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 La Villa

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MessageSujet: La Villa   La Villa Icon_minitimeJeu 12 Juil 2018 - 16:38

Pseudo de l'auteur : MPX

Nombre de chapitres : 6

Rating de l'histoire : PG13 (peut contenir des scènes choquantes)

Genre de l'histoire : Romance - Dramatique - Action

Résumé de l'histoire : Pendant la deuxième guerre mondiale des enfants et adolescents sont menacés par la mort. Avec un des derniers train et avec l'aide d'accompagnateur ils partent de Vienne et ainsi échappé a leur mort certaine. Parmi eux Tilda et Rebecca.

Remarques diverses : Cette histoire est inspiré d'un film autrichien "Die Kinder der Villa Emma" (Les enfants de la Villa Emma) qui lui même est inspiré de faits réel. Les dates et les lieux de cette histoire font partie du parcours incroyable qu'on vécu ces jeunes lors de la seconde guerre mondiale. Les noms des personnages sont inventées tout comme la romance du personnage principale.
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MessageSujet: Re: La Villa   La Villa Icon_minitimeJeu 12 Juil 2018 - 16:41

Vienne, Autriche, printemps 1941

J’étais au cinéma avec mon amie Lisa. Nous avions déjà fait les quatre cents coups ensemble et celui-ci sera peut-être notre dernier, mais je ne le savais pas encore.
La dame nous dévisageait et attendais qu’on se décide a enfin acheté des billets. Tout en elle criait surement : ah, les enfants, je déteste les enfants, ils ne font que tes bêtises. Mon regard dévie sur le panneau accroché à la caisse : Juden Zutritt verboten (interdiction d’entrer pour les juifs). J’avale difficilement ma salive et achète finalement deux billets. Lisa avait payé la dernière fois et le droit me revient aujourd’hui. Elle adore le cinéma et connait les répliques de beaucoup de films.

Nous rentrons dans la salle et nous nous installions. Le film commence et Lisa est dans son élément. Elle commence à dire les répliques en même temps que l’acteur. C’est incroyable. Une dame, quelques rangées devant nous, nous demande de nous taire avec un shh. Cela ne nous fait que rigoler.

Le personnage principal du film fait la cour à sa promise. Lisa connait la suite et imite le personnage en m’embrassant.

J’ai l’impression que mon monde s’arrête. Mon cœur s’emballe et je n’entends plus que lui. Ba-boum, ba-boum, ba-boum. Je sais qu’il ne faut pas que je me fasse des idées, mais c’est trop tard. Je n’arrive pas à penser à autre chose. Ses lèvres sont douces. Oh, oh, c’est dangereux de penser cela. Elle se décale, et rigole de nouveau. Son rire … juste contagieux.

La porte de la salle s’ouvre peu de temps après. Nous n’avions pas vu qu’une fille du même âge s’était levée pour nous dénoncer. La femme de la caisse entre abruptement, et nous jette de la salle. Nous avions perdu notre envie de rire. En dehors de la salle nous attend un policier qui va nous emmener, surement, dans un camp de travail ou autre endroit abominable. Tout à coup, j’ai très peur et je n’ose pas imaginer la suite. Le policier nous escorte jusqu’à la porte, s’assure que la caissière ne nous observe pas et nous laisse partir en nous sermonnons de ne plus jamais refaire cela : nous aurions pu tomber sur quelqu’un de moi compatissant.  


Une fois de retour chez moi, je lis un livre a la table de la cuisine quand ma grand-mère commence à me gronder : « comment on peut être aussi bête ! », « Nous ne sommes plus comme tous les autres ! ». Énervez, frustrez et n’en pouvant plus je sors de la cuisine pour me réfugier dans ma chambre et pleurer toutes mes larmes de mon corps dans mon oreiller.
Ce n’est que quelques heures plus tard, calmé que je suis réveillé par mon père. Tellement contente de le voir je lui saute dans les bras pour l’enlacer très fort. Je sens qu’il est tracassé, il est distant et veut me faire part de quelque chose d’important. En effet, ses sourcils sont froncés, signe qu’il réfléchit. Après un long silence, il me dit qu’il va partir ce soir. D’abord en France, puis en Amérique.

