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| ... Que la raison ignore - Alexiel | |
| | Auteur | Message |
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YulVolk Admin
Nombre de messages : 2514 Age : 45 Date d'inscription : 20/05/2007
| Sujet: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:53 | |
| Pseudo de l'auteur : Alexiel Nombre de chapitres : 11 Rating de l'histoire : G Genre de l'histoire : Romance Résumé de l'histoire : 5ans après, Elle revient là où tout avait commencé. Carine est toujours là. Même si rien n'a changé, plus rien n'est pareil. Remarques diverses : Suite de "L'amour a ses raisons..." Terminée et Corrigée | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:54 | |
| Chapitre1 Des années durant, je n'ai eu de cesse de penser à elle. Professeur de français, mais bien plus. Notre histoire me restait, mon départ aussi. Trop jeune, ma mère avait préféré nous faire fuir plutôt qu'essayer de comprendre ce qui pouvait se passer dans ma tête. Elle n'avait rien dit, et avait appuyé la réaction que je trouvais monstrueusement démesurée de ma mère. J'ai attendu tellement d'années pour avoir une raison à son indifférence. Aujourd'hui dans le monde adulte, je ne peux toujours me résoudre à l'oublier. J'ai bien eu des aventures, mais la plupart sans lendemain. Elle ne m'a jamais recontactée, elle n'a jamais voulu savoir ce que je devenais. J'avais eu raison depuis le début, je n'étais qu'une simple histoire sans lendemain. Une petite aventure sans grande importance. Et pourtant dans ses bras j'avais voulu croire à autre chose. Ce qu'elle me disait semblait tellement vrai. Je sais par contre de source sûre qu'elle n'a pas quitté le lycée. Caroline est devenue pionne là bas. En plus d'être directrice d'un centre de vacances. Elle sait donc tout ce qui se passe dans notre très cher lycée. On a d'ailleurs rendez-vous à 18h devant l'important portail d'entrée. En avance comme à mon habitude, je détaille tout ce que je peux. Besoin inconscient de m'imprégner de ces lieux qui ont abrité cinq ans plus tôt un amour impossible caché aux yeux de tous. Ou presque. Sans même m'en rendre compte, j'avance, mes mains se baladant sur les herbes hautes et fleuries. J'inspire le parfum de toutes ces fleurs mélangées à la vieille pierre et au nouvel accueil entièrement en bois. " Je ne pensais pas te revoir un jour ici, toi. " On me parle à moi ? Je sors de ma rêverie et regarde aux alentours. Mon ancien professeur d'anglais, un grand sourire aux lèvres se moque gentiment de moi. " Cher professeur, comment allez-vous depuis tout ce temps ? " " Me serais-je trompé d'élève ? Ou me joues-tu un tour ? " " C'est bien moi, oui, et ici. Comment allez-vous ? Je pensais que vous seriez parti depuis. " " Et bien non, comme tu peux le voir, j'aime beaucoup trop ce lycée pour le quitter. La raison de ta venue ici est professionnelle ? " " Non, je… Je viens voir une ancienne amie. " " Oh, je vois. Tu devrais plutôt l'attendre dehors alors. " Sa réponse m'avait quelque peu intriguée, pourquoi attendre Caroline dehors ? Est-ce qu'il savait ce qu'il s'était passé avec Carine quelques années plus tôt ? Non. Impossible. " Les anciens élèves n'ont pas le droit d'entrer dans l'établissement ? " " Si, bien sûr que si, mais… " Je ne l'écoute plus, mon corps est transporté. Ce parfum. Je me retourne, cherche dans toutes les directions. Elle avance, d'un pas décidé. " Tu m'écoutes ? " " Je suis venue pour Caroline monsieur, pour Caroline. " C'est ainsi que je le laissais tout en avançant vers elle. " Bonjour ? Toujours le nez dans tes papiers ? Tu devrais faire gaffe, un jour tu risques de te cogner. " Tout en relevant la tête, sa voix douce et animée illumina les alentours. " Pardon ? " Elle se stoppa net et me regarda droit dans les yeux. " Que… Que fais-tu ici ? " " Je suis venue chercher Caroline. Et je viens de vous apercevoir, alors je me suis dis que je pourrais venir dire bonjour à un ancien professeur. Peut-être ai-je mal fait. Pardonnez-moi, je n'aurais pas dû. Passez une bonne journée. " " Effectivement, tu n'aurais pas dû. Au revoir. " Moi qui avais cru qu'elle avait un pas décidé quelques minutes avant, je compris le vrai sens du terme. Sans plus me regarder elle traça son chemin. Sans même un retour ou un regard pour moi. Elle venait de me scier sur place. Mon ancien professeur d'anglais s'avançait vers moi. " Je t'avais prévenue. Ce n'était pas une bonne solution. " " Je suis réellement venue chercher Caroline. Et puis d'abord pourquoi vous dites ça ? Qu'est ce que je lui ai fait pour mériter tant d'indifférence ? Je ne pense pas avoir été une si mauvaise élève que ça. " " Mauvaise élève non. Votre histoire lui a simplement brisé le cœur. Même un adulte peut avoir des maux d'amour, autant qu'un enfant ou qu'un adolescent. Mais je pense que je ne t'apprends rien. " " Qu… Quoi ? Mais… Je… Vous… Qui… ? " " C'est elle-même. Je ne suis pas que professeur tu sais, je suis aussi un confident. Ici ça n'a pas fait de vagues, il n'y a que moi qui suis au courant ainsi que le directeur. Il serait bon de ne pas la brusquer. Elle a dépensé tant d'énergie pour t'oublier. " Dans un murmure je l'entendis prononcer les mots que j'attendais " Y fut-elle seulement arrivé… " C'est dans un brouhaha que Caroline arriva. La fin des cours, les élèves étaient aussi impatients que nous l'avions été quelques années plus tôt. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:55 | |
