondant au chocolat.

Ne me demandez pas d’expliquer, ça me dépasse.
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Chef oui Chef - Justme Empty
MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:08

Chapitre 19 - Un plan douteux



Fermement décidée à mettre leur idée en place, Angy se lève et attrape son téléphone portable. Je tente de lui voler dans l’unique espoir que ça pourrait retarder ou anéantir l’exécution du plan mais Steph me retient et je suis obligée d’assister avec désespoir tandis que la blonde compose le numéro sur le clavier tactile.

Le pire, c’est que je ne sais même pas quelle est leur stratégie. Au début, ça m’amusait de les voir si bien s’entendre et s’extasier, du coup j’ai loupé l’essentiel.

C’est malin.

Elle attend un peu et finit par parler d’un ton réprobateur :

- J’en étais SURE ! Shaell Mackenzie, qu’est-ce que tu fais au bureau à cette heure ?

On entend une voix féminine de l’autre côté du téléphone, sans pour autant comprendre ce que ma chef dit et ce même si Steph a retenu sa respiration pour ne pas faire de bruit. J’imagine qu’elle doit se justifier. C’est parce qu’elle n’a pas vu l’air déterminé de son ex, celui qui signifie qu’il ne sert à rien de discuter.

- Je veux rien savoir. Te noyer dans le boulot au moindre problème n’est pas la solution. Et puis sans vouloir être vache, je te ferais remarquer que c’est TOI qui a voulu cette situation.

A nouveau, Angy marque une pause pour laisser parler ma supérieure avant de reprendre :

- Je le sais c’est tout ! Bon maintenant fais-moi le plaisir de rentrer chez toi ! En plus avec le décalage horaire tu dois être crevée !

A nouveau un bruit étouffé de l’autre côté du téléphone.

- Ouais ouais, c’est ça. J’appelle chez toi dans une heure. T’as intérêt à décrocher où je viens te chercher moi-même ! Et tu sais que j’en suis capable !

Vu le ton sur lequel elle l’a dit, même moi je sais qu’elle est tout à fait sérieuse.

- A tout à l’heure ! Et détends-toi ! Bisous.

Elle raccroche et se tourne vers nous, tout sourire.

- Mission accomplie ! Le plan est en marche !

Elle tape dans la main tendue de Steph et toutes les deux exécutent une atroce chorégraphie qui, j’imagine, peut être qualifiée de danse de victoire.

N’empêche que je suis impressionnée du pouvoir qu’a Angy. Elle menace et Shaell ne discute pas. Faudra qu’elle m’explique son truc. Même si pour le coup j’aurais préféré que ça rate.

Mon intuition me dit que leur géniale idée ne va pas me paraître aussi brillante.

- Bon, phase 2. Steph, tu as une idée de tenue ?

Pourquoi je ne suis pas impliquée au juste ? Et pourquoi elles veulent m’aider. Tiens, pourquoi c’est vrai ça !?

- Minute !

Toutes deux s’arrêtent et se retournent vers moi comme si elles venaient de remarquer ma présence. Steph annonce directement la couleur :

- Quoi ? Fais vite, le temps nous est compté !

- Pourquoi vous voulez absolument m’aider ?

Cette fois-ci, c’est Angy qui prend la parole :

- Ça va de soi ! Shaell est mon amie et je trouve dommage qu’elle ruine l’opportunité d’être avec une fille comme toi pour une raison débile. Et par « comme toi » j’entends une fille bien, je te connais peut-être pas des masses mais je t’apprécie et j’en ai vu suffisamment pour penser ça. Alors je vais tenter de faire d’une pierre deux coups et vous rendre heureuse toutes les deux, de gré ou de force.

Après un moment d’hésitation, Steph ajoute :

- Pareil.

Je lève un sourcil à ça. Shaell ou « la démone » comme elle l’appelle si bien n’est pas son amie, elle me connaît très bien et ne sait pas si ça nous rendrait heureuses. Et vu qu’elle considère notre boss comme la femme de Satan…

- Bon, très bien. Moi je le fais parce que ça m’amuse.

Je lève les yeux au ciel et décide d’aller m’allonger sur le canapé en attendant que ça leur passe.

Tout bas, mais pas assez pour que je le rate, Steph demande à Angy :

- Ben quoi ? Je veux aussi qu’elle soit heureuse bien sûr, je suis juste pas convaincue de la personne !

Elles discutent dans le salon et au bout de 30 secondes de repos, deux paires de bras m’extirpent du canapé.

- Ramène-toi, on a besoin de toi !

Steph me tire par la main dans le couloir et rentre dans ma chambre. Angy n’a toujours pas lâché mon autre poignet, sans doute par peur que je m’enfuie. Elle a raison, l’idée m’a traversé l’esprit.

Elles m’arrêtent devant le miroir et répondent à mon regard agacé à grand coup d’indifférence.

- On va choisir ta tenue pour tout à l’heure !

- Et il se passe quoi tout à l’heure au juste ?

- Ben tu vas voir Sha chez elle !

Mes yeux manquent de sortir de leurs orbites. Elles ont perdu la tête, je vois que ça !

- Vous êtes dingues ? Y’a pas moyen que je me pointe chez elle sans prévenir ! Et puis je sais même pas où elle habite.

- T’inquiète, moi je sais !

Angy ponctue le tout d’un sourire sadique tandis qu’elle ouvre mon armoire sur les conseils avisés de Steph.

Je sais qu’elles ne changeront pas d’avis pour l’instant alors je décide de les laisser jouer à la poupée et après, avec un peu de chance, elles lâcheront l’affaire.

- Tu peux m’aider ? Je ne voudrais pas fouiller !

La demande polie d’Angy est immédiatement suivie par une déclaration de Steph :

- Sache qu’en revanche je n’aurais aucun souci à ce niveau là.

Elle n’avait pas besoin de le préciser, je m’en serais doutée !

Résignée, j’acquiesce et décide d’y mettre du mien.

- Quel genre de tenue je dois choisir ?