Je saute de joie, nous allons partir en Amérique. Nous allons être libres. Je descends donc rapidement de mon lit et contourne mon père qui s’était installé sur le bord de celui-ci. Je me dirige vers mon armoire pour attraper ma valise qui se trouve au-dessus de celle-ci. Une fois fait, je la pose sur ma commode et commence à y mettre mes affaires. Mon père se lève et m’arrête brusquement. Il a l’air triste, il semble regretter sa prochaine phrase. « J’irais seul. Tu te rappelles, je t’avais parlé de Georg Bories. Je t’ai organisé un moyen de sortir de Vienne pour arriver en Palestine, la terre promise ! Une fois que je serais en Amérique et que les choses se seront calmées, je te ferais chercher. »

Je commencé à pleurer et à le supplier de m’emmener avec lui. Malheureusement, il resta campé sur sa position : je partirais demain sans lui. Cette pensée me détruisait, mais au fond de moi je savais qu’il fessait ça pour que je vive, mais à ce moment-là je ne pouvais pas encore l’admettre. J’étais trop meurtri et je sentais surement aussi que cela allait être la dernière fois que je le vois.

Le lendemain matin, ma grand-mère m’emmena à la gare de Vienne. Je ne voulais pas partir, je ne voulais pas la laisser derrière moi. Je savais que je ne la reverrais jamais. De plus, Lisa aller me manquer terriblement et y penser me fit de nouveau pleurer. Je me ressaisis, il fallait être forte devant ma grand-mère. C’était déjà assez dur comme ça pour elle, je n’avais pas besoin d’y rajouter une couche. Nous nous enlacions un moment puis elle me laissa entrer dans le train.

À l’intérieur, il y avait déjà beaucoup d’enfants, un peu tous les âges. Je remarquai immédiatement un grand brun, un peu plus âgé que moi ainsi qu’une grande brune aux yeux bruns. Elle attira immédiatement mon regard, elle avait quelque chose de mystérieux en elle. Elle était assise à côté d’une petite fille, que je suppose être sa sœur. Elle releva sa tête et non regard se sont croisé. Je ne sus pas exactement ce que reflétaient ses yeux, mais je crus y déceler de l’incompréhension, de la jalousie aussi peut-être. Je n’en étais pas sûr. Cet échange silencieux n’était pas long et la fille retourna son attention à sa sœur.

Je m’installai en face du garçon de mon âge. Il me dévisagea un moment avant de se présenter. Jacob, il me dit. Je n’en avais rien à foutre, je ne voulais pas être ici. Ma place n’était pas ici.

Tout à coup, j’entendis un coup tapé à la vitre. Je me redressai pour voir ce que c’était. Je découvris alors mon amie de longue date : Lisa. Je me précipitai hors du wagon pour la rejoindre, mais Jacob me rattrapa avant que j’aie pu poser un pied à terre. Lisa me cria de ne pas m’en aller, mais je n’arrivais pas à me défaire de la prise de Jacob, trop ferme pour moi. Je dus donc me résoudre à faire mes au revoir et lui promettre que je lui écrirais et en échange elle me répondrait.
Jacob me remmène dans le wagon et je me réinstalle. Peu, de temps après le train démarre en direction de Zagreb.
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MessageSujet: Re: La Villa   La Villa Icon_minitimeJeu 26 Juil 2018 - 22:07

Zagreb, Hongrie, avril 1941

Pour arriver à Zagreb, nous avions passé la frontière au sud de Graz. Nous avions trouvé refuge chez Josef Indig, un ami de Helga et Georg.

Georg était notre chef de groupe, il devait avoir la soixantaine et venait de devenir grand-père. Il était très gentil et s’occuper de nous tout comme Helga, dont le mari attendait en Palestine. Helga et lui étaient en quelque sorte les responsables, les adultes au milieu de tous ces jeunes.

