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 Vampires et sangs-pourpre - Atropine

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YulVolk
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MessageSujet: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:16

Pseudo de l'auteur : Atropine

Nombre de chapitres : 17

Rating de l'histoire : NC13
Genre de l'histoire : Fantastique, thriller

Résumé de l'histoire :

Amnésique depuis le grave accident qui avait coûté la vie à ses parents, Julie était en proie à un sentiment de vide si intense qu’il la poussa derrière la rambarde d’un pont …
Mais au moment où son corps meurtri allait s’enfoncer à jamais dans les eaux glacées, une main blanche et puissante s’accrocha à son poignet et la ramena sur la terre ferme.
Qui était donc cette reine de la nuit au regard envoutant et à la force surhumaine qui venait de la sauver d’une mort plus que certaine ? Et pourquoi avait-elle cette nette impression de l’avoir déjà connue dans une autre vie?



Terminée et Corrigée
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:17

Prologue

Assise sur le carrelage glacé de sa cellule, la condamnée attendait patiemment que les rayons de soleil viennent une dernière fois lui caresser le visage. Elle n’appréhendait pas la mort, elle l’attendait de pied ferme et voyait même comme un soulagement les heures qui défilaient et qui la rapprochaient de celle qui la délivrerait enfin de cette enveloppe corporelle dont elle n’avait plus que faire. Sa seule inquiétude était de se retrouver en enfer, non pas par crainte des flammes et des démons mais par peur de ne pas y retrouver sa bien-aimée.
Il l’avait assassinée et elle s’était vengée… Était-ce un péché ? Sans doute puisqu’elle avait tué… Mais son fiancé, ce meurtrier, lui qui l’avait privée de la personne la plus précieuse à ses yeux, lui qui l’avait menacée, et qu’elle avait dû épouser sous peine de condamner le reste de sa famille au même sort que sa chère Pauline, méritait-il de profiter plus longtemps de sa vie humaine ?
Pourquoi ne s’était-elle pas tout de suite suicidée, comme elle y avait d’abord songé ? Mais alors, voyant qu’elle n’était plus, ne se serait-il pas attaqué à d’autres jeunes filles ? Et d’ailleurs le suicide aussi était un péché, le meurtre de soi… Alors n’aurait-elle pas échoué en enfer de la même façon qu’après l’avoir tué ?
Pauline, était-elle vraiment au paradis finalement? Il lui disait que leur amour était un péché, une insanité… Son amante aurait-elle payé pour l’avoir aimée?
Mais ne trouverait-elle pas le paradis en enfer si elle y retrouvait sa dulcinée ? Car pour elle l’enfer était d’être loin de l’être aimé.

L’esprit embrumé par son ignorance face à des questions auxquelles nul humain ne pouvait répondre, elle ne remarqua pas la chauve-souris qui s’engouffrait à travers les barreaux de fer. Un oiseau de nuit, qui bien vite prit une forme humaine, même si elle n’avait d’humaine que l’apparence. Avec effroi, elle reconnut alors son frère qu’elle croyait enterré depuis des années !
-Je suis venu vous délivrer, ma sœur préférée. Jamais je ne laisserai votre si jolie tête rouler sous la guillotine…Je vais vous offrir ce à quoi chaque humain aspire…

Elle n’eût le temps ni de crier ni de rétorquer, car déjà elle sentait des canines acérées pénétrer à travers la peau si fine et si fragile de son long cou immaculé…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:18

Chapitre 1

Une nuit de mai, dans un sombre recoin d’un cimetière abandonné, une silhouette élancée et inquiétante ombrageait la petite tombe délaissée sous le saule vieillissant. Aveuglée par une tristesse aussi envahissante que dolente, elle ne remarqua pas le vampire qui, sans bruit s’approchait d’elle avec la démarche d’un félin.
En lui effleurant l’épaule, il prononça son nom de sa voix de velours, douce et calme malgré une certaine irritation :
-Valentine, que faites-vous encore ici ? … Nous avons à faire… Et puis dans quelques heures il fera jour, vous savez qu’il est dangereux de nous attarder…
-Je ne peux, répondit la vampire en se tournant vers son frère, laissant transparaître dans ses yeux émeraudes toute la détresse qui emprisonnait son âme, une détresse qui pourtant aurait dû s’être déjà envolée depuis bien longtemps.
-Aujourd’hui, mon cher frère, cela fait 150 ans qu’elle nous a quittés et malgré tout, le temps n’a pas apaisé mon esprit torturé… Je ne viens ici qu’une fois dans l’année, mais combien de fois dans la journée je ne pense à ma bien-aimée ! 150 ans ont passé et pourtant mes sentiments à son égard demeurent. Comment pourrais-je alors supporter l’éternité ? Je n’ignore certes pas que c’est à vous que je la dois, et que cela vous ferait beaucoup de peine de me voir vous quitter… Ma vie fut un échec que ma mort ne rattrape point… Un jour, je ne pourrai plus, Charles, un jour viendra où je me laisserai partir…
Valentine s’était tue, baissant ses yeux scintillants vers le sol caillouteux.
Le dénommé Charles ne fut pas long à réagir :
- Ne prononcez pas ses mots si blessants. Je peux certes admettre que cette date vous est pénible, mais ressaisissez-vous à présent ! Un vampire ne se donne pas une mort qu’il a déjà obtenue ! Un vampire ne se laisse pas aller à des sentiments si extrêmes ! Pensez-vous vraiment que l’enfer vous sera plus agréable ?
-Non mon frère, mais la souffrance qui m’y sera infligée m’aidera peut-être à moins songer. Oh comme il est difficile de savoir que jamais plus je ne la reverrai !
Belle Pauline, douce Pauline, reprit-elle en levant majestueusement la tête vers le ciel sombre et brumeux… Vous êtes sans doute au paradis. Me voyez-vous de votre nuage blanc ? Percevez-vous la tristesse de celle qui pour vous aurait tout donné ? Songez-vous avec regrets aux belles années que nous avons eu la chance de partager ?
-Cessez ceci ma sœur, cela ne fait qu’attiser votre souffrance ! Accompagnez-moi donc en ville. Nous trouverons un humain à votre goût et sentir son sang lentement couler dans votre œsophage vous aidera à vous remettre. Venez donc, Valentine !
-Pauline aussi était humaine… Charles, siffla-t-elle en transperçant son frère d’un regard des plus irrités, cela fait plusieurs décennies que j’ai cessé de tuer. Combien de fois devrais-je vous le répéter ? Je me contente du sang mort et cela est mieux ainsi. Allez tuer qui vous voudrez, mais laissez-moi donc en paix. Je vous rejoindrai à l’entrée de la forêt lorsqu’il sera l’heure de partir. Mais ce soir, j’ai besoin de solitude…
- Quelques litres de sang vivant et pur vous feraient pourtant le plus grand bien, ma chère sœur, bougonna le jeune vampire. Je suis entouré de faux vampires… Elisa, je puis encore comprendre que l’envie lui ai passé au bout d’un millénaire, mais nous, nous sommes encore si jeunes... Et puis faites selon vos désirs, mais soyez dans la forêt à temps. Je suis votre créateur et vous savez comme moi qu’à tout instant, je puis vous retrouvez où que vous soyez…

Dans la petite capitale du Luxembourg, dans les profondeurs du Grund, au fond d’un bar sombre, bruyant et enfumé bien qu’assez peu fréquenté, assise seule devant la table en bois dépoli, une jeune fille scrutait tristement son verre de vodka déjà presque vide. C’était le troisième qu’elle avait commandé, et pourtant, l’alcool n’avait fait que rehausser sa langueur. Une brûlure, un couteau qui traversait son cœur, une sensation de constriction, l’écrasement, avant qu’à cette saisissante angoisse ne succède le vide, le néant, et puis enfin, l’incompréhension à cette détresse dont elle ignorait l’origine, mais possiblement due à la perte de ses origines.
Cela faisait maintenant presque un an que c’était arrivé… Cet accident, un terrible accident dans lequel elle a tout perdu : ses parents, ses deux frères, sa mémoire et son passé ; dix-neuf ans de vie oubliés, perdus peut-être à tout jamais dans des méandres neuronaux déconnectés. Recueillie par un oncle, sa femme et une cousine, le temps aurait pu l’aider à se remettre et à refaire une nouvelle vie, une vie agréable et tournée vers l’avenir. D’où lui venaient alors cette douleur cette tristesse, ce manque, cette permanente impression d’avoir perdu son âme, sa moitié ? Pourtant il ne s’agissait pas des membres de sa famille qu’elle ne reconnaissait même pas sur les photos qu’on lui avait montrées.
Si sa cousine, Marie-Claire, ne lui avait pas parlé de son passé, elle penserait s’être trompée de famille, tant tous ces visages lui paraissaient étrangers. Il était étonnant, par ailleurs, qu’elle ne figurait sur aucune de toutes ces photos…
Pendant un an, elle s’efforça pourtant de se complaire dans sa nouvelle vie, mais cela ne fut qu’échec et souffrance... Elle se sentait ailleurs, abandonnée malgré la bienveillance de sa famille. Les seuls liens qu’elle avait gardés avec son ancienne existence étaient ses incessants cauchemars qui hantaient ses nuits agitées.
Ce cauchemar, toujours le même…
Elle voyait une jeune fille, une silhouette fine et élancée avec des longs cheveux bruns qui virevoltaient sur ses hanches, au rythme d’une merveilleuse mélodie tout droit sortie du violon que cette beauté tenait. Elle essayait de la rejoindre, mais elle fuyait en dansant avec la grâce d’une flamme, puis disparaissait dans des tourbillons embrumés. Puis soudain, la musique cessait, laissant place à des hurlements, des hurlements d’enfant. Sa vue se brouillait, et elle tombait dans un long tunnel obscur avant d’atterrir dans une cave, une cage dans une ambiance effrayante à l’atmosphère maléfique… Une nouvelle silhouette s’approchait d’elle avec dans la main une espèce de gigantesque canine… Ce monstre avait des allures de quelqu’un qui lui était familier, mais elle ne pouvait le reconnaître. Elle avait peur, elle pleurait, elle se débattait, puis soudain son petit corps était envahi par un froid tellement intense qu’il paralysait tous ses membres et enfin elle se réveillait, tremblante et perdue tant ce rêve lui avait paru intense et réel…

Mais à présent, elle ne pouvait plus supporter et depuis un mois une solution s’était dessinée dans son esprit, LA solution, unique, définitive, effrayante et sans retour. Un dernier recours certes radical, mais qui tairait ses souffrances à jamais. Elle pensait peut-être aussi pouvoir les rejoindre, eux, ses parents dont elle avait même oublié le nom... Et peut-être d’autres personnes, cette part d’elle-même qui semblait s’être volatilisée… Ou bien il n’y aurait plus rien, mis à part ce vide comme celui dans lequel elle vivait depuis un an, avec néanmoins l’avantage qu’elle n’en serait pas consciente.
Balayant une dernière fois la pièce du regard, elle décida qu’il était temps de partir. Se dirigeant vers la porte, elle fixa une dernière fois tous ces visages inconnus, un dernier regard sur cette vie humaine qui n’aurait que trop peu duré. Elle ouvrit alors la porte d’un geste décidé ; elle avait fait son adieu à la vie…
C’était terminé, elle savait où aller, ce pont, cette rambarde insécurisée qui l’attendait, ne demandant qu’à être franchie par ceux qui n’ont plus goût à la vie…

Après le départ de son frère, Valentine n’était demeurée qu’une heure de plus dans le cimetière désuet. Elle avait ensuite ressenti le besoin de voler, de se rapprocher du ciel étoilé qui retenait sans doute l’âme angélique de celle qu’elle avait aimée… Pauline…

Elle y était, devant cette rambarde, cette rambarde qui garderait ses dernières empruntes, les empruntes d’une personne vidée, un futur fantôme après une vie transparente…
Alors que ses jambes se hissaient au-dessus de la barrière, elle ne remarqua pas le petit animal aux larges ailes qui la fixait intensément de ses yeux perçants.

Reprenant instantanément sa forme humaine, Valentine due se retenir à la rambarde pour ne pas défaillir. Ces yeux d’un bleu sombre et pur, ces larges boucles blondes qui flottaient au vent, ces lèvres rouges contrastant avec la pâleur de son fin visage de poupée, ses joues parsemées de quelques discrètes tâches de rousseur, ce haut front et ce petit menton à l’ovale si joliment dessiné.., la pureté, la beauté d’un ange humanisé… Pauline…

Ses deux mains s’agrippaient au bois rugueux, ses yeux se concentraient sur les vaguelettes sombres et effrayantes de l’eau souillée, son cœur battait à tout rompre, son souffle se faisait haletant, tandis que tout son corps penchait dangereusement vers l’avant…
Ses paupières se fermèrent pendant que son esprit fatigué lui dictait ses dernières pensées : « compte jusqu’à trois et tu sautes…un…deux… »
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:19

Chapitre 2

C’était fini, elle l’avait fait, elle avait lâché la rambarde et sentait à présent son corps léger fendre l’air frais, de plus en plus vite, de plus en plus près de l’eau glacée...
Mais il ne l’atteint jamais…
Une main ferme et inébranlable venait de s’agripper à son poignet, interrompant son inexorable chute. Elle sentit alors son corps se soulever et ses jambes reprendre possession de la terre ferme. Ce ne fut qu’à ce moment-là qu’elle osa ouvrir les yeux pour regarder la personne qui venait de la sauver.
Ce ne fut pas tant l’inégalable force mais plutôt l’extrême beauté de cette femme qui l’intrigua. Envoutante était le mot qui paraissait le plus approprié pour la définir. Un visage fin, des traits si réguliers qu’ils ressemblaient plus à ceux d’une inaccessible divinité qu’à ceux d’une humaine, une peau sans défaut, une pâleur de porcelaine mise en valeur par des longues mèches brunes et soyeuses qui dansaient autour d’elle au rythme du vent alors que ses fines lèvres roses et closes restaient de marbre, lui donnant une expression impassible qui ne laissait rien transparaitre de son âme, la tranquille assurance d’une figure mythique.
La splendeur de la perfection.
Pourtant, malgré son indiscutable supériorité, aucune indifférence ne ternissait ses yeux étincelants alors qu’ils se plongeaient dans le regard bleu foncé de l’humaine pour sonder l’intérieur de son âme.
Muette et paralysée, comme si un étrange sort s’en était pris à ses cordes vocales et à l’ensemble de sa musculature à l’exception de son cœur qui battait comme jamais, la jeune fille était fascinée.
Les secondes passaient, puis les minutes, elles n’avaient toujours pas bougé. Les longues mains immaculées du vampire toujours posées sur les épaules mi-dénudées de la jeune innocente troublée et pétrifiée y seraient peut-être restées encore plus longtemps si cet étrange échange n’avait pas été interrompu, par la lumière éblouissante d’un phare et le bruit rauque d’un moteur usagé. Un sursaut, une décharge électrique parcourut leur échine. Valentine se leva alors brusquement et sa gracieuse tête se tourna vers l’élément perturbateur.
« Elle est si grande, pensa la jeune humaine admirative, je me sens ridicule avec mon mètre 59 »
Rougissant et se demandant d’où lui venaient de telles pensées, elle se ressaisit soudain et se releva rapidement pour rejoindre sa déesse qui s’était éloignée de quelques pas
-Je… excusez-moi, commença-t-elle d’une voix mal assurée, je suis désolée… je suppose que je dois vous… vous remercier non ? Enfin vous m’avez sauvé la vie malgré…
La vampire se retourna vers elle, mais ne répondit pas, la laissant à son monologue alors qu’elle continuait de la scruter avec toujours la même expression pénétrante et dominante.
L’humaine rougit de nouveau, sentant le ridicule monter en elle.
-Bon, je… je ne vais pas vous déranger plus longtemps je… j’ai déjà assez pris de votre temps. Bon merci, je… j’espère ne plus recommencer mais, c’était plus fort que moi… Bon je vais y aller hein ? Bonne soirée.
Son interlocutrice ne répondait toujours pas et elle s’éloigna de quelques pas. Mais tout comme quelques instants auparavant dans d’autres circonstances, des longs doigts blancs vinrent se fermer autour de son poignet, et une force surhumaine la fit virevolter, l’obligeant à faire face à l’extraordinaire beauté.
Une nouvelle fois troublée, incapable du moindre geste, elle ne parvient même plus à baisser la tête pour éviter son regard ensorcelant.
C’est alors que pour la première fois, une ébauche de sourire vient se dessiner sur les fines lèvres de la vampire, qui s’approcha encore un peu de la jeune fille.
Elle daigna enfin laisser entendre le son de sa voix, une voix lointaine, mystérieuse et légèrement chantante, la voix d’une sirène :
-Comment une si jolie fille telle que vous peut-elle être désespérée à ce point ? A votre âge, la vie ne fait que commencer …
« Elle m’appelle une jolie fille, elle ne le pense pas, c’est impossible, par rapport à elle je ne suis qu’une minable, et puis en plus c’est une très belle femme, elle doit être mariée, c’est sûr ou elle a quelqu’un, et puis pourquoi je pense ça, moi, c’est une fille, depuis quand je m’intéresse aux filles ? » pensa l’humaine alors que de nouveau ses joues rosissaient.
-Euh, bredouilla-t-elle alors, je ne sais pas moi-même,… Je… je me suis égarée, une accumulation de choses et d’autres… Peut-être ma vie ne me convient plus. Mais… mais je ne veux pas non plus vous déranger, je... je vais essayer de rentrer, de ne plus trop y penser et tout rentrera dans l’ordre, enfin j’espère, ajouta-elle tout en essayant de s’éloigner.
Mais ce ne fut pas dans les intentions de Valentine qui continuait de la maintenir auprès d’elle grâce à une sorte de force invisible et magique. Elle était si proche que l’humaine pensa presque que la déesse allait poser ses fines lèvres sur les siennes, mais il n’en fut rien.
-Vous pouvez m’appelez Valentine, murmura la vampire.
Valentine… Il était étrange comme ce prénom lui était familier…
Elle trouvait qu’il lui allait à ravir et si elle avait dû le deviner, elle n’en aurait pas trouvé d’autre. Valentine de Valini… Mais pourquoi ce nom lui venait soudainement à l’esprit ? Ses yeux bleus fixèrent à nouveau ce si beau visage… Elle était toujours aussi admirative, mais il y avait quelque chose de différent, quelque chose qui allait bien au-delà de sa précédente fascination. Une impression de déjà vu, de familiarité, comme son prénom, comme si elle avait déjà croisé dans une autre vie cette somptueuse personne, mais sous une autre forme. Une pensée irrationnelle, mais dont elle ne pouvait se détacher…
-Tout va bien mademoiselle ?
-Euh… Oui, excusez moi, se reprit la jeune fille, la… la fatigue sans doute… Euh enchantée Valentine ! Moi, c’est Julie.
- Julie, si vous permettez que je vous nomme ainsi, je vais vous ramener chez vous, lui répondit son héroïne. D’une certaine façon, nous sommes liées maintenant et je ne voudrais pas que vous récidiviez. Vous ressemblez de façon surprenante à une personne chère à mon cœur, aujourd’hui disparue sans que je n’aie pu faire quoi que ce soit pour la sauver. J’aimerais pouvoir vous convaincre de demeurer dans le monde des vivants...
-Je… je vous remercie, ma voiture est un peu plus loin.

« Pourquoi donc parlait-elle ainsi, comme si elle appartenait à une autre époque », pensa Julie alors qu’elles se dirigeaient silencieusement vers la voiture de cette dernière. Mais pourquoi cette diction si particulière lui semblait si naturelle dans la bouche de celle qui venait de la sauver ?

Bien qu’elle ait su beaucoup mieux le cacher sous le masque inexpressif qu’arborent si facilement les vampires, Valentine était à cet instant tout aussi perturbée. La jeune Julie ressemblait en tout point à sa Pauline. Les décennies n’avaient pas effacé de ses souvenirs l’image de celle qu’elle aimait et elle aurait encore été capable de décrire chaque parcelle de sa peau, chacun de ses traits, et de reconnaitre la moindre de ses mimiques.
Il était si déconcertant de tomber nez à nez avec cette humaine qui partageait non seulement le physique de sa bienaimée disparue mais aussi sa voix, ses expressions et ses gestes !
Comment cela se pouvait-il ?

Alors que Julie s’apprêtait à ouvrir la portière de la vielle Audi que son oncle lui avait cédée, Valentine saisit encore son poignet, mais son geste était beaucoup moins brutal que précédemment, un geste doux et attentionné, comme pour ne pas l’abimer. Julie frémit au contact de sa peau et rougit encore en imaginant les lèvres brûlantes de sa sauveuse se pencher vers les siennes.
« Mais qu’est-ce qui m’arrive encore ce soir ? C’est l’alcool qui me fait cet effet ? Songea-t-elle ? Je suis en train de devenir dingue ! »

La vampire ne laissa rien transparaître de son propre trouble et préféra changer de sujet.
-Aimez-vous la musique, Julie ?
Déroutée par cette question incongrue, la jeune fille mit quelques instants à répondre :
-Euh oui, enfin ça dépend laquelle. Pourquoi ?
Valentine sortit de la poche de sa longue robe noire un carton.
-Demain soir, je donne un concert à l’opéra de Luxembourg. Je serais heureuse de vous y inviter, dit-elle en tendant le carton à la jeune fille. J’aimerais beaucoup vous revoir.
- Moi aussi ! répondit Julie un peu trop précipitamment. Euh… enfin je veux dire, merci beaucoup pour cette place.

Quelques minutes plus tard, le véhicule disparaissait au coin de la rue tandis qu’un bel animal nocturne planait au-dessus de lui…

Alors qu’elle éteignait sa lampe de chevet, Julie remarqua brusquement que depuis plus d’une heure, ses angoisses s’étaient apaisées. Pourtant sa détresse interne, responsable de ses idées suicidaires, ne lui avait laissé que peu de répit ces derniers mois. Était-ce la perspective d’une mort aussi imminente qu’inexorable qui avait apaisé son esprit ? Ou était-ce dû à la rencontre de sa mystérieuse sauveuse ?
Et pourquoi cette impression de manque et de vide encore si vive avant sa tentative s’en était soudain allée ?
« Et si je la connaissais avant mon accident, pensa-t-elle, le cœur battant. Mais non, c’est impossible, elle m’aurait reconnue. Mais cette fille dont elle m’a parlée, cette fille chère à son cœur, comme elle disait, et si… et si c’était moi ? Mais comment aurais-je pu oublier une telle beauté ? »
Installée devant son vieux bureau en bois du 17e siècle, pour la première fois depuis 10 ans Valentine avait repris sa plume et son papier à musique, habitée soudain par cette ancienne frénésie qui la hantait de son vivant, la composition. Les notes se succédaient de plus en plus vite, une certaine fièvre s’emparait d’elle alors qu’elle oubliait tout ce qui l’entourait et que seul le fin raclement de la plume sur le papier rugueux lui était audible.
Elle ne remarqua pas la grande vampire aux cheveux roux qui entrait dans la pièce :
-Valentine ! Ainsi vous reprenez la composition ? J’en suis ravie, s’exclama la nouvelle arrivante.

Cette nuit-là, ou plutôt les quelques heures qui en restaient, Julie rêva d’une jeune fille aux longs cheveux bruns qui riait et courrait à travers la rosée du matin. Elle ne la voyait que de dos et savait qu’elle devait la rattraper pour pouvoir observer son visage. Mais soudainement, toutes les deux cessaient leurs courses effrénées, elles se trouvaient alors dans une vaste chambre aux meubles anciens, la jeune brune, toujours de dos prenait un violon et les notes se succédaient dans une mélodie des plus envoutantes, Julie voulait l’approcher, mais ses muscles s’étaient figés, la rendant incapable du moindre geste. Puis soudain, elle entendait un cri et sentait une main se serrer autour de sa fragile gorge. Sa vue se brouillait, ses hurlements désespérés mourraient sur ses lèvres sous l’effet de la douleur…
Enfin elle vit devant ses yeux le papier-peint bleuté et rassurant du plafond de sa chambre. Se relevant brutalement, elle se rendit compte que son cœur battait à un rythme effréné et que ses draps étaient trempés de sueur. Ainsi, ne s’agissait-il que d’un cauchemar ? Mais cette idée qui aurait dû la rassurer l’angoissait au plus profond d’elle-même, tant ce rêve lui avait semblé réel. Qui était donc cette jeune virtuose si jolie même si elle n’avait pas pu la voir de face ?
Bien éveillée cette fois et loin d’être prête à se rendormir, elle descendit pour se faire chauffer une tasse de lait, sa boisson de prédilection. Elle remarqua alors sur la grande horloge accrochée en haut de la cuisinière qu’il n’était que quatre heures, cela faisait donc à peine une heure qu’elle s’était endormie... Remontant son bol à la main, elle s’installa à son bureau et sortit de son tiroir fusains et feuilles de canson. Elle avait senti la douce vague de l’inspiration s’emparer d’elle et se transformer peu à peu en besoin frénétique de dessiner. Ses mains courraient sur le papier sans qu’elle ne fasse quoi que ce soit pour les y aider, alors qu’elle-même se trouvait dans un état de transe inébranlable. Deux heures plus tard, elle apportait une dernière touche à son dessin et put constater d’elle-même qu’il s’agissait depuis son accident de sa plus grande réussite. Les traits d’une femme splendide au regard tragique brillant et ensorcelant, une expression impénétrable, dévoilant malgré tout à celui qui prendrait le temps de l’observer les marques d’une tristesse profonde et insurmontable, ne faisant que rehausser la grandeur et la beauté de ce visage mythique. Elle jouait du violon et Julie avait réussi à transcrire sur l’image le mouvement de l’archer tenu par ses longs et fins doigts immaculés, dans des gestes d’une telle précision qu’on n’eut pas été étonné d’entendre quelques notes s’élever dans les airs en regardant ce dessin ; un portrait aux allures réalistes d’une photographie prise à la dérobée.
Julie constata alors non sans une certaine angoisse que cette femme dessinée ressemblait étrangement à celle qui l’avait sauvée de la noyade quelques heures auparavant…
Le lendemain matin, elle rejoignit la cuisine vers dix heures, les yeux cernés et la mine épuisée. C’était un samedi matin, mais malgré tout, son oncle ne manqua pas de l’apostropher pour son manque de ponctualité :
-Julie ! As-tu vu l’heure ? Ta cousine est déjà dans ses maths depuis longtemps ! Comment penses-tu réussir ton année si tu la prends si peu au sérieux ? Je te rappelle que ma femme et moi faisons tout pour que tu réalises ton rêve depuis que l’on t’a recueillie !
Julie lança un coup d’œil furtif à sa tante qui buvait silencieusement son thé dans un coin de la cuisine. Celle-ci ne lui octroya pas la moindre parole de soutien, pas le moindre regard compréhensif pour la défendre face à la sévérité de son mari.
En soupirant, la jeune fille prépara son lait matinal, tentant de passer outre les critiques de son oncle.
-Si ta mère savait à quel point tu te laisses aller, ma pauvre nièce ! poursuivait-il, elle serait si triste ! As-tu oublié que tu étais la fierté de tes parents du temps où seules tes études comptaient ? Tu voulais être agrégée de mathématiques ! Mais ça aussi, l’as-tu oublié ?
Sans répondre, elle baissa les yeux sur son petit déjeuner. Elle n’osait pas dire à son oncle que son esprit avait effectivement complètement occulté ses perspectives de mathématicienne modèle comme tout le reste d’ailleurs. Toute cette vie lui semblait si lointaine, si éloignée de ce qu’elle avait l’impression d’être à présent… Seul le dessin lui semblait familier, pourtant sa cousine lui affirmait qu’elle n’avait jamais touché à un pinceau ou à un fusain avant son accident. Comment se faisait-il alors qu’elle soit si douée aujourd’hui ? Les raisons pour lesquelles elle avait voulu disparaître réapparurent dans son esprit tourmenté. Comment pourrait-elle supporter d’être toute sa vie à la place de cette étrangère ? Sans compter qu’on lui répétait inlassablement que ses parents seraient si déçus de la voir s’éloigner du chemin qu’ils l’avaient aidée à tracer.
-Au fait Julie, commença sa tante qui semblait soudain décidée à prendre la parole, Marc est avec Marie-Claire dans la salle à manger. Nous avons pensé qu’il pourrait t’aider avec ton problème de géométrie. Autrefois c’était toi qui aidais les autres, mais comme l’accident semble avoir atteint ton cerveau… Bref, il peut bien faire ça pour toi, et puis vous vous entendez plutôt bien tous les deux, non ?
-Plus ou moins, grommela Julie, qui en vérité avait plutôt du mal à supporter cette tête de classe blonde de fils à papa, qui ne faisait que parler de ses brillantes études et du compte en banque bien fourni de son père.
Quelques semaines après l’accident, Charlotte, sensée être sa meilleure amie, mais dont elle n’avait conservé aucuns souvenirs et avec qui elle ne partageait aucune affinité apparente, lui avait dit qu’elle avait passé toute son adolescence à l’admirer et le désirer. Mais l’accident était survenu alors même qu’il commençait quelque peu à la regarder comme la femme qu’elle était.
« -Tu ne te souviens vraiment pas Julie ? Tu ne te souviens pas au collège quand on n’avait pas cours et que tu voulais qu’on reste toute l’heure dans un coin rien que pour l’apercevoir sortir de sa classe ? Tu as oublié les regards que tu lui lançais ? Ton sourire le jour où par hasard il t’a frôlé l’épaule ? Et qu’est-ce que tu pouvais parler de lui ! A longueur de journée ! Tu ne nous laissais même pas la parole et il était très dur de te stopper quand tu partais sur ce sujet ! Je ne te comprends pas Julie, pourquoi maintenant qu’il s’intéresse à toi et qu’il vient te voir à l’hôpital, tu lui parles comme à un étranger ? Lui non plus ne comprend pas ! L’accident a peut-être atteint ton cerveau et ta mémoire, mais pas ton cœur quand même ! »
Comme à son habitude, Julie s’était contentée d’une réponse vague et expéditive tout en se demandant intérieurement comment elle avait pu un jour s’intéresser à une personne qui semblait tant correspondre à tout ce qu’elle détestait depuis son amnésie.
Les yeux dans le vague, elle repensa alors à la jeune femme de la veille, elle était si belle… Était-ce la première fille qu’elle avait vue de cette manière ? « Sans doute », pensa-t-elle, car dans son esprit, jamais elle n’avait pu croiser une telle beauté, une telle force dans un corps si gracieux… Perdue dans ses pensées et questionnements, elle ne remarqua pas le regard amusé de sa tante posé sur elle.
-Oh comme c’est mignon, tu vois elle rougit, sourit-elle en s’adressant à son mari.
Julie sursauta, sa tante pensait certainement que c’était la pensée de Marc qui lui faisait un tel effet, mais ce n’était pas le cas et cette seule idée la fit redescendre très vite sur terre. Au lieu de la contredire, elle profita de la bonne humeur de sa tante pour parler de sa prochaine sortie à l’opéra. A 19 ans, elle savait qu’elle n’avait plus à se justifier devant ceux qui en plus n’étaient pas ses parents, mais elle préférait éviter, si cela était possible, les remontrances habituelles des lendemains de soirées.
-Oui, c’est vrai que je suis un peu émue, feint-elle en regardant sa tante d’un air entendu. En plus, cela me fait penser à son invitation à l’opéra pour ce soir. J’espère que vous n’y verrez pas d’inconvénients.
Un demi-mensonge, elle ne précisait pas de qui elle parlait, mais sa tante pensait qu’il s’agissait de Marc et elle en était ravie... Encore fallait-il que le jeune homme ne vende pas la mèche, mais même si c’était le cas, elle improviserait en temps voulu.