Ma remarque est gratifiée d’un superbe sourire de la part d’Angy. Elle s’empresse de répondre :

- Un truc un peu sexy mais pas trop, pas que ça fasse je me suis faite belle pour l’occasion. Juste, je suis belle naturellement, même avec des habits décontractés.

Huh huh…

Dubitative, je lui demande d'un ton sarcastique :

- Et quel genre d’habits est supposé faire cet effet là ?

Steph trépigne d’impatience et Angy n’est pas franchement mieux et quelque chose me dit que si je n’y mets pas du mien très vite, je ne vais pas avoir mon mot à dire dans la tenue. Étant donné que je préfère m’éviter un embarras supplémentaire, je les aide à choisir mes vêtements.

- J’opte pour un haut rouge aux bretelles sophistiquées qui se croisent dans le dos et font un décolleté juste comme il faut à l’avant. Elles ont toutes les deux craqué sur un petit jean noir ultra moulant pour aller avec.

Décidément tout sourire et beaucoup trop enthousiaste à mon goût, Angy me dit d’un air coquin :

- Pour les sous-vêtements je te laisse choisir toi-même… Réfléchis bien…

Je lève mes yeux au ciel et ignore son regard braqué sur moi tandis que je farfouille parmi mes sous-vêtements.

Je choisis mon ensemble préféré, ultra confortable et qui fait une poitrine et des fesses d’enfer. Ce n’est pas que je m’attende à ce que Sha les voie, vu qu’à mon avis ça va être un échec lamentable, mais c’est plus pour m’apporter un semblant de confiance en moi supplémentaire.

Tandis que j’enfile les vêtements sélectionnés à l’abri des regards indiscrets, j’entends Steph pester depuis la salle de bain.

- Liiiiiiiizzzzzz ?

- Ouais ?

- Tu ranges où ton maquillage ?

J’ouvre la porte dans l’instant, l’observant avec des yeux comme des soupières ! Si elle croit que je vais la laisser me maquiller ! Pas question que je me retrouve avec des ronds roses sur les joues.

Sentant certainement mon appréhension, Angy tente de me rassurer en disant :

- Tu choisis les tons, je supervise ou je maquille au choix !

J’attends que ma collègue regarde ailleurs et fais mine de m’essuyer le front du revers de la main d’un air soulagé.

Je me maquille et me coiffe sous l’œil attentif de ma comparse blonde, qui ne manque pas de commenter certains points où de relever le fait que je devrais me maquiller plus souvent. Pas de ma faute si j’ai rarement le temps !

Une fois fin prête, je passe une inspection poussée sous l'œil inquisiteur d'Angy et Steph.

- Parfait, je crois que t’es fin prête ! m’annonce la blonde.

- On y va, on y va ?

Ma collègue est visiblement très excitée à l’idée de me catapulter vers une fin certaine…

Elle me pousse littéralement hors de chez moi et ferme la porte à clé, conservant mes clés « au cas où ».

Angy va s’installer sur le siège arrière de la voiture, bouclant sa ceinture tandis que je m’installe à l’avant.

Steph ne perd pas une seconde et démarre. J’essaie de faire changer Angy d’avis en lui demandant :

- Pourquoi tu veux me mettre avec ton ex ? J’arrive pas à piger !

- Parce qu’elle est mon amie…Elle et moi c’est du passé. Et je crois que tu peux la faire changer d'avis.

- Comment ça ?

- Tourne à droite.

Le véhicule continue sa route et Angy me regarde avant de reprendre :

- Tu verras !

- Oh allez quoi ! Je veux savoir !!!!

- Tsss tsss…. Non. Et regarde la route, on y est presque !

Je me retourne et fixe la route, bougonnant.

On est dans un quartier avec de jolies demeures résidentielles façon Wisteria Lane. Espérons qu’il ne s’y passe pas un nouveau drame ce soir.

Steph suit les instructions de la blonde et se gare un peu en retrait de la maison de ma chef.

- S’il te plaît, tu peux me prendre mon sac d’affaires de rechange dans la boite à gants ?

Je m’exécute et cherche à trouver ce qu’il faut dans l’ignoble bordel qu’elle y a mis. Y trouvant un couteau, je lui montre en la regardant d’un air mi-interrogateur mi-effrayé.

- Ben quoi ? C’est pour me défendre !

- T’es un danger !

- Mais non rohhh, je veux pas poignarder mon agresseur !

Elle attrape un oignon placé juste à côté du couteau et me le montre, comme si ça avait le moindre sens :

- Tu comptes l’assommer avec ton oignon PUIS le tuer ?

- Ne sois pas ridicule ! Je vais couper l’oignon avec le couteau et l’utiliser comme un truc lacrymogène !

L’absurdité de son plan me laisse momentanément admirative devant l’étendue de sa folie. Elle en profite pour saisir le sachet qui contient sa tenue de rechange. J’entraperçois un bout de vêtement coloré avant qu’elle ne sorte un collant, l’air triomphal.

Elle m’arrache le couteau des mains et le découpe méticuleusement, avant de se l’enfiler à l’envers sur le crane.

Je ne peux m’empêcher de sourire et de lever un sourcil joueur à cette vue :

- Tu comptes la kidnapper ou quoi ?

- Non, j’assure mes arrières au cas où les choses tourneraient mal ! Je ne voudrais pas qu’elle puisse me reconnaître !

Vu la tête de pitbull qui, en plus, s’est pris un bus que ça lui fait il n’y a pas de doute. Dommage que le reste de sa tenue permette de l’identifier formellement au premier coup d’œil.

Ne pouvant pas plus repousser l’échéance, je sors de la voiture et passe mes mains moites sur mes cuisses. Je n’ai pas envie de le faire, mais trop tard.

Je me penche et demande à Angy :

- Tu ne viens pas ?

- Nope, c’est à toi de le faire, pas besoin de baby-sitter.

- Tu vas faire quoi ? Si jamais elle ne m’élimine pas dans l’instant et que les choses prennent un peu de temps ?

- Je sais pas encore, on verra jusqu’où ma patience me mènera…

- Ok… Si tu veux partir…

- File !