| Chapitre 2 " Ah ! La nostalgie des cours et surtout de la fin des cours ! Comment vas-tu ma belle ? " Toute pimpante elle enlaça son bras sur mon cou. " Et vous Monsieur le prof d'anglais vous n'êtes pas encore parti ? " " Et non, comme tu vois, je suis en compagnie de mon ancienne élève préférée ! Et je t'ai dis que tu pouvais et que c'était un devoir que de m'appeler par mon prénom. " " Oui, je sais, je te taquinais. " " Bon je vous laisse les filles. Pas trop de folies, Caroline a du boulot demain. Au plaisir. " Commençant à partir, Caro m'asséna de questions. " Vous parliez de quoi avec Daniel ? T'as vu il n'a pas changé. Tu m'attends depuis longtemps ? Le lycée est toujours le même ! Tu restes combien de temps ? Je t'ai demandé comment tu allais ? " " Caro. Je l'ai vu. " " Qui ? Quoi ? Qu'est-ce ? " Voyant la gravité sur mon visage elle comprit directement. Caroline avait été la seule personne à qui j'avais pu me confier. Choix judicieux, puisqu'elle ne m'avait jamais jugé et qu'elle avait toujours respecté le secret en ne le divulguant à personne. " Oh ! Elle. Et alors ? Comment ça c'est passé ? " " Comme si cinq ans après je me prenais la même grande claque dans la gueule. Elle ne veut plus entendre parler de moi. " " Ah. Tu sais peut-être qu'elle a simplement était surprise de te voir. " " Elle m'a clairement dit que je n'aurais pas dû l'aborder. " " Tu sais quoi on va aller faire la fête ce soir ça va te détendre. " " Je ne sais pas. Je ne suis plus vraiment motivée. " " Je vais te motiver. Je te signale que je t'ai posé pleins de questions, et j'en ai d'autres en réserves, alors tiens toi bien, il faut que tu répondes à toutes. Donc on va s'habiller, se préparer, on va être les plus belles ce soir. Et on va s'éclater et tout oublier. Et tu veux que je te dise, sa réaction est encore plus puérile que celle des adolescentes. " " Caro… " " Tu sais, tu as le droit de me dire que je suis formidable, que je ne sois pas constamment obligée de le deviner. " Un sourire m'échappa et même un rire. " Tu es la meilleure Caro " " Clém est toujours ici tu sais, et célibataire en ce moment. " " Caro c'est gentil à toi, mais tu sais très bien que Clém et moi ça n'a jamais été plus que de l'amitié. " " Oui, mais bon peut-être que. " " Bon alors ce soir tu nous emmènes où ? " J'esquivais ses sous entendus en changeant de sujet. Elle avait parfaitement compris que je n'avais pas décidé de tirer un trait sur mon histoire vieille de cinq ans. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:55 | |
| Chapitre 3 Le repas pris, la robe passée, le sourire enclenché la voiture ronronnant, j'étais prête à partir me détendre. " Bon, tu ne m'engueules pas, Clém m'a dit que la soirée ce passait à la plage. " " Ok. " Les quelques heures après nos retrouvailles non voulues je n'avais eu de cesse de penser à elle. Elle ne voulait plus de moi, alors pourquoi m'en faire ? Au moins je savais qu'elle m'avait réellement prise pour une imbécile pendant toute notre histoire. Si tant est que ça avait été une histoire pour elle. Arrivées à la soirée, c'était comme si j'avais retrouvé mes 17ans. Même ambiance, mêmes habitués. Ici, vraiment, rien n'avait réellement changé. Et moi non plus, il me fallait toujours quelques verres pour enflammer la piste et me détendre assez pour profiter de la soirée et m'abandonner quelques heures. Fidèle à elle-même Clém draguait tout ce qui bougeait. Caro s'était assagie avec l'âge. Quelques hommes tentaient une approche pas vraiment feinte. Au bout de quelques heures de danse intense l'air ambiant ce faisait lourd, j'en profitais donc pour le petit moment de déprime seule face à la mer, et à la plage qui avait vu naître ce que j'avais toujours qualifié de ma plus belle histoire d'amour. Assise à la même place qu'il y a cinq ans plus tôt, je jouais avec le sable frais. J'aurais tant aimé qu'elle soit là. " Ce n'est pas habituel de voir une jeune et jolie fille seule alors que tout le monde fait la fête à côté. " " Car… ? Qui es-tu ? " " Je te dérange peut-être ? " " Non, je… Excuse-moi. Je… " " Tu attends quelqu'un peut-être ? " " Non, juste un vieux souvenir qui me hante. Enchantée. " " De même. Je peux m'asseoir ? " " Bien sûr, la plage est à tout le monde. " " Tu ne répondras pas à mes questions ? " Et c'est comme ça que s'engagea une longue nuit de blabla avec la charmante Elise. Là où tout avait commencé avec Carine, tout recommençait avec Elise. A un détail près. Carine hantait malgré tout, l'entièreté de mes pensées. La fatigue me gagnant et Caroline qui voulait rentrer, je pris congé d'Elise pour une bonne nuit de sommeil. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:56 | |
| Chapitre 4 " Ah ! Mais ce n'est pas vrai ça ! Tu vas avancer tas de ferraille ! Allez ! Voiture de malheur démarre ! " Le soleil pointant le bout de son nez, j'aurais préféré être réveillée par le chant des oiseaux à la place j'avais les hurlements de Caroline. Je m'étirais et sortait doucement du lit, ouvrir les volets serait trop violent pour mes petits yeux fragiles encore endormis. Je descendais donc doucement prendre un café, quand j'entendis Caro s'énerver de plus en plus. Si je n'intervenais pas, je ne donnais pas cher de cette pauvre voiture. Pas le temps de me lever de la chaise qu'elle déboulait dans la cuisine à bout de souffle et de nerfs. " Je t'en supplie, sauve moi la vie. " " Réveillée. " " Quoi ? " " Je suis réveillée. " " Ah. Bon va te passer de l'eau fraiche sur la figure, tu m'emmènes au lycée. Sinon je vais encore être en retard. Il faut réellement que je change de voiture. " " Ou que tu achètes un vélo. " " Et l'hiver ? " " Transport ? " " Prépares toi vite au lieu de dire des bêtises, sinon je vais être réellement en retard. " " A vos ordres chef ! " Un peu d'eau sur le visage, brossage de dents obligatoire, je n'ai même pas pu finir mon café. Caro stressée de la vie, me prit le bras au vol avant que je ne puisse effleurer ma tasse. " Bon on y va ? " " On est parties. " Les fenêtres grandes ouvertes, pour finir de me réveiller. Si Caro avait pu faire des bonds dans ma petite voiture, elle n'aurait pas manqué de le faire. " Y'a un bouton arrêt, ou c'était en option à la fabrication ? " " Quoi ? " " Non laisse tombé, tu es arrivée. " " Tu m'attends deux minutes faut que je vois avec la secrétaire si je peux emprunter un vélo pour rentrer ce soir, vu que tu ne voudras pas venir me chercher. " Le mot " vélo " provoqua une grimace sur son visage. " J'ai le temps de fumer une cigarette quoi ? " " Oui. " Adossée à la petite murette de l'entrée pour les voitures des professeurs, j'attendais le retour de Caroline, d'ailleurs je ne savais pas pourquoi elle voulait revenir, mais bon mal réveillée je ne cherchais pas réellement à connaître ses raisons. La tête baissée je ne faisais pas vraiment attention à ce qui pouvait m'entourer. " Encore toi ? Tu me suis ? Tu veux quoi ? " " Euh… " Fut la seule réponse qui sorti instinctivement de ma bouche. Je sortais de mon micro sommeil et je me rendis