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wolfgangamadeusmozart




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A écrit : 570; Lettre à moi-même; Prise de conscience; Au claire de lune l'amour renaît de ses cendres ; Amour, danse et salon de thé; Je me suis faite toute petite pour une poupée
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MessageSujet: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:19

Pseudo de l'auteur : Wolfgangamadeusmozart

Nombre de chapitres :24


Rating de l'histoire : - PG13 (peut contenir des mots crus et choquants) -
Genre de l'histoire : Romance - Fantastique

Résumé de l'histoire : Une jeune femme rompt le soir de ses trente ans avec son copain. Ce même soir elle rencontre une énigmatique mais superbe demoiselle.


Terminée et corrigée
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wolfgangamadeusmozart




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A écrit : 570; Lettre à moi-même; Prise de conscience; Au claire de lune l'amour renaît de ses cendres ; Amour, danse et salon de thé; Je me suis faite toute petite pour une poupée
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:20

Chapitre 1

Non, mais quel fumier !
Il ose dire à cette nana que jamais il n'oubliera son anniversaire!
Devant moi en plus !
Ça fait trois ans qu'on est ensemble et jamais il ne s'est souvenu du mien !
C’est juste immonde!

Hijo De Puta ! J'ai trente ans aujourd'hui !



Mais que je suis bête aussi !
Comment j’ai pu penser qu’il avait changé ?
C'est tout moi de continuer à croire aux miracles !

Quand il a appelé cet après-midi pour dire que nous allions au restaurant et qu'il fallait que je fasse des efforts vestimentaires, c'était pour que je l'accompagne à la fête de sa collègue, pas pour me faire une surprise.

Marre de mon côté bisounours qui espérait qu'il se soit transformé en prince charmant !

Marre de la fille de madame Gergiev qui se plaint deux fois par semaine de Louisa qui, selon elle, ne s'occupe pas assez bien de sa mère et qui m’a empêchée de comprendre que ce n’était pas pour moi cette sortie.

Dire qu'une fois raccroché, j'étais si émue qu'il m'emmène fêter mon anniversaire que j'ai fermé mon bureau aussitôt, pour partir me préparer pendant des heures.
J'ai même fait le sacrifice de ma toison alors que je résistais à ses suppliques depuis le début.
Quelle nouille !

En plus il n’a même pas remarqué ma tenue, tellement focalisé sur son GPS pour arriver auprès de sa chère Morgane, qui est une chic fille au demeurant.
Et moi, toujours aussi cruche, je l’ai complimenté sur son nouveau costume.

Dieu que j’ai eu mal quand il a donné un autre nom que le sien au maître d’hôtel. J’en aurais pleuré si la colère ne m’avait pas submergée quand j’ai vu une grande blonde aux yeux bleus et à la poitrine généreuse venir l’embrasser comme du bon pain en le remerciant d’être venu. Elle devait nous guetter pour arriver si vite.
Et lui qui minaudait et m’aurait complètement oublié si la femme ne s’était pas retournée vers moi et ne m'avait pas tendu la main pour me saluer.

Pourquoi je suis bien élevée ?
J’aurais dû les planter là, si j’avais un peu d’amour propre.

Mais non, à la place, j’ai serré cette main et je suis sure que j’ai même rougi quand elle m’a complimentée sur ma tenue et chaleureusement remerciée d’être venue pour son anniversaire.
Je suis pitoyable !

En plus, avec un tel accueil, je n’ai pu faire autrement que de la suivre avec le sourire, alors que j’aurais voulu exploser.
Je me déteste dans ces moments-là !

En tout cas, cela m'a permis d'apprendre que c'est elle qui a insisté pour que j'accompagne mon "chéri".
Et moi qui l'ai cru quand il dit que s'était pour m'éviter une fatigue supplémentaire alors que le lendemain je devais remplacer Marie-Therese malade!


Le pire, c’est que si les circonstances avaient été autres, cela aurait été une excellente soirée. Le repas gastronomique était divin, les conversations intéressantes.
Mais, malgré tout, la tristesse d'être encore la cinquième roue du carrosse m’a empêchée d'apprécier vraiment.

Je dois être masochiste parce qu’il n’y a pas d’autre explication pour les avoir suivis en boîte, moi qui n’aime pas ça.

Bon, il y a d’autres raisons mais je préfère les oublier.
Ce qui est sûr, c’est que cela m’a permis de comprendre son comportement avec moi quand je l'ai vu faire le jolie cœur avec Morgane, qui semblait très gênée de ses assiduités. Alors quand il lui a dit que jamais il n'oublierait la date de son anniversaire, cela a été la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

La meurtrissure de mon cœur et de mon ego m’a donné le courage de le quitter.

Je me souviendrai toujours de son air ahuri quand je lui ai versé mon verre de cola sur la tête et sur son beau costume blanc en lui criant que nous deux s’étaient fini.

Heureusement qu’il ne s’est pas excusé quand il m’a rattrapée avant la sortie sinon je suis sure que j'aurais passé l'éponge.

Mais maintenant ma décision est définitive et sans retour en arrière possible.
Jamais je ne lui pardonnerai d’avoir osé m’engueuler parce que je l’avais « affiché » devant sa Morgane!

Après un tel lapsus révélateur plus aucun retour en arrière n'est possible !
Je suis célibataire !


J’espère que la marque de ma gifle va lui rester longtemps sur la joue et que ses très chers collègues vont s’en donner à cœur joie avec les moqueries. Cela lui fera les pieds, lui qui déteste être « affiché ».

Maintenant, je dois rentrer chez moi.
Heureusement que je ne l'ai pas écouté et que j'ai conservé mon appartement coûte que coûte sinon ce soir je serais à la rue.
Comme ce n’est pas en marchant dans Paris que je vais pouvoir aller dans ma banlieue, surtout avec des chaussures à talon aiguille qui me font affreusement mal aux pieds, je vais devoir appeler un taxi.

D’abord, il faut que je vois où ma colère m’a emmenée.
Les plaques des noms de rues ne sont jamais là quand on en a besoin.

Voix d’homme n°1 dans mon dos :-« hé vous avez vu la jolie poule que voilà ! »

M…. c’est pas possible après le copain intéressé par une autre, le groupe de mecs avinés et voulant abuser de moi.

Homme n°2-« T’as raison Will, c’est une belle brune avec de belle forme ! »

Homme n°3-« Sa poitrine est quand même un peu petite. »

Avec ma mini-jupe, impossible de piquer un sprint et de toute façon je ne saurais où aller.
J'en ai assez de toujours subir !
Alors même si à six contre moi je n’ai aucune chance, pas question de me laisser faire !
Qui sait, en les attaquant et en criant j’arriverais peut-être à les faire fuir ou à avoir de l’aide.


Dernière édition par wolfgangamadeusmozart le Ven 21 Oct 2016 - 19:35, édité 1 fois
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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:21

Chapitre 2

Sa décision prise, Béatrice, tout en criant à l'aide, recule pour avoir le temps de s'armer de ses chaussures. Elle sait bien que ce n'est pas avec son mètre soixante-quatre, ses cinquante-trois kilos et ses vingt ans de danse qu'elle va faire grand mal aux six hommes face à elle. Pour ça, elle compte sur ses talons aiguilles. Les types, pensant que c'est une tactique pour fuir en courant, lui barrent la route. Leur chef ne peut s’empêcher de commenter. Sûr de lui, il avance vers sa proie en parlant.

Will :-" Oh non ma jolie, ce n'est plus l'heure pour un jogging mais plutôt celle d'un autre type de sport. Et maintenant que je te vois de plus près, je m'aperçois que Richard avait vraiment tort. Tes seins dans ce haut bien moulant, ne sont pas si petits que ça. Ils ont la taille parfaite pour tenir dans les mains. En plus, ce n’est pas la seule chose qui est très bien chez toi. Ton ventre est plat mais tu restes féminine avec des hanches bien marquées. J’ai horreur des mannequins anorexiques et ce n’est pas ton cas, surtout avec le joli petit cul que j'ai vu tout à l'heure. Je ne parle même pas de tes jambes que ta mini-jupe ne cache pas et qui ne sont ni des cure-dents, ni des poteaux mais bien dessinées et musclées. Tes seuls petits défauts sont tes tâches de rousseur et tes yeux marrons mais en te prenant par derrière, cela m'évitera de les voir. "

Ces propos tout simplement obscènes la stimulent encore plus à ne pas se laisser faire.
Alors, quand il est suffisamment proche, elle le repousse violemment en lui plantant ses stilettos dans les pectoraux.
Ensuite, elle lui assène un violent coup de pied dans les testicules.

Le grand gaillard si imbu de lui-même quelques secondes auparavant se tord maintenant de douleur et s'étale sur le sol en se tenant les parties. La nuit résonne, alors, de ses gémissements. Il n'embêtera plus les filles pendant quelques temps.

S'attendant à une riposte vengeresse des cinq autres, elle se met en garde, prête au combat.
Mais rien ne se passe.
Ou plutôt, tout devient noir et plus aucun son n'est audible.
Certaine que cela n'arrêtera pas ses agresseurs, Béatrice reste sur le qui-vive.
Mais elle ne subit aucune attaque et quand la lumière revient, elle est seule.

Elle est totalement déstabilisée par cette soudaine solitude.

Après avoir recherché la bande, derrière les voitures, son esprit, formaté par ses études d’infirmière, lui trouve l’explication qui lui semble la plus logique, elle a fait une bouffée délirante aigüe.
Aucun type n’a tenté de l’agresser, elle a tout imaginé.
C'en est trop pour elle, elle s'effondre en pleurs.

Après un temps qu’elle est incapable d’estimer, elle entend une voix.

"Mademoiselle, mademoiselle, il faut vous lever. Vous allez attraper mal à rester ainsi par terre."

Étonnée que quelqu'un lui parle, Béatrice relève son visage.
Elle est accueillie par deux yeux bleus mauves, superbes, rehaussés par des sourcils châtains. Elle découvre ensuite un joli petit nez au-dessus de lèvres fines mais ourlées et de mignonnes pommettes saillantes. Le tout compose un visage en cœur parfaitement symétrique et magnifique, entouré de boucles où les mèches dorées éclairent une chevelure interminable et de couleur noisette. L'apparition se redresse ce qui révèle un corps tout en finesse mais terriblement féminin grâce à sa poitrine et à ses hanches.

Béatrice à haute voix :-" Au non ! Maintenant j'imagine qu’un magnifique ange au visage et au corps parfait vient m'aider ! Je suis vraiment bonne pour l'internement."

Ces propos élogieux ont le mérite de sortir Léonora de son mutisme contemplatif en la faisant rougir jusqu'aux oreilles.

Léonora :-" Mais je n'ai rien d'un ange, mademoiselle et je suis bien réelle. En plus, même si je ne mesure qu'un mètre cinquante-cinq, cela fait bien longtemps que je ne suis plus un poupon joufflu et jamais personne ne m'a prise pour un garçon."

Elle termine sa tirade par un petit sourire. C'est au tour de la brune de s'empourprer en réalisant ce qu'elle vient de dire.

Béatrice :-" Désolée pour mes propos, mais je viens de faire une hallucination en croyant être attaquée par six types. Alors quand je vous ai vue, devant moi, si sublime et si parfaite, voulant m’aider, j'ai tout naturellement pensé que c'était un délire mystique de mon esprit pour chercher du réconfort auprès d'un être divin."

A peine a-t-elle prononcé cette phrase que la brune se rend compte qu'elle vient à nouveau de gaffer. Après un instant de stupeur et devant la mine de petite fille prise en faute de son interlocutrice, le " petit ange" est pris d'un fou rire communicatif. Cela détend l'atmosphère et rassure Béatrice.
Une fois qu'elles sont calmées, cette dernière reprend la parole.

Léonora :-" Pourquoi dites-vous que c’était une hallucination ?
Je les ai vus, ces hommes, quand je me suis penchée par la fenêtre de mon appartement en entendant vos cris."

Béatrice :-" C'est vrai ! Mais que s'est-il passé alors ? Ils étaient prêts à me violer puis d'un coup il y a fait tout noir et quand la lumière est revenue, ils avaient disparu."

Léonora lui tend la main puis l’aide à se relever.

Béatrice :-« Merci ! »

Léonora :-" Mais de rien. J’ai vu l’homme, situé derrière vous, vous donner un coup sur la tête. Cela vous a sûrement fait perdre connaissance, d’où l’impression de grand noir. Mais n’ayant jamais subi ça moi-même je ne peux que supposer. »

Béatrice :-« C’est bizarre, je n’ai absolument pas mal. En plus, je ne suis même pas tombée. »

Léonora :-« Encore une fois, pour la douleur, je n’ai pas l’expérience pouvant répondre à votre question mais pour le fait que vous êtes restée debout, j’ai déjà vu cela se produire au cours de combat de boxe. »

Béatrice :-« D’où l’expression KO debout. »

Léonora :-« Je ne suis pas française, donc je ne connais pas, mais elle résume bien l’idée. Et pour la disparition de vos agresseurs, c’est tout simple. Ils ont fui quand une voiture s’est engagée dans la rue alors que vous étiez assommée. Ils ont détalé comme des lapins, d’ailleurs. Ensuite, vous vous êtes réveillée pendant que je m'habillais et descendais mes deux étages."

Béatrice :-« C’est étonnant qu’ils soient partis à cause d’un véhicule ! »

Léonora :-« Peut-être qu’ils ont eu peur que ce soit la police vu que je leur ai crié, de ma fenêtre, l’avoir appelée et être en train de les filmer avec mon smartphone. »

Béatrice accueille ses explications avec une joie non dissimulée, ravie de ne pas avoir fait d'épisode délirant.

Béatrice :-" J'avais raison, vous êtes donc bien mon ange-gardien."

Léonora, souriante :-" Vous avez surtout beaucoup de chance qu’ils m’aient crue parce que je viens d'arriver sur Paris et je n'ai pas de téléphone."
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wolfgangamadeusmozart




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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:21

Chapitre 3

Cette révélation refroidit un peu l’enthousiasme de la brune. Elle en lâche la main de sa "sauveuse" et murmure presque pour elle-même.

Béatrice :-" Je dois mon salut à un bluff !"

Léonora soulève ses sourcils d'étonnement, en l'entendant.

Léonora :-" Vous ne croyez pas qu'il serait plus logique que vous vous désoliez d'avoir subi une agression ? Je dois faire partie des dix ou quinze femmes de 23 ans habitant Paris, n'ayant pas un téléphone portable greffé à la main. Ils n'avaient donc aucune raison de ne pas me croire."


Ce n’est pas que la bande ait cru au stratagème qui la consterne. C’est que sa vie ou plutôt son intégrité physique et psychique soient saufs grâce à la chance, à un tout petit rien.
C’est une preuve trop flagrante et dérangeante de l’absence de maîtrise de sa vie et un rappel brutal de sa fragilité, de sa mortalité. Ne sachant pas comment l’expliquer à la brune, elle préfère se taire. Il lui serait intolérable que, par des propos maladroits, son héroïne puisse penser qu’elle minimise son action et qu’elle se vexe. Blesser et ne plus revoir Léonora est la dernière chose qu’elle veut, alors elle abonde dans son sens et tait ses états d’âme existentiels.

Béatrice, avec un sourire d'excuse :-"Vous avez raison. En tout cas, ne croyez pas une seconde que je ne vous suis pas éternellement reconnaissante pour ce que vous avez fait. Je sais que sans vous, je serais en train de me faire violer, en ce moment.""

Léonora fait un geste de la main voulant signifier que ce n'était rien. Béatrice comprend qu'elle la gêne et enchaîne tout de suite.

Béatrice :-" Bon, je ne vais pas abuser de votre temps plus longtemps, vous devez avoir hâte de retrouver votre lit."

Léonora, la coupe et parfaitement sérieusement lui dit.

Léonora :-" Oh non, je suis insomniaque et je ne vous ai pas sauvée de cette horde de barbares sanguinaires pour vous laisser rentrer à nouveau seule. Je ne voudrais pas qu'un autre preux chevalier prenne ma place dans votre panthéon personnel. Alors, je compte vous accompagner jusqu'à chez vous."

Elle finit sérieuse comme un pape.
D'abord très touchée par sa sollicitude, elle perçoit tout de même la moquerie sous-jacente. Il lui faut plusieurs secondes pour choisir sa réaction.

Béatrice :- Quoi! Vous ne me ramenez pas en volant!"

Ensuite, elle récupère son téléphone et tape sur le clavier.

Leonora ne résiste pas à la curiosité.

Leonora :-" Qui appelez-vous ?"

Béatrice a beaucoup de mal, à garder son visage impassible en lui répondant.

Béatrice :-" Superman, il sait voler, lui."

Léonora :-" Qui ça? Ah oui, l'extraterrestre super fort en pyjama bleu et au slip rouge, c'est vrai que niveau mauvais goût vestimentaire je ne peux pas lutter."

Béatrice, amusée :-" Belle répartie ! Oh Dieu ! Je ne me suis même pas présentée. Je m'appelle Béatrice Bourneville."

Leonora :-" Et moi, Léonora Aligheri. Je vous raccompagne où nous attendons votre aéronef extraterrestre ?"

Béatrice, souriante :-" C'est très gentil, mais j'habite en banlieue. Je ne vais pas vous obliger à faire un voyage de trente minutes en taxi. Je ne dis pas que je n'aimerais pas votre compagnie mais comme vous seriez obligée de revenir seule, cela me gênerait beaucoup."

Après un instant de flottement durant lequel la brune s'inquiète d'avoir fait une bévue, sa jeune sauveuse reprend la parole.

Léonora :-« Vous savez qui appeler ? »

Béatrice :-« Non, mais j’ai internet sur mon Smartphone. »

Léonora :-« Ah oui, c’est vrai. Enfin, je vous demandais cela parce que j’ai pris un abonnement chez un taxi dont j’ai le numéro de téléphone à l’appartement. »

Béatrice :-« Oh, si vous avez le numéro de quelqu'un de sûr, c’est encore mieux. "

Léonora :-« Allons le chercher cela nous permettra de nous réchauffer un peu chez moi, la nuit commence à être très fraîche."

Béatrice:-" Maintenant que vous en parlez, je commence à avoir des frissons. Je vous suis avec plaisir."

Les deux demoiselles partent vers l’immeuble après que la brune ait remis ses chaussures. Le silence n’est interrompu qu’une fois arrivées devant l’ascenseur.

Léonora :-« Je vous laisse monter avec l’ascenseur, vous devez être fatiguée. Mon appartement est au deuxième étage. »

Béatrice :-« Vous êtes claustrophobe ? »

Léonora :-« Disons que si je peux éviter les endroits exigüs, je m’en sens que mieux. »

Béatrice enlève ses chaussures.

Béatrice :-« Je vous accompagne »

Léonora :-« Merci. »

Béatrice :-« C’est pour cela que vous les avez dévalés tout à l’heure. J’avais bêtement pensé que c’était parce qu’il n’y avait pas d’ascenseur. »

Léonora :-« Non, là c’était pour aller plus vite. »

Béatrice, souriante :-« C’est à mon tour de vous remercier. »

Léonora :-« Puis-je vous poser une question ? »

L’ancienne infirmière se doute de ce qui lui sera demandé. Mais elle s’aperçoit qu’étonnamment, cela ne l’embête pas d’en parler avec sa « sauveuse ».

Béatrice, souriante :-« Evidemment »

Léonora :-« Pourquoi étiez-vous seule en plein milieu de la nuit, si loin de chez vous et si bien habillée ? »

Le compliment sur sa tenue l’étonne et la ravie tellement qu’elle en oublie de répondre. Ce n’est qu’au moment où, tout sourire, elle tourne la tête vers Léonora et voit son regard interrogatif qu’elle se souvient qu'elle a une réponse à donner. Elle lui raconte alors sa soirée.

Leonora :-"Vous l'aimez ?"

Béatrice, instinctivement et immédiatement :-" Plus du tout."

Arrivées devant chez elle, Leonora ouvre sa porte et la fait passer en premier.

Leonora :-" Que diriez-vous de vous réchauffer et de vous changer un peu les idées devant un bon feu en buvant un chocolat chaud et des biscuits aux amandes, en attendant votre taxi ?"
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:22

Chapitre 4

Béatrice incline la tête pour remercier Léonora et pénètre chez elle. Toutes les lumières sont allumées, prouvant le départ précipité de l’occupante. Elle qui, inconsciemment, s’attendait à entrer dans une chambre d’étudiante, se retrouve dans un vestibule sûrement aussi grand que son appartement et avec une hauteur sous plafond vertigineuse. C’est en voyant le visage interrogatif de son hôtesse qu’elle se souvient de sa question.

Béatrice :- « Excusez-moi, j’ai été étonnée par la taille de votre entrée. Pour répondre à votre question, je dirais qu’un chocolat chaud et des gâteaux aux amandes sont de supers idées. »

Léonora :-« Cela m’a fait le même effet la première fois où j’ai visité cette appartement. Je suis contente que ma proposition vous plaise, nous en profiterons pour faire un peu connaissance. »

La brune contemple chaque parcelle de la pièce et remarque un petit guéridon où sont posés le carton d’emballage, non ouvert, d’un téléphone fixe et, sur lui, une tablette de la marque à la pomme.

Béatrice :-« Oh, c’est encore une très bonne idée que vous avez là. Surtout qu’avec la découverte de votre appartement, la liste des questions que j’aimerais vous poser vient de doubler. D’ailleurs, je vais commencer tout de suite. Pourquoi n’avez-vous pas utilisé votre tablette pour filmer mon agression ? Vous n’auriez pas eu à bluffer tout à l’heure. »

Léonora se tourne vers l’appareil que son invité montre du doigt puis lui fait à nouveau face pour lui répondre.

Léonora :-« Je n’avais pas envisagé qu’elle pouvait faire ce genre de chose. On me l’a donnée avant que je vienne ici pour que je puisse consulter internet et envoyer des courriers, en me montrant comment faire. Je n’ai pas cherché plus loin. »

Béatrice est étonnée qu’une jeune européenne en sache si peu. Elle lui propose, tout de même, de lui montrer comment on fait. La demoiselle accepte immédiatement mais suggère que ce soit fait après avoir pris les douceurs.

Léonora :-« Béatrice, il est très tard et le sol de l'appartement est entièrement en parquet. Mes voisins risquent de ne pas apprécier le bruit de vos talons aiguilles en pleine nuit, si vous remettez vos chaussures. Et comme vous êtes là pour vous réchauffer, ce serait idiot d'attraper un rhume en restant pieds nus ou de filer vos jolis collants. Alors, j’ai les mêmes chaussons que les miens à vous prêter, cela vous convient-il ? »

La brune regarde, pour la première fois, les pieds de sa sauveuse et constate qu’elle est sortie avec de jolies pantoufles qui semblent très confortable.

Béatrice :-« Ce sera parfait. »

La petite demoiselle récupère les escarpins de son invité. Ensuite, elle ouvre la porte de la petite pièce de droite, marqué du mot « vestiaire » gravé sur une plaque en laiton. Elle y disparaît pour revenir quelques secondes après avec une paire de chaussons dans les mains, qu'elle tend à Béatrice. Cette dernière les récupère en la remerciant puis les enfile.

Leonora :-"Alors, nous allons vous installer dans le salon, devant un bon feu, pendant que je nous prépare l’encas. Dans les années 1880-1888, il servait de cantine pour les peintres impressionnistes qui avait quelques difficultés à vivre de leur art. Donc ses dimensions sont conséquentes. »

Sans attendre un éventuel commentaire de la part de la brune, la maîtresse des lieux pousse l’immense double-porte qui se trouve face à elle. Béatrice découvre alors une pièce aussi grande que le studio de danse où elle prend ses cours. L’impression de grandeur est renforcée par le décor minimaliste. Sur la gauche il y a un canapé, une cheminée et une console avec une chaîne Hi-Fi, des CD et quelques livres alors que sur la droite, seule quatre cabriolets, positionnés devant des tableaux et une statue, occupe l’espace.
Le temps qu’elle remarque tout ça, Leonora est déjà en train de fermer l’une des quatre fenêtres situées devant elle. Immédiatement, elle vient l’aider.

Béatrice :-« Vous avez raison cette pièce est immense. »

Léonora :-« Vous aimez ? »

Béatrice :-« Oh oui. »

Léonora :-« J’ai mis du temps pour trouver un appartement où je ne me sentais pas oppressée. »

Elles finissent de tirer les rideaux bordeaux puis vont devant l’âtre. Là, la brune regarde la châtain remettre du bois et des allume-feux pour relancer la flambé, tout en continuant leur conversation.

Léonora :-« J’ai pris l’habitude de vivre au grand air. Alors le retour à la vie citadine est difficile. »

Béatrice :-« Vous faites quoi comme métier ? »

Léonora :-« Je travaille dans l’humanitaire. Bon, le feu est bien partie. Réchauffez-vous et reposez-vous, je fais au plus vite »

Comme tout à l’heure, elle n’attend pas une éventuelle parole de Béatrice. Elle se redresse et file. La jeune femme est un peu étonnée de sa brusquerie mais doit faire avec. En regardant la pièce, elle ne peut se résoudre à se reposer, elle a trop envie de satisfaire sa curiosité.

Elle commence en allant par jeter un coup d’œil aux CD et voit que ce ne sont que des enregistrements de musique classique. Les livres, par contre, sont ceux qu'on trouve dans les points presse d'aéroport ou de gare.
Se retournant pour voir le salon dans son ensemble, elle trouve que ce côté de la pièce avec le tapis moelleux à souhait, la grande table basse et la cheminée est très "cosy".

En face, l'ambiance est tout autre.
Elle va près de la fenêtre et admire une statue grandeur nature et visiblement en marbre, d'un vielle homme habillé comme les Borgia de la série télé. D'ailleurs, le drapé de ses vêtements est juste extraordinaire de réaliste. Il respire la bienveillance d'un grand-père, avec son sourire, ses yeux qui semblent pétiller et son visage parcheminé.

Ensuite, sur le mur opposé à l'âtre, elle fait face à quatre jeunes hommes d'une vingtaine d'années. Ils sont peints sur autant de panneaux de bois avec chacun un art différent. En pied, ils mesurent au moins un mètre cinquante. Ils sont, eux aussi, vêtus à la mode de la renaissance. Chaque détail des visages et des vêtements sont merveilleusement représentés mais le plus extraordinaire vient de l'émotion qui transpire de leurs traits.

Sur la paroi à côté de l'entrée, ce sont aussi des portraits, grandeur nature, qui sont suspendus. Mais là, ils représentent chacun une femme. Sur celui de gauche, la dame est âgée et porte une tenue simple, visiblement de la même époque que les cinq hommes. Sur l'autre, c’est une toute jeune demoiselle, richement parée. Comme pour les autres œuvres, ce sont des artistes différents.

Elle est si subjuguée par ces neuf merveilles qu'elle les étudie très attentivement. C'est le retour de son hôtesse avec un plateau chargé qui la ramène à la réalité. Elle vient immédiatement l'aider.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:22

Chapitre 5

Elles installent leur petit encas, ensemble, sur la table basse. Après quelques secondes, Léonora scrute le plateau, le tapis puis redresse la tête, fronce les sourcils et se relève. Elle va jusqu'à la porte du salon. Là, elle se baisse pour ramasser quelque chose. Elle revient et montre à son invitée la carte de visite du chauffeur de taxi.

Léonora :-" N'auriez-vous pas oublié qu'il vous fallait rentrer ?"

Béatrice :-" Effectivement, cela m'est complètement sorti de la tête."

Léonora :-" Attention, je vais prendre cela pour un compliment."

Béatrice :-" Mais vous auriez tout à fait raison de le faire."

Léonora :-"Merci. »

Elles se sourient puis Léonora se lève pour remettre une bûche dans la cheminée et Béatrice prend son téléphone dans sa pochette pour commander un taxi.
Là, elle remarque plusieurs messages de son ex. C’est trop tard se dit-elle en les effaçant. Ensuite, elle appelle et négocie la venue du chauffeur dans une demi-heure, devant l'immeuble. Elle en informe son hôtesse en raccrochant.

Béatrice :-" En tout cas, vous avez de bons yeux pour avoir repéré le carton de si loin."

Leonora :-" Je ne peux pas vous dire, je n’en ai jamais eu d’autres."

Béatrice a un léger sourire en rangeant son portable.

Léonora :-" Si nous mangions ce cioccolata et ces cantuccini, avant qu’ils ne refroidissent."

Béatrice :-" Très bonne idée."

Béatrice va pour porter sa tasse à la bouche quand elle est arrêtée par Léonora. Elle lui explique qu'il faut boire ce chocolat à la petite cuillère tant il est épais.

Béatrice, après avoir goûté :-" C'est succulent."

Léonora :-" Merci."

Béatrice :-"Vous n'avez donc que des qualités, c'est rageant."

Léonora :-" Je sais, mais je fais avec. Chacun doit porter sa croix du mieux qu'il peut."

Elle achève sa phrase en engloutissant un gros morceau de gâteau.

Béatrice :-" Je ne savais pas que la gourmandise et l'absence d'humilité étaient des qualités ?"

Pour toute réponse, elle obtient un magnifique sourire. Bizarrement cela lui convient parfaitement.
C'est là qu'elle tourne la tête vers les tableaux et se souvient de tout ce qu’elle a ressenti. Alors tout en dégustant son chocolat, elle lui en parle.

Béatrice, enthousiaste :-" Vos œuvres d'arts sont merveilleuses. Mais les cinq représentations masculines m'ont tout simplement retournée tant leurs sentiments d'amour pour une personne située derrière le peintre ou le sculpteur rayonnent. Les deux femmes semblent, elles aussi, regarder quelqu'un qui compte énormément pour elle mais les artistes n'ont pas su aussi bien retransmettre cela."

Léonora :-" Je suis ravie qu'elles vous plaisent. Les sentiments ressortent plus chez les hommes parce que ce sont des autoportraits. Leurs auteurs les ont réalisés pour m'en faire cadeau, pour montrer leur amitié. Au contraire de ceux des femmes que j'ai moi-même commandés à deux artistes."

Béatrice, contrariée :-" En tout cas, le deuxième sur la gauche semble avoir dépassé le stade de l'amitié"

Léonora, en souriant :-" Léo a toujours espéré et pourtant, je lui ai toujours dit qu'il n'y avait aucune possibilité de réciprocité."

Béatrice, radieuse :-" C'est pour ça qu'ils n'ont pas signé leur tableaux au contraire des peintres des femmes. Pourquoi le sculpteur l'a fait alors ? C'est d'ailleurs le seul dont j'ai pu déchiffrer le nom. C'est Nonno Donato, c'est ça?"

Léonora, souriante :-" Non, Nonno Donato n'est pas un nom. Cela veut dire papy Donato en italien. C'est comme ça qu'il voulait que je l'appelle. Il a signé ainsi parce que sur du marbre il n'a pu, comme les cinq jeunes, écrire un petit texte à mon intention, au dos de l'œuvre le représentant. Ma mère de cœur ne savait pas écrire alors elle a dictée le texte à son peintre."

Béatrice :-" Vos amis sont des maîtres dans leur domaine. J'ai été transportée par leurs œuvres."

Léonora, pensive et nostalgique :-" Effectivement, ils l'étaient et pour moi, ils seront toujours les plus grands. En plus, ils représentaient, avec les deux femmes, la famille que je m’étais choisie."

Béatrice est touchée par l'émotion de Leonora. Elle a envie de la réconforter en la prenant dans ses bras mais ce n'est pas possible, elle ne la connaît que depuis vingt minutes. Alors, elle pose sa main sur son épaule et lui sourit. Le voile de tristesse disparaît aussi vite qu'il est venu et la châtain change de conversation.

Léonora :-" Que faites-vous dans la vie, Béatrice"

D'abord surprise, elle comprend que c'est une esquive de son hôtesse pour contrôler ses émotions. Elle répond donc volontiers.

Béatrice :-" Je dirige une petite entreprise d'aide à domicile que j'ai créé toute seule. Après avoir travaillé deux ans à l'hôpital en tant qu'infirmière, je me suis aperçue que ce n'était pas la vie que je voulais. J'ai donc repris les études, obtenu un diplôme universitaire de gestion et, il y cinq ans, j'ai fondé ma boîte. Depuis j'ai vingt-deux employés."