-Dites-moi Elisa, demanda Valentine, vous est-il déjà arrivé de rencontrer deux personnes si semblables qu’il serait difficile d’oser imaginer qu’elles soient distinctes ?
-Des jumeaux ?
-Ne vous moquez pas de moi, Elisa… Vous comprenez ce que je veux dire… Deux personnes à deux époques différentes…
-Que s’est-il donc passé hier soir ? L’interrogea la vampire avec bienveillance. Je vois bien que vous n’êtes pas dans votre état normal. Vous n’avez pas soufflé mot hier matin et ce soir, vous semblez ailleurs, dans un autre monde, reprenant la composition que vous aviez si longtemps abandonnée … Et cela n’a rien à voir avec cette période, n’est-ce pas ? Ajouta-t-elle sans vouloir évoquer directement l’anniversaire de la mort de son ancienne protégée.
-Vous êtes ma seule confidente, Elisa, je sais que mon frère se rirait de moi. Hier, j’ai rencontré cette fille… Elle lui ressemblait tant… C’était… si étrange… Et sa voix, claire, douce et mélodieuse, exactement la même… Son maintien, ses gestes, son sourire… Ce n’était pas qu’une simple similitude physique !
- Êtes-vous bien certaine qu’elle n’était plus en vie ? N’est-il pas possible qu’elle soit des nôtres ?
-Mais non ! J’ai vu son cadavre je vous l’ai déjà dit ! Elle avait le cou violet, le visage ensanglanté ! Jamais je ne pourrai l’oublier ! Et puis, la fille d’hier n’était pas un vampire, je l’aurais senti ! C’était bien une humaine !
Elisa prit une chaise et s’assit à côté d’elle, puis sembla réfléchir quelques instants. Elle pâlit soudain :
-Mais c’est peut-être…
-Oui ? demanda Valentine, avec l’espoir d’une réponse
-Euh, ce n’est rien, j’aurais cru… mais non cela est stupide… Non, c’est sans doute votre esprit qui projette l’image de Pauline sur cette fille, la mémoire qui se déforme…
Sur ces mots, elle sortit précipitamment de la pièce. Perplexe, Valentine était certaine que sa belle sœur lui cachait quelque chose…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:19

Chapitre 3

Valentine s’installait sur la scène avec une certaine appréhension, comme avant chaque concert lorsqu’elle jouait en solo. Certes son talent n’était plus à prouver après plus d’un siècle d’entraînement journalier s’ajoutant de surcroit à une certaine maîtrise innée de l’instrument, mais tous ces humains qui la regardaient, ou plutôt l’écoutaient avec admiration, la mettaient assez mal à l’aise. S’ils savaient, pensait-elle, s’ils savaient combien d’entre eux j’ai tué il y a encore quelques décennies… Et sans la fabuleuse invention d’Elisa, cela continuerait encore aujourd’hui… Sa belle sœur avait en effet mis au point une trentaine d’années plus tôt, une sorte de machine permettant de recueillir le sang d’une personne décédée et de le maintenir en mouvement afin qu’il ne soit plus nocif pour les vampires. Elle passait ses nuits entre les morgues du pays, puis distribuait le sang à ses amis, et cela semblait plutôt l’amuser… Sans doute en avait-elle eu assez de tuer après un millénaire de vampirisme. Valentine et d’autres l’avaient volontiers suivie, heureux de pouvoir consacrer leurs nuits à d’autres occupations que la chasse à l’homme, mais Charles restait encore assez réticent à ces procédés, des caprices de jeunesse, pensait sa compagne, cela passerait comme le reste.
La vampire s’installait avec son violon au milieu de la scène, vérifiant une dernière fois que tout était en ordre pour le concert… Elle n’avait presque pas dormi de la journée, composant de nouveaux morceaux, s’entraînant sur d’anciens. Ces morceaux de sa composition, créés jadis pour elle, et qu’elle était seule à avoir entendu…Si jamais la jeune fille de la veille avait son âme, elle les reconnaîtrait, c’était certain, et cela se lirait dans ses yeux…
Pourtant une nouvelle crainte venait tarauder son esprit :
Et si elle n’était pas là ?

Mal à l’aise, Julie suivit le portier jusqu’à la place indiquée sur son billet et fut étonnée de constater qu’elle était aux premières loges, avec une vue parfaite sur la scène. Depuis son accident, elle n’était jamais allée à l’opéra, et avant, elle ne pouvait s’en souvenir, mais ce lieu ne lui était pas familier en tout cas. Elle remercia intérieurement sa meilleure amie, qu’elle était allée voir l’après-midi même, pour lui avoir prêté sa robe de soie bleue foncée qui seyait parfaitement à sa taille de guêpe et lui permettait de ne pas se faire remarquer parmi tout ce beau monde si guindé.
Bien entendu, sa meilleure amie pensait qu’elle se rendait là-bas accompagnée d’un jeune homme, de Marc en particulier. Et puis, qui d’autre aurait pu lui acheter cette place de toute façon ? Il y avait des limites à la générosité de son oncle….
Souriant à ces pensées, elle n’avait pas remarqué le brusque silence qui enveloppait la salle alors que le rideau se levait et elle fut subjuguée à l’instant même où ses yeux se portèrent sur la scène. Une Valentine plus rayonnante que jamais dans sa longue robe noire au décolleté profond, faisant ressortir l’extrême pâleur de sa peau si parfaite alors que ses cheveux relevés en chignon et son maintien lui donnaient une certaine distinction, une certaine noblesse que même une famille royale aurait facilement pu lui envier.
Mais ce n’était rien à côté de ce qu’elle ressentit lorsque les premières notes sortirent du violon de la jeune femme…
Elle fut très vite ensorcelée par cette mélodie qui semblait faite pour atteindre son cœur. Les secondes passaient, puis les minutes plus délicieuses les unes que les autres, sans qu’elle ne put détacher ses yeux du milieu de la scène. Ce fut sous un tonnerre d’applaudissements que la dernière note s’échappa de l’instrument féérique. Lorsque le public se fut calmé, Valentine fit une annonce de sa voix limpide et envoûtante qui ne semblait laisser personne indifférent :
-A présent, je voudrais vous interpréter un morceau de ma composition. Je le dédie à une jeune personne que j’ai récemment rencontrée et qui se reconnaîtra, je l’espère, ajouta-t-elle tout en croisant le regard clair de Julie, trop intimidée pour répondre à son sourire.
Dès les premiers mouvements exécutés par son archer, Valentine vit le visage de sa nouvelle protégée se transformer. Elle la vit rougir, puis pâlir, puis trembler…
Elle pouvait même entendre son pouls qui s’était accéléré de plus belle jusqu’à devenir le plus rapide de toute la salle.
Valentine sourit, elle avait reconnu, elle savait ! Elle ne pouvait expliquer comment cela était possible, mais une chose maintenant certaine, son passé l’avait rattrapée, et avant même de finir son morceau, sa décision était prise; elle ne laisserait plus personne les séparer cette fois-ci, quelles que soient les barrières pour réunir une humaine et une vampire, elle les franchirait…

Julie reconnut immédiatement la douce et belle mélodie qui avait peuplé son rêve la nuit précédente… Tremblante d’émotions, elle n’eut pas l’occasion de réfléchir à une explication rationnelle, car ses yeux se fermaient et son esprit la transportait, loin, loin de cette salle, loin de sa ville, loin de son époque…
Habillée d’une robe aux lignes écarlates et au corset serré dont les pans trainaient dans la rosée du matin, elle était assise sur un petit tabouret de bois et peignait, alors que ses oreilles étaient envahies de cette délicieuse mélodie qui la faisait vibrer toute entière. Puis la musique s’arrêtait, mais ses pinceaux habiles continuaient de danser sur la large toile, jusqu’à ce que deux longues mains blanches viennent délicatement se poser sur le tissu râpeux de sa robe. Deux mains qui non seulement emprisonnaient son cœur, mais paralysaient aussi tous ces autres muscles alors que ses vaisseaux se dilataient donnant à ses joues une couleur vive presque identique à celle de sa robe.
Elle sentit alors une pression dans le dos, un souffle contre son oreille, une mèche soyeuse qui caressait sa joue, un murmure au creux de son oreille :
-Je vous en prie, ne dites rien ma belle Pauline. Cela fait si longtemps que je rêve de vous tenir dans les bras…
Obéissant alors à ce doux murmure, sans prononcer un mot, elle tourna délicatement la tête pour se plonger dans les yeux émeraude de celle qui s’était encore approchée de façon à faire face à la plus jeune. A travers les yeux de Pauline, Julie constata alors avec un certain soulagement mêlé de surprise et de joie qu’il s’agissait toujours de Valentine…
Après un regard empli d’amour et de tendresse, le cœur battant la chamade, Pauline s’approchait des lèvres de son héroïne, quelques centimètres seulement, mais quelques centimètres qui encouragent avant un nouveau regard plus parlant que des mots: « Viens à moi, je suis prête, moi aussi je ressens ce lien qui nous unit depuis si longtemps, je t’aime et t’ai toujours aimée. »
Alors, elle sentit tout doucement les lèvres rouges se poser sur les siennes… Un baiser chaste timide au premier abord qui rapidement devint ardent et passionnel, alors que leurs langues se mêlaient dans un ballet enflammé…
-Mademoiselle ? Mademoiselle réveillez vous je vous prie !
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:20

Chapitre 4

Elle ouvrit alors les yeux pour constater, que mis à part quelques rares personnes qui s’attardaient encore pour proclamer à mi-voix le talent de la violoniste, la salle s’était presque entièrement vidée et un employé en uniforme tentait désespérément d’attirer son attention :
-Mademoiselle, voulez-vous me suivre je vous prie !
-Pour…pourquoi ? Où, où ça ? demanda Julie encore sous l’emprise de son rêve.
-Vous êtes bien Julie Lavalière ?
-Euh... oui
-Mademoiselle Valini m’a demandé de vous conduire à sa loge, dit-il en commençant à descendre, elle vous attend.
-Va…Valini, qui ?
-Mlle VALENTINE VALINI, la grande violoniste qui vient de finir son solo. Auriez-vous abusé de boisson alcoolisée ou êtes-vous toujours aussi idiote ? Je me demande vraiment pourquoi elle s’intéresse à une telle arriérée, marmonna-t-il pour lui-même mais suffisamment fort pour que Julie puisse l’entendre.
Mais la jeune fille n’en avait que faire, elle n’avait qu’une seule idée en tête, Valentine la demandait dans sa loge, elle voulait la revoir, elle ne l’avait pas oubliée ! Valentine, cette héroïne qui lui avait sauvé la vie, Valentine à qui elle avait pensé toute la journée, Valentine, cette virtuose exceptionnelle qui hantait ses rêves et dessins !

-Voilà, c’est ici, soupira l’employé désabusé en lui désignant un couloir au sol couvert de moquette écarlate. Troisième porte à droite, vous n’avez qu’à frapper, ajoute-t-il sèchement. Ça ira ou faut-il que je vous accompagne pour vous montrer la porte du doigt ?
-Non ça va aller, je vous remercie, souffla Julie, mal à l’aise.
Elle avança vers la troisième loge, mais au moment où elle s’apprêtait à frapper d’une main tremblante, la porte s’ouvrit brusquement sur un jeune homme à l’air préoccupé :
-C’est vous qu’elle attend, prononça-t-il rageusement sans la regarder, je vous préviens, je…
Mais il s’arrêta soudainement au moment où il levait les yeux vers son interlocutrice.
-Pau…Pauline murmura-t-il presque imperceptiblement en pâlissant.
Puis sans plus d’explications, il prit la fuite d’un pas rapide sans se retourner, comme s’il venait de croiser un fantôme.
Mais Julie ne l’entendit pas, car elle était plus préoccupée à se demander qui était cet homme, et surtout s’il était le compagnon ou le fiancé de Valentine…
La voix de la violoniste la réveilla alors de sa torpeur :
-Julie, est-ce vous? Mais entrez donc! Je suis très contente de vous revoir! J’espère que vous avez apprécié le concert.
-C’était magnifique, bredouilla Julie, vous êtes très douée. Je vous remercie beaucoup pour les billets. « Elle est encore plus belle qu’hier, pensa-t-elle en rougissant »
-J’en suis ravie, se réjouit Valentine tout en refermant la porte. Je vous ai fait appelée parce que, suite à notre petite conversation d’hier, j’aurais quelque chose à vous proposer. Enfin si cela vous tente, vous n’êtes bien évidemment pas tenue d’accepter.
Julie frissonna, impressionnée par ce regard perçant et pénétrant qui se posait sur elle. Mais qu’allait-elle lui proposer ? Qu’est-ce qu’une grande artiste comme elle pouvait proposer à une gamine aussi insignifiante?
-Vous m’avez dit hier que votre vie chez votre oncle ne correspondait que très peu à votre personnalité...
-Oui… Mais je suis désolée de vous avoir embêté avec ça, bafouilla la plus jeune en baissant la tête. Vous avez autre chose à faire c’est sûr… Et je vous remercie aussi de m’avoir sauvé la vie, hier… Tout ça m’a fait réfléchir, vous avez raison, je dois me sortir de là. Je suis idiote, et puis vous avez dû me prendre pour une folle… Tout avoir et vouloir mourir…
-Cet acte était celui d’une personne désespérée. Et je puis vous comprendre, je suis bien placée pour savoir que la richesse matérielle et la renommée ne suffisent pas au bonheur et ils peuvent même y nuire dans certains cas…
Elle plongea de nouveau son regard dans les yeux clairs de Julie, se rapprocha d’elle et caressa sa joue lentement, d’un mouvement léger et sensuel, mais qui néanmoins pouvait toujours être confondu avec un simple geste amical.
-Ne dites pas cela, je ne vous trouve pas idiote, Julie. Vous traversez une période difficile, ce n’est certes pas aisé de vivre sans passé, mais l’avenir vous appartient et vous allez vous en sortir. Je vois en vous des ressources et une force peu commune. Vous êtes un être exceptionnel, Julie, mais seulement vous l’ignorez.
La jeune humaine ne pouvait répondre par des mots, seules les quelques larmes qui coulaient sur sa joue témoignaient de son émotion.
-Ne pleurez pas, Julie, murmura Valentine en séchant de ses doigts les joues de la jeune fille avant de l’entourer de ses longs bras blancs pour la serrer contre elle. Si vous le souhaitez, je vais vous aider, Julie, faites-moi confiance… Nous allons nous en sortir !
-N…Nous, bégaya Julie en se dégageant lentement. Mais… une si grande artiste que vous…
-Si vous saviez ce que je suis vraiment… Toute cette vie n’est que mise en scène… Mais ne parlons pas de moi. Pourquoi continuer sur ce chemin, si vous souffrez tant ?
-Moi j’aimerais bien partir… Mais comment ? Je vous l’ai dit hier, je n’ai pas d’argent, mes parents ne m’ont rien laissé. Mon oncle est très gentil avec moi, mais en retour je dois réussir mes études, ça a l’air de vraiment lui tenir à cœur… Et en plus, tout le monde attend de moi d’être quelqu’un d’autre. Que voulez-vous que je fasse ? A part attendre quelques années peut-être… que ça se clame ou que je gagne ma vie au moins…
- Comme je vous le disais, je voudrais vous proposer quelque chose, quelque chose pour vous aider à changer de vie avant que vous ne vous embourbiez dans un passé qui manifestement ne vous apportera rien de plus.
La vampire s’éloigna pour aller chercher quelque chose dans le tiroir, puis se tourna à nouveau vers la jeune fille :
-Venez vivre avec moi Julie, prononça-t-elle à brule pourpoint.
Julie rougit, puis pâlit sous l’effet de la surprise, elle s’attendait à tout sauf à ses paroles si directes, mais qui semblaient si naturelles dans la bouche de son héroïne.
-Vous n’êtes pas obligée d’accepter, répliqua Valentine d’une voix déçue. Après tout, cela ne fait que deux jours que vous m’avez rencontrée, même si j’ai l’impression que vous avez toujours fait partie de ma vie.
-Non, c’est pas ça, mais c’est la surprise ! Et puis je… Je ne veux pas vous déranger et puis je n’ai rien, je ne peux même pas payer mes courses !
-Mais cela me ferait plaisir… Je vous assure ! Et j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider avec mes papiers! Je ne suis pas très douée pour cela et je n’ai plus de secrétaire. Enfin c’est juste en attendant, je vous payerai bien sûr ! Et vous pourrez faire autre chose en même temps, des études qui seraient à votre goût !
Une nouvelle larme s’échappa des beaux yeux bleus, Julie restait sans voix. C’était si inespéré, si soudain ! Rester toute la journée auprès de celle qu’elle admirait tant depuis la veille, qu’aurait-elle pu rêver mieux ? Elle ignorait pourquoi, mais elle lui faisait déjà confiance. Et puis elle n’avait rien à perdre, sans cette femme, ce serait sa vie qui serait perdue…
-J’accepte avec plaisir, dit-elle rapidement alors qu’elle sentait de nouveau ses joues se colorer.
Valentine lui fit son plus beau sourire qui laissait transparaître aussi un certain soulagement. Elle avait eu si peur qu’elle refuse !
-Je viendrai vous chercher demain soir, vers vingt-trois heures… J’espère que cela n’est pas trop tard ?
-Non, ça ira très bien… Je ne pourrai pas emmener la voiture, elle n’est pas à moi…
-Ce n’est pas un problème, j’en ai plusieurs. La maison est en dehors de la ville, mais vous ne serez pas prisonnière, ajouta la plus âgée en riant.
« Quoique être la prisonnière d’une telle personne ne doit pas être si désagréable», pensa Julie, en rougissant de plus belle. Elle devait vite se calmer, cela pourrait se remarquer, et elle ignorait tout des sentiments de Valentine, après tout les quelques gestes qu’elle avait eus envers elle, n’étaient peut-être que pure amitié. Il fallait qu’elle change de sujet et vite. Elle avait longtemps hésité à lui parler du dessin et de ses rêves, mais comme elles allaient vivre ensemble, elle voulait essayer de comprendre ce qui lui semblait si absurde.
-Valentine, je peux vous poser une question ? demanda-t-elle timidement.
-Oui, bien sûr.
-Vous savez que je suis amnésique, et… depuis hier j’ai de drôles de rêves, enfin, on dirait plutôt des souvenirs, je ne comprends pas. En fait, je voulais vous demander, serait-il possible que je vous aie connue avant, je ne sais pas, peut-être que j’aurais pu voir un concert… Regardez, hier j’ai dessiné ceci, ça m’est venu comme ça et pourtant, je ne savais même pas que vous étiez violoniste !
Elle vit Valentine pâlir, mais ne put recevoir une réponse, car la porte venait de s’ouvrir sur une femme de grande taille à la chevelure de feu portant une valise.
-Vous ne venez pas manger Valentine, l’interrogea-t-elle alors qu’elle n’avait pas encore remarqué la présence de Julie.
-Ah je suis désolée, je vois que je dérange… Mais ce n’est rien, je peux repasser…
-Elisa, je vous présente Julie, la jeune fille que j’ai rencontrée hier, lança Valentine en espérant que sa belle sœur comprendrait.
-Ah oui je vois, répondit la nouvelle venue en transperçant la plus jeune du regard.
Julie frissonna, elle avait le même regard que Valentine, brillant et perçant bien que ses yeux furent plutôt jaunâtres. Mais contrairement à son héroïne, ce regard lui donnait un air effrayant, et pourtant elle était certaine de l’avoir déjà croisée elle aussi.
-Bon... Je… je dois y aller, marmonna-t-elle d’une voix blanche. A demain Valentine. Au revoir… Elisa

-Oui, et je peux vous assurer qu’elle lui ressemble comme deux gouttes d’eau ! Vous devez la reconnaître à travers le tableau qui est dans ma chambre !
-Il est vrai qu’elle lui ressemble… Mais ça s’arrête là sans doute, répondit Elisa. Et puis, je n’ai pas d’explication à vous donner. Peut-être une descendante que sais-je.
Elle ouvrit alors sa valise pour en sortir une sorte de gourde pourvue d’un agitateur métallique, et d’un thermostat, permettant de conserver le sang en perpétuel mouvement à température humaine comme s’il continuait de circuler dans un corps vivant.
-Allez buvez, il est tout frais. Je viens de l’extraire.
-Merci, Elisa, mais je n’ai pas très faim ce soir…
-Vous devez vous nourrir ! Vous laissez torturer par la faim ne la fera pas revenir !
-Si je vous dis qu’elle est déjà revenue ! Regardez ce dessin, elle l’a fait avant même de me voir sur scène et de savoir que je jouais du violon ! Et je peuple ses rêves, parait-il…
-En même temps, il n’est pas très compliqué de savoir que vous êtes violoniste. Il suffit d’aller sur internet ! Les humains savent faire cela et en plus ils vous prennent pour une des leurs… Discrète certes, mais célèbre néanmoins ! Il va d’ailleurs falloir rester sur nos gardes. Bientôt nous allons de nouveau devoir organiser votre disparition… Ils vont se demander pourquoi vous n’avez pas pris une seule ride en dix ans….
-Peu importe, ne changez pas de sujet, j’ai bien vu hier que vous saviez quelque chose ! En plus quand elle est rentrée, elle vous a reconnue, c’était flagrant ! Comment cela se fait-il ? Alors cessez de me dire qu’il n’y a rien derrière tout cela ! Je sais que c’est elle, je n’ai aucune explication, mais je le sais…
- Calmez-vous, ma chère Valentine, il n’est point bon de s’obstiner, même pour les vampires. Et puis prenez votre sang, la faim va vous faire tourner de l’œil, c’est peut-être elle qui déforme votre jugement d’ailleurs…
-Vous ne me dites pas tout, vociféra Valentine. Je sais que je dois le respect à une vampire bien plus âgée et plus puissante que moi, mais je ne laisserai personne se mettre en travers de cette nouvelle chance qui m’est accordée ! Et , je préfère vous prévenir tout de suite, dès demain elle viendra vivre avec nous !
Elisa faillit s’étrangler en entendant ces paroles.
-Si c’est une plaisanterie, elle est de mauvais goût, souffla-t-elle en reprenant ses esprits.
-C’est tout réfléchi… Et puis la propriété m’appartient, alors… Vous ne pourrez m’empêcher…
-Mais c’est de la folie! Comment voulez-vous faire vivre une humaine au milieu de vampires ? Vous avez vraiment perdu l’esprit…
-Elle s’installera dans l’appartement au grenier… Aucun vampire ne s’y aventure, trop de lumière dès l’aube, et en plus elle a la réputation d’être une ancienne chapelle, même si nous savons toutes deux que cela est faux…
-C’est quand même insensé, répondit Elisa un peu calmée.
-Eh bien, j’ose espérer que vous n’y toucherez pas… Et puis je n’ai pas grand-chose à craindre de toute façon, cela fait bien deux décennies que vous avez cessé de tuer…
-Trois… Mais Charles ?
-Mon frère la laissera tranquille… Il ne voudra jamais me faire de mal… Il ne cesse de dire qu’il veut mon bonheur… Et puis, ce qui l’intéresse chez les humaines, c’est la chasse, et il a tout le loisir de le faire à l’extérieur… Ce n’est plus la nécessité, nous avons notre sang distillé maintenant…
- Certes, mais les jours de réunion, vous y avez pensé ? Certains de nos semblables ne se nourrissent que de sang vivant et refusent d’utiliser mon invention. Alors s’ils sentent de la chaire humaine… Votre protégée sera vraiment en danger…
-J’y ai déjà pensé… Mais les réunions ne durent que deux heures, et ces nuits-là, nous sortirons. Je m’arrangerai… Il est évidemment hors de question de la laisser à leur merci… Et puis, vous pourrez vous passer de ma présence qui n’a d’ailleurs jamais été très ponctuelle…
Après moult discussions, Elisa finit par admettre qu’avec beaucoup de prudence, l’humaine serait en sécurité. Puis lorsque Valentine eut terminé son « repas » sous l’œil sévère de sa belle sœur, elles reprirent le chemin du manoir, sans prononcer un seul mot sur la ressemblance entre Julie et Pauline.
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:21

Chapitre 5

Il était vingt-et une heure, l’heure de partir la chercher enfin! Après avoir reconduit Julie, elle avait passé la nuit, à s’activer pour rendre sa chambre agréable moderne et humaine en remerciant la rapidité des séquences de geste dont bénéficient les vampires. Heureusement, l’endroit qui avait déjà accueilli des humains pendant leur transformation des années auparavant était déjà un peu aménagé et c’était d’ailleurs le seul lieu de cette bâtisse à posséder de larges velux. Partout ailleurs, les anciennes fenêtres avaient été murées pour que les vampires insomniaques puissent être libres de leurs mouvements la journée, sans crainte d’être brûlés par le soleil. N’ayant pu faire grand-chose le jour, Valentine avait composé, l’inspiration lui revenait enfin lorsqu’elle pensait à la belle petite Julie et elle en profitait, en espérant que les morceaux composés pour elle lui plairaient.
Mais au moment où elle allait quitter le manoir, un peu en avance toutefois, elle frappa à la porte de son frère pour lui rappeler une dernière fois sa promesse de ne pas toucher à sa chère humaine. Quelle ne fut pas sa surprise de surprendre Charles en compagnie d’une petite brune, aussi humaine que possible à la mine coupable. Et ils avaient l’air proche… Bien plus proches encore qu’un vampire et sa future proie…
-Qui est-elle ? Et qu’est-ce qu’elle fait là ? Vociféra Valentine sans s’adresser à la jeune fille qui frissonna, effrayée par ces paroles glaciales.
-Que voulez-vous ma chère sœur… Vous ramenez bien une humaine, pourquoi ne pourrais-je point faire de même ? Et puis si c’est cette chaire humaine qui vous inquiète tant, bien que certaines autres vous semblent plus tendres, n’ayez aucune crainte, elle ne restera pas humaine très longtemps, ajouta-t-il en ricanant.
-Mais... elle ? demanda Valentine alarmée en regardant la jeune humaine.
-Oh non, ne vous inquiétez pas, elle ne l’ignore pas… Et elle a même hâte d’être parmi nous… Au fait, elle s’appelle Léna. Léna, je vous présente ma sœur Valentine.
L’humaine acquiesça peu rassurée.
-Il va falloir que mon frère vous explique les règles… Concernant une nouvelle occupante.
-Mais pourquoi ne pas le faire vous-même, ma chère sœur… Puisque vous y tenez tant ! En espérant que sa nouvelle condition ne lui fasse pas perdre la mémoire.
-J’y veillerai, souffla Valentine méprisante.
Mais la perspective de voir un nouveau vampire dans leur demeure au moment où elle allait accueillir Julie l’effrayait.

Tout était prêt, deux sacs de voyage pour ranger les quelques effets qu’elle avait l’intention de garder : des vêtements, des livres et surtout son matériel de dessin, ce qu’elle avait de plus précieux. Elle n’emporterait même pas l’ordinateur que son oncle lui avait offert, elle se trouvait déjà ingrate de partir sans se retourner et estimait qu’il ne lui revenait pas, et puis elle n’avait jamais été très amie avec ce genre de machine, ne comprenant pas ceux qui passaient des heures sur le net. Cela avait-il toujours été le cas ? Elle l’ignorait.
Elle vérifia une énième fois si tout était près, ses sacs, la lettre sur le lit, la chambre rangée… Elle n’avait pas eu le cœur de parler à qui que ce soit de son départ, ils ne comprendraient pas, pour eux elle était toujours la brillante matheuse qui avait eu le malheur de croiser un fou sur la route… Non, elle ne pouvait pas en parler, elle avait préféré leur laisser une lettre dans laquelle elle leur disait qu’elle s’en allait chez une amie, qu’elle avait besoin de réfléchir au sens de sa vie… Mais rien de définitif, elle laissait entendre qu’elle reviendrait mais qu’il fallait lui laisser le temps.