Nous étions 40 en ce début d’aventure et nous deviendrons encore plus de jeunes. 40 enfants qui devaient être nourris et logés. Dans la cave de Josef, il y avait des matelas ou nous avons pu dormir.


Entre-temps j’avais appris le nom de la grande fille aux cheveux bruns : Tilda. Pas étonnants avec le temps que nous avions dans le train, nous avions tous fait un peu connaissance. Elle était bien là avec sa sœur.

Je pensais qu’elle ne m’aimait pas. A part ce regard dans le train, elle m’ignorait. Peut-être parce qu’elle croyait que j’étais une gamine ? Je ne sais pas. Elle est mon ainée d’un an, ce qui n’est pas énorme. J’avais 16 ans, alors qu’elle 17, et alors, je n’étais pas une gamine pour autant, si ?

Arrivé à Zagreb, je l’avais observé interagir avec sa sœur lorsqu’elle l’aidait à se déshabiller pour ce coucher. Elle était prévenante et aimée sa sœur, elle ferait tout pour elle sans aucun doute. Elle dut sentir mon regard, car elle releva la tête. Son regard en disait long, elle était énervée et il disait : pourquoi tu me fixes comme ça ? Je détournai mon regard aussitôt, je me sentis légèrement rosir et je ne savais pas pourquoi.


Quelque temps après notre arrivée, nous devions déjà repartir. L’invasion par l’armée allemande à Zagreb nous a obligés de faire nos bagages et vite. Le temps était compté, si on nous découvrait nous étions tous morts. Je ne voulais pas rester, de ce fait je décidai de m’enfuir en douche. Cette décision me fit assister à une scène dont j’aurai volontairement ne pas avoir voulu assister.

Georg était sorti pour retrouver un des garçons qui manquer à l’appelle : Max. Ce n’était pas la première fois qu’il nous causait des soucis. En sortant de notre cachette, il était tombé sur un adolescent, portant l’étoile qui le supplier de l’emmener avec lui. Avec vitesse, il lui avait arraché l’étoile de sa veste. Deux soldats allemands les avaient repérés. Le garçon eu le temps de fuir, malheureusement c’était déjà trop tard pour Georg. Il fut attrapé et trainé au sol. Je ne pu voir ses derniers instants tragiques, car Josef me prit dans ses bras pour que je ne puisse pas voir l’exécution de ce qu’aura été notre chef de groupe.

J’étais chamboulé, je tremblé de partout. Josef me remmena à l’intérieur et c’était dans la douleur et le chagrin que se fit notre départ sans Georg.
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MessageSujet: Re: La Villa   La Villa Icon_minitimeLun 13 Aoû 2018 - 19:31

Lesno Brdo, Slovénie, avril 1941

De Zagreb nous aurions dû continuer, dans le cadre de Jugend-Alija, vers Istanbul pour rejoindre la Palestine. Mais avec l’invasion de Zagreb par les Allemands, le chemin était bloqué. Notre fuite nous amena ensuite dans le sud de la Slovénie, partie annexée par l’Italie, dans un pavillon de chasse délabré.

On nous avait promis une villa, mais c’était tous sauf cela. Il y avait des trous partout et même pas de lit. Nous étions déçus, mais à quoi fallait-il s’attendre lorsqu’on était en fuite ?

Nous nous étions organisés, mais il y avait une certaine tension chez les adultes et nous étions rarement rassasiés, mais nous avions de nouveau des cours. Marc Locky s’était joint à nous et les différends régnaient entre lui et Josef.


Je m’étais aussi énormément rapproché de Tilda, la grande fille brune. C’était assez complexe entre nous, d’abord elle me déteste puis elle fait un mouvement pour se rapprocher.


À l’arrivée dans le pavillon de chasse, nous étions cordiales l’une envers l’autre et rien de plus. Elle, comme tous les autres enfants savaient que je ne voulais pas être ici, que je voulais rejoindre l’Amérique, ou plus précisément mon père que j’espérais être là-bas ! C’est donc lors d’un cours de palestinographie (la géographie de la Palestine) avec Josef qu’il y eut notre premier différend. Je ne voulais plus être ici, et elle m’attaqua.