Léonora :-" C'est courageux de vous être lancée ainsi. Cela consiste en quoi, l'aide à domicile. »

Béatrice :-"L'idée, c'est de permettre aux personnes âgées de rester le plus longtemps possible chez elles. J'ai dix femmes qui sont des assistantes de vie. Elles s'occupent aussi bien des toilettes que d'accompagner en course ou de faire la cuisine. Mais leur vrai rôle, c'est celui de dame de compagnie, parce que la vraie souffrance vient de la solitude. J’ai aussi les traditionnelles femmes de ménages et deux chauffeurs pour les transports, en voiture, aux différentes consultations médicales. Ces derniers s'occupent de toutes personnes ayant besoin d’eux. »

Léonora :- « Cela marche bien alors si vous avez autant d'employés ! »

Béatrice :- « Oui, je suis contente. »

Léonora :- « Vous n'êtes pas trop noyée sous la paperasse ?

Béatrice :- « Oh si, mais j'ai ma meilleure amie qui m'aide à mi-temps pour ça. Puisqu'on parle de profession, vous avez dit travailler dans l'humanitaire, tout à l'heure. Vous pourriez en dire un peu plus, c'est un peu trop vague. "

Léonora :-" Oh, je suis juste une petite main, rien de bien exceptionnel."

La brune fait la moue.

Béatrice :-" Vous êtes encore très vague Léonora."

Léonora :-" Bon, si vous voulez tout savoir, il y a trois jours, j'étais, encore, au nord du Nigeria dans un camp de la croix rouge à aider les populations qui fuyaient les exactions de la secte Boko Haram. "

Béatrice, surprise : -" Mais c'est un endroit super dangereux ! Dire que vous me trouviez courageuse d'avoir monté mon entreprise. Mais attendez, à l'école d'infirmière, on nous a dit que la croix rouge n'utilise pas de petites mains pour ce genre de mission. Elle ne veut que des professionnelles avec de l’expérience. Je ne supporterais pas de vous vexer, surtout après que vous m’ayez sauvée, mais je suis obligée de vous demander comment vous avez fait, vous qui n’avez que 23 ans, pour qu’ils vous acceptent."

Leonora :-" Vous ne me vexez pas, je sais que je n'ai pas le profil que cette organisation recherche chez ses employés. Mais je me suis arrangée pour qu'elle soit obligée de me prendre. Elle a traîné les pieds au début mais tous mes collègues m’ont demandé quand je pouvais revenir à mon départ. En plus, ce n'est pas aussi dangereux que les rues parisiennes. Les militaires qui nous entouraient, n'avaient pas pour seule arme des escarpins à talons aiguilles."

Après avoir souri à cette dernière remarque, son interlocutrice reprend.

Béatrice :-" Pourquoi vouliez-vous tant y aller ? D'expérience, je sais qu'il y a toujours la possibilité d'apporter une aide importante et aussi gratifiante à côté de chez soi."

Léonora, très sérieuse :-" Il le fallait."

La brune comprend qu'il ne faut pas insisté.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:23

Chapitre 6

Béatrice :-" Votre chocolat chaud et vos gâteaux sont tout simplement à tomber."

Léonora :-" Merci, mais il vaut mieux ne pas en abuser si vous ne voulez pas ressembler à un modèle du peintre Rubens."

Béatrice :-" Vous ne devez donc pas en manger souvent, avec votre taille mannequin."

Léonora :-" Oh, mais moi c'est différent, en plus, c'est vrai que c'est quelque chose que je réserve aux moments spéciaux, donc je les déguste rarement »

Béatrice :-" Merci, cela me touche. »

Un petit moment de silence se fait pendant lequel chacune apprécie la dernière phrase de l’hôtesse.

Léonora :-" Oh je viens de penser, vous vivez peut-être avec l'idiot qui vous servait de petit ami. Alors, si vous ne voulez pas le voir aujourd'hui, vous pouvez dormir dans mon lit, moi je reprendrais la lecture de mon roman de gare, sur le canapé."

Béatrice :- « Une nouvelle fois vous êtes un véritable ange avec cette proposition. Mais je vous rassure, j'ai mon propre appartement. En plus (elle regarde sa montre) dans trois heures je dois remplacer une de mes assistantes de vie malade auprès d'un de mes clients."

Léonora :-" S'il vous plaît arrêtez avec cette histoire d'ange, cela me gêne."

Béatrice :-" Désolée"

La brune semble alors hésiter. Mais elle reprend très vite la parole.

Béatrice :-" Puis-je vous poser une question totalement indiscrète ?"

Léonora :-" Évidemment que oui mais je ne peux vous assurer de vous répondre."

Béatrice :-" Avez-vous quelqu'un dans votre vie?"

Léonora, surprise :-" Pourquoi me demandez-vous cela ?"

Béatrice :-" Parce que jusqu'à présent, j'étais sure que la personne qui partageait votre vie dormait dans votre chambre. Mais, comme vous venez de me la proposer, j'en ai déduit que ce n'est pas le cas. Alors je vous le demande pour satisfaire ma curiosité"

Léonora :-" Je n'ai personne dans mon existence."

Béatrice :-" C'est pour ça que vous êtes allé au Nigeria ?"

Léonora, riant :-" Oh, non, ce n'est absolument pas pour oublier un chagrin d'amour que j'y suis allée. Cela fait très longtemps que j'ai accepté la solitude."

Béatrice :- « Cela veut dire que vous avez organisé votre déménagement seule et en moins de deux jours ! »

Léonora, souriante :-" Ce n'est pas parce que je n'ai pas de portable et que mon téléphone fixe est toujours emballé que je ne sais pas appeler. C'est d'Afrique que j'ai réservé les déménageurs spécialistes des œuvres d'art. Ensuite, voyageant léger, en atteste la décoration minimaliste des lieux, je n'ai eu qu'à faire mes valises de vêtements, en rentrant de mission. "

Béatrice :-" Moi, j'ai eu de mauvaises surprises avec ceux à qui j'ai fait appel quand j'ai emménagé chez moi."

Léonora :-"C'est pour ça que j'ai fait le voyage avec eux dans leur cabine de camion. En plus, comme je me suis déjà fait subtiliser les tableaux des quatre garçons, j'ai fait fabriquer, il y a déjà longtemps, pour la statue, un sarcophage et pour les tableaux des coffres. Ils sont en acier renforcé avec une mousse de protection à l'intérieur. Cela permet de leur éviter tout désagrément lors des transports et rend leur vol très difficile. C'est là qu'elles étaient pendant mon absence, en plus d'être enfermées dans ma chambre forte. "

Béatrice :-" Vous êtes drôlement organisée."

Léonora, souriante :- « Ce n'est qu'une question d'habitude."

Béatrice :-" Léonora, je ne comprends pas pourquoi le fait d'être dans une boîte de transport les rend plus difficile à voler. Au contraire, avec les poignets qu'il doit y avoir, cela rend leur portage plus aisé surtout pour la statue."

Léonora, tout sourire :-" La statue fait 800 kilos et une fois qu'elle est dans son sarcophage cela monte à un peu plus d'une tonne. Chaque tableau dans son coffre pèse cent cinquante kilos."

Béatrice :-"C'est vrai qu'avec de tel poids, un voleur ne peut pas envisager de l'emporter pour l'ouvrir chez lui. Il est obligé d'essayer de le faire sur place laissant le temps à la police d'arriver."

Léonora :-" C'est l'idée."

Béatrice :-" Vous comptez faire quoi maintenant que vous êtes à Paris ? »

Léonora :-« Je veux me changer les idées, la campagne au Nigeria a été éprouvante. Alors, je compte visiter des expositions et des musées. J’achèterais peut être quelques tableaux. »

Béatrice, étonnée :- « Comment pouvez-vous craquer pour des tableaux en ayant des chefs d’œuvres comme ceux-là »

Elle montre les peintures sur le mur.

Léonora, amusée :-« Je suis une collectionneuse et même si aucune œuvre n’égalera ces sept-là, d’autres réussissent à me toucher. J’ai, alors, un besoin compulsif de les posséder. »

Béatrice :-« Vous en avez beaucoup. »

Léonora :-« Oh oui. »

Béatrice, blanche d’étonnement :-« Votre appartement à une autre pièce aussi grande qu’ici ? »

Léonora, surprise :-« Non, pourquoi ? »

Béatrice :-« Vous venez de dire que vous aviez un grand nombre de toiles et je n’en ai vu aucune dans le vestibule. Alors j’en ai déduit qu’elles sont dans une autre pièce. »

Léonora, riant légèrement :-« Non, mes autres tableaux sont chez moi, dans ma maison à Genève ou dans mon musée. Là, nous sommes dans mon appartement de vacances. Je ne vais rester ici que six mois ou un an. J'ai emmené mes trésors parce cela fait trop longtemps que je n'ai pu les admirer. »

Après cette phrase, Béatrice ne peut plus se convaincre que les moyens financiers de sa sauveuse sont communs. Il est clair maintenant qu'en plus d'être parfaite, sa sauveuse n'est pas du même monde qu'elle. Cette nouvelle est un vrai crève-cœur pour elle.

C’est en voyant le changement sur le visage de son interlocutrice que Léonora comprend qu’elle en a dit plus qu’elle ne le voulait. C’est la première fois que cela arrive.

En plus, avant qu'elle dissipe ce malaise en en discutant, le seul portable présent sonne pour indiquer l’arrivée d’un message. Béatrice le récupère dans sa pochette et voit que c’est le chauffeur de taxi qui la prévient de son arrivée. Elle l’annonce, d’une voix morne, à la maîtresse des lieux.

Léonora, se lève et va à la fenêtre, regarde dehors et y reste.

Béatrice :-«  Il y a un problème ? »

Son interlocutrice tarde à répondre. Lorsqu’elle se tourne vers elle pour le faire, Béatrice n’a que le temps de remarquer ses deux yeux qui étincèlent avant de se retrouver dans les ténèbres.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:23

Chapitre 7


Bip, Bip, Bip.
Monitoring !
Swick, Swick, Swick.
Alèse en plastique sous le drap housse.
Sniff, Sniff, Sniff.
Désinfectant d’hôpital

Mince je me suis endormie pendant ma garde !

Béatrice se redresse alors d’un coup.
Elle découvre, avec surprise, qu'elle est dans un box d'un service de réanimation. Elle est vêtue d'une casaque, branchée à un scoop par le garrot du tensiomètre automatique sur son bras et le saturomètre sur son majeur ainsi qu’à une perfusion de glucose.
Sa première réaction est évidement de se demander ce qu’elle fait là. Elle se souvient des yeux de Léonora et des ténèbres qui l’ont entourée tout de suite après, mais de rien qui justifie une perte de connaissance. Peut-être est-ce dû au coup sur sa tête lors de l’agression ?
Mais c’est étonnant, d’après ses cours d’infirmière, cela n’arrive que chez les enfants et les personnes âgées.
Las de ses interrogations stériles, elle appuie sur l’alarme pour indiquer son réveil.
Une infirmière arrive quasi immédiatement.

L’infirmière :-« Comment vous sentez vous ? »

Béatrice :-« Bien, je ne souffre pas. Par contre je ne me souviens d’aucun malaise ou douleur justifiant ma perte de connaissance. Vous savez ce qui l'a provoqué ? »

L’infirmière :-« Je peux juste vous dire que tous vos examens sont revenus normaux. »

Béatrice :-« Donc les docteurs n’ont aucune idée de ce qui m’est arrivée. »

L’infirmière lui fait un sourire désolé.

Béatrice :-« Vous savez depuis combien temps je suis ici ? »

La jeune femme va regarder le dossier puis sa montre avant de se retourner pour lui répondre ;

L’infirmière :-« Cela fait un peu moins de 23 heures que vous avez été admise aux urgences. »

Cette nouvelle stupéfie complètement la brune. Il lui faut du temps pour la digérer. L’infirmière le comprend et n’intervient pas.

Béatrice : « Vous savez si mes parents ont été prévenus ? »

L’infirmière souriant de toutes ses dents :-« Ils étaient là à mon arrivée, hier soir. D’après mes collègues, ils vous auraient veillée, avec votre compagne, à tour de rôle, toute la journée. Là, seule votre amie est restée sur une chaise près des ascenseurs et vient cinq minutes toutes les heures. D’ailleurs, elle ne devrait pas tarder. Vous avez besoin de quelque chose ? »

Béatrice, un peu sonnée :-« Non, ça va. »

L’infirmière :-« Je vais alors prévenir l’interne de votre réveil. »

Elle est sur le point de disparaître quand elle revient sur ses pas.

L’infirmière :-« Bon Anniversaire. »

Béatrice, étonnée :-« Merci mais comment le savez-vous ?

L’infirmière :-« Votre amie nous l’a dit pour que le médecin accepte que vous gardiez ses cadeaux sur vous. »

Elle finit sa phrase en regardant le poignet et le cou de sa patiente puis s’éclipse.

Béatrice remarque, alors, qu’elle porte des bijoux inconnus. Ils ont tous les deux pour base, une chaîne en métal argenté. Il y a un bracelet avec sept grosses pierres violettes ovales et un collier dont le pendentif est composé de trois pierres rondes de taille et de couleur différente. La plus petite est noire et montée sur la bélière, celle juste en dessous ressemble à un diamant et la dernière à un saphir.
Elles ont respectivement le diamètre d’une pièce de un, de dix et de cinquante centimes.

Elle en est en train de se dire qu’elle n’a jamais rien eu d’aussi magnifique, que vu leur taille, cela ne peut être des pierres précieuses et qu’elle devra, hélas, les rendre quand elle entend un raclement de gorge juste à côté d’elle.
Elle redresse et tourne précipitamment la tête pour voir d’où vient le bruit. Son regard se fait alors capturer par deux yeux bleus mauves de toute beauté.
Léonora est à quelques centimètres d’elle, ses cheveux semblent aussi blonds que les blés.

Léonora, les traits tirés :-« Bonsoir, comment vous sentez-vous ? »

Béatrice :-« Bonsoir, je me sens très bien. Je suis juste ennuyée de ne pas savoir les raisons de mon inconscience et subjuguée par vos cadeaux merveilleux. »

Léonora, les yeux brillants :-« Vous les appréciez ? »

Béatrice :-" Je n'ai jamais rien eu de si beau. Pourquoi me les avoir offert, nous nous connaissons à peine ?"

Leonora:-" C'est juste qu'en voyant que vous ne vous réveillez pas, j'ai un peu pris peur. Alors, j'ai trouvé ce bracelet d'améthystes qui est une pierre de guérison selon de vielle croyance."

Béatrice, presque suffoquée :-" Des améthystes de cette taille ! Chacune est aussi grosse que la première phalange de mon pouce !"

Leonora :-" Je vous crois sur parole. Ce sont les plus pures qu'il était possible de trouver en si peu de temps."

Béatrice :-" Merci de tant faire pour moi, cela me touche infiniment."

Leonora :-"Ce n'est rien. Il était simplement inenvisageable de ne pas tout essayer."

Cela touche encore plus la brune mais elle décide de changer de sujet pour ne pas avoir l'air d'une midinette devant son idole.

Béatrice, sur le ton de la plaisanterie :-« Je suppose que le pendentif n’est pas qu’un superbe bijou permettant à celle qui le porte de se cacher derrière sa beauté. »

Léonora, ultra sérieuse fixant la brune sans ciller :-« Evidemment, vous n’avez absolument pas besoin de ça. Le jais, le diamant et le saphir sont des pierres de protection. Après vos mésaventures répétées de la nuit précédente, il m’a semblé judicieux de vous offrir leur aide. »

Béatrice reste muette d'étonnement devant tout ce que cette phrase sous-entend. Léonora s’aperçoit qu’elle a, à nouveau, trop parler.
Un long silence se fait entre elles, le temps qu'elles s'interrogent.
La brune, est la première à reprendre pied. Sure de ne pas vouloir s’aventurer sur le chemin de l’interprétation, elle s’oblige à revenir sur le certain.

Béatrice :-« Ces pierres sont des vraies ! »

Léonora, intriguée :-« Bien sûr. »

Béatrice :-« Mais alors, elles valent une vrai fortune. »

Léonora, étonnée par ses considérations :-« Elles n’ont de valeur pécuniaire que celle que l’Homme veut bien leur donner. »

Béatrice, têtue : « Peut-être, mais il est certain qu’avec l’argent qui vous a servi à acheter ce pendentif, vous auriez pu nourrir, pendant plusieurs mois, les personnes du camp de réfugiés où vous étiez la semaine dernière. »

Léonora, inquiète :-« Plutôt pendant dix ans, mais ce n’est pas le propos. Si vos paroles de remerciement à mon égard étaient sincères, vous devez porter ce pendentif en permanence. Voyez cela comme un témoignage de votre reconnaissance et surtout une façon de me rassurer."

Béatrice se trouve coincée entre deux sentiments. Mais un regard à Léonora lui suffit à choisir.

Beatrice :-" Que s'est-il passé, la nuit précédente?"

Leonora :-" Quand je me suis retournée pour vous dire que c'était bien le taxi, vous vous êtes effondrée. Voyant que vous ne réagissiez à aucune de mes sollicitations, je vous ai emprunté votre téléphone pour contacter le SAMU. Ensuite, j'ai prévenu le chauffeur et vos parents. Tout naturellement, je suis montée avec vous dans l'ambulance. Cela m'a permis de répéter un grand nombre de fois ce qui vous est arrivé aux différents médecins. Vers six heures, votre père et votre mère sont arrivés. J'avais l'intention d'éluder leurs questions pour vous permettre de donner la version qui vous convient. Mais quand j'ai vu que cela augmentait considérablement leur inquiétude, je leur ai raconté votre agression. De même, je ne voulais rien leur révéler pour votre rupture mais j'y fut obligée quand ils ont émis l'idée d'appeler votre ex. J'ai pensé que vous n'apprécierez pas de l'avoir devant vous, à votre réveil. Ils ont prévenu votre amie qui travaille avec vous quand je me suis souvenue que vous deviez remplacer l'une de vos employés. Ensuite, nous avons attendu ensemble votre réveil. Vers onze heures du soir, je les voyais somnoler, alors je leur ai proposé de rentrer se reposer pendant que moi je restais ici. Ils ont finalement accepté aux alentours d'une heure du matin."

Béatrice :-" Vous avez encore été parfaite. Vous savez que l'équipe soignante pense que nous sommes ensembles."

Leonora :-" Oui, je les ai laissés penser cela pour pouvoir avoir de vos nouvelles."

Béatrice :-" C'était une bonne idée."

L'interne fait son entrée. Léonora lui demande deux minutes de patience. Ensuite elle se retourne vers la brune, lui rend son téléphone et lui tend le livre qu'elle vient de commencer.

Léonora :-" Après avoir autant dormi, vous allez peut être avoir besoin de vous occuper en attendant de sortir."

Béatrice:-" Merci."

Elle prend juste le temps de regarder la quatrième de couverture avant de lui demander quand vont-elles se revoir. Mais en redressant la tête, c'est le médecin qui lui fait face, son ange gardien ayant disparu
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:24

Chapitre 8


Toc, toc

Béatrice pose le livre que Léonora lui a donné. La prédiction de cette dernière s'est avérée. Elle a été incapable de se rendormir et a commencé sa lecture pour s'occuper.

Béatrice :-" Entrez!"

Ce n'est pas, comme elle l'attendait, le plateau repas qui arrive mais une immense jeune femme d'un mètre quatre-vingt, rousse en tailleur-jupe impeccable et se déplaçant à l'aide d'un béquille. En la reconnaissant, la brune saute presque de son lit pour l'accueillir.

Béatrice :-" Amarante, je suis vraiment heureuse de te voir, tu n'imagines pas tout ce qu'il m'est arrivée."

La brune prend la rousse dans ses bras en faisant attention à ne pas serrer trop fort. Mais son euphorie est rapidement remplacée par la réflexion. Béatrice se recule alors pour vérifier qu’elle a bien vu. Malheureusement c’est le cas. Alors elle emmène son amie, s'asseoir sur une chaise.

Béatrice :-" Tu es épuisée. Tu n'as pas conduit pour venir jusqu'ici au moins?"

Amarante :-"Que nenni, j'ai commis un détournement de biens sociaux"

Béatrice avec un sourire, face à cette expression :-" C'est le chauffeur de ton père qui t'a emmenée ?"

Amarante :-" Oui."

Béatrice de nouveau sérieuse :-" Alors qu'as-tu fais pour te mettre dans cet état? "

Après une seconde de silence.

Béatrice, abattu puis inquiète :-"Dieu, c'est de m'avoir remplacée. Tu n'as pas essayé de faire la toilette de madame Goudounov au moins ?

Amarante :-" Absolument pas Béatrice, ton remplacement n’a en aucun cas été facteur de fatigue. En plus, mère est venue avec moi hier quand elle a appris ton malheur. C'est elle, encore, qui s'occupe de ton intendance, aujourd'hui, pour que je puisse venir te voir. Non, mon harassement vient d'avoir chevauché toute la nuit mon très cher Jean dans toutes les positions du Kamasutra."

Béatrice la fixe alors dans les yeux le visage extrêmement grave.

Amarante :-" Béatrice, je t'assure n'avoir fait aucune extravagance. Mais comment as-tu deviné ?"

Béatrice :-" Tu as le maquillage que tu utilises après tes poussées ou tes trois jours d'hospitalisation pour ton traitement."

Amarante, déçue :-" Tu avais découvert mon subterfuge ! Moi qui m’enorgueillissais de pouvoir cacher les affres de ma maladie."

Béatrice s'accroupit devant son amie et lui prend les mains.

Béatrice :-" Ce qui est important, c'est que Jean, la semaine dernière, alors que tu rentrais de l'hôpital la veille, t'ai trouvée radieuse pour votre dîner. Cette nuit, c'est la douleur due à tout ce que tu as été obligée de faire pour moi qui t’a empêchée de dormir ?"

Amarante ne peux résister face à tant de bonté. À nouveau, elle est le centre de l'attention de son amie, alors que celle-ci sort à peine du coma. Elle s'était pourtant promis, juste avant de toquer à la porte, d'être forte et joyeuse mais l'émotion est trop forte. Les larmes coulent toutes seules le long de ses joues pendant que d'une voix tremblante, elle explique la vraie raison de sa fatigue.

Amarante :-" Hier matin, en apprenant ton coma, mon univers s'est, pour la seconde fois de ma vie, effondré. Cette annonce m'a renvoyée douze ans en arrière, au moment où mon médecin me révéla ma sclérose en plaques. À l'époque, ton soutien me permis de garder la tête hors de l'eau. Cela rendit ton absence encore plus réelle et douloureuse. J'ai tenu bon toute la journée pour ne pas porter préjudice à ton entreprise. Mais cette nuit, je me suis effondrée en pleurs, n'arrêtant que ce matin pour ne pas inquiéter mes parents."

Béatrice récupère un mouchoir et le lui donne. Ensuite, elle s'installe comme elle peut pour la prendre dans ses bras et avoir une position pas trop inconfortable.

Béatrice :-" L'interne est venu me donner les résultats des examens de ce matin. Ils sont tous normaux. Il l’a dit, lui-même, c’est comme si mon coma n’avait été qu’un sommeil de vingt-quatre heures. »

Amarante, suspicieuse :-« Tu ne dis pas ça pour me réconforter ? »

Béatrice :-« Bien sûr que si, mais c’est la vérité. D’ailleurs, mes parents viennent me chercher tout à l’heure. Par contre, je vais devoir réintégrer la chambre de mon enfance pour une semaine. N’ayant rien trouvé comme cause de ma perte de connaissance, ma sortie a été conditionnée à une présence avec moi pour une surveillance de ma vigilance. Nous nous préparons une semaine de mauvais sommeil. Remarque, là, je n’ai jamais été aussi reposée. »

Amarante :-« Pourquoi ne vas-tu pas chez Jean-Valery ? »

Béatrice s’aperçoit, alors, que ce qu’elle considère comme une partie de sa vie aussi ancienne que la préhistoire et le club Dorothée, ne s’est terminée que depuis trente-six heures. Elle lui raconte donc tout par le détail. Incapable de comprendre ses réactions et ce qu’il se passe en elle quand elle est en présence de Léonora, elle reste sur le factuel dans son récit quand elle aborde la partie où sa « sauveuse » est présente et cache les cadeaux de cette dernière, presque inconsciemment.

Amarante :-« Quel nodocéphale décérébré ce Jean-Valérie ! Ta réaction a été des plus civilisées. Je n’aurais pas été si mesurée à ta place. »

Béatrice :-« Tu sais, j’ai été vraiment blessée par son comportement. Mais maintenant, je considère cela comme de l’histoire ancienne. »

Amarante reste muette d’étonnement quelques secondes.

Amarante, avec un grand sourire :-« L’interne est si mignon que ça ? »

Béatrice, riant :-« Je ne sais même pas. Alors ne sois pas si prompte aux conclusions hâtives. Je n’ai pas un cœur d’artichaut, moi ? »

Amarante :-« Ce n’est pas parce que Jean est entré dans ma vie juste quand Paul en sortait, que je suis ainsi. »

Béatrice souriante :-« C’est toi qui te sens obligée de te justifier. Moi, je n’ai rien dit de tel. »

La rousse lui tire la langue ce qui fait bien rire la brune. Ces mouvements font sortir le pendentif et le bracelet de son chemisier. Évidemment, Amarante les voit

Amarante :-« Je n'y crois pas, tu avais même investi dans des bijoux pour cette soirée ! »

Béatrice a besoin de suivre le regard de son amie pour comprendre de quoi elle parle et alors lui explique sans plus y réfléchir.

Béatrice :-« Oh, non, en plus je n’en aurais pas eu les moyens. C’est Léonora qui me les a passés au poignet et au cou pour me protéger et me guérir. »

Amarante, surprise :-« Plaît-il ! »

Béatrice, rosissant au fur et à mesure de ses explications :-« Léonora, la personne qui m’a évité de me faire violer, était très inquiète en attendant avec mes parents. Elle a donc trouvé ce bracelet et ce collier qui selon ses croyances ont des pouvoirs de guérison et de protection. Ensuite elle s'est arrangée pour que je les porte pendant mon coma."

Amarante :-« Elle est extraordinairement généreuse et prévenante à ton égard. Tu me permets d'examiner ces cadeaux ?"

Béatrice :-" Évidemment."

La brune se rapproche, lui tend son poignet et s'accroupit devant son amie pour qu'elle examine les bijoux. Les ôter ne lui est pas venu à l'esprit.
La rousse détaille avec attention les pierres et les montures puis commente.

Amarante, étonnée :-" C'est un véritable orfèvre qui a fabriqué tes bijoux. La taille des gemmes est parfaite, tout comme leur monture. Les deux chaînes sont en platine d’après leurs poinçons. Les mailles ont été travaillées pour être solide et parfaitement fluide. L’ensemble est tout simplement superbe. Ta bienfaitrice ne les a pas acquis dans une échoppe de médecine parallèle. Je suis étonnée de trouver l’excellence de la haute joaillerie pour de la lithothérapie. "

Béatrice, fier :-" Léonora m’a juste dit que les pierres du bracelet étaient des améthystes et celle du pendentif un jais, un diamant et un saphir."

Amarante reste muette d’étonnement quelques secondes puis se reprend.

Amarante, un sourire en coin :-« Tu l’épouses quand ?

Béatrice, spontanément :-« Je ne sais même pas si je vais la revoir. »

Elle ne s’aperçoit de ce que sous-entend sa phrase que trop tard. Elle cherche alors désespérément une boutade pour s’éviter des questions gênantes mais rien ne lui vient avant que son amie réagisse.

Amarante, tout sourire :-« Et tu oses dire que j’ai un cœur d’artichaut ! Moi au moins, il s’est écoulé une semaine entre Jean et Paul. »

Béatrice :-« N’essaie pas d’utiliser mon état de faiblesse pour m’attribuer tes défauts. »

Amarante :-« Je t’ai connue plus inspirée dans l’art de la mauvaise foi, Béatrice. Est-ce à dire que tu t’alanguies déjà d’elle ? »

La brune décide de s’ouvrir sur ce qu’elle ressent plutôt que d’entamer une joute oratoire.

Béatrice :-« Amarante, je ne comprends pas mes sentiments pour Léonora. Comment savoir si ce n‘est pas de la gratitude pour m’avoir évité un viol, de la fascination pour sa très grande beauté, le besoin de la soulager de toute la tristesse que j’ai perçue en elle ou simplement une façon d’oublier Jean-Valérie ? »

Amarante :-« Et si c’était simplement de l’amour ? »
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:24

Chapitre 9


Amarante vérifie encore sa tenue sous le regard étonné de Pierre qui porte stoïquement les paquets de la rousse. Elle n'a jamais été aussi angoissée.
Après avoir soufflé pour se donner du courage, elle appuie sur l'interphone.
Au moment où elle va pour sonner à nouveau, le grésillement indiquant que le locataire répond retentit dans le silence de la rue.

Une voix probablement de femme :-" Je n'ai fait aucune commande et je n'ai besoin de rien."

Amarante :-"Je suis la meilleure amie de Béatrice"

Leonora :-" Elle a un problème ? Je vous ouvre. J'habite au deuxième étage, montez !"

Amarante reste quelques secondes surprise puis sourit de cette réaction.

Pierre, de son épaule, pousse la porte pour qu'elle entre en lui rappelant qu'il y a le bas de porte à enjamber. Ils empruntent l'ascenseur et sont accueillis une fois qu'ils en sortent par Léonora visiblement inquiète.
Amarante lui tend sa main droite qu'elle sert par automatisme.

Amarante :-" Enchantée, je suis Amarante Caher. Je suis affligée de m'imposer à vous de façon si cavalière mais il me faut vous parler et je ne voyais pas comment le faire autrement que de vive voix."

Leonora :-" Bonsoir, je suis Leonora Aligheri comme vous devez déjà le savoir."

Amarante :-" Oui, puisque vous êtes la raison de ma présence ici. Pourrais-je abuser de vous, à nouveau, en vous demandant de délester Pierre, ici présent, de ses charges pour lui permettre de regagner son véhicule. Je m'en serais bien occupée moi-même mais mon corps en a décidé autrement."

Leonora :-" Bien sûr."

Le chauffeur lui tend alors les sacs en la mettant en garde sur leur poids et leur fragilité. Une fois cela fait, il salue les demoiselles et prend l'escalier.

Amarante :-" Merci, encore, de m'attendre et bon match, Pierre."

Pierre :-« Merci mademoiselle Amarante. »

Ensuite, elles rentrent dans l'appartement.

Amarante :-" Tout d'abord, je tiens à vous rassurer, Béatrice n'a aucun souci physique."

Leonora :-" Quelle est, alors, la raison de de votre présence ici ? "

Amarante :-" Pouvons-nous en débattre assises, s'il vous plaît ?"

Leonora :-" Evidemment, si vous voulez bien me suivre, nous allons nous installer dans le salon. Je peux laisser vos sac ici ?"

Amarante :-" Béatrice m'a narré avec force détails l'encas nocturne dont vous l’avez régalée il y a un mois. Ne voulant pas ajouter la muflerie à l'impolitesse de ma venue sans invitation, j'ai amené de quoi prendre le thé."

Leonora :-" Cette attention vous honore. Je vous laisse alors vous asseoir pendant que je vais faire chauffer de l'eau."

Amarante :-" Merci, mais c'est inutile. J'ai dans ces sacs tout ce qu'il nous faut."

Les deux demoiselles prennent place sur le canapé. Amarante ouvre une petite malle en osier et sort tasses, soucoupes, petites cuillères, sucrier avec son sucre et plats de présentation avec les couverts de service. Ensuite, elle pose deux thermos, une tarte au chocolat dans l'une des assiettes, des macarons dans la deuxième et des chouquettes dans la dernière.

Amarante :-" Ne connaissant pas vos préférences, j'ai du thé Earl Grey et du chocolat chaud. Que vous sers-je ?"

Leonora :-" Je vais me laisser tenter par le chocolat chaud."

Une fois chacune servies, les mets et la boisson goûtés, la rousse aborde la raison de sa venue.