Vingt-trois heures, pas l’ombre d’une voiture dans la ruelle, pas le moindre signe de vie dans le jardin… L’aurait-elle oubliée ?
Inquiète et déçue, elle faisait les cent pas dans sa petite chambre en se rongeant les ongles… Elle la connaissait à peine, mais elle avait mis tant de cas dans cette perspective d’une vie nouvelle… Comment cela pourrait-il en être autrement ?
Minuit : Non, elle ne viendrait pas, il était trop tard… Elle avait du se rendre compte à quel point elle était insignifiante… Elle avait dû bien regretter sa proposition la veille…
Une heure, les larmes aux yeux Julie s’apprêtait à déballer ses affaires et à déchirer rageusement la lettre qui attendait sur le lit… Mais soudain, sa fenêtre s’ouvrit d’un seul coup et une violente bourrasque s’introduisit dans la pièce. Valentine était là, juste sous ses yeux, dans sa chambre, toujours aussi belle…
-Je m’excuse, ma chère Julie, déclara-t-elle. Quelques petits problèmes m’ont retenue plus longtemps que prévu… J’espère que vous ne m’en tiendrez pas gré… Mais je suis là maintenant, nous pouvons partir, si vous êtes prête…
-Co… comment avez-vous fait, demanda Julie ébahie, comment êtes-vous entrée ?
-Eh… je… Je suis sportive, hésita Valentine et, et la fenêtre était ouverte… Alors j’ai cru que vous m’attendiez, ajouta-t-elle avec son plus beau sourire.
Comment lui résister ? Pressée de s’enfuir avec son héroïne, Julie oublia tous ses questionnements.

Pendant une demi-heure, Valentine ne desserra pas les dents, alors que Julie restée prostrée au fond de son siège, se demandant à quoi était dû ce changement soudain d’humeur. Des questions ne cessaient de la tourmenter : Et si elle regrettait déjà de l’avoir emmenée ? Et où allaient-elles d’ailleurs ? Pourquoi s’enfonçaient-elles ainsi dans la forêt ? Pourquoi avait-elle l’impression qu’il n’y avait même plus de route ?
La vampire posa soudain sa main sur le genou de la jeune fille, ce qui la fit frissonner de tout son long.
-Julie, commença-t-elle d’une voix qui pour la première fois semblait mal assurée, j’ai omis de vous parler de quelque chose… J’espère que vous ne m’en tiendrait pas gré.
Que voulait-elle donc lui dire de si important ? Bien sûr qu’elle ne lui en voudrait pas, comment cela pourrait-il être le cas alors qu’elle l’emmenait chez elle?
-Je ne vis pas seule Julie.
Son interlocutrice pâlit, un fiancé ? Celui qui l‘avait regardée étrangement en sortant de la loge ? Comment avait-elle pu imaginer… ? Mais imaginer quoi ?
-Mon frère et sa femme partagent ma demeure.
Son frère ? Mais pourquoi ne pas l’avoir dit plus tôt, pensa Julie soulagée.
-Cependant la propriété est vaste, vous verrez… Peut-être ne les croiserez vous presque pas !

Le reste de la route se passa sans aubages, Valentine avait retrouvé le sourire et Julie, soulagée, partageait son enthousiasme à l’encontre de cette nouvelle vie qui s’offrait à elle.
-Nous voilà arrivées Julie ! déclara la reine de la nuit en s’engageant sur l’allée menant vers un sombre manoir.
-Waw, c’est si grand ! murmura la blondinette.
Une gigantesque bâtisse, un château au milieu de nulle part. Un château entouré d’arbres aux branches crochues, un environnement mystérieux et menaçant…Valentine n’avait pas exagéré en parlant de la taille ! C’était immense ! Mais le plus surprenant était l’absence de fenêtre… Un bâtiment qui aurait pu s’apparenter à une prison sans barreaux ni ouvertures…
La voiture s’approchait de la bâtisse, mais la conductrice continuait à la même vitesse. Effrayée, Julie se mit à hurler :
-Attention ! Le… Le mur !
Mais un léger rire secoua les fines épaules de Valentine alors que soudain une partie du mur s’écartait, laissant entrer la voiture dans un grand garage.
-Une porte en trompe l’œil, lança Valentine en se garant. Il détecte nos voitures qui sont seules autorisées à y entrer. C’est ma belle-sœur qui a inventé ce judicieux système. Elle aime beaucoup jouer avec les nouvelles technologies. Demain, vous pourrez choisir votre voiture. Certaines sont munies de GPS, je pense que cela vous sera nécessaire. Mais ils ne fonctionnent qu’à partir d’un certain endroit dans la forêt. Il faudra d’abord vous habituer au trajet avant de conduire seule.
Julie acquiesça, intriguée par cette modernité dans le langage si désuet de sa nouvelle amie. Décidemment, elle n’avait pas fini de l’attendrir ! Et elle n’était pas au bout de ses surprises…
Puis elles montèrent un vieil escalier en colimaçon qui sembla à Julie interminable. Valentine ne semblait pourtant n’avoir eu aucune difficulté malgré les deux sacs de voyage de la jeune humaine qu’elle tenait du bout des doigts comme s’ils avaient un poids de plume. C’était étrange… Comment le fait d’être sportive pouvait-il donner ces capacités ? D’autant plus qu’avec sa taille fine, sa silhouette élancée et ses épaules étroites, Valentine ne ressemblait en rien à une grande sportive ultra-musclée…
-Venez, je vais vous montrer vos appartements, déclara la vampire.
Ses appartements ? Que cela signifiait-il ? Et pourquoi ce perpétuel vouvoiement alors qu’elles allaient vivre ensemble ? Cela commençait à mettre la jeune fille mal à l’aise… Elles entrèrent alors dans un grand salon, avec un magnifique canapé de cuir et un écran plat. Dans un coin, il y avait même un bureau sur lequel trônait un ordinateur de premier cri. Une des portes donnait sur une cuisine moderne aux placards et au frigo bien remplis et l’autre porte sur une grande chambre, avec un lit à baldaquin et de magnifiques tableaux aux murs qui ravirent les yeux de la jeune fille.
La grande salle de bain était à côté avec une large baignoire-sauna. Comment pouvait-il y avoir tant de modernité dans une bâtisse qui semblait si ancienne ?

Valentine était partie et Julie se sentait seule dans son grand lit froid. Dehors, les éclairs avaient pris possession du ciel noir et nuageux. Et puis, il y avait ces craquements et ces grincements qui la faisaient frissonner. Qu’y avait-il en bas ? Où dormait Valentine ? Pourquoi ces grands murs de pierre au grenier si moderne… Apeurée à l’idée de descendre seule, elle finit par s’endormir au rythme du clapotement de la pluie sur les seules fenêtres du bâtiment.

De son côté, Valentine était attablée avec Charles et Elisa dans une grande salle à manger éclairée par quelques chandeliers et décorée par de larges tapisseries qui parsemaient les murs. Une salle aménagée par Elisa, qui malgré son goût pour les gadgets du 21e siècle, restait fidèle aux objets de son enfance et de ses années de jeune vampire.
-Vous avez bon appétit ma sœur, remarqua Charles. Je suis heureux de constater que votre sourire est revenu.
-Et vous en connaissez parfaitement la raison, répondit Elisa entre deux gorgées de liquide écarlate, cessez donc de la taquiner.
- Finalement je suis heureux pour vous Valentine. Je retrouve ma petite sœur d’autrefois ! Et vous devriez être heureuse pour moi.
La jeune vampire garda les yeux rivés sur sa gourde de sang, devinant que son frère parlait de l’autre humaine, Léna… Il n’avait donc aucun respect pour sa femme assise à quelques centimètres de lui ?
-Il est vrai, finit par dire Valentine pour ne pas laisser le malaise s’installer à table, que sa présence me ravit. Et je vous remercie de ne pas vous y être fougueusement opposés, vous m’avez rendu la tâche plus aisée… J’espère maintenant que tout se passera bien.
-Les risques sont importants, mais je sais que vous serez prudente, souffla Elisa. J’ai vu cette nouvelle étincelle dans vos yeux, et non pas juste la lueur qui brille dans notre regard de vampires… Une bien plus lumineuse encore, celle de l’amour.
-Sur ce, je vous laisse, mes chères. Je m’en vais chercher quelque chose de plus naturel à me mettre sous la dent… Pas que vos gourdes sont mauvaises, mon épouse, mais rien ne remplace la bonne chaire humaine. Ne me regardez pas ainsi, Valentine, je pars chercher mon butin à l’extérieur.
N’ayez crainte, ajouta le vampire en se levant, je vous ai promis que je ne toucherai pas à votre humaine et je m’y tiendrai si toutefois, vous tenez la vôtre…
-Quelle promesse ? demanda Elisa avec curiosité.
-Oh ce n’est rien, rien d’important.
Quelque peu embarrassée, Valentine se leva elle aussi de table et sortit de la pièce.

Restée seule, après s’être assurée que leurs odeurs étaient lointaines, Elisa actionna une manivelle cachée par une tapisserie qui fut immédiatement remplacée par une large bibliothèque coulissante. Elle saisit alors sur le plus haut rayon un vieux livre aux pages jaunâtres et à la couverture endommagé : « Chronique des sangs-pourpre »
Elle se doutait bien qu’un jour, il finirait par réussir à exécuter son plan machiavélique... Elle devait les protéger, car il ne s’arrêterait pas là… Il chercherait à se venger dans sa toute puissance et Charles serait sa première victime… Ils étaient tous en danger, elle devrait les protéger, mais pour leur sécurité, ils ne devraient rien savoir…Vogiel… Ce si terrible nom qui résonnait dans ses oreilles depuis la veille…Depuis qu’elle avait compris que Julie et Pauline ne faisaient qu’une…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:22

Chapitre 6

Le lendemain matin, Julie fut réveillée par les premiers rayons de soleil qui s’infiltraient à travers le velux. Tout en baillant elle se dirigea d’un pas traînant vers le salon pour entrer dans la petite cuisine. Alors que d’autres ne juraient que par leur café ou leur thé matinal, elle ne pouvait se sentir en forme avant d’avoir bu son grand verre de lait tiède et ce fut avec soulagement qu’elle vit six bouteilles de lait dans le petit réfrigérateur. Valentine avait été pleine de bonnes intentions, mais comment était-il possible qu’elle connaisse aussi bien ses goûts ?
Un coup d’œil vers la table, et elle put voir deux grandes tartines avec un pot de confiture d’abricot, son petit déjeuner préféré…Décidément…
Un petit mot aussi : « Bon appétit ma belle endormie. Lorsque vous serez prête, ouvrez le placard sur votre droite et prenez l’escalier pour me rejoindre. J’ai à vous parler. »
Intriguée, Julie se pressa de prendre son petit déjeuner et de s’habiller. Pourquoi Valentine ne mangeait-elle pas avec elle ? Et que voulait-elle donc lui dire de si important ?
Dans une sombre et vaste pièce où seule la faible lueur d’une bougie éclairait le petit bureau en bois, Valentine travaillait sur sa nouvelle partition. Elle était si concentrée qu’elle n’entendit pas la porte s’ouvrir, malgré le léger grincement qui l’annonçait.
-Je…je suis là, entendit-elle murmurer d’une petite voix mal assurée.
Se retournant souriante, elle accueillit la nouvelle arrivante :
-Julie, prononça-t-elle en insistant bien sur chaque syllabe. J’espère que la nuit vous fut favorable.
-J’ai très bien dormi, merci. Euh… Vous…vous travaillez toujours comme ça dans le froid et dans le noir ? L’interrogea-t-elle en frissonnant, étonnée par le contraste entre cette vétuste pièce et la modernité confortable de sa chambre.
-Oui, j’ai l’habitude, ça…ça m’aide à me concentrer, répondit son amie le regard tourné vers le sol.
Comme la veille pendant le trajet, Julie remarquait de l’embarras sur ce visage d’ordinaire si serein.
-Valentine, quelque chose… quelque chose ne va pas ? Osa-t-elle demander.
Sans répondre, la violoniste lâcha encrier et papier à musique puis se leva. Durant toute la nuit, elle avait réfléchi, à la façon d’aborder ce sujet si délicat. Elle en était arrivée à la conclusion qu’elle ne pouvait garder le silence, Julie finirait vite par se rendre compte que quelque chose ne tournait pas rond et elle risquerait de se mettre en danger pour comprendre… Cependant, la vérité, bien pire encore que l’ignorance, l’effarerait et là encore elle mettrait sa vie en danger pour fuir…
Elle avait donc fini par opter pour le mensonge, un mensonge surfait mais les plus gros artifices ne sont-ils pas les plus crédibles ?
Mal à l’aise, elle s’approcha de sa jeune hôte et lui saisit la main avant de plonger son regard brillant dans le sien.
-Julie, souffla-t-elle. Je suis désolée, il y a autre chose que je ne vous ai pas dit.
Frissonnante et rougissante par le contact de sa peau sur celle de son héroïne, la jeune fille n’était plus capable de faire fonctionner son esprit. Elle n’en avait que faire de ce que la splendide Valentine avait omis de lui dire, elle n’en avait que faire du froid et de la pénombre, elle ne désirait que se retrouver dans les bras de sa belle, sentir le contact de ses fines lèvres sur les siennes, entendre son cœur battre au même rythme que le sien…
Mais la violoniste ne l’exauça pas, continuant son discours filandreux :
-Je ne suis malheureusement pas celle que vous croyez ma chère amie… et je risque de bien vous décevoir… Mais voyez-vous, je ne serais pas honnête avec vous si je vous taisais ma maladie, et vous le remarqueriez un jour…
Sa maladie ? Ce mot si effrayant fit l’effet d’une douche glacée sur la jeune fille, qui sortit immédiatement de sa torpeur. Reculant, tremblante, elle ne sut que le répéter bêtement d’une voix blanche et désespérée :
-Votre…votre maladie ?
Cette virtuose, cette sur-femme, cette déesse, son héroïne, se pouvait-il qu’elle fut malade ? Elle l’avait tant admirée… Elle donnait tant cette impression de force et d’invincibilité ! Et s’il ne lui restait que quelques années à vivre, voire pire, quelques mois ?
Elle sentit alors ce visage si chéri s’approcher du sien, et ses bras si puissants s’enrouler autour de sa frêle silhouette :
-Ne vous inquiétez pas ma tendre amie… Cette maladie n’est mortelle que si j’omets certaines précautions… Mais j’ai l’habitude, je vis ainsi depuis ma plus tendre enfance…. Je suis atteinte de xeroderma pigmentosum.
-Les enfants de la lune, souffla Julie qui avait vaguement entendu parler de cette maladie. Mais je croyais que cela ne touchait que les enfants, je croyais que l’on mourrait plus vite, je croyais que l’on ne pouvait pas être exposé à la lumière, pourtant la salle à l’opéra…
-Je suis atteinte d’une forme beaucoup moins sévère, mentit Valentine quelque peu décontenancée par les connaissances de son amie qu’elle ignorait par ailleurs, déjà heureuse d’avoir trouvé une explication même erronée à son état.
-Je ne crains que la lumière du jour, le soleil… La lumière artificielle ne m’atteint nullement… Et mon espérance de vie ne sera pas diminuée. Par contre je ne peux sortir en journée, d’où ces murs sans fenêtres… Et puis c’est une maladie génétique qui n’a pas épargné mon frère non plus.
-J’ai eu si peur, soupira Julie avec soulagement. Vous… vous êtes très importante pour moi, avoua-t-elle rougissante.
Apaisée par le bon fonctionnement de son mensonge, soulevée de joie par les mots de son amie, Valentine ne put s’empêcher de la serrer dans ses bras. Si seulement elle pouvait lire dans les pensées de Julie… Si seulement elle pouvait savoir si celle-ci partageait ne serait-ce que le dixième de l’amour inconditionnel qu’elle lui portait... Comme avant…
Mais étrangement, les pensées de sa chère Julie lui étaient fermées, contrairement à celles de tout autre humain (car comme tous la plupart des vampires, elle pouvait lire facilement dans les pensées des humains et des vampires mis à part dans celles de son créateur)
Cette lacune était-elle due à l’amour qu’elle portait à Julie ? Une chose était pourtant certaine dans son esprit, elle était maintenant intimement convaincue que Pauline et Julie étaient la même personne même si elle ne pouvait se l’expliquer. Pourtant l’humaine devrait se souvenir elle-même de son amour, et cela prendrait le temps nécessaire…
Tout le reste de la matinée, Julie s’était occupée à organiser l’emploi du temps des soirées de Valentine et à répondre aux lettres d’admirateurs. La violoniste avait le défaut de ne pas être très ordonnée, et la tâche n’était pas des plus aisées. Malgré les protestations de son amie, Julie avait souhaité commencer ce travail immédiatement, ne voulant pas vivre à ses crochets.
Vers midi, elle se prépara un sandwich qu’elle dégusta devant sa grande télévision. Elle savait maintenant qu’à cause de sa maladie, Valentine dormait la journée pour profiter des nuits où elle pouvait enfin sortir de chez elle et la jeune humaine ne voulait pas la déranger ou lui faire changer ses habitudes. Elle était seulement désolée que cette différence de rythme les séparent tant… Peut-être pourrait-elle s’adapter, dormir le jour et travailler la nuit… Elle ferait n’importe quoi pour être le plus longtemps possible à ses côtés !
A seize heures, estimant avoir déjà bien avancé, munie de son matériel à dessin, elle se faufila vers la sortie ; Valentine lui avait expliqué qu’un autre escalier partant de sa chambre menait directement à l’extérieur, mais elle n’avait pu le lui montrer sans s’exposer à la lumière. L’air frais revigora Julie qui avait passé le reste de sa journée enfermée ; le parc autour de la propriété était par ailleurs superbe, même si ses hôtes ne pouvaient en profiter de la journée. Trois superbes fontaines sculptées trônaient dans l’allée bordée de fleurs de toutes sortes, alors qu’au loin, les arbres à perte de vue recouvraient les collines verdoyantes. Un cadre magnifique, une source d’inspiration pour un artiste… Une fois installée sur un vieux banc en bois peint en blanc, Julie activa son talent, faisant danser ses fusains de plus en plus rapidement sur le papier graniteux. Le manoir dépourvu de fenêtres en arrière plan, le jardin qui lui faisait face s’esquissèrent alors que la silhouette élancée de Valentine munie de son violon prenait bientôt place au premier plan. Une fois de plus, elle fut décontenancée par la perfection, la finesse et le réalisme des traits qui recouvraient le papier. Comment avait-elle pu dessiner un tel chef d’œuvre sans aucun effort, sans même réfléchir à ce qu’elle faisait ? Ses dessins précédents sa rencontre avec son héroïne lui semblaient tous bien fades à présent…
Continuant de s’interroger, elle ne remarqua pas l’arrivée de la petite brune qui vint s’asseoir auprès d’elle :
-Salut ! déclara-t-elle en se penchant sur le dessin. Waw c’est superbe ça ! C’est toi qui l’as fait ! Tu en as du talent dis donc !
-Euh, ben oui c’est moi, répondit Julie en sursautant.
-Tu rigoles c’est magnifique ! Tu devrais les vendre ! Tiens c’est pas la sœur de Charles ça ?
-Oui, c’est Valentine, répondit rapidement Julie qui souhaitait écourter la conversation, ignorant qui était cette fille qui venait de rompre la magie de l’instant.
-Elle en a de la chance d’apparaître dans tes beaux dessins, s’enthousiasma son interlocutrice en croisant les jambes. Au fait, moi c’est Léna et toi ?
-Julie, bougonna la jeune artiste.
Valentine avait du mal à tutoyer, mais décidément, ce n’était pas le cas de cette fille !
-Alors toi aussi, tu profites des derniers couchers de soleil ? Moi j’ai déjà passé la première étape, ça fait mal, mais bon… Après ce sera génial tout ce qu’on pourra faire ! Tu te rends compte, on va même pouvoir voler, c’est la classe! C’est Valentine ton initiatrice ?
Julie la regarda sans comprendre. Son initiatrice ? Voler ? Qu’est ce que signifiait encore tout cela ? Elle n’y comprenait pas grand-chose…
-Alors elle t’a déjà mordue ?
Décidément, il n’y avait rien à comprendre, sans doute une folle, et puis il était bientôt vingt heures et son envie de retrouver Valentine allait bien au-delà de sa curiosité.
-Je ne saisis pas grand-chose à tes histoires, lança-t-elle. Tu m’excuses, mais je dois y aller !
-Eh tu ne veux même pas rester avec moi pour voir ton dernier coucher de soleil ?
Mais déjà loin, Julie ne prit même pas la peine de répondre.

-Alors, comment s’est déroulée votre journée ?
-Je me suis occupée de vos dossiers, tout commence à être en ordre, répondit fièrement Julie. Et puis j’ai dessiné, ajouta-t-elle en lui tendant la feuille. Je ne comprends pas, je ne savais pas faire tout cela avant !
-C’est splendide, s’émerveilla Valentine émue.
-Comme ça, je peux vous voir même quand vous dormez ! Vous m’avez manqué, ajouta-t-elle, à mi-voix, tentant de saisir d’une main tremblante celle de Valentine.
La violoniste se laissa faire, heureuse de la voir soudain plus entreprenante. Et ce dessin merveilleux! Ce ne pouvait être que l’œuvre de Pauline qui avait hérité ce prodigieux talent de son père… Peut-être que la mémoire lui reviendrait plus rapidement que prévu finalement ! Et elles pourraient alors vivre pleinement leur amour !
-Au fait, j’ai rencontré une certaine Léna dans le jardin… Elle disait des choses incohérentes, je n’ai rien compris ! Elle parlait de voler, que vous étiez mon initiatrice, elle demandait même si vous m’aviez mordue !
Valentine blêmit. Charles n’avait-il pas prévenu son humaine de laisser tranquille Julie? Ne lui avait-il pas ordonné de garder le silence?
- Euh, Léna… Oui, c’est une amie de mon frère, bredouilla la reine de la nuit. Elle est… elle est folle, enfin son esprit est dérangé, si vous voyez ce que je veux dire… Elle peut tenir des propos cohérents, puis soudain sortir complètement de la réalité sans même en être consciente !
-D’accord je comprends. La pauvre ! Enfin, si elle ne le sait, ce n’est peut-être pas plus mal pour elle….
Pour Julie le sujet était clos, elle ne voulait pas gâcher les instants passés avec son héroïne pour discuter sur un sujet sans intérêt S’approchant de celle qui lui avait dérobé son cœur, elle posa une main sur son bras.
-Valentine est-ce que.., est-ce qu’on pourrait se tutoyer ? L’interrogea-t-elle rougissante.
-Je suis désolée, j’aurais dû vous, te le proposer plus tôt ! J’avoue avoir du mal à m’y faire ! Dans ma famille tout le monde se vouvoyait, mes parents aussi d’ailleurs, et j’ai toujours vouvoyé mon frère! Mais je vais essayer…
-Ah bon, d’accord ! Une famille traditionnelle alors !
-Oui, en quelques sortes… Avez-vous, as-tu dîné Julie ? La questionna Valentine pour changer de sujet.
-Euh, non, je t’attendais ! Il va bientôt faire noir maintenant ! Je peux nous préparer quelque chose!
Valentine s’éloigna de l’humaine, soudain embarrassée. Ça allait faire beaucoup de mensonges… Et puis cette petite idiote de Léna qui parlait de morsures et d’initiation, combien de temps Julie pourrait-elle continuer de la croire ?
-Ecoute Julie, je suis désolée, mais je ne peux pas manger avec vous, enfin avec toi.
-Ah bon, mais pourquoi ? Je suis une bonne cuisinière, tu ne connais pas tous mes talents cachés ! Et puis il faut bien que je serve à quelque chose !
-Mais je suis ravie de votre, ta présence !
-Alors pourquoi ce refus de goûter à ma bonne cuisine ?
-Je suis confuse… Une…une phobie alimentaire, bredouilla la vampire, en remerciant les quelques connaissances qu’elle avait sur le vocabulaire moderne. Je, je n’arrive pas à manger accompagnée… Enfin devant une autre personne je veux dire…
-Mais ce n’est que moi ! Je ne te regarderai même pas !
-Je suis désolée, je ne peux vraiment pas…
-Eh bien, moi j’ai faim, alors je monte dans ma cuisine et je mange, se vexa Julie. Tu ne sais pas ce que tu rates en ne voulant pas de ma cuisine.
Tutoyer son héroïne semblait lui donner un regain de liberté, jamais, elle n’aurait osé parler ainsi la veille…
Décontenancée, Valentine regarda sans bouger la porte claquer derrière celle qu’elle aimait. Elle avait eu l’air si déçue… Mais qu’aurait-elle pu dire d’autre ? Comment lui expliquer que seul le sang pouvait être digéré par son estomac de vampire? Comment lui dire qu’elle avait perdu le goût depuis 150ans et que seul le sang humain la nourrissait et ravissait ses papilles ?
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:22

Chapitre 7

Désemparée, la vampire rejoint son frère qui venait de se lever.
-Charles, j’ai à vous parler. Je pense que nous avons quelques petits malentendus à régler…
-Vous avez l’air bien pressée petite sœur, il est à peine vingt-et une heure. Nous avons toute la nuit !
-Non, s’énerva la vampire, c’est urgent !
-Oui, parce qu’ensuite, vous emploierez votre temps d’une autre manière, ricana-t-il. La petite humaine est fort belle… Ne perdez pas votre temps ! La jeune chaire deviendra vieille… Le temps passe vite pour les mortels !
-Cessez donc ces suggestions incongrues mon frère ! Et ayez l’obligeance de garder votre sérieux quelques instants ! Puis, je pourrais en dire de même pour votre humaine…
- Elle ne le restera pas très longtemps, ce serai dommage de laisser son joli petit minois se rider et sa belle tignasse blanchir… Et vous devriez en faire de même pour votre protégée ! Elle vous en serait reconnaissante, j’en suis certain !
-Il en est hors de question ! Vous connaissez tout comme moi les souffrances d’un vampire… L’immortalité n’est pas dépourvue de peine et de larmes...
-Oh, cela est une question de point de vue, chère petite sœur. Personnellement, je n’ai jamais eu à me plaindre !
-Soit, l’un n’est pas l’autre, Julie est une jeune fille sensible et je suis bien placée pour le savoir. Peu importe ce que vous faites subir à Léna, là n’est pas ma principale préoccupation…. Seulement, ordonnez-lui de se taire devant Julie ! Je fus obligée d’inventer que votre humaine n’avait plus toute sa raison…Elle n’aurait pas du parler d’initiation et de morsure à mon amie…
Charles se leva en soupirant et s’approcha de la sortie.
- Pardonnez-moi, Valentine de vous dire que vous m’exaspérez. Dites-le lui vous-même si cela vous pose un problème… Léna est tout à fait saine d’esprit et je vous défends de calomnier sur son compte...
-Ensuite, ajouta-t-il en ouvrant la porte, je me permets de vous donner un petit conseil. Vous ne voulez pas offrir la vie éternelle à l’humaine, soit. Je n’ai pas à m’y opposer. Mais dites-lui au moins la vérité et laissez là peut-être choisir… Car tôt ou tard même si ce n’est pas par Léna elle l’apprendra… Et la faille viendra peut-être de vous-même… Si vous l’aimez, vous ne pouvez lui mentir, elle vous en voudrait encore plus pour cela…
Sur ces belles paroles moralisatrices, Charles quitta la pièce, laissant sa sœur seule pour méditer sur tout cela.
Une heure et demie plus tard, Julie sortait du four sa tourte aux olives. Sans en connaître la raison, elle savait que c’était un des plats de prédilection de Valentine. La tourte aux olives et le riz au lait… Elle en aurait bien mangé chaque jour lorsqu’elle était plus jeune, pensa-t-elle soudain. Mais l’instant d’après, ses jambes se mirent à trembler, d’où lui venaient ces pensées ? Comment pouvait-elle connaître les goûts d’une personne qu’elle n’avait jamais vue ? Peut-être tout simplement parce qu’elle ressemblait étrangement à une amie d’enfance ? Amie d’enfance qu’elle aurait oubliée… Pourquoi chercher une explication compliquée à quelque chose de si rationnel? Et puis elle repensa au lait de ferme qui remplissait tout le frigo… Comme si Valentine connaissait sa boisson quotidienne…
Elle verrait bien si elle ne s’était pas trompée lorsque la violoniste viendrait la voir ; si du moins elle se donnait la peine de monter, car depuis qu’elle avait quitté la pièce, Valentine ne donnait pas signe de vie…

Déstabilisée par tous ces questionnements, Valentine se décida quand même à remonter pour s’expliquer avec sa protégée. Charles avait sans doute raison, elle lui devait la vérité… Mais n’était-il pas trop tôt ? Si Julie décidait de fuir, jamais, elle ne la reverrait, jamais elle ne retrouverait sa Pauline… Elle avait eu une chance de retrouver son amour de toujours, même si elle n’avait plus la mémoire, même si les choses ne s’expliquaient pas… En aurait-elle une seconde ? Alors qu’elle tournait la poignée de porte « des appartements » de Julie, elle ignorait toujours si elle allait parler de son état. Peut-être devrait-elle lui dire d’abord qui elle avait été dans le passé lorsqu’elle était encore humaine ? Peut-être que cela aiderait Julie ou Pauline plutôt à retrouver la mémoire ?