« Si tu vas en Amérique, tu nous trahis. C’est la Palestine, notre terre promise ! Tu ne fais même pas partie de nous. Tu n’es pas comme nous ! »

Ses phrases m’avaient fait mal et je sortis de cette salle où j’étouffais. Josef me courra après, mais il ne pourra pas m’aider. C’est dans les bras de Helga que je retrouvai un peu de réconfort.


Ce n’est que quelques jours plus tard, que le premier rapprochement se fit. Il était tard, nous étions déjà dans nos lits. Eh oui, Locky avait réussi à nous dénicher des lits. Elle se rapprocha de moi et me demanda si cela allait. En effet, j’étais en train de pleurer, toute cette situation me pesait. Mon père, ma grand-mère me manquait et en plus l’évènement dans la salle de classe m’avait retourné. Je lui répondis que non, que ça n’allait pas. Que je n’en pouvais plus, comme beaucoup d’autres, je suppose. Elle m’assura qu’elle comprenait et qu’elle était désolée pour ce qui était arrivé. Qu’elle n’avait pas pu s’en empêcher ! Je ne compris pas ce qu’elle voulait dire, mais je n’insistai pas. Je voulais passer de l’avant et j’acceptai donc ses excuses.


Les journées passées, les tensions étaient toujours présentes chez les adultes. Ils essayaient de ne pas le faire remarquer, mais nous les plus âgés n’étions pas aveugle, ni sourd.

Josef se demandait comment payer le loyer, comment avoir les certificats pour passer la frontière, etc. Il n’avait que des problèmes, mais essayer de ne pas nous le faire savoir.

Avec Tilda, nous étions devenus inséparables. Je sentais Jacob jaloux : il désirait avoir la même attention que celle que j’avais pour Tilda. Cette pensée s’accentua un soir où l’on avait mis de la musique. Nous dansions et nous nous amusions. Jacob voulu juste m’invitait à danser lorsque Tilda prit ma main pour m’entrainer sur la piste de danse.

Je ne savais pas trop ce qui se passait, mais cela fut un moment magique. Je n’avais jamais ressenti pareille émotion en présence d’une autre personne. Mon cœur tambourina très fort dans ma poitrine, que j’étais presque certaine que Tilda l’entendait. C’était comme si en ce moment, il n’y avait plus que nous deux. En plus de cela, elle me regardait comme si j’étais la huitième merveille du monde. On ne m’avait jamais regardé ainsi. Surtout que c’était la première fois que je comprenais ce que disait son regard. La première fois qu’il avait une telle intensité.


Je ne pus m’empêcher de l’entrainer en dehors de la salle, en dehors du pavillon, dans un endroit calme ou personne ne nous dérangerait. Je ne savais pas trop ce que je ressentais, mais je savais que personne n’avait à le savoir et qu’il y avait une grande chance qu’elle ressente pareil.

Elle avait compris que je voulais aller à un endroit calme, car elle prit la relève et nous conduisit à un endroit que je n’avais jamais remarqué : une petite hutte abandonnée. Mon cœur battait de plus en plus vite. Plus on se rapproché, plus il manqué de sortir de mon corps. Je risquais quelques coups d’œil vers Tilda, elle paraissait tout aussi nerveuse. Mais aucune de nous ne pipa un mot, l’excitation était trop grande.

Nous atteignîmes la hutte, elle avança sa main et ouvrit la porte. Une fois à l’intérieur, elle me plaqua doucement, mais fermement contre le mur. Je fus dans un premier temps surpris, mais un sourire se dessina tout de même sur mon visage. Je ne pus m’empêcher de dire :
- J’adore quand tu prends les choses en mains. Tu es incroyablement belle lorsque tu le fais.
- Ah oui ? Elle se rapproche dangereusement de moi. Son souffle caresse mon visage, je n’ai qu’une envie : qu’elle en finisse, qu’elle ferme l’espace entre nos lèvres… qu’elle m’embrasse.
- O…Oui… je gémis lamentablement, à sa merci.