Amarante :-« Afin d’écourter au maximum le désagrément dû à ma présence, je vais éviter les circonvolutions et autre périphrases. Béatrice est en pleine déprime à cause de votre absence. Elle tente de vous oublier en s’étourdissant dans le travail. Mais rien y fait, chaque jour elle dépérit un peu plus. Elle ne semble trouver du réconfort qu’en admirant vos présents. Là, son sourire réapparaît. «

Léonora, le visage impassible mais les yeux bien plus humides :-« Ce que vous dîtes m’attriste mais je ne peux, hélas, solutionner ce problème. »

Amarante :-« Vous avez, tout de même, la possibilité de clarifier la situation en dialoguant avec elle. Cela lui permettra de faire le deuil de cet amour dont elle nie l’existence, consciemment ou non d’ailleurs. »

Léonora, sourcils froncés :-« Pouvez-vous être plus explicite, s’il vous plaît. »

Amarante :-« Depuis le début, Béatrice esquive lorsque j’aborde ses sentiments à votre égard. Son art a atteint des sommets ces dernier temps. J’en viens à penser qu’elle se leurre elle-même. Et pourtant cela se voit que vous avez laissé un vide en elle qui la fait souffrir. »

Léonora :-« Comment êtes-vous aussi sure de vous, si elle n’a, elle-même, pas verbalisé les raisons de son malaise ? »

Amarante :-« J’ai eu la même crainte que vous. Je me suis demandée si mon interprétation de son comportement n’était pas seulement une projection de ma personnalité sur elle. Mais il n’en est rien. Elle vérifie compulsivement son téléphone portable et sa boîte mail, le pendentif que vous lui avez offert est son nouvel objet transitionnel et surtout, son regard ne s’illumine plus que lorsqu’elle parle de vous, sujet que je limite car elle tombe ensuite dans des abîmes de morosité. »

Léonora, perdue :-« Je ne peux pas la revoir. »

Amarante :-« Alors écrivez-lui ! Ce que vous voulez mais soyez convaincante. Il faut qu’elle passe à autre chose. J’ai peur qu’elle ne survive pas sinon. »

Léonora, horrifiée :-" Lui mentir! Alors ça, c'est simplement impossible."

Amarante, presque en larmes :-" Il est inenvisageable qu'elle reste ainsi."

La propriétaire des lieux se lève et fait les cents pas dans le salon.

Amarante, s'étant reprise :-" Vous l'aimez !"

Cette phrase stoppe net la demoiselle. Elle se tourne, muette d'étonnement, vers la rousse puis vers ses tableaux et sa statue qu'elle semble interroger du regard. Elle reste ainsi quelques secondes puis un sourire apparaît sur son visage.

Leonora :-" Je crois que vous avez raison mais cela ne change rien. Mon existence ne peut être partagée par Béatrice et il m'est impossible de lui en expliquer la raison. Dans ces conditions, comment croyez-vous qu'elle réagira si nous nous revoyons?"

Amarante :-" Béatrice est une adulte. Ne préjugez pas pour elle. "

Léonora, un sourire en coin :-" Réflexion amusante venant de celle qui tire des conclusions à la place de sa meilleur amie."

Amarante :-" Béatrice a raison, vous maniez le verbe avec brio. Mais il n'empêche, vous savez où est votre devoir moral envers elle."
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:24

Chapitre 10


Leonora plonge alors son regard bleu mauve dans celui d'Amarante. La grande rousse qui pourtant la surpasse en âge et en taille, se sent comme une enfant, fragile et intimidée. Juste avant qu'elle ne s'excuse de son impudence, son interlocutrice prend la parole.

Leonora :-" Vous avez raison. Je dois lui dire, de vive voix, qu'il nous est impossible d'être ensemble et de cesser d'espérer. Je ne veux pas qu'elle souffre. Béatrice a beaucoup de chance de vous avoir comme amie."

Pour la première fois depuis très longtemps, Amarante rougit en entendant un compliment.

Amarante :-" Merci. La procrastination n'étant pas souhaitable et devant dîner avec elle, que diriez-vous de m'accompagner pour avoir cette conversation dès ce soir ?"

Leonora ayant un sourire en coin :-" Vous êtes une habille stratège. Rappelez-moi de ne jamais jouer aux échecs contre vous. Mais je ne peux m'imposer ainsi à un repas où je ne suis pas prévue."

Amarante :-" Ne vous inquiétez pas de la logistique, c'est moi qui amène le repas. Nous avons choisi l'appartement de mon amie pour lui permettre de se coucher plus tôt puisqu'elle travaille demain matin."

Leonora :-" J'accepte alors votre invitation mais c'est moi qui m'occupe du repas. Avez-vous un régime alimentaire particulier ?"

Amarante :-" Je privilégies le poisson et le végétal mais je peux faire des exceptions."

Leonora :-" une soupe de poissons et de coquillages typique de la Toscane, vous conviendrait-il ? Attention, c'est plus comme la bouillabaisse que comme la soupe bretonne."

Amarante :-" Ce sera parfait mais comment allez-vous faire pour les ingrédients ?"

Leonora :-" Je vous invite à me suivre dans la cuisine pour avoir votre réponse."

Amarante :-" C'est avec plaisir que j'accepte. Vous savez, entre mes activités et mes repos obligatoires, je ne pouvais venir ici qu'aujourd'hui. C'est aussi pour cela que ce jour est celui que nous avons choisi, avec Béatrice, pour dîner hebdomadairement ensemble depuis son retour de l'hôpital."

Leonora, souriante :-" Je comprends bien. Allons-y !"

Elle emmène la grande rousse dans la pièce qui se trouve à droite de l'entrée. Amarante y découvre avec surprise tout l'équipement d'une cuisine d'un restaurant gastronomique avec en plus un four à bois et une immense table de réception capable d'accueillir une quinzaine de convives.

Amarante :-" Vous êtes une personne pleine de surprises, Leonora."

Leonora, s'activant déjà en sortant les ingrédients :-" Si vous me racontiez votre vie pendant que je nous prépare notre repas de ce soir."

Amarante :-" j'ai fait la connaissance de Béatrice en seconde, il y a quinze. À l'époque j'excellais aussi bien dans les sports qu'à l'école. Mon rêve était d'avoir un centre équestre. Mon père, lui aussi cavalier émérite, m'avait conseillée de suivre une filière généraliste pour pouvoir faire des études de management après le bac et savoir gérer cette structure. Selon lui, c’est ce qui pèche le plus dans ce milieu. C’est la raison de ma présence dans la même classe que Béatrice et non dans une filière préparant aux métiers du cheval.
Par contre, n'ayant aucune difficulté scolaire et grâce à la fortune familiale, j'ai passé pendant cinq ans, tous mes weekend et mes vacances dans le centre hippique près de chez moi pour apprendre les différents métiers. Je voulais tout connaître avant de débuter."

Leonora :-" Et comment êtes-vous devenue amie avec Béatrice ?"

Amarante :-" Elle m'a défendue quand les autres élèves me trouvaient trop snob à cause de ma façon de parler. Ensuite, nous avons dû faire un devoir sur le film de Fritz Lang, M le maudit. Elle avait compris, en me voyant pâlir, que je n'avais pas de télévision chez moi. Elle proposa de s’associer à moi et de voir le film chez elle. Ce que j’acceptai bien volontiers"

Leonora :-" Je comprends mieux votre attachement pour elle."

Amarante :-" Oh, ce que je viens de vous narrez, n'est qu'une broutille. Le premier signe de ma SEP fut de voir flou. Cela m'est arrivée pendant les vacances de pâques, juste avant les épreuves clôturant les études secondaires. Nous révisions, avec Béatrice, quand je n'ai plus pu lire. De son propre chef, elle a passé les deux semaines chez moi pour m'aider dans la vie courante et en me lisant les leçons. Comble de l'altruisme, toutes les fois où est évoqué cet événement, elle soutient bec et ongle que c'est grâce à moi si elle décrocha son baccalauréat, c’est le nom de cet examen.
Ma vue est revenue avant les épreuves et je les ai réussies. »

Léonora :-« Excusez-moi de vous interrompre mais que désirez-vous comme dessert ? »

Amarante :-«  Comme nous n’avons pas entamé la tarte au chocolat, nous pouvons tout à fait l’emporter sauf si vous vouliez la conserver pour la déguster plus tard ? »

Léonora :-«  Très bon idée, j’ai un sorbet au cassis et aux framboise qui l’accompagnera à merveille. »

Amarante :-«  Cela semble parfait. Pour revenir à ma petite vie. Après le retour de ma vue, je n'ai pas cherché plus loin. J'ai enchaîné sur un cursus universitaire pour décrocher un diplôme de gestion. Pendant les deux ans de cours théoriques, je n'ai eu aucuns soucis.
Les deuxièmes signes sont apparus au cours de mes dix semaines de stage obligatoire pour valider le diplôme. Heureusement que je l'ai effectué dans une petite filiale de l’entreprise familiale sinon, je ne l'aurais jamais validé pour l'avoir effectué, les deux dernier mois de celui-ci, à l'hôpital. Pourtant, j'ai quand même appris ce qu’est une vrai gestion du personnel et des rapports corrects entre patron et employés."

Leonora :-" Que s'est-il passé ?"

Amarante :-"Un dimanche matin, après une dure semaine entre l’entreprise et le centre équestre, j'ai ressenti, en posant le pied, en sortant du lit, des fourmillements dans les jambes. Cette sensation étrange et désagréable se majorait lorsque je marchais. Le lundi matin cela avait empiré. Heureusement que mère avait petit-déjeuné avec moi sinon, je serais allée en stage. En me voyant boiter, elle comprit que c'était une des disséminations dans le temps et l'espace de la sclérose en plaque. Contrairement à moi, elle s'était renseignée après l'épisode de ma perte d'acuité visuel.
Grâce à ses relations, j'ai eu un rendez-vous dans la demie-heure avec le meilleur médecin de ma ville de banlieue qui m'a prescrit immédiatement la batterie de tests nécessaire. C'est lui-même qui prit les rendez-vous à passer dans la matinée, en m'écrivant en plus une lettre de recommandation pour le meilleur neurologue de Paris avec qui j'avais une consultation dès le lendemain avec les résultats.
J'ai à nouveau joué les téméraires en refusant de faire ces tests. Je me voilais la face.
Mère pris peur, connaissant mon caractère buté, elle me laissa avec le médecin pour appeler Béatrice. Elle vint immédiatement et m'accompagna, sans me donner droit au chapitre, toute la journée, oubliant son stage de l’après-midi. Elle fut le lendemain à mes côtés, avec mes parents lorsque le diagnostic est tombé."

Leonora, enfournant les petites pizzas végétariennes prévu pour l'apéritif :-" Elle a donc autant de caractère que vous, c’est une chance. Je nous fais un petit risotto aux cèpes pour accompagner la soupe, cela vous va ?

Amarante :-«  Nous allons devoir jeûner demain pour garder la ligne mais cela me convient complètement. »

Léonora :-«  Honnêtement vous n’en aurez pas besoin.  Je n'ose imaginer le choc que cela a été à l’annonce du diagnostic. Avez-vous pu réaliser votre rêve, finalement ?"
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:25

Chapitre 11


Amarante :-"Merci pour le compliment, je surveille mon poids pour que bouger ne me demande pas trop d’efforts. Père m'offrit le centre équestre où j'avais travaillé depuis cinq ans une fois mon diplôme obtenu. Nous l'avons, alors, réorganisé ensemble pour plus d’efficience, de meilleurs rapports humains et un suivi parfait des chevaux. Nous avons si bien œuvré que j’ai pu le rembourser intégralement un an après.
Ensuite, pendant 8 ans tout se passa bien. Même si après une poussée plus forte que les autres, j’utilise une canne pour marcher.
Mais un jour, Béatrice vint me rendre une visite surprise pour m'annoncer qu’elle venait de signer pour l’achat de son appartement. Elle me retrouva au milieu de la cour boueuse étalée de tout mon long par terre, pleurant de douleur. Elle m'aida à me relever, ferma le centre seule et me raccompagna chez moi, après avoir vérifié que je n'avais rien de cassé.
Une fois qu’elle m’eut aidé à me nettoyer et à me mettre en pyjama, elle me fit parler. Je dû lui avouer qu’il était courant pour moi d’aller au-delà de la fatigue et de ne pas attendre que mes poussées soient finies pour reprendre. Elle comprit que je profitais qu'elle soit accaparée par sa société mais surtout que cela risquait d’empirer sa maladie.
Pour la première fois depuis que nous nous connaissions, elle m'houspilla vertement pendant plus d’un quart d’heure. Elle termina, les joues ruisselantes de larmes, en me disant ne pas vouloir être témoin de ce suicide à petit feu et partie.
Pour moi, ce fut un véritable électrochoc, ce qui me sauva la vie, je pense. Dès le lendemain je sonnais à la porte de son nouvel appartement pour lui annoncer que je prenais un gérant. Nous tombâmes dans les bras l'une de l'autre."

Leonora :-" Comment en êtes-vous venue à l'aider pour l'administratif ?"

Amarante :-" N'étant plus accaparée par la gestion de mon centre, j'ai pu, enfin, me rendre compte de ses difficultés dans ce domaine. Elle n'a pas été trop difficile à convaincre puisque cela la soulageait de la partie de son travail qui lui déplaisait le plus et qu’ainsi nous pouvons nous voir plus souvent."

Leonora, les victuailles emballées, le vin choisi, pose sa dernière question.

Leonora :-" J'ai compris, en vous écoutant, que votre père était le dirigeant de son entreprise avec une grande aisance financière. Devrais-je connaître votre famille ?"

La rousse rit avant de lui répondre.

Amarante :-" Non, notre nom n'est pas connu mais l'entreprise familiale sous sa présidence est devenue l'une des première mondiales dans son domaine."

Leonora :-" Pierre n'est donc pas qu'un chauffeur, c'est aussi votre garde du corps."

Amarante :-" Vous avez compris ce que j'essaie toujours de cacher."

Leonora :-" Bon, tout est prêt, je vais me changer, vous m'attendez dans le salon."

Amarante :-" D'accord."

Amarante, en entrant pour la deuxième fois dans la pièce, découvre alors que les orchidées rouges que Béatrice a fait livrer, dès son retour de l’hôpital, pour remercier sa sauveuse, trônent sur le linteau de la cheminée. Elle s'étonne encore de ce lapsus floral, révélateur des sentiments de la brune pour la propriétaire des lieux. Elle, qui n'y connaît rien en langage des fleurs, a choisi comme présent, l'une de celle qui signifie l'amour. Le regard de la rousse est ensuite attiré par les tableaux et la statue. Subjuguée, elle se retrouve debout devant les œuvres sans s'en rendre compte.

Elle serait restée ainsi des heures si son corps ne s'était pas rappelé à son bon souvenir. De fatigue, ses genoux se dérobent, sous elle, sans crier gare. C'est Leonora qui l'a récupère avant qu'elle ne touche terre et se fasse très mal.

Amarante :-" Merci. Je ne vous ai même pas entendu entrer. Décidément sauver les demoiselles en détresse est une vocation. Si votre tailleur Dior ne vous allait pas à ravir je vous conseillerais d'investir dans un costume de super-héros."

Leonora :-" Merci. Vous avez vraiment les mêmes références que Béatrice. Vous croyez que ce vêtement est adapté pour ce que je m’apprête à lui annoncer ?"

Amarante :-" Quinze ans d'amitié laisse des traces. Pour votre tenue, elle est parfaite. Vous allez lui permettre d’avoir un très beau souvenir de vous. Dans un tout autre registre, je suis surprise de l'absence de système d'alarme pour des œuvres d'art si exceptionnelles."

Leonora :-" Je trouve que ce serait comme de crier sur tous les toits qu'il y a quelque chose à voler. En plus, je les ai toujours retrouvées quand on a voulu m'en déposséder."

Amarante :-" Mademoiselle Léonora, vous êtes une personne des plus étranges."

Léonora, souriante :-" Si nous y allions."

Après avoir récupéré les sacs contenant le dîner et les gâteaux, elles descendent retrouver Pierre. Celui-ci ne semble pas étonné de la présence de la deuxième demoiselle et se contente de lui prendre ses charges pour les mettre dans le coffre. Ensuite, il leur ouvre la porte pour qu’elles puissent monter dans la voiture. Malgré les innombrables questions qu'elle voulait poser, Amarante s'endort pendant le trajet, de fatigue mais aussi en prévision de la soirée. Elle se réveille juste à l'arrêt de la voiture en bas de l'immeuble de Béatrice. Cela permet à Léonora de réfléchir pendant le voyage, à ce qu’elle va dire à la brune.
Le chauffeur les accompagne jusqu'à l'appartement en portant le repas.
Au fur et à mesure que l’ascenseur monte, l’angoisse grandit pour elle, au point d’occulter totalement sa claustrophobie.
Son visage est si fermé en arrivant devant la porte de l’appartement que la rousse s’inquiète de son état. Elle la rassure. Amarante lui demande tout de même si elle se sent prête avant de tourner la clef dans la serrure.

Léonora :-«  Merci de votre sollicitude, cela va aller. Vous avez les clefs de son appartement ! »

Amarante :-«  Oui, je suis arrivée avec un peu d’avance lors d’une de ses invitations et elle m’a retrouvée sur ce palier. Elle était descendue chercher une baguette fraîche. Elle en fut fort marrie alors que je m’évertuais à lui dire que je n’avais attendu que deux minutes. Elle m’obligea à accepter le double de ses clefs pour que cela ne se reproduise pas. »

La porte s’ouvre sur un petit vestibule.

Amarante, fort :-« Béatrice, je t’ai amenée une invitée. »

Un homme apparaît alors, arme à la main et tire deux fois dans sa direction. Il s’adresse à la rousse au moment où se fait entendre un bruit sourd de chute.

L’homme :-« Vous n’auriez pas dû changer vos habitudes. Votre amie serait encore en vie. »

Incrédule, Amarante se retourne. Elle découvre alors Léonora et Pierre, gisant au sol, morts chacun avec un trou rouge au milieu du front.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:26

Chapitre 12


Amarante, les larmes aux yeux :-Léonora, Pierre ! »

Elle s'agenouille pour voir s'il y a un espoir qu'ils ne soient pas morts. Mais l'absence de pouls confirme ses craintes.

Amarante :-« Nutus !

Folle de rage, Amarante se retourne déterminer à abattre sa béquille sur la tête de l’assassin. Mais c’est la porte qui lui fait face.
Ce dernier est nonchalamment adossé contre le mur opposé à son regard et joue, l’air de rien, avec son arme.

L’assassin :-« C’est la première fois que je suis insulté en latin. Je m’inscris d’ailleurs en faux, si j’ai beaucoup de défauts, ils ne sont en rien dus à ma conception. Mes parents, paix à leurs âmes, n’ont commis aucun adultère pour me donner naissance. Mais pour revenir à l’affaire présente, je tiens à vous prévenir que mademoiselle Bourneville est entre nos mains et que son sort dépend de votre comportement. »

Amarante repose sa béquille, se redresse de toute sa hauteur, comparable à celle de l’homme, et se place devant lui.

Amarante :-« Je veux la voir. »

L’assassin :-« C’est tout à fait légitime. (Haussant la voix) B et C amenez notre hôtesse ici ! »

La porte du salon s’ouvre, quelques secondes après, sur Béatrice encadrée par deux hommes immenses. Elle est bâillonnée et semble avoir les mains attachées dans le dos.

Amarante, s’étant tournée vers elle :-« Ça va ? »

La brune hoche la tête. Puis son regard descend et là, elle découvre les deux cadavres. Amarante voit alors son visage se décomposer puis, quand elle semble accepter l’affreuse réalité, elle éclate en sanglot. Elle fausse compagnie à ses gardiens pour s’agenouiller près du corps de Léonora. Le tueur leur fait signe de la laisser. Elle passe, sans y réfléchir, ses bras devant elle en contournant ses pieds. Elle prend, immédiatement, le pouls de la morte. Horrifiée de son absence, elle pose son oreille sur la poitrine à l’aplomb du cœur. Une fois encore, elle n’entend rien. Quand tout espoir est perdu, c’est la crise de larmes, incontrôlée et incontrôlable qui s’empare d’elle.
Ses cris et ses pleurs envahissent le petit vestibule. Les trois hommes sont totalement indifférents à son chagrin alors qu’Amarante en est mortifiée. Après à peine quelques secondes, l’assassin regarde sa montre et s’adresse à la rousse.

L’assassin :-« Mademoiselle Cahuet, nous conservons mademoiselle Bourneville en vie, pour que vous ne fassiez pas d’esclandre mais si elle pose plus de problèmes que vous, nous nous en débarrasserons sans sourcilier. Vous avez une minute pour la calmer. »

Après un regard noir à l’homme, Amarante s’assoit par terre avec difficulté et enlace Béatrice. Elle la berce et lui caresse les cheveux tout en lui murmurant à l’oreille.

Amarante :-« Béatrice, tu dois te reprendre sinon tu seras tuée. Il faut que tu vives pour que quelqu’un se souvienne de Léonora, de sa beauté, de son courage, de son humour et surtout de ses mystères. Tu comptais beaucoup pour elle, c’est pour ça qu’elle était venue te parler alors qu’il semble que ce n’était pas dans ses habitudes. En plus, il est évident que jamais elle n’aurait accepté que tu te laisses mourir alors qu’elle t’a veillée pendant vingt-quatre heures. »

A cette phrase, la brune se détache de son amie et plante son regard de le sien. Après quelques secondes, elle se lève en cessant immédiatement de sangloter. Elle aide ensuite son amie à se mettre debout.

L’assassin :-« Bien, pour descendre jusqu'à notre voiture, il y a deux possibilités, mesdemoiselles. Soit sur vos deux pieds mais alors si vous essayez de prévenir qui que ce soit vous aurez de nouveau mort sur la conscience. Soit assommées et enfermées dans une malle. Que décidez-vous ?"

D'un regard elles se consultent.

Amarante :-" Nous marcherons."

L'assassin :-" Bon choix. C détachez mademoiselle Bourneville et accompagnez-la pour qu'elle se rende présentable. Nous ne voudrions pas inquiétez un éventuel voisin et par là même entraîner son décès prématuré. Mademoiselle, n'oubliez pas que votre amie est entre nos mains. B allez chercher une chaise pour mademoiselle Cahuet."

Il ne faut que cinq minutes à Béatrice pour se rendre présentable et revenir dans son vestibule. Cela sonne le départ. En passant devant les cadavres, alors qu'elle lutte de toutes ses forces pour ne pas sombrer en se focalisant sur un pas après l’autre, l’homme qui l’emmena dans sa salle de bain, s’arrête, se penche sur le corps de Léonora et plonge sa main dans son corsage. Cette ultime outrage la surprend et l’horrifie à un tel point qu’elle en reste paralysé d’effroi. Elle sort de sa torpeur lorsqu’il se redresse avec un crucifix dans la main Il est en cristal bleu avec au centre un très gros diamant blanc.

L’homme :-« A, regardez ce que je viens de ramasser sur la fille que vous avez descendue. »

L’interpelé se saisit de l’objet et sort une loupe de bijoutier pour examiner la pierre.

A :-« Monsieur B vous avez décidément un œil de faucon pour repérer les bijoux de grande valeur. Ainsi après le pendentif fait d’un saphir et d’un diamant exceptionnels de mademoiselle Bourneville , ce crucifix avec un diamant aux qualités extraordinaires. En d’autres circonstances, nous pourrions arrêter là l’opération. Mais ce n’est pas envisageable alors hâtons-nous !"

La descente se fait sans encombre. La voiture est en réalité un fourgon de grand luxe aux vitres teintées. Les demoiselles sont installées sur la troisième rangée, les pieds et les mains menottés à leur siège. L'assassin s'assied derrière le conducteur.

A, après avoir regardé sa montre :-" C’est bien, la petit crise de mademoiselle Bourneville ne va pas me faire manquer le début de la final du concours de piano Long Thibaut Crespin. C, n'oubliez pas, je veux une conduite irréprochable. Il n’est pas envisageable de se faire arrêter par la maréchaussée. B écoutez la fréquence de la police à l’aide d’une oreillette et mettez radio classique. Mesdemoiselles si vous ne voulez pas être bâillonnées, faîtes silence. »

La radio :-« Ce concours 2015 va commencer par le concerto en sol de Maurice Ravel. »

La musique un peu jazzy et légèrement dissonante envahit l’habitacle, seul A y est sensible. Ses sous-fifres sont focalisés sur leurs tâches, Amarante culpabilise d’avoir invité Léonora et Béatrice tente de graver dans sa mémoire tous les instants passés avec celle qui a volé son cœur. Elle sait, maintenant qu’il est trop tard, qu’elle l’aime.
L’ambiance change complètement quand l’adagio débute. La beauté de l’air, sa lenteur magnifique, les notes égrainées avec émotion par le pianiste font céder les barrages que les deux femmes essayaient d’ériger contre la tristesse et le désespoir. Elles pleurent, alors en silence. Heureusement, la troisième partie, semblable à la première, leur permet de se calmer et de se recomposer un visage impassible avant de descendre. Elles veulent rester dignes devant leurs ravisseurs.
Le véhicule s'arrête devant l’entrepôt désaffecté d’un magasin d’ameublement en faillite, situé dans la zone d’activité de leur ville. C descend et entre dans le bâtiment par la petite porte. Deux secondes après, il actionne le portail de livraison pour faire rentrer le fourgon puis le referme.

A :-« L’adagio est vraiment une merveille. Merci B, d’avoir fait ce petit détour pour me permettre d’écouter le concerto dans son intégralité. »

B se gare et C ouvre la porte latérale droite. Il détache et fait sortir les demoiselles. A lui tend une lampe torche. Le petit groupe se dirige ensuite jusqu’au centre du bâtiment. Là, elles sont assises sur deux fauteuils plutôt confortables. Leurs pieds et leurs mains sont à nouveau menottés. B démarre un groupe électrogène créant ainsi un ilôt de lumière dans ce noir absolu. Elles peuvent voir qu’elles sont situées à trois mètres d’une grande table, avec deux sièges de bureau où C allume deux ordinateurs, des écrans de surveillance, une radio branchée sur la fréquence de la police, d’autres appareils inconnus aux filles, ainsi qu’une petite télévision diffusant un match de foot. De l’autre côté se trouve un fauteuil voltaire avec une desserte d’hôpital juste devant, sur lequel est posé un petit poste de radio. A vient si asseoir posant un plateau où se trouve une assiette de foie gras accompagné de sa confiture de grenade, d’une tranche de pain et d’une demi-bouteille de Sauterne. B dépose entre C et lui, des pâtés, du saucisson, de la viande et du poulet déjà découpés, un grand pot de cornichon, un autre de mayonnaise, du beurre, deux baguettes et un pack de bières.
Les trois kidnappeurs s’assoient ensuite.

A :-« Désirez-vous partager notre dîner, mesdemoiselles ? »

Nauséeuses après ce à quoi elles ont assisté, elles refusent de la tête.

A :-« Je vous comprends, j’ai moi-même été très indisposé la première fois que j’ai vu un mort. »

Tous les trois se mettent à manger, comme si la situation était des plus normales, au son du concerto numéro 24 de Mozart.
Au bout de cinq minutes, le caractère impétueux d’Amarante refait surface.

Amarante :-« Coprolithe, vous n’avez tout de même pas occi deux personnes pour nous obliger à vous regarder manger ! »

A, laissant sa fourchette suspendue en l’air :-« Décidément, j’adore vos insultes, mademoiselle Cahuet. Non, vous êtes là pour que dans deux heures, quand j’appellerais votre père, celui-ci accepte la prise de contrôle de sa société par celui qui m’a engagé, au cours de l’assemblée générale exceptionnelle des actionnaires de ce soir. »

Amarante :-« Mais vous êtes conscient que cela n'a aucune valeur. N'importe quel tribunal cassera cette décision prise sous la contrainte. »

A :-« Vous risqueriez la vie de votre amie pour une société ? Surtout que la prime de départ de votre père sera tout de même d’une trentaine de millions d’euros. »

La rousse ne répond pas et l’homme retourne à son repas.

Béatrice :-" Amarante, tu transpires beaucoup, tu as mangé quand ?"

Amarante :-" Il y a deux ou trois heures mais je n'ai absolument pas faim."

Béatrice :-" Ce n'est pas le problème, tu es en pleine crise d'hypoglycémie. ( Haussant la voix) Monsieur A pouvez-vous donner à mon amie du pain s'il vous plaît, elle va faire un malaise."

A fait signe à B qui se lève, détache la main gauche de la rousse et lui donne un morceau de baguette.

Amarante :-" Merci."

Elle se force ensuite à le manger. Une fois qu'elle va mieux B la rattache et retourne manger. Amarante profite de la musique pour entamer une discussion avec son amie. Elle lui murmure, alors, qu'elle est désolée.

Béatrice, à voix basse :-" Tu n'y es absolument pour rien. Ce sont eux les responsables."

Amarante :-" Si je n'étais pas intervenue, elle serait encore là."

Béatrice :-" Amarante, déterminer qui est responsable ne me la ramènera pas et ne me permettra ni d'aller mieux, ni de lui dire que je l'aime. Alors s'il te plaît cesse de t'auto-flageller."

Amarante, surprise :-" Comment fais-tu pour être aussi forte ?"

Béatrice :-" Je ne le suis pas. Je n'ai qu'une envie, c'est de m'effondrer en pleurs mais je me l'interdis pour qu'ils ne s'en prennent pas à toi pour m'obliger à me calmer. En plus, je sais que même si je les étripe de mes propres mains cela ne dissipera pas la douleur que je ressens."

À peine a-t-elle fini sa phrase qu'une sirène d'alarme retentit d'un des appareils inconnus des demoiselles. C se précipite, arrête la sonnerie stridente et examine l'écran de contrôle.

A, pose sa fourchette et vient auprès de ses hommes.

A :-" Que se passe-t-il ?"

C :-" Quelque chose vient de rentrer dans la zone d'activité à plus de trois cents kilomètres heure et se dirige ici. Elle sera là dans vingt secondes."

A :-" B allumez les projecteurs, C vérifiez les chargeurs puis donnez-nous les fusils mitrailleurs."

Lui prend deux gilets pare-balles et les pose sur le thorax des filles et le leur fixe avec du gros ruban adhésif.

A:-" Ne bougez pas trop, il ne faudrait pas que vous le fassiez tomber."

Les trois hommes, arme à la main, se positionnent face à l'entrée. A l'heure dite, un grand bang déchire le silence. Le battant de la porte vient de percuter violemment le mur de l’entrepôt.

C'est alors que les demoiselles pensent être en pleine hallucination. Une femme tout en noire assomme un à un les kidnappeurs d'un seul coup sur la tête. Elle agit si vite qu'elle n'est visible qu'au moment où elle frappe. Une fois les trois types inanimés, elle les fouille, récupère ce qui ressemble aux clefs des menottes et aux bijoux volés. D'ailleurs, elles sont certaines que c'est le crucifix, qu'elles l'ont vu passer autour de son cou.
Ensuite, elle se dirige vers elles.
Leur surprise se transforme, alors, en joie et en incrédulité lorsqu'elles reconnaissent la femme qui s'approche. C'est Léonora.

L'extraordinaire de sa présence est renforcé par ses yeux bleus marines et sa chevelure brune qui s'éclaircissent à chaque pas dans leur direction pour être de la couleur qu'elles lui connaissent lorsqu'elle les libère.
Avec un immense sourire qui illumine son visage parfait, elle tend à Béatrice son pendentif et son bracelet puis donne à Amarante la croix en améthyste rehaussé d'un diamant en son milieu qu’elle vient de prendre dans sa bourse.

Léonora :-"Je me doute que vous avez beaucoup de questions à poser mais ce n'est pas encore le moment. Mettez ses pierres, s'il vous plaît. J'arrive."

Elle retourne auprès des hommes qu’elle a assommés. Elle les attache puis les porte tous les trois ensemble jusqu’à la fourgonnette et les met dans le coffre. Ensuite, elle détache son épée de son dos et passe derrière le volant et le conduit jusqu’aux deux demoiselles. Là, elle leur demande de monter derrière. Bien qu’intriguées, elles s’exécutent tout de même. Enfin, elle va se garer le plus loin possible de l'entrée.
Là, elle se retourne vers les deux amies.
Léonora :-« Maintenant, il est impératif que vous restiez invisibles de l’extérieur et complètement muettes. Quoi qu’il arrive, ne sortez pas de ce véhicule tant que je ne suis pas revenue. »
Elle n’attend aucune réponse et descend armée de sa lame dont elle laisse le fourreau sur le siège avant.
Elle se place entre le petit campement des kidnappeurs et elle.
Les demoiselles ne pouvant, ou ne voulant, rien faire d’autre, la détaille de la tête au pied.
Elle est vêtue d’une sorte de combinaison en cuir noir mais dont le dos est totalement dénudé laissant visible ce qui, d’où elles sont, semble être un tatouage. Elle est chaussée de bottes et est coiffée d’un chignon bas.
Inexplicablement, elle se met en garde.
Les demoiselles en comprennent la raison quand elles voient rentrer dans le bâtiment plus d'une vingtaine de personnes pales et au look gothique. Une fois qu'ils se trouvent face à Leonora, une créature de quatre mètres de haut apparaît en leur milieu. C'est un géant rouge, nu et bodybuildé aux yeux jaunes, avec une massue d'au moins deux mètres à la main.

