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 Contemplation - Bilitis

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YulVolk
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YulVolk


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MessageSujet: Contemplation - Bilitis   Contemplation - Bilitis Icon_minitimeMer 24 Juin 2015 - 18:23

Pseudo de l'auteur : Bilitis

Nombre de chapitres : 1

Rating de l'histoire : NC17
Genre de l'histoire : Erotique

Résumé de l'histoire :

Ce qui peut se passer dans sa tête lorsqu'on regarde une jolie fille...



Terminée et Corrigée
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https://lesbiennes-stories.1fr1.net
YulVolk
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MessageSujet: Re: Contemplation - Bilitis   Contemplation - Bilitis Icon_minitimeMer 24 Juin 2015 - 18:25

Quel âge pouvait-elle avoir ? Dix-huit ans, à vue de nez. Elle me parut si jolie dans la simplicité de son maintien, dans l’harmonie de ses traits. Quelle agréable silhouette, tout en finesse et en innocence. Encore aux portes de l’enfance, elle semblait ignorer son pouvoir de séduction. Elle n’avait, à l’évidence, pas encore mis en place cette armure d’indifférence dont se protègent, le plus souvent, les filles qui attirent les regards.
Il me semblait avoir entendu sa maman l’appeler Julie. C’était la fille de ce couple sympathique qui avait sa chambre sur le même palier que la mienne dans le petit hôtel où j’étais descendue pour ces quelques jours de vacances en Normandie.

Elle venait de gravir l’étroit sentier rocailleux qui menait à ce petit promontoire rocheux dominant toute la baie et offrant sur le soleil couchant une vue imprenable. Pressentant qu’il serait, ce soir, particulièrement réussi, je m’étais décidée à parcourir les quelques centaines de mètres qui séparaient l’hôtel de cet endroit privilégié de la falaise. Je m’y trouvais depuis une bonne dizaine de minutes lorsque j’entendis rouler des gravillons : c’était notre adolescente qui avait eu la même idée que moi et avait choisi le même endroit, probablement pour les mêmes raisons.

L’accès au point de vue était plutôt raide et la petite plate-forme aménagée tout spécialement ne se révélait à la vue qu’au moment même où l’on y accédait. Je ne pus réprimer un léger sourire lorsque je vis Julie, visiblement surprise par ma présence en ces lieux solitaires, s’arrêter un instant au haut du sentier. Elle me salua gentiment d’un bref hochement de tête tout empreint de cette réserve propre à l’adolescence quand elle n’est pas en révolte ouverte. À vingt-neuf ans, je devais être une vieille pour elle. Je m’en voulus presque de me trouver assise à la seule bonne place, sur l’unique petit banc de bois grossièrement assemblé, celle qu’elle aurait probablement voulu occuper. Je n’osai lui proposer de venir m’y rejoindre, persuadée qu’elle refuserait. Nous n’avions pas échangé un mot à l’hôtel, faute d’occasion, et l’idée de me trouver assise tout à côté de cette enfant, si charmante et discrète fût-elle, me parut déplacée.

Julie se rapprocha d’un gros rocher qui saillait à quelques mètres du bord de la falaise et s’y assit dans une posture apparemment confortable. Presque aussitôt, ses jolis yeux bleus, qu’elle avait grands et assez pâles, se portèrent sur le spectacle, magnifique, qu’elle était venue contempler.
Je fus touchée de constater qu’une si jeune fille pût se montrer sensible à un spectacle tel qu’un coucher de soleil. Ainsi, elle ne s’était pas enfermée dans sa chambre d’hôtel à se crever les tympans en écoutant quelque rock tapageur, ni n’avait choisi de déambuler sur la plage ou sur la terrasse de l’hôtel en quête de quelque jeune de son âge avec qui elle aurait partagé rires et jeux plus ou moins coquins.

Afin de ne pas la gêner, je détournai mon regard et me mis à contempler à mon tour le spectacle somptueux du grand disque écarlate qui commençait d’achever sa descente derrière l’horizon. À moitié enveloppé dans un drapé sanglant, l’astre semblait nonchalamment installé au sein d’un doux cocon porteur et complice. Le spectacle était de toute beauté, et je renonce à décrire ici cette symphonie somptueuse que le ciel inspiré avait décidé d’offrir ce soir là à nos yeux éblouis. Subtil mélange de tons, percées audacieuses de rais dorés crevant, comme par jeu, les masses alanguies de cotonneuses volutes. Le plus fascinant était sans doute l’aspect intensément vivant du double phénomène des nuages qui, avec une tranquille bonhomie s’étiraient sur toute la surface du firmament pendant que, tout aussi lentement, l’astre semblait s’alourdir à mesure que sa couleur fonçait. On eût dit le fond d’un verre ballon contenant un vin qui eût passé du rosé le plus pâle au bourgogne le plus sombre.
Déjà toute petite, je m’amusais à trouver des formes reconnaissables dans le moutonnement changeant des gros cumulus. Têtes de chien, corps étirés, souvent comiquement tordus ou déformés, chevaliers aux casques imposants et monstres en tous genres. Le soleil venait de se laisser enfermer entre deux nuages et sa forme résiduelle évoquait à présent une sorte de pic rocheux. Je souris à l’idée de voir surgir un ‘Obélix’ accompagné d’un petit chien blanc (blanc comme un nuage !) qui viendrait le soulever avec sa facilité coutumière pour s’éloigner en sifflotant derrière l’horizon.