C’est à ce moment qu’elle décida de se rapprocher encore plus. Son corps était collé au mien, ses lèvres qu’à quelques centimètres des miennes. Je ne tenais plus en place. Je la voulais. Je voulais sentir ses lèvres sur les miennes.

Tout à coup, un tourbillon d’émotion me percuta. Les papillons dans mon ventre s’exaltaient et je ne pouvais que soupirer d’aise. Elle venait de poser ses lèvres sur les miennes et c’était la sensation la plus agréable qui soit, la sensation du siècle. Je m’accrochais à elle de toutes mes forces. Mes mains vinrent se caler dans son dos et je la rapprochai le plus possible de moi. Nos lèvres se mouvaient encore et encore dans un ballet sensuel. Elle agrippa mes cheveux avec sa main gauche et ça ma droite vint se lover dans le bas de mon dos. Le baiser s’intensifia encore lorsque j’ouvris un peu ma bouche. Sa langue se faufila et un nouveau ballet commença. Ce n’est qu’à bout de souffle que nous nous séparâmes, pour nous retrouver juste après dans un nouveau baiser.

Je ne sais pas combien de temps cela avait durait, mais c’était un moment magique. Après un énième baiser, nous nous séparâmes à nouveau. Il fallait en parler. Nous éprouvions tous les deux une attraction sans borne pour l’autre. Elle m’avoua que la première fois que nos regards se sont croisés, elle avait senti une boule au creux de sa gorge et des papillons au creux de son ventre. Et c’était la raison pour laquelle, elle était si exécrable avec moi au premier abord : elle ne voulait pas ressentir cela. Je lui répondis que j’avais ressenti pareil, mais qu’à ce moment-là, je n’avais pas compris. Je n’avais pas compris que j’étais tombée irréparablement amoureuse d’elle. Ce ne sont que les regards volés, mes questionnements et mes doutes qui m’avait permis d’ouvrir les yeux.

Ce n’est que de longues minutes plus tard que nous regagnions la fête et les autres enfants. La seule personne ayant peut-être aperçu notre disparition est Jacob, mais il ne fit aucun commentaire.


Les mois passés, l’entente dans notre groupe devenait de mieux en mieux. Nous étions une grande famille. Une grande famille qui devait se cacher, mais qui s’amuser quand même.

De l’extérieur, Tilda et moi étions de très bonnes amies. Mais entre nous, c’était tout autre. Nos moments intimes n’étaient pas très fréquents, mais d’une intensité inimaginable. Nous étions très proches. Nous faisions tout pour aider les plus jeunes.

J’ai dû assister à une conversation qui m’avait rappelé que je n’avais pas de nouvelles de mon père ni de ma grand-mère. Maya, une petite fille qui avait à peine 7 ans, était devenue la petite sœur que je n’avais jamais. Sa mère l’avait confié à Georg et Helga le jour du départ de Vienne. Ce n’est qu’avec un stratagème qu’ils avaient réussi à la faire lâcher sa mère. Depuis je m’occupais d’elle.

Un beau jour de juillet, j’étais assise avec elle dans l’herbe pas loin du pavillon et lui raconta une de mes histoires inventées qu’elle aimait tant. J’ai aperçu Helga venir vers Locky et Josef, la mine grave. Je sus tout de suite qu’elle apportait une mauvaise nouvelle. Et j’avais raison, la mère de Maya était décédée en camp de travail. La seule chose que j’ai pu faire à ce moment était de couvrir les oreilles de Maya, encore trop jeûne pour entendre et surtout comprendre une telle vérité.

Cela m’avait chamboulé. Ce n’était pas la première situation extrême à laquelle j’assistais. La guerre nous avait tous fait grandir. Trop vite. Nous n’étions plus les enfants innocents que nous aurions dû être. Non. Nous étions des enfants en fuite. Des enfants qui se battaient pour leur survie. Des enfants qui ne verront plus jamais leur parent. Des enfants dont les parents auront tout fait pour les mettre en sécurité.