Je me retourne et prend une grande inspiration, marchant lentement en direction de la porte d’entrée. L’allée est parsemée de jolies fleurs et la maison en elle-même a l’air charmante. Rien à voir avec l’idée qu’on aurait pu se faire de son chez elle en voyant son comportement au travail.

Je me retiens de faire une quelconque réflexion moqueuse en voyant Steph se déplacer mi-accroupie mi-penchée pour aller se poster dans un buisson près de la porte. Elle se croit vraiment dans une opération commando. Moi aussi j’aurais pu, si la personne censée me couvrir ne portait pas une robe multicolore avec des fruits.

Je lève ma main pour frapper à la porte, tentant d’ignorer à quel point je tremble.

Très vite, j’entends des pas de l’autre côté, puis le bruit d’un verrou et enfin la porte s’ouvre.



Shaell me regarde d’un air incrédule, comme si elle n’arrivait pas à croire que je sois effectivement là.

Elle a eu le temps de se changer et ne porte plus le tailleur bleu marine qu’elle avait au travail aujourd’hui, l'ayant troqué contre un petit haut noir et un pantalon en coton. Ses yeux me parcourent de haut en bas, me brûlant de leur intensité…

Pourtant, lorsqu’elle parle, son masque est de nouveau en place et son ton n’est pas des plus chaleureux :

- Liz… Qu’est-ce que tu fais là ?

- Salut.

Elle s’adosse au chambranle de porte et croise les bras, m’empêchant de rentrer. D’un autre côté, elle aurait pu me claquer la porte au visage et elle ne l’a pas fait, c’est déjà ça.

- Dis quelque chose !!!

Immédiatement, Shaell tourne la tête en direction des fourrés, tandis que je ne peux m’empêcher de lever les yeux au ciel. Steph n’a pas réfléchi au fait que si je pouvais entendre son bruyant chuchotement, ma boss le pourrait aussi…

- Qui est là ?

- Personne, je suis juste un buisson.

Mon Dieu.

Comment j’ai pu me laisser entraîner dans une histoire pareille ?

Merci de l’effort de coaching Steph, mais la prochaine fois, abstiens-toi…

Shaell tente de s’approcher du fourré où ma collègue est dissimulée mais je la retiens par le bras, la retournant vers moi. Dans un signe de la tête, je demande :

- Je peux entrer ?

Elle jette un coup d’œil en direction du feuillage, semblant hésiter. J’achève de la convaincre en lançant :

- Elle n’est pas dangereuse. S’il te plaît…

- Très bien. Après toi.



Je découvre pour la première fois son intérieur. C'est plutôt chaleureux, un endroit où il fait bon vivre, même si ça manque un peu de personnalisation.

Une fois arrivées dans son salon, elle me fait signe que je peux m'asseoir et choisit de rester debout. Elle s'adosse au mur le plus proche et attend visiblement que je parle.

- Je suis venue te parler d-

- Je sais... Et j'ai pas envie d'en discuter.

Elle n'ose même pas me regarder. La queue de cheval qu'elle avait au travail ne fait plus réellement son office, quelques mèches brunes s'échappant ça et là pour venir encadrer son visage.

J'ai envie de laisser tomber mais d'un autre côté ma fierté me pousse à obtenir des réponses. Je pense être en droit de demander au moins ça.

- Pourquoi ?

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi t'es partie sans rien dire ? Pourquoi tu m'as ignorée ce matin ?

Elle se détache du mur et soupire bruyamment. Sa main vient se glisser dans son cou, le malaxant, pile là où se trouve le suçon que je lui ai fait. Je détache péniblement mon regard de cette partie de son anatomie et cherche à trouver le sien. Au bout d'un certain temps, son visage se fige dans un air déterminé et elle dit d'un ton monocorde :

- Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? C'était comme ça, c'est arrivé, je me suis levée, je l'ai regretté, je suis partie. Contente ?

Pas franchement.

Je sais que si je me laisse aller je risque de me mettre à pleurer mais il est hors de question de lui faire ce plaisir. A la place, je décide d'enfoncer le clou :

- Si c'est tout ce que je suis pour toi, un regrettable coup d'un soir, pourquoi tu m'as dit toutes ces choses ? Pourquoi tu m'as fait croire qu'il pourrait y avoir quelque chose entre nous ?

Elle baisse les yeux et retourne se poster contre le mur. Elle détourne la tête, regardant sur le côté et répond :

- Parce que j'avais envie de coucher avec toi. C'est tout.

J'entends ce qu'elle dit, j'ai bien saisi qu'elle vient de me jeter comme une vieille chaussette et pourtant quelque chose me frappe. Pourquoi elle n'est pas foutue de me regarder en disant tout ça ? Pourquoi elle a l'air plus défaite qu'agacée ?

Je m'avance jusqu'à être proche d'elle, bien trop proche pour ne pas empiéter dans sa zone de confort et j'attends. Je ne sais pas exactement quoi, mais j'attends quand même.

Au bout d'un long moment pendant lequel aucune de nous ne bouge, elle ferme les yeux et soupire. Quand elle les ouvre, elle me fixe et demande d'une petite voix :

- Qu'est-ce que tu veux de moi ?

Je suis surprise par sa question. Son visage est plus détendu et quelque chose dans ses yeux me pousse à croire que... Dans le doute, je préfère m'en assurer en répondant :

- La vérité.

Elle prend une inspiration, ses yeux regardant partout sauf les miens. J'ai peur qu'elle s'enfuie à nouveau, j'avance jusqu'à placer mes mains de chaque côté d'elle, l'empêchant de bouger.

Elle semble batailler intérieurement, me poussant à ajouter quelque chose pour la faire avouer:

- Tu sais aussi bien que moi que si tout ce que tu avais voulu c'était mon corps tu l'aurais eu d'une manière ou d'une autre et certainement plus tôt.

Elle ne répond pas immédiatement mais finit par soupirer et se mettre à parler :

- C'est pas possible entre nous. Je... Ok. J'ai menti quand j'ai dit que je pensais que c'était une erreur. J'en avais envie. J'en ai toujours envie.