Et puis une autre image s’imposa à mon esprit, qui me fit frémir : ainsi disposé, pincé entre deux lourds nuages, le soleil me fit penser à un gigantesque clitoris paisiblement environné des chairs tendres de l’intimité féminine. Les tons rosés ou, par endroits, d’un rouge plus marqué, plus sensuel, achevaient de conférer à cette vision un saisissant réalisme. J’avais beau me dire que c’était là pur délire obsessionnel de ma part, je ne pouvais que constater la justesse de mon observation si interprétative fût-elle. Oui, c’était bien cela ! Et de surcroît, il semblait frétiller en son sommet, le coquin, à cause du déplacement capricieux des banderoles nuageuses.
Je me demandai soudain quel effet ce spectacle surprenant pouvait avoir sur Julie, quelle pouvait être son interprétation ? Tout est dans l’œil de celui qui regarde, n’est-ce pas ? Alors, sa jeunesse et son innocence pouvait-elle partager mon délire ? La réponse ne pouvait qu’être négative, voyons ! Et d’ailleurs, était-elle seulement encore là ? Il ne m’eût pas surpris qu’elle se fusse bien vite lassée d’un spectacle aussi éloigné que possible des préoccupations des gens de son âge.

Se produisit alors l’ineffable, l’imprévisible, l’inattendu, le merveilleux. Peut-être la somptuosité du spectacle dont je venais de me détourner avait-il eu sur ma sensibilité un effet que je n’avais ni prévu ni mesuré ; peut-être me trouvai-je, de ce fait, dans un état de réceptivité exceptionnel, quoi qu’il en soit, je m’attendais à tout sauf à ce qui se présenta alors à mes yeux.
Julie était là, exactement à la même place et dans la même position qu’à l’instant où j’avais détourné mon regard. Une légère brise faisait danser sa jolie chevelure blonde autour de son visage doux et régulier. Elle avait la bouche un peu entrouverte et les yeux écarquillés. Un frisson me parcourut toute avant que j’en comprisse la raison. Il se passait là quelque chose qui échappait à l’ordinaire. Ce n’est pas tant ma présence que Julie semblait ignorer, mais sa propre existence, son enveloppe charnelle. Ce que je perçus à cet instant me bouleversa à un point incroyable. Le spectacle, pour moi, n’était plus le coucher de soleil, pourtant d’une rare beauté, mais plutôt Julie. Ce que je perçus alors me transporta dans une sorte d’extase parfaitement inexplicable, irrationnelle, déraisonnable. Julie semblait vibrer, parfaitement immobile pourtant, il m’apparut qu’elle rayonnait, qu’elle était devenue une sorte de réceptacle aussi subtil que fragile et perméable. Je sus que la brise qui courait sur sa peau lui était une douce caresse, que les cris éloignés de quelques oiseaux marins égarés dans le lointain la pénétraient sans que rien ne le laisse paraître ; je sus que la lumière agonisante de ce soleil ivre l’habitait ; je sus que les nuages alanguis se livraient en son for à la plus voluptueuse des danses ; je sus qu’elle n’était pas en train de penser mais qu’elle était comme en prière, en parfaite et pleine contemplation. Son regard, émerveillé ne se contentait pas de se repaître d’un spectacle, il le pompait, l’absorbait, s’en imprégnait. C’était hallucinant d’intensité. Je sus aussi que Julie n’avait pas manqué de reconnaître, dans la combinaison actuelle des nuages et de l’astre déclinant, l’image impudique que j’avais découverte. Je me sentis comme aimantée, j’eus l’impression que ma chair allait se détacher de mes os et se précipiter sur cette enfant, se fondre en elle. Je frissonnais, j’en fus persuadée, de ce qu’elle ressentait.