compte que Carine était en face de moi. " Tu viens de te réveiller ? " Sa voix avait perdu toute agression, la petite fossette au coin de sa lèvre gauche indiquait son léger sourire. Elle se moquait presque de mon réveil forcé. " Ouais. " " Et tu fumes déjà ? " " J'peux savoir à quoi tu joues ? Faut savoir, soit tu m'agresses, soit t'es limite amicale. " " J'essayais juste d'être polie. " " Et moi de comprendre. " " Laisse tomber. " Les bras remplis d'autant de paperasses qu'il y a cinq ans. J'ai quand même tenté de la faire rester. Une main tendue vers son bras je l'attrapais fermement et la faisait se retourner face à moi. " Tu crois pas qu'on a des choses à ce dire ? " " Tu ne penses pas qu'il est loin d'être l'heure et le lieu pour parler ? " " Tu habites toujours au même endroit ? " " Ne viens pas chez moi. Il y a un parc isolé pas très loin, je pense que tu le connais. Je t'y rejoindrais à la fin des cours. " C'est ce moment là que choisit Caroline pour revenir, un regard de honte sur le visage de Carine, de puissance et de colère sur celui de Caroline. Les deux combinés étaient électriques. " Voilà, j'ai fini. " " Pourquoi tu m'as demandé de t'attendre alors, je ne comprends pas bien. " " Le vélo, j'ai besoin d'une caution, et j'ai oublié mon chéquier à la maison. Promis le vélo sera en parfait état. " Ayant la mauvaise habitude de laisser mon chéquier dans la voiture je lui donnais un chèque du montant de la caution. Un bisou sur la joue plus tard elle repartit gaiement vers le lycée. Moi dans ma tête tout se bousculait. Je n'attendais qu'une chose : 18h. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:56 | |
| Chapitre 5 Bien que manquant de sommeil, j'étais désormais totalement réveillée. Je tournais et retournais dans tout l'appartement. Ne sachant quoi faire, la télé allumée, un livre ouvert, la radio éclairée, rien ne me satisfaisait. Ouvrant la fenêtre de ma chambre je m'adossais à la rambarde et souriait de voir la voiture de Caro dans la rue. J'enfilais un vieux t-shirt et un vieux jean et descendais. Ouverture du capot faite, je m'attelais à essayer de trouver le problème et de réparer la bête. Problème de bougies, Caro serait contente de retrouver sa voiture en état de marche ce soir. Ce soir… 18h… Carine… Je m'asseyais un instant. " Décidément, je te vois toujours assise et seule. C'est démoralisant de voir une si jolie fille assise dans une rue et couverte de cambouis. " " Elise ? Oh, non c'est la voiture de Caro, et vu qu'elle travaille je… Mais bon, comment vas-tu ? " Je me relevais et m'essuyais tant bien que mal les mains sur le jean. Puis me résignant je l'invitais à monter boire un café. " Installes-toi, le café coule, je vais prendre une douche histoire d'être plus présentable. Fais comme chez toi. " Devant ma glace au sortir de la douche une marque de cambouis restait, je prenais donc un chiffon mouillé et grattait pour la faire partir. Un flash me revint en mémoire. Carine, encre sur les mains, notre baiser, ses yeux, proche, très proches… Après avoir repris mes esprits je rejoignais Elise qui m'avait attendue dans le salon. " Tu sais qu'il est mignon comme tout cet appart. " " Oui Caro a toujours eut une sacré chance pour dénicher la perle rare. " " Vous allez à la plage samedi soir ? " " Non, je… La plage c'est fini pour moi, j'y ai trop de mauvais souvenirs. Et puis je ne sais pas vraiment quand je repars donc… " " D'accord, je te dis ça parce que je serais à une soirée et si vous aviez été libre, je t'aurais proposé de venir, avec Caro. " " C'est pour ça que tu passais ? " " Oh, non en fait je ne savais pas du tout que tu habitais par ici, simple coïncidence, qui est loin de me déplaire. Alors ça te dis ? " " Oui, pourquoi pas ? C'est quoi comme genre de soirée ? " " Je te tiens au courant, il y aura très certainement une tenue spéciale, bon allez je ne m'attarde pas plus, je dois y aller. Je te tiens au courant. " Un clin d'œil plus tard Elise passait ma porte. Après son départ, les minutes défilèrent mais les heures restaient de marbres. J'avais l'impression que le temps était au ralenti. Dix-huit heures enfin, j'étais au parc, à l'heure, assise sur le dossier du banc j'attendais une clope à la main. Heureusement que le soleil était au rendez-vous, car contre toute attente Carine était en retard. Les questions commençaient à se multiplier dans ma tête. Jusqu'à ce qu'elle arrive. Au départ, silencieuses on se regardait juste, attendant certainement que l'autre engage la conversation. C'est d'ailleurs elle qui brisa le silence. " Je n'ai pas beaucoup de temps, tu voulais me parler ? " " Je pense qu'on a quand même des choses à ce dire. " " Comme ? Personnellement je ne vois pas. " " Comme pourquoi tu changes d'humeur d'un jour sur l'autre avec moi, comme pourquoi tu m'évites, comme pourquoi il y a cinq ans tu ne m'as pas retenue. " " Et tu voulais que je fasses quoi ? Que je me mette en travers de ta famille, tu avais 17ans. " " Tu n'aurais jamais dû me laisser tomber amoureuse de toi, pour me laisser croupir loin par la suite. " A mes mots son visage se ferma, elle ne voulait manifestement pas entendre ce que je venais de lui dire. " Garde tes reproches. " " Je ne suis pas là pour faire des reproches, mais pour comprendre. La guerre ne sert à rien, on se l'ait suffisamment faite je crois. Du moins je me la suis suffisamment faite. " " Et tu veut qu'on fasse quoi ? " " Se voir de temps en temps essayer d'être amies ? " " J'étais ton professeur. " " Tu étais mon amante. " Une pointe de nostalgie dans ses yeux vint obscurcir l'atmosphère. " D'accord pour qu'on se voit de temps en temps, je te laisse, j'ai des devoirs à corriger. " Je me levais, face à elle désormais, un bras sur ses hanches. Nos corps n'avaient plus été aussi proche depuis 5ans. Je sentais son souffle se mêler au miens. J'avançais ma main vers son visage, elle me repoussa. " Je dois vraiment y aller " Je la tenais fermement. Mes yeux plongeaient dans les siens. Je ne tenterais rien de plus. " Tu peux te mentir autant que tu voudras, mais tu as été plus qu'un simple professeur. Bien plus. " | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:57 | |