Fière du résultat de sa tourte, Julie accueillit joyeusement la nouvelle arrivante.
-Regarde Valentine ce que j’ai préparé ! Je sais que tu adores ce plat ! Tu vas réussir à manger avec moi, j’en suis sûre ! Je vais te guérir de ta foutue maladie moi !
-Je suis désolée,… je ne peux pas… j’aurais voulu mais je ne peux pas…
La mine déçue de Julie qui avait cuisiné avec tant d’amour, l’odeur de la tourte aux olives qui caressait ses narines, ses souvenirs lointains, s’en était trop, Valentine ne put retenir ses larmes. Il n’était pas courant pour un vampire de pleurer, et depuis 150 ans, seule la perte de sa moitié avait motivé ses sanglots. Mais cette tourte, c’était son plat favori, et Pauline le savait. Des images du passé lui revenaient en mémoire. La plupart des jeudis, alors que sa perceptrice était en congé, la cuisinière faisait cette tourte exprès pour elles. Elles en emmenaient un panier et s’installaient au fond du parc en arrière de la propriété pour toute la journée. Puis elle sortait son violon et Pauline son matériel de peinture… Elles pouvaient exercer leurs talents respectifs pendant des heures, tout en se lançant des regards remplis d’admiration et de tendresse dès qu’elles en avaient l’occasion. Elles étaient ensembles, sans personne d’autre, heureuses ! Pourquoi cette si douce époque n’avait-elle pas pu durer beaucoup plus longtemps ?
C’était la première fois que Julie la voyait en larmes et elle oublia d’un coup tout son discours sur cette stupide tourte. Elle était si désolée d’en être la cause…
-Je m’excuse Valentine, je ne voulais pas, murmura-t-elle en s’approchant de celle qu’elle admirait tant.
-Je ne peux pas, hoquetai la femme-vampire d’une toute petite voix qui ne lui ressemblait pas. Tu as raison, ce fut mon plat préféré à l’époque…Je ne voulais pas te faire de peine, j’aurais voulu partager ce repas avec toi… J’aurais voulu tout partager avec toi, et pour toujours…Mais je ne peux plus manger…depuis, depuis…
Sa voix tremblait, ses larmes coulaient toujours mais elle était incapable de poursuivre ses explications. Julie n’avait pas écouté sa dernière phrase, car tout ce qui lui importait était celle d’avant. « Tout partager… pour toujours… tout partager … pour toujours » Ces mots résonnaient dans son esprit au même rythme que battait son cœur; de plus en plus fort, de plus en plus vite, une mélodie vive et endiablée, la mélodie de l’amour... Elle voulait que ses yeux sèchent, elle voulait la voir sourire de nouveau, elle ne supportait pas cette si grande tristesse sur le visage de celle qu’elle aimait. C’était à son tour de la consoler, de la soutenir, de l’aimer, à son tour de la sauver même si sa vie n’était pas en danger. Alors sans attendre, elle glissa ses fins bras de poupée autour du cou de son idole et se haussa sur la pointe des pieds pour lui susurrer de douces paroles réconfortantes :
-Ce n’est pas grave ma belle déesse. Je me suis montrée égoïste alors que tu souffrais. Pardonne-moi, je ne recommencerai plus avec mes caprices d’enfant, je te le jure…
-Julie, lui répondit tout doucement son aînée en caressant ses boucles blondes. Je voulais te dire pour la tourte, et pour le reste… Je
-Non, tu n’as pas à te justifier, tu as tes raisons et je les respecte, je ne veux même plus savoir… Peu importe qui tu es, peu importe tes habitudes, peu importe nos différences. Nous aurons tout le temps d’apprendre à nous connaître. Tout ce qui compte c’est que nous soyons ensemble. Tout ce qui compte c’est d’être auprès de toi chaque nuit, de rêver de toi chaque jour avec la délicieuse certitude de te retrouver chaque soir… Parce que tu m’as sauvée, parce que tu m’as ensorcelée, tout simplement parce que je t’aime !
Elle les avait prononcés ces deux mots si compliqués mais si simples à la fois, si dangereux mais si remplis d’espoirs… Des mots qui résumaient tout, qui disaient tout, qui suffisaient à tout.
Alors elles se regardèrent, un regard émeraude qui se noyait dans le saphir ; un lien invisible et invincible liait ces deux pupilles qui se comprenaient et s’aimaient …Comme dans le rêve, la même intensité, des retrouvailles inespérées…
Elles restèrent longtemps sans bouger, sans oser rompre cette si belle osmose qui les unissait… Jusqu’au moment où Valentine approcha ses lèvres de celles de son aimée, jusqu’au moment où celles-ci murmurèrent un « je t’aime depuis toujours et pour l’éternité ». Jusqu’au moment où elles franchirent enfin les quelques millimètres d’air qui les séparaient encore de celles de sa moitié. Un baiser chaste et bref, un nouveau regard encore plus enflammé, encore plus brillant, avec toutefois une certaine nuance d’angoisse réciproque, l’angoisse de l’inconnu, la peur de l’interdit, une peur si vite vaincue par un deuxième baiser, plus long, plus profond, plus fervent alors que leurs langues s’unissaient. Puis, réunies par le même désir, elles s’agrippaient l’une à l’autre, voulant aller toujours plus loin, franchir toujours de nouvelles limites pour rattraper tout ce temps perdu.
Alors qu’allongées sur le lit à baldaquin, Valentine couvrait sa bien-aimée de baisers, elles entendirent un bruit sourd fracassant en provenance de l’étage inférieur, un bruit très vite suivi par une série de cris stridents qui s’éteignirent rapidement.
Sursautant et blêmissant, Julie enfonça un peu plus ses doigts posés sur les épaules dénudées de Valentine qui releva la tête intriguée :
-Que se passe-t-il ? demanda l’humaine d’une voix tendue
-Je l’ignore… Peut-être…
Un nouveau bruit, métallique cette fois rompit le silence devenu presque inquiétant les faisant sursauter de nouveau.
-Il faut que j’y aille, souffla Valentine dans un souffle. Je dois aller voir. Ne bouge pas…
-Non ne me laisse pas seule, gémit Julie en tentant de la retenir.
Mais la vampire parvint à se dégager.
-Ne crains rien, je reviens vite mon amour, je t’aime, murmura-t-elle en descendant du lit.
- Moi, aussi je t’aime, lui répondit Julie, avant de se rendre compte que sa dulcinée avait déjà quitté la pièce. Mais comment avait-elle fait pour se déplacer aussi vite ?
Elle attendit, cinq minutes, un quart d’heure, vingt minutes, une demi-heure ; elle avait froid, elle avait peur, Valentine n’était toujours pas revenue, et le profond silence la terrifiait. Et s’il y avait eu des voleurs ? Et s’ils avaient d’abord tué son frère avant de s’attaquer à sa bien aimée ? Et si c’était Léna qui plus folle que d’habitude les avait pris pour des êtres malfaisants et les avait assassinés ? Elle était effrayante lorsqu’elle parlait de morsure et d’initiation…
Décidément elle ne pouvait plus attendre en pensant au pire… il fallait qu’elle descende pour être fixée… Et si Valentine était morte, elle supplierait l’assassin de l’achever elle-aussi, car elle ne s’imaginait plus vivre sans elle, elle aurait au moins pu profiter de quelques instants de bonheur…
Elle descendit les escaliers, traversa la pièce où Valentine jouait plus tôt du violon, parcourut des couloirs glacials et peu éclairés pour enfin trouver une raie de lumière sous une petite porte qu’elle ouvrit d’une main tremblante. Le spectacle qui s’offrit alors à elle la glaça d’effroi…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:23

Chapitre 8

Une large tâche écarlate sur le sol, un cadavre ensanglanté au beau milieu… Des éclats de verre et de métal sur tout le sol, une civière renversée, des tuyaux plastifiés déchirés… Et ses pupilles sans vie et dilatées qui ne cessaient de la regarder… Un tableau renversant…Et elle n’était pas au bout de ses macabres surprises…
La main sur sa bouche pour ne pas rendre le peu qu’elle avait avalé dans la journée, elle tenta de mettre un pied devant l’autre pour rejoindre la porte du fond qui était entrouverte. La raison comme la peur lui disaient de fuir, de courir loin, de courir vite, et de chercher de l’aide, mais son cœur lui ordonner d’avancer, elle devait savoir… Elle devait continuer à espérer, espérer que pour sa dulcinée il ne serait pas trop tard…
Elle avait le dos trempé de sueurs froides, alors qu’à chaque nouveau pas ses genoux s’entrechoquaient manquant de la faire tomber, son cœur battait, mais son moteur avait changé, la peur avait remplacé l’amour. Enfin elle atteint la porte et ses mains moites parcourues de secousses inextinguibles parvinrent tout de même à se poser sur la poignée pour tirer la porte vers elle.
Elle ouvrit alors la bouche pour hurler, mais aucun son ne sortit. Au milieu de la grande pièce quasiment vide, le frère de Valentine était agenouillé au-dessus du corps agonisant de Léna qui gémissait faiblement, maintenue sur le sol par Valentine elle-même. Ayant entendu le grincement de la porte, Charles s’était retourné, laissant découvrir à la jeune humaine ses proéminentes canines et ses lèvres dégoulinantes de sang.
Puis ce fut au tour de Valentine de se retourner. Lorsqu’elle croisa le regard à la fois paniqué, désemparé perdu et désespéré de sa protégée, elle comprit qu’il était trop tard. Cependant, elle tenta malgré tout de s’avancer vers elle pour lui prendre la main. Mais Julie qui semblait soudain sortie de sa torpeur avait retrouvé l’usage de la parole…
-Ne t’approche pas ! Qui es-tu abominable monstre ? Je sais que vous allez me tuer comme cette pauvre fille, mais je veux que tu saches qu’à côté de cette trahison, la mort ne sera pour moi qu’un soulagement, car tu m’as déjà tuée !
Tu as tort Julie, murmura plaintivement Valentine, je ne te veux aucun mal, je suis si désolée que tu l’apprennes ainsi mais je peux tout t’expliquer…
-C’est inutile, j’ai compris, hurla Julie qui tremblait de tous ses membres. Si tu ne veux pas me tuer, alors laisse moi partir ! Je ne veux plus jamais te revoir, tu m’entends, plus jamais !
Sur ces mots, la jeune humaine se retourna et s’enfuit à toute allure après avoir claqué violemment la porte derrière elle.

Pendant quelques instants, Valentine la suivit du regard incapable d’effectuer le moindre geste.
-Mais allez-y, allez la rejoindre ? Qu’attendez-vous ? La rappela à l’ordre son frère avant de s’entailler le poignet de ses dents acérées.
-Allez buvez vite ma belle, ajouta-t-il à l’égard de Léna en présentant son poignet ensanglanté devant ses fines lèvres entrouvertes.
-Elle est partie… Elle ne veut plus me voir… Que faire ? l’interrogea Valentine, l’air perdu.
- Ne soyez pas ridicule petite sœur ! Vous savez tout comme moi qu’un vampire est capable de la retrouver et de la rattraper en moins d’une seconde ! Courez, et tentez de lui expliquer ! Forcez-la à écouter tout au moins.
-Vous… vous croyez ? Et vous ça va aller ? Et si elle revenait ?
-Mais oui, elle boit, elle sera bientôt parmi nous… Elisa est partie, un vampire de sa puissance énervé est toujours impressionnant mais elle n’a pas un mauvais fond… De toute façon même sans cet incident Léna nous aurait rejoints et elle le savait… Et c’est ce que vous auriez dû faire avec votre Julie… Allez, ce n’est pas trop tard, filez ma chère sœur, je ne veux plus vous voir malheureuse !

Suivant son conseil, Valentine se lança à sa poursuite. Sa jeune protégée avait réussi à atteindre le garage qui l’avait tant intrigué la veille. Paniquée, elle tentait désespérément de mettre le contact…
Mais Valentine ne se montra point, elle ne voulait pas que son tendre amour se rende compte qu’elle était poursuivie et s’effraie encore plus. Pourtant, elle ne désirait pas non plus abandonner, pas sans explications, pas sans qu’elle ne sache qui elle fut, pas sans qu’elle ne lui déclare une nouvelle fois son amour inconditionnel et éternel. Et puis la forêt était dangereuse à cette heure de la nuit, elle ne pouvait la laisser partir seule dans cet environnement hostile…

Julie avait enfin réussi à démarrer la voiture, et le cœur battant, elle fila droit devant la porte coulissante en trompe-l’œil qui s’ouvrait devant elle. Appuyant avec véhémence sur l’accélérateur, elle rejoint bientôt les larges grilles de la propriété qui s’ouvrirent elles aussi. Poussée par les vagues d’adrénaline qui se déversaient dans son cerveau en alerte, elle s’éloigna sans se retourner ni décélérer de cette propriété, cette prison dorée dans laquelle elle avait naïvement pensé vivre ses plus belles années. Non sans mal, elle réussit à suivre le chemin escarpé de terre et de pierres et elle finit par rejoindre la route principale, croyant être sauvée. Mais elle n’avait pas remarqué une étrange chauve-souris qui planait depuis le début au-dessus du véhicule emprunté.
Enfin, elle parvenait à se garer dans la rue de son oncle, presque déçue de ne pas avoir été poursuivie. L’avait-elle déjà oublié ? Sa fuite avait été guidée par sa grande frayeur, mais n’aurait-elle pas du rester pour écouter les explications de sa dulcinée? Au fond d’elle-même elle espérait toujours l’innocence de son héroïne, bien que ce qu’elle avait vu ne laissait que peu de place à cette hypothèse… Et si elle avait voulu protéger son frère psychopathe ? Et si cette grande demeure au bout de nulle part n’était là que pour enfermer un frère sociopathe ? Mais dans ce cas elle se rendait complice en camouflant ces crimes…
En tournant la clef dans la serrure de la maison qu’elle n’aurait jamais dû quitter, elle cessa quelques minutes de penser à Valentine pour se concentrer sur ce qu’elle allait bien pouvoir raconter à sa famille. Malgré sa courte durée, allaient-ils lui pardonner cette fugue ?
Dans sa chambre, la lettre qu’elle avait laissé avait disparu, mais la maison était anormalement vide… Où étaient-ils donc tous passés ?
Au bout d’une demi-heure, elle cessa de s’agiter et s’installa dans la cuisine en face de son éternel bol de lait tiède. Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas derrière elle la reine de la nuit qui venait de reprendre son enveloppe humaine…
-Julie…
La jeune humaine sursauta, reconnaissant cette voix que jamais elle ne pourrait oublier.
-Qu’est-ce que tu fais là ? S’emporta-t-elle alors que la colère avait raison de son amour.
-Julie… Je suis désolée…. Laisse-moi au moins t’expliquer. Je t’aime, crois au moins cela…
-Il n’y a rien à expliquer ! Je ne vois pas pourquoi je te croirais ! Tu veux me tuer, comme cette pauvre Léna, comme le pauvre cadavre qui baignant dans son propre sang ! C’est affreux Valentine, même si c’est ton frère qui fait tout ça, le cautionner c’est terrible !
Tremblante, Julie se leva d’un bond et sortit son portable de sa poche :
-Alors maintenant tu sors de chez moi, ajouta-t-elle ou sinon j’appelle la police !
Mais cette fois, Valentine ne l’écouta pas. Sa décision était prise, elle ne partirait pas tant que sa dulcinée ne l’aurait pas écoutée jusqu’au bout.
-Non, répondit-elle calmement. Non Julie, je ne partirai pas, pas avant de t’avoir tout dit. Tu dois savoir et ensuite tu seras libre, mais laisse-moi parler.
-Il en est hors de question ! Va-t-en ! Je ne veux pas de tes explications, tu as trop menti ! J’appelle… J’appelle la police !
Mais avant même qu’elle n’ait composé le 7 du 17, son portable s’échappa de ses mains pour atterrir sur le buffet derrière Valentine.
Affolée, elle tenta de le récupérer, mais la vampire l’en empêcha en la retenant de ses mains puissantes :
-Laisse moi partir, pleurnicha Julie alors que son instinct de survie l’obligeait à se débattre.
-Calme-toi mon cœur, lui répondit tout doucement Valentine. Je ne te ferai aucun mal, et au fond tu le sais, n’est ce pas ?
-Oui, murmura Julie entre ses larmes effrayées, mais c’était plus pour éviter de contrarier cette femme avec une si grande force que par pure conviction.
Comment se faisait-il qu’elle soit à ce point immobilisée alors que celle qui fut son héroïne ne semblait pas faire le moindre effort pour la retenir, ses mains n’étant que posées sur les épaules de l’humaine?
-Bien, déclara la vampire, maintenant, nous allons enfin pouvoir parler.
-Qu’est-ce que tu veux ? Souffla la jeune humaine toujours aussi effrayée.
-Juste te parler. Quand tu m’auras écouté jusqu’au bout, je te laisserai partir, si toutefois tu le veux encore.
Julie ne dit rien, mais elle savait que malgré tout l’amour qu’elle avait pour Valentine, elle ne saurait pardonner une meurtrière. Toutefois, elle était presque soulagée de voir que celle-ci cherchait à s’expliquer.
-Je t’écoute, souffla-t-elle un peu plus calmement.
-N’as-tu rien remarqué d’étrange quand tu vivais chez moi ? L’interrogea la vampire, qui ignorait par où commencer.
-Eh bien, sans vouloir te vexer, répondit Julie d’une faible voix, c’est vrai que tu ne vis pas comme tout un chacun. Enfin, c’est peut-être ta maladie, je ne sais pas. Mais je t’aimais moi, ajouta-t-elle d’un ton plus assuré, je t’aimais tellement… Je serais passé outre, j’aurais tout accepté, mais pas le crime Valentine, cela je ne le peux pas…
-Ce n’est pas ce que tu crois, soupira son interlocutrice, vraiment… Je ne suis pas une meurtrière, enfin je ne le suis plus.
-Alors tu as vraiment tué ? Lui demanda l’humaine en pâlissant.
- Laisse-moi poursuivre mon amour, je t’en prie… Tu comprendras mieux. Je ne suis pas celle que je parais… Mais je n’y puis rien… Tu vas me prendre pour un monstre, mais vois-tu, je n’ai rien choisi… Je m’en veux tellement de t’avoir menti… J’avais si peur que tu prennes la fuite… Ce que tu as fini d’ailleurs par faire. Je ne suis pas comme toi Julie, je ne suis pas humaine.
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:24

Chapitre 9

-Pas une humaine ? répéta Julie regardant son interlocutrice comme si elle avait perdu l’esprit.
-Julie, je suis morte il y a 150 ans… Ne t’es-tu pas demandée d’où me venait cette force ? Ne t’es-tu pas demandée pourquoi la maison était emmurée, pourquoi…
Mais Julie n’écoutait plus, perdue dans ses pensées, elle commençait enfin à comprendre… Cette phobie alimentaire, cette soit-disant maladie qui l’empêchait de sortir, ce sang, ses grandes canines, cette force surhumaine, son langage désuet, et finalement cette mort depuis 150 ans… Tous ces incroyables éléments réunis la faisaient penser aux vampires, ces êtres maléfiques qui peuplaient ses romans favoris… Mais comment était-ce possible ? Les vampires ne sont-ils pas une simple légende ?
Malgré tous les doutes qui continuaient de la tourmenter, le «Tu es un vampire » lui échappa sans qu’elle ne puisse le retenir.
-Julie, je t’assure, je ne l’ai pas choisi, répétait Valentine comme si elle la suppliait. Je ne voulais pas te mentir… Je n’aurais pas dû t’emmener au manoir, mais je n’ai pas pu m’empêcher, Julie. Je voulais être jour et nuit à tes côtés… Parce que s’il y a bien une chose qui est vraie, c’est que je t’aime, Julie, depuis le début et pour toujours… Et même si tu ne veux plus de moi, je continuerai à t’aimer… Et pourtant je sais à quel point l’éternité est longue…
-Un vampire, redit l’humaine qui n’avait que très peu écouté cette belle déclaration, trop préoccupée par cette révélation. Alors tu tues des humains chaque nuit ? Des gens comme moi ? Et puis après, tu bois leur sang, c’est bien comme ça que vous vous nourrissez, non ? C’est abominable !
-Plus maintenant, mon amour, plus maintenant… Je te mentirais en niant l’avoir fait dans le passé… Oh je t’en conjure, ne me juge pas, ne me lance pas ce regard répugné! Essaye juste de comprendre, c’est comme lorsque vous mangez de la viande… Les humains peuvent aimer les animaux, mais pourtant, beaucoup sont carnivores… Et bien, nous sommes conçus ainsi, conçus pour nous nourrir de votre sang… Pourtant, ne crois pas que cela ne nous est pas horrifiant… Peut-être est-ce aussi bien que notre reflet dans le miroir ait disparu, car nous ne pourrions plus nous regarder en face… Du moins, certains d’entre-nous. Penses-tu que nous avons oublié avoir été nous-mêmes humains ? C’est faux, à chaque fois que l’on boit du sang, l’on y pense… Et même si cela est source de soulagement et de plaisir après avoir erré toute la nuit, terrassés par une insatiable faim, à chaque fois cela nous est insupportable, savoir que l’on retire la vie à quelqu’un dont nous fûmes semblables, savoir que l’on prive une famille d’un de ses membres, savoir que nous gâchons définitivement non pas une mais plusieurs vies… Savoir que plus jamais ils ne pourront rire ou pleurer… D’autant plus qu’au moment où nous mordons, nous savons tout, nous voyons leurs souvenirs, nous entendons leurs craintes, nous ressentons leur mort…
-Je croyais que les vampires n’avaient pas de cœur, l’interrompit Julie quelque peu touchée malgré toute sa rancœur.
-Ce n’est que légende… Nous avons un cœur et il ne cesse pas de battre lorsque nous mourons… Mais bien sûr, certains vampires supportent mieux que d’autres… Et paradoxalement, les plus hargneux sont généralement les jeunes vampires qui ne se rendent pas vraiment compte de ce qu’ils font, ils ont besoin de sang et se servent… En « vieillissant », nous nous rendons alors compte de cette infamie, notre vie humaine nous revient en mémoire avec nostalgie, et tuer devient de plus en plus difficile…Mais tout cela est maintenant terminé et heureusement… Tu ne peux pas savoir Julie, quel soulagement de ne plus être obligée de tuer pour vivre… C’est tellement plus facile, sauf lorsque l’on repense à tous ceux que nous n’avons pu épargner dans le passé…
-Mais alors, si tu ne tues plus, comment fais-tu pour vivre ? Enfin, je ne sais pas si l’on peut parler de vie puisque tu es morte…
-Effectivement comme je te l’ai dit, je suis morte depuis bien longtemps… Mais cela fait plusieurs décennies que j’ai cessé de tuer…
-Et ce cadavre que j’ai vu c’est quoi ? S’énerva l’humaine, Tu cherches encore à m’embobiner…
-Plus jamais Julie, plus jamais je ne te mentirai ! Laisse-moi poursuivre mon amour… Vers 1930, peut-être 1935, je ne saurais dire… en tout cas c’était entre les deux guerres de ce siècle, une idée a germé dans l’esprit d’Elisa. J’ai omis de te préciser qu’elle est la plus âgée, nous l’appelons d’ailleurs la princesse des vampires…
Elle fait partie de la vieille génération, personnellement je ne connais pas de plus vieux vampires et beaucoup de plus jeunes sont sous ses ordres, même si elle les voit assez peu et les commandent si besoin à distance… Bref, je ne vais pas m’étendre sur des détails dont j’ignore moi-même la substance… Elle ne parle que très peu d’elle-même et de son passé. Sache seulement qu’elle a plus d’un millénaire et que sa vie vampirique débuta au Moyen-âge. Elisa est celle qui a transformé Charles, mais c’est là encore tout ce que je sais, car malgré mes interrogations, jamais l’un ou l’autre ne daigne en parler et j’ignore pourquoi elle a choisi pour compagnon un novice… Je sais juste que lorsque mon frère m’a transformée, ils se considéraient comme mari et femme… Malgré son âge, ma belle-sœur ne s’est jamais focalisée sur le passé, se passionnant à chaque époque pour les nouvelles inventions humaines… C’est à la fin du 17ee siècle, il me semble, qu’elle a créé son propre laboratoire et qu’elle a commencé à créer ses propres objets… Au lieu de passer ses nuits entières à chasser, et ses journées à sommeiller, elle restait là-bas et, grâce à sa grande notoriété, elle ne manquait jamais de sang… J’ignore totalement l’aboutissement de ses recherches, mis à part la plus importante qu’elle réussit enfin à mettre au point en 1930 ou 1935, je ne sais plus exactement comme je te le disais. Il faut savoir, que malgré son apparente férocité, elle a toujours été d’une grande sensibilité et, qu’avec les années, tuer lui était de moins en moins supportable… Elle a donc mis au point une prodigieuse machine qui allait révolutionner notre ère. Une machine nous permettant de boire du sang mort...
-Du sang mort ? demanda Julie de plus en plus intéressée par toute cette histoire alors que peu à peu sa curiosité lui faisait oublier sa grande peur.
-Je veux dire par là, le sang d’humains qui sont déjà morts… un sang qui ne circule plus peut être mortel pour nous, ou du moins nous affaiblit fortement selon la quantité que l’on ingurgite, mais ce qui est certain est qu’il ne peut nous nourrir…Elisa a eu une idée brillante…Elle a créé une sorte de machine avec un cœur métallique artificiel et des sortes de circuits pour rendre le sang vivant grâce à des tuyaux qui permettent de pomper le sang d’un mort. Ensuite, ce sang repart en circulation, un thermostat le réchauffe à 37 degrés et il devient alors apte à nous nourrir, à condition que le cadavre ne soit pas trop ancien bien sûr ! Maintenant, son invention s’est bien perfectionnée et il devient très facile, « d’emprunter » des cadavres dans les morgues…
Julie la regardait de nouveau avec une expression écœurée.
-Ne t’offusque pas, mon amour, reprit Valentine, je sais à quel point cela parait glauque et irrespectueux. Mais au moins, nous ne tuons plus… Nous ne faisons que nous servir d’un sang devenu inutile, sans détruire de vie humaine… Vois-tu la différence ?
-Oui, bien sûr souffla la plus jeune qui n’avait pas considéré les choses de cet angle. Mais alors… je ne comprends pas… cette nuit…
-Cette nuit, répondit la reine de la nuit, cette nuit j’allais y venir. Le cadavre que tu as vu dans une marre de sang était celui d’un humain mort depuis au moins cinq heures, tout droit sorti de la morgue du village le plus proche… Un souterrain nous y conduit. Et tu as dû voir les restes de la machine…
Julie avait effectivement remarqué les morceaux de tuyau et les éclats de métaux qui juchaient le sol.
-Effectivement… mais elle semblait en miette… Et cela n’explique pas pour le corps de Léna !
-Si tu n’étais pas partie si vite, tu aurais remarqué qu’elle n’était pas tout à fait morte …
-Elle agonisait ! Quelle différence ?
- Je regrette de l’avoir fait passer pour une folle à tes yeux…Mais tu comprends maintenant que le choix ne m’était pas donné… Te souviens-tu de ce dont Léna t’a parlé ?
-Euh d’initiation, de morsure… Elle était donc au courant ? Elle savait qu’elle allait être transformée ?
-Léna est la maîtresse de mon frère depuis peu… Bien que je n’approuve pas cette trahison envers Elisa, ma belle-sœur devenue ma meilleure amie avec le temps, je ne pouvais le dénoncer sans te mettre en danger… Nous avions un marché. Il te respecterait tant que je respecterais Léna… Contrairement à moi, mon frère avait l’intention de transformer Léna et elle y consentait apparemment… Sans doute ne se rendait-elle pas compte de ce que cela signifiait, mais cela, après tout, ne me regardait pas…
-Alors pourquoi toute cette brutalité cette nuit ? Pourquoi ces bruits et cris lorsque nous étions en haut ? demanda Julie perplexe.
-En ce début de nuit, Elisa les a surpris ensembles, s’embrassant dans le vestibule, en attendant que le sang du cadavre que tu as vu soit prélevé… Un vampire en colère, comprends-tu ce que cela signifie ? Notre force physique est bien plus grande que celle des humains et celle d’un vieux vampire bien plus encore… D’un coup de pied rageur, elle a brisé en mille morceaux la machine. Puis elle a poussé Léna contre le mur qui s’est mise à saigner et a perdu connaissance… Voilà le bruit qui nous a interrompues… Lorsque je suis descendue, j’ai croisé Elisa qui m’a dit qu’elle avait besoin d’air, mais que mon frère aurait sans doute besoin d’aide…
-Pourquoi n’a-t-elle pas été jusqu’au bout ? N’aurait-elle pas pu la tuer d’un claquement de doigt ? demanda Julie en frissonnant, alors qu’elle imaginait que Valentine pourrait mettre fin à ses jours tout aussi rapidement.
-Elle semblait presque désolée de ce qu’elle avait fait lorsque je l’ai croisée… Mais bien évidement, jamais elle ne l’aurait admis… Cela fait très longtemps qu’elle n’a pas tué d’humains d’ailleurs et je ne pense pas qu’elle briserait cette règle. Et puis, elle aime tellement mon frère qu’elle veut son bonheur, elle ferait n’importe quoi pour lui comme je ferais n’importe quoi pour toi… Les sentiments des vampires sont parfois bien plus exacerbés que ceux des humains…
-Maintenant tu sais tout, ajouta Valentine en lâchant la pression qu’elle exerçait sur ses membres. Maintenant je te laisse décider si tu veux encore de moi. Mais sois encore une fois convaincue de mon amour éternel…