Leonora :-" Je ne suis pas là pour vous. Si vous partez immédiatement je ne vous poursuivrais pas."

Le géant :-" Ton aura vient de faire fuir pratiquement toutes les créatures de la nuit que j'avais asservi pour s'occuper de mon territoire et tu voudrais que je perde les derniers qui me restent en fuyant devant toi. C'est hors de question."

À peine sa tirade terminée, il abat déjà son arme sur elle. Mais Leonora est déjà loin, fauchant les sbires avec facilité. Ils disparaissent dès qu'ils sont coupés en deux et ceux qui tentent de l’attaquer par derrière subissent le même sort sans pourtant être touchés.

Amarante, effarée murmure inconsciemment :-" Des vampires !"

Le géant tente de l'imiter par un mouvement circulaire de son arme. Il ne réussit qu'à désintégrer trois de ses créatures. Elle élimine les cinq derniers avant qu'il ne rétablisse son équilibre après s'être fait emporté par son élan.

Leonora :-" Vous n'avez plus personne à perdre puisqu'ils sont tous morts. C'est votre dernière chance de ne pas retourner en enfer."

Le géant :-" En garde."

Leonora :-" Soit, je suis prête."

Les deux combattants se saluent et commencent immédiatement après. Le géant semble changé, comme si la perte de ses esclaves lui ôtait un poids ou plutôt le libérait d'un carcan imposé par le rôle de terreur qu'il se devait d'avoir. Maintenant, c'est un vrai duel d'escrimeurs qui se déroule dans cet entrepôt désaffecté. Les coups pleuvent de part et d'autre. C’est un ballet où s’enchaîne les esquives, les feintes et les contacts aussi bien des deux armes entre elles que des pieds et des poings des adversaires. Mais plus le combat dure et plus le démon recule lorsque l'épée de Leonora le touche. Profitant d'une riposte moins puissante de son adversaire, cette dernière le désarme d'un fauchage. Pendant que la massue part se planter dans le mur, la demoiselle grâce à un saut périlleux d'anthologie le fend en deux dans le sens de la hauteur. Une grande gerbe de flamme jaillit de la plaie béante et consume instantanément le géant.

Elle ne marque aucune surprise et se contente de revenir tout de suite auprès de Béatrice et Amarante.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:26

Chapitre 13


Malgré, l'ahurissement dans lequel elles sont après un tel spectacle, les deux amies remarquent tout de même que les yeux de Léonora ont, à nouveau, changé de couleur. Ils sont blancs, maintenant.
Cette nouvelle étrangeté alimente leurs questionnements.
D'autant que lorsqu'elle monte sur le siège conducteur du véhicule, ils ont retrouvé leur couleur normale, bleus mauves. Elles n'ont pas le temps de verbaliser leur première question que la demoiselle se tourne vers elle.

Leonora :-" Désolée pour l'arrivée de ce démon, je n'ai pas pu l'éviter. Vous n'avez pas eu trop peur ?"

Béatrice :-" Pour toi, si !"

Amarante :-" Honnêtement, l'irréel de la situation ne m'a pas permis de prendre conscience du danger. J'avais plutôt l'impression de regarder un épisode de Buffy contre les vampires."

Léonora :-" Béatrice, je t'assure que je n'ai pas été en danger une seule seconde. Amarante, vous m'expliquerez plus tard ce que c'est, ce "Buffy contre les vampires". Je voudrais savoir, dans l'immédiat, si vos ravisseurs vous ont maltraitées. Si c'est le cas, je vous conduis tout de suite à l'hôpital. Je suis, d'ailleurs, désolée de ne pas l'avoir demandé dès mon arrivée mais je savais la confrontation imminente et je la voulais dans un lieu où je pouvais tout contrôler."

Amarante, devant le mutisme de son amie perdue dans la contemplation de la châtain par l'intermédiaire du rétroviseur, lui répond que leur seul traumatisme a été de la voir elle et Pierre morts.

Leonora :-" Je m'excuse, le tireur m'a prise par surprise. J'étais perdue dans mes pensées, obnubilée par ce que j'allais devoir dire."

Un instant de silence se fait dans le véhicule.

Amarante :-" Léonora, pouvez-vous nous donner des explications ?"

Leonora :-" Bien sûr, quand vos kidnappeurs ont volé mon crucifix, cela a révélé mon aura sur le plan spectral. Or, il est comme le gyrophare d'un véhicule de la police avec la puissance d'un phare maritime. Alors, quand je suis venue vous libérer, j'ai à la fois fait fuir les plus couardes des créatures du mal de la ville et attiré leur chef, ici."

Béatrice :-" Léonora, nous voulons surtout savoir pourquoi nous avons la chance de vous avoir auprès de nous alors que vous étiez morte il y a une heure."

Léonora, comme une évidence :-" Parce que rien ne peut mettre fin à mon existence ici bas. "

Elle fait alors face à la brune et plante ses yeux dans les siens.

Leonora :-" Béatrice, vous comprenez, j'espère, que ses deux tares m'obligent à vivre seule. Je ne comptais pas vous en parler mais les évènements en ont décidé autrement. Mais au moins cela permet que vous ayez la vérité."

Sans laisser la concernée réagir, agissant comme si le tour du sujet avait été fait, elle enchaîne sur un autre sujet en démarrant la fourgonnette.

Leonora :-" Je n'ai pas l'habitude de ce genre de démon se nourrissant des âmes perdues par la dépendance aux drogues. Mais s'ils sont comme ceux que je côtoie sur les champs de bataille, il a dû faire suffisamment de dégâts, avec sa horde de vampires, pour que les forces de l'ordre débarquent ici très vite."

Elle arrête le véhicule juste à côté du petit campement.

Léonora, se retourne vers les demoiselles :-" Je pense que nous devrions utiliser leur venue pour que vos kidnappeurs soient arrêtés. Pour ça, il faut que je vous attache sur vos fauteuils et que je les replace à leur poste. La police doit croire à un flagrant délit pour que vous ayez la paix."

Hagardes devant toutes ces révélations, elles se contentent de suivre le mouvement en allant s'asseoir à leur place et en indiquant où se positionnaient leur ravisseurs. Une fois que tout est en place, que plus aucune trace du combat n'est visible, l'immortelle va récupérer un rubis à l'emplacement de la combustion de son dernier adversaire. C'est en le rangeant dans sa bourse qu'elle a une idée. Elle sort alors trois cristaux bleus, identique à ceux constituant sa croix, psalmodie une incantation et fait avaler ces billes aux trois malfrats.
Cela réveille quelque peu les deux demoiselles.

Béatrice :-' Que faites-vous Léonora ? C'est risqué si cela va dans les poumons."

Léonora, se retournant vers elle :-" C'est toujours moins dangereux qu'une balle en pleine tête. Surtout que nous sommes en France, n'importe quel chirurgien pourra le leur enlever."

Amarante :-" Mais pourquoi faites-vous cela ?"

Léonora :-" C'est une bille d'anatase avec un sort pour obliger la personne en sa possession à dire la vérité."

Amarante :-" Ainsi la police aura facilement le nom du commanditaire."

Léonora :-" C'est l'idée."

Béatrice :-" Et vous, Léonora, vous partez tout de suite ?"

Léonora :-" Oh non, je les réveille et je reste en soutien. Ils sont dangereux, il est impossible que je laisse quoique ce soit vous arriver à nouveau."

Béatrice et Amarante, ensemble :-" Merci."

C'est à ce moment-là que l'appareil, signalant la venue vers l'usine de quelqu'un, sonne.

Léonora :-" Je vais voir qui c'est."

Seulement cinq secondes après son départ, elle revient.

Léonora :-" C'est bien la cavalerie. Je suis désolée mais je dois vous attacher."

Béatrice:-" Cela ne durera pas."

Léonora, la regardant droit dans les yeux :-" Non et je resterai près de vous tant que vous ne serez pas libre."

Elle va ensuite réveiller les trois hommes et d'un saut, elle se retrouve sur l'une des poutrelles tenant le toit.
Quatre agents de police entrent au moment où les kidnappeurs reprennent pleinement conscience.

Policier 1 :-" Que se passe-t-il, ici ?"

Amarante :-" Nous avons été enlevées par ces trois hommes, n'est ce pas A."

A :-" J'ai bien peur que cette charmante demoiselle est raison monsieur l'agent."

Tout se passe alors au mieux. Les demoiselles sont libérées, les ravisseurs arrêtés. Mais quand Béatrice regarde dans la charpente, il n'y a aucun signe de Léonora.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:27

Chapitre 14


Amarante et Béatrice sortent du commissariat aux alentours de minuit accompagnées de leurs parents. Elles ont voulu faire leurs dépositions immédiatement pour ne pas avoir à revenir. Jamais l’inspecteur en charge du dossier n’a eu, selon ses dires, une enquête si vite bouclée. Les trois ravisseurs sont passés immédiatement aux aveux avec suffisamment de détails pour qu’une rétractation ne soit pas crédible. Leur chef a, en plus, fourni l’enregistrement vidéo de l’entretien où le commanditaire, arrêté pendant l’assemblé générale, l’engageait lui et ses hommes pour ce kidnapping, en vue de forcer le père de la rousse à lui céder sa société.

Amarante :-« Béatrice, rassure moi, tu ne retournes pas chez toi ? »

Père de Béatrice :-« Non, Amarante, elle vient dormir chez nous. »

Mère de Béatrice :-« Aussi longtemps qu’elle le désirera. »

Béatrice :-« Merci. »

Mère d’Amarante :-« La providence à vraiment été à vos côtés ce soir. Ces malandrins qui amènent la police au lieu où vous êtes retenues par ces kidnappeurs, c’est inespéré. »

Le père d’Amarante :-« Très chère, c’est indéniable mais elle a été particulièrement ingrate avec ce pauvre Pierre. »

Béatrice :-« Il avait de le famille ? »

Le père d’Amarante :-« Une femme et un garçon de onze ans. »

Béatrice, blanche :-« Dieu, quel horreur ! »

Le père d’Amarante :-« Nous allons les soutenir du mieux que nous pourrons mais ils vont tout de même vivre des moments très difficiles. »

La mère d'Amarante :-" Je suis désolée mais nous allons devoir rentrer. Je vois qu'Amarante est très pâle."

La mère de Béatrice :-"Nous comprenons bien. Bonne nuit."

Amarante :-" Béatrice, je viens au bureau demain."

Béatrice :-" À demain alors, repose toi et fais même la grasse matinée si tu en as besoin."


Le lendemain matin au bureau de Béatrice, Amarante arrive avec sa tête des mauvais jours et un homme de plus de deux mètres pour au moins cent vingt kilos à ses côtés. Elle retrouve la propriétaire des lieux dans le même état qu'elle.

Amarante :-" Béatrice, je te présente monsieur Khatchatourian mon garde du corps personnel."

Béatrice se lève, fait le tour de son bureau et vient serrer la main du géant après avoir embrassé sa meilleure amie.

Béatrice :-« Bonjour monsieur, vous désirez vous installer où pendant que mademoiselle Cahuet travaille ? »

Khatchatourian :-« La fenêtre de votre bureau donne sur une cours fermée, de ce fait, le seul accès à sécuriser est l’entrée. Je vais donc m’installer dans votre salle d’attente. »

Béatrice :-« Si vous avez besoin de quoique ce soit, n’hésitez pas à demander. »

Khatchatourian :-« Merci. »

L’homme sort ensuite et la brune se retourne vers son amie.

Béatrice:-" Toi qui a toujours voulu être libre comme l’air avec un garde du corps personnel !"

Amarante:-" Oui, c'est un ordre de père non négociable. Je ne peux même plus conduire ma voiture."

Béatrice, compatissante :-" Pour toujours ?"

Amarante :-" Pour longtemps. »

Béatrice :-« Remarque c’est compréhensible. »

Amarante :-« Je sais bien. D’ailleurs, il souhaiterait s’entretenir avec toi en fin de semaine. »

Béatrice :-« Mais pourquoi ? »

Amarante :-« Je pense qu’il souhaite te parler de tes locaux et de ton logement. »

Béatrice :-« Pourquoi. »

Amarante :-« D’après ce que j’ai entendu de sa conversation avec mère, il voudrait que tu sois dans des lieux plus sécurisés pour éviter ce qui s’est passé hier. »

Béatrice :-« J’aime aussi mon indépendance mais c’est vrai que les trois kidnappeurs sont entrés chez moi comme dans un moulin. »

Amarante :-« Je ne pense pas qu’il est bon de te précipiter. Laisse le stress dû à la terrible expérience d’hier se calmer avant de te décider. »

Béatrice :-« Tu as raison. As-tu annoncé à Jean ce qui nous est arrivé et la présence du géant lors de vos prochains dîners romantiques ? »

Amarante :-« Je le ferais ce soir. Là il est en pleine compétition, je ne veux pas le déconcentrer maintenant que tout est arrangé. »

Béatrice :-« J’avais oublié qu’il est à Lyon pour le championnat du monde de saut d’obstacle. »

Amarante:-" Oui, c’est ça. »

Béatrice :-« C’est pour ça que tu fais la tête. »

Amarante :-« Non, c’est parce que j’ai repensé au comportement de Léonora hier soir. Je trouve qu'elle a agi comme un macho en décidant toute seule ce qui était le mieux pour toi."

Béatrice :-" Ah bon ! Moi j'ai pensé qu'elle avait peur pour moi et cela m'a touchée. »

Amarante, souriante :-« Tu es une incurable romantique. Pourquoi alors faisais-tu grise mine lorsque je suis arrivée dans ton bureau ? »

Béatrice :-« Je m'en veux d’avoir été apathique avec elle. Je n'ai même pas été capable de discuter pour essayer de la faire changer d'avis. En plus, j'avais plein de questions à lui poser."

Amarante :-" Béatrice, comment voulais-tu être alerte et prête pour une joute verbale après tout ce que tu avais subi ? Il n’y a que les héros du cinéma qui ont cette faculté. Nous, pauvre mortelle, sommes déboussolés dans de tel circonstance."

Béatrice :-" Tu as peut-être raison."

Amarante :-" Ce serait bien la première fois que ce n'est pas le cas."

Après une seconde d'arrêt.

Amarante, avec un grand sourire :-" Pourquoi voulais-tu la faire changer d'avis?"

Béatrice rougit jusqu'aux oreilles en s'apercevant de ce qu'elle vient de sous-entendre.

Amarante :-"Devrais-je conclure du joli ton carmin de ton visage que tu as des sentiments pour la belle aux yeux bleus mauves ?"

La brune est encore plus mal à l'aise.

Amarante :-" Tu l'as compris en la voyant étendue sur le sol de ton entrée ?"

Elle acquiesce de la tête.

Amarante :-" Tu sais, tu peux tout à fait aller la voir ce soir pour lui parler. »

Il faut toute la journée pour que la brune se décide à y aller. La rousse a fait un véritable travail de persuasion, restant même l’après-midi pour ça. Une fois qu’elle est arrivée à ses fins, elle l’accompagne chez elle pour l’aider à trouver une tenue qui la mette en valeur. La brune en profite pour prendre des affaires pour la période qu'elle va passer chez ses parents. La présence de monsieur Khatchatourian lorsqu’elles entrent dans l’appartement est d’un solide réconfort. Après une heure d’essayage, elles tombent enfin d’accord sur une robe mauve.
Après avoir dû promettre vingt fois à Amarante de la tenir au courant, Béatrice prend sa voiture pour Paris. Le trajet lui permet de répéter ce qu'elle veut dire à Léonora.
Elle trouve sans encombre l'immeuble et même une place pour se garer.
En descendant de son véhicule, elle lève la tête pour voir s'il y a de la lumière chez celle qu'elle veut voir. Elle découvre, alors, avec désespoir, que tous les volets de l'étage où elle se rend sont clos. Dans une dernière tentative contre l'inévitable, elle décide d'interroger la concierge. Elle a repéré que la loge était habitée la seule fois où elle est venue. Elle toque donc à sa porte.

La concierge :-" Que puis-je pour vous madame ?"

Béatrice :-" Je cherche mademoiselle Aligheri."

La concierge :-" Elle a déménagé en début d'après-midi."

C'est exactement ce qu'elle redoutait.

La voyant aussi triste, la femme se sent obligée de la réconforter.


La concierge :-" Vous savez mademoiselle, elle n'est sûrement pas partie de gaîté de cœur. Elle avait le visage aussi triste que le vôtre pendant qu'elle surveillait la descente de ses coffres en métal. Elle restait là comme une âme en peine, serrant contre elle son vase avec ses orchidées rouges."
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:27

Chapitre 15


Béatrice sort de cet entretien perdue et attristée. Elle avait mis tous ses espoirs dans cette confrontation. La marche et l’obligation de retenir ses larmes pour ne pas s’effondrer l’obligent à réfléchir.
C’est ainsi qu’elle prend conscience qu’elle est, à nouveau, mis devant le fait accompli, sans avoir pu donner tous les arguments qu’elle avait préparés en venant ici. Cette frustration transforme son abattement en colère noire.
Une fois enfermée dans sa voiture, elle ne la contient plus et hurle tous les jurons qu'elle connaît jusqu'à plus soif.
Calmée, mais fatiguée, son esprit divague dans le silence de l’habitacle.
C’est là qu’elle repense à Mathieu et Bruno, les deux garçons pour qui elle a eu un coup de cœur au collège et au lycée. Timide et persuadée d’être insipide, elle n’a jamais osé leur en parler. Et depuis, à chaque rupture ou lors de déprime, comme maintenant, elle se demande toujours si elle n’aurait pas pu sortir avec eux.

Pour elle, c’est l’électrochoc. Elle ne veut pas que Léonora soit un regret de plus, surtout qu’elle n’a jamais été aussi amoureuse de quelqu’un.

Elle branche son téléphone portable sur son kit main libre, met le contact de sa voiture et allume son GPS. Elle entre l’adresse de sa destination, 37 quai Wilson, Genève. Il y a six heures de trajet prévu. Elle arrivera dans la nuit et dormira dans sa voiture. Ainsi elle est sûre de pouvoir lui parler avant qu’elle ne s’envole pour une destination lointaine avec la croix rouge ou une autre ONG.

Une fois insérée dans la circulation, elle se souvient avoir promis d’appeler son amie.

Béatrice :-" Elle a déménagé cet après-midi."

Amarante :-" Coprolithe !"

Béatrice :-« Je ne vais pas la laisser décider toute seule de notre avenir à toutes les deux. Je vais en Suisse. »

Après deux secondes de silence des deux demoiselles, la rousse reprend la parole.

Amarante :-" Alors comme ça, c’est fini le charme du preux chevalier protégeant sa belle damoiselle. »

Béatrice :-« Oui, depuis que le chevalier a plié bagage sans laisser une chance à la damoiselle d’exposer ses contre-arguments. »

Amarante :-« Tu vas à Genève parce que c'est le seule lieu dont elle t'a parlée ?"

Béatrice :-" Oui et aussi parce que sa passion pour ses trésors l'oblige à les ramener dans un endroit qu'elle sait être sûr avant de repartir en mission humanitaire. Et où seront-ils mieux gardés qu'au dernier étage d'un musée ?"

Amarante :-« C'est bien pensé. Tu y vas pourquoi, exactement ? »

Béatrice :-« Pour la faire changer d’avis sur nous deux. »

Amarante :-" C'est une très bonne idée ça. J'espère de tout cœur que tu vas y arriver. Mais avec tout ce que tu viens de vivre en vingt-quatre heure, y aller en voiture me semble extrêmement dangereux. Pour tes parents et moi, je voudrais que tu te dirige vers l'aéroport Charles de Gaulle. J'ai une place pour toi sur l'avion d'Air France de 20h45 et pour un vol retour demain à midi. Mais là le billet est modifiable, au cas où tu veuilles rester plus longtemps. A ton arrivée, une voiture avec un GPS t’attend ainsi qu’une chambre à l’hôtel Royal."

Béatrice :-« Wahoooo mais comment as-tu organisé tout ça, je viens juste de te dire que je pars en Suisse? Tu savais qu’elle était partie ? »

Amarante :-« Non, mais cette éventualité était des plus probables. Alors pendant que toi tu conduisais pour aller chez elle, moi je pianotais sur mon ordinateur pour connaître les places disponibles pour aller à Genève et dans les hôtels proches de chez elle. Maintenant, je n’ai plus qu’à confirmer mes réservations. En plus, d’après le calculateur d’itinéraire que j’ai devant les yeux, tu arriveras chez elle, juste au moment où les déménageurs auront fini. Tu acceptes ? »

Béatrice, affolée :-« Mais cela coûte une fortune tout ça ! Je ne peux pas me le permettre. »

Amarante :-« Il n’est pas question que tu me rembourses c’est mon cadeau de Noël. »

Béatrice est à la fois soulagée mais aussi très mal à l’aise.

Béatrice :-« Merci. »

Amarante :-« C’est normal. Je te laisse appeler tes parents. Moi je finalise toutes mes commandes et t'envoie sur ton E-mail tous les justificatifs. »

Béatrice :-« À tout à l'heure."

Ses parents sont très compréhensifs surtout quand elle leur dit y aller en avion. Elle attend pour rappeler Amarante que son téléphone lui signale l'arrivée de nouveaux courriers électroniques.

Béatrice :-« Je suis vraiment touchée par tout ce que tu fais pour moi. Tu es vraiment une grande amie. Mais comment connais-tu l'adresse de Léonora pour réserver un hôtel à côté de chez elle ? »

Amarante :-« Comme toi, j’ai cherché sur le net une Léonora Aligheri à Genève. Il n’y en a qu’une. »

Béatrice, enthousiaste :-« Tu as vu, elle habite au dernier étage de son musée privé. D’après ce que j’ai lu c’est celui possédant le plus grand nombre de chefs-d’œuvres au monde pour la période allant de la renaissance italienne aux impressionnistes. »

Amarante :-« Oui et tu as vu toutes ses œuvres sont en photo sur son site. Elles sont superbes. En plus, ainsi exposées, d’éventuels voleurs auront de grandes difficultés pour la revente. Par contre, il y a nulle trace des trésors qu’elle est en train de ramener chez elle. Je suis pourtant certaine que ce sont des pièces majeures dans l'Histoire de l'art. Nous avons vraiment eu beaucoup de chance de pouvoir les voir. »

Béatrice :-« C’est vrai qu’elles sont magnifiques. Mais si tu pouvais être plus explicite, cela m’arrangerait. Je n’ai aucune connaissance en matière d’art pictural. »

Amarante :-« Oh non, je laisse à Léonora le plaisir de t’en parler. Pour revenir à ce voyage, tu peux parfaitement utiliser la valise que je t'ai conseillée tout à l'heure, comme bagage en cabine. Elle a la bonne dimension. Ainsi tu n’auras pas à attendre en arrivant. »

Béatrice :-" Tu avais prévu que je prenne l'avion ?"

Amarante :-" Oh non, c'est juste que je viens de me souvenir du modèle que tu as emporté. D'ailleurs en arrivant en Suisse, déconnecte l'Internet automatique sur ton portable sinon tu vas avoir une facture de téléphone astronomique."

Béatrice :-" Merci pour tout Amarante. Là, j'arrive à l'aéroport, cela va couper quand je vais rentrer dans le parking. Je t'envoie un SMS quand je suis dans l'avion et devant chez Léonora."

Amarante:-" Bon voyage et bonne chance Béatrice."

Le voyage se passe au mieux. Pour éviter toute déconvenue à l'enregistrement, elle a pris le temps de se renseigner sur les produits interdits en cabine. Elle a, ensuite, enlevé tous les liquides de sa valise. À Genève le GPS de sa voiture de location la dirige sans soucis à bon port. Là elle trouve une place juste en face d'un camion de déménagement spécialisé dans les objets d'art.
Elle comprend qu'elle ne risque pas de réveiller celle qu'elle veut voir. Après avoir envoyé un message à ses parents et à Amarante pour les prévenir qu'elle est bien arrivée, elle prend le temps de se refaire une beauté. Elle est prête et sort de sa voiture au moment où le transporteur part.

Elle se retrouve alors face à Leonora.
Elles en sont toutes les deux surprises.
C'est la brune qui réagit la première et vient lui faire la bise pour la saluer. Elle s'étonne elle-même de l'audace de son geste. Mais cela fait un mois qu'elle pense à elle. Elle ne pouvait pas laisser passer la chance de la prendre dans ses bras, de déposer ses lèvres sur sa joue et de s'enivrer de son parfum. Maintenant, quoiqu'il arrive, elle a des souvenirs physiques de celle qui fait battre son cœur. Galvanisée par cette petite victoire, elle décide de lui servir, dès maintenant, le discours qu'elle a prévu à son intention. Bien sûr le lieu n'a pas le romantisme qu'elle aurait voulu mais elle ne veut pas risquer que son courage s'évanouisse en le reportant.

Béatrice :-" Hier quand vous avez doctement assuré que la logique voulait qu'une relation entre nous soit impossible, je n'ai pas réagi. Vous avez interprété cela comme une approbation mais c'est tout le contraire. Je suis face à vous pour plaider ma cause. Je sais que nos mondes sont différents et que nous n'avons discuté ensemble que quelques heures. Mais nos deux rencontres prouvent qu'il n'en faut pas plus pour qu'une vie soit changée puisque vous m'avez sauvée à chacune d'entre elles d'un destin funeste. J'ai alors compris qu'il ne faut pas laisser passer l'occasion d'être heureuse sous peine de ne jamais le connaître."

Béatrice arrête alors et regarde son interlocutrice toujours muette.

Béatrice :-" Léonora comme vous le voyez, j'avais prévu une argumentation logique et détaillée pour vous expliquer pourquoi vivre ensemble est une bonne idée. Mais une fois devant vous, je la trouve parfaitement déplacée, je me fais l'impression d'un marchand de tapis. Je vais donc improviser.
La première fois où vos yeux plongèrent dans les miens, leur beauté a agi comme l'eau versée par le saint graal, ils donnèrent vie à mon cœur depuis toujours endormie. Votre beauté parfaite acheva le processus en le rendant permanent et exclusif. Par la suite, votre humour et votre conversation subjuguèrent mon esprit au point de me déposséder de ma raison. Dès lors plus rien n'existe, si ce n'est vous. Votre évocation est l'unique moteur qui réussit à me faire avancer depuis que je vous ai rencontrée. J'en use et en abuse pour ne pas affoler mes proches et continuer à donner l'image d'une jeune femme épanouie. La réalité est tout autre, en moi ce n'est qu'un abîme de tristesse engendré par votre absence. Je n'aspire qu'à être avec vous, même s'il a fallu que je vous vois morte pour l'admettre enfin.
Depuis hier, je peux dire que je connais, toutes les difficultés d'un tel projet et je suis prête à les affronter. Pour moi, il n'y a qu'une seule raison pouvant l'empêcher c'est la non réciprocité de mes sentiments.
Léonora m'aimez-vous ?"
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:28

Chapitre 16


Léonora :-« Béatrice, j’ai bien peur que la réciproque soit vraie. Depuis que je vous ai rencontrée, je n’ai plus goût à rien. Plus aucune peinture n’arrive à m’émouvoir, même celles de mes amis me sont indifférentes. Si j’avais besoin de manger pour exister, je ne serais pas en face de vous. Je suis incapable d’avaler quoi que ce soit, tout est fade. Ma seule vraie activité positive de ce mois a été de penser à vous. Je m’en suis d’ailleurs donné à cœur joie, évoquant, jour et nuit, votre merveilleux visage, votre sourire ravageur ou votre humour si plaisant pour ne pas sombrer.
Je suis complètement affolée de l’intensité hallucinante de ce que je ressens pour vous.
J’ai essayé de me rassurer en tentant de me remémorer les sentiments que j’avais pour mes deux filles. Mais, à chaque fois, la comparaison concluait à l’effroyable disproportion en votre faveur.
Bien sûr, je sais que le temps érode les souvenirs. Mais il n'empêche, je vis toujours avec la douleur de leur perte. Alors, je suis sure que la vôtre, après avoir connu l’indicible bonheur d’être à vos côtés, serait astronomiquement plus terrible. Je n'aurais, en plus, même pas l’espoir de trouver le repos dans la mort. C’est pour cela que je vous ai fuie. »

Béatrice :-« Je suis confuse, je ne savais pas que vous étiez en deuil de vos enfants. Sachez que j’attendrai et que vous pouvez compter sur mon soutien. N’hésitez pas à vous confier, cela aide. »

Léonora, les yeux billants :-« Oh non ! Je vous conjure de ne pas attendre que j’aille mieux, vous gâcheriez votre vie. »

Béatrice :-« Pourquoi dîtes-vous cela ? »

Léonora :-« J'ai perdu mes filles il y a plus de 570 ans. »

Il faut quelques secondes à la brune pour digérer cette information et réagir.

Béatrice :-« Donc vous culpabilisez et n'avez jamais demandé d'aide à personne. Pourquoi ? »

Léonora :-« Comment avez-vous découvert cela ?"

Béatrice :-« C’est la seule raison qui peut expliquer que vous souffriez encore, après tant de temps. Mais vous ne m'avez pas répondu. »

L’immortelle affiche, après cette dernière réplique, un visage choqué.

Léonora :-« Il est naturel qu'une mère souffre de la mort de ses enfants ! »

Béatrice :-« Le manque est normal et cela sera toujours ainsi. Par contre l'obnubilation responsable de votre douleur, non. En parler, vous confier, vous aiderait grandement à y remédier."

Léonora semble troublée et un peu perdue. Mais, comme à son habitude, cela ne dure pas.

Léonora :-« Béatrice, vous êtes venue de Paris en conduisant ? »

Béatrice, un peu surprise du changement de sujet :-« Non, Amarante m’a offert le voyage en avion. Je n’ai conduit que depuis l’aéroport. »

Léonora :-« Je suis sûre que vous n’avez rien mangé. Je viens d'arriver, mes placards sont donc vides. Accepteriez-vous de m’accompagner au restaurant ? »

La brune comprend que le sujet est clos. Elle ne l’entend pas ainsi et compte bien en reparler plus tard. Pour l’heure, sa priorité est d’être en couple avec l’élue de son cœur. Ne pouvant être sur tous les fronts, elle se focalise sur cet objectif. Elle accepte, donc, l’invitation, bien décidée à utiliser le temps du dîner pour la convaincre.

Léonora :-« Vous sentez-vous la force de marcher un peu le long du lac, le restaurant est à moins de dix minutes à pied. »

Béatrice, avec un petit sourire en coin :-« C’est avec plaisir que j’accepte notre première promenade romantique. »

Léonora, après avoir semblé étonnée, s'excuse et abandonne la brune sans attendre. Elle revient à peine dix secondes plus tard, vêtue d'une longue robe noire et vaporeuse, légèrement maquillée et chaussée de hauts talons, une pochette à la main. Béatrice, qui n'a eu que le temps de s'inquiéter de sa soudaine disparition, est littéralement subjuguée par sa beauté merveilleusement mise en valeur par sa nouvelle tenue. Elle en reste muette d'admiration.

Léonora, avec un sourire de contentement :-"Je ne pouvais décemment pas vous accompagner habillée des défroques dont je me pare lors de mes déménagements alors que vous resplendissez dans vos superbes atours."

Béatrice, rougissante :-"Merci. Je vous retourne le compliment. Votre robe vous va à ravir."

Léonora, piquant un fard :-" Merci."

Béatrice :-" Je vais chercher mon sac à main et je suis toute à vous."

Elle s'éclipse alors. En revenant, elle retrouve Léonora, figée, un sourire aux lèvres. D'abord interloquée, elle se demande ensuite, ce qui lui arrive. En se souvenant de sa dernière phrase, elle espère en être la cause mais se refuse à l'évoquer pour ne pas brusquer sa belle. Voulant tout de même en avoir le cœur net, elle tente un nouveau sous-entendu.

Béatrice, avec son plus beau sourire :-" Léonora, je suis prête à vous suivre au bout du monde."