À ces pensées, mon cœur s’était serré et je m’étais levé avec Maya pour rejoindre l’intérieur du pavillon et les autres enfants. Au moins ensemble, nous essayions de penser à autre chose qu’à cette cruauté
.
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MessageSujet: Re: La Villa   La Villa Icon_minitimeSam 25 Aoû 2018 - 19:40

Juillet 1942

Quelques garçons avaient réussi à faire fonctionner la radio. Cela nous avait permis d’écouter les informations, qui n’étaient pas bonnes, mais aussi de la musique. La musique nous aidait à supporter toute cette souffrance. Tout comme les jeux et les activités que nous faisions tous ensemble.

Nous jouions à la chaise musicale. Nous devions marcher autour des chaises pendant que la musique était diffusée. Lorsqu’elle s’arrêtait, il fallait s’assoir. Celui qui ne trouvait pas de chaise était éliminé du jeu.

Un des garçons, Marco, s’occuper de la musique. Marco était sur une chaise, et tenait l’antenne à bout de bras. Helga et Josef étaient près de la radio et faisaient attention que rien ne dégénère.

La musique s’arrêta et Max fut éliminé. Elle reprit puis s’arrêta de nouveau. Tilda et moi nous retrouvions sur la même chaise. Galamment, je lui laissai ma place.

Tout d’un coup, il y a un grand bruit et Josef nous presse à l’intérieur du bâtiment. À l’abri à l’étage, nous entendons des soldats rentrés dans le pavillon et parler avec Josef. Il leur fit comprendre que nous étions que des charpentiers et rien d’autre. Mais les soldats semblaient chercher quelqu’un : un partisan. Le plus gradé descendit à la cave, Josef le suivit et découvrirent Max, Yan et Michel. Josef essayait de le convaincre qu’il n’y avait rien, ni personne ici, que nous étions que des charpentiers. Finalement, c’était lorsque Michel avait vomi sur les chaussures du haut gradé qu’il se décida de partir.

J’appris plus tard que Michel n’avait vomi que parce qu’il était écœuré par la blessure du partisan, caché à cet instant dans l’armoire. Ce qui lui avait sauvé la vie.

Cet épisode était notre signal de départ. Il était temps de quitter les lieux et de reprendre notre aventure… qui nous mena en Italie.
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MessageSujet: Re: La Villa   La Villa Icon_minitimeDim 9 Sep 2018 - 14:10

Nonantola, Italie, juillet 1942

Face à la situation précaire en Slovénie, l’organisation DELASEM décida de nous aider à regagner l’Italie.


Nous avions donc repris le train et étions arrivés le 17 juillet 1942 à la gare de Nonantola en Italie. Le chemin vers notre nouvelle résidence se passa dans l’appréhension. L’euphorie était énorme à notre arrivée. Nous étions submergés par la grandeur de cette bâtisse qui allait nous abriter. C’était une villa. Une vraie villa. Et elle s’appelait Emma. Nommé après la défunte femme du propriétaire. C’était un bâtiment palatial avec 46 chambres. DELASEM l’avait loué pour nous.


Le soir, nous allions tous manger dans un restaurant pour fêter notre arrivée. C’est à ce moment-là que nous apprîmes que Umberto Morali avait été nommé directeur de la villa. Et que les sorties étaient dorénavant interdites. Ce qui énerva un grand nombre d’entre nous qui aurait préféré avoir le droit de sortir et avoir Josef à ce poste. Le vacarme qui avait suivi avait fait fuir Josef. La plupart d’entre nous ne comprenaient pas que, ce n’était pas un jeu. Mais que c’était la réalité. Une réalité ou nous étions encore en vie et cela nous le devions aux règles qui avait était instauré par nos leaders. Nous étions des enfants, des adolescents et ces règles nous permettaient de survivre au monde extérieur.