Pendant quelques secondes, Julie regarda la porte de la cuisine, elle était libre, elle pouvait fuir, comme cela avait été son principal désir les quelques heures précédentes, puis ses yeux se tournèrent vers celle qu’elle avait tant aimé et ses larmes se remirent à couler. Pourrait-elle vraiment vivre heureuse sans elle ? Combien de temps supporterait-elle son ancienne vie avant de souhaiter une nouvelle fois la mort ? Pourrait-elle seulement supporter de vivre loin d’elle? Certes elle était un vampire, certes il était possible qu’elle lui mente encore et qu’elle n’ait pas complètement arrêté de tuer… Mais après tout, elle avait eu moult occasions de l’achever et elle ne l’avait pas fait… Pourquoi cela changerait-il?
-Qu’est-ce… qu’est-ce que tu me proposes ? lui demanda-t-elle alors
-Reviens, mon amour, reviens vivre chez nous, répondit Valentine. Ne me quitte plus !
-Mais les autres, ton frère, Elisa, ils pourraient m’éliminer…
-Elisa vient d’épargner sa rivale et mon frère m’a fait une promesse… Ils ne te feront rien… Les autres vampires ne viennent que deux fois par semaine, mais nous serons absentes… Jamais je ne laisserai personne te faire du mal, je t’aime… Mais si tu préfères, nous partirons ailleurs, je quitterais tout pour toi !
Touchée par ses paroles si enflammées, Julie cessa de réfléchir et s’approcha de sa dulcinée.
-Je vais revenir, dit-elle d’une voix faible. Moi aussi je t’aime… Je suis prête à oublier, à essayer d’oublier. Je…Je me rends compte que la seule chose qui compte c’est…c’est d’être auprès de toi.
La reine de la nuit sourit et entoura sa protégée de ses longs bras rassurants avant de poser ses lèvres sur les siennes.
-Je t’aime et je ne veux plus jamais être éloignée de toi, murmura-t-elle entre deux baisers.
Mais après une longue étreinte entrecoupée de baisers de plus en plus poussés, elle se retira rapidement des bras de Julie en grimaçant de douleur.
-Qu’est-ce qui se passe ? demanda la jeune humaine d’une voix tendue…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:24

Chapitre 10

-Il fait presque jour, murmura Valentine en désignant du doigt la fenêtre. Je… Je n’ai pas vu le temps passer ! Et maintenant, il est trop tard pour rentrer ! Si je reste là, je vais brûler, je sens déjà les rayons matinaux sur ma peau !
-Non, s’écria Julie, non ! Viens, dit-elle en lui prenant la main et la conduisant dans le couloir.
Quelques minutes plus tard, elles étaient dans la chambre de Julie, qui non seulement avait fermé le volet, mais qui avait en plus punaisé des draps foncés pour empêcher les derniers rayons de passer.
-Ca ira ? demanda-t-elle en se tournant vers Valentine.
-Oui, ce sera parfait, répondit celle-ci. Merci. Mais pourrais-je rester jusqu’à ce soir ?
-Pour le moment, il n’y a personne et il n’y a pas de fenêtre dans le couloir et dans la salle de bain, donc tu ne risques rien… Et puis, je ferme la porte de toute façon, dit-elle tout en la verrouillant. Si quelqu’un arrive, nous aviserons, je te cacherai.
Elle regarda ensuite la vampire d’un air taquin, sans bouger pour autant :
-Tu sais que je suis amnésique, susurra-t-elle. J’ai oublié ce que nous faisions… Pourrais-tu me le rappeler ?
En une fraction de secondes, Valentine était juste devant elle
-Tu es rapide mon amour, s’amusa Julie, alors que plus aucune marque de frayeur ne transparaissait dans sa voix.
-Et tu es loin de savoir tout ce dont je suis capable de faire, sourit Valentine, la plaquant délicatement contre la porte tout en approchant ses lèvres des siennes sans pour autant les toucher.
-Ma sublime humaine n’était-elle pas sur le point de m’embrasser ? ajouta-t-elle en souriant.
-Mais si, je pense bien que la mémoire me revient, répondit Julie sur le même ton badin en prenant possession des lèvres de sa bien-aimée.
Elle n’avait pas remarqué, la lueur de tristesse passer dans les yeux de son héroïne lorsqu’elle avait prononcé ces mots. Valentine aurait tant voulu que la mémoire lui revienne vraiment, qu’elle se souvienne de son ancien prénom, Pauline et de tout l’amour qu’elles avaient partagé… Peut-être lui en parlerait-elle un jour, mais ce temps n’était pas encore venu, il était trop tôt et elle avait l’intention de profiter du présent, maintenant qu’elle avait su la reconquérir.
Julie ne lui laissa pas le temps de réfléchir, déjà elle commençait à déboutonner la robe de sa bien-aimée :
-Je veux être tout à toi ! murmura-t-elle d’une voix enflammée.
Comment lui résister ? Valentine s’activa alors à la fermeture éclair du gilet de l’humaine.
-Moi aussi, lui répondit-elle en souriant et en reprenant possession de ses jeunes lèvres.
Mais lorsque toutes deux furent en sous-vêtements, la vampire remarqua une lueur de frayeur qui traversait les yeux de son tendre amour.
-Tout va bien Julie ? lui demanda-t-elle tout doucement. Tu sais, si tu n’es pas prête…
-Je suis prête, plus que jamais ! répondit la jeune fille. Tu seras la première et la seule pour moi de toute façon… C’est juste que je n’imaginais que tu puisses être si parfaite sous tes longues robes, ajouta-t-elle en rougissant alors que ses yeux lorgnaient la ferme et généreuse poitrine de sa bien-aimée avant de glisser vers sa fine taille si bien dessinée.
-Mais toi aussi, tu es splendide ma belle humaine… Tu es a croqué, ajouta-elle en faisant semblant de sortir ses canines. Mais non, n’aie crainte, ria-t-elle devant la mine soudain plus inquiète de Julie, tu sais bien que je ne te ferai aucun mal.
-Tu vas me payer ça, s’amusa Julie, en dirigeant l’élue de son cœur vers son lit en bois. Je n’ai pas ta force bien sûr, mais sinon je t’assure que je me serais venger.
-Comme cela, demanda Valentine qui soudain se retrouva sur le lit, sans que sa moitié ait pu se rendre compte du déplacement.
-Décidément, je ne m’y habituerai jamais, souffla Julie ébahie.
-Tu viens me rejoindre ? lui demanda Valentine dans un sourire.
Julie s’apprêta à s’exécuter, mais se sentit tout à coup soulevée du sol par une force qui lui paraissait invisible et, en un clin d’œil, elle se retrouva sur le lit aux côtés de sa chère héroïne.
Nous avons simplement des séquences de mouvement plus rapides, ria Valentine en la serrant dans ses bras. Je suis si heureuse de t’avoir près de moi…
Toutes deux reprirent alors leur sérieux et demeurèrent immobiles l’une contre l’autre pendant de longues minutes tout en se dévorant du regard.
Puis Valentine se pencha sur la jeune humaine et se remit à l’embrasser sur la bouche d’abord, puis dans le cou avant de descendre plus bas. Le cœur battant à tout rompre, Julie entoura son cou pour l’inviter à continuer alors qu’elle sentait que son soutien gorge se dégrafait.
-Je peux ? lui chuchota la femme-vampire inquiète de ne pas choquer sa chère humaine qui se contenta de sourire en rougissant.
-Tu es splendide, mon tendre amour ! S’exclama-t-elle avant de l’embrasser sur tout le corps et de glisser sa main sous le dernier morceau de tissu qui recouvrait le corps de la jeune humaine.
Puis, d’une main tremblante, Julie débarrassa à son tour la vampire de ses sous-vêtements tout en rougissant de plus belle. Julie trembla sous l’effet du plaisir qui la submergeait à chaque caresse de Valentine. Elle n’avait jamais ressenti une telle extase qu’entre les bras de sa chère vampire qui semblait ressentir exactement la même chose.
Leurs émois durèrent jusqu’à ce que l’une et l’autre s’endorment enlacées, épuisées, mais heureuses.

Julie regardait en souriant le sublime corps de sa belle endormie à moitié recouvert d’un léger drap blanc, alors que ses longues mèches brunes étaient éparpillées sur sa peau diaphane. Sur la pointe des pieds, la jeune humaine quitta son lit et enfila ses vêtements avant de se diriger vers son petit bureau pour laisser un mot à sa dulcinée au cas où elle se réveillerait. Il serait bientôt midi, mais la maison était toujours aussi calme et vide… Un silence étrange et inquiétant. Intriguée de ne pas voir signe de vie de sa famille dans leur propre maison, elle tenta de les appeler, mais le répondeur succédait aux sonneries, sans que jamais personne ne décroche. Elle appela aussi celle qui se disait être sa meilleure amie avant son accident, mais là encore, elle tombait sur un mur.
Se sentant un peu démunie, elle finit par aller dans la cuisine pour se préparer son lait tiède. Ils finiraient bien par réapparaître…

Alors qu’elle s’asseyait devant la fenêtre, comme à son habitude, le placard au fond de la cuisine, s’ouvrit soudainement dans un énorme fracas. En se retournant apeurée, elle vit son oncle devant elle, méconnaissable et menaçant avec ses longues canines pointues et son regard jaune haineux et perçant…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:25

Chapitre 11

Lorsque Valentine ouvrit les yeux, elle s’aperçut déçue de l’absence de sa moitié. Jetant un œil sur le réveil électronique de la jeune fille, elle constata qu’il n’était que quinze heures; elles allaient encore devoir attendre avant de pouvoir partir. Pourvu que la famille de Julie ne l’ait pas houspillée pour sa fugue. Se levant, la reine de la nuit aperçut le petit mot sur le bureau :
« Il est midi, mon amour, je descends manger quelque chose et voir s'il y a quelqu’un dans la maison. Je reviens tout de suite, ne descends pas ma beauté, car il y a une vitre sur la porte d’entrée qui pourrait laisser passer quelques rayons. J’ai hâte d’être à nouveau dans tes bras, je t’aime »
Valentine sourit devant ces mots doux, mais s’inquiéta aussi. Comment se faisait-il qu’elle n’était toujours pas revenue alors que trois heures avaient passé ?
Poussant la porte, elle constata que le couloir était désert :
-Julie ! Appela-t-elle alors que seul son écho lui faisait réponse.
Elle s’alarma encore plus lorsqu’en se concentrant, elle remarqua l’absence d’odeur de la jeune humaine. Son odorat était certes moins développé que la nuit, mais quand même assez performant pour détecter une présence humaine dans la maison. Où était-elle donc ? Et si elle lui avait tendu un piège ? Et si son but avait été de la quitter et de l’abandonner là pour la punir d’être une vampire et de son mensonge ?
Non, ce n’était pas possible qu’elle ait tout simulé ! Certes, elle ne savait pas lire les pensées de l’humaine, sans qu’elle ne sache pourquoi d’ailleurs, mais elle avait vu malgré tout beaucoup d’amour et de sincérité dans ses yeux.
Et s’il lui était arrivé quelque chose ? Pensa-t-elle alors avec une appréhension grandissante.
Et si sa famille n’était pas si bien intentionnée et lui avait fait payer sa fugue ? Après tout, il y avait peu de chance que ce soit sa vraie famille, surtout si elle était la réincarnation de Pauline, et non pas la matheuse accidentée comme son oncle lui faisait croire…
Assaillie de questionnements et d’angoisse, ce fut à peine si elle entendit la sonnerie de son portable à travers le tissu de sa veste restée sur le plancher de la chambre. Elisa en avait fait présent à elle et son frère quelques années auparavant « encore une brillante et amusante invention humaine, leur avait-elle dit, si un jour, nous n’arrivons pas à nous retrouver naturellement » Mais peu habituée à l’utiliser, la jeune vampire en avait presque oublié l’existence…
Alors que les sonneries persistaient avec insistance, elle saisit le téléphone dans sa veste. Le prénom de Charles s’affichait sur l’écran…. Pourquoi appelait-il ? N’était-il pas en train de dormir ? Elisa avait-elle décidé de se venger plus abruptement ? Où fallait-il appuyer pour décrocher déjà ? N’était-ce pas le bouton avec un dessin vert ? Portant le téléphone à son oreille, elle lança un « oui » discret et fut étonnée d’entendre la voix de Léna à l’autre bout du fil.
-Bon…bonjour, murmura la jeune fille. C’est bien vous, Valentine ?
-Oui, répéta Valentine de plus en plus intriguée.
-Je suis désolée de vous déranger… J’ai…j’ai trouvé ce téléphone dans les affaires de Charles. J’ai un problème, enfin on a un problème… Charles…
-Que se passe-t-il Léna? Est-il arrivé quelque chose ?
-Oui… Enfin, je ne sais pas, mais j’en ai peur… Quand je me suis réveillée, Charles était à côté de moi. Il m’a dit que c’était fait, j’étais comme vous, mais qu’on avait eu un problème. Moi je ne me souviens de rien, seulement de sa femme en colère…
-Où est mon frère ? demanda Valentine d’une voix tendue, l’invitant à en venir au fait.
-Eh, bien, c’est ça le problème… Il avait l’air stressé, mais c’était pas à cause de sa femme. Il a dit que Julie était en danger et que lui aussi, à cause de son initiateur qui buvait du sang-pourpre. Je n’ai pas tout compris… Sauf que s’il ne rentrait pas avant midi, il fallait aller le chercher à la croisée des saules !
Son frère et Julie en danger ? Les personnes les plus chères à ses yeux! Pourvu qu’il ne soit pas trop tard… Elle ne pourrait supporter leur perte, non c’était impossible!
-Il est plus de quinze heures ! La croisée des saules, mais j’ignore ce que cela signifie, s’exclama-t-elle alarmée.
-Je sais… Mais Elisa a disparu, et vous aussi ! Je suis toute seule et je ne savais pas comment vous joindre avant de trouver ce téléphone ! Le mien n’a plus de réseau. La croisée des saules… Je sais où c’est moi ! C’est pas loin de là où il m’a trouvée… C’est dans la forêt de Gaichel, je pourrais facilement vous y conduire. Mais là, il fait jour, alors je sais pas quoi faire !
-Ce n’est rien, répondit Valentine qui tentait de se calmer pour trouver une solution rapidement. Bon, écoutez-moi bien, Léna. Vous connaissez Luxembourg n’est-ce pas ?
-Oui bien sûr, mais c’est à plus d’une heure d’ici !
-10, Rue de Longwy ! Retenez cette adresse, il faudra la rentrer dans le GPS, je me trouve là…
-Le GPS, mais il fait jour, je ne peux pas sortir !
-Si, le soleil ne fera vraiment effet sur vous que dans les semaines à venir… Les tous jeunes vampires n’ont pas ce problème… Bien évidement, il ne faut pas vous y exposer longtemps, mais quelques minutes ne seront pas fatales. Bon, vous allez descendre dans le garage et prendre le 4x4 avec les vitres teintées. Aucun besoin de clef pour démarrer, une idée d’Elisa, vous taper juste 1017 et ça démarrera… Puis vous indiquez sur le GPS l’adresse que je viens de vous rappeler. Ce n’est pas loin de la forêt, vous viendrez me chercher, cela ne fera pas un grand détour, mais seule vous ne pourrez rien faire face à des vampires plus puissants. La vitre teintée empêche les rayons UV de passer, vous ne risquez rien. Vous avez bien compris ?
-Oui, je prends le 4x4, je vous rejoins au 10 rue de Longwy et ensuite, je vous conduis à la croisée des saules.
-Parfait, répondit Valentine. Maintenant pressez-vous, je vous en prie !
Valentine avait pris une voix pleine d’assurance et d’autorité, pour montrer à la jeune transformée qu’elle savait de quoi elle parlait, mais maintenant qu’elle avait raccroché, les larmes ne cessaient de couler sur ses joues blafardes. Où était Julie ? Et Charles, comment savait-il qu’elle était en danger ? Et pourquoi parlait-il d’un créateur, alors qu’il lui avait dit qu’Elisa l’avait transformée ?
Paniquée, elle tourna en rond pendant une heure et demie avant d’entendre la sonnette…
Julie s’éveilla sur le sol glacé, en proie à une terrible migraine. Où était-elle ? Un plafond blanc, des barreaux de fer tout autour d’elle, une odeur de formol… Une prison ? Un laboratoire ?
Elle tenta péniblement de relever son corps endolori, mais se rallongea aussitôt, tant ses muscles étaient douloureux. Malgré tout, elle parvint à tourner la tête et remarqua qu’elle n’était pas seule, de l’autre côté de la cellule était allongé… Marc ! Que faisait-il là ? Elle avait complètement oublié son pseudo amoureux dont sa tante vantait les mérites !
Elle entendit alors un ricanement lointain et une voix étrangement familière : « Il m’en a fallu du temps pour réunir ces sang-pourpres ! 150 ans ! Mais maintenant le jeu est terminé, mes amis… Je n’ai pas pu obtenir ce que je voulais par la manière douce, alors je l’obtiendrai de force ! ».
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:26

Chapitre 12

La voix de son oncle, elle en était certaine, mais un autre nom lui revenait en tête, Vogiel… Son prétendu-oncle n’était pas son oncle, c’était Vogiel, il avait voulu la tuer et il l’avait séparée de Valentine!
Mais d’où lui venaient donc ces étranges idées ? Des souvenirs lointains ?
Elle ne put réfléchir plus longuement, elle se sentait lourde, ses yeux se fermaient, elle essayait de lutter, mais le sommeil vint de manière incoercible, et bientôt la pièce disparut totalement...

Soudain, elle était dans une rue ou plutôt une impasse. Les rires lointains d’une prostituée qui marchait aux côtés d’un homme richement vêtu, des mendiants qui se promenaient en loques, le hennissement d’un cheval, et cette enseigne « le pendu » peinte à la main et à peine visible dans cette sombre rue. Une autre époque… Une autre vie. Et puis, elle le reconnut, l’homme qui tenait fermement son bras et qui l’obligeait à avancer, cet homme, cet homme, celui qui était entré dans la prison où elle était retenue par Vogiel. Cet homme, c’était Charles, le frère de Valentine !
Elle ressentait la peur assaillir chaque parcelle de sa peau, le danger était là, imminent, accompagné d’une immense tristesse, la perte, l’abandon, exactement le même sentiment qu’elle avait eu avant de se suicider, combien de temps auparavant ? Deux jours à peine ; et pourtant, cela lui semblait si loin... Brusquement, son esprit retrouva la vieille ruelle et cet homme qui maintenant la poussait dans une sombre bâtisse, un couloir désert, des marches en pierre, une cave. Une odeur nauséabonde, de putréfaction, de corps en décomposition, une sensation si réelle, se pourrait-il que ce ne soit qu’un simple rêve ? Mais toujours cette pénombre et l’impossibilité de distinguer quoique ce soit. Et puis soudain, cette voix, jeune et ténébreuse, aucun doute, cette personne était bien le frère de sa bien-aimée.
-La voilà, Maître… le sang-pourpre.
-Bon travail, Charles! Répondit son oncle ou plutôt Vogiel
-Je peux avoir ma récompense maintenant… Vous m’avez promis de son sang !
Un rire démoniaque avant de donner sa réponse d’une voix caverneuse :
-Vous plaisantez, mon cher Charles! Vous avez rempli votre devoir, mais voyez-vous… Je ne suis pas un homme de partage… J’ai toujours agi seul… Et je ne garde jamais longtemps mes élèves, si le secret venait à se propager parmi les vampires, je ne pourrais plus jouir de ma toute-puissance…
-Mais Maître…
-Pas de quoi, mon bon Charles! Vous en savez bien trop à présent.
Puis, Julie crut voir un pieu se diriger vers le cœur de celui qui l’avait fait prisonnière, quand soudain une main blanche, squelettique et puissante retint le poignet de l’assaillant :
-Vous ne le tuerez pas, tonna la voix d’une femme, alors qu’elle avançait, montrant sa chevelure de feu. Cette voix ne lui était pas inconnue : Elisa !
-Vos expériences commencent à m’écœurer au plus au point ! Il ne vous a rien fait et vous ne le tuerez pas !
-Vous ne pouvez m’en empêcher, Maître, siffla Vogiel en s’adressant à Elisa. C’est fini maintenant. Je continuerai mes expériences avec ou sans vous ! A moins que vous ne me tuiez de nouveau maintenant ? ajouta-t-il, la voix pleine de défis.
La voix de la jolie rousse se fit plus hésitante :
-Soit, vous continuerez vos expériences, mais hors de ma vue ! Je ne veux plus entendre parler de vous, jamais, c’est entendu ? Je saurai où vous retrouver, vociféra-t-elle d’un ton menaçant, un créateur retrouve toujours ses sujets, ne l’oubliez pas… Ah et puis j’oubliais, j’emmène votre compagnon, il m’appartient maintenant.

Puis soudain, la scène se brouillait, Julie était dans une grande pièce, une sorte de salon avec un plancher de bois et de magnifiques tableaux accrochés aux murs, de hautes fenêtres, un grand tapis, des meubles en bois vernis, une imposante cheminée, sur laquelle était déposé un grand miroir aux larges bords dorés, le décor d’une grande demeure bourgeoise…
Un homme à côté d’elle, assis sur un tabouret, peignait. Elle le reconnut immédiatement, bien qu’elle ne l’eut jamais vu dans ses souvenirs d’humaine : son père…Elle était debout à ses côtés et l’aidait à préparer son matériel.
-Papa, pourquoi tout est-il si ancien ici ? s’entendit-elle dire avec la voix fluette d’une enfant de neuf ans.
-Ces gens sont très riches, ma chérie, c’est une famille qui vit dans le passé et les traditions… Mais c’est une bonne chose pour nous, ma petite Pauline, cela nous donne du travail… Peu de familles de nos jours emploient un peintre à domicile pour faire des portraits familiaux. Si nous les satisfaisons, nous aurons toutes les raisons d’être heureux, ma petite fée.
Puis, une jeune fille que la jeune humaine reconnut tout de suite entra, une Valentine adolescente mais déjà envoutante ; elle était déjà grande pour son âge, sa longue robe de soie noire et de dentelle seyait parfaitement à sa taille longiligne et faisait ressortir son teint laiteux, alors que ses cheveux sévèrement attachés en chignon et son regard émeraude lointain donnaient une allure tragique à ce beau visage. Indifférente à ce qui l’entourait, elle s’était assise avec grâce dans le fauteuil, sans s’appuyer sur le dossier, se tenant droite comme venait de lui ordonner sèchement la femme qui la suivait, sans doute sa perceptrice.
Sans vraiment comprendre d’où lui venait cette pensée, Julie savait que la belle adolescente au teint porcelaine venait de perdre son frère, expliquant par là cette allure endeuillée et cette mine si affligée. Pas une seconde alors que son père ébauchait le portrait, elle n’avait pu se détacher de cette belle et triste princesse, qui semblait pourtant ne pas l’avoir remarquée.
-La séance est terminée, nous reprendrons demain, annonça le peintre.
Soudain, alors que la jeune demoiselle s’apprêtait à se lever, leurs regards se croisèrent et Julie vit à ce moment-là une ébauche de sourire à son attention ainsi qu’une furtive lueur de vie dans le regard de belle adolescente.

D’autres images se succédaient, maintenant elle était avec son père dans l’atelier et il avait laissé sa petite fille terminer elle-même le portrait de Valentine, remarquant ses soudains progrès, pensant que bientôt, elle parviendrait à surpasser ses trente ans d’expérience.

Déjà la scène se brouillait et le beau salon fut remplacé par une salle d’étude avec un grand piano à queue, un petit bureau en bois, une bibliothèque et un tableau noir. Au fond de la pièce, l’adolescente jouait du violon, un air doux, mélancolique et magnifique, comme celle qui l’interprétait.
La petite fille s’avança timidement quand l’adolescente eut posé son violon.
-Bonjour, commença-t-elle d’une voix nerveuse, comment vous vous appelez ? Moi c’est Pauline, c’est beau ce morceau et vous jouez très bien, est-ce que je peux vous écouter?
-Valentine, répondit la jeune fille en laissant transparaître l’ébauche d’un sourire à travers ses fines lèvres. Oui, vous pouvez rester, cela me fait plaisir. Et moi, j’aime beaucoup vos peintures, je vous ai vue par la fenêtre de l’atelier, c’était vous qui terminiez mon portrait !
-Chut, il ne faut pas le dire, répondit la petite fille.
-Ce sera notre secret répondit Valentine en souriant de nouveau. Avant, je partageais mes secrets avec mon frère, mais maintenant, il est parti. Vous voulez bien être ma confidente ?
-C’est quoi une confidente, l’interrogea l’enfant
-C’est une personne à qui l’on dévoile tous nos secrets et qui ne les répète à personne, jamais ! répondit Valentine en s’approchant de sa nouvelle amie.
- D’accord ! Tout ce qu’on dira ne sortira pas d’ici.
-Je connais votre secret maintenant, je vais vous dire le mien !
L’adolescente s’approcha encore de la fillette et lui murmura au creux de l’oreille :
-Je vois des morts...
Puis elle releva la tête, fixant Pauline, ses yeux émeraude et scintillants avaient brutalement pris une teinte si inquiétante et mystérieuse qu’ils firent frissonner la petite fille.
-Mon frère, continua-telle sur le même ton mystérieux, Il est revenu, juste pour moi, pour me dire au revoir pendant la nuit. Il était dans ma chambre, il m’a dit qu’il veillait sur moi, puis il est sorti par la fenêtre ! Tous les soirs je l’attends mais il n’a plus jamais réapparu, c’est pour ça que je suis triste ! Un jour, j’en ai parlé à Mère, elle m’a regardée comme si j’étais folle et elle m’a parlé d’un homme qui pourrait m’aider si je lui racontais tout. Elle dit qu’il aide les enfants qui ont des problèmes… Mais je ne veux pas le raconter à ce monsieur que je ne connais même pas! Je sais ce que l’on fait aux fous, on les enferme dans un asile, loin de leurs maisons, et on leur met des chaînes ! Vous ne pensez pas que j’ai perdu la raison, vous ?
-Non ! s’écria précipitamment la petite fille qui ne supportait que l’on fasse du mal à celle qu’elle admirait déjà tant. Ce sont eux qui devraient être enfermés ! Ils sont bredins ! Moi je vous crois !
A partir de ce jour, elles devinrent inséparables…
La pièce s’embrumait, Julie était maintenant à la sortie d’une petite église, habillée de noir, elle devait être plus âgée, onze ans peut-être. Ses mains sur son visage tentaient de dissimuler les larmes qui ne cessaient de tomber de ses beaux yeux bleus.
Il y avait un couple derrière elle qui discutait à voix basse, mais elle pouvait néanmoins saisir quelques mots :
-Une mort affreuse…
-Je ne vous le fais pas dire, vous vous rendez compte … Quel être infâme peut-il capable d’une telle atrocité ?
-Un fou, pardi ! On devrait les tuer au lieu de les enfermer… Ils ne changeront jamais et ils mettent en danger les bonnes gens… Mais c’est normal avec tout ce que nous leur mettons dans la tête ! Le monde à l’envers… Nous ne sommes plus en sécurité nulle part, à notre époque ! Vidé de son sang, vous vous rendez compte ?
-Taisez-vous Alfonse, murmura sa femme, la petite est derrière… Pauvre fille, heureusement, Madame de Valini l’a recueillie ! Elle est d’une si grande charité!
Puis la jeune Pauline s’éloignait, ne voulant en entendre d’avantage, elle allait derrière l’église, là où il n’y avait plus personne et elle laissait sa détresse avoir raison des bienséances. Tremblante de la tête au pied, elle tomba accroupie contre le mur en pierre, les jambes entre les mains. Comment supporterait-elle de ne plus jamais revoir son père, lui qui s’était toujours occupé d’elle alors que sa mère était montée au ciel en la mettant au monde, lui qui lui avait tout appris et l’avait aidée à développer son don particulier pour la peinture…
Alors qu’elle se laissait aller à sa détresse, elle sentit une présence à côté d’elle et un bras entourer ses épaules, Valentine l’avait rejointe. Un peu honteuse, la jeune fille tenta d’effacer les traces que ses larmes avaient creusées sur ses joues.
-Ne retenez pas vos larmes, c’est on ne peut plus normal… murmura-t-elle au creux de l’oreille de la plus jeune. Je sais à quel point vous souffrez et votre détresse me déchire le cœur… Je ne vous abandonnerai pas, vous allez vivre chez nous maintenant et nous ne nous quitterons plus jamais.
Pauline cacha alors sa tête contre l’épaule de son amie, qui l’enserra de ses longs bras rassurants et protecteurs.

Puis les temps s’étaient vraisemblablement faits meilleurs. Une succession d’images furtives lui apparaissaient, des promenades autour du domaine, des fous-rires, l’hiver au coin du feu, des longues discussions au bord de la fontaine du superbe jardin, des regards éloquents, et surtout ces longues soirées d’été, où elles restaient dehors jusqu’à la tombée du soleil, l’une peignant le soleil couchant l’autre jouant au violon des airs de sa composition , le bonheur, l’insouciance, l’innocence, la paix et la fortune sans qu’une ombre ne vienne s’ajouter au tableau. Mais comment cela aurait-il pu durer ?