Leonora, simulant la désapprobation :-" Jeune fille, ne seriez-vous pas en train d'essayer de me déstabiliser, en usant de vos charmes et de phrases à double sens ?"

Béatrice capture son regard avec le sien, puis s'approche sensuellement et profite de leur différence de taille pour venir murmurer à son oreille.

Béatrice :-" Si je vous ai mise mal à l'aise, j'en suis fort chagrinée. Surtout que vous êtes la première personne qui me dise que j'ai du charme et la seule qui comptera à jamais."

Elle s'arrête alors et hume l'air.

Béatrice :-" j'adore votre parfum à la rose. Il vous va à ravir. Il est sensible, envoûtant et enivrant tout comme vous."

Léonora, rougissante :-" Merci, c'est effectivement de l'eau de rose venue de Florence. Si nous y allions, il commence à se faire tard, j'ai peur qu'on ne nous serve plus."

Béatrice se redresse et lui prend le bras.

Béatrice :-" Alors, je vous laisse me guider. J'ai toute confiance en vous."

Leonora, avec un petit sourire en coin :-" Sur cinq cent mètres, vous ne prenez pas un très gros risque."

Béatrice, toujours aussi joueuse :-" Voulez-vous que je me bande les yeux et m'attache les mains pour vous prouver mes dires ? "

Leonora la regarde intensément quelques secondes puis commence à lui parler de la construction de son musée en lui faisant traverser la rue pour aller le long du lac. Elles marchent toutes les deux en se tenant par le bras. Elle lui raconte comment elle a eu le coup de cœur pour ce bâtiment qui aurait dû être un grand hôtel et tous les aménagements qu'elle imposa à l'architecte pour qu’il soit un écrin parfait pour ses toiles. Béatrice l'écoute et lui pose quelques questions. Elle est ravie de ces confidences. Elle lui laisse aussi ce moment de calme, bien décidé à recommencer son travail de séduction et de persuasion une fois au restaurant.

Arrivées à destination, elles sont accueillies par le maître d'hôtel.

Le maître d'hôtel :-" Mademoiselle Aligheri, je suis ravi de vous voir ce soir. "

Léonora :-" Bonsoir Pierre, je sais que je viens à l'improviste mais auriez-vous une table pour deux ? Mon amie vient de Paris pour me voir et je voudrais lui faire découvrir le meilleur restaurant de Genève. "

Le maître d'hôtel :-" C'est une évidence, nous n'allons pas décevoir votre amie française. Jean va vous y conduire."

Elles suivent alors un homme d'une trentaine d'années qui interroge Leonora sur la toile de Modigliani.

Leonora :-" J'ai eu un moment l'intention de l'acquérir mais l'envie m'avait abandonnée au moment des enchères. Bien m'en a pris. Je n'aurais pas surenchéri sur les 170 millions de dollars de ce chinois et je n'aime pas perdre. L'œuvre est superbe mais pas à ce point."

Une fois à leur table, Jean les installe, leur donne la carte, sans prix pour Béatrice et s'éclipse discrètement.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:29

Chapitre 17


En rentrant dans le restaurant, situé à l’intérieur d’un grand palace, au bras de l’élue de son cœur, Béatrice avait eu l’impression de se retrouver dans l’un des rêves qu’elle faisait adolescente. Bien sûr, à cette époque, elle imaginait que ce serait un prince charmant qui l’enlèverait sur son beau cheval blanc pour l’emmener dans son fabuleux château. Elle se dit, en suivant le serveur, qu’elle ne changerait sa place pour rien au monde. En s’asseyant, elle rit intérieurement, réalisant qu'elle renverrait, même, manu-militari le jeune homme s'il osait se manifester.

Une fois son menu compulsé, ses plats choisis, elle lève les yeux pour admirer celle qui l’accompagne.
Elle la découvre alors, pour la première fois sous un vrai éclairage et en est stupéfaite. Dès le premier regard, elle l’avait trouvée magnifique, mais pas dans ces proportions. Là, elle a l’impression d’être face à une déesse, à l'incarnation de la perfection des traits et de la beauté féminine. Elle en est hypnotisée.
Léonora en la voyant immobile, le regard fixé sur elle, se fourvoie dans son interprétation.

Léonora :-« Béatrice, il va s’en dire que vous êtes mon invitée. Je trouve, moi aussi, que les prix ici sont fort dispendieux mais on y mange vraiment très bien. N’ayant jamais été déçue, je ne voyais pas d’autre endroit où vous emmener. »

Béatrice sort alors de sa contemplation.

Béatrice :-« Oh, Léonora, je vous remercie de cette touchante attention mais ma réaction ne vient pas des tarifs pratiqués ici, ma carte ne les indique pas. »

Léonora :-« Pierre a été un galant homme. Mais alors, que vous arrive-t-il ? »

Béatrice :-« Je viens de vous découvrir pour la première fois avec une lumière digne de ce nom. Le choc de votre incommensurable beauté est immense. Je suis heureuse de vous avoir déclaré ma flamme avant. Maintenant, je n’oserais plus, vous semblez encore plus inaccessible. »

Léonora rougit jusqu’aux oreilles.

Léonora :-« Béatrice vous me gênez. En plus, vous savez très bien que vous n’avez rien à m’envier sur la beauté. Alors, même si je ne peux vivre avec vous, je vous interdis de vous déprécier. »

Là, c’est autour de la brune de piquer un fard. Mais elle se reprend très vite.

Béatrice, presque en larmes :-« Mais comment faire autrement, je ne suis pas assez bien pour vous faire dépasser vos peurs."

Léonora, totalement désolée :-« Vous êtes merveilleuse Béatrice. Simplement ma très longue vie de malheur me rend craintive. J'ai eu de très nombreuses fois la preuve que la souffrance est la norme et ne pouvait que s'aggraver."

Elles s'admirent l'une l'autre pendant un instant.

Léonora :-"En plus, quel avenir aurait notre relation ? Nous sommes de mondes différents. D'ailleurs, je ne comprends pas comment vous pouvez avoir des sentiments pour moi après m'avoir vu massacrer ces vampires et ce démon? A moins qu'ils ne soient dûs au fait que je vous ai sauvée."

Béatrice, avec un sourire en coin :-" De toute façon que ce soit pour vos merveilleux yeux, votre beauté, votre humour ou pour m'avoir sauvée, le résultat est le même. Je vous aime."

Là encore elles se dévorent des yeux avant que la brune reprenne.

Béatrice :-" Léonora, il est certain que nous sommes différentes mais nous nous aimons et c'est ça qui compte. Je suis sûre que vous n'avez pas été bien, tout comme moi, depuis que vous m'avez laissée à l'hôpital. Ne croyez-vous pas que le voyage ensemble même s'il est risqué, même s'il ne dure pas, est préférable à la tristesse et au regret ?"

Le serveur les interrompt en venant prendre leur commande.

Léonora :-" Je suis perdue Béatrice. Tout ceci est nouveau pour moi. Je ne sais comment réagir."

Un regard au visage triste de la brune lui fait prendre une décision, presque inconsciemment.

Léonora :-" Je pars demain, aux aurores, pour une nouvelle mission humanitaire. Je vais en profiter pour réfléchir, très sérieusement, à la possibilité de vivre avec vous. Je vous propose de vous donner mes conclusions au cours d'un dîner dans mon appartement parisien le samedi 26 décembre."

Béatrice est terriblement déçue de cette annonce. Elle espérait que sa belle accepterait, dès ce soir, de vivre avec elle. Elle est aussi désespérée à l'idée de ne pas la voir pendant deux mois. Cela la touche tellement qu'elle envisage même de l'accompagner. Elle y renonce pour ses employés et surtout pour laisser un vrai temps de réflexion à son amour. Pour profiter de ces derniers moments avec elle avant son départ, elle décide de prendre sur elle et de voir le bon côté des choses, Leonora n'a pas définitivement refuser d'écouter son cœur."

Béatrice :-" J'attends ce dîner avec impatience. »



Évidemment, la nuit du 25 au 26 décembre, celle où elle désirait absolument dormir comme un bébé, celle qu'elle voulait la plus réparatrice et reposante possible, est celle où elle n'a fait que tourner et virer dans son lit à ressasser ses inquiétudes et imaginer les pires scénarii. Les deux petites heures où elle a fermé les yeux, au petit matin, ne lui évitent pas d'être épuisée à son réveil.
Elle rage, en se levant, de s'être inutilement coucher la veille à 21 heures. Il n'a servi à rien qu'elle rate la retransmission de de la Bayadère. Elle ne sera pas au mieux de sa forme pour le dîner de ce soir qu'elle considère comme le tournant de sa vie. Et ce n’est pas les cernes qu’elle découvre sous ses yeux en se regardant dans le miroir de la salle de bain qui améliorent son moral.

Heureusement, elle passe l'après-midi, avec Amarante, dans un centre de beauté. Elle en sort reposée et détendue mais aussi manucurée, coiffée et maquillée.
Elle s’est directement habillée de sa robe longue noire prévue pour la soirée, complétée des bijoux offerts par sa sauveuse, d’une pochette et de son manteau.
Elle a acheté sa tenue, le week-end précédent lorsque son amie l’a embarquée dans un centre commercial regroupant de nombreux magasins d’usine de prêt-à-porter de luxe. Elle a craqué pour le tombé de la jupe, la coupe asymétrique avec son unique bretelle et surtout l’effet gainant du body fait d’un tissu très élastique. Elle a adoré l’impression que le vêtement contienne toutes les imperfections qu’elle a toujours trouvées à son corps, tout en la moulant et en lui donnant une allure parfaite.

Elle ne s’en est pas aperçue, mais le vêtement n’est pas responsable de sa silhouette élancée, de ses abdominaux sculptés, de ses jambes musclées ou de sa poitrine se tenant, fièrement, toute seule. C’est plutôt tout son temps libre qu’elle a passé à danser, courir ou pédaler pour éviter de pleurer en pensant à Léonora. Elle est tellement certaine que le délai ne lui a été proposé que pour la ménager. Elle a aussi arrêté le Nutella, les bonbons et les pizzas pour perdre un peu pour cette soirée.

Une fois sortie de l’institut, elle salue son amie et va chercher le bouquet de trente-six roses rouges qu’elle a commandé. Ne sachant pas si son hôte à un vase, elle en a pris un avec réserve d’eau intégrée.

Avant de monter dans sa voiture, elle ôte son manteau. Elle est toujours stressée avant d'affronter la circulation de la capitale. Une fois confortablement installée elle part pour Paris. Avec les embouteillages et la recherche d’une place, elle arrive avec seulement cinq minutes d’avance. Elle les utilise pour vérifier son maquillage et sa tenue puis elle s'encourage.

Béatrice s’adressant au miroir dans son par-soleil :-« Surtout quand elle te dira que ce n’est pas possible, tu ne t’effondres pas. Ce serait pathétique et tu la mettrais mal à l’aise. Maintenant, tu souffles et tu y vas ! Pas question d’être en retard. Et puis, les miracles cela existe, tu l’as rencontrée. »

Elle prend, alors, le bouquet et sort de sa voiture. Ses talons aiguilles résonnent, comme trois mois plus tôt, dans la rue déserte de son pas déterminé. Mais cette fois-ci, ils sont moins hauts pour qu’elle ne soit pas trop grande et elle sait où elle va, vers son destin.

A peine a-t-elle appuyé sur le bouton de l’interphone que la porte de l’immeuble s’ouvre, sans même que lui soit demandé son identité. Devant la sonnette de l’appartement, elle n’hésite pas, bien décidée à en terminer avec le questionnement sur son avenir.

Quand Léonora ouvre, le temps suspend sa course pour les deux demoiselles. Elles se retrouvent, chacune, face à l’incarnation de la beauté. Elles sont incapables de bouger de peur que la divine apparition disparaisse.

L’immortelle est vêtue d’une longue robe en satin blanc. Sa taille fine est soulignée par le tissu qui épouse parfaitement son corps, sa poitrine suggérée par le drapé qui remonte aux manches et dissimulée par une brassière noire dans le même tissu. La jupe est étroite, lui donnant une silhouette élancée, mais suffisamment fluide pour lui permettre de marcher. Elle est légèrement maquillée aux yeux et aux lèvres, son crucifix est à la naissance de ses seins et une immense natte descend jusqu’à sa hanche droite.

C’est l’arrêt de la minuterie qui, en plongeant dans le noir le couloir où se trouve la brune, les sort de leur contemplation enamourée.

Après un moment de malaise, la brune rentre.

Béatrice en tendant son bouquet :-« C’est pour vous. »

Léonora :-« Merci, il est superbe. En plus, il a une réserve d'eau, je ne savais pas que cela existe. C'est très ingénieux. Surtout que mon dernier vase, ici, a été cassé il y a un siècle."

Béatrice :-" Je ne savais pas cela. J'ai juste pensé que vous n'alliez pas déménager tout votre mobilier pour un dîner."

Un sourire apparaît sur les lèvres de Léonora avant d'être remplacé par un froncement de sourcil.

Léonora :-" Vous n’avez pas de manteau ? »

Béatrice, blanchissant un peu :-« Si, mais je l’ai oublié dans ma voiture. »

Léonora dont le sourire est revenu :-« Cela montre votre empressement à venir me voir, j’en suis touchée. »

La brune rougit. Ne voulant pas prolonger son inconfort, la maîtresse de maison reprend quasiment immédiatement la parole.

Léonora :-" Nous n'allons pas passer la soirée dans le vestibule. Allons dans le salon."

Elle ouvre alors la double porte et laisse passer son invitée. Cette dernière est ébahie par la décoration de la pièce. La lumière est assurée par une multitude de bougies placées sur des chandeliers et les flammes de la cheminée. Une table pour deux est dressée à droite sur une nappe blanche liseré d'or avec une vaisselle de toute beauté. Une serviette savamment pliée en forme de cœur est posée sur chaque assiette et une rose rouge dans un soliflore trône en son milieu. Dans la partie salon, la table basse est recouverte d'amuse-bouches. Un seau à champagne et sa bouteille complète l'ensemble.
L'hôtesse la fait s'asseoir sur le canapé et s'installe à côté d'elle.

Léonora :-" Je ne vais pas prolonger le calvaire plus longtemps."

La brune hoche la tête incapable de parler une boule d'angoisse lui vrillant l'estomac.

Léonora :-" Béatrice, pouvons-nous essayer de vivre ensemble. Je ne supporte plus d'être éloigné de vous."

Béatrice n'en croit pas ses oreilles. Mais ne voulant pas que l'élue de son cœur change d'avis, elle ouvre la bouche pour accepter.

Léonora est plus rapide.

Léonora :-" Mais avant que vous me répondiez, je tiens à vous fournir tous les éléments vous permettant de comprendre ce que je suis.
Je suis née en 1423 à Florence, dans une famille noble mais désargentée. Mes parents, pour redorer notre blason, m'ont donnée en mariage à Domenico Baldi. C'était un marchand. Il s'était enrichi grâce à l'arrivée de Cosme Médicis à la tête de Florence. Il avait dix ans de plus que moi et était fou amoureux.
Moi, non !
Mais j'avais dix-sept ans et pensais que l'amour viendrait avec le temps. En plus, à l'époque, on obéissait à ses parents et le mariage n'était qu'une transaction financière, pas une histoire d'amour.

Mes sentiments n'ont jamais changé.
Je ne l'ai considéré que comme mon meilleur ami. Mais lui a toujours tout fait pour m'être agréable. Donc j'ai accepté de lui donner une descendance.
C'est ainsi qu'est née Lucia.
Quand je l'ai eue dans mes bras, juste après l'accouchement, j'ai été submergée par une immense vague d'amour maternelle. C'est là que j'ai découvert ce que voulait dire, avoir des sentiments.
J'en fus bouleversée et passai les quatre années suivantes, à m'occuper d'elle, goûtant chaque moment.
Mon mari espérait avoir un garçon. Mon aînée étant devenue suffisamment autonome, je consentis, alors à une nouvelle grossesse. C'est ainsi qu'au printemps 1445 est née Sophia.

Hélas, une semaine après sa naissance, une fièvre hémorragique m'emmena aux portes de la mort, en moins de cinq jours."

Elle s'interrompt pour boire, elle n'a vraiment plus l'habitude de parler autant. Béatrice se rapproche d'elle et silencieusement lui témoigne son soutien en lui prenant la main et en lui souriant.

Léonora :-" Je n'étais pas consciente au moment de ce que je vais vous narrer maintenant. Je le tiens de mon ancienne nourrice, très curieuse, du témoignage d'un des participants et de mes recherches.

Devant l'incapacité des médecins à me soigner, Dominico, paniqué, accepta de faire appel, sur les conseils d'un ami, à un moine défroqué.
Ce dernier, à la mort de sa sœur chérie, tuée par un vampire, cinq ans auparavant, quitta les ordres pour poursuivre le meurtrier. Après une année de recherche, il le trouva et depuis passait beaucoup de temps à le torturer et à l'étudier. Ainsi, il apprit beaucoup de choses sur le monde des sciences occultes et du mal.

Il est venu à mon chevet alors que j'avais perdu connaissance le matin. En voyant tout le sang que je perdais, il dit à mon mari que tous mes problèmes venaient de là. Sa solution était radicale. Il fallait me vider de mon hémoglobine avant qu'elle n'infecte le reste du corps."

Elle s'interrompt pour essuyer ses larmes, Béatrice la prend dans ses bras, incapable de la voir ainsi, sans réagir. Après plusieurs secondes d'un câlin apprécié des deux demoiselles, Béatrice lui dit qu'elle n'est pas obligée de continuer.

Léonora :-" j'y suis obligée par honnêteté envers vous.
Pour que je n'en meurs pas, l'ancien moine préconisa de remplacer mon fluide vital par celui d'un vampire. Selon lui, cela devait me guérir et me donner sa force de vie. Il décréta qu'il fallait l'associer à celui de mes filles pour que je n’aie jamais à tuer pour m'alimenter et surtout que leur pureté neutralise la noirceur de la créature de la nuit.
Mon mari fut horrifié et refusa tout net. Non pas qu'on tue Lucia et Sophia, mais qu'il y ait un risque que je puisse devenir une créature de la nuit.
Le défroqué lui assura qu'avec tout ce qu'il allait mettre en œuvre, en plus de ce que mes enfants apportaient, je resterais la même.

Je veux croire que c'est l'amour et la peur de me perdre qui ont aveuglé, Dominico, au point de le pousser à accepter. De toute façon, jamais je n'aurais la réponse.

Ce qui est sûr, c'est que le soir même, ma fille de quatre ans et mon bébé de douze jours furent égorgées.

Le moine, en récitant des incantations pour bannir le mal et favoriser ma guérison, mélangea le sang de mes enfants à celui du vampire. Ensuite, pour amplifier l'effet des prières et créer des encres de différentes couleurs, il y incorpora des pierres aux mêmes propriétés, l'agate bleue, l'améthyste, le saphir, l'émeraude, le grenat et le diamant ainsi que de l'angélique et de l'eau bénite.

Dès le lendemain, le peintre français, Jean Fouquet, fut appelé à mon chevet.
Celui-ci commença immédiatement un tatouage sur tout mon dos représentant un ange ayant mon corps et mon visage. En même temps qu'il œuvrait, un prêtre récitait une messe de purification et un autre, un exorcisme, mais à l'envers, pour que l'immortalité pénètre mon corps. Le moine et mon mari, eux, psalmodiaient des formules de guérison et de don de la vie.
Cela dura une semaine sans interruption.
Concomitamment au dernier coup d'aiguille achevant mon tatouage, j'ouvrais les yeux et les quatre récitants, dont mon mari, perdaient la vie. Seul restait d'eux un petit tas de poussière. Il semblerait que les six morts que causa ce rituel soient à rapprocher des 6 jours que nécessitèrent la création du monde. Mais je n'en ai pas la preuve.

Toujours est-il que je me suis retrouvée complètement perdue à mon réveil. Le peintre, bien qu'affolé, prit tout de même le temps de m'expliquer le peu qu'il savait avant de fuir.

Sur le moment, je ne retins de son récit que l'absence, pendant cette semaine, de tous les domestiques. Qui s'occupe de mes enfants, fut ma seule pensée. Morte d'inquiétude pour elles, je me suis précipitée dans leur chambre.

C'est là, que je découvris leurs cadavres exsangues.

Ce fut un choc monstrueux qui me déclencha une crise de nerfs et de larmes. Elle dura plus d'un mois, sans interruption, n'ayant plus besoin de dormir, boire ou manger. C'est le retour de mon ancienne nourrice qui m'arrêta. Elle était devenue celle de mes enfants et s'inquiétait pour nous trois.
Ne pouvant me suicider à cause de ma religion, ce fut le début de mon purgatoire."

Elle s'arrête à nouveau pour s'essuyer les yeux. Elle s'aperçoit, alors, avec étonnement et beaucoup de gratitude mêlée à de l'amour, que son invitée est dans le même état qu'elle. Elle la console incapable de la laisser ainsi sans réagir.


Léonora :-" Béatrice, cela fait 570 ans que cela s'est passé. Alors, même si jamais je ne pourrais trouver normal la façon dont mes filles sont mortes, le temps à fait son office. En plus, je dois avouer que, grâce à vous, j'ai découvert ce qu'était l'amour avec un grand A. Ce qui, je trouve, justifie amplement toutes mes années de souffrance."

Après cette superbe déclaration, dîte dans un moment si émouvant, Béatrice est incapable de résister à la vague d'amour qui la submerge. Sans y réfléchir, elle s'empare des lèvres de Léonora et tente de lui transmettre, par ce baiser, toute la puissance de ses sentiments pour elle.
Loin d'y résister, l'immortelle y répond avec ferveur, goûtant pour la première fois au bonheur d'embrasser l'être aimé.
Cette parenthèse enchantée et merveilleuse ne peut durer. Elle veut que toute l'histoire soit révélée maintenant pour que leur couple commence sur des bases d'honnêteté et de confiance. Elle s'écarte alors, mais la brune reste lovée contre elle pour l'écouter.

Léonora :-" Une fois mes larmes séchées j'ai voulu comprendre. J'ai trouvé les grimoires de l'ancien moine près de la table où il travaillait. En les étudiants, j'ai compris ce qui s'était passé. Bien évidemment, cela m'a horrifiée et effrayée. J’étais devenue un monstre, un croisement entre un vampire et une humaine.
Je me suis alors enfermée dans ma chambre de peur de disparaître au soleil ou d’être tentée d'agresser quelqu’un pour m’en nourrir.
C’est encore une fois mon ancienne nourrice, Francesca, qui m’aida à m’en sortir. Avec sa douceur et sa délicatesse habituelle, elle me fit remarquer que, malgré le fait que j'étais restée devant la fenêtre de la chambre de mes filles à pleurer sans manger pendant plus de trente jours, je n'avais pas été réduite en cendres par les rayons du soleil et je ne lui avais pas non plus sauté dessus pour me repaître de son sang quand elle était venue voir comment j'allais. Alors, conclut-elle, je ne risquerais rien à sortir dans le monde.

Evidemment elle avait raison mais j’étais trop choquée pour la croire. Deux jours plus tard, j’étais encore à me morfondre dans ma chambre. Excédée, elle débarqua et me força à venir au marché avec elle. A notre retour, mes craintes s’étaient envolées.

Ensuite, pour justifier l'absence de mon mari et conserver ses richesses, j'expliquais officiellement qu'il était partie à Rome pour affaire pendant que Francesca, la seule personne que j'avais gardé près de moi, racontait dans toute la ville qu'il était parti avec une maîtresse parce qu'il n’avait pas supporté les neuf mois d'abstinence que je lui avais imposé avec ma grossesse pour, au final, lui donner une fille.
Pendant que la ville jasait, moi, j’ai pu, tranquillement, enterrer mes filles et faire donner un mois de messes pour la paix de leurs âmes.
Ensuite, j’ai essayé de gérer les affaires. J'ai persévéré mais après deux trimestres il me fallut être honnête avec moi-même et admettre mon incompétence. Pour que l’œuvre de mon époux ne périclite pas, je l’ai vendue après avoir annoncé sa mort. J’ai prétendu son assassinat par des bandits de grand chemin. Comme au XV° siècle, les communications entre Rome et Florence étaient aussi faciles qu’actuellement avec la Corée du Nord, nul ne remit en doute mes dires.

Puis, un jour, environ un an après que je sois devenue immortelle, au retour d’une messe, je remarque, pour la première fois, tous les enfants qui mendiaient dans les rues.
J’ai eu alors l’idée de les recueillir.
N’ayant pas les fonds suffisants pour la réaliser seule, j’ai cherché des investisseurs. Mais personne n’accepta même d’y penser. Il faut comprendre que les premiers orphelinats n’ont, officiellement, été créés qu’à partir du XVIIIe siècle, donc en 1446 le concept est, au mieux, étrange. Je me suis pourtant raccrochée à cela, pour oublier mes filles. J’ai, alors, décidé de demander l’aide au maître de Florence, Cosme l’ancien.

Il accepta de me fournir un local et les subventions suffisantes. Il voyait là, le moyen de débarrasser les rues de pickpockets potentiels. Je me suis alors investie dans cette nouvelle occupation, espérant remplir le vide intérieur laissé par la mort de mes enfants. Il n’en fut rien, mais au moins les orphelins ont eu une meilleure vie.

En 1453, je fus convoquée par mon mécène. Il me demanda de m'occuper de la gestion de l'atelier du sculpteur Donatello, de son gîte et du couvert. C’était un de ses grands amis. L’artiste était aussi génial qu’incapable de s’occuper de lui et du quotidien.
Il vint donc s’installer chez moi. Ce fut ma première rencontre avec l’art et une véritable révélation qui changea ma vie. Je venais de trouver un exutoire à ma douleur.

Je me suis occupée de ses affaires jusqu’à sa mort, en 1466.
A peine quelques semaines après, Francesca tomba gravement malade. Elle me fit prendre conscience qu’à 43 ans je n’en paraissais toujours que 22. Cela faisait 21 ans que je portais le voile de mon veuvage. Donc, comme tous mes contemporains, à part elle, cela faisait bien longtemps que je n’avais vraiment vu mon visage. Elle proposa de se faire passer pour moi pour que personne ne se pose de question à mon sujet. J’ai alors joué le rôle de la cousine venue soigner une parente et à qui on léguait tout en remerciement.
Tout se passa sans anicroche. Le seul problème vint de mon obligation à quitter mes habits noirs. La première fois, j’ai eu l’impression de trahir mes filles.

Quatre ans après, c’est Sandro Botticelli et Léonardo Di Vinci qui prirent pension chez moi. Ce dernier était d’ailleurs tombé amoureux de moi comme je vous l’ai dit la première fois que vous êtes venus. Mais c’est grâce à ses sentiments qu’il ne révéla pas ma terrible condition que son immense intelligence avait compris. Au contraire, il inventa le maquillage que j’utilise encore aujourd’hui pour me vieillir. Il m’aida aussi financièrement, pendant les dix-huit ans d’exil des Médicis, pour l’orphelinat. Michelangelo et Raphaël que j’ai hébergé, pendant cette période, aussi. »

Béatrice l’interrompt incapable de résister au besoin de poser sa question.

Béatrice :-« Tu veux dire que ta statue est de Donatello et les tableaux des quatre garçons sont de Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange et Raphaël et la femme âgée est Francesca ? »

Léonora, souriant devant son étonnement :-« C’est tout à fait ça. »

Béatrice :-« Et personne ne connaît ces œuvres ? »

Léonora :-« Si, maintenant nous sommes deux. »

Béatrice, émue :-« Merci. »

Léonora :-« En 1529, Je suis intervenue en libérant la petite Catherine de Médicis, âgée de dix ans, prise en otage par des partisans de la république. Folle furieuse par leur geste, je me suis précipitée à son secours, balayant portes et individus sur mon passage aussi facilement que des fétus de pailles et si vite que nul ne me vit agir. Ce n’est qu’après coup que j’ai pris conscience de mes capacités exceptionnelles.
L’agitation dans Florence était si importante à cause de son siège par Charles Quint que personne ne s’interrogea sur la conclusion pour le moins étrange de cet incident.

Je retournais à mes occupations, un peu perturbée par ma réaction et par mes nouvelles compétences, jusqu’en 1537. Cela faisait six ans que les Médicis étaient de retour à la tête de Florence, Cosme 1er, qui utilisait, déjà, les services d’un vampire pour asseoir son autorité, apprit par lui, ce que j’étais devenue. En utilisant ce secret et l’orphelinat, il me força à l’aider en espionnant et volant ses adversaires. Moi, contrairement à son acolyte je pouvais rentrer dans les maisons sans y être invité. Il n'a jamais été plus loin dans ses demandes. Dès le début, je lui avais clairement dit que quitte à tuer quelqu'un ce serait lui ma victime plutôt qu’un autre, à cause de ce chantage.

Pour accomplir mes nouvelles fonctions, je dû alors trouver une personne de confiance pour l’orphelinat. Ce fut un crève-cœur d’abandonner ces enfants mais je n’avais pas d’autre choix.

Cette période de voyage dans l’Italie fut, aussi, le commencement de ma collection de toiles de maîtres. En plus des dizaines de tableaux de mes amis, j’acquis, alors, les œuvres d’autres artistes connus au cours de ces missions comme Titien ou Le Tintoret.

J’arrêtais tout en 1580, pour emménager au palais des Médicis et m'occuper de Marie de Médicis qui venait de perdre sa mère. Je fus d’abord sa mère puis sa meilleure amie et enfin sa conseillère quand elle fut reine de France grâce à toutes les connaissances de la politique et des complots que j'ai acquis pendant les quarante-trois ans au service de sa famille.
C’est elle qui est représentée sur la sixième toile par le peintre Caravage. »

Béatrice se redresse légèrement pour contempler l’œuvre puis se réinstalle contre elle.

Léonora :-« Quand elle fut mariée à Henry IV, je n’ai pu la laisser partir dans l’inconnu, seule et si loin de sa famille. Je l’ai donc accompagnée en France. Nous fîmes escale à Marseille. Là, l’absence de son royal mari la contraria si profondément qu’elle s’enticha d’un beau parleur, Concino Conchini qu’elle me força à faire passer pour mon soupirant puis à l’épouser un an après, de peur qu’il ne s’éloigne d’elle. Je n’ai jamais su lui refuser quelque chose. Sûrement à cause de ma dramatique expérience avec mes filles.

La vie auprès de lui fut terrible.
Habile manipulateur, il réussit à de nombreuses reprises à profiter de moi, en jouant sur mon désir d’enfant. Mais là où Domenico n’était que douceur et délicatesse, lui n’était que brutalité et égoïsme. Pour moi, ces moments n’ont été que douleur et dégoût, trop de fois répétés. Après trois mois, il fut évident que jamais plus je ne tomberais enceinte. Cette nouvelle, la haine de toute la cour d'Henri IV à cause de mon influence sur la reine, les moqueries de mon " mari" à cause de ma stérilité et surtout de toujours pleurer la mort de mes filles comme si elle datait de la veille, firent que je tombai dans une grave dépression.

Conscient que son avenir dépendait de ma survie, Conchini fit venir tous les médecins possibles et imaginables et donna de nombreuses messes, mais rien n’y fit.
Heureusement, un jour, un médecin juif vint à Paris et la diagnostiqua. Versé en lithothérapie et physiothérapie, il me soigna avec les antidépresseurs naturels que sont le millepertuis, le Rhodiole et les fleurs de Bach. Il prescrit aussi le port d’un collier, que l’homme aux abois fit fabriquer en urgence et avec ses propres deniers. Le bijou est en argent et comporte des saphirs, des aiguës marines, des émeraudes, des agates bleues, des améthystes, des quartz verts et un diamant.
En plus, il me demanda d'écrire tout ce qui me tourmentait. Je m'y attelai avec application, comprenant que j'avais trop longtemps repoussé cette introspection. Cela me permit, après cent cinquante et un ans, de faire, enfin, mon travail le deuil de mes deux filles et de ma vie.

Hélas, je n'ai goûté à ma sérénité retrouvée que pendant onze ans. En 1617, Louis XIII, pour s'émanciper de sa mère, l'affaibli en l'isolant. Je suis donc arrêtée et jugée coupable de sorcellerie, seule motif assez grave pour pouvoir me condamner à mort. Je fus décapitée puis brûlée. Quand j'appris le verdict, à l'époque, je me suis dit que j'allais enfin retrouver mes filles. Mais mon exécution ne m'apporte qu'une douleur énorme.