Josef enfui, c’était Jacob qui fit reprendre le sérieux aux fauteurs de trouble. La situation était tendue et j’en avais profité pour me glisser discrètement aux toilettes en entrainant Tilda avec moi. Ce n’est qu’après de longues minutes et une séance de bécotage plus tard que je me s’entai plus légère.


Grâce à l’aide de la DELASEM, la situation était mieux qu’en Slovénie. Nous avions plus de ressources matérielles et même avec le rationnement il n’y avait pas encore de manque de nourriture.


La vie était belle, si l’on peut dire, d’une certaine façon. Nous nous étions établis, chacun jouait un rôle dans cette survie. Les villageois de Nonantola étaient très sympathiques et nous avaient accueilli les bras ouverts.

Tilda et moi vivions notre relation en cachette et profitions des soirées en tête à tête.

Les mois passés et en avril 1943 un autre groupe, de 33 enfants, arriva de Split (Croatie) à la villa. Ils avaient réussi à fuir de la poursuite des Oustachis, en d’autres mots les insurgés, un mouvement séparatiste croate et antisémite. Ils avaient pris le pouvoir en Croatie en 1941 avec le soutien de l’Allemagne et de l’Italie.


Dans les premiers mois à la Villa, nous recevions les dernières lettres de nos proches. Ma dernière lettre de Lisa. Ça m’avait ébranlé. Je ne recevais plus de réponse.

Quelques mois après l’arrivée des nouveaux, Mussolini tomba. Le 25 juillet 1943 avait été un jour de joie et un jour de fête. Nous l’avions entendu à la radio et nous ne pouvions pas faire autrement que de nous réjouir. De nombreux villageois s’étaient rassemblés sur la place principale et nous fêtions ensemble la fin du fascisme.

Nous rions, dansions et chantions.


Una mattina mi sono svegliato
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Una mattina mi sono svegliato
E ho trovato l'invasor

O partigiano portami via
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
O partigiano porta mi via
Ché mi sento di morir

E se io muoio da partigiano
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
E se io muoio da partigiano
Tu mi devi seppellir

E seppellire lassù in montagna
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
E seppellire lassù in montagna
Sotto l'ombra di un bel fior

E le genti che passeranno
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
E le genti che passeranno
Mi diranno: che bel fior

È questo il fiore del partigiano
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
È questo il fiore del partigiano
Morto per la libertà.
Un matin, je me suis réveillé
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Un matin, je me suis réveillé
Et j'ai trouvé l'envahisseur

Oh partisan emmène-moi
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Oh partisan emmène-moi
Car je me sens mourir

Et si je meurs comme un partisan
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Et si je meurs comme un partisan
Tu devras m'enterrer

Et m'enterrer là-haut dans la montagne
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Et m'enterrer là-haut dans la montagne
Sous l'ombre d'une belle fleur

Et les gens qui passeront
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
Et les gens qui passeront
Me diront « Quelle belle fleur »

C'est la fleur du partisan
O bella ciao, bella ciao, bella ciao ciao ciao
C'est la fleur du partisan
Mort pour la liberté.


La journée avait été un vrai succès et c’était épuisé que nous avions rejoint nos lits.


Josef et Helga étaient au courant des meurtres massifs et des camps d’extermination. Ils savaient donc ce qui nous arriverait si l’Italie venait à être occupée par les Allemands.

Ce n’est que quelques mois plus tard, en septembre, que le drame commença. Tout fut organisé, planifié sans aucune hésitation. Le médecin, qui était souvent à l’infirmerie avec le prêtre, réussit à héberger une partie des enfants, les garçons, dans l’abbaye de Nonantola. Les filles furent hébergées chez des nones, car leur présence dans les séminaires, qui étaient pour des futurs prêtres, était contre la règle. Les plus âgées des filles et des garçons, ainsi que les accompagnateurs furent réparties, grâce à la popularité du médecin et du prêtre, dans des familles natives, qui malgré les risques qu’ils pourraient rencontrer les hébergèrent.

De cette manière, Tilda et moi nous retrouvâmes dans la même famille. Caché. Encore une fois des Allemands qui venaient d’envahir l’Italie.
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