Le songe se ralentissait alors, elle avait 16 ans à présent ; elle ouvrait les yeux, allongée sur un drap en soie et pouvait observer à loisir la grande chambre de Valentine avec le volumineux lit en baldaquin, la commode Louis XVI, les tableaux dont certains avaient dû coûter une fortune et la superbe coiffeuse avec son grand miroir…
Puis elle remarqua son amie penchée vers elle qui souriait. Valentine avait détaché ses cheveux et ôté sa robe de bal, laissant apparaitre au bord supérieur de son corset, le haut d’une superbe poitrine qui gonflait à chacune de ses inspirations, emprisonnée par la rigidité du vêtement.
-Vous êtes déjà rentrée ? s’entendit-elle demander. Je… Je suis désolée, je vous attendais et je me suis assoupie.
-Ce n’est rien, répondit Valentine en riant. Je vous regardais dormir, vous êtes si belle les yeux fermés, vous ressemblez à un ange !
Sentant que le rouge lui montait aux joues, Julie, à travers le corps de Pauline, s’empressa de changer de sujet :
-Alors ce bal ? Avez-vous rencontré le prince charmant ? ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
-Je me suis éclipsée, s’exclama son amie. Si vous saviez à quel point cela était ennuyeux ! Tous ces gentilshommes sont bien semblables… Les plus vieux, soucieux d’exposer leur fortune, leur connaissance et leur embonpoint, puis les plus jeunes, ces parvenus qui viennent jacasser autour de vous en vantant leurs nobles origines et en se pavanant. Ils me font penser à des coqs dans la bassecour, termina-t-elle en imitant l’animal.
Cela eut pour effet de faire rire Pauline jusqu’aux larmes, tout sentiment de gêne avait disparu.
-Si seulement vous pouviez m’accompagner soupira la plus âgée, nous nous amuserions ensembles, mais seule, ces soirées me semblent si longues… Même la musique ne me ravit plus lorsque je suis là-bas.
-Ne dansez vous donc pas ?
-Je me sens parfois obligée d’accepter quelques invitations, bien que cela me fatigue au plus haut point…
-Moi j’ai toujours voulu apprendre à danser, l’interrompit Pauline les yeux dans le vague… Mais, même si je vis ici, je ne fais pas partie de votre monde malheureusement.
-Vous savez qu’à mes yeux vous serez toujours mon égale, peu importe votre naissance, seule compte la grandeur de l’âme… Mais pour ce qui est de la danse, nous allons tout de suite y remédier ! Allez, levez-vous, dit-elle en lui saisissant les mains pour la tirer du lit où elle était toujours allongée.
-Je vais vous apprendre la valse, cette danse commence tout juste à se répandre dans les salons, directement importée de Vienne ! Les jeunes l’apprécient, mais les plus âgés la trouvent grotesque !! Si vous voyiez la tête de nos ainées lorsque les musiciens commencent à jouer !
Ne sachant ce qu’elle devait faire, Pauline fixait le sol, intimidée.
-Allez venez, laissez-moi vous guider, reprit la plus grande, voilà, rapprochez-vous, n’ayez pas peur, ce n’est que moi !
D’abord crispée et maladroite, la jeune fille finit par se laisser porter par les pas et bientôt elles virevoltèrent à travers toute la chambre dans une osmose parfaite. Elles étaient si proches que Pauline pouvait sentir le souffle léger et rapide de son amie sur son cou… Sa peau lui brûlait, ses grands yeux brillaient et des frissons parcouraient son échine, réagissant au contact de la main de son amie délicatement posée dans le bas de son dos, son cœur s’enflammait… Un cœur qui n’eut jamais battu si fort que lorsque Valentine lui murmura quelques mots dans le creux de l’oreille :
-Je vous avoue avoir trouvé cette danse ridicule et insultante aux bras de ces coqs, mais avec vous, Pauline, c’est si différent… Si seulement…

Les mots se perdirent dans un tourbillon glacé, alors qu’elle se trouvait soudain dans le salon avec Valentine et ses parents, baignée dans une atmosphère on ne peut plus tendue…
-Pauline ! Déclama avec fermeté celle qui semblait être la mère de Valentine. Je ne peux vous laisser décliner cette offre ! Cet homme accepte de vous épouser en dépit de votre modeste origine et sans réclamer la moindre dot ! Il est fortuné, bien-né et jeune de surcroit ! Que pouvez-vous espérer de plus ? Je vous ai adoptée à la mort de votre père et en raison de tout ce que nous avons fait pour vous, vous vous devez d’accepter…
-Il en sera ainsi, trancha alors son mari, qui s’était tut jusqu’alors. Et vous, ma fille, continua-t-il en regardant sévèrement l’intéressée. Il est temps que vous vous trouviez un mari aussi ! Nous avons été plus que tolérants jusque-là, acceptant de vous laisser choisir votre époux, contrairement à vos sœurs qui se sont toutes deux pliées à nos désirs… Mais vous avez 23 ans à présent… Que penseront nos connaissances de voir que vous n’êtes toujours pas mariée ?
-Il est temps que vous grandissiez un peu toutes les deux, ajouta la femme. Vous ne pourrez pas toujours vivre sous le même toit… Et puis votre amitié en devient presque malsaine…Une femme de votre âge se soit de trouver un mari et de fonder une famille!

Puis elles étaient à nouveau dans la chambre de Valentine, assises toutes deux sur le grand lit :
-Je ne veux pas l’épouser, sanglotait Pauline, je ne veux pas m’éloigner de vous ! Je veux rester ici, auprès de vous, mon amour.
-Moi non plus je ne veux pas m’éloigner de celle qui a dérobé mon cœur, murmurait Valentine en posant ses lèvres sur celles de la jeune fille. Je vous aime, Pauline, je ne pourrais jamais vivre sans vous !
Posant sa tête sur l’épaule de la plus âgée, elle pleura de plus belle.
-On va trouver une solution, je vous le promets, tenta de la rassurer Valentine.

Des cris, un ciel de nuit, des paquets, un quai en bois, des hennissements agités, des claquements de fouet, les ordres hurlés aux ouvriers qui transportaient les lourds paquets vers le grand navire. Une mer bleu-vert sur un ciel agité… Elle était debout, à quelques mètres de l’inconnu qui devrait bientôt devenir son mari. Il s’apprêtait à l’emmener loin, vers les colonies. Là était le secret de la fortune de ce mystérieux personnage, les colonies, des terres innombrables lui appartenant et qui n’avaient presque rien couté à son père…Voilà pourquoi, il l’acceptait sans dot ni titre ; il voulait une femme peu encombrante, à qui rien n’attachait au pays, peu demandeuse de belles choses, et cette petite orpheline dans l’innocence de ses 19 ans lui convenait parfaitement… Pauline devrait quitter la France, peut-être à tout jamais et elle n’avait qu’une seule idée en tête, fuir, le plus vite, le plus loin, et ne jamais revenir sur ce quai, ne jamais revoir cet homme qui l’éloignait de sa tendre aimée.
Elle n’avait plus que quelques minutes pour agir, quelques minutes avant l’embarquement. Au travers des yeux de Pauline, Julie laissa errer son regard du côté de son futur mari qui s’était éloigné et discutait avec deux ouvriers sur le transport des malles. C’était le bon moment, elle n’aurait plus d’occasion telle que celle-ci…
Le cœur battant, elle se mit à courir droit devant elle sans se retourner, car cela causerait peut-être sa perte… Alors qu’elle tournait au coin de la rue, elle entendit que l’on criait son nom, cette voie si familière, Valentine ! Elle était venue, elle ne l’avait pas abandonnée ! Puis elle sentit une main se saisir de la sienne et elles parcoururent ensemble les rues d’un pas précipité.
Les rues devenaient des ruelles qui se désertaient, les cris se dissipaient, elles s’arrêtèrent enfin, à l’ombre d’un bosquet, vraisemblablement seules…
-Mon amour, vous pensez vraiment que je vous aurez laissé partir, souffla Valentine à l’oreille de la jeune Pauline essoufflée. J’en mourrais si je devais vivre loin de vous !
-J’ai eu si peur de ne pouvoir m’échapper… Moi non plus je n’aurais pu le supporter ! Valentine, je vous aime tant ! Je me serais jetée du bateau plutôt que de supporter de si longues années là-bas, loin de vous!
Valentine la serra dans ses bras et posa ses lèvres sur les siennes, avant de les éloigner de quelques millimètres pour lui murmurer :
-Je ne veux plus jamais que l’on soit séparée, Pauline. Je me moque de ma famille et de sa fortune ! Je savais que le bateau partait aujourd’hui ! Je me suis enfuie, il était temps, j’ai eu si peur qu’il soit trop tard !
-Mais comment allons-nous faire, chuchota Pauline d’une voix blanche. Et vos parents ?
-Mes parents, ricana son amante tout en passant sa main dans les boucles blondes de Pauline. Je ne compte pas beaucoup à leurs yeux ! Ils n’ont pas perdu leur temps, vous savez ! A peine étiez-vous partie qu’ils ont décidé de me donner un mari, je n’ai même pas eu l’opportunité de réfléchir comme ils me l’avaient proposé ! Une occasion s’est présentée et ils l’ont immédiatement saisie ! Un jeune homme de bonne famille qui semble s’être épris de moi, et depuis la décision de mes parents, il ne me laisse pas un seul instant respirer, il est toujours derrière moi tel un caniche, il n’est pas méchant, mais je ne pourrais le supporter plus longtemps ! C’est fini, mon amour, reprit-elle en la serrant encore plus, je suis partie et je ne reviendrai jamais ! Nous allons rester ensemble pour toujours !
-Mais comment allons-nous faire ?
-Je l’ignore, mon ange, mais nous serons à deux, et cela est ce qui compte le plus à mes yeux… Même si nous devons aller jouer les lavandières !
Touchée par ses paroles et par le sacrifice de sa moitié, Pauline avait laissé une larme couler le long de sa joue.
-Ne pleurez pas, ma belle princesse, murmura Valentine en lui essuyant doucement ses larmes. Je vous avais bien promis que jamais je ne vous abandonnerais.
-Je vous aime tant, Valentine, répondit la plus jeune en s’emparant des lèvres de sa dulcinée, qui répondit passionnément à son baiser, un baiser qui se faisait de plus en plus profond, de plus en plus long, preuve d’un amour que l’éloignement n’avait fait qu’accroitre. Elles étaient incapables de se lâcher, comme si elles craignaient d’être de nouveau séparées si l’une d’elles reculait.
Une crainte, qui s’était malheureusement justifiée lorsqu’un homme avec une lueur étincelante de folie dans ses yeux était arrivé derrière elle, une cordelette à la main…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:27

Chapitre 13

Valentine disparaissait, le parc tournait autour d’elle, Julie se retrouvait alors dans le corps d’une Pauline immobile, agonisante et que déjà l’on croyait trépassée…
Aveuglée par une intense lumière blanche, elle ne pouvait les voir, mais elle entendait leurs voies, lointaine comme s’ils étaient à l’autre bout de la rue.
-Vous, vous l’avez tuée ! Pleurait Valentine. Tuez-moi aussi ! Jamais je ne pourrai vivre sans elle, vous m’entendez ! Oui, je l’aimais, bien plus que je ne vous aimerais jamais !
-Taisez-vous, perfide trainée, répondit l’homme d’une voix aussi tonitruante qu’effrayante. Quoi qu’il en soit, vous deviendrez ma femme et vous devrez me respecter!
-Non !! Je vous hais, jamais je ne vous suivrai, je vais me donner la mort si vous ne le faites pas vous-même !
- Relevez-vous maintenant, continua-t-il violemment ! Vous devriez me remercier d’avoir supprimé cette ensorceleuse ! Aimer une femme ! Vous seriez allée tout droit en enfer, catin !
-Lâchez-moi ! Assassin !
-Vous devrez vous y faire, vous êtes ma fiancée, ma future femme, vous m’appartenez et je ne partagerai pas ! Et il en sera ainsi pour toute personne qui vous approchera, homme ou femme ! Relevez-vous, je vais vous ramener ! Et si jamais vous répétez un mot de cette histoire à quiconque, vos parents et vos sœurs subiront le même sort, ou pire murmura-t-il… Votre amie a eu de la chance, elle n’a pas souffert longtemps… Je connais des moyens de tortures bien plus pénibles…

La scène disparaissait une nouvelle fois, puis la pénombre laissait place à une rue, ou plutôt une impasse. Des rires lointains d’une prostituée qui marchait aux côtés d’un homme richement vêtu, des mendiants qui se promenaient en loques, le hennissement d’un cheval, et cette enseigne « le pendu » peinte à la main, à peine visible dans cette sombre rue, une autre époque… Une autre vie.
Le début de son songe… Elle savait alors exactement ce qui allait se passer.
A présent, elle était dans le cachot, la vampire rousse et Charles, qui l’avait livrée à son maître étaient partis…
Seule, elle était seule avec Vogiel, il la faisait entrer dans l’imposante machine en fer, lui plantait des aiguilles au niveau du crâne, de la moelle épinière, des chevilles, des poignets et de la carotide.
-Vous êtes l’élue, ricanait-il. Soyez en satisfaite, car sans cela, il y a longtemps que vous ne seriez plus de ce monde, ricana-t-il.
Votre sang est précieux et j’en ai besoin, je vais vous conserver quelques siècles ! Vous pouvez remerciez Charles, c’est lui qui a fabriqué la machine, ou plutôt qui y a ajouté la dernière touche, l’essentielle !
Un nouveau rire gras avant qu’il ne ferme la porte coulissante. Elle était dans l’obscurité complète, le manque d’air, une détonation, un froid glacial qui paralysait peu à peu tous ses membres, sa vision qui se brouillait, les battements de son cœur qui ralentissaient, son souffle qui s’amenuisait, son esprit qui se vidait, l’image de Valentine qui envahissait son esprit, puis qui disparaissait, l’obscurité de nouveau, un tourbillon, une lumière blanche, le vide, le néant, le mot fin de son ancienne vie...

Le portable de Valentine sonnait de nouveau.
-Je suis là, comment je fais maintenant ? demanda la voix angoissée de la jeune brune.
-Il y a un cercueil à roulettes dans le coffre, répondit Valentine. Il faut essayer de le prendre. Vous pouvez le faire ! Votre force physique est déjà plus importante ! C’est une des premières choses que l’on acquiert…
-Oui, je le vois ! Voilà, je l’ai ! C’est incroyable, avec un bras !
-Bon maintenant, vous cassez vite un carreau pour entrer !
Quelques minutes plus tard, Valentine avait su rejoindre la voiture, protégée par l’épaisseur du cercueil. Léna démarrait en trombes pour se presser vers la forêt et la croisée des quatre saules.

-Julie ! Julie je vous en prie, réveillez-vous!
Elle ouvrit alors les yeux, elle était toujours dans une cellule, mais les barreaux étaient de fer.
-Vous êtes revenue, s’écria-t-elle alors qu’elle n’était pas encore tout à fait sortie de ses songes. Je pensais que vous étiez partie avec Charles !
-Julie, mais de quoi parlez-vous, voyons ? répondit Elisa. Je viens tout juste d’entrer ici, je cherche mon époux !
-Vous m’avez laissée, vociféra Julie avec force, vous m’avez laissée aux mains de ce Vogiel et vous avez sauvé Charles qui m’avait livré à ce diable ! Je vous reconnais…
-Julie, vous délirez ! Et puis que faites-vous là dans cette cage ?
-C’est Vogiel! C’est lui qui m’a enfermée ici, pour la seconde fois ! Elisa, je sais tout… Mes souvenirs me sont revenus. Je ne suis pas Julie, je suis Pauline ! Valentine ne m’avait pas oubliée… Oui c’est bien moi, Pauline, la sang-pourpre, celle que Vogiel a utilisé pour assouvir sa faim pendant un siècle et demi ! Celle que vous avez abandonnée à son triste sort une nuit alors vous auriez pu le tuer et me délivrer!
Elisa pâlit, commençant tout doucement à comprendre de quoi elle parlait.
-La sang-pourpre, murmura-t-elle. Alors, c’était bien vous… Il m’avait bien semblé vous reconnaitre… Comment a-t-il fait pour vous garder en vie?
-Il m’a mise dans une machine, une énorme cuve métallique, je n’en avais jamais vue de semblable ! Et là, j’ai eu très froid, je me suis sentie mourir. Il m’avait planté des aguilles dans tout le corps, c’était affreux ! Vous étiez là, vous auriez pu m’emmener avec vous ! J’ai bien vu qu’il vous craignait !
-Calmez-vous, Julie, essayez de comprendre, je vous en prie… Je ne savais même pas qui était dans cette cage, vous n’étiez pas la première humaine qu’il utilisait pour ses expériences… Cependant, je vous assure que je ne l’ai jamais approuvé. Nous sommes des vampires, Julie, des tueurs… Je tuais encore à l’époque, même si cela me répugnait depuis de nombreuses années. Je savais qu’il traquait les sang-pourpre, mais je ne le prenais pas au sérieux… J’aurais dû, je le sais, comme j’aurais dû vous sauver, les sauver… Mais pour moi cette histoire de sang-pourpre n’était que légende, j’ignorais votre pouvoir réel…
-Mon pouvoir ?
Comme Julie baissait la tête sans répondre, Elisa continuait à se justifier :
-Peu importe. Sachez qu’aujourd’hui, je regrette, Julie… Si j’avais su que vous étiez celle que ma future belle-sœur aimait, je vous aurais emmenée…
-Bon, je l’admets, grommela Julie ou plutôt Pauline, il est vrai que vous ne pouviez pas le savoir. Valentine aussi a tué, et pourtant, pourtant je lui ai tout pardonné… Vous n’avez pas choisi de devenir vampires de la même façon que je n’ai pas choisi ma condition de sang-pourpre. Je voulais simplement être heureuse avec elle, que l’on puisse vivre ensemble les années qui nous restaient, que l’on puisse vieillir ensembles…
-Je vous comprends, Julie… Moi aussi, j’ai aimé, le frère de Valentine… Je l’aimais déjà bien avant de le « sauver »… Mais je ne suis pas sa créatrice, Julie, contrairement à ce que j’ai pu dire par la suite, Julie.
- Je sais cela, vous l’avez tiré des griffes de Vogiel. Et puis, appelez-moi Pauline, Julie n’a jamais existé… Ce n’est qu’une fausse vie que Vogiel a inventé… Il y a une chose que je ne parviens pas à saisir, comment est-il possible que vous ayez pu sauver Charles?
-En un millénaire, je n’ai fait que deux considérables erreurs dans ma vie de vampire, Pauline. Celle d’avoir créé Vogiel et celle de jamais n’avoir eu le courage de le supprimer… Une règle demeure chez lez vampires, le créateur est toujours plus puissant que son élève.
-Dites m’en plus sur les sangs-pourpre…

Soudain Elisa cessa de parler et resta quelques instants immobiles, prostrée, les pupilles dilatées et la bouche entrouverte. Elle n’entendit pas la voix de Pauline qui tentait de la sortir de sa torpeur…
-Tout va bien, Elisa ? Mais que se passe-t-il ? Pourquoi faites-vous cette tête ?
-Je le vois… Charles, répondit simplement la vampire d’une voix lointaine… Je sens de la joie émaner de lui, une sensation de devoir accompli par une vengeance assouvie…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:28

Chapitre 14

Pendant ce temps, à quelques kilomètres de là, Charles terminait son œuvre de destruction dans le laboratoire secret de Vogiel, avec toute la hargne d’une vengeance depuis longtemps contenue et ruminée.
Fier de son travail, il contemplait avec satisfaction les dégâts sur le sol, plus jamais Vogiel ne pourrait opérer, il allait souffrir pour l’éternité… Son ancien maître allait payer cher sa trahison…
Trop occupé à sa tâche, il n’entendit pas le grincement du coulissement de l’imposante porte mécanique au fond de la pièce, ni le bruit léger des pas dans sa direction…
Le jeune vampire ne sentit qu’une pression sur son bras, mais il était déjà trop tard…
-Charles ! Comme on se retrouve ! lança Vogiel d’un ton mi-moqueur, mi-autoritaire. Puis-je vous demander ce que fait ma minable création dans mon laboratoire ?
-Vous êtes un vampire fini, Vogiel, cracha l’intéressé avec haine. Vous pouvez me tuer maintenant ! J’ai rempli ma mission ! Que votre éternité soit longue et douloureuse, maître, continua-t-il en insistant sur le dernier mot avec ironie.
- Que racontez-vous, mon cher Charles ? Ricana le vampire sans pour autant le lâcher. Je me demande ici qui est en position de craindre l’autre. Un seul geste de ma part et vous atterrirez immédiatement en enfer…
-Vous pouvez me tuer, je m’en moque, je suis déjà mort… Je saluerai Satan de votre part…
-Espèce d’insolent, vociféra le vampire. Croyez-moi, vous allez regretter ces paroles !
Charles le regarda en ricanant :
-Vous n’avez rien remarqué mon cher maître… Imaginez-vous que je suis venu ici dans le seul but de contempler vos dernières inventions ou mieux, de vous en féliciter ?
Voir l’agacement se peindre dans les yeux du vampire qui tentait sans succès de lire dans ses pensées, le fit rire de plus belle.
-Mon esprit est fermé, Maître, j’ai fait de prodigieux progrès depuis notre dernière altercation… Mais nul besoin de lire en moi, allez plutôt vérifier votre machine, cher ami, ajouta-t-il ironiquement…Votre règne est fini, la prochaine personne qui ira à l’intérieur mourra et son sang aussi… Je suis seul à détenir le secret de ce mécanisme si puissant capable de mettre en pause une vie humaine ! C’était le cas à l’époque et ça ne l’est pas moins aujourd’hui… Aucun scientifique, aucune étude d’aujourd’hui n’est capable de s’en approcher… Vous ne pourrez plus conserver les sang-pourpre maintenant… Et il en reste si peu… Le secret de cette machine m’accompagnera en enfer, cher Maître…
-Scélérat! Siffla le vampire excédé en secouant son prisonnier. Vous avez osé saccager ma machine…
-Ce n’est pas votre machine, répondit Charles d’une voix faible, puisque vous avez été incapable de la faire fonctionner… C’est la mienne autant que la vôtre et j’avais droit moi aussi d’en profiter… Mais à la place, vous avez tenté de me supprimer pour en garder tous les fruits !
Vogiel ricana bruyamment, un rire à en glacer plus d’un, un rire sardonique qui ne décontenança pourtant pas le jeune vampire :
- Quel être naïf faites-vous là… Combien d’autres ai-je éliminés avant vous… Si vous vous imaginiez que j’allais m’encombrer d’un jeune vampire gringalet… J’ai toujours eu pour habitude d’agir seul, vous m’aviez donné ce que j’attendais, je n’avais plus aucune raison de conserver un personnage qui connaissait mes plans… Vous avez eu tort de revenir ici vous mesurer à moi ! Elisa n’est plus là pour vous protéger aujourd’hui… La chance ne vous sourira pas cette fois…
-Je suis votre seule chance, Vogiel, répondit Charles sans se décontenancer face à l’assurance de son ancien maître. Si aujourd’hui, vous me tuez, vous perdez votre unique chance de conserver le sang-pourpre pour l’éternité, vous n’êtes pas sans l’ignorer… Et vous allez souffrir infâme, Vogiel, votre corps de vampire s’est accommodé au sang-pourpre après toutes ces années… Vous en priver vous rendra en proie à une intenable douleur… Profitez bien de vos petits sang-pourpre et je vous souhaite qu’ils vivent le plus longtemps possible, car il n’en reste que très peu… Quand ils seront morts, vous aurez toute l’éternité pour regretter ma disparition et le secret que j’aurais emporté en enfer…Voyez-vous comme déjà vos capacités diminuent alors que cela ne fait que quelques jours que vous en êtes ‘privé’ ? Vous étiez surpris de voir votre élève alors qu’un créateur sait toujours retrouver celui qu’il a transformé… Comment avez-vous pu ignorer ma présence si ce n’est par le fait des effets indésirables d’une prise régulière de sang-pourpre ?
Mais ces paroles ne firent pas peur à Vogiel :
-Mon cher Charles… Je puis constater l’étonnante extension de vos connaissances sur le sujet… Cependant, vous ignorez encore bien des choses, mon ami…Si Elisa m’avait bien remplacé, elle vous aurait appris à ne jamais sous-estimer son maître... Mais vous semblez seul, vous aurait-elle abandonné comme elle m’a laissé tomber après m’avoir créé ?
-Jamais… souffla Charles, Mais cette affaire ne la concerne pas, je ne voulais pas l’y mêler, elle m’aurait empêché d’agir, et puis de jour elle est aussi vulnérable que moi… Je suis conscient que je vais mourir maître… Mais je n’en ai que faire… Il me semble qu’un siècle et demi est suffisant…
-Vous vous sacrifiez, comme cela est plaisant, ricana Vogiel, oubliez-vous alors votre sœur ?
-Elisa veillera sur ma sœur ainsi que sur la sang-pourpre qui appartient désormais à ma sœur et non plus à vous…Vous ne pourrez rien contre celle qui vous a créé. Vous allez devoir vous contenter du jeune homme, Marc il me semble, déniché pour assouvir votre soif… Mais c’est le dernier des sangs-pourpre et à sa mort, leur règne sera éteint à jamais… Et je serai vengé…
« Mais comment a-t-il su que je détenais Marc, le deuxième sang-pourpre que j’ai fait semblant de payer comme les autres humains pour manipuler Pauline et la faire croire à cette histoire d’accident ? Comment sait-il qu’après avoir tué les autres, j’ai gardé Marc bien précieusement pour exécuter mes plans ? Puis peu importe, Charles mourra de toute façon… », Pensa Vogiel.
Il enserra alors ses doigts autour du cou de son ancien élève et sans le lâcher, il se dirigea vers le fond de la pièce pour se saisir d’une fine lance pointue avant de la poser contre le cœur de Charles.
-Sachez avant de mourir, lança-t-il, que cette machine ne m’est plus indispensable désormais et que votre sacrifice devient donc inutile… Je vais vous inculquer une dernière chose sur les sang-pourpre, mon ami…N’avez-vous jamais entendu la fin de la légende?
Vogiel s’amusa du regard intrigué et de l’expression de doute qui se reflétait soudainement sur le visage de sa création.
-C’est normal…Vous avez tout appris dans mes livres et les pages, je les ai enlevées! Leur enfant… L’enfant de deux sang-pourpre aura un sang si concentré qu’il suffira à un vampire d’y goûter une seule fois pour que sa faim se taise à tout jamais et qu’il devienne totalement immortel, ne craignant plus ni flammes, ni pieux, ni lumière… Mais ces enfants sont fragiles contrairement à leurs parents et bien souvent, ils ne survivent que quelques secondes après leur naissance… C’est pour cela qu’aucun vampire avant moi n’a pu y goûter… Mais maintenant que j’ai le couple à ma merci, il ne me sera pas difficile d’obtenir l’enfant, l’enfant de Marc et Julie c’est à dire Pauline si vous préférez. Julie est un personnage que j’ai pris grand plaisir à créer après avoir décongelé Pauline. Et la petite a tout gobé, c’était si drôle ! Cet enfant, je l’aurai de gré ou de force… Et alors je serai le maître, le maître de chaque vampire et de chaque humain sur cette terre… Je n’ai plus besoin de vous, Charles, et vous avez eu tort de vous mesurer à moi, comme Elisa a eu tort de ne pas me tuer tant qu’il était encore temps, car maintenant il est trop tard et bientôt elle aussi sera à mes pieds…

-Il est en danger, s’écria Elisa. Il est en danger et je ne peux rien pour lui ! Il faut que je le retrouve !
Elle accourut pourtant vers le couloir, comme si par le simple fait de se déplacer, elle pouvait faire quelque chose pour sauver l’homme qu’elle aimait.