Le lendemain, à onze heures, j'ouvris les yeux et découvris que j'étais dans mon lit, dans ma maison de Florence.
Je vous avoue qu'alors, j'ai pleuré, pas d'être encore sur Terre, je vous rassure, non, de ne pas être au Paradis avec mes enfants.

Épuisée, je m'endormis pour la première fois depuis ma transformation.
C'est mon tatouage qui me réveilla en me glaçant comme à chaque fois que le vampire des Médicis était en ma présence.
En ouvrant les yeux, je m’aperçus que s'était bien lui qui venait de pénétrer dans ma chambre. Nue et apeurée, je remontais les couvertures pour protéger ma dignité.
Avec un sourire mauvais, son épée à la main, ses crocs apparents, il m'expliqua que depuis qu'il me connaissait, il n'avait qu'une envie, m'éliminer. C'est là que j'appris, que pour le monde de la nuit, j'étais l'une des championnes des forces du bien dont l'aura était si puissante qu'elle est comme un phare sur le plan Astral.
Il semblerait que pour toutes les créatures du mal, cela provoque le besoin irrépressible de me combattre pour l'éteindre. Mais que les plus faibles, comme lui, généralement la fuient. Il s'étonnait, d'ailleurs, qu'aucun démon majeur ne soit venu m'attaquer alors que ma méconnaissance flagrante du monde qui m’entoure aurait été un atout majeur.
Le voyant s'approcher et moi, toujours pas remise complètement de ma résurrection, je panique et m'éloigne le plus possible de lui, jusqu'à lui tourner, puérilement, le dos.
Théâtralement, il monta sur mon lit et me raconta qu'il crut rêver quand il perçut mon aura terriblement affaiblie en se réveillant cette nuit. Il ne finit pas sa phrase. Lorsqu'il souleva mon drap et fut face à mon tatouage, ce dernier le réduisit en cendre.

Cet événement fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase, j'en ai eu plus qu'assez de subir.
D'abord, la décision de mon mari ensuite les Médicis qui m'ont forcée à perpétuer des vols, le voyage en France où je fus décapitée et maintenant cette lutte entre le bien et le mal dont je ne savais rien.

Dès le lendemain, je décidais de prendre ma vie en main.
La première chose fut de me renseigner sur ce que je suis. Je commençais par étudier tous les documents accumulés par le moine défroqué et que j'avais conservé. Ensuite je suis allée à la bibliothèque de Florence qui était équivalente à celle du Vatican, à cette époque. J'appris que les vampires ne sont qu'une partie des soldats du mal et qu'il y en a de plus puissants.
Mais je ne trouvais aucun équivalent à ce que je suis.

Cependant, je déduisis de mes lectures que si mon tatouage est la source de mon immortalité, il n'est que la partie émergée d'un iceberg s'étendant à tout mon être aussi bien physique, qu'astral assurant ainsi mon intégrité, quoi qu'il arrive.
Le sang du vampire est à l'origine de ma guérison, de l'arrêt du vieillissement de mon corps et de mes capacités décuplées. Celui de mes filles et les prières de purification firent de moi ce que le vampire a appelé une championne du bien.
Les pierres sont la source de mon énergie, rendant inutile l'alimentation et le sommeil. Elle se recharge en tout lieu où le bien règne, comme mon orphelinat et sont, de toute façon, suffisamment puissantes pour me permettre de rester sur Terre, un millénaire.

De ma récente expérience, j'émis l'hypothèse, qui se vérifia par la suite, que lorsque mon corps serait gravement endommagé, je le retrouverais intact en me réveillant, le lendemain, dans le lit que je considérerais comme le mien.

Par contre, je compris que si les démons ne pouvaient me tuer, ils leur étaient tout à fait possible de me torturer pendant une éternité.
Je décidais donc qu'il me fallait impérativement apprendre à combattre ces forces du mal pour ne pas me retrouver dans cette situation.
Ayant tout mon temps et pas besoin de dormir, j'organisais cela le plus rationnellement possible.
La nuit j'étudiais tout ce qu'il existait sur la magie, les créatures de la nuit et tous les sorts, potions et autres incantations que je trouvais d'abord à Florence puis à Venise et au Vatican. Je dois avouer que ma présence dans ces bibliothèques s'est toujours faite de façon clandestine mais ainsi j'évitais de devoir répondre à des questions embarrassantes. J'appris tout, pour être certaine de ne passer à côté de quelque chose d'important. De même, je sais encore confectionner et utiliser l'ensemble de ce que j'ai mémorisé alors.

Le jour je me grimais en homme et m'entraînais à l'ensemble des arts martiaux de mon époque.
Cela demanda quelques ajustements pour être vraiment efficace.
Pour pouvoir cacher ma condition de femme, j'ai d'abord pensé simplement bander ma poitrine. Mais le tissu ne pouvait la comprimer suffisamment, celle-ci conservant pour l’éternité, leur volume d'après accouchement. Je choisis donc de revêtir une tenue en cuir épais pour la cacher elle et le reste de mon corps trop maigre, à cause de ma fièvre, pas du tout masculin.
Ensuite, dès les premiers entraînements, je compris que mes capacités, dix fois supérieures à celle de mon professeur, m'empêchaient d'appréhender pleinement la technique. C'était comme de suivre des cours de cuisine alors qu'il me suffirait de penser au gâteau que je voulais pour qu'il apparaisse. Dans ces conditions comment apprendre et comprendre, parfaitement, les différentes étapes.
Étant persuadée que mes futurs adversaires seraient largement supérieurs à moi, je ne voulais absolument pas risquer d'avoir une formation bâclée. Je résolus le problème en lestant mes habits avec cinq cents kilos de platine. Ce métal était considéré comme un déchet des mines d'argent au XVIIème siècle. Il a surtout l'avantage d'être très dense donc je n’eus pas à en mettre beaucoup pour m'alourdir suffisamment.

Je me suis considérée comme prête au début de l’été 1625.
Ma maison et tous les tableaux qu’elle contenait étaient sous la protection des Médicis depuis mon départ en France avec Marie. Je la leur confiais, à nouveau, avant de partir. Seulement là, ils demandèrent près des deux tiers de mon or. Je payais, sachant que je pourrais toujours travailler si je trouvais un tableau qui me plaisait, n’ayant besoin que d’un bon bain et de vêtement propre pour mon quotidien.
C'est à cheval, toujours en homme, juste avec mes armes, une simple amulette devant cacher mon aura et une bourse contenant ce qu’il me restait d'or que je partais explorer le monde.

Au bout de deux ans de cette vie à seulement visiter et acheter des tableaux, alors que pendant un peu moins de deux siècles j’avais toujours œuvré du matin jusqu’au soir, je n’en pouvais plus. C’est ainsi que je me suis engagée dans une des armées catholiques.

Vous devez savoir, qu’à l’époque, l’Europe est en pleine guerre de religion. Vous l’appelez la guerre de Trente ans mais pour le peuple du dix-septième siècle, c’était une guerre entre les catholiques, les luthériens et les calvinistes.
Lors de mon premier combat, je fus terrassée par mon tatouage qui me brûla atrocement au moment où j’allais abattre mon adversaire, m’arrêtant net. J’en déduisis que Dieu le protégeais. Je ralliais, alors, le camp des protestants. Mais le même geste sur un catholique produisit la même réponse.
J’en tirais des conclusions sur ces deux religions et le bien-fondé de leur opposition. Quelques années plus tard, je les étendis à toutes les autres après de similaires expériences.

J’ai bien évidement déserté mais je suis restée à proximité pour aider les populations civiles et éliminer les vampires qui profitaient du chaos ambiant pour se repaître. »

Béatrice qui pourtant s’est retenue de hurler son horreur et son indignation en apprenant la terrible mort de son aimée, intervient aussi naturellement qu’un enfant pendant une histoire racontée avant de dormir.

Béatrice :-« C’est ce genre de travail que tu fais avec la Croix-Rouge ? »

Léonora, souriant :-« Dans les grandes lignes, oui.
Je suivis ainsi les champs de bataille pendant quatre ans, jusqu'à la ville de Magdebourg.
C’est là qu'est apparu devant moi, mon premier démon majeur. Mon tatouage en me glaçant deux secondes avant me permit de me reculer et d’éviter d’être écraser sous lui. C'était lui qui avait su souffler sur les flammes de la convoitise et du goût du sang de l’Homme pour déclencher cette guerre et s’en servir pour se constituer des légions d’âmes. Sûr de lui, il se moquait méthodiquement de tout en moi. Moi, une fois la surprise, la peur et la répugnance passées, je me suis précipitée sur lui. Nullement ému par mon attaque, il ne fit littéralement qu’une bouchée de moi, il m’avala comme un vulgaire apéritif.

Le lendemain, je me réveillais dans mon lit Florentin et quelques temps après, vingt-cinq mille civils perdirent la vie quand les soldats échappèrent au contrôle de leur supérieur pour piller la ville.

Vous dire que j’étais choquée et en colère relèverait de l’euphémisme. Mon calme ne revint que plusieurs jours après.

Là, je pus analyser mon échec. Je compris d’abord que mon amulette, pour cacher mon aura, était inefficace. Ensuite qu’il me fallait une arme à la hauteur de ces adversaires. Enfin, qu’il était indispensable d’apprendre et de maîtriser la technique d’escrime médiévale. La seule qui est adaptée au combat contre des ennemis lourdement armés et revêtus d’armures excessivement résistantes sans leur enlever leur vitesse de déplacement.

Grâce à mes recherches, je savais que la bibliothèque du Vatican, dans une salle secrète, cachait l'épée de l'archange Saint Michel.
Un mois après, elle était en ma possession.
Je découvris, alors, avec plaisir, que son transport en-dehors des champs de bataille serait des plus aisée puisqu’elle se transforme en stylet quand elle n’est pas utile.

Je trouvais aussi un livre de magie. C'est l'ouvrage le plus complet et ce qui m'a le plus servi, après l'arme. J'ai passé plusieurs nuits à l'apprendre en entier et à m'y exercer. C'est lui qui m'a permis de fabriquer l'objet qui cache depuis mon aura, mon crucifix.

Je suis donc allée à Venise pour trouver le diamant qui sert de générateur d’énergie. J'ai sélectionné nuitamment le plus pur et le plus gros de la cité des Doges, capitale européenne de la précieuse gemme de ce temps. Je sais mon geste étonnant, je n'ai que l'excuse des trop nombreuses victimes de cette guerre.
Ensuite, je suis retournée à Florence où je l'ai fait monter au centre d'un crucifix en or. Les branches ont été doublées avec du cristal de chez moi, le nom actuel est Anastase. Je les ai ensorcelées pour qu'elle cache mon aura. J'ai utilisé ce minéral parce que rien ne peut faire dévier le sort qu'il porte. Surtout si un diamant si puissant l'alimente.
Je parle de cela pour que vous compreniez pourquoi je le porte en permanence et n'en preniez pas ombrage.

Une fois cela fait, je partis dans un long voyage de formation. Il me fallut plus d’une dizaine de maîtres d’armes et dix-sept ans d’entraînement, sans interruption et dans toutes les conditions pour me sentir prête.

J’ai alors retrouvé mon adversaire à Lens. Le combat dura une semaine, je le gagnais, mais de justesse.
J’ai la faiblesse de croire que la destruction du démon précipita la fin de la guerre.
Moi, épuisée, je retournais chez moi où m’attendait une surprise. Tout le trésor que la créature des ténèbres avait accumulé pendant trente ans était dans ma chambre. Il était fait d’or et de pierres précieuses.
J’ai réussi à exorciser toute cette horreur et cette tension grâce aux tableaux que je suis repartie acquérir grâce à cette fortune.

Depuis maintenant quatre siècles et demi, ma vie se fait sur les champs de bataille. J’aide les populations civiles et combat les entités démoniaques qui les peuplent et les alimentent. J’ai été de la Chine au Congo, du Cambodge à l’Europe ou de la Russie à la Turquie. Et pour ne pas devenir folle, je collectionne les tableaux, j'aide les peintres et m'occupe de mon musée.

Voilà mon histoire, voilà qui je suis.
Un dernier mot encore, pour être parfaitement honnête.
Lors de votre agression, la première fois que nous nous sommes rencontrées, c’est moi qui me suis débarrassée de vos importuns. C’est parce que j’ai utilisé un sort de cécité sur vous que vous avez été plongé dans le noir, pendant un certain temps.
Votre séjour à l’hôpital est aussi de mon fait. J’avais détecté que le chauffeur de taxi était un vampire, ne pouvant vous le dire, j’ai voulu vous endormir légèrement pour m’en occuper et ensuite vous en appeler un inoffensif. Hélas, mon émotion face à vous, entraîna des effets plus importants qu’espéré. Je m'en excuse infiniment."
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:29

Chapitre 18
Après les deux secondes d’étonnement face à tout ce malheur, Béatrice enlace Léonora et lui murmure à l’oreille qu’elle rêve de cette vie à deux depuis qu’elle a conscience de son amour pour elle. L’immortelle, soulagée de n’être pas considérée comme un monstre par la personne qui a réveillé et volé son cœur, capture, alors ses lèvres. Elles échangent un baiser passionné qui embrase leur sens. Novices et ne désirant pas brusquer l’autre, elles s’arrêtent et s’éloignent un peu, mais sans se lâcher, quand le désir manque de les pousser à l’exploration du merveilleux corps entre leurs bras.
Les joues rouges et le souffle court, elles s’admirent, sans un mot, le temps de revenir à un état d’esprit plus convenable. C'est alors, que l'hôtesse avise la bouteille de champagne.

Léonora :-" Et si nous fêtions cela en buvant une coupe de champagne."

Béatrice :-" C'est une très bonne idée."

Une fois leur coupe pleine, elles trinquent.

Léonora :-" À nous !"

Béatrice :-" À notre vie ensemble.

Cette dernière, sentant que la beauté de celle qu'elle aime ravive ses pulsions, l'interroge sur l'apéritif.

Béatrice :-" Léonora, c'est toi qui as fait ces petits fours ! Ils ont l'air délicieux."

Léonora :-" Oui, j'avais besoin de m'occuper en t'attendant. Vous avez reconnu les premiers, ce sont des chouquettes aux trois graines. Là, ce qui ressemble à un escargot et qui est tenu par un pique, ce sont des duos de roulades de mozzarella farcies aux artichauts, noix et jambon. Les petits gâteaux en forme d’hamburger, ce sont des baisers de dame. Je me suis dit que c’était adapté pour cette occasion. Ils sont salés, aromatisés au Roquefort, ricotta et piment d'Espelette. Ensuite, ce sont des sablés épicés au parmesan, curry, paprika. Et pour finir, des mini-calzones farcis à la mozzarella, jambon et ricotta. »

Après avoir dégusté ces amuse-bouches avec gourmandise, Béatrice aborde un sujet qui la préoccupe.

Béatrice :-" Léonora, comment vois-tu notre vie ensemble, d'un point de vue pratique ?"

Léonora, après quelques secondes de réflexions :-" Je dois vous avouer que je n'y ai absolument pas pensé. Entre l'accueil des réfugiés et mes combats nocturnes contre les créatures de la nuit, je n'ai eu le temps, pendant ces deux mois, que de faire le travail d'introspection et de mémoire qui m'ont permis de comprendre que je pouvais vivre avec vous. Et vous, vous y avez réfléchi ?"


Béatrice :-" Oui, pour ne pas sombrer. Ce qui fait que mon idée est totalement égocentrique. Vois cela comme un projet. Je ne veux absolument pas t’imposer quoi que ce soit. Je veux que cela nous satisfasse toutes les deux. Donc il faut vraiment que tu me donnes franchement ton point de vue. »

Léonora :-« C’est promis. »

Béatrice :-« Voilà, j’ai pensé que nous pourrions acheter une maison toutes les deux. J’ai vendu mon appartement incapable d’y vivre depuis la prise d’otage. Je mettais en place toutes les stratégies possibles pour y passer le moins de temps possible. Mon idée est que tu crées un musée dans ma ville avec les tableaux que tu n’exposes pas à Genève pendant que moi je continue ma petite entreprise d’aides à domicile. J’imaginais que tu transmettrais ta passion de la peinture à des groupes scolaires. Je sais que cela implique que ce soit toi qui sacrifies ton mode de vie. Mais encore une fois c’était des divagations pour tenir quand la déprime me prenait. Alors qu’en penses-tu ? »

Léonora :-« C’est une très intéressante idée. Je tiens à préciser, avant de discuter de notre avenir, que je ne considère pas comme de mon devoir de combattre les Démons. Ce n'est pas non plus une passion. Je l’ai fait pendant quatre cent ans, avec des interruptions, parce que les circonstances étaient ainsi faites. Par contre, si l'un des douze personnages les plus puissants de l'enfer,  vient à être invoqué sur Terre, mon tatouage me poussera vers lui pour que je le combatte sans espoir de m'y soustraire tant qu’il ne sera pas terrassé et ainsi renvoyé chez lui. Mais à part cela, je suis prête à modifier mon "mode de vie" pour être avec vous."

Béatrice :-« C’est super ! Tu parles de discussion, j’en déduis que mon projet te pose quelques soucis. Quels sont-ils ? »

Léonora :-« J’ai dit surtout qu’il était intéressant. Mais c’est vrai qu’il m’a fait comprendre que pour l’heure, j’avais d’autres envie pour nous deux. »

Béatrice, légèrement ennuyée de ses atermoiements :-«Qu’as-tu envie ? »

Léonora :-« J’aimerais découvrir l’Amérique et l’Océanie avec vous. Ce sont les deux continents que je ne connais pas. Les avez-vous visités ?

Béatrice, un peu sonnée :-« Non. »

Léonora, enthousiaste :-« Ainsi, nous commencerons notre vie ensemble sur un parfait pied d’égalité. »

Béatrice :-«  Mais je ne peux laisser mon entreprise, des personnes comptent sur moi. Et j’y tiens ! »

Léonora :-« Mais je n’ai jamais même pensé que vous devriez la fermer. De même, je n’ai absolument pas l’intention de vous priver de votre indépendance et surtout pas économique. Voyez dans ma proposition une envie de passer du temps exclusivement avec vous, en visitant des lieux qui nous sont inconnus. J’envisageais ce voyage comme un merveilleux moyen de nous découvrir, rien d’autre. »

Béatrice :-«  Je suis désolée d’avoir réagi ainsi. J’ai beaucoup de mal avec les changements. Je suis assez immuable comme demoiselle.

Léonora, l’interrompant :-«  Cela me convient. Je n’ai absolument pas envie que vous changiez d’avis à mon sujet. »

Béatrice, après un baiser passionné à sa chérie :-«  Tu peux être rassurée sur ce point. »

Léonora, un peu retournée par toutes ces exquises sensations inconnues d’elle jusque-là :-« J’en suis plus que ravie. »

Elle ressert du champagne pour retrouver tous ses esprits. Elles trinquent à nouveau et dégustent quelques amuse-bouches le temps de réfléchir à tout ce qui vient d’être dit.

Béatrice :-« Léonora, ta proposition me tente vraiment mais je ne vois pas comment concilier un voyage de plusieurs semaines et diriger mon entreprise. »

Léonora :-«  N’est-il pas possible d’engager un administrateur, comme votre amie Amarante l’a fait pour son centre équestre pour le temps de votre absence ? »

Béatrice :-« Mais elle a pu le faire parce qu’elle a pu offrir un bon salaire. En plus, elle n’a pas besoin de ces revenus pour vivre. Moi, ce n’est pas le cas. »

Léonora :-«  Béatrice, si j’ai envisagé cette solution, c’est que je comptais la financer moi-même. »

Béatrice, ironique :-«  C’est ainsi que tu respectes mon indépendance économique ? (un peu plus calme) Et pourquoi me vouvoies–tu toujours, nous sommes ensemble maintenant ? »

Léonora, surprise et désolée :-« Parce que je n’ai jamais tutoyé personne en 592 ans, cela ne se fait pas dans ma famille. Mais »

Béatrice l’interrompt en lui posant la main sur la sienne.

Béatrice :-« Je suis désolée pour mon mouvement d’humeur. Je m’habituerais à votre vouvoiement. Cela ne vous ennuie pas que je vous tutoie ? »

Léonora :-«  Merci, et non cela ne m’ennuie pas que vous me tutoyez (Après une pause et sur le même ton ironique que sa vis-à-vis) Béatrice, savez-vous que la somme qu’il faudrait engager pour payer cet administrateur n’est que 2 à 3 % de celle que vous avez suggéré en parlant de créer un musée ? »

Béatrice palit en réalisant le montant mis en jeu.

Béatrice :-« Je ne pensais absolument pas que cela coûterait autant. Je m’étais imaginée faire comme pour mon entreprise en un peu plus grand. Sinon, jamais je ne t’en aurais parlé. »

Léonora :-«  C’est pourtant une bonne idée. Mais sachez que la pinacothèque de Paris a coûté plus de 4.2 millions d’euros, juste pour la construction.  Donc, pour notre projet, même si nous partons d’un bâtiment déjà existant et que j’utilise des tableaux que j’ai dans mes réserves, cela atteindra au moins le million et demi d’euros. »

Béatrice reste sans voix. Ce n’est absolument pas la vie simple qu’elle avait imaginé, si de telles sommes sont engagées. La voyant ainsi, Léonora l’enlace et lui fait de petits bisous dans le cou.

Léonora, murmurant :-« Béatrice, j’ai accumulé une fortune en vainquant tous ces démons que je ne pourrais pas dépenser en entier même alors que je suis immortelle.  Laissez-moi financer au moins votre projet pour que nous ayons une chance de vivre en faisant ce qui nous plaît. »

Béatrice :-«  Vous avez raison ma fierté est égoïste et mal placée. Faisons ce voyage et ce musée comme il doit être fait. »

Léonora, en resserrant son étreinte :-« Merci. »

Béatrice :-«  He et mon bisou pour sceller notre accord ! »

Un nouveau baiser les enflamme toutes les deux.

Submergées par le bonheur d'être ensemble, rassurées sur leur avenir et certaines de faire un voyage des plus fantastiques dans les prochains jours, elles mettent en sommeil leur cerveau et laissent leur envie prendre les commandes.
Enfin, pour être exacte, Béatrice explore, avec passion, Léonora qui se laisse faire avec plaisir.
Affamée de la peau de son aimée, la brune quitte les délicieuses lèvres de la châtain pour venir goûter à sa jugulaire après avoir glissé le long de sa mâchoire. Elle la mordille tout en commençant à la déshabiller. Curieuse, elle cesse d’agacer le cou de sa chérie pour finir de la dénuder complètement.
Le trésor de beauté et de perfection qu’elle découvre la frappe d’émerveillement.
Hélas, cette sidération est mal interprétée par l’immortelle qui, les larmes aux yeux, tente de se rhabiller et de fuir.
Voyant cela, sa dulcinée lui prend doucement le visage à deux mains et l’embrasse délicatement et tendrement avant de lui dire combien elle la trouve belle et merveilleuse.
Toujours déterminer à la déguster et plus que jamais désireuse de lui montrer tout l’amour qu’elle ressent pour elle, elle l’allonge sur le canapé avant qu’elle ne fuit encore.
Sa poitrine ferme et généreuse attire immédiatement sa bouche et ses doigts. Elle la lèche et la caresse avec plaisir et délectation, heureuse des gémissements qu’elle déclenche chez sa maîtresse. Elle poursuit en descendant sa langue le long de la ligne séparant ses abdominaux dessinés sans ostentation mais parfaitement présents sous la peau soyeuse de son ventre, véritable symphonie pour le toucher.
La suite du voyage inquiète les deux demoiselles.
Pour être au plus près des réactions de Léonora, Béatrice retourne l’embrasser pendant que sa main s’aventure dans les boucles de sa toison. Quand elle se trouve sur le mont de Vénus, elle si perd avec plaisir tant les halètements de sa moitié se sont intensifiés. Affamée pas ses cris, elle interrompt son baiser et plonge goûter ce fruit gorgé de jus déclenchant un orgasme fulgurant à son aimée.
Toujours pas rassasier, elle débusque la framboise d’amour. Elle la déguste et l’agace tout en explorant de son index l’antre du plaisir pour y stimuler le centre névralgique. L’effet de ces excitations combinées est dévastateur. L’immortelle s’arc-boute et pousse un cri guttural des plus puissants quand elle est foudroyée par l'extase, avant de s’effondrer comme assommée.
Elle se relève immédiatement, transformée. Ses yeux étincèlent, sa chevelure est d'un jaune flamboyant. Le raz de marée d'amour qu'elle ressent pour son âme sœur, après ce premier voyage au septième ciel de son existence, est une extraordinaire source d'énergie positive.
D'un mouvement de main, elle dénude sa compagne. D'un autre, elle la fait léviter jusque dans ses bras. Elle l'enlace, alors, puis l'embrasse tout en les allongeant toutes les deux. Béatrice, subjuguée et surprise, se laisse bercer par la douce chaleur qui l'entoure, la fraîcheur exquise des lèvres et le satiné délicieux de sa peau sur la sienne.
Léonora explore ensuite le corps de son aimée suivant le même parcours qu'elle. Chaque baiser enflamme les sens de la brune comme jamais cela ne lui était arrivé. Alors, quand la châtain joue de sa langue et de ses doigts sur la pointe de ses seins, elle l'emmène directement à la jouissance. Il lui faut quelques secondes pour revenir à la réalité. Temps pendant lequel sa douce continue ses caresses et ses baisers, l'embrasant à nouveau. Mais, cette fois-ci, Béatrice est bien décidée à l'emmener avec elle côtoyer les sommets et se positionne en conséquence.
C'est de concert qu'elles se lèchent et se délectent, s'abreuvant directement à la source du plaisir. Les sensations délicieuses et orgasmiques les envahissent en vague successives jusqu'à les envoyer jusqu'aux étoiles.
Vidées mais immensément heureuse, après s'être retournées pour se retrouver dans les bras l'une de l'autre grâce à un ultime effort, les amoureuses s'endorment, sans s'en apercevoir et le sourire aux lèvres.

Chapitre 18 troisième partie

C’est l’aurore et le crépitement du feu qui réveillent Béatrice. Elle découvre avec bonheur, en ouvrant les yeux, qu’elle est bien dans les bras de son aimée. Ce n’était pas un merveilleux rêve mais bien la réalité. Elles sont ensembles et se sont bien découvertes intimement, hier soir. C’est seulement alors qu’elle voit les deux superbes yeux qui l’observent.

Léonora :-« Bonjour vous. »

Béatrice :-« Bonjour toi. »

Léonora :-« Bien dormi ? »

Béatrice :-« A merveille et toi ? »

Léonora :-« Mieux que jamais. »

Béatrice :-« Cela fait longtemps que tu es réveillée ? »

Léonora :-« Seulement quelques minutes. »

Un nouveau craquement du bois se consumant se fait entendre. La brune quitte le superbe visage de sa chérie quelques secondes pour vérifier que le bruit vient bien de la cheminée.

Béatrice :-« Comment as-tu relancé le feu ? »

Léonora :-« Je me suis dit que si j’avais pu vous déshabiller à distance et vous faire léviter jusqu’à moi, je devrais pouvoir mettre des bûches dans l’âtre et relancer la flambée pour que vous n’ayez pas froid. Et cela a été le cas. »

Béatrice, après avoir donné un petit bisou sur ses lèvres :-« Merci. Mais tu veux dire que tu ne savais pas que tu avais des pouvoirs de télékinésie ? »

Léonora :-« Non, mais à ma décharge jamais je n’ai eu envie de pouvoir faire quelques choses à distance avec autant de force. »

Béatrice, tout sourire :-« Coquine »

S’en suit alors, un baiser qui de tendre passe rapidement à passionné. Les mains de chacune ne restant pas inactives, les sens des demoiselles s’enflamment. N’ayant aucune envie de se réfreiner, elles goûtent, à nouveau, au plaisir de voyager ensemble vers le septième ciel.
C’est enlacées qu’elles reviennent tout doucement sur Terre.
Une fois leurs esprits retrouvés, la brune remarque le changement de son aimée.

Béatrice, étonnée :-« Amour, tu es à nouveau blonde platine avec les yeux bleus saphirs étincelants ! »

Léonora :-« Vraiment ! »

Béatrice :-« Oui, comme hier soir quand tu m’as déshabillée. En plus, ce n’est pas la première fois que tu changes de couleur de cheveux ou d’yeux. Quand tu es venue dans la salle de réanimation, tu étais déjà blonde mais moins claire. Par contre, tu étais aussi brune que moi et tes yeux étaient blancs quand tu t’es battue contre le démon. »

Léonora, après un moment de réflexion :-« Ils doivent refléter le degré d’énergie positive ou négative du lieu où je me trouve. Mais je pense que c’est aussi l’extériorisation de mon état d’esprit. »

Béatrice, avec une toute petite voix :-« Je peux considérer le blond platine comme un compliment ? »

Léonora :-« Évidemment, je n’ai jamais rien ressenti un plaisir aussi fort. Et vous ? »

Béatrice, des étoiles dans les yeux :-« Pareil »

C’est dans ce moment de grande émotion que l’immortelle se redresse d’un coup et sort de la pièce si vite que Béatrice met quelques secondes pour réaliser qu’elle n’a pas rêvé. Bien décidée à en savoir la raison, elle récupère sa robe, l’enfile et part à sa recherche. La traque est des plus aisées. Dès la porte du salon passée, elle entend des plats qu’on entrechoque, des jurons en italien et sent une forte odeur de brûler. Elle se dirige alors vers ce qu’elle devine être la cuisine et y trouve sa chérie en train de sortir des fours ce qui aurait dû être leur dîner et les mettre à la poubelle en tentant de ne pas se brûler.
Elle récupère le torchon posé sur la table et vient l'aider.
Il leur faut une demi-heure pour que tout rentre dans l'ordre. C'est en remerciant sa chérie de son aide que Léonora se souvient qu'elle a besoin de manger.

Léonora, enlaçant Béatrice :-" Avez-vous faim ?"

Béatrice :-" Maintenant que tu en parles, je m'aperçois qu’effectivement je suis affamée."

Léonora :-" Allons commander de quoi vous sustenter."

Elles les emmènent dans l'entrée, ouvre la desserte s'y trouvant et en sort un téléphone portable, qu'elle montre, toute fière, à Béatrice, et un menu de repas livrés à domicile, qu'elle lui tend.

Léonora :-"Vous voyez, cette fois-ci, j'ai investi dans un cellulaire (Avec l'accent italien). Alors que voulez –vous manger pour votre petit déjeuner ? Je n’ai jamais utilisé leur service mais comme il serait regrettable que vous mourriez d’inanition, faisons leur confiance. »

Après avoir commandé moult croissants, baguettes, pains au chocolat et confitures, elles se sont douchées l’une après l’autre pour éviter de succomber, à nouveau, à l’appel des sens qui leur aurait empêché d’entendre le livreur.
Une fois rassasiées, elles se câlinent sur le canapé jusqu’au moment où le smartphone de la brune se manifeste bruyamment. Il s’agit d’Amarante qui vient aux nouvelles. Léonora profite de la discussion des deux amies pour débarrasser et revenir avec sa tablette. C’est ainsi que le reste de la matinée est occupé à l’étude des annonces immobilières, une fois la conversation téléphonique terminée et l'invitation pour le réveillon de la Saint Sylvestre de la rousse donnée et acceptée.

Béatrice :-« Léonora, que se passe-t-il ? Aucune des maisons que nous regardons ne t’emballent. »

C’est à ce moment qu’elle comprend les réticences de l’immortelle.

Béatrice :-« Tu les trouves trop petites et pas assez lumineuses. Tu as peur d’étouffer à cause de ta claustrophobie. »

Léonora :-«  Oui, parce que c’est ce qui m’est arrivée en revenant chez moi à Florence après ma défaite à Magdebourg. »

Béatrice :-« Tu aurais dû m’en parler tout de suite. Changeons les dimensions des biens dans ce cas. »

Le moteur de recherche affiche alors un premier résultat, l'immense château de la ville. Amusée, elle se retourne vers sa douce pour en plaisanter. Mais quand elle voit ses yeux brillants et l'attention avec laquelle elle examine toutes les photos, elle comprend que sa dulcinée est intéressée.