Elle s'avance et me dépose un baiser sur les lèvres. Je me recule et demande, plus agressivement que je ne l'aurais cru :

- Alors quoi ? C'est … Juste comme ça ? Pour me torturer ?

- Non, bien sûr que non. Mais je sais comment ça se termine.

Mes sourcils se froncent malgré moi.

- Comment ça?

- Angy. Tu sais, au bout d'un moment, vivre cachées n'a plus le côté excitant, juste pesant.

- Oh...

C'était donc à ça que faisait référence la blonde... J'essaie de m'assurer d'avoir bien compris ce qu'elle suggère :

- Vous vous êtes séparées ?

- Essentiellement parce qu'elle en avait marre que je vive cachée à cause de mon travail. Et là... Je veux dire, tu es mon employée... Imagine...

Je réfléchis un instant à la question et quelque chose me vient à l'esprit :

- Je ne vois pas le problème.

Ses sourcils se froncent instantanément et elle hausse légèrement le ton. Visiblement le sujet lui tient à cœur :

- Pardon ? Tu veux dire que tu te vois être appelée promotion canapé, être la petite amie de la femme qui est détestée par tout le monde et en plus va se faire virer pour manque complet de professionnalisme ?

Un petit rire m'échappe à cette idée, même si j'avoue que, présenté comme cela, ça ne donne pas envie. Voyant qu'elle ne trouve pas le côté humoristique des choses, je m'explique :

- Je doute que les choses se passent comme ça...

- Pourquoi ça ? Je suis ta chef, tu comprends ce que ça implique au sein de l'entreprise et au regard de la hiérarchie ?

- Oui... Je suis blonde, mais il y a des limites tu sais. Je veux dire... Les ¾ des employés sont trop effrayés pour oser te regarder dans les yeux, je doute qu'ils osent faire une réflexion.

- Ils n'auront pas besoin, le big boss la fera.

- Non.

Elle sourit d'un air incrédule et me regarde comme si j'étais une débile mentale échappée d'un asile. Son ton est moqueur lorsqu'elle demande :

- Non ?

- Non. Certainement pas. Déjà, c'est lui même, M. Tanner, qui nous a promues. Ensuite, tu fais un formidable boulot de restructuration de son entreprise, elle s'est jamais portée aussi bien. Et tout le monde sait qu'il va bientôt prendre sa retraite... Tant que ça n'interfère pas dans ton boulot....

- Il y aura des rumeurs... Et si ce n'est pas moi qu'il vire, ce sera toi!

Elle remet nerveusement une mèche de cheveux bruns derrière son oreille et m'adresse un sourire désolé. Elle ne devrait pas être désolée. M'est avis que je ne crains rien du tout :

- Ça m'étonnerait qu'il me vire... A vrai dire, s’il me vire, c'est l'entreprise qu'il perd.

Ma réplique a le mérite de lui extirper un sourire franc et elle ose questionner mes dires en ajoutant :

- Parce que tu es une employée extraordinaire et que personne ne pourrait te remplacer ?

Je fais semblant de ne pas remarquer l'ironie et réplique :

- Exactement. Pour ça et parce que son plus gros contrat, la personne qui fait la loi sur le marché sur lequel on a misé gros, n'apprécierait vraiment pas le motif de mon licenciement si elle venait à l'apprendre...

Sa bouche s'ouvre dans un O parfait.

Et ouais !

Comme pour s'assurer d'avoir parfaitement compris ce que je viens de dire, Shaell demande :

- Linda ?

- Tout juste. A votre avis, chef, qui dans le secteur voudra commercer avec notre boîte si Mlle Parkson lui fait une publicité d'enfer ?

Elle sourit franchement et répond immédiatement :

- Personne, ou presque.

Hehehe. Je suis fière de la façon dont j'ai argumenté. On pourrait presque croire que j'ai planifié le tout.

Ma victoire est de courte durée quand je réalise que je ne sais pas si elle veut franchir ce cap avec moi.

Après tout, personne ne sait qu'elle est lesbienne. Moi les rumeurs sont déjà là depuis un trop grand moment sans que je démente pour qu'elles n'aient pas été confirmées.

Je la regarde et, hésitante, j'ose lui demander :

- Alors ?

Elle baisse les yeux et se mord la lèvre. Je ne sais pas exactement ce que ça veut dire alors j'attends.

Les secondes s'égrainent lentement, beaucoup trop lentement si vous voulez mon avis.

Peut-être qu'elle cherchait tout simplement une excuse et qu'elle ne sait pas comment m'annoncer qu'être avec moi ne l'intéresse pas.

Je veux dire... Elle est si... Enfin voilà quoi !

En même temps elle a peut-être juste besoin de réfléchir...

- Prends ton temps.

Je me tourne et m'apprête à avancer lorsqu'elle sort enfin de sa torpeur :

- Pas besoin. Je sais ce que je veux.

Avant que je n'aie le temps de demander quoi, elle m'attire à elle.

Je ne peux m'empêcher de sourire dans le baiser.

Je ferais bien une petite danse de joie mais je pense que ce serait un chouïa malvenu.

Elle veut être avec moi.

Shaell.

Shaell veut être avec moi !!!!

Je l'embrasse avec passion, faisant passer mes émotions du mieux que je peux.

Je ne sais pas exactement comment les choses vont se dérouler, mais on va tenter et c'est tout ce qui m'importe.

Le baiser vient naturellement à se terminer et elle m'enlace avec une telle force que je m'étonne d'être encore capable de respirer une fois fini.

Je reste un moment contre elle, profitant de sa présence, de son parfum, d'elle...

- Je suis désolée de m'être comportée comme ça...

Je la regarde et lui offre un sourire aussi brave que je peux :

- Tu avais tes raisons...

- Même. Même si j'avais peur... Ça justifie pas... Enfin de toute manière...

- Quoi ?

- J'aurais probablement cédé si tu m'avais fait des avances...

- Ah oui?

Un sourire me vient spontanément aux lèvres. Huhu, je l'aurais faite craquer ! Je suis irrésistible !