Je tressaillis lorsque la grosse goutte s’écrasa sur ma main : une larme dont je n’étais pas consciente venait de rouler sur ma joue. Je dus presque aussitôt refouler un sanglot. Mais dans quel état me trouvais-je donc ? Ce n’étaient plus les nuages qui déchiraient le ciel, mais ma propre enveloppe qui s’effilochait, partait en lambeaux. Pas question de broncher, pas question de briser un instant d’une si haute qualité, d’une telle intensité magique. J’avais presque envie de demander aux oiseaux de se taire, je me pris à trembler à l’idée qu’un quelconque klaxon saugrenu vint briser la magie du moment. Julie était en extase devant le coucher du soleil, et moi en extase devant Julie. Jamais je n’avais assisté à cela, à un abandon aussi total, à une concentration aussi profonde. Cela me fit presque peur. Julie était en train de boire l’infini, de sucer les mamelles de la plus ineffable beauté qui soit, et ce de la manière la plus innocente, la plus spontanée, la plus intense qui se puisse concevoir. J’en demeurai paralysée, comme sous le coup d’une terreur mystique. Les lueurs déclinantes du couchant jouaient sur le visage de Julie comme l’image d’un film se projette sur la toile des salles obscures.

Je fus soudain saisie par une criante évidence : ce que Julie vivait là, ce qu’elle ressentait au travers de son être, ce qu’elle vivait à travers le moindre pore de sa peau n’était pas une forme quelconque de contemplation, mais bel et bien un acte d’amour ! Entre ce soleil impudique et le regard fasciné de Julie, entre le ciel entier qui chantait son érotique déclin et l’enveloppe charnelle de l’adolescente, entre cette immensité paisiblement embrasée et cette frêle silhouette, il ne s’agissait de rien moins que d’une fusion totale, aussi profonde que celle que peuvent connaître deux amants. Cette vérité me sauta au visage comme peut le faire, à l’occasion, la solution longtemps recherchée d’un problème ardu. Je sentis un frisson me remonter le long de l’échine à cette découverte. J’eus, brusquement, l’impression de me comporter en voyeuse ! Aurais-je surpris Julie en train de faire l’amour ou de se masturber que j’en aurais éprouvé moins de gêne. N’avait-elle pas les yeux rivés à un spectacle qui frisait l’obscénité ? Je retenais mon souffle, haletante… je réalisai soudain que j’étais moi-même dans un état de bouleversement complet, je transpirais anormalement, mon cœur cognait dans ma bouche, je frissonnais et je savais que ce n’était pas de froid, et – chose à peine croyable – je sentis que je mouillais, exactement comme si j’avais été en proie à une quelconque excitation sexuelle. C’était bouleversant, j’en arrivais à me demander si je n’étais pas le jouet d’une hallucination, si quelque pervers désœuvré ne s’était pas amusé à verser dans mon café une drogue quelconque. Mais non, je me sentais parfaitement bien, en pleine possession de mes facultés mentales et physiques… simplement, mon corps vivait, sans m’avoir prévenue, une jouissance d’un type un peu particulier ! Ah ! il ne s’y était pas trompé lui ! Ainsi donc, mon corps avait compris, avait réalisé, bien avant mon esprit, la nature exacte de ce qui se passait là, dans sa proximité presque immédiate, et, par une forme subtile d’empathie, avait décidé, tout seul, comme un grand, d’y participer, de s’y associer étroitement. Dieu que je me sentais proche de cette belle fille occupée à flirter avec le ciel, en train de faire l’amour avec l’infini. Je vis son visage comme en gros plan, j’observai que son regard tout baigné de la beauté même de la merveille qu’elle fixait sans ciller, était baigné de larmes ; à n’en pas douter, des larmes de bonheur.

Lorsque, au bout d’un temps dont j’aurais été bien incapable d’évaluer la durée, Julie sortit enfin de sa prostration, elle n’eut pas l’air étonnée de me voir là, éberluée, ahurie ; et, comme si elle avait tout su de ce que je ressentais, m’adressa un sourire d’une ineffable douceur mais d’une telle intensité que j’eus l’impression qu’il me perçait de part en part. Son regard n’était plus celui d’une adolescente naïve et peut-être encore innocente, oh, que non ! c’était, manifestement, celui d’une femme ! Quelle charge émotionnelle dans ce bref regard, quelle malicieuse complicité, quelle promesse de voluptés à venir ! Ce fut comme si le soleil qui s’éteignait dans le ciel cherchait à faire sa réapparition… dans ma culotte. Cette pensée saugrenue faillit me faire rire.

J’ignore si Julie prit pour une réponse à son sourire la grimace que je venais sans doute de lui adresser, toujours est-il que nous redescendîmes ensemble la pente raide qui nous ramena à l’hôtel, trajet durant lequel pas un mot ne fut échangé ; mais je ne me serais pas sentie autrement légère et guillerette si je venais d’avoir fait l’amour à Julie.

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