Les yeux de Charles s’étaient écarquillés, son souffle s’amenuisait, alors que des vagues de sueurs froides prenaient possession de son corps tremblant ; il tentait de se résonner, de se convaincre que son Maître mentait, que c’était impossible…
Et puis, il voyait le piquet prêt à s’enfoncer dans son cœur, quelques dernières images traverser son esprit : sa sœur en danger, Elisa suppliant Vogiel de les libérer, Pauline avec un bébé dégoulinant de sang dans ses bras, puis une douleur intense, transperçante et brulante, qui effaçait ces images.
Un dernier rayon lumineux, une bouche qui s’ouvrait pour pousser un dernier cri qui n’aurait jamais le temps de naître, l’immobilité, une peau qui ternissait, brunissait, des organes qui se démantelaient, les poussières grises qui tombaient, un tas de cendre qui se rependait sur le sol, voilà tout ce qui restait de Charles de Valini, vampire de 1848 à 2009.
Pour couvrir ce macabre spectacle, les rires tonitruants et hystériques d’un Vogiel se délectant de sa puissance…

Le visage d’Elisa s’était décomposé, ses lèvres se tordaient sous l’effet d’une souffrance certaine, ses yeux s’agrandissaient, puis s’humidifiaient, le sol se dérobait sous ses pieds, la pièce tournait devant ses yeux et elle perdait l’équilibre avant que ses mains ne percutent violemment le plancher.
-Elisa, qu’avez-vous ? demanda Pauline déconcertée par cette soudaine attitude.
Quelques instants plus tard, la princesse des vampires relevait la tête, laissant apparaître alors des yeux baignés par les larmes :
-Mais enfin que se passe-t-il ? Je ne comprends pas ! Et puis pour Léna, vous l'avez appris hier soir, n’est-ce pas ?
-Il l’a tué, il a tué mon amour, vociféra Elisa avant que la haine ne remplaçe les larmes dans son regard… Je ne sens plus son odeur alors que celle de l’autre est décuplée… Vogiel… j’ai retrouvé son odeur et ses pensées… Je n’étais pas dupe, Pauline, je savais tout pour l’humaine, Léna, je connaissais chacune des pensées de mon élève, mais par amour pour lui, je n’ai pas voulu m’interposer, je pensais que cela n’était qu’une passade ! Mais quand je les ai vus ensemble, je n’ai pu empêcher ma colère de ressortir, alors que j’aurais dû le protéger. Je savais qu’il avait quelque chose derrière la tête depuis votre arrivée. Et maintenant, Vogiel va venir ! Il veut votre sang, il va l’obtenir, il aura le bébé ! Je connais la fin de la légende maintenant, je lis de nouveau dans l’esprit de Vogiel ! C’est terrible ! Il veut le bébé, le bébé, l’union des sangs-pourpre qui lui donnera la toute puissance… Il a déjà le jeune homme, ce Marc que vous connaissez, je crois, et il va venir vous chercher ! Il va tous nous anéantir !
-Il en est hors de question, s’écria fermement Pauline. Il n’aura plus mon sang ! Il n’aura pas de bébé…
-Il fait jour ! Je ne peux même pas sortir d’ici… Je ne demande qu’à vous laisser partir, mais… Il connait votre odeur, il vous retrouvera, où que vous soyez ! L’excès de sang-pourpre fait perdre l’odorat pour les autres vampires et les humains normaux, mais il pourra toujours reconnaître le sang-pourpre où qu'il se trouve, et ce dès la tombée de la nuit. Le jour, le sang-pourpre lui donne le pouvoir de supporter les rayons, mais tout son organisme est utilisé à ce dessein, mais il perd totalement ses autres pouvoirs et donc l’odorat.
-Mais je pensais qu’il allait arriver tout de suite ! répondit Pauline d’un ton effrayé
-Il a changé d’avis, répondit Elisa, l’air concentré. Il sait que vous êtes ici, c’est lui-même qui vous y a enfermé, mais il va attendre le coucher du soleil lorsqu’il sera plus en puissance…
-Mais comment faites-vous ça ? demanda-t-elle admirative.
-C’est ma créature… Et je suis bien plus vieille que lui… Il ferme son esprit… Il s’endort… Mais il reviendra, il nous attendra à la porte. Il a tué mon compagnon ! Maintenant, je me sens capable de le tuer à mon tour, mais il est protégé par le sang-pourpre qui donne l’immortalité totale durant quelques heures lorsqu’un vampire vient d’en boire. Même si je le souhaite, je ne peux pas l’atteindre tant que le sang-pourpre circulera dans ses veines…
Elisa se tut, une nouvelle larme coula sur sa joue, elle regardait Pauline d’un air désemparé, comme si elle cherchait une certaine aide auprès de la jeune humaine. Mais une sang-pourpre restait néanmoins une humaine… Comment pourrait-elle trouver des solutions là où une vampire de plus de 1000 ans était désemparée?
-Dites-moi, Elisa, lança Pauline pour rompre un silence devenu pesant, Comment êtes-vous arrivée ici si c’est Vogiel qui m’a fait prisonnière ?
-Ce lieu n’est pas si secret, c’est l’ancien laboratoire de Vogiel… Quand Valentine m’a dit qu’elle avait rencontré l’exact sosie de Pauline, j’ai senti que Vogiel ne devait pas être loin et apparemment, ce fut aussi le cas de Charles lorsqu’il vous a vue, à l’opéra il me semble... Je savais depuis longtemps que Vogiel voulait rechercher les sangs-pourpre, mais j’ignorais ses méthodes… Je savais qu’il n’était pas loin, mais pourtant, je ne parvenais pas à connecter mon esprit au sien ni à le localiser ! Sans doute encore un pouvoir du sang-pourpre qui le nourrit… Cette nuit, après mon altercation avec Charles, il me fallait penser à autre chose, et je suis venue ici, dans l’espoir que cela m’aiderait à retrouver la trace de ma monstrueuse création… Mais je me suis endormie dans un coin, et lorsque je me suis éveillée, c’est votre présence que j’ai sentie ! Apparemment, la mienne est passée inaperçue, puisque Vogiel s’en est allé, emmenant sans doute l’autre humain, Marc…
-Oui, c’était avant, que je ne plonge dans les souvenirs qui me sont brusquement revenus ! Mais maintenant, vous lisez de nouveau en lui ?
-Depuis la mort de mon bien-aimé, répondit tristement la princesse des vampires.
-Et… et il n’y a vraiment aucune solution pour qu’il ne me retrouve pas cette nuit ? Je pourrais fuir !
-Non, tant que vous êtes dans votre enveloppe humaine, il vous retrouvera où que vous soyez sur cette terre, je vous l’ai dit !
-Il ne m’a pas cherchée quand j’ai fugué !
-Non, c’était un jeu pour lui… mais croyez-moi, il savait que vous n’étiez pas loin…
Il y aurait bien une solution … Mais cela serait une trop grande trahison de ma part envers Valentine et un éternel fardeau qui pèserait sur vos épaules…
-Je suis prête, répondit Pauline qui avait compris ce que ces parles signifiaient. Je suis prête à devenir des vôtres, si c’est bien cela que vous suggérez…
-Mais il faut que vous sachiez une chose de plus Julie. Les sangs-pourpre ne deviennent pas des vampires comme les autres… Une partie de leur ancien sang se régénère et ils deviennent bien plus puissants que les autres vampires… Mais cette puissance a bien des revers. Ils deviennent immortels…
-Tous les vampires ne le sont-ils pas ? L’interrogea Julie qui peinait à comprendre où Elisa voulait en venir.
-Nous avons nos talons d’Achille... Comme vous ne l’ignorez pas, nous sommes réduits en cendres par la lumière de jour, par la force des pieux enfoncés au bon endroit, par les flammes parfois… Mais les anciens sang-pourpre n’en ont aucun… Ils deviennent définitivement immortels et pour toujours, sans aucune possibilité de se suicider. Même si cela vous parait absurde, beaucoup de vampires finissent par se donner la mort, désemparés par des siècles de solitude et de monotonie. Un sang-pourpre renait toujours de ses cendres, même s’il prend alors la forme d’une sorte de monstre errant… C’est du moins ce que la légende en dit. Mais j’ignore combien de fois cela s’est produit. Dans le passé, lorsque les sang-pourpre étaient plus nombreux, les vampires mal intentionnés ne les transformaient pas, car l’élève pouvait alors facilement surpasser le maître. C’est, il me semble, la seule exception…
-Et c’est pour cela que vous ne prendrez pas le risque…
-Non, je ne peux pas lire votre esprit, car les pensées des sang-pourpre ne nous sont pas accessibles, encore l’un de vos « pouvoirs »… Mais je sais cependant que vos intentions sont pures, je le sens… Ma réticence est liée à ma belle-sœur et non à la peur de votre puissance. Les siècles m’ont assagi et je me moque à présent de la compétition entre les vampires. Il y en a bien assez sous mes ordres comme cela, et le rôle de maître peut devenir épuisant… Je vous céderai volontiers ma place en vous faisant entrer parmi nous, mais Valentine ne me le pardonnerait pas ! Elle vous aime et nous a bien fait comprendre qu’elle ne supporterait pas que l’on vous fasse du mal de quelques manières que ce soit. J’ai déjà perdu Charles, je ne veux pas la perdre elle-aussi, j’ai beaucoup d’affection pour ma belle-sœur.
-Mais si Vogiel me retrouve, et s’il me force à faire cet enfant avec ce Marc… Il est assez puissant pour cela, il peut m’extirper un ovule et user de la fécondation in vitro si je ne suis pas consentante… N’est-ce pas toute l’humanité qui serait sous ses ordres ?
-Effectivement, répondit Elisa en frissonnant
-Alors vous savez où est votre devoir… Je me chargerais d’expliquer cela à ma dulcinée… A moins que vous ne préfériez me tuer définitivement ? Mais alors ce serait bien plus de souffrance pour Valentine…
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Vampires et sangs-pourpre - Atropine Empty
MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:29

Chapitre 15

-Voilà c’est ici, dans cette vieille cabane, c’est là que votre frère vient tous les soirs, annonça Léna dans un souffle.
-J’espère qu’il n’est pas trop tard, répondit Valentine, alors que l’inquiétude se lisait sur son visage d’ordinaire impassible. Il fait jour, je vais devoir me mettre dans le cercueil et vous m’emmènerez à l’intérieur. Prenez le pieu en bois, c’est le seul moyen de défense à notre disposition. Vous pouvez y arriver. Je vais m’installer dans le cercueil et dès que vous vous serez assuré que la porte est bien refermée, vous me ferez sortir. Je vous fais confiance, Léna.
-Et s’il se passait quelque chose ? Et s’il nous attendait ?
-Une fois que nous serons à l’intérieur, je ne puis vous obliger à m’accompagner, Léna. Vous aurez fait votre devoir.
-Mais je veux la sauver aussi Julie ! Je, répondit-elle en rougissant avant de s’arrêter net se souvenant soudain du statut de la personne qui l’accompagnait.
-Je suis désolée, enfin je veux dire, je ne veux pas qu’elle meure!

Quelques minutes plus tard, Léna refermait la porte de la petite cabane en bois, porte sur laquelle trois saules étaient gravés, d’où le nom de cette clairière, la croisée des saules. C’était dans cette forêt que Léna avait rencontré Charles alors qu’il rodait dans les environs. Ce soir-là, elle était désespérée après avoir perdu son travail et elle errait. Perdue entre les arbres, elle n’avait opposé aucune résistance lorsque Charles l’avait emmené. Plus tard, il lui avait parlé de cet endroit, la croisée des saules. Il disait que son ancien maître y avait installé un laboratoire souterrain dans lequel il se prêtait à des expériences plus que douteuses. Elle ignorait pourquoi le vampire lui avait demandé de s’y rendre avec Valentine et Elisa s’il n’était pas de retour.
Elle poussa la porte en bois de sa main libre qui ne tenait pas le cercueil et elle trouva surprenant qu’elle ne soit pas verrouillée. La cabane était froide et vide, avec uniquement une grande trappe au beau milieu, Léna la souleva, se demandant comment elle s’y prendrait pour y faire entrer le cercueil. Mais curieusement, elle n’eut aucune difficulté à descendre l’échelle en tenant le cercueil d’une seule main, un pouvoir inespéré en cet instant si stressant ! Puis elle remonta fermer la trappe pour libérer enfin Valentine.
-Où sommes-nous ? L’interrogea celle-ci d’une voix tendue.
-Je ne sais pas au juste. Il parait que c’est un ancien laboratoire, mais je me demande pourquoi il nous a fait venir ici, on dirait qu’il n’y a personne et… Que se passe-t-il ? ajouta-t-elle en voyant Valentine se figer soudain.
-Elle est là ! Murmura la vampire, Pauline est ici ! Elle est vivante, il n’est peut-être pas trop tard, mais elle n’est pas seule. Venez vite !
-Et Charles ?
-Je l’ignore, on ne peut pas trouver si facilement son créateur, chut ! Par ici, lança-t-elle en entraînant Léna dans un sombre couloir qu’elles n’avaient pas tout de suite remarqué.
Sur la pointe des pieds, l’oreille aux aguets, elles parcoururent ce long couloir, sans se douter qu’au fond, dans une petite cellule grillagée, des canines acérées s’étaient plantées profondément à travers la peau brillante et la jugulaire turgescente et offerte de la jeune humaine qui ne faisait rien pour les en empêcher ...

Estomaquée, la belle Valentine ne sut réagir immédiatement face à cet inacceptable parfum de trahison. Comment cela eut pu être possible de la part d’Elisa, la compagne de son frère, sa confidente, la seule amie de ses 150 ans de vampirisme?
Reprenant soudain ses esprits, elle vociféra d’un ton des plus menaçants, oubliant la supériorité de sa belle-sœur :
- Lâchez-la immédiatement ! Comment osez-vous me faire cet affront ? Vous me l’aviez promis !
Soudain consciente de l’intrusion des deux autres vampires, Elisa lâcha sa proie et releva la tête, laissant apparaître son regard coupable et ses lèvres imprégnées de la vive couleur du sang qui en dégoulinait. Aucune haine ne se lisait sur son visage, seulement de la culpabilité et une certaine gêne qui seyait peu à son statut de Princesse des vampires. Mais Valentine n’y prêta aucune attention, accourant vers l’humaine, pour la serrer dans ses bras puissants
-Julie ! Que vous a-t-elle fait ? demanda-t-elle avant que leurs lèvres ne se rejoignent.
-Mais qu’est-ce qui vous a pris, continua-t-elle en se tournant vers sa belle-sœur. Est-ce vous qui m’avez inculqué cette leçon d’harmonie ? Est-ce vous qui me félicitiez hier encore pour avoir cessé de tuer ? Comment pouvez-vous commettre ce crime et envers la personne qui compte le plus à mes yeux ? Cela est pire que si vous m’enfonciez ce pieu en bois dans le cœur. Je n’ignore pas que je ne peux rien contre la créatrice de mon frère, alors tuez-moi aussi si vous le souhaitez, je ne pourrais supporter de perdre une nouvelle fois la personne que j’aime !
Julie sourit faiblement, ayant plusieurs fois tenté d’interrompre cet émouvant monologue, alors que sa voix se perdait face à la puissance de celle de son aimée. Elle plongea alors son regard dans les yeux émeraude de son amante désespérée qui semblait enfin prête à l’écouter :
-Mon aimée, n’en veux pas à ton amie, c’est moi-même qui lui ai demandé. Je ne suis pas une humaine comme les autres, je suis une sang-pourpre, la dernière femme de ma lignée, et ma vie vous condamnera tous, humains et vampires. S’il me retrouve, il peut faire de notre terre un deuxième enfer. Et puis Julie n’a jamais existé, c’est Vogiel qui m’a inventé une vie, en me faisant croire pendant quelques mois que j’étais Julie, que mes parents avaient eu un accident et qu’il était mon oncle bienfaisant. Je n’ai jamais été une autre que Pauline…
-Pauline ? J’ai vu ton cadavre ! Et puis, si tu étais humaine, il y a longtemps que tu ne serais plus de ce monde, répondit la vampire bien qu’elle s’en soit doutée.
Pendant ce temps, tout comme Léna, Elisa restait en retrait de la conversation, comme pour garder un certain respect pour le couple qui se retrouvait.
-Oui, c’est bien moi, mon amour, répondit Pauline d’une voix posée, pour une fois bien plus calme que celle de son amante, tout en prenant les mains de Valentine.
-Ma douce Pauline, comment est-il possible que tu sois toujours vivante ?
-Je n’étais pas tout à fait morte lorsque je fus livrée à Vogiel, cet être infâme. Je suis restée humaine, mais il a su me conserver dans une étrange machine pour prélever chaque jour un peu de mon sang qui lui procurait certains pouvoirs. Puis…
Mais elles n’eurent pas l’opportunité de poursuivre ces explications mutuelles, car Léna, d’une voix déterminée, quoique peu assurée, les interrompit :
-Je pense qu’il faut partir à présent, il peut revenir, non ?
-Ce soir, répondit Elisa, frissonnant. Il fait encore jour et il n’existe pas d’autres issues que l’extérieur ensoleillé. Comment avez-vous pu entrer, Valentine?
-On a pris la voiture teintée, répondit Léna à sa place. Il faut faire vite ! Nous pouvons encore nous sauver. Julie, ou Pauline, comme tu veux, te sens-tu capable de m’aider ? Nous sommes les seules à ne pas craindre le jour.
-Appelle-moi Pauline, c’est là mon vrai nom. Oui, Elisa ne m’a pas encore pris trop de sang, allons-y au plus vite.
-Comment cela, pas encore? S’outra Valentine. J’espère qu’il n’est pas dans votre dessein de recommencer ! Je ne vous laisserai pas toucher à Ma Pauline !
-Pas maintenant, mon amour, répondit Pauline d’une voix tendue. Je t’expliquerai tout quand nous serons à l’abri, mais là, nous sommes toutes en danger !

Une bonne dizaine de minutes plus tard, elles étaient dans le véhicule et Léna conduisait vite, sans desserrer la mâchoire.
-Il se lève, il a changé ses plans, murmura soudain Elisa comme si elle entrait en transe. Vite, il faut faire demi-tour ! Il veut s’assurer que Pauline est encore là ! Après, il a l’intention de roder vers le manoir. C’est trop dangereux ! Nous ne pouvons y retourner ! Il faut que l’on s’éloigne le plus rapidement possible !
-On va où, alors ? L’interrogea Léna inquiète, tout en tournant brusquement le volant.
-Je ne sais pas… Il nous faudrait un lieu sûr et désert pour finir la transformation de Pauline, car dès la nuit tombée, il pourra facilement la retrouver… Et nous ne pourrons pas l’empêcher d’agir selon ses macabres desseins…
-Et vous et Valentine ne pouvez pas la protéger ?
-Valentine a été transformée par son propre élève, il est donc bien plus puissant qu’elle. Et moi, je ne peux rien contre lui tant que le sang-pourpre coule dans ses veines ! Allez, accélérez, il se rapproche de la forêt !
-Bon si vous voulez, on peut aller chez moi, proposa Léna. C’est en France, à une demi-heure d’ici environ.
-Personne ne nous importunera ?
-Non. Je vivais seule et il est trop tôt pour que les voisins ne se soient inquiétés de mon absence. J’ai peu d’amis et je suis en froid avec mes parents… Ils ne savent rien de ma mort.
-Bon, admit la Princesse des vampires, il est vrai que nous n’avons pas beaucoup d’autres solutions… Allons-y. Mais il faudra prendre garde de ne pas laisser s’introduire la lumière du jour à l’intérieur…

Pendant ce temps à l’arrière, Pauline annonçait à Valentine en larmes les circonstances de la mort de Charles. L’arrière était séparé du devant de la voiture par une cloison et s’il n’y avait pas eu de banquette, elles auraient pu croire qu’elles étaient enfermées dans le coffre. Tout avait été conçu pour qu’il y ait le moins de vitres possibles, même si celles du devant ne laissaient pas passer les rayons ; sans doute que le fabricant de la voiture avait-il installé ce compartiment arrière fermé pour que les vampires puissent s’abriter jusqu’à la nuit dans le cas où il y aurait un problème, comme une vitre qui se briserait par exemple. L’avantage était que Pauline et Valentine pouvaient discuter tranquillement sans être entendues, et sans se rendre compte des difficultés qu’avaient Elisa et Léna à l’avant…
-J’ai tant de peine à le croire, gémissait Valentine. Je n’y étais vraiment pas préparée, dans mon esprit nous étions si invincibles…
-Il est mort en se battant, essayait de la consoler Pauline. Elisa en était certaine. Il a tout fait pour descendre ce Vogiel ! Il l’a fait pour toi, pour nous, pour toute l’humanité… Il a détruit cette machine aussi, dans laquelle il m’a retenue prisonnière toutes ces années…
-Pauvre Charles… Parmi nous, il était le seul à vraiment apprécier sa vie de vampire…
-Je suis désolée, mon amour, souffla Pauline. Si seulement ton fiancé avait réussi à me tuer à l’époque … Nous n’en serions pas là, Vogiel n’aurait pas pu m’attraper et ne serait pas monté en puissance et surtout Charles vivrait encore...
-Ne dis pas cela, Pauline, s’écria la vampire en l’entourant de ses bras. Jamais je ne regretterai cela ! J’ai l’impression de revivre depuis que je t’ai revu, alors que mon esprit avait rendu l’âme au moment où j’ai cru voir ton cadavre… Si seulement j’avais su que tu étais encore vivante !
-Cela était sans doute impossible… Mon pouls devait être si faible qu’il fallait être un vampire pour s’en apercevoir…
-Mais, l’interrogea Valentine, ta mémoire aurait-elle refait surface ? Que s’est-il donc passé tout à l’heure ?
-Oui. Après t’avoir fait le mot, je suis descendue dans la cuisine. Et là, mon oncle est sorti d’un placard, comme par enchantement… Mais il me faisait peur, pour la première fois, j’ai vu que c’était un vampire… Vogiel, comme je l’ai appris un peu plus tard ! Ensuite, je ne sais plus vraiment, je crois que j’ai perdu connaissance. Quand je me suis éveillée, j’étais dans une cage, avec Marc, l’autre sang-pourpre. Et là, j’ai entendu la voix de mon oncle et j’ai perdu de nouveau connaissance. J’ai revécu des bribes de mon ancienne vie en temps que Pauline, des bribes de notre vie en particulier… J’ai revu mon père aussi. Et aussi lorsque l’on s’est retrouvées quand je m’apprêtais à partir me marier dans les colonies lorsqu'on s’était jurées de ne plus jamais se quitter !
Valentine resserra un peu plus son étreinte alors que les larmes coulaient de nouveau sur son visage diaphane :
-Nous aurions pu être si heureuses, murmura-t-elle pleine de nostalgie… Si seulement je n’avais pas été suivie par cet Arthur, ce fou-dangereux que l’on m’a obligé à fiancer ! Et dire qu’il a failli te tuer !
-Tu n’as rien à te reprocher, mon amour… Moi aussi j’ai pensé que j’étais en train de mourir, je ne voyais plus rien… Mais on m’a ramassé, ajouta-t-elle en omettant de préciser que ce « on » était Charles, puis j’ai été conduite dans le cachot de Vogiel… Et j’ai atterri dans son espèce de machine qui met en pause la vie des humains… Certains tuyaux pompaient chaque jour une partie de mon sang, qui se régénérait je ne sais comment…
-C’est horrible, s’épouvanta Valentine tremblante.
-C’est fini, mon amour, il n’y aura plus jamais de machine, grâce à ton frère… C’est Elisa qui me l’a dit, elle l’a lu dans ses pensées avant… Je suis désolée…
Pauline avait décidé de ne pas parler du rôle de Charles dans sa capture et dans la création de la machine. Elle avait vu à quel point Valentine avait été affectée par la mort de son frère lorsqu’elle l’avait rencontrée plus d’un siècle plus tôt et elle savait que sa bienaimée aurait suffisamment de difficultés à surmonter sa mort une seconde fois. Elle ne devait pas en rajouter en lui parlant de la véritable nature de ce frère; il valait mieux qu’elle conserve l’image d’un Charles héroïque qui s’était sacrifié pour ralentir Vogiel et pour détruire la machine.
- Pourquoi faut-il que nos retrouvailles se fassent dans de telles circonstances ? se plaignit Valentine. Pourquoi faut-il que je perde un frère pour retrouver ma bienaimée? Pourquoi ne puis-je vous avoir tous les deux auprès de moi ? Tu te souviens, c’était grâce à toi que j’avais retrouvé le sourire à l’époque, quand je croyais que mon frère était mort, que son fantôme revenait me hanter… Je vais encore avoir besoin de toi, mon amour…
Je t’aime, ajouta-t-elle en approchant ses lèvres de celles de l’humaine. Je n’ai jamais cessé de penser à notre amour et de rêver de toi… Et personne, ni vampire ni humain, n’a pu alléger ma peine, car il n’y a toujours qu’une place dans mon cœur, une seule place pour ma Pauline, et ce depuis le jour où je t’ai rencontrée alors que nous n’étions encore que d’insouciantes enfants.
Elle embrassa tendrement la jeune humaine en s’accrochant à son cou, sans réussir à la lâcher comme si elle craignait de la perdre à nouveau… Une chose était certaine, elle ne le supporterait plus…

-Voilà, vous pouvez ralentir un peu, Léna, nous arrivons sur une route plus fréquentée et nous ne devons pas nous faire remarquer. Nous nous éloignons de toute façon et il n’est pas encore arrivé à la croisée des saules…
Léna s’exécuta, puis regarda furtivement la Princesse des vampires. Maintenant qu’elles semblaient hors de danger, elle commençait à se poser des questions. Pourquoi celle qui quelques heures plus tôt avait voulu la tuer, et à raison d’ailleurs, lui parlait maintenant de façon si polie et détachée ?
-Dites-moi, ne put-elle s’empêcher de lui demander, pourquoi vous êtes si gentille avec moi après tout ce qui s’est passé ?
Elisa trouva la petite humaine bien impertinente, mais sa colère, qui n’avait d’ailleurs plus lieu d’être, était descendue, et ce fut d’une voix calme mais affligée qu’elle lui répondit qu’elles étaient réunies par la même peine à présent.
-Comment ça la même peine ? L’interrogea Léna, je ne comprends pas !
-Il est vrai que vous n’êtes pas encore informée, soupira tristement Elisa. Je suis désolée de vous l’annoncer ainsi… Charles n’est plus de ce monde.
-Quoi ? s’écria l’humaine, tremblante. Mais… mais il est déjà mort, non ? Il ne peut pas remourir !
-Vogiel l’a envoyé en enfer, siffla Elisa. Mais sachez qu’il s’en est allé héroïquement, pour tous nous sauver… Nous ne le laisserons pas gagner, la mort de Charles ne restera pas vaine et il sera vengé, cela je vous le garantis !
Pendant le reste du trajet, Elisa expliqua à la vampire novice les circonstances de la mort de Charles et elle lui parla de la légende des sangs-pourpre. Toute la rancœur qu’elle aurait dû conserver à l’égard de la jeune maîtresse de celui qu’elle considérait comme son mari semblait avoir étrangement disparu.

-Dis-moi, mon amour, demanda Pauline alors que son amante la laissait enfin respirer, que s’est-il passé après ? Je veux dire quand tu as cru que j’étais morte…
-Pour moi le temps s’est arrêté, je me suis sentie défaillir, je hurlais… Mais cet abominable fiancé a menacé de tuer toute ma famille si je parlais… Je pense qu’il ne mesurait pas bien la force de notre amour qu’il qualifiait de malsain et diabolique. Mais cet homme était un fou et j’étais l’objet de sa fixation, il aurait sans doute eut la même réaction s’il m’avait vue avec un homme. Le soir même, il m’a donc ramenée chez moi après m’avoir rouée de coups et m’avoir de nouveau menacé si je ne gardais pas le silence. Tu t’imagines bien que je ne l’ai pas écouté… Je n’ai pas attendu le lendemain pour m’enfuir de chez mes parents, avec une seule idée en tête, le suicide… Mais lorsque je me suis retrouvée sur le pont, un peu comme toi, Pauline, il y a quelques jours, même si la mort me semblait bien douce à côté d’une vie sans ma moitié, je me suis retenue. Je ne pouvais pas mourir alors que cet infâme meurtrier continuerait son chemin… Sans doute m’aurait-il bien vite oubliée pour porter sa folie et ses désirs de perversion vers un autre objet… Alors, je suis retournée chez moi et le lendemain, j’ai pris tout le courage qui me restait pour demander pardon à mon bourreau. Puis, je me suis tenue tranquille jusqu’au mariage, jouant le rôle de la future épouse douce, docile, aimante et obéissante à chaque fois qu’il me regardait. Comme je l’avais imaginé, il a baissé sa garde et s’est sans doute dit que l’accident était clos. Mais dans mon esprit, les choses étaient claires, je n’avais plus qu’une idée en tête, la vengeance. Mes parents ne surent ce qui t’étais arrivé, dans l’esprit de tous, tu étais partie dans les colonies et personne n’en douta jamais. Notre mariage fut grandiose, mes parents étaient fiers de marier leur dernière fille à ce riche assassin qu’ils pensaient connaitre comme leur fils, mais dont ils ignoraient tout. Je ne profitais point des festivités, car j’appréhendais la nuit où j’exécuterai la dernière phase de mon plan …
Lorsque nous nous retrouvâmes seuls, dans l’intimité de sa chambre, je le laissai avec dégoût prendre possession de mon corps meurtri, attendant patiemment qu’il en eût assez. Lorsqu’enfin il fut endormi, je défis la couture du corset de ma belle robe de mariée qui était restée sur une chaise. Je sortis alors de ce corset, un petit sachet de poudre et un couteau de cuisine, assez fin pour être dissimulé dans cette volumineuse robe, mais suffisamment aiguisé pour l’usage que je lui décernais… Dès lors, je n’eus aucune hésitation, les heures précédentes avaient achevé de me convaincre et ce fut avec calme, détermination et précision que je m’acquittai froidement de ma tâche. Je commençai par remplir le verre de mon mari par la poudre avant d’y verser le reste du champagne qu’il nous avait fait monter. Je mélangeai le breuvage à l’aide du manche de mon couteau, puis en versait le contenu à travers ses lèvres entrouvertes. « Buvez à notre amour » lui ai-je hypocritement murmuré alors que ses yeux s’entrouvraient… Comme prévu, il ne résista pas au regard faussement aimant que je lui lançais et il s’exécuta sans rien demander. L’effet fut immédiat, je vis ses muscles se détendre et ses paupières cligner… Suffisamment de poudre pour l’immobiliser, mais pas assez pour le tuer… Je voulais qu’il souffre, je voulais qu’il paye, je voulais voir la peur se refléter dans ses yeux… Je redescendis du lit, allai vers la petite table et m’emparai des allumettes pour allumer toutes les bougies de la pièce. Je voulais le voir, je voulais qu’il me voie… Alors lentement, je m’emparai du couteau et je le fis miroiter face à son regard terrifié et rempli d’incompréhension. Puis avec un rire sardonique, j’approchai la lame de son cou et sans enfoncer trop profondément la pointe, je l’entaillai, précisément à l’endroit où il avait enfoncé la cordelette sur ton fragile cou laiteux. Le sang coulait, une expression de vive douleur se dessinait sur sa figure terrorisée. Et pourtant, je ne m’arrêtai pas là, entaillant ses joues, je lui rappelai ce qu’il n’aurait jamais dû te faire subir et je lui criai que lorsqu’il t’avait étranglé, il m’avait fait sentir le quintuple de la douleur qu’il ressentait alors. A la fin, estimant qu’il avait compris et suffisamment payé, j’enfonçai la lame tout doit dans son cœur, ce qui l’acheva presque immédiatement…
-Ne me regarde pas avec cette mine horrifiée, mon amour, poursuivit Valentine… Je n’étais pas moi-même à ce moment-là, jamais je ne serais capable de reproduire une telle abomination. J’eus ensuite l’impression de m’éveiller d’un long cauchemar. Ma chemise de nuit et les draps blancs étaient enduits du sang de mon mari, qui gisait les yeux grands ouverts dans le lit marital. Et c’est seulement à ce moment-là que je me rendis vraiment compte avec effroi de ce que j’avais fait…Ta mort avait tué chez moi toutes marques d’humanité, toutes marques de vie et jusqu’à mon meurtre, j’étais devenue une sorte de monstre languissant, qui ne respirait que par la force d’une future vengeance. Mais lorsque tout fut terminé, je regrettais, je ne comprenais pas comment j’avais pu arriver à une telle extrémité, pourquoi je ne m’étais pas contentée de me suicider au lieu de devenir encore plus perfide que lui. Tremblante, je me mis à hurler, je n’avais vécu que pour cette vengeance sans jamais penser à l’après, ni à ce que je ferais du corps et d’ailleurs, je n’en avais que faire, je ne chercherais pas à démentir… Les quelques heures qui suivirent furent interminables. Je restai immobile, tremblante et sanglotante à contempler le cadavre de mon mari, puis je me mis à délirer, je crus te voir, je crus apercevoir mon frère, mais cela, par contre, n’était pas une illusion, comme je l’appris plus tard. Le lendemain matin, la bonne me retrouva à moitié endormie, baignant dans le sang de celui qui fut mon mari. Je fus arrêtée, interrogée et j’avouai tout sans ciller. Pourquoi ne pas m’être tout de suite donnée la mort, me direz-vous. Je voulais être punie pour ce crime, je voulais passer sur l’échafaud, humiliée, car j’estimais ne pas mériter une douce mort après l’abominable crime que j’avais commis. Le verdict succéda au procès, pendant lequel je ne prononçai pas une parole, en proie à un état second d’hébétude et d’effroi. Et comme je l’avais imaginé, je fus rapidement condamnée à mort, malgré l’avocat que mes parents m’avaient choisi. Puis une nuit, ma dernière nuit, veille de mon exécution, mon frère Charles déboula dans ma cellule après avoir brisé les barreaux sans aucune difficulté. Malgré mes protestations, il commença la transformation par une première morsure. Puis, il m’emmena loin de là et termina de me transformer… Voilà, ma douce Pauline, tu sais tout maintenant et j’ose espérer que tu me pardonneras pour toute cette déchéance…
La jeune humaine ne répondit pas, se contentant de prendre la vampire par la main.
-Tout cela est passé et je sais que c’est le désespoir qui t’as fait agir… Tu as au moins été honnête. Et puis ce monstre nous avait séparées et avait failli me tuer… Comme tu as dû souffrir par sa faute ! Nous avons suffisamment bataillé pour nous retrouver enfin ensemble et je ne gâcherai pas cette précieuse seconde chance, mon amour ! Je dois t’avouer que j’aurais sans doute fait subir la même chose à quelqu’un qui t’aurait tuée, si j’en avais eu la possibilité… Je ne peux donc pas t’en vouloir ! Il ne reste plus qu’une dernière épreuve avant que nous ne soyons réunies pour toujours…
Pauline s’empara alors des lèvres de sa dulcinée, l’empêchant de rétorquer.
-Que se passe-t-il ? murmura Valentine d’une voix blanche, alors que la voiture s’était arrêtée et que la portière arrière s’ouvrait.
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:30