- J'ai pas menti l'autre soir... quand j'ai dit que... enfin tu vois.

Je lui souris. En effet, je vois.

Elle me regarde dans les yeux et une fois assurée que je la crois, me fait un petit bisou sur le nez.

- Et si on allait chercher le buisson ?

Je ris et lui donne une petite tape sur l'épaule :

- Hey, te moque pas de mon coach, sans elle et Angy, je serais sûrement pas là !

- Je devrais les remercier comme il se doit alors ! Pourquoi ça ne m'étonne pas qu'elles soient dans le coup ? Minute, c'est bien Steph camouflée discrètement devant chez moi ?

- Oui, qui veux-tu que ça soit d'autre ?

- C'est pas faux... Angy est restée chez toi ?

- Non, elle attend dans la voiture.

- Faisons les entrer alors.

On sort toutes les deux dans le froid, main dans la main. Shaell me fait un sourire malicieux avant d'avancer sur la pointe des pieds en direction du fourré. Arrivée à destination, elle pointe quelque chose du doigt et se met à pouffer de rire.

Intriguée, je m'approche.

Je ne peux que l'imiter en voyant Steph étalée à même le sol, profondément endormie. Son collant a été troué au niveau de la bouche et elle tient encore un paquet de chips dans la main. Je reste un moment à observer la scène, fascinée par les mouvements complexes que font les restants de miette attachés au collant tandis que mon amie ronfle. Le tout combiné avec la tête de bouledogue faite par le collant, c'est quelque chose à voir, c'est moi qui vous le dit ! Dans un rire, Shaell me lance :

- Réveille-la, j'arriverais pas à garder mon sérieux et j'ai une réputation à tenir !

- Ça marche.

Ma boss - et désormais petite amie Very Happy Very Happy Very Happy - se retourne et se dirige vers la seule voiture garée dans la rue lorsque je l'interpelle :

- Sha !

Elle s'arrête et me fait face un sourcil interrogateur levé dans une question muette. Je m'empresse de trottiner vers elle pour lui faire un petit bisou.

- Pour la route !

- Ben et le retour ? Faut que je revienne !

- Où avais-je la tête !

Je fais semblant de me taper le front et l'attrape pour l'embrasser comme il se doit avant de la relâcher, souriante.

- Merci !

L'air béat, elle s'empresse d'aller en direction de la voiture tandis que je me penche pour réveiller Steph. Heureusement, je ne repère ni oignon ni couteau. Je tente de la secouer mais à part quelques grognements de sa part, rien ne se passe. Enfin rien, jusqu'à ce qu'une idée brillante ne me vienne à l'esprit. Je me redresse et m'exclame :

- Ohh, un paquet de Schokobons !

- Où ça ?

En un quart de seconde, Steph est debout et à l’affût, tournant la tête rapidement afin de localiser les délicieux petits chocolats.

Je n'essaie même pas de retenir mon éclat de rire en voyant son air déçu face à ma supercherie. Cette fille a un problème. Au moins, la carotte qui la fera avancer n'est pas dure à trouver.
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Chef oui Chef - Justme Empty
MessageSujet: Re: Chef oui Chef - Justme   Chef oui Chef - Justme Icon_minitimeDim 7 Juin 2015 - 21:09

Chapitre 20 - Conséquences


Finalement, le reste de la soirée s'est bien passé. Steph et Angy sont rentrées et ont bu un coup. Sha a même ignoré la façon qu'avait mon amie de regarder chaque recoin de sa maison comme si elle était en face d'un trésor. Heureusement, ma boss ne s'est pas formalisée du manque de savoir vivre de ma collègue et n'a pas relevé.

Elles sont parties toutes les deux une demi-heure plus tard environ et j'ai eu droit à un tour plus complet de la maison...

Ben quoi ?

Maintenant qu'on a fait le débriefing, on est tranquilles et elle comme moi avons le droit à nos quelques jours de repos, comme après chaque voyage ! Et je compte bien en profiter pour passer un max de temps avec elle !

On n'a pas reparlé de si et « comment » l'annoncer au boulot. D'un côté ça m'arrange, j'avais des choses plus intéressantes à faire à la place.

Beaucoup, beaucoup plus intéressantes.

Je suis affalée sur le canapé, les jambes confortablement étalées sur Sha. La vie est belle !

Mon téléphone portable m'interrompt dans mes pensées et je décroche, voyant que Steph est à l'autre bout du fil. Bizarre, il n'est que 15h, elle devrait encore être au boulot :

- Liz, j'ai besoin de savoir !

- Hein ? Qu'est-ce qu'il y a ?

- L'autre jour, à la réunion. Mel a remarqué le suçon dans le cou de ta chère et tendre !

Oh... Merde.

Je dois faire une tête signifiant que quelque chose ne tourne pas rond puisque j'attire l'attention de ma boss qui me lance un regard interrogateur.

Je lève un doigt pour lui faire comprendre qu'il faut qu'elle attende avant de lui faire signe qu'elle peut néanmoins continuer à me faire des câlins sur les jambes.

- Ça craint !

- Comme tu dis ! Depuis ce matin ils sont tous en effervescence, un truc de fou ! Pire que la fois où Phong a retrouvé un string grande taille derrière la photocopieuse.

- Ouais, je vois... Au moins on sait à quoi s'attendre à notre retour au bureau.

- Y'a un autre truc. Ils sont plus ou moins tombés d'accord sur le fait que ton comportement était bizarre et en ont déduit très justement que tu étais à l'origine du suçon.

Je porte ma main à mon front, le massant en espérant que ça fera surgir une idée qui me permettra de me sortir de la situation. D'un côté, la question de leur dire ou pas ne se pose plus...

Voyant que Sha se fait de plus en plus pressante, je lui explique brièvement ce que vient de dire Steph. Elle devient immédiatement plus pâle et a l'air de ne pas se sentir super bien. Je pose ma main sur son épaule et la caresse, espérant que ça aidera. Elle pointe le tel et me fait signe de continuer. Décidant que ça serait plus facile, je demande à Steph :

- Ça t'embête si je mets le haut parleur ? Sha est à côté de moi et... enfin, ça la concerne aussi.