| Chapitre 6 Après notre incartade, je n'avais pas cherché à la revoir, mais je repensais quand même à notre discussion, et chaque fois que je fermais les yeux, c'est les siens que je voyais. J'aurais voulu qu'ils me regardent comme au temps où tout allait bien entre nous. Comme au temps où même si c'était chuchoté elle me disait encore qu'elle m'aimait. J'aurais aimé retrouver mes 17ans et cette histoire d'amour. Allongée dans mon lit, les yeux au ciel, le téléphone me sortit de mes pensées. " Salut ma belle, ça va ? C'est Elise. " " Euh, oui, oui merci et toi ? " " Très bien, c'est pour savoir si tu viens ou pas demain soir à ma soirée ? " " Je… " " Ça me ferait réellement plaisir " Au fond de moi je savais très bien que j'en avais vraiment besoin, qu'il fallait que je me change les idées. " C'est d'accord. C'est à quelle heure ? " " Caro t'y emmènera elle est au courant de tout, bon je finis de tout préparer, je suis vraiment très contente que tu viennes. Merci. A demain alors. Je suis impatiente de te voir. " Un bisou plus tard elle raccrochait. Depuis quand Caro et elle étaient amies ? Bref, je décidais de me défouler sur un jeu vidéo. Oublier Carine, c'était devenu ma raison d'être de la journée. Journée vide de sens, rien fait, rien dit, rien à raconter. Le samedi est donc arrivé très lentement. " Tu comptes t'habiller ou il faut aussi que je choisisse ta tenue ? Allo !!! T'as une superbe nana qui t'attends à la soirée et tu traînes encore dans ce vieux jogging, je vais finir par le brûler. Aller on se motive là ma belle. " Même si j'appréciais beaucoup Elise, mon moral était tellement enterré au fond de mes chaussettes que je ne voulais plus rien faire. Malheureusement pour moi, ou heureusement, Caro ne comptait pas me laisser croupir ici, et me motivait pour qu'on aille à cette soirée. Douchée, habillée, je montais dans la voiture, qui d'ailleurs depuis mes réparations marchait très bien. " Bon on est parties, alors tu ranges ta gueule des mauvais jours et tu souris. " " Oui maman. " " Non mais sérieux, fais un effort. Et puis c'est pour Elise. On va bien s'amuser tu vas voir. " Malgré les encouragements de Caro, l'idée de passer une soirée à la plage après ma dernière discussion avec Carine ne m'enchantait pas. Quelle ne fut pas ma surprise, quand on arriva enfin à la plage et que rien ne ressemblait à ce que j'avais connu auparavant. De grandes tonnelles étaient disposées, des buffets sous chacune d'elles. Une scène improvisée. Des fauteuils confortables et des tables basses installées dans le sable. J'aimais bien l'ambiance qui se dégageait et le sourire me revenait petit à petit, au fur et à mesure que le soleil se couchait. Au départ de la musique lancée sur un ordinateur. Pas d'Elise en vue les quinze premières minutes, avec Caro on s'était jetées résolument sur le punch qui coulait dans la fontaine. Il nous faisait de l'œil depuis le début. Il faut dire qu'une des serveuses nous l'avait recommandé. Je m'attaquais aux petits fours quand une main amicale s'installa sur mon épaule. " En fin de compte tu es vraiment venue, ne dévore pas trop les petits fours, le repas n'est pas encore servi. " Je ne saurais dire pourquoi mais son parfum et sa voix provoquèrent en moi un sourire spontané. Je me retournais pour la saluer, un baiser bien trop proche de ses lèvres à mon avis, mais qui resta amical. " Pour une fois que tu n'es pas assise et seule. Comment vas-tu ? Je t'offre quelque chose à boire ? " Je lui montrais mon verre à moitié plein, ne pouvant parler à cet instant. Je la trouvais resplendissante. La soirée se passa parfaitement bien, elle me présenta ses amis, tous aussi gentils et polis au premier abord qu'elle. Un chanteur d'une bonne cinquantaine d'années vint s'installer sur la scène, un chanteur de karaoké. Encore un guignol. Je n'y prêtais pas plus attention que cela et continuais la discussion que nous avions avec certaines personnes rencontrées plus tôt. Le repas arrivait et fatalement je dû m'asseoir vers la scène là où les tables étaient positionnées. Une place de choix apparemment, vu que j'étais véritablement dans la ligne de mire du chauve aux chansons. Prêtant plus attention à mon assiette qu'aux chansons, le changement de timbre me parvint quand même instantanément aux oreilles. Je levais la tête et fit un quart de tour pour me retrouver en face de la personne qui chantait. " Je vous demande d'applaudir Elise, elle est ma coéquipière de la soirée, la meilleure. " Je n'en revenais pas Elise, chantant ? Robe noire sexy, yeux de velours, elle m'envoûtait. J'essayais de ne pas rester scotchée à ses lèvres. Des chansons que j'aimais et qu'inconsciemment je chantais en même temps qu'elle tout doucement. Elle savait que je la regardais. Elle savait puisqu'elle se retournait souvent vers moi. Des gens à ma table avec qui j'avais sympathisé me parlaient. " Tu la connais ? " " Euh. Oui, pourquoi ? " " Tu la connais bien ? " " Assez, c'est une amie. C'est elle qui m'a fait venir. " " Oh, je vois. " Un peu plus loin une vieille marmonnait dans sa barbe. " Quelle impertinence. " " Puis-je savoir ce qu'il se passe ? Et ce qu'elle a bien pu faire ? " " Ce qu'il se passe jeune fille, et j'espère que vous n'êtes pas de cette trempe là, c'est qu'elle est… comment dire… déviante. Elle était promise à un beau jeune homme, et a refusé cette vie rangée pour une vie de débauche et de malveillance. " " Ne sommes-nous pas là pour la musique ? Et non pour sa vie sentimentale ? " " Bien sûr, bien sûr. " Les discussions s'arrêtèrent donc là, et je pus continuer à contempler ma chère Elise. " Cette chanson je la dédie à une amie qui a bien voulu se déplacer ce soir pour moi. Je ne pense pas qu'elle souhaite que je donne son nom, mais je pense très fort à elle, et je sais qu'elle aime beaucoup cette chanson ". La foule, de Piaf… Chanson parfaite, chanteuse parfaite… J'étais emportée, subjuguée, envoutée. Un clin d'œil plus tard je n'avais toujours pas bougé, la chanson finie, elle se dirigea vers l'une des sorties. Je la suivais du regard, avant de regarder autour de moi et de me lever de ma chaise pour la rejoindre. Je la trouvais rapidement malgré le recoin peu éclairé où elle était. Elle me souriait je m'avançais donc vers elle, en lui offrant un de mes plus beaux sourires. Devant elle, je ne disais rien, je la remerciais pourtant des yeux. " Tu as une mèche qui dépasse. " Un sourire et ses doigts replaçaient ma mèche rebelle, tout en me caressant la joue. Son visage se rapprocha du mien, jusqu'à y déposer ses lèvres sur les miennes. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:57 | |