Chapitre 16

-Léna ! s’écria Pauline à voix haute, Léna pourquoi s’être arrêtées ?
-Mais que faites-vous ? Renchérit Valentine, le soleil est encore haut dans le ciel ! Vous allez me tuer ! Est-ce un complot ?
-Ne vous inquiétez pas, répondit Léna, Vous voyez bien que l’on est dans un garage… Vous êtes chez moi !
-Tout va bien, reprit Elisa, nous serons en sécurité ici pour un petit moment. Il est loin maintenant. Nous serons tranquilles pour la transformation, mais il ne faut pas traîner, à la nuit tombée, il faudra que l’on ait terminé…
Valentine ne laissa pas sa belle sœur terminer, sortant de la voiture d’un bond :
-La transformation ! Il en est hors de question Elisa ! Personne ne s’approchera de ma Pauline ni de son sang ! Vous y avez gouté une fois mais ce sera la dernière…
-Calme-toi ma chérie ! Tenta de la raisonner Pauline en s’accrochant au bras de la vampire en colère, je t’expliquerai…Nous n’avons pas de temps à perdre !
-Je vais aller fermer tous les volets, lança Léna, avant de vous laisser entrer plus loin.
Une fois que la jeune vampire novice eut disparu par la petite porte en bois au fond du garage, Valentine scruta de ses yeux carnassiers sa belle-sœur qui soutenait son regard avec férocité; toutes deux semblaient prises dans les méandres d’un dialogue de pensées, inaudible pour la jeune humaine.
-Je ne peux pas lire vos pensées, moi. Alors ayez l’amabilité de prendre la peine de vous exprimer avec des mots, glapit Pauline, agacée.
-Je répétais, siffla son amante, que plus personne ne toucherait à ton sang, il faudrait me passer le corps, ou même m’envoyer en enfer avant ! Tu as assez donné à ce Vogiel toutes ces années mon amour ! Je refuse que ton sang serve à ces vampires insatisfaits qui ne supportent plus l’obscurité ! Et toi ma beauté, ajouta-t-elle fermement, je t’interdis de les laisser faire !
La porte de bois s’ouvrit de nouveau, laissant place à une Léna essoufflée, ce qui eut pour conséquence d’apaiser quelque peu la tension de plus en plus palpable entre les deux vampires.
-Voilà, c’est fait s’exclama la voix enthousiaste de la novice, vous pouvez entrer !
Alors qu’elles traversaient le couloir, Léna perdit soudain l’équilibre et dut s’appuyer contre le mur pour ne pas tomber.
-ça va ? S’inquiéta Pauline
-Oui ça ira, répondit Léna avec un faible sourire, contente que l’humaine soit la première à s’enquérir de son état. C’est juste une crise d’hypoglycémie, reprit-elle, enfin non, plutôt d’anémie, ou je ne sais pas moi comment on appelle ça chez les vampires… J’ai si faim…Mais je ne peux pas vous embêter, je sais très bien qu’il n’y a pas de sang ici, ajouta-t-elle sans pouvoir s’empêcher de fixer avec envie le fin cou de Pauline. C’est incroyable, j’ai l’impression de voir battre vos artères ! Je vais de découverte en découverte dans ce nouveau corps de vampire !
-Tu peux prendre un peu de mon sang, répondit précipitamment l’humaine, il est très concentré, quelques gouttes te suffiront à étancher ta soif, d’après la légende des sangs-pourpre…
-Il en est hors de question ! Vociféra Valentine en attrapant le poignet que Pauline s’apprêtait à le tendre à la jeune vampire. Je ne peux pas laisser les autres profiter ainsi de toi ! Moi non plus je n’ai pas diné la nuit dernière… Et pourtant, je me retiens !
-Ton tour viendra ma douce répondit ironiquement Pauline en se dégageant. Bientôt plus personne ne pourra bénéficier d’un sang qui n’existera plus, alors autant qu’il serve à quelque chose.
-Comment cela ? Aurais-tu perdu l’esprit ? Je ne toucherai à ton sang ! La vie d’un vampire est des plus pénibles et il serait égoïste de ma part de te…te tuer ! Tu te rends compte, ne plus voir la lumière du jour, et puis cette faim, cette insoutenable faim qui nous tiraille à tout moment, bien plus forte que celle des humains en période de famine !
-Raison de plus pour laisser Léna prendre de mon sang, répondit calmement Pauline. Puis tu prendras le reste, nous n’avons pas le choix mon amour… Crois-tu que c’est par complaisance qu’Elisa m’a asséné ma première morsure, alors qu’elle savait que je t’appartenais ?
Pauline fut interrompue par le gémissement de Léna, qui de nouveau s’était assise sur le sol, semblant au plus mal.
Demeurée discrète jusque là, Elisa, se décida enfin à intervenir :
-Vous avez raison Pauline, Léna souffre, nous pouvons encore supporter de ne pas manger une nuit ou deux mais un jeune vampire ne doit pas manquer de sang, cela peut même être une seconde mort, au même titre que le soleil, mais avec une lente agonie. Et puis Léna nous a été bien utile. C’est grâce à elle que vous nous avez trouvé et que l’on est ici. Alors elle ne mérite pas ce sort, et puis une faible quantité de sang-pourpre suffit pour une nuit.
-Bon je vous l’accorde, il est vrai que Léna nous a bien aidé, soupira Valentine alors que déjà Pauline retendait le dos de son poignet à la vampire novice. Mais je n’ai aucunement changé d’avis sur le reste !
-Tu t’y feras, répondit Pauline en grimaçant, alors que les jeunes canines de Léna traversaient sa peau et l’endothélium de son artère radiale.
- Cela suffit, grommela Valentine au bout de quelques instants en retirant le bras Pauline. Elle en a eu assez…
Léna releva la tête, du sang dégoulinant à la commissure de ses lèvres.
-Je te remercie, s’adressa-t-elle à Pauline. Ton sang est délicieux, ajouta-t-elle les yeux brillants et avec un sourire charmeur.
Jalouse, Valentine, la fusilla du regard et serra un peu plus le poignet de Pauline comme pour bien montrer qu’elle lui appartenait.
-Vos canines n’ont même pas encore atteint leur taille adulte…Vous seriez bien incapable de vous nourrir seule… Mon frère n’est plus là pour vous protéger, et je ne vous laisserais pas boire le sang de ma Pauline éternellement…
Pauline regarda alors Elisa d’un air quelque peu désemparé.
-Je pense qu’il est temps maintenant, trancha alors la princesse des vampires pour mettre fin à cette scène de jalousie.
-Je vous ai déjà fait part de mon avis, et il est non négociable !
-Dans quelques heures Vogiel aura récupéré son odorat et il retrouvera Pauline où qu’elle soit… L’odeur d’un sang-pourpre est facile à reconnaître lorsqu’on a goûté…
-Qu’il vienne, nous l’attendrons de pied ferme ! Et puis vous êtes sa créatrice, il ne peut rien contre vous, vous pourriez le tuer aussi… N’est ce pas un prétexte que vous utilisez pour boire le sang de Pauline ?
- En buvant du sang-pourpre, Vogiel est devenu invincible pour la nuit… Ne croyez-vous pas que je l’aurai tué sinon après ce qu’il vient de faire à Charles ? Ne pensez-vous pas que je veuille me venger ?
-Je ne demande pas à boire le sang de Pauline comme vous le prétendez… Je pense même que c’est plutôt à vous de le faire…Mais si vous refusez, je serai obligée de devenir sa créatrice… Sinon il la tuera de toute façon, quand il aura obtenu ce qu’il veut, c'est-à-dire le bébé…
-Et ça lui fournira un pouvoir démesuré, un pouvoir qu’il pourra utiliser pour mettre tout le monde à ses pieds, vampires et humains… Alors que si vous acceptez, nous serons réunies pour l’éternité et je lui serais devenue inutile. Même si nous ne parvenons à nous échapper, la mort de Charles aura servi à quelque chose… Il s’est sacrifié pour nous, pour l’avenir…. continuons sur sa lancée.
Après beaucoup d’efforts et de discussions, elles avaient fini par convaincre Valentine et Léna les avait conduites dans une chambre à l’étage alors qu’elle était restée avec Elisa dans la cuisine.

Valentine se tenait immobile devant la porte de la chambre, elle jetait un regard à la fois craintif et empli de tristesse à Pauline, qui semblait l’encourager silencieusement de ses grands yeux bleus expressifs.
La vampire fit un pas en avant et replaça nerveusement une mèche de ses cheveux en arrière.
-Allez viens, lui lança sa bien-aimée. Tu ne dois pas te sentir coupable, je suis destinée à la mort quoiqu’il en soit…Mais peut-être, ajouta-t-elle en souriant, as tu peur de devoir me supporter les 1000 prochaines années à venir, voire un peu plus ?
Ces paroles entraînèrent une réaction vive chez la grande brune qui se précipita aux cotés de sa dulcinée
-Mon amour, murmura-t- elle en lui caressant doucement le dos de la main, je pourrais te supporter l’éternité… Tu m’as tant manquée toutes ces années où je te croyais perdue… Mais j’ai tellement peur de te faire du mal… La vie de vampire n’est pas un cadeau mon ange….Cette faim permanente et suffocante qui t’assaille chaque nuit et que tu ne peux assouvir que par le sang... Le lever du jour que plus jamais tu ne pourras voir, les rayons de soleil qui ne pourront plus jamais caresser ta peau le matin au lever... Et puis il faut sans cesse se cacher, se cacher des humains, qui ne doivent jamais découvrir notre secret… se cacher de certains vampires qui nous jalousent et qui n’hésiteraient pas à nous tuer, se cacher dès que l’aube menace de prendre la place du ciel de nuit… Je voulais tellement que tu sois heureuse dans cette deuxième vie qui t’était offerte…
-J’en suis consciente ma chérie, chuchota-t-elle, mais je suis de toute façon condamnée… Tu ne pourrais pas me protéger… Et puis ajouta-t-elle dans le creux de son oreille, je me moque de tout cela… Tu te souviens, à deux nous pourrions tout supporter, tu me l’avais dit… Je ne suis plus amnésique du tout à présent!
-Bien sûr que je me souviens, Je me souviens de chaque délicieuse minute passée en ta compagnie mon amour, souffla-t-elle avant de se jeter sur les lèvres entrouvertes de l’humaine qui répondit passionnément à ce baiser, un baiser profond mais empli de craintes, de tristesse, de souvenirs et d’amertume comme s’il s’agissait du dernier, le dernier baiser entre une humaine et une créature de la nuit… Puis Pauline doucement se dégagea et se releva de quelques centimètres, prenant appui sur ses coudes.
-Il est temps maintenant, murmura-t-elle, pâlissante.
Valentine déglutit péniblement, et la toisa de ses yeux émeraude :
-Je peux percevoir ta crainte mon amour, je la lis dans tes yeux … Tu es si courageuse de te sacrifier pour ne pas qu’il nous retrouve… Alors que tu aurais pu lui donner ce qu’il voulait et terminer tranquillement ta vie en tant qu'humaine…
Pauline posa son doigt sur les fines lèvres de son amante.
-Il m’aurait tuée, et puis ce n’est pas un sacrifice ma déesse, la coupa-t-elle… Après nous serons réunies à jamais, et plus rien ni personne ne pourra nous séparer… Même ce Vogiel ! Notre amour aura raison de sa perfidie ! Il n’a besoin que de l’humaine, pas du vampire…
Elle dégagea alors de sa main vacante ses boucles blondes caressant son cou.
Le cœur battant Valentine approcha ses lèvres de cette chaire rose et si accueillante. De ses yeux de vampire elle pouvait voir le sang couler au travers de la jugulaire qui battait à tout rompre. Mais elle se dégagea, tremblant elle-même pour plonger à nouveau ses yeux dans ceux de Pauline.
-Toi aussi tu as peur, constata celle-ci. Pourtant tu n’as aucune raison… C’est plutôt à moi d’être effrayée…
-C’est, c’est la première fois, répondit Valentine en rougissant. Tu seras la première personne que je transforme… Et tu seras la seule de toute façon.
-Et tu as de la chance, se moqua l’humaine, en riant nerveusement. Ta première création a du sang-pourpre ! Je suppose que j’ai un goût un peu spécial par rapport aux autres humains, ajouta-t-elle avec un clin d’œil. Mais peut-être préférerais-tu qu’Elisa s’en charge ?
Valentine frôla de ses fins doigts le cou laiteux de sa jeune amante pour se donner du courage.
- Non, c’est à moi de le faire, j’en suis consciente mon amour et je vais y arriver…Mais je vais d’abord t’expliquer ce qui va se passer. J’ai mal vécu ma propre transformation…. Charles m’a mordu par surprise, sans me donner le choix…
-ça fait mal ? demanda alors Pauline mi-curieuse, mi-inquiète face au sérieux de Valentine. Comment l’as-tu ressenti ?
-C’est un peu comme une saignée… Une prise de sang plutôt pour reprendre les termes de notre époque, une douleur sourde et progressive, comme un pincement, mais cela reste supportable, répondit la vampire alors qu’elle continuait de caresser les cheveux de l’humaine. Mais tu as déjà vécu cela lorsqu’ Elisa t’a mordue tout à l’heure, ce ne sera pas vraiment pire, juste un peu plus long. J’étais en prison ce soir-là, à cause de ce que j’avais fait à mon mari, continua elle avec un frisson en se remémorant cette triste période… Mon frère est venu me délivrer lors de ma dernière nuit avant la guillotine… Mon frère m’a mordue de suite, sans me laisser le temps de vraiment réaliser sa présence… Certes un peu indélicat, mais nous n’avions pas de temps à perdre… Puis il m’a lâchée, et il a posé la main sur ma bouche pour étouffer mon cri. Il m’a juste dit de ne pas m’inquiéter, qu’il ne les laisserait pas me guillotiner. Puis il a recommencé. Je me souviens m’être sentie très affaiblie, au bord de l’évanouissement jusqu’à ce qu’il m’abreuve de son sang… Par la suite, j’ai perdu conscience et je me suis réveillée dans un grand lit, j’étais perdue, je pensais être arrivée dans l’au-delà. C’est seulement à ce moment-là que mon frère m’a expliqué… La douleur je ne m’en souviens plus vraiment… C’est juste un mauvais moment à passer mon amour…
Pauline acquiesça :
-Je veux bien le croire ! Mais au moins moi j’y suis préparée… Et j’ai toute confiance en ma créatrice !
-Tu as déjà reçu ta première morsure par Elisa, répéta Valentine. Maintenant je vais boire ton sang et il ne te restera que la faible quantité nécessaire à te maintenir en vie. Si je m’arrêtais là, il ne te resterait plus que quelques instants à vivre, mais ce ne sera pas le cas, je te donnerai mon sang, et il faudra que tu fasses l’effort de le boire… Ne t’inquiète pas mon ange, je ne te laisserai pas mourir. Les vampires sentent ces choses là…
-Tu peux y aller, murmura Pauline en penchant la tête, je suis prête.
Valentine prit alors une grande inspiration et bloqua dans ses mains puissantes les épaules et le cou de la jeune humaine. Puis, ouvrant enfin la bouche, elle fit ressortir quatre proéminentes canines blanches et pointues, les canines d’un jeune vampire. Pauline attrapa alors la tête du vampire pour la guider. Au moment où les dents transpercèrent férocement son épiderme et son endothélium jugulaire, elle ferma les yeux et s’accrocha aux mèches brunes en serrant les poings pour tenter de dissiper un peu la douleur qui se propageait comme un poison dans toute sa région cervicale, irradiant bientôt vers ses épaules et ses joues. Valentine avait eu raison, c’était comme une prise de sang, un pincement, une douleur sourde, pénétrante et d’intensité progressive. Puis peu à peu, elle cessa de s’accentuer, la jeune humaine s’y habituait, elle lui trouvait même un certain caractère grisant, une souffrance paradoxalement agréable, une étrange sensation de bien-être et de sérénité qui s’emparait d’elle. Alors ses poings se desserrèrent et elle appuya sur la tête de sa bien-aimée pour l’encourager à continuer, tout en entrouvrant légèrement les lèvres et en se penchant encore un peu en arrière. Elle ouvrit les yeux et put observer le plafond blanc, le lustre doré et la grande armoire en chêne qui se mirent soudain à danser devant ses yeux bleus; un ballet effrayant d’objets aux lueurs inquiétantes qui bientôt quittèrent son champ de vision et seules des couleurs tournoyaient, du marron qui se mélangeait au blanc et au doré. Elle sentait ses muscles se relâcher, ses forces lentement quitter tout son corps et ses yeux se fermer.
Puis elle revoyait Valentine avec son violon dans la salle de jeu, son père, l’enterrement, le bateau, le regard assoiffé de sang de Vogiel, sa tentative de suicide, les bras puissants de Valentine, et enfin une lumière douce et enivrante qui l’enveloppait, la fin d’une vie…

Valentine libéra enfin sa proie et détacha ses dents de cette chaire si chérie…Jamais elle n’avait pu goûter un sang pareil, si délicieusement chaud, sucré, doux et puissant à la fois… Etait ce le goût d’une sang-pourpre ou tout simplement l’amour pour la victime qui l’améliorait? Mais il était temps qu’elle cesse de boire, elle entendait le pouls de Pauline ralentir, devenant quasiment imperceptible. Son cœur perdait la bataille face à si importante hémorragie et une seconde de plus aurait pu être fatale… Valentine tendit devant ses propres lèvres son poignet tremblant, et trancha de ses canines acérées sa chaire jusqu’à atteindre l’artère radiale. Elle retourna alors son poignet duquel s’échappait un mince filet écarlate et le plaça contre les lèvres ouvertes de l’humaine:
-Il faut boire maintenant mon amour, souffla-t-elle, inquiète. Pauline sentit le goût ferreux et piquant du sang qui se rependait dans sa bouche, coulait vers son œsophage, avant de se rependre dans ses propres vaisseaux précédemment vidés, donnant alors une nouvelle vie à son cœur fatigué.

Dans la cuisine à quelques mètres de là, Elisa caressait doucement la chevelure brune d’une Léna en larmes.
-Personne ne vous déteste ici…. Il est vrai que je vous ai jalousée et sans doute haïe pour avoir pris possession du cœur de Charles, mais maintenant qu’il n’est plus là, nous sommes unies par la même peine, je vous l’ai déjà dit…Je ne vous laisserai pas tomber, ma petite Léna, je vous aiderai à terminer votre apprentissage et vous deviendrez un vampire puissant…
La novice releva la tête un peu honteuse de son comportement et de sa faiblesse qui contrastait avec sa nouvelle force vampirique.
-Je vous remercie Elisa, répondit-elle en essayant de calmer ses sanglots. C’est juste que c’est si … si étrange… Il va tant nous manquer !
-Nous devrons apprendre à vivre de son souvenir ma jolie.
Elles furent soudain interrompues par un cri venant du haut.
-C’est Valentine, lança Elisa alarmée. Je vais monter voir ce qui se passe. Pauline est sa première transformation, j’aurais peut-être dû l’assister ! J’espère que tout s’est bien passé…
Lorsqu’ Elisa ouvrit la porte, elle vit la jeune Pauline pâle et inerte qui gisait sur le grand lit de la chambre d’amis…
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MessageSujet: Re: Vampires et sangs-pourpre - Atropine   Vampires et sangs-pourpre - Atropine Icon_minitimeDim 5 Juil 2015 - 18:31

Chapitre 17

Valentine la regardait tremblante alors qu’une nuée de larmes coulait sur ses joues venant se mêler au sang qui séchait au pourtour de ses lèvres.
-J’ai échoué, hoqueta-t-elle sans se retourner sur la nouvelle arrivante. J’ai échoué, elle va mourir… Et tout est de ma faute !
Sans perdre de temps à l’écouter, Elisa se précipita vers le corps inerte et l’examina :
-Dites-moi ce qui s’est passé après qu’elle ait bu votre sang. A-t-elle convulsé ?
-Oui, pendant quelques secondes… Ce n’est pas normal n’est-ce pas ? J’aurais dû lui donner plus de sang ajouta-t-elle plaintivement. Je l’ai tuée et je veux mourir aussi ! Je sortirai et laisserai les rayons du soleil avoir raison de mon pauvre être…
La princesse des vampires releva la tête d’un air rassurant.
- Calmez-vous Valentine, souffla-elle, vous n’avez pas échoué, ses convulsions prouvent votre réussite… Cette réaction est tout à fait normale, sa vie humaine la quitte mais cette mort n’est que provisoire. Nous sommes tous passés par là. Dans quelques heures, elle se réveillera…
-Mais non, s’écria Valentine, je ne me souviens pas de cela ! Et puis je ne perçois pas son pouls…
-Il est si faible répondit Elisa, que seul un vampire aguerri peut l’entendre…C’est votre première fois Valentine, il est normal que vous paniquiez, je n’aurais pas dû vous laisser seule…
Quelques peu rassurée, Valentine s’assit auprès du corps de sa bienaimée.
-Tu vois mon amour tout va bien, tu vas bientôt revenir parmi nous… Mais qu’allons-nous faire maintenant ? Est-il certain qu’il ne peut nous retrouver maintenant que l’odeur humaine de Pauline a disparu ? ajouta-t-elle, s’adressant à sa belle sœur.
-Il est peu probable qu’il nous trouve dans l’immédiat et pour le moment, il est loin, et a finalement renoncer à aller voir Pauline qu’il pense encore prisonnière, quelque chose que j’ignore l’a retenu. Mais bientôt, il finira par s’apercevoir de la disparition de Pauline et cherchera à se venger… Il ne peut me tuer mais j’ignore si mes pouvoirs sont capables de nous protéger toutes les quatre…
-Alors nous avons fait tout cela pour rien ? Aurais-je tué ma chère Pauline pour une incertitude ?
-Non, s’écria vivement Elisa en ouvrant rageusement la porte. Non, nous ne nous laisserons pas abattre par cette immonde créature. Cette nuit nous quitterons la France. J’ai un pied à terre sur le nouveau monde, enfin les Etats-Unis… Décidément, je ne m’habituerai jamais à cette géographie qui ne cesse d’évoluer…
-Comment? demanda alors Valentine dubitative. Vous savez bien que Pauline et Léna ne peuvent voler !
-Certes nos deux nouvelles recrues ne sont pas encore capables de prendre la forme de chauve-souris… Mais nous volerons…. N’avez-vous jamais entendu parler de cette surprenante et prodigieuse invention qu’utilisent les humains, l’avion?
-Si évidemment…. Mais comment ferons-nous quand le soleil se reflètera dans les hublots ?
-Pendant que vous vous acharniez sur votre violon et que notre Charles se pâmait dans le monde des humains, je n’ai pas perdu mes nuits… Et il m’est venu à l’idée de préparer notre fuite si jamais les temps venaient à s’obscurcir pour notre petite « famille ». J’ignore pourquoi, mais au fond de moi-même, j’ai toujours su que ce Vogiel gagnerait en puissance et qu’un jour il s’en prendrait à nous…Dans un hangar, à quelques kilomètres d’Ostende dans les Flandres en Belgique, un avion aux vitres teintées nous attend…. Dans quelques heures nous y serons.
-Mais qui sera notre pilote ?
-Moi-même ma chère Valentine. J’ai aussi pris des cours de pilotage, pendant ces interminables nuits d’ennui et ce régulièrement depuis 1960. Ma curiosité envers les nouvelles technologies ne nous aura pas été vaine.
Léna choisit alors ce moment pour entrer timidement dans la pièce :
-Tout va… ? Elle est …?
-Non ne vous inquiétez pas, répondit Elisa face à la mine désespérée de la jeune vampire. Elle va s’en sortir… Décidément, aucune d’entre vous ne se souvient de sa propre transformation….
-Et vous, vous vous en souvenez alors ?
- Des circonstances très particulières, même s’il y a si longtemps Je ne pourrais l’oublier...mais je vous expliquerai cela plus tard…Il est temps pour nous de quitter le pays à présent…
-Et pour nourrir Pauline à son réveil on fera quoi ? demanda alors Léna qui connaissait maintenant les effets de la faim chez un jeune vampire.
-Nous nous arrêterons devant un hôpital pour dérober quelques pochettes de sang. Je n’apprécie pas trop ces méthodes, mais nous n’avons plus le temps de nous servir à la morgue… Heureusement qu’il y a une machine pour rendre le sang vivant dans la voiture…

Puis tout alla très vite, à la nuit tombée, Léna et Elisa transportèrent le corps inerte de Pauline dans le 4*4 et aidèrent Valentine, quelque peu affaiblie après avoir donné de son sang, à les y rejoindre. Léna conduisait vite tout en suivant à la lettre les instructions d’Elisa qui connaissait quelques raccourcis et savait à chaque instant où se trouvait Vogiel. Sur la route elles eurent quelques frayeurs lorsque Vogiel faillit les approcher, mais elles réussirent chaque fois à le semer et bientôt, la grosse voiture aux vitres teintées s’engageait devant un vieil hangar retiré, non loin de la côte. L’avion était prêt étrangement épargné par les méfaits de la rouille le décollage ne posa aucun problème au cerveau surdoué de la princesse des vampires.
Quelques minutes après, Pauline ouvrit enfin les yeux sous le regard bienveillant de sa créatrice qui l’enveloppa de ses bras protecteurs avant de lui expliquer qu’elles avaient réussi.

Une quinzaine d’heures plus tard, elles atterrissaient dans le petit aérodrome déserté et inconnu des humains non loin de la ville de Fallen, au fin fond du Nevada.
Elisa retrouva son chemin, et put constater, que la propriété avait été était bien conservée grâce à quelques amis vampires qui s’en étaient occupé tout ce temps. Elles furent très bien accueillies, et bientôt prêtes pour une nouvelle vie. Elisa commençait ses expériences pour fabriquer du sang artificiel, sa nouvelle obsession; elle était assistée par la jeune Léna qui prenait son rôle très au sérieux tout en apprenant à maîtriser ses nouveaux pouvoirs. Valentine et Pauline, maintenant réunies pour l’éternité, vivaient pleinement leur amour en profitant de chaque instant, tout en approfondissant leurs talents respectifs pour le violon et la peinture. Une sérénité éternelle ?
Mais c’était sans compter sur Vogiel, qui après avoir fouillé tout le territoire Luxembourgeois, rentrait rageusement dans son laboratoire, dans-lequel Marc était toujours prisonnier.
-Imbéciles, vociféra-t-il comme si ses ennemis étaient devant ses yeux. Vous avez gagné cette bataille, mais point la guerre… Vous oubliez qu’il me reste encore un sang-pourpre, continua-t-il en regardant cruellement le captif hagard et sédaté. Sans machine, je ne peux le conserver que le temps d’une vie humaine, mais cela me laisse largement l’opportunité de trouver une nouvelle solution, car jamais je ne renoncerai à mon rêve, et il est des choses que vous ignorez encore, oui, même vous Elisa, lâche créatrice qui abandonne ses créations quand elles ne sont pas à son goût et quand elles osent lui tenir tête… Mais je me vengerai… Et vous comprendrez alors que la mort de Charles n’était qu’une faible épreuve à côté de ce qui vous attend…

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