- Non non du tout. A côté de toi hein hein...

J'attends patiemment qu'elle ait terminé de faire des allusions et pose le téléphone sur mes jambes. Je prends la parole en premier :

- Ça y est. Bon, d'autres mauvaises nouvelles ?

- Ouais ! Ils m'ont traquée toute la journée, ils ont du sentir que je savais quelque chose, je sais pas, pourtant j'ai pas montré d'intérêt pour cette histoire, je l'ai joué finaude !

Sha et moi partageons un regard qui veut tout dire. Je suis celle qui décide de l'annoncer à ma collègue :

- Steph, sans vouloir te vexer, le fait que t'aies pas montré d'intérêt pour un ragot de cette taille a dû leur paraître louche.

- Ah ouais... Pas bête ! Alors je dois faire quoi ? Aller faire des commérages ? Non parce que moi depuis tout à l'heure je les évite ! Ils savent que je te connais bien et m'ont traquée jusqu'à mon fournisseur de cappuccino glacé ! Ils m'ont posé des questions, pire que l'inquisition ! J'ai détourné le sujet mais même les pâtisseries ont leurs limites en terme de meublage de conversation.

En même temps, la traquer ne doit pas être bien dur. Suffit de suivre les miettes. Je retiens tout commentaire désobligeant et attend la suite. C'est Shaell qui prend la parole cette fois :

- Ils ont demandé quoi au juste ?

- Si je savais comment ça s'était passé et depuis combien de temps ça durait.

Visiblement, elle est repassée en mode chef et réfléchit à voix haute tout en demandant :

- Ok. Donc ils sont persuadés que c'est la vérité. Bon, c'est le cas mais... hum. Bref. Tu as répondu quoi ?

- « Tu crois qu'il vaut mieux ce Paris-Brest ou cet éclair ? Non parce que regarde comme l'éclair a l'air bien fourré ! »

Je lance un regard blasé à Sha, qui me renvoie le même. Prenant notre silence comme un reproche, Steph se défend :

- Ben quoi ? C'est ce qui m'est venu spontanément à l'esprit. Mais maintenant je sais pas quoi leur dire...

A côté de moi, ma boss remet une mèche de ses cheveux derrière son oreille en se mordant la lèvre inférieure. C'est mal de trouver ça excitant alors que mon attention devrait plutôt se porter sur la situation quasi-désespérée dans laquelle nous sommes ?

Finalement, elle se tourne vers moi, me prend la main et la serre. Je la regarde et me penche en même temps qu'elle, trouvant du réconfort dans un baiser.

- Je vous entends !!!!!

Je me recule en levant les yeux au ciel, souriant de la réaction de Steph.

- Bon. Je sais pas ce que Liz en pense, mais je serais d'avis que tu leur dises que tu te sens pas bien, que tu sais pas mais que peut-être la réunion qui aura lieu la semaine prochaine parlera de ça.

- Y'a une réunion la semaine prochaine ?

Steph vient de poser la question qui m'est immédiatement venue à l'esprit.

- Uniquement si elle est d'accord pour leur dire. De toute manière si on ne fait rien, ce sera pire...

Shaell me regarde avec un petit sourire timide, peu sûre d'elle. Ça ne ressemble pas à son comportement habituel et la rend dix fois plus mignonne.

Elle pense vraiment que je voudrais le garder secret ?

Elle est la plus intelligente et la plus belle femme que je connaisse...

Si je m'écoutais, je placarderais partout des messages narguant les autres en leur faisant comprendre que c'est MOAAAAA qu'elle a choisi.

Je lui souris et je sais que j'ai l'air totalement amoureuse mais je m'en fous. J'acquiesce, lui faisant comprendre que je suis d'accord pour qu'elle l'annonce. A vrai dire, j'ai hâte. Je sais qu'il ne se passera rien au bureau, mais... Enfin c'est stupide mais je suis « fière » d'être avec elle et de savoir que je lui plais.

Elle me fait un sourire superbe, dévoilant ses dents blanches et faisant briller ses yeux verts par la même occasion. M'est avis qu'en se lançant dans le monde de l'entreprise, elle a ruiné une brillante carrière de modèle photo. Je veux dire, même au réveil elle est sex. C'est injuste pour toutes les autres femmes du monde !

Finalement, c'est moi qui prends la parole :

- Tu leur diras ça.

- Ok.

- Tu leur diras quoi ?

- Que je sais pas mais que peut-être la dém- que notre charmante supérieure nous fournira un semblant de réponse à la réunion de la semaine prochaine.

Shaell sourit devant la bourde de mon amie et lui annonce :

- Je suis au courant du moindre petit surnom qui m'est attribué. Et n'hésite pas, ça ajoutera à ta crédibilité. Oublie pas de glisser discrètement que t'es pas dans ton assiette.

- Pourquoi ça ?

Le son de la voix de Steph laisse clairement entendre qu'elle est perplexe. Je décide de répondre à sa question moi-même :

- Ça expliquera peut-être pourquoi t'avais pas envie de parler ragots aujourd'hui.

- Ok, ça marche. Bon je vous laisse, Mel me regarde du coin de l'œil depuis tout à l'heure, je voudrais pas avoir l'air louche !

- Ok. Merci d'avoir appelé.

- Pas de prob, super amie toujours là !

Nos rires seront entendus par la tonalité uniquement. Je suis presque sûre qu'elle a fait un mouvement poing en l'air avant de raccrocher, j'arrive parfaitement à m'imaginer la scène.

Shaell m'attire à elle et je m'installe de manière à pouvoir nicher ma tête au creux de son cou. Quand elle m'enlace comme ça, je me dis que ça va aller. Mon argumentaire d'hier me paraît plus bancal tout à coup. On verra bien.

Sa voix chaude m'extirpe de mes pensées :

- T'en dis quoi?

- Qu'on est folles.

- D'avoir décidé de leur dire ?

Elle me recule pour me regarder, les sourcils froncés, visiblement inquiète.