| Chapitre 7 " Je, je dois rentrer. " Gênée de la situation, je voulais m'enfuir. " Je suis désolée, je n'aurais pas dû, c'était déplacé. " " Non, je… excuse-moi. " " Reste. " Elle me regardait, elle me troublait, certes. Pourtant dans ma tête et dans mon cœur une seule personne résidait et ce n'était pas Elise. " Tu sais cette personne dont je t'avais parlé. Ce vieux souvenir. Je. Enfin, elle. Mais bon de l'eau a coulé sous les ponts depuis et peut-être que… Je ne sais pas pourquoi je te raconte tout ça tu ne dois rien y comprendre. " " Ne t'inquiète pas, je comprends bien plus que tu ne le penses, et si tu as besoin de continuer à en parler, ou bien un autre jour je serais là. Mon geste était déplacé, mais j'aurais dû m'en douter, il n'y a pas de place pour deux personnes dans le cœur d'une femme. " " Je… Oui… Je suis fatiguée, je vais renter. Pourrais-tu prévenir Caro ? " " Bien sûr. " Et je partais comme ça. Non pas m'isoler sur la plage qui de toute façon était bondée de monde mais dans les rues. Elise avait raison, il n'y avait de place pour personne d'autre que pour elle. A ce moment là j'aurais aimé avoir son numéro pour pouvoir l'appeler et lui dire tout ce que mon cœur gardait en lui. Puis il me vint à l'idée d'aller chez elle, pas besoin de téléphone. Je me dirigeais donc vers la porte d'entrée de son appart, heureusement pour moi, elle n'habitait pas loin de là où je me trouvais. Coïncidence ? Son nom était toujours sur l'interphone, elle n'avait donc pas déménagé. Je n'osais pourtant pas sonner. Puis j'entendis un bruit et la porte s'ouvrit. Signe du destin ou hasard ? Un homme d'un certain âge en sorti, me salua et parti dans la rue qui s'assombrissait encore. Je m'asseyais donc sur le rebord et pensait à ce que je pourrais lui dire si je sonnais, et surtout si elle me laissait entrer. D'un coup d'un seul je me relevais, je sonnais et attendais une réponse. Qui tarda un peu à mon goût. " Oui ? " " Ouvre-moi s'il te plait. " " C'est qui ? " Je ne répondais pas, espérant qu'elle saurait que c'était moi. Je faisais du sur place, des petits bonds d'un pied sur l'autre. Le grésillement de l'ouverture de la porte retentit. " Monte. " Les escaliers ou l'ascenseur ? A chaque fois que je montais la voir les escaliers étaient de mises. Ce soir encore plus. La porte était déjà ouverte avant même que je n'arrive. " Tu as perdue de ton endurance à ce que je vois. Pourquoi ne prends-tu pas l'ascenseur. " " Je suis une résignée. " Appuyée sur sa porte en chemise de nuit elle tenait son cache cœur les bras croisés. Elle me regardait, avant de lever les yeux au ciel à la suite de ma réponse. Elle ne s'écartait pourtant pas pour me laisser entrer. Je m'avançais donc. " Je peux ? " " Qu'est ce que tu veux ? " Tout en avançant et pénétrant dans son antre je répondais. " J'avais besoin de te voir. " Elle ne répondit pas, j'examinais les lieux, rien n'avait véritablement changé. Juste quelques photos d'elle avec le prof d'anglais en plus. " Toujours aussi bien rangé. " " Je te sers un verre ? A ce que je vois tu n'es pas disposée à me laisser dormir pour le moment, installe toi tu connais le chemin. " " Avec plaisir, je prends toujours la même chose, je n'ai pas changé depuis le temps. " Assise dans le canapé j'attendais mon verre qui ne tarda pas, elle me le tendit et s'assit ensuite. " Alors de quoi veux-tu qu'on parle ? " " Pourquoi tu me hais ? " " Je ne te hais pas " La discussion tournait court, je posais mon verre, lui pris le sien en effleurant ses doigts et la regardait intensément. " Ne fais pas ça. " " Ne pas faire quoi ? " " La même chose qu'il y a cinq ans. " " Nous ne sommes pas il y a cinq ans. " Je posais un doigt sur ses lèvres, ne voulant plus parler du passé, j'avais une telle envie de l'embrasser que je ne pus m'en empêcher, une main dans ses cheveux, l'autre auprès de sa bouche j'avançais mes lèvres tout en faisant glisser mes doigts jusque dans son cou. " Tout est différent maintenant. " Sa respiration s'accélérait et je savais très bien qu'elle en avait tout autant envie que moi. C'était même vital pour moi de sentir sa peau contre la mienne. Mes lèvres trouvaient enfin le chemin vers les siennes, et ce fut notre premier baiser depuis cinq ans. Ce fut ma première bouffée d'air pur depuis cinq ans. Mon cœur battait tellement fort dans ma poitrine qu'il aurait pu s'en déloger facilement. Une de ses mains vint se poser sur mon cœur comme pour me rassurer. Rien de mal ne se passerait ce soir. Uniquement des retrouvailles. Nos baisers étaient de plus en plus passionnés, nos mains se cherchaient, nos corps entiers se réclamaient d'une si longue séparation. Et c'est dans une nuit sans étoile que nos retrouvailles se passèrent. Non pas comme il y a cinq ans. Ni comme si nous ne nous étions jamais quittées. Mais tout simplement comme si deux parties d'une âme venaient de se retrouver. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:58 | |
| Chapitre 8 Au petit matin je me retournais, je trouvais des draps froids et personne dedans pour les réchauffer. Où avait-elle pu bien passer. Je savais pourtant que dans la nuit elle s'était mise comme avant à me regarder et à remettre une mèche de cheveux en place, je l'avais sentie. Je savais qu'il se passait toujours quelque chose en elle, qu'elle ne m'avait pas oubliée. Que j'existais toujours pour elle. J'ouvrais les yeux, la tête sur son oreiller, j'essayais de capter une once de son parfum. On aurait dit qu'elle n'avait jamais été dans ce lit avec moi. Je m'habillais et me dirigeais vers la cuisine, assise dans un de ses fauteuils de bar elle buvait son café. L'odeur embrumait toute la salle. Manifestement elle m'avait entendu arriver. " Il y a du café chaud si tu veux. " " Je veux bien, merci. Tu es debout depuis longtemps ? " Elle ne répondit pas, ne me regardait même pas. Elle se contentait de boire son café. " Tu n'as pas dormi avec moi n'est ce pas ? " " Quoi ? Pourquoi