Béatrice :-« Tu veux vivre là ? »

Léonora :-« Non, c’est le musée que je veux installer dans ce château. J’aimerais que nous emménagions dans l’orangerie. En plus, vu qu’il y a vingt-quatre hectares de terrain, nous pourrons aisément le diviser en deux pour que les visiteurs ne viennent pas nous ennuyer, tout en ayant de quoi se promener. »

Pendant  qu’elle parle, la brune étudie l’annonce. Elle trouve l’idée séduisante jusqu’au moment où elle voit le prix.

Béatrice :-" Quinze millions d'euros ! Mais Léonora c'est une somme astronomique. Je voulais, qu’au moins pour notre chez nous, nous soyons à égalité pour l’apport. Ce n’est pas avec mes trente mille euros qu’il me reste de la vente de mon appartement que je peux faire quelques choses. (Elle fait une pause avant de reprendre) Je ne peux même pas payer les frais de notaire qui sont de plus d’un million. (Nouvelle pause et continue désolée)  Même tout l’argent gagner par l’ensemble de mes descendants au cours de toutes leurs vies ne pourrait l’acheter ! »

Léonora la regarde, fronce les sourcils cinq secondes puis se lève et va chercher quelques choses sur le manteau de la cheminée et revient s'assoir à ses côtés en le lui donnant. Elle découvre alors un rubis de la taille d'un chamallow mais pesant beaucoup plus lourd.

Léonora :-"  Ceci est la gemme que j'ai ramassée après avoir tué le démon, le soir où vous avez été kidnappées. Elle pèse au moins 550 carats. Sa vente rapportera un peu plus de quatre-vingt millions d’euros.  Je pense qu’il serait juste de partager cette somme entre Amarante, la femme de Pierre, toi et moi, puisque nous avons tous participé au renvoi en enfer de la créature du mal. »

Béatrice, avec un sourire ironique :-«  Et pourquoi pas donner une part aux kidnappeurs tant que tu y es ? »

Léonora reste silencieuse, laissant Béatrice réfléchir. Après que son regard ait fait de nombreux allers-retours entre sa belle et les photos de la prestigieuse propriété, elle reprend la parole. »

Béatrice :-« Désolée pour mon cynisme et merci de ta proposition généreuse pour satisfaire mon égo. Je trouve que tu as une très bonne idée aussi bien pour la pierre précieuse que pour le château. »

Léonora, enthousiaste :-« Ce que j’aimerais c’est faire de ce musée une sorte de résumé de l’histoire picturale en partant des peintures pariétales du style des grottes de Lascaux pour finir au Tag en passant par tous les styles de toutes les époques. »

Béatrice :-«  C’est ambitieux et je suis sûre que les toiles dans tes réserves ne suffiront pas. »

Léonora :-«  C’est certain mais cela a deux avantages. Le premier c’est qu’il aura un réel intérêt pédagogique, ce qui amènera de nombreuses classes et donc m’occupera. Le deuxième me permettra de justifier l’achat de nouvelles toiles et m’obligera à m’intéresser vraiment aux peintres du vingtième et vingt et unième siècle. »
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:30

Chapitre 19

Maintenant qu'elles sont d'accord sur la maison où elles veulent vivre, les demoiselles s’aperçoivent qu’il est déjà une heure de l’après-midi.

Léonora :-« Que diriez-vous de déjeuner d’une salade au jambon de parme, à la mozzarella et aux figues fraîches accompagnée d’un vin de chez moi, un Oreno 2011 suivi d'une pizza au chocolat et à la poire avec sa boule de glace à la vanille, en dessert ? »

Béatrice :-« Je dirais que j’en ai d’avance l’eau à la bouche et que je viens t’aider. »

Après un nouveau baiser, elles se lèvent et vont à l’office. Pendant que l’immortelle prépare et allume le feu dans le four à bois, la brune admire la pièce.

Béatrice :-« Tu as vraiment une cuisine digne d’un grand restaurant. »

Léonora, commençant à pétrir la pâte à pizza à la main :-« Au départ, quand j’ai acheté l’appartement, en 1878, pour profiter de l’essor des impressionnistes, cette pièce était une chambre. A l’époque, l'office était le domaine des domestiques donc devait être éloigné des pièces où vivaient les maîtres. Cela a été une petite révolution quand je l’ai transformé. Mais je n’ai jamais regretté. J’ai offert le couvert à tous les impressionnistes, à un moment de leur carrière, quand ils étaient sans le sous. Adorant cuisiner, cela a toujours été moi qui préparait le repas. La proximité avec le salon a fait que mes invités sont toujours venus discuter pendant que j’œuvrais. De nombreux débats sur l’art se sont déroulés ici. Cette convivialité simple autour du fourneau est d'ailleurs ce qui a inspiré Claude Monet, il me l'a dit, pour sa cuisine dans sa maison à Giverny. La dernière modernisation date de 2003, à mon retour de république du Congo mais en gardant le four à pain. Je trouve que cela donne un goût au pain et à la pizza incomparable. »

Béatrice :-" Je peux t'aider ?"

Léonora, déposant le saladier avec la pâte à pizza, près du four pour qu'elle lève:-" Pourriez-vous vous occuper de la salade pendant que je prépare le chocolat?"

Béatrice :-" Evidemment, que faut-il faire ?"

Léonora :-«  Il faut nettoyer les figues et la roquette, découper la mozzarella, les fruits et le jambon. »

Béatrice :-« Cela devrait être dans mes cordes. »

Chacune s'attèle alors à sa tâche.

Béatrice :-" Léonora, tu as dit, hier, que ton tatouage te pousserait à aller combattre l'un des douze personnages les plus puissants de l'enfer, s'il venait sur Terre. Ce qui sous-entend que cela t'ait déjà arrivée puisque tu n'as pu l'apprendre dans un livre vu que tu es unique. C'est terrible et hallucinant. Cela devrait être à un des archanges de se charger d'une telle tâche. »

Léonora :-« Si un démon venait sur Terre de son propre fait, un archange interviendrait car ce serait considéré comme de l’ingérence et c’est totalement interdit. Depuis que l’Homme connaît l’écriture, ce n’est arrivé qu’une fois, quand l’archange Saint-Michel est venu combattre Satan grimé en Dragon. C’était juste après que ce dernier perdit le trône de l’Enfer au profit de Belzebuth. Fou de rage, il était venu tuer des humains pour enrôler leur âme dans ses légions, espérant ainsi renverser le nouveau roi. Depuis cet épisode, la stricte règle de non-ingérence entre les trois mondes est respectée. Les démons ne sont plus jamais venus ici, de leur propre chef. Leur présence est  toujours, due à une  invocation pour exaucer un souhait. Donc, comme c'est l'Homme le responsable du déséquilibre vers le mal de son monde,  c’est à lui de s’en charger."

Béatrice:-" En l’occurrence, c’est à toi de réparer ses erreurs. »

Léonora :-«  Je ne suis pas seule et au vu de l’accroissement des morts au cours des guerres depuis que je suis entrée en activité, on pourrait croire que j’aggrave les choses. »

Béatrice :-«  C’est n’importe quoi ! Tu sais bien que c’est dû à l’accroissement de la population.»

Léonora :-«  Vous voulez que je m’occupe du jambon ? Vous semblez avoir quelques difficultés. »

Elle dit cela en soulevant les deux tranches épaisses et irrégulières que la brune à péniblement réussi à couper.

Béatrice, dépitée et un peu honteuse :-« Ce serait avec plaisir. J’utilise habituellement un couteau électrique. »

Léonora, s’empare alors d’une petite épée, à double tranchant, d’une trentaine de centimètres, accrochée au mur. Elle l’essuie  puis vient à côté de Béatrice. Là, avec un geste ample et rapide, elle découpe, aussi bien à l’aller qu’au retour de sa lame, des tranches si fines qu’elles en sont presque  transparentes. En moins de dix secondes, une dizaines  se trouvent dans l’assiette.

Léonora, en nettoyant consciencieusement son arme :-«  Je suis définitivement restée de la vielle école. »

Béatrice, ébahie :-« Avec une tel agilité, tu as bien fait. (Se reprenant) S’il y a tant de démons qui viennent sur la Terre, pourquoi ne la dirigent-ils pas, vu qu’ils sont beaucoup plus fort que nous ?"

Léonora, en sortant deux grandes assiettes et en commençant à y disposer les quartiers de mozzarella, de figues et les tranches de jambon :-«  S’ils s’en prennent physiquement aux Hommes ou les manipulent, cela sera considéré comme de l’ingérence.
Comme retourner dans leur monde  équivaut à la douleur, je cite, « d‘une éventration par lame incandescente sur laquelle on jetterait de l’alcool »,  ils restent sur Terre et en profite pour récupérer les âmes des morts et agrandir leur légion, ce qui leur permet de gravir les échelons de la noblesse dans  leur monde.
Sur les champs de bataille, ce ne sont pas eux qui déclenchent les hostilités mais quand les combats sont commencés, ils arrivent très nombreux pour capter les âmes des morts. Ils se battent alors tant qu’il n’en reste pas qu’un seul.
C’est une manière risquée mais très rentable de gravir la hiérarchie démoniaque puisque leur seule présence stimule les bas instincts de l’humain, allongeant considérablement la durée des combats donc le nombre de victimes.
Je pense, après ma confrontation avec celui qui s’est manifesté lors de votre kidnapping, que ceux qui vivent en ville utilisent les vampires pour contrôler les activités illicites et s’approprier les âmes des victimes qu’ils engendrent.  »

Béatrice, étonnée :-«  Pourquoi les vampires ? »

Léonora :-«  Parce qu’ils ont perdu leur âme, ce qui permet aux démons de les contraindre à leur obéir sans faire d’ingérence et ce sont des humains, très forts de surcroît, donc ils peuvent facilement s’en prendre aux Hommes. »

L’immortelle finit sa présentation en rajoutant des olives noires, la roquette et un filet d’huile d’olive, du sel et du poivre au moulin. L’assiette est superbe et des plus appétissantes.
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:30

Chapitre 20

Béatrice, ébahie :-" C'est de toute beauté. Nous mangeons ici ?"

Léonora :-" J'aurais voulu profiter de la table que j'avais dressée pour le dîner d'hier. Cela vous convient-il ?"

Béatrice, en prenant les assiettes, prête à partir :-" Oh oui! C'est un très bon choix. (Se ravisant) Nous y allons maintenant ou tu veux d’abord faire les pizzas pour qu’elles cuisent pendant que nous mangeons ?"

Léonora, amusée :-"Vu votre enthousiaste, votre faim semble immense. Nous allons manger tout de suite, j’ai bien trop peur que vous me dévoriez si je vous faisais attendre. »

Le visage de la brune se transforme et prend une expression de parfait sérieux. En posant les plats, elle rive ses yeux dans ceux de sa compagne et s’approche d’elle,  telle une prédatrice prête à dévorer sa proie, conquérante mais aussi terriblement sensuelle. Léonora, subjuguée,  ne revient à la réalité qu’en sentant la main de son aimée s’emparer de sa nuque. La seconde d’après, elle croit défaillir. La bouche de Béatrice vient de se poser sur sa jugulaire et commence à la mordiller tandis qu’une douce et chaude caresse parcourt son dos. Elle perd définitivement pied quand son bas ventre s’enflamme sous les doigts agiles de sa douce. Le baiser passionné qui l’accompagne, achève de l’envoyer au sommet du plaisir en la submergeant de sensations merveilleuses.  

Elle met plusieurs minutes pour revenir à elle.  Sa douce qui la soutient toujours, arbore un sourire où se mêlent l’amour inconditionnel, le triomphe et l’ironie.

Béatrice :-« As-tu toujours aussi peur que je te dévore ? »

Léonora, un peu perdue :-« Définitivement non, mais je préfère, tout de même, faire la pizza une fois la salade dégustée pour pouvoir la surveiller. Il n’y a pas de thermostat sur un four à bois. »

Béatrice, amusée :-« Tu es définitivement une cuisinière dans l’âme.  Allons manger ! Je meurs de faim. »

Elle la remet sur ses pieds et lui dépose un petit baiser avant de partir à grandes enjambées récupérer les deux assiettes. L’immortelle utilise alors sa très grande célérité pour ouvrir la bouteille de vin, découper le pain, disposer les tranches dans une panière et être à côté de sa brune au moment où celle-ci se retourne pour voir si elle la suit, la faisant sursauter.

Léonora, souriant :-« Je vous attends. »

Béatrice est étonnée de la voir les mains chargées, surtout qu’elle est sûre d’avoir vu le pain, entier, en venant prendre les assiettes. Elle comprend alors ce qui s’est passé.

Béatrice :-« Rappelle-moi de ne jamais faire de course contre toi. »

Le déjeuner est joyeux, la salade exquise et les conversations sur les endroits qu’elles veulent absolument visiter au cours de leur découverte de l’Amérique et de l’Océanie. Une fois le repas fini, les demoiselles vont ensemble dans la cuisine pour s’occuper des pizzas. Pour surveiller leur cuisson, Léonora est dans les bras de Béatrice qui est assise sur la table face au four.

Béatrice :-" Cela va être vraiment difficile, ce soir, chez mes parents, d'être sans toi."

Léonora, après un long silence, la voix morne :-" Pour moi aussi (Se reprenant) De toute façon, je viens te voir demain pour organiser la visite du château. Je veux aussi me renseigner auprès des voisins et de la mairie pour éviter les mauvaises surprises. A ce propos, je pensais demander au responsable de la sécurité de mon musée de Genève, à plusieurs professionnels du bâtiment et quelques architectes de venir pour une contre-visite si le lieu nous convient. Cela vous sied-il ?"

Béatrice :-" Vu le prix du bien, c'est une très bonne idée. Il faut être certain qu’il n’y a pas de vice caché et que nous allons pouvoir faire ton musée et notre maison comme nous l’entendons."

Léonora se lève pour voir les pizzas. Elle revient, ensuite, s'installer douillettement dans les bras de son amour.

Béatrice, après un gros câlin tout tendre et parsemé de petit bisous tout doux :-" Si tu veux, je peux rester dormir ici, ce soir. Il me faudra juste partir un peu tôt pour passer chez mes parents et me changer avant d'embaucher."

Léonora, enthousiaste :-" Si cela ne vous pose aucun souci, cela me ravirait."

Béatrice, mutine :-" Même en sachant que je dormirai complètement nue, toute blottie contre toi pour ne pas avoir froid et que mes mains risquent de vagabonder, au grès de leurs envies, sur ton superbe corps sans défense, t'empêchant alors de dormir ?"

Léonora, déglutissant avant de répondre :-" Vous savez bien que je n'ai pas besoin de dormir. En plus, je suis toute prête à vous réchauffer. Je m'en voudrais trop si vous attrapiez un rhume par ma faute."

Béatrice, tout sourire :-" Belle repartie."

Elle la retourne, alors et l'embrasse avec tout son amour. Les esprits qui commençaient à s'embraser sont alors refroidis par la sonnerie du portable de la brune qui retentit dans le salon.

Béatrice, affolée :-" Mes parents ! Je ne les ai pas prévenus que je ne mangeais pas avec eux !"

Elle file après un petit bisou, laissant Léonora, un peu perdue, seule dans la cuisine.

Léonora, pour elle-même (en italien du XV° siècle) :-" Cette demoiselle m'a complètement retourné la tête et j'adore ça. Ces quelques heures merveilleuses avec elle valent largement plus que tous les siècles que j'ai vécus avant. Heureusement que j'ai eu le courage d'arrêter la routine pour lui demander de vivre avec moi."

Elle sort les pizzas et les dispose sur deux grandes assiettes carrées après les avoir découpées pour en faciliter la dégustation. Elle s'attèle ensuite à la confection de la crème chantilly qu'elle monte à la main avec un fouet. Elle dépose la boule de glace à la vanille et la chantilly sur le dessert, sort une bouteille de champagne du réfrigérateur et la place dans son seau après y avoir mis des glaçons. Une fois sure que rien a été oublié, elle emporte le tout au salon.

Béatrice, voyant Léonora entrer :-" Maman, il faut que je te laisse. Oui, je lui dirai. Fais un bisous à papa. À demain."

Elle dépose un baiser sur la joue de sa belle et l’aide en lui prenant les assiettes.

Béatrice :-« Maman t’embrasse, d’où le bisou. »

Léonora :-« Vous leur avez dit pour nous deux ? »

Béatrice, goûtant la chantilly qu’elle a récupéré du bout du doigt :-«  Oui et ils sont ravis. Ils se doutaient bien que je n’avais pas fait des efforts vestimentaires pour venir vous voir, pour rien. Ta chantilly est à tomber»

Léonora, soulagée :-« C’est bien et étonnant qu’ils acceptent. »

Béatrice :-«  Pas vraiment, ils m’ont élevée dans la tolérance et l’acceptation des différences. Alors tant que je suis heureuse, ils le sont. »
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:31

Chapitre 21

Dans le silence qui suit la remarque de Béatrice, Léonora se surprend à penser qu'il est agréable d’avoir des beaux-parents si ouverts d'esprit. Elle poursuit ses réflexions en s'étonnant puis en se réjouissant du naturel avec lequel elle est passée d’un avenir peuplé de combats contre des démons à celui fait d’amour et de bonheur auprès de la femme qu’elle aime.
En revenant à la réalité, un large sourire illuminant son visage, elle voit que sa douce amie vient de finir toute la chantilly qui recouvrait sa pizza. Elle va donc lui chercher, en cuisine, le bol où elle sait qu’il reste de la crème fouettée.

Léonora, tendant le bol à Béatrice :-" Et si nous mangions cette pizza ? "

Béatrice, se servant :-" Merci. Oh oui, si elle est aussi bonne que ta chantilly, cela va être un régal."

La brune prend une part et mord dedans avec entrain. Après l'avoir dégustée, elle s'arrête et se tourne vers l'immortelle.

Beatrice :-" Mais dis moi, tu n'avais pas ce bol en entrant avec les deux assiettes tout à l'heure."

Léonora :-" Non, je viens de le rapporter de la cuisine. J’ai vu que vous n’aviez pas résisté à la crème fouettée et cela aurait été dommage que vous n’en ayez plus pour manger avec votre pizza en sachant qu’il en reste."

Béatrice, surprise :-" Mais je ne t'ai pas vue ni partir, ni revenir."

Léonora, avec un sourire :-"je suis assez véloce."

Béatrice, avec un sourire en coin :-" Tu fais le ménage aussi vite ?"

Leonora, souriante :-"Oh, je vous vois venir ! Il n’est pas question que je me retrouve à m’en occuper sous prétexte que je vais plus vite que vous à le faire. »

Béatrice, se faisant câline et coquine :-« Même contre de sensuelles et voluptueuses compensations ? »

Léonora, troublée :-« De toute façon, la question ne se pose pas puisque nous aurons du personnel pour s’occuper de l’entretien de la maison. »

Béatrice :-« Dommage, je voyais déjà très bien la manière dont j’allais remplir ma part du contrat. »

Léonora, déglutissant difficilement :-« Mangez, la glace va fondre. »

Le reste de la dégustation se fait dans le silence. Une fois les assiettes vides, la maîtresse de maison se souvient avoir ramené du champagne et en propose à son invitée, qui accepte. Elles trinquent, alors, à elles.

Béatrice :-« Au fait, mes parents voudraient que tu viennes déjeuner, dimanche prochain, à la maison. »

Léonora reste muette. Elle est surprise de ressentir une certaine angoisse à la perspective de cette rencontre.

Béatrice, étonnée :-« Que t’arrive-t-il ? Tu as peur ? Pourtant tu les connais, tu as passé une journée à l’hôpital avec eux, à être à mon chevet. C’est trop tôt, c’est ça ? »

Léonora, sentant de l’inquiétude dans la dernière phrase de sa douce réagit, enfin.

Léonora :-« Ne vous inquiétez pas. Ce n’est pas trop tôt, c’est juste que c’est une étape importante pour notre couple et je ne voudrais pas que vos parents ne m’apprécient pas. »

Béatrice, après un baiser plein d’amour :-« L’important c’est que moi je t’aime à la folie. En plus, tu es parfaite, je ne vois pas ce qu'ils pourraient te reprocher »

Léonora, avec un petit rire mal à l’aise :-« Vous n'êtes absolument pas objective. Mais je viendrai. Après tout, si j’ai pu renvoyer en Enfer, Satan,  je devrais pouvoir déjeuner avec vos parents. »

Béatrice, se moquant :-"J’espère que tu ne compares pas ma famille avec le diable ! »

Léonora, ennuyée :-«  Absolument pas. Je n’ai pas voulu dire cela. »

Béatrice, riant :-« J’ai enfin pu te faire marcher. »

Léonora, avec un sourire en coin :-«  Je saurai m’en souvenir, jeune demoiselle. »

Les deux femmes, sous l’impulsion de la brune, échangent un baiser passionné. Celui-ci est sur le point de mener à quelque chose de plus torride quand Béatrice se redresse d’un coup.

Béatrice :-« Tu as combattu le diable en personne ! »

L’immortelle met quelques secondes à revenir sur Terre et à comprendre de quoi parle sa douce.

Léonora, ennuyée d'en avoir trop dit :-" Le diable n'existe pas. L'enfer est actuellement dirigé par Belzébuth qui a pris la place de Satan au début de l'ère chrétienne.  Ce dernier avec les dix autres princes, princesses ou grands maîtres secondent le chef de l’empire infernal pour la gestion de l’Enfer. Mais cela n’empêche aucun d’entre eux de tout faire pour accéder aux fonctions suprêmes en fomentant des complots ou en augmentant les effectifs de leurs légions. »

Béatrice, les sourcils froncés :-« Amour. »

Léonora :-«  Effectivement j'ai bien combattu Satan. »

Béatrice :-« C’est pour ça que tu sais que tu seras obligée d’agir si l’un d’eux vient sur Terre ? »

Léonora :-«  Tout à fait."

Béatrice, comme une enfant :-" Tu me racontes, s'il te plaît."

Le regard de sa douce lui interdit de ne pas accéder à sa requête. Elle se resserre une coupe qu'elle déguste en même temps qu'elle rassemble ses souvenirs puis se lance.

Léonora :-" En 1926, Adolf Hitler a créé les jeunesses hitlériennes avec comme but affiché, la création et la formation d'une armée de jeunes allemands. Mais ce n'était pas son seul objectif. Dans le plus grand secret, il a rassemblé 666 jeunes filles entre 5 et 10 ans, dans un monastère d'une vallée du Jura allemand, défavorisée. Elles étaient toutes issues de familles très pauvres qui ont vu là un moyen d'assurer à leurs enfants le gîte et le couvert. Pendant six ans, elles ont été endoctrinées pour suivre aveuglément les directives du futur führer, tout en menant une vie de sainteté aidant les habitants et les soignants.
Et au solstice d'hiver de 1932, trois ans avant les élections en Allemagne, il les a toutes amenées à invoquer Satan et à en se vidant de leur sang, elles pensaient appeler un ange devant sauver tous les humains de la pauvreté.
Le prince détrôné fut amené devant Hitler par ces 666 prières sans pouvoir y résister puisque prononcées par de saintes vierges se sacrifiant pour le bien de l’humanité. C’est le seul moyen pour réussir à le faire venir sur Terre.
Le démon eut l'impression d'être harponné par autant de crochets incandescents. A cette douleur insupportable, il faut ajouter celle du passage entre nos deux mondes qui est décrite par les démons comme celle d'une éventration du pubis au sternum par une lame brûlante.
Satan était fou furieux devant son invocateur. Il n'écouta même pas sa demande. Il prit son âme, comme tout démon invoqué et le maudit, ce que seul un haut dignitaire de l'Enfer peut faire. Il lui a interdit tout bonheur jusqu'à la fin de sa vie. Le futur dictateur en perdit connaissance.
Ayant compris à quel personnage il avait affaire, il décida de rester sur Terre pour profiter du chaos et des guerres dont il serait responsable pour augmenter l'effectif de ses légions. Il partit alors dans le monde. C'est à ce moment que mon tatouage me poussa à le rechercher et à le combattre."

Béatrice :-" Satan a-t-il aussi récupéré les âmes des filles ?"

Léonora :-" Évidemment que non, les âmes sont reparties suivant les actions de leur possesseur pendant leur vie et non de celui qui est à côté, au moment de sa mort."

Béatrice :-" Mais elles se sont suicidées !"

Léonora, fronçant les sourcils :-" Et alors ? Pratiquement toutes les âmes des soldats des guerres de religions sont allées en enfer."

Béatrice :-" Je suis soulagée pour les filles. Comment l'as-tu retrouvé ?"

Léonora :-" Simplement, mon tatouage me brûlait si je n'allais pas dans la bonne direction ou si je ne bougeais pas."

Béatrice, la prenant dans ses bras :-" Dieu, tu n'as vraiment pas eu une vie heureuse. J'espère pouvoir te donner un peu de bonheur maintenant."

Léonora, après un baiser plein d'amour :-" C'est déjà le cas, mon amour."

Béatrice :-" Cela a dû être très dur de le combattre."

Léonora :-" Oh oui, surtout que j’ai vu tous les Champions du bien du continent mourir en y participant."

Béatrice :-" Mais comment as-tu réussi à gagner ?"

Léonora :-" En travaillant énormément.
Les trois premières années, jusqu'au début de la guerre d'Espagne, j'étais seule face à lui. Notre lieu de bataille était la campagne, près du camp de concentration de Dachau, déjà en activité. Je tenais entre deux jours et une semaine avant de mourir. Le lendemain matin, je me réveillais dans mon appartement Suisse, prenais une douche puis y retournais. J’avais entrepris ce combat comme tous les autres, attendant une erreur de sa part pour le terrasser. Je pensais qu’ayant juste besoin de réussir un coup, je n’avais pas à m’en faire pour  la victoire. Surtout que j’avais tout mon temps, aucune guerre n’était envenimée par la présence du démon et je savais comment faire pour ne pas être capturée vivante.
Je changeai de comportement quand  il s’installa dans la péninsule ibérique pour enrôler, dans ses légions, les âmes mortes pendant le conflit entre les républicains et les fascistes. Ce fut là qu’il tua le premier champion.
Les données étant changées, il me fallait l’arrêter au plus vite.
Alors, je me suis mise à analyser toutes ses techniques de combat, à apprendre à ne pas réagir à ses propos et à lire tout ce que je trouvais sur l’art de la guerre pendant le voyage ou les rares trêves.
Pendant neuf ans, je n’ai fait que le combattre ou l’étudier. Bien sûr, j’ai tenté de dissuader ceux qui voulaient l’attaquer mais aucun ne m’a écouté.  Je l’ai suivi quand il a été en France puis sur le front russe pour finir par revenir à côté de Dachau au début de l’année 1945.
Là, forte de toute ma connaissance, je l’ai combattu pendant trois mois sans interruption. J’ai utilisé aussi bien les attaques physiques que les réparties verbales pour atteindre son mental. En douze ans, j’avais assez d’informations pour appuyer là où cela fait mal.
Toujours est-il que la nuit de l’équinoxe de printemps de 1945, j’ai réussi à lui couper la tête et ainsi à le renvoyer en Enfer.
Je suis rentrée chez moi et je crois que j’ai dormi une semaine. »

Béatrice :-« Je comprends que laisser cette vie derrière toi soit si aisé. »
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:31

Chapitre 22

L'immortelle prend sa douce dans ses bras et l'embrasse.

Léonora :-" Ne vous inquiétez pas tant, mon amour. J'ai très rapidement appris à évacuer les actes monstrueux que j'ai été obligée de faire au cours de la mission que je me suis assignée. J'utilise ma passion pour les tableaux et les témoignages de reconnaissance des victimes que j'aide pour cela."

Béatrice lui rend la pareil. Elles s'allongent, enlacées, sur le canapé. Après un moment passé à seulement goûter au plaisir d’être dans les bras de celle qui fait battre son cœur, la brune prend la parole.

Béatrice :-" Que dirais-tu de regarder sur le net comment nous pourrions aménager notre futur chez nous ?"

Léonora, après quelques secondes de réflexion :-" Il reste deux heures de jour, que diriez-vous de plutôt visiter les lieux avant d'essayer de les décorer ?"

Béatrice :-"Et si les propriétaires ne sont pas là."

Léonora, souriante :-" Cela nous évitera de subir un refus."

Surprise, la brune se redresse suivi par sa douce.

Béatrice :-" Comment comptes-tu procéder si tel est le cas ?"

Léonora :-" De la même manière que lorsque j'ai récupéré mes tableaux quand les nazis ou d'autres se les sont accaparés."

Béatrice :-" Tu sais, si chercher des idées de décoration d'intérieur ne t'enchante pas. Il te suffit de le dire. Je le comprendrais très bien. Ce n'est pas la peine de tomber dans l'illégalité. (Avec un grand sourire) Rester dans tes bras et te faire des bisous me va parfaitement."

Léonora :-" Oh, mais moi aussi, cela me convient complètement, tout comme d'envisager la décoration de notre chez-nous. Sauf que je n'ai aucune imagination et que je suis assez curieuse. Donc, je me suis dit qu'aller visiter, dès maintenant, ce château serait une bonne idée."

Béatrice :-" Je suis d'accord mais entrer par effraction et surtout finir au commissariat ne m'enchante guère."

Léonora :-" Pour l'emprisonnement, je peux vous assurer que, même en vous portant, aucun humain ne peut me rattraper et encore moins m'arrêter. Je ne suis même pas sure qu'avec un hélicoptère, les autorités le puissent. Ces engins ne sont vraiment pas assez maniables."

Béatrice, surprise :-" Pas assez maniables ! J'en ai vu un, dans un reportage à la télévision, manipuler une énorme scie pour élaguer des arbres à un ou deux mètres de ligne à haute tension qu'il ne fallait absolument pas toucher sous peine d'une électrocution mortelle."

Au moment où elle termine sa réplique, Léonora a disparu. Elle sent alors qu'on lui tape sur l'épaule. Elle se retourne et découvre l'immortelle, assise sur le canapé, lui sourire de toutes ses dents.

Béatrice, souriante :-" Ok, je comprends mieux, ce que tu voulais dire."

Elle s'interrompt et fixe son amour, dans les yeux, avant de reprendre.

Béatrice :-" J'imagine que ma tenue ne va pas être très adaptée."

Léonora :-" Si vous en avez une autre dans votre voiture, c'est vrai que cela serait plus pratique."

Béatrice :-" Je vais la chercher."

Léonora :-" Pendant ce temps-là, je me prépare."

En revenant avec ses vêtements et son manteau, Béatrice trouve sa douce habillée d'un pantalon et d'un pull, sur le canapé du salon à regarder sa tablette, deux valises et un petit sac de voyage trônant dans l'entrée, ses tableaux et sa statue dans leur sarcophages.

Béatrice, inquiète :-" Il y a un problème ? Tu dois partir ?"

Léonora venant l'enlacer :-" Non, pas du tout. Je me suis dit qu'il était stupide de faire un aller-retour aujourd'hui et un demain. Surtout que cela vous donnerait un surcroît de fatigue. Je recherchais, donc, en vous attendant, les offres d'hébergements dans votre ville. J'ai trouvé un hôtel qui loue des appartements avec cuisine. Qu’en dîtes-vous ? Cela nous permettra d'être un peu comme chez nous, le temps de trouver mieux."

Béatrice, après l'avoir embrassée :-" C'est une super idée. En plus, cela m'évitera de me lever à cinq heures du matin pour être à 6h30 chez madame Schubert pour sa toilette."

Léonora, haussant les sourcils :-" Pourquoi ne pas me l'avoir dit tout à l'heure que vous deviez commencer si tôt ? J'aurais très bien compris que vous deviez dormir chez vos parents !"

Béatrice, souriante :-" Parce que tu semblais, tout comme moi d'ailleurs, attristée de mon départ. Et  se lever tôt n'est franchement pas grand-chose, si c’est pour passer de temps près de toi et te faire plaisir."

Léonora est alors envahie par une vague d'amour et se laisse aller à l'exprimer physiquement. Béatrice ne reste pas inactive. Leur sens ne sont apaisés qu’une demi-heure plus tard. La brune,  affolée, après avoir découvert l'heure qu'il est, s'habille en vitesse de son jeans et de son pull, pendant que l'immortelle fait de même puis réserve leur logement. Un quart d'heure plus tard, elles sont en voiture, en route pour la visite de leur possible futur demeure.