- Ça non ! Tu rigoles ou quoi ? En plus Tom me nargue depuis qu'il m'a battue au baby-foot. Et il fantasme sur toi depuis des plombes, il va être dé-gou-té !

L'un de ses sourcils se lève et son sourire en coin m'informe qu'elle n'est pas fâchée.

- Pas étonnant que tu t'entendes bien avec Steph.

Minute.

- Hey, je rêve ou tu viens de m'insulter là ?

- C'est pas une insulte, c'est ton amie.

Je croise les bras, ronchon. C'est peut-être mon amie, mais elle est carrément spéciale, mon comportement est quant à lui tout à fait normal.

Le fait que je me renfrogne n'a pas l'effet escompté et j'oublie vite que j'étais supposée lui tenir un peu rigueur alors qu'elle me fait la regarder en glissant deux doigts sous mon menton.

Ses lèvres sont douces et légères, comme une caresse, une promesse.

Elle se recule et dit d'un ton qui me laisse penser qu'elle dit l'exacte vérité :

- Tu peux me croire, c'est moi qu'ils vont envier.

Je m'apprête à répliquer mais suis réduite au silence par un autre baiser. Je ne résiste pas tandis qu'elle nous allonge sur le canapé et m'embrasse avec passion.

Après tout, si elle me trouve très bien, qui suis-je pour la contredire ? Tant qu'elle reste comme ça, vous ne m'entendrez pas me plaindre !



* * * *



Vue de l'extérieur, j'ai l'air parfaitement calme, assise bien sagement derrière mon bureau.

En vérité, je fais de mon mieux pour ne pas gigoter. Je suis super stressée.

En revenant au bureau, les collègues me regardaient pas de la même manière. Ou peut-être bien que si et que je me faisais juste des idées. Mais je crois pas. J'ai cru déceler de l'admiration chez certains, ou un air trahi, d'autres encore qui me regardaient comme si j'étais une chose curieuse venue d'une planète inconnue.

Un coup d'œil à l'horloge de l'ordinateur m'informe que dans 10 minutes, je me jette dans la fosse aux lions.

Je déglutis péniblement. Finalement c'était peut-être pas une si bonne idée. J'aurais pu nier à vie. C'est pas mon genre de reculer à l'idée d'avoir à tartiner mes paroles de mauvaise foi.

Un coup d'œil à travers les vitres m'apprend que les projecteurs sont braqués sur moi.

Ok.
Si tu existes, c'est le moment : Je souhaite devenir invisible et pouvoir m'éclipser discrètement.

Malheureusement, ni retenir mon souffle, ni espérer ne déclenche une intervention divine me rendant transparente. Je vais devoir leur dire la vérité. Ou mentir de façon éhontée et m'enfoncer encore davantage.

Je vois Steph s'approcher d'un pas décidé et je me lève pour ouvrir la porte plus en grand avant qu'elle ne toque.

Elle rentre et me regarde des pieds à la tête avant de fermer derrière elle. Elle fait une drôle de tête, entre inquiétude et compassion et tournicote une mèche de cheveux bruns dans ses doigts en demandant :

- A ce point ?

- T'as pas idée Steph...

- Ça va aller !

Elle me fait un sourire dont l'unique but est de me rassurer. Ça aurait pu fonctionner s’ il n'avait pas transpiré l'incertitude.

Elle se poste derrière moi et me fait un petit massage.

- Ça va aller ! Tu verras ! T'as vu qui t'as dans ton coin ? Sérieusement ? Les ¾ des minables d'ici préféreraient combattre une lionne enragée que Shaell Mackenzie. Tu crains rien. Ils ont pas de couilles je te dis !

Je sais qu'il y a une part de vérité dans ce qu'elle dit et ça me rassure un peu. Je lui suis reconnaissante jusqu'à ce qu'elle ouvre la porte et me fasse signe de sortir du bureau.

Levant les yeux au ciel, je demande très fort dans mes pensées : C'est toujours non pour cette histoire d'invisibilité ?

La salle de réunion arrive bien trop vite à mon goût, mes traîtresses de jambes n'écoutant pas mon avis et marchant à bonne allure au lieu d'aller à reculons.

J'entre dans la salle et me retrouve face à tous mes collègues proches. Je vais m'asseoir tout devant et observe ma boss.

Si elle est nerveuse, sa gestuelle ne laisse rien transparaître. Elle porte un petit haut rouge moulant juste ce qu'il faut et un pantalon noir classique. Sur quelqu'un d'autre, la tenue aurait eu l'air commune, mais j'avoue que c'est plus elle qui habille les vêtements que l'inverse. Elle est une injustice vivante envers toutes celles qui, dans les plus belles robes, ressemblent à des patates.

C'est facile de voir que les personnes présentes dans la salle savent qu'il va se passer quelque chose. Il y a une véritable effervescence. Tous les regards sont tournés vers Shaell ou moi et je dois faire un véritable effort pour ne pas gesticuler sous leur intensité.



Elle se racle la gorge, demandant l’attention immédiate des personnes présentes. En un instant, le silence est complet. Elle commence à parler de détails concernant le travail, comme convenu. J’entends à peine les mots qui s’échappent de ses lèvres, les battements de mon cœur m’assourdissant.

La plupart des gens paient à peine attention à ce qui se dit, beaucoup moins disciplinés que d’ordinaire. Peut-être que leur curiosité les pousse à ne pas tenir en place…

Même si j’y ai été à reculons, je sais qu’il faut le dire.

Pour notre bien.

Je suis soulagée qu’elle ait accepté de s’en charger. Je n’ai pas questionné la manière dont elle va s’y prendre, préférant ne pas m’y attendre. Au moins, je ne serais pas tentée de m’enfuir pile avant si je ne vois pas le moment arriver.

Je sens le regard noisette de Steph se poser sur moi, me réconfortant silencieusement.

Elle a raison, je n’ai pas de quoi avoir peur.

Voilà quinze bonnes minutes que ma boss parle sans que j’écoute le moindre mot, mais je capte néanmoins son :

- Bon, je crois que c’est tout…

La déception est palpable. La plupart des employés ne cachent pas qu’ils attendaient autre chose.