dis-tu cela ? " " Ton odeur, le matin il y a toujours ton odeur, là rien. Tu n'as pas dormi dans ce lit. Aurais-tu honte de moi ? De nous ? " " Il n'y a pas de nous. " " Il y en avait un pourtant hier soir. " " Je vais prendre une douche. " " Tu en sors. " " Comment ? " " Cette odeur ambrée que tu as le matin, mêlée à la fraîcheur, tu viens de prendre une douche. Je connais cette odeur, ne m'évite pas, je te connais. Dis-moi ce qu'il se passe. " " Rien… Il ne se passe rien… " Elle me regardait à présent, j'étais en face d'elle. Elle savait que j'avais raison. Ce parfum était reconnaissable entre mille, tout comme ses réactions étaient prévisibles. " N'attends rien de moi. Je vais me préparer, tu devrais partir si tu ne veux pas que ton amie Caroline s'inquiète. " Je n'avais plus envie de ce café qu'elle avait préparé comme un adieu. Il était d'ailleurs amer. Je ne me décourageais pas pour autant, je savais très bien que notre histoire n'était pas arrivée à sa fin. Je la rejoignis donc dans sa chambre. Elle portait encore son peignoir, elle était statique devant son armoire. Je m'avançais vers elle, elle me tournait le dos. Je posais mes mains au niveau du col du peignoir et le laissais tomber au sol, tout en prenant soin de rapprocher ma bouche de son épaule, j'y déposais un baiser. " Ne m'abandonne pas. Pas encore une fois. " Elle se laissait faire, ne disait rien. " Tu ne crains rien. " Mes mains parcourraient délicatement son corps, les lèvres lui susurraient des mots trop longtemps tus. Sa respiration s'accéléra, mais je ne voulais pas la brusquer, je déposais un dernier baiser sur son épaule et ramassais le peignoir que je posais ensuite sur le lit encore défait. Je me retournais une dernière fois vers elle mais elle n'avait toujours aucune réaction. " Je suis sincère, j'ai toujours été sincère. " C'est sur ses mots que je la laissais. Passant par la cuisine pour mettre les tasses dans le lave-vaisselle. Je repartais d'un pas pressé vers l'appartement de Caro. Je savais que je passerais ma journée à ressasser cette nuit et son dénouement du matin. | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:58 | |
| Chapitre 9 " On prend les mêmes et on recommence " La tête plongée dans mon café je n'avais même pas entendue Caro qui me parlait. Depuis cette nuit là avec Carine, je n'avais plus bougé de l'appartement. " Et en plus elle devient sourde. " " Quoi ? Tu… Tu me parles ? " " Non, non c'est tellement plus intéressant de parler à une cafetière. " " Excuse-moi… " " Tu comptes te laisser manipuler encore longtemps ? " " De quoi tu parles ? " " Allez arrête. Soit elle assume ce qu'elle fait, soit elle te laisse tranquille une bonne fois pour toute, mais qu'elle ne joue pas comme ça avec toi. " " C'est moi qui suis allée la voir. " " Tu l'as forcé ? Tu lui as foutu un couteau sous la gorge ? Bon alors laisse moi rire, on ne dit pas non une fois que c'est arrivé. Qu'elle assume un peu merde. " Je savais qu'elle avait raison, à tel point que je n'osais pas même la regarder, je détaillais ma tasse et mon carré de sucre. " Bon j'y vais à ce soir, et puis tu devrais sortir un peu, ça fait longtemps que tu n'as pas vu Elise. Depuis la soirée. Je suis certaine que tu lui manques. " Un bisou et un clin d'œil et elle s'envolait appeler Elise ? Après ce qu'il s'était passé à la soirée, l'envie n'était pas au rendez-vous, et puis j'étais bien allongée dans mon lit à me remémorer les souvenirs de sa peau. Au lycée : Caroline devient narrateur. Dans mes veines mon sang bouillait, je la cherchais du regard, elle se dirigeait vers sa salle de cours, je n'étais pas assez loin pour la rater, et je m'avançais rapidement vers elle, en plein milieu de la cour. D'une main ferme et décidée je l'attrapais par le bras. Elle se retourna, dérangée par mon accueil, inspecta les alentours et me regarda enfin droit dans les yeux. " Oui ? " Sa question me mit encore plus en rogne. Et je ne pus contenir mes nerfs plus longtemps. Il fallait que mes mots sortent. " Écoute moi bien, prof ou pas prof, je n'en ai rien à foutre. Alors un petit conseil, tu as deux options, soit tes sentiments sont partagés et t'arrêtes de te cacher derrière tes cahiers de prof coincée et tu assumes. Soit tu n'assumes pas et tu arrêtes de lui faire espérer n'importe quoi. Pas de dernière soirée ni de dernière nuit, ni de dernier je ne sais pas quoi, tu lui dis clairement que t'en as rien à foutre d'elle. Parce que tu touches à ma meilleure amie, et là je peux te dire, que j'ai qu'une envie c'est de… Mais je ne le ferais pas, parce que je suis sûre d'une chose, c'est qu'elle est totalement amoureuse de toi, et que tes conneries sont en train de la détruire. Et ça fait depuis cinq ans qu'elle se torture pour toi. Fais quelque chose ou je le ferais pour vous et ce sera radical. " Le ton était donné, même un peu élevé. Certains élèves curieux de voir notre altercation commençaient à parler en nous regardant " Écoute Caroline, je ne pense pas que ce soit le moment pour parler de… ça… " " Assume bordel, assume. Qu'est ce que tu as à perdre. " " Mon boulot, le respect de mes élèves et de mes confrères. La prise au sérieux de mon travail par ma hiérarchie. " " Et elle ? Elle ne représente donc rien pour toi ? " " On en parlera à un autre moment, les élèves se demandent ce qu'il se passe, ils vont me poser des questions et je ne pourrais leur répondre. " " Réponds leurs que ça ne les regarde pas. Après tout ta vie privée ne regarde que toi. Assume, si tu l'aimes, sinon tu la perdras. Je ne la laisserais pas se détruire comme il y a cinq ans. " " Tu as raison ma vie privée ne regarde que moi, ne t'en mêle plus, désormais. Bonne journée Caroline. " Je la laissais partir, mais restais proche des fenêtres de sa classe qui donnait sur la cour, elle me voyait donc à chacun de ses cours, et mes regards étaient sans équivoque. Retour du narrateur. Prise de frénésie j'avais astiqué tout l'appartement de fond en comble, tout était propre et brillant. Aucune once de poussière ne m'avait résisté. J'étais épuisée. Après une bonne douche je m'effondrais sur mon lit. Pas de répit pour les braves. Mon téléphone sonnait. " C'est Carine, il faut qu'on parle, tu es libre ? " | |
| | | YulVolk Admin