Elles arrivent dans un quartier résidentiel très tranquille. Les maisons sont toutes grandes et belles, entourées de jardin et en partie dissimulées à la vue des curieux par de hautes haies de thuyas.
La brune gare sa voiture le long d’un mur de plus de trois mètres de haut, courant tout le long de la rue. Elles sont près d’un portail en fer forgé assez monumental et d’une porte plus normale, taillée dans la muraille.

Béatrice :-«  Ici, nous sommes à moins de dix minutes à pied du centre-ville.  »

Léonora :-« Vous pourriez donc aller à votre travail à pied si nous achetions ce bien ? »

Béatrice :-«  Si je n’avais pas souvent besoin d’aller voir mes clients en voiture, oui. »

Léonora, après avoir observé la rue :-« L’endroit semble calme ! »

Béatrice :-«  Oh oui ! Ici, nous sommes dans le quartier chic de la ville.  La rue où nous sommes est une impasse se terminant devant la Seine. Il y a un chemin de balade permettant de retourner en centre-ville en suivant le fleuve. Il est très prisé des habitants en été. »

Léonora :-« Et la rue que nous venons de passer et qui partait sur la gauche en longeant le mur de la propriété mène où ? »

Béatrice :-« Je pense vers la forêt domanial. »

Léonora :-« Donc si je résume d’un côté, il y a la Seine, de l’autre une forêt et les deux rues ne sont pas très passantes. »

Béatrice :-« C’est tout à fait ça. Et depuis la création des bassins de rétention, les crues sont très minimes. »

Léonora :-«  Tout cela est plutôt de bon augure tout cela. »

Béatrice :-« Tout à fait. »

Elles descendent de voiture et après avoir sonné pour vérifier qu'il n'y ait personne, Léonora prend Béatrice dans ses bras. Elle saute au-dessus du mur d'enceinte comme s'il s'agissait d'une bordure délimitant un parterre de fleur.
Elles sont alors sur une route d’une cinquantaine de mètres, bordée de chaque côté par une forêt. Le château n’est pas en vue mais ce bond leur donne, déjà, l’illusion de se retrouver ailleurs, à la campagne ou un pays de conte de fées.  

Léonora :-«  Cela vous dérange si je continue à vous porter pour gagner du temps. »

Béatrice :-« Non. »

Deux secondes plus tard et plus deux cent mètres de route parcourus à une vitesse folle, elles sont  devant la porte d’entrée.  L’immortelle pose sa douce et main dans la main, elles font le tour du château en admirant le paysage. Le parc est organisé de tel sorte que la forêt est tout le long des murs clôturant la propriété. Elle est composée d’essences d’arbres à la fois caduques et persistantes pour qu’été comme hiver, elle puisse le cacher. La seule trouée existante permet d’avoir une vue sur le fleuve qui serpente en contre-bas de la propriété. Tout le reste du terrain est recouvert par une immense pelouse.  Elles s’arrêtent, derrière le château,  un instant pour regarder la Seine. Cette vue, avec les couleurs orangées du soleil presque couchant, est de toute beauté et subjugue les visiteuses clandestines.

Béatrice, murmurant :-«  C’est magnifique. »

Léonora :-«  Oh oui. Vous avez vu que l’orangerie et les écuries sont situées, au nord de la propriété, le long du mur la séparant de la rue menant à la forêt ? »

Béatrice :-« Oui, tout semble avoir été fait pour qu’ils soient dans un petit coin, invisible depuis le château.  »

Léonora :-« C’est ce que je me suis dit aussi. Que voulez-vous visiter en premier, le château ou les dépendances ? »

Béatrice, spontanément :-« Le château ! »

Elles retournent donc vers l’entrée. Là, l’immortelle s’attèle à crocheter la serrure et à neutraliser l’alarme. Pour cette dernière, elle utilise une petite boîte qu’elle accroche au boîtier de commande.

Léonora :-«  L’alarme est assez ancienne. Le matériel que je me suis procurer en 2003 à mon retour du Congo est encore adapté. »

Béatrice, levant les sourcils :-«  Cela tombe bien. »

Une fois cela fait, elles s’intéressent à la demeure. Là, elles découvrent une entrée immense avec une hauteur sous plafond d’au moins quatre mètres. Elles trouvent, ensuite, une cuisine plus grande et mieux équipée que celle de Léonora avec un cellier surdimensionné,  un salon salle à manger gigantesque donnant sur le fleuve mais que la décoration rend très douillet et chaleureux. La suite de la visite est une vraie liste à la Prévert dans des proportions rabelaisiennes. Au rez-de-chaussée, il y a une salle de cinéma, deux bureaux, une bibliothèque, un auditorium, une salle de billard, une salle de jeu pour enfants, un dressing pour les chaussures et les manteaux, des toilettes dignes d’un grand restaurant et un ascenseur. Elles continuent l’exploration en empruntant l’escalier monumental et arrivent au premier étage. C’est ici encore un concours de superlatif. La suite parentale presque aussi grande que le salon, comporte, en plus du lieu où dormir, deux dressings conséquents et deux salles de bain superbes.  Les autres chambres sont, certes, plus petites mais tout de même aussi grandes que la cuisine. Elles ont une pièce d’eau et une pour ranger les affaires. Il y a aussi une lingerie. Le deuxième et dernier étage est constitué de vingt chambres ayant un cabinet de toilette chacune. Les combles sont aménagés en grenier.
Le soleil ayant presque disparu, les jeunes femmes se hâtent d’aller visiter l’orangerie. Elle est si grande que Béatrice en mesure les dimensions en faisant de grandes enjambées tout autour.

Béatrice, surprise :-« Léonora, si je ne suis pas trompée, la surface au sol est de 2500 mètres carré ! »

L’immortelle, ayant ouvert la porte en l’attendant, est déjà à l’intérieur. Nyctalope, elle n’a pas besoin de lumière pour voir que la hauteur sous plafond est d’au moins cinq mètres et qu’il y aura besoin de beaucoup de travaux pour rendre le lieu habitable. Le bâtiment est complètement vide. La brune, la rejoint en utilisant son téléphone portable.

Béatrice, déçue :-« Mais il n’y a rien. »

Léonora :-« Vous pourrez ainsi laisser votre créativité s’exprimer. »

Béatrice, souriante :-« Vile flatteuse ! »

Léonora, avec un sourire en coin :-«  Moi ? Pas du tout ! Juste désespérément amoureuse. »

Béatrice lui capture les lèvres et lui offre un baiser de plus passionné.  Une fois celui-ci fini, elle lui demande si elles peuvent rentrer. Le retour se fait dans le silence, tout comme les premiers mètres en voiture. L'immortelle s'aperçoit, évidement, du changement d’humeur de son amour mais préfère attendre qu'elle lui en parle. Elle décide, donc d’aborder un sujet qui devrait lui plaire.

Léonora :-" Voulez-vous que nous passions chez vos parents pour prendre des affaires ?"

Cela la sort efficacement de ses pensées.

Béatrice :-" Tu ne seras pas mal à l'aise de m’accompagner."

Léonora :-" Si je vous le propose."

Elle s'arrête sur le bas-côté et appelle sa mère.

Béatrice :-" Allo maman, c'est Béa. Nous sommes en ville avec Léonora."

Réponse de sa mère

Béatrice :-" Non, Léonora a loué une chambre d'hôtel. Je peux passer avec prendre quelques affaires ?"

Réponse de sa mère

Léonora, lui pose la main sur l'épaule avant qu'elle ne réponde à sa mère.

Léonora :-" Rassurez votre mère, nous avons ce qu'il faut pour un petit apéritif. Elle n'a pas besoin de s'en inquiéter."

Elle s'interroge deux secondes sur comment sa douce a entendu les paroles de sa mère avant de se souvenir que toutes ses capacités sont cent fois supérieures à celle d'un humain.

Béatrice à sa mère :-" Ne t'inquiète pas pour ça. Nous amenons ce qu'il faut. À toute suite."

Béatrice, à Léonora :-" Tu sais que nous ne sommes pas à Paris et qu'il n'y a rien d'ouvert ici, le dimanche."

Léonora :-" Vous ne croyez pas que j'allais nous faire à manger avec des produits ordinaires. J'ai ramené la plus grande partie ce que j'avais dans ma cuisine."

Béatrice, démarrant :-" C'est pour cela que tu as pris autant de bagages."

Léonora :-" Tout à fait. J’ai tout mis dans les valises. Moi, je n'ai besoin que d'un sac de voyage."
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:32

Chapitre 23
Léonora revoit mentalement tout ce qu'elle a dans ses valises et réfléchit au meilleur apéritif possible. Elle a alors l'idée de faire une tapenade aux olives pour amener de la verdure et un peu de légèreté. Mais cela implique des baguettes. Elle en parle à sa douce.

Béatrice :-" Ce n'est pas un problème, les boulangeries ouvertes le dimanche ne manquent pas en ville. On pourrait même prendre du pain au noix pour accompagner le fromage et au raisin ou aux figues pour le jambon de parme."

Léonora :-" C'est parfait."

Après un nouveau moment silencieux dans la voiture.

Léonora :-" Il n'y aurait pas la possibilité de trouver un fleuriste ouvert ? Cela me gêne d'arriver chez vos parents les mains vides."

Béatrice, riant :-" Tu amènes l'apéritif complet ! "

La brune voyant le visage sérieux de son amour et comprenant très bien l'angoisse qu'elle peut ressentir arrête rapidement de rire.

Béatrice :-" Nous ferons un détour par la jardinerie après le pain. Nous devrions trouver quelque chose."

Après avoir acheté tout ce qu'elles cherchaient et plus même puisqu'il y avait des amuses bouches chez le boulanger, elles prennent la direction de la maison Bourneville.

Léonora :-" Vous avez dit quoi à vos parents à mon propos ?"

Béatrice :-" Rien, tu leur avais déjà dit posséder un musée et faire de l'humanitaire quand tu as attendu, avec eux, mon réveil à l'hôpital. Je ne leur ai évidemment pas raconté que tu étais immortelle, ni que tu nous avais sauvées et tué un démon, tout comme Amarante."

Elles arrivent, enfin.
Elles sont devant un petit pavillon entouré d'un jardin dans un quartier résidentiel plutôt calme.
Visiblement, elles étaient attendues. A peine la voiture garée et les demoiselles sorties que monsieur et madame Bourneville sont sur le seuil de la porte d'entrée. Léonora prend ses deux valises et Béatrice se charge de l'orchidée.

Les embrassades de bienvenue échangées et la fleur donnée, la jeune fille de la maison emmène ses parents au salon pour permettre à son amoureuse d'œuvrer tranquillement et surtout beaucoup plus rapidement en cuisine. Sa mère d'abord réticente à l'idée de faire travailler une invitée, se laisse convaincre par sa fille quand celle-ci lui révèle que c'est la manière qu'utilise sa belle pour gérer son stress. Ce pieux mensonge permet à l'immortelle de tout préparer en moins de cinq minutes.
Elle rejoint les autres avec un plateau débordant de victuailles.

Léonora :-" Madame Bourneville, votre cuisine est vraiment bien conçue. Cela a été un vrai plaisir d'y travailler. J'ai facilement trouvé ce qui m'était nécessaire."

Madame Bourneville, les joues roses :-" Merci Léonora."

La mère de famille voit, alors, la grande quantité de nourriture préparée.

Madame Bourneville :- Mais tu as prévu de quoi nourrir un régiment !"

Léonora :-" Je ne connaissais pas vos goûts alors j'ai préparé un large éventail pour ne pas me tromper."

Béatrice, un peu moqueuse :-" Et il reste encore les amuse-bouches qui chauffent dans le four."

Monsieur Bourneville :-" Béa, on jurerait que tu as oublié que tu avais manger du gigot pendant une semaine après le premier déjeuner que tu as organisé pour nous, chez toi."

Cela enlève immédiatement le sourire goguenard du visage de la brune.

Béatrice :-" Et depuis, j'ai beaucoup de mal avec le gigot froid."

Les demoiselles disposent le tout sur la table basse.

Monsieur Bourneville :-" Que vous sers-je à boire ?"

Les verres remplis, il porte un toast.

Monsieur Bourneville :-" Léonora, je te souhaite la bienvenue dans notre famille. Je suis ravi que tu es finalement décidée d'être avec ma fille."

Madame Bourneville :-" Depuis son réveil à l'hôpital, Béatrice n'attendait que ça."

Béatrice, gênée :-" Papa! Maman!"

Léonora, posant sa main sur la cuisse de sa belle :-" Je suis, moi aussi, enchantée d'être dans votre famille et comblée que votre fille ait accepté de vivre avec moi."

Béatrice :-"Bon, si on goûtait à cet apéritif ?"

Monsieur Bourneville :-" C'est vraiment délicieux,. Léonora. Tu voyages toujours avec tes provisions ?"

Léonora :-" Non, mais je n'envisageais pas de laisser périmer de si bons produits et surtout de devoir, dès demain, refaire des courses alors que je les avais faites vendredi."

Béatrice :-" Léonora nous a réservé un appart-hôtel pour que je n’ai pas trop de kilomètres à faire pour aller au travail. Celui où nous logerons est aussi grand que mon ancien appartement et la cuisine mieux équipée."

Les conversations vont bon train, dans une bonne humeur chaleureuse et bienveillante. Aucune référence à l'ex de la brune n'est fait mais les parents ne peuvent que constaté que leur fille rayonne comme jamais elle ne l'a fait avec ce triste individu.

Monsieur Bourneville :-" En tout cas, je suis content que tu sois passée chercher tes affaires. Outre le plaisir de revoir Léonora, cela m'évite d'aller les déposer à ton boulot. J’avais un peu peur de faire tout sonner et de voir débarquer la police avec l'alarme dernier cri que le père d'Amarante a fait installer pour sécuriser ton local."

Béatrice :-" Je te comprends. Au début, j'étais, moi aussi, inquiète de me tromper dans le code de l'alarme. Mais maintenant je m'y suis faite. "

Léonora, inquiète : " Le commanditaire de votre enlèvement n'a pas été arrêté ?"

Béatrice :-" Non. D'après ce que m'a dit Amarante, l'homme qui a engagé les trois criminels ne serait qu'un intermédiaire et la société qui devait racheter l'entreprise de son père, qu'une façade. La police n'est donc pas très avancée dans son enquête."

Léonora :-" La menace est donc toujours là !"

Béatrice :-" Non, parce que le père d'Amarante n'est plus l'actionnaire principal de son entreprise. Maintenant, il n'est que le PDG. Plus personne n'a d'intérêt à faire pression sur lui puisqu'il n'est qu'un employé."

Madame Bourneville :-" Vous avez prévu quoi pour votre futur ? Vous n'allez pas vivre pour toujours dans un appart-hôtel."

C'est sa fille qui élude la question pour éviter de parler de ce qu'elles viennent de faire et surtout parce qu'elle n'est toujours pas à l'aise avec le montant astronomique du bien qu'elles envisagent d'acquérir.

Béatrice:-" Nous avons quelques idées mais rien de bien précis. Nous vous en dirons plus quand on sera fixé."

Les conversations continuent encore une bonne heure. Béatrice sonne la retraite quand ses parents commencent à évoquer sa jeunesse, de peur que l'album photo familial ne soit sorti.

Une fois qu'elle est seule avec sa douce, la brune lui révèle qu'en réalité le père d'Amarante a créé une société offshore à qui il a vendu les parts de sa société. Il en conserve donc et la direction et la propriété mais sans que cela soit connu.

Une demi-heure après, leurs affaires et les victuailles sont rangées dans leur appartement. Les amoureuses, elles, s’assoient sur le canapé dans les bras l'une de l'autre. Après avoir beaucoup hésité, la plus jeune aborde une partie de ce qui l'ennuie depuis la fin de la visite clandestine.

Béatrice :-" Amour, j'ai quelque chose à te confier."

Léonora :-" Je suis tout ouïe."

Béatrice :-" Je préférais que nous vivions dans le château et que l'orangerie serve pour ton musée. J'ai eu un coup de cœur pour le bâtiment et sa vue."

Léonora, souriante :-" Cela me convient complètement. Je contacterai l'architecte qui a remis aux normes actuelles mon musée et lui demanderai de venir visiter l'orangerie. L'intérêt de votre coup de cœur c'est qu'ainsi dès que nous aurons acheté la propriété nous pourrons y emménager. Par contre, il faudra engager du personnel pour son entretien ainsi que celui du parc."

Béatrice :-" Tu es certaine qu’il te plaît le château ? Je ne veux pas te forcer la main."

Léonora :-" Evidemment qu’il me plaît !  La cuisine est géniale et ses proportions sont exactement ce qu’il faut pour quelqu’un comme moi qui a des soucis avec les lieux confinés. »

Béatrice, inquiète :-« D’ailleurs en parlant de cela, tu te sens bien dans cet appartement, pas oppressée ? »

Léonora :-« Curieusement oui, je me sens bien. Vous avez un effet apaisant. »

Béatrice :-" Tant mieux. Cela me rassure, aussi,  pour le château. Mais, nous n'allons pas pouvoir y habiter tout de suite. L'achat d'une maison met au moins trois mois."

Léonora :-" Mais c'est affreusement long. J'ai acheté le musée à Genève et l'appartement à Paris en moins d'une semaine."

Béatrice :-" C'était à la fin du dix-neuvième siècle. Maintenant il y a tout une procédure que les notaires doivent suivre pour être sûrs que l'état de veut pas user de son droit de préemption ou que la personne qui met en vente est bien le propriétaire légitime."

Léonora :-" Nous attendrons, alors. Mais j’apprécierais de réintégrer régulièrement mon appartement parisien, ne serait-ce que pour sa cuisine. »

Béatrice :-«  Dès la période des fêtes finie, je rechercherai un administrateur pour ma boîte. Quand je l’aurais trouvé, je n’aurais plus besoin d’arriver aux aurores. Nous pourrons, alors, attendre la signature chez toi, à Paris. »

Léonora, avec le ton d’une petite fille :-« Et une fois installées chez nous, nous pourrons partir visiter l’Amérique et l’Océanie ? »

Béatrice, enthousiaste :-« Oh, oui ! »

Elles se câlinent ensuite mais la brune semble toujours préoccupée.

Léonora :-" Chérie, si vous avez quelque chose sur le cœur n'hésitez pas à vous confier. Je suis là pour vous."

Après encore quelques secondes de tergiversation, la mortelle s'explique.

Béatrice :-" Je ne sais pas comment le dire. J’ai peur de te blesser. »

Léonora :-" Vous m’aimez ? »

Béatrice, étonnée :-« Oui, passionnément. »

Léonora :-« Vous acceptez de vivre avec moi ? »

Béatrice :-« Jusqu’à ma mort. »

Léonora :-« Alors vous ne me blesserez pas. Dîtes-moi simplement ce qui vous préoccupe tant. »

Béatrice :-« Je veux des enfants. »

Après un long silence, le temps d’encaisser l’information, l’immortelle réplique.

Léonora :-« Je ne peux, hélas, pas vous en faire. (Essayant de sourire) Je ne suis pas équipée. »

La brune met une seconde à comprendre ce que veut dire sa douce et la manière dont elle a interprété ses propos.

Béatrice :-« Léonora, je le sais bien et ne veut nullement copuler avec un homme. Je n’ai pas dit cela pour ça. »

Léonora, perdue :-«  Mais vous savez bien que je suis stérile ! Comment voulez-vous avoir des enfants autrement ? »

Si son amour n’était pas si désespéré, elle aurait ri.

Béatrice :-« La science et l’adoption peuvent y pourvoir. Ma demande implicite est de savoir si tu serais prête à avoir, à nouveau, des bambins à t’occuper comme une maman ? »

Léonora, soulagée :-« Evidemment ! »

Heureuses et rassurées, elles se jettent dans les bras l’une de l’autre puis s’embrassent. Une fois ce baiser terminé, elles restent lovées tendrement profitant de cette proximité si agréable.

Léonora :-« Comment la science peut vous donner un bébé ? »

L’ancienne infirmière passe l’heure qui suit à expliquer à sa douce la reproduction humaine, du point de vue biologique puis la fécondation in vitro.
Après cela, toujours allongées dans le canapé, Béatrice tenant sa douce dans ses bras, elles regardent la télévision. Par pur gourmandise, elles dégustent, en même temps, un panforte, gâteau rond composé d’amandes fraîches, de fruits confits, surtout des agrumes, d’épices et de beaucoup de miel, accompagné d’un verre de vin Santo.
C’est alors que Béatrice est frappée par une question.

Béatrice :-« Léonora ! Comment se fait-il que, lors de notre enlèvement, tu sois revenue à la vie en moins d’une demi- heure dans mon appartement et pas le lendemain à Genève ? »

Léonora, un peu mal à l’aise :-« Disons que c’est peut-être dû à une promesse que j’ai faite si jamais il vous arrivait quelques chose. »

Béatrice :-« Mais encore ? »

Léonora :-« Quand je suis rentrée chez vous ce soir-là, j’étais obnubilée par le discours que je devais vous faire. C'est l’esprit uniquement préoccupé par vous, que je fus touchée par la balle. Est-ce ça qui a fait que je me suis retrouvée coincée dans mon corps inerte ? Je ne le sais pas.
En tout cas, c'est l’horreur que j’éprouvais en entendant les propos des ravisseurs et la tristesse de vous voir effondrée qui m'ont stimulée à lutter de toutes mes forces pour bouger.
Le désir de vous protéger et de vous rassurer a totalement éclipsé la réalité de ma mort. Je n’y ai tout simplement pas pensé une seconde. C’était la première fois que je ne m’y résignais pas.
Lorsque vous avez été emmenée, je suis devenue folle de rage. Je me suis déchaînée. Voyant que cela ne menait à rien, j’ai juré que s’il vous arrivait malheur, plus aucun ange, ni aucun démon ne pourrait mettre le pied sur Terre, que je les traquerais tous et les renverrais sur leur plan par le fil de mon épée.
J'ai pu me lever et aucun plaie ne se trouvait sur mon front."

Béatrice :-" Tu aurais tenu ta promesse ?"

Léonora :-" Oh, oui ! "

Étonnée et touchée, la brune reste silencieuse quelques instants.

Béatrice :-" Comment nous as-tu retrouvées ?"

Leonora :-"Grâce à un sort de localisation que j'ai lancé de mon appartement."

Béatrice, avec un sourire coquin :-" Tu m'as parlé d'un tatouage, mais je ne l'ai pas encore vu."

Léonora, sérieuse :-" Moi non plus. Seul le peintre Jean Fouquet l'a vu."

Béatrice :-" Comment ça ? Tu n'as pas de reflet dans un miroir ou sur une photo?"

L'immortelle part dans un fou rire surprenant son amoureuse. Ne voulant pas la vexer, elle essaie de le contrôler.

Leonora :-" Bien sûr que j'ai un reflet ! Comment aurais-je fais pour me maquiller tout à l'heure ? Vous savez les vrais vampires aussi, d’ailleurs. »

Béatrice :-«  Mais alors pourquoi ne l’as-tu pas regardé ? »

Léonora :-«  Parce qu’il est le symbole de la mort de mes enfants. Il est fait de leur sang."

Un froid s’abat sur le salon.

Béatrice :-" Désolée de mon manque de tact."

Un nouveau long silence s’installe et perdure même quand Léonora se lève et tend la main vers Béatrice, qui s’en empare. Elle l’aide à se redresser puis l’emmène dans la salle de bain. Celle-ci a, en plus du miroir au-dessus du lavabo, une immense glace murale en vis-à-vis de celui-ci, pour donner l’illusion d’une pièce plus grande. La brune comprend immédiatement l’intention de sa douce et veut lui dire que ce n’est pas la peine mais elle est interrompue avant d’avoir prononcé le moindre mot par un doigt sur ses lèvres et un mince sourire.
L’immortelle se retourne vers le point d’eau et tout en gardant ses yeux rivés dans ceux de son âme sœur, se déshabille. Ce n’est que lorsqu’elle est nue que leur regards se quittent pour se poser sur le dos de la châtaine.
L’œuvre d’art qu’elles observent, alors, leur coupe le souffle par sa beauté. Léonora y est merveilleusement représentée. Bien que nue et parfaitement détaillée, l’expression de pure bonté de son visage et ses immenses ailes blanches au reflet bleuté qui l’encadrent, inspire l’amour et non le désir.
Béatrice, inconsciemment, s’approche et pose ses doigts sur son aimée. Elle explore ce chef d’œuvre qui la fascine. Elle découvre que la peau laiteuse et soyeuse de l’ange est due à de l’encre. Elle s’étonne de ne ressentir ni les plumes, ni la chaleur de l’auréole.
C’est à ce moment qu’elle se souvient qu’il s’agit du dos de sa douce qu’elle touche ainsi, sans lui avoir demandé. Honteuse elle suspend son geste et se redresse, inquiète de la réaction de sa moitié. Cette dernière lui prend le visage à deux mains et l’embrasse, des larmes glissant le long de ses joues. D’abord inquiète et perdue, la brune finit par répondre au baiser si tendre et plein d’amour.

Léonora, essayant de contrôler ses larmes de joie :-"Vous ne me considérez pas comme un monstre."

Béatrice :-" Bien évidemment ! C'est ce qui t'a empêchée de regarder ton tatouage et d'accepter d'être avec moi tout de suite ?"

Léonora :-" Ce n'était pas conscient. Je pensais réellement tout ce que je vous ai dit. C'est en ressentant du soulagement devant votre visage émerveillé que j'ai compris que c'était cela ma véritable crainte."

Béatrice :-« Tu es mon âme sœur Léonora, je n’aspire qu’à vivre avec toi. »

Léonora :-« Moi de même. »
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MessageSujet: Re: 570   570 Icon_minitimeVen 21 Oct 2016 - 19:32

Chapitre 24

Le lundi matin, Béatrice a vraiment beaucoup de mal à quitter les bras de Leonora pour se préparer à aller travailler. En prenant sa douche, elle se dit que son boulot, bien que toujours important, l'est vraiment moins que d'être avec sa douce, pour simplement un petit câlin ou un gros bisou. Finalement, prendre un gérant ne sera pas si difficile, surtout que ce sera bien utile quand elle sera enceinte ou qu’elles voudront partir en week-end prolongé.
C'est avec cette pensée et un large sourire qu'elle sort de la douche. Elle découvre, alors, sa douce, nue, devant elle. Celle-ci l'embrasse amoureusement en lui passant une serviette autour du corps.

Leonora :-" Bonjours vous."

Béatrice :-" Bonjour toi, je t'ai réveillée ?"

Leonora, haussant les sourcils :-" Pas vraiment."

Béatrice :-" C'est vrai que tu n'as pas besoin de dormir."

Léonora :-" Non, mais je vais très vite en reprendre l'habitude. C'est vraiment très agréable d’être blottie contre toi."

Béatrice :-" Merci et je ressens la même chose moi aussi. Je pense que je vais me mettre rapidement à la recherche d'un gestionnaire pour faire la grasse matinée à tes côtés."

Léonora, tout sourire :-" Très bonne idée !"

Elles s'enlacent un instant.

Béatrice :-« Nous mangeons ensemble à midi ? »

Léonora :-« Avec grand plaisir, vous voulez pique-niquer à votre travail ou vous avez le temps de revenir ici ?"

Béatrice :-" Je vais prendre le temps de rentrer. Ce sont les fêtes après tout."


Grâce à l'insistance et au moyens financier de l'immortelle, cette dernière réussit à visiter six fois le château lors des quatre derniers jours de l'année. La première fois, les deux femmes sont seules avec l'agent immobilier pour jouer les acheteurs "normaux" mais aussi vérifier que leur enthousiasme de la veille n'était pas dû à la façon exceptionnelle dont elles ont découvert les lieux. Comme elles ont toujours autant envie d'y habiter, Leonora revient encore cinq fois mais accompagnée de presque cinquante experts. Au final, tous sont catégoriques, la demeure est saine, l'orangerie sera facilement transformable en musée, les crues exceptionnelles et la sécurité aisée à installer.
C'est pourquoi, début janvier, elles signent un compromis de vente incluant tout ce qui se trouve à l'intérieur de la demeure, la brune ayant craqué pour le mobilier et la bibliothèque. La châtaine assure, cependant, au vendeur qu'il lui est tout à fait possible de récupérer ses tableaux. Elle n'envisage pas une seconde de les conserver.

Après avoir passé le réveillon de la Saint Sylvestre avec Amarante et son fiancé puis déjeuné avec les parents de Béatrice le lendemain, Leonora emmène son amour à Genève. Elle lui fait, alors, visiter tout son musée ainsi que sa collection privée se trouvant dans son appartement. Celle-ci regroupe ses tableaux préférés mais aussi les pierres précieuses si extraordinaires par leurs dimensions et leurs pureté, qu'elles ne peuvent être vendues sans déclencher de questions trop indiscrètes.

S'en suit un mois de janvier excessivement bien rempli pour les deux amoureuses. Elles n’en oublient pas, toutefois, de passer du temps ensemble pour se découvrir, se connaître et apprendre à vivre l’une avec l’autre.

L'immortelle commence par aller à Anvers pour vendre le rubis.
Ensuite, pour la première fois de sa vie, elle se plonge dans les études, plus précisément dans l'histoire de l'art. Elle est parfois étonnée par ce qui est dit sur les artistes qu'elle a côtoyés. Cependant, elle décide d'adopter, pour son musée, le point de vue communément admis pour que le public puisse utiliser ce qu'il aura appris au cours de sa visite sans que personne ne lui dise qu'il se trompe. Elle fait cette entorse à la réalité d'autant plus facilement que pour elle, l'important, c'est l'émotion que l'on ressent en regardant une œuvre.
Elle fait plusieurs allers-retours en Suisse pour déterminer quels tableaux de sa collection elle va transférer et lesquels elle doit acquérir.
En parallèle, elle travaille avec l'architecte sur les plans du bâtiment et les aménagements de cette partie de la propriété pour accueillir du public et l'isoler du reste du domaine. Là, elle demande régulièrement son avis à sa douce.

Celle-ci au retour du week-end genevois s'attèle, en plus de son travail, au recrutement d'une personne pouvant la seconder et la remplacer. La valse des entretiens d'embauches et des périodes d'essai commence une semaine après mais hélas sans succès.
Heureusement, son amour grandit et se renforce, l'aidant à supporter cette frustration. Après seulement trois semaines de vie commune, elle est sûre et certaine d'avoir trouvé son âme sœur. Elle décide donc de la demander en mariage. Elle profite de l'un des voyages de son aimée à son musée, pour aller sur Paris et choisir une bague de fiançailles. Elle lui a emprunté un de ses bijoux pour connaître la taille de son doigt.
La semaine suivante, après avoir été cherché le solitaire, elle est déprimée.
Ayant admiré la collection extraordinaire de pierre précieuses de sa belle, elle a l'impression qu'elle sera ridicule en lui offrant un bijou si simple.
Elle pense, un temps, que le remarquable viendra du cadre dans lequel elle fera sa demande. Elle épluche tous les sites relatant les expériences des autres ou ceux listant les endroits romantiques mais rien ne l’enthousiasme réellement.
Après une nuit de réflexion, elle a l’idée de se pencher sur les coutumes de l’Italie du quinzième siècle pour le mariage.
Elle découvre, alors, que le fiancé offrait à sa promise deux coffres, appelés cassone, pour qu’elle y range son trousseau. L’article précise que Botticelli et d’autres grands peintres italiens en ont peint. Elle passe alors la semaine a appelé tous les marchands d’art français, anglais et italiens pour trouver une de ces pièces. Hélas, elle fait chou blanc.
Elle décide, donc,  dans faire fabriquer un. Elle contacte un ébéniste, meilleur ouvrier de France, pour la réalisation du meuble et une peintre de renom, Francine Van Horne, pour la décoration. Le romantisme du projet et leur généreuse rétribution enthousiasment les deux créateurs qui livrent une superbe réalisation le mois suivant. Le seul bémol est que c’est deux semaines après la Saint valentin.
Elle retarde d’une journée la livraison, pour que sa douce ne soit pas à l’appartement quand le coffre arrive. L’immortelle doit récupérer, à Paris, plusieurs toiles pour son musée.
Elle prend un jour de congé pour le réceptionner et tout préparer.  Les dimensions importantes du coffre, 1m60 de long, et son impatience, la pousse à faire sa demande, le soir même.
Ne pouvant rivaliser avec sa douce sur l’art culinaire, elle décide de faire simple.
Pour l’apéritif, elle prend les mêmes amuse-bouches que lorsqu’elles sont allées la première fois chez ses parents. Pour le repas, elle choisit un saumon