Je jette un regard glacial à Shaell.

Si elle ne voulait pas le faire, elle aurait du me le dire, pas me faire croire ça

Avant que je ne fasse une bêtise, façon scandale ou scène je me lève.

Je passe façon ouragan à côté d’elle, me retenant de lui coller un coup d’épaule pour faire comprendre mon point de vue.

- Ah, j’oubliais !

Je sens sa main s’enrouler autour de mon poignet et tirant. Dans un mouvement manquant totalement de grâce, je me retourne pour atterrir directement dans ses bras.

J’ai totalement conscience du silence de mort qui règne dans la salle de réunion tandis que ma chef me fait un sourire timide.

Sans plus attendre, elle se penche et capture mes lèvres dans un baiser. Elle n’en fait pas trop, n’essayant pas de faire un show, juste de marquer son point.

Je me recule en souriant, soulagée.

Ça, c’est fait.

Quelque part, ça me rassure.

Elle a pris le risque.

Pour moi.

Pour nous.

Je prends une grande inspiration et me tourne pour faire face à la salle.

Je vois Phong debout, la bouche grande ouverte, se laisser tomber mollement sur son siège. Mel a un air triomphal, venant juste d’être couronnée reine du commérage. Steph nous regarde façon mère poule, un énorme sourire illuminant ses traits.

Je vois Tom qui croise inconfortablement ses jambes, l’air mal à l’aise mais me regardant néanmoins d’un air contrarié.

Victoire par KO mon vieux, va falloir t’y faire ! Je retiens le « Nananananèreuuuuh » que j’ai envie de lui lancer.

Les autres continuent pour la plupart de nous regarder bouche bée, sans dire un mot, osant à peine cligner des yeux.

J’imagine qu’ils envisageaient la chose, mais ne croyaient pas réellement que ça puisse être la vérité.

Une fois certaine que son audience lui prête de nouveau attention, Shaell reprend. Simplement, elle énonce les choses tout en me gardant contre elle :

- Oui, c’est vrai. C’est récent. Et c’est la première et la dernière fois qu’une démonstration similaire aura lieu entre ces murs. Des questions ?

Si certains semblent en effet avoir quelque chose à dire, personne n’ose.

Hehehe. Je n’aurais jamais cru le dire un jour, mais voilà : Steph avait raison.

Ils n’ont pas de couilles.

Mes yeux se tournent involontairement vers ma supérieure. Elle respire la confiance en elle et laisse son regard émeraude parcourir la salle comme si elle savait qu’aucun n’oserait lui tenir tête. Elle a raison.

Comme quoi, sa réputation au travail sert parfois.

- Bien. Dans ce cas, le sujet ne sera plus abordé. Étant donné que mes responsabilités se limitent à restructurer cette entreprise et qu’en aucun cas je ne suis amenée à promouvoir la carrière de Mlle Scott, la tâche échouant à M. Tanner, les éventuelles remarques concernant un favoritisme de ma part ont grand intérêt à ne pas parvenir à mes oreilles. N’oubliez pas que la démone a l’ouïe fine.

Ça a le mérite d’être clair.

J’ai envie d’éclater de rire mais le moment est mal choisi. Personne ne semble à l’aise et n’ose bouger. C’est trop bon d’être de ce côté de la barrière pour une fois. J’imagine qu’ils ne se doutaient pas qu’elle avait connaissance de son surnom. Ça ajoutera de la pression, elle doit vraiment avoir les oreilles partout pour l’avoir su même avant que Steph ne fasse sa boulette.

- Si vous n’avez plus rien à ajouter alors ce sera tout, vous pouvez aller profiter de la cafétéria.

Ils se lèvent tous sans demander leur reste et se dépêchent de quitter la pièce.

Je sais quel va être le principal sujet de discussion ce midi.

Steph reste en retrait et sort de sous la table un sachet. Elle s’approche et le tend à Shaell, qui en sort une bouteille de champagne.

- Faut bien fêter ça…

J’ai envie de lui dire qu’on reste au travail, mais je vois ma supérieure commencer à libérer le goulot.

Ok alors.

Trois petites coupes en plastique font leur apparition devant nous.

Ma boss fait sauter le bouchon et commence à verser dans les coupes, n’en mettant pas une goutte à côté.

Steph s’en attribue une et me tend la mienne, laissant la dernière à Shaell.

Ma collègue est la première à lever sa coupe pour trinquer, lançant haut et fort :

- A vous deux.

Ma boss me jette un regard plein de malice et dit :

- A Liz, qui va devoir me supporter à présent.

Je lui fais un clin d’œil et lève mon verre à mon tour :

- Ça va être un plaisir. A toi Steph pour m’avoir conseillée tout du long et surtout, surtout à Linda, que je ne remercierai jamais assez pour m’avoir amenée jusque là.

- Oh que oui ! Finalement, je devrais lui être reconnaissante, sans elle on aurait peut-être jamais franchi le cap !

Elle me jette un coup d’œil avant de tourner la tête, regardant tout autour. Voyant que les bureaux sont déserts, elle se penche pour déposer un bisou sur mes lèvres.

Steph sourit encore plus bêtement que moi devant cette scène, ce qui n’est pas peu dire. Cependant, quelque chose de contrariant attire mon attention :

- Minute, tu veux dire que sans elle tu n’aurais pas succombé à mon charme fou ?

Shaell me fait un mouvement des sourcils avant de se diriger vers la sortie.

C’est censé vouloir dire quoi au juste ?

- Hey, je t’ai posé une question !

Elle se retourne et me fait un clin d’œil avant de franchir la porte.

Je tape du pied, frustrée. Si elle croit s’en tirer comme ça…

J’aurais cette réponse, elle s’inclinera devant la déesse de la séduction que je suis !

Sous le regard amusé de Steph, je me lance à la poursuite de ma supérieure, bien décidée à lui extirper un aveu ou deux. Chef ou pas chef, elle va voir de quel bois je me chauffe.

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