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| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 16:59 | |
| Chapitre 10 Après une courte discussion, je partis chez Carine. Sûre de la tournure des choses, je ne savais pas qu'elle avait " parlé " avec Caro. Je partais donc le cœur léger et des espoirs plein la tête. Ainsi que quelques projets qui émergeaient de ma tête. Je me repris cependant rapidement, me rendant compte que j'allais un peu vite en besogne. Arrivée devant la grande porte de l'entrée, je sonnais. " C'est moi, ouvre " Elle ne se fit pas prier et le grésillement qui signifiait l'ouverture se fit entendre. Je me présentai devant l'ascenseur, pris une grande inspiration. " Il faut un début à tout. " Je voulais arriver le plus rapidement possible devant sa porte. A peine arrivée, la porte était déjà ouverte. Un grand sourire sur mon visage. " Salut. " Puis je vis son air grave. " Je t'en prie, entre. " Je m'avançais donc et passais le seuil de la porte. " Oulà, ça n'a pas l'air d'aller. " " Tu veux boire quelque chose ? " " Dis-moi ce qu'il se passe. " " Un verre d'alcool fort devrait faire l'affaire. Installe-toi, tu connais le chemin, je reviens tout de suite. " Mis à part le ton qu'elle avait et l'air figé de son visage, une autre chose me parut suspecte : L'appartement. Il n'était pas autant rangé qu'habituellement, je n'aurais pas su dire ni quoi ni comment, mais quelque chose avait changé au sein de son antre. Carine revint vite, deux verres dans les mains, plus sa bouteille d'alcool. Elle nous servit deux verres et commença à parler. " Écoute, je… Bon je me lance, j'ai parlé avec Caroline tout à l'heure, ou plutôt elle est venue m'aborder un peu violemment, ce que je ne lui reproche en aucune manière, j'aurais fait de même. Elle m'a convaincue de te parler et de mettre les choses au clair. Je… " " Tu n'as qu'une chose à dire dans ce cas-là, soit tu veux de moi, soit tu ne veux pas de moi. " " J'ai bien peur que ce ne soit plus compliqué qu'il n'y parait, si tu me laissais t'expliquer. Tu devrais boire un peu, la bouteille est vraiment bonne. " Elle engloutit d'une traite le sien, je ne pus que suivre par petites gorgées, ne sachant pas où tout cela me mènerait, je voulais rester totalement lucide et en pleine possession de mes moyens. " Je suis très attachée à toi, depuis le début je tiens énormément à toi. Tu représentes la personne avec qui je souhaiterais passer le reste de ma vie, parfaitement. J'adorerais me réveiller à tes côtés tous les jours de mon existence. Et je sais que tu serais parfaite dans tout ce qu'on pourrait faire et être. " Au fur et à mesure qu'elle parlait, je me décomposais, m'enfonçant de plus en plus dans son canapé qui me paraissait être comme onctueusement acide. Mon corps brûlait de plus en plus. " Je ne suis pas vraiment allée au bout de mes études, mais tu parles au futur, il me semble, et le présent dans tout ça ? Je suppose que c'est le MAIS que tu n'oses pas dire et que tu caches en de longues phrases ? " Je la sentais tremblante, les yeux piquants, elle avait peut-être aussi mal que moi de me dire cela et c'est pour cela que je déposais ma main dans la sienne, la serrant en lui offrant un sourire que je voulais amical. " Excuse-moi, je n'aurais pas dû te parler comme ça ; continue, je t'écoute. " " Si tu savais comme tu aurais été parfaite pour moi. Comme tu m'aurais rendue heureuse. Comme tu aurais comblé ma vie. Si tu savais à quel point je t'aimais et à quel point je t'aime encore aujourd'hui, mais… " Je comprenais ses je t'aime, mais je ne voulais entendre la suite. J'approchais mon visage du sien voulant la faire taire, je n'avais pas besoin de ces mots-là. Je voulais simplement l'avoir encore un peu à moi. L'avoir encore avec moi. Elle fermait les yeux et se laissait faire quand un cliquetis dans la porte d'entrée me coupa. J'ouvris les yeux toujours penchée vers elle. Quant à Carine, elle devint aussi blanche qu'un cachet d'aspirine et s'écarta de moi. " Chérie ? Tu es là ? Je suis rentrée plus tôt que prévu. " Ce n'était pas une voix de femme, mais bien une voix…. D'homme. Je la regardais, ne comprenant pas ce qu'il se passait. J'essayais de parler, mais aucun son ne sortait. Rien, ni même mon corps, plus rien ne répondait. " Tu es là. " Ken venait de faire son entrée, grand, athlète, beau, bien habillé, l'homme parfait. Il s'assit derrière elle et la prit par la taille ce qui me valut une grimace de dégoût. Je restais les yeux rivés sur elle. Elle ne décrochait pas de mon regard non plus, jusqu'à ce qu'il lui parle. " Et qui est ta charmante amie ? " " Une… Euh… Une ancienne élève venue me rendre visite. " " Oh mais c'est gentil de votre part. Je pourrais savoir plein de choses sur ma charmante femme du point de vue de ses élèves. " J'essayais de bouger, de penser, de faire quelque chose, jusqu'à ce que je réussisse à sortir quelques mots. " Je… Désolée, je dois y aller. " Je pris mes affaires et m'en allais à toute vitesse, le plus loin possible. Je savais que Carine ne s'était même pas levée de son canapé, elle était restée avec son gentil mari. Je ne savais pas où j'allais, mais j'y allais. Loin, très loin d'elle. Arrivée sur la plage où on s'était rencontrées, les larmes n'avaient eu de cesse de couler depuis que j'étais partie, je me recroquevillais et m'endormais, épuisée de ma course. Je sentais une main sur mon épaule et quelques paroles, je n'entendais pas ce qu'on me disait, encore à demi endormie. Puis la personne entreprit de me retourner vers elle. Ses yeux, cette odeur, ce parfum… Je compris instantanément, c'était Carine, je me relevais d'un bond et entrepris de courir le plus loin possible, je ne voulais pas me retrouver en face d'elle. Pas maintenant. Plus jamais. Le sable me collait aux chaussures qui claquaient dans l'eau. Mes pas étaient de plus en plus lourds, mais c'était comme si je volais tellement je courrais vite, les yeux emplis de larmes, je ne savais pas très bien où je me dirigeais. Droit devant. J'aurais pu courir jusqu'à épuisement total, mais le bras de Carine me rattrapa, elle me parlait, mais rien ne parvenait à mes oreilles. Elle entreprit de me retourner vers elle, mais courant toujours, l'élan me fit tomber en arrière et elle sur moi. A présent à terre et totalement aveuglée par mes larmes, je donnais des coups au-dessus de moi sur une Carine qui essayait de me maitriser. " Écoute moi, je t'en prie, écoute-moi. " " Lâche-moi, laisse-moi partir. Lâche-moi " Elle réussit à me bloquer un bras au sol, puis l'autre, je ne pouvais plus bouger, mais cela ne m'empêchait pas d'essayer de me détacher de son emprise. Elle hurlait à présent pour que je l'écoute. Mais aucun mot prononcé ne me sortait de ma frénésie. J'hurlais en pleurant et en me débattant, elle me serrait tellement fort les poignets que j'en avais mal, mais elle n'avait pas le choix. " Je t'aime.. " A ces mots, mon corps s'immobilisa, mes yeux cessèrent toutes larmes, mon cœur battait toujours aussi fort. Comme à son habitude pour le calmer, elle posait une main sur mon cœur comme pour me rassurer. " Je t'en supplie, écoute-moi. " Desserrant son étreinte, je la rejetais violemment et me relevais, assise à côté d'elle. " Tu es disposée à m'écouter ? " Je ne répondais pas, mais elle savait que je l'écouterais, sinon je serais déjà partie et cette fois, elle ne m'aurait pas retenue. Je regardais l'horizon tentant de trouver dans l'obscurité ce qui aurait pu me sauver. Mais rien d'autre que la nuit. " Tu étais si jeune quand on s'est rencontrées, nous n'étions pas du même monde, tu imagines le scandale ? Une prof et son élève. Tes parents ne m'ont pas donné le choix, je ne pouvais te faire ce tort, alors je t'ai laissée partir, non sans en souffrir. J'ai mis si longtemps à essayer de t'oublier. Je n'y suis jamais vraiment arrivée puisqu'encore aujourd'hui je t'aime. Et je crois que je t'aimerais toujours. Bien plus que ce que je n'aime l'homme qui partage ma vie, qui n'a été au départ qu'un mariage de convention. Pour ne pas éveiller les soupçons de mes confrères, tu comprends. Des rumeurs circulaient déjà et je ne pouvais rien faire d'autre. " " Tu es lâche. " " Ne me juge pas, je t'en prie… Quand tu es revenue, cela m'a fait comme un électrochoc, je ne peux aller contre ce que je ressens pour toi. C'est un combat de tous les instants que de ne pas te succomber. C'est un peu comme si mon corps tout entier s'était imprégné de toi et ne pouvait plus s'en passer. " " Tu veux en venir où ? Tu es indispensable à ma vie, mais j'ai choisi une vie conventionnelle ? " " Avec mon mari… " " Appelle-le comme tu veux, mais ne dis pas ça devant moi, s'il te plait. " Elle ne parlait plus, ne sachant comment me parler sans me faire souffrir et je la voyais se torturer l'esprit, et comme toujours je la trouvais irrésistible. Je passais une main sur sa joue pour qu'elle me regarde et lui souriait timidement. " Tu es heureuse avec lui ? " " Pas depuis que tu es revenue. Puisque c'est avec toi que je veux être, mais c'est avec lui que je dois être. " " Si je repartais, tout redeviendrait comme avant entre toi et lui. " " Rien, rien ne sera jamais comme avant. " Je me levais, prenais un caillou et le jetais à l'eau. " Cette plage a dû en voir défiler des histoires d'amour. Je suis certaine que la nôtre n'est pas la plus compliquée qu'elle ai vue. " " Mais certainement l'une des plus belles. " " Tu crois ? " " Pour moi, tu as été ma plus belle histoire. " " Tu devrais cesser de te torturer. Je repartirais au plus tôt et ta vie sera comme si je n'étais jamais revenue. Si tu dois être avec lui, je ne veux être celle qui détruit un couple par simple égoïsme. " A mon grand étonnement, je venais de jeter l'éponge. Au fur et à mesure que les mots sortaient, mon cœur se déchirait. Pour autant, je ne ressentais pas réellement de douleur, juste la sensation d'être éparpillée. Un peu comme les étoiles, chaque partie de mon cœur s'envolait à des millions d'années lumières, les unes des autres tout en brûlant pour ensuite disparaitre. " Je suis enceinte. " Arrêt sur image. Mort d'un cœur. Fin. | |
| | | YulVolk Admin
Nombre de messages : 2514 Age : 45 Date d'inscription : 20/05/2007
| Sujet: Re: ... Que la raison ignore - Alexiel Dim 9 Nov 2014 - 17:01 | |
| Chapitre 11 - Chapitre alternatif " Je suis enceinte " En toute logique, quand on nous annonce pareille nouvelle, on saute de joie et on félicite la future maman. Pour moi, s'en fut tout autre. " Et tu bois ? Mais t'es inconsciente ou quoi ?" " Je te dis que je suis enceinte et c'est tout ce que tu trouves à me dire ? " " Oui. Mais… " " Tu comprends désormais pourquoi je me dois d'être avec… " " Pour avoir une famille conventionnelle, pour montrer aux yeux du monde que tu es " normale ", si tu penses que toute ta vie, tu pourras contourner qui tu es, tu as le droit. Je ne dirais rien. Mais je t'interdis de boire, pour le bien de cet enfant. Mère indigne. " Un petit sourire se dessina au coin de ses lèvres, sa petite fossette indiquait qu'elle se moquait de moi. Elle passa un doigt sur la plissure de mon front qui indiquait que j'étais en colère. Un long moment passa, entre sourires et regards. On se redécouvrait. Allongées, les yeux tournés vers les étoiles, main dans la main, nous rêvions. " Dans un monde idéal, cet enfant aurait eu deux mamans. " " Dans un monde idéal, on ne se serait jamais quittées, rien, pas même le fait que tu sois professeure ne nous aurait séparées. " " Dans un monde idéal, je t'aurais aimée sans jamais avoir à me soucier des autres. " On a continué comme ça longtemps à s'inventer une vie parfaite. Jusqu'à une dernière phrase qui m'échappa. " Dans un monde idéal, tu serais ici ce soir avec moi, allongée main dans la main, les cheveux pleins de sable à regarder les étoiles. Un bébé dans le ventre. Dans mon monde idéal, tu me dirais que tu m'aimes, et que tout ça, on pourrait le traverser à deux, parce que finalement le monde idéal pour moi, c'est toi. " Elle se retourna vers moi, ses yeux plongés dans les miens, une larme coulant sur la joue, je ne bougeais plus. Accoudée sur le sable, son visage se retrouva au-dessus du mien. Puis après un long moment de silence, ma main posée sur son ventre, elle m'embrassa. " Aime-moi. Aime-moi du plus fort que tu puisses. Ce soir et pour toujours. Parce que ce soir, je ne fais pas le choix du devoir, mais celui du cœur. J'ai décidé de vivre et de t'aimer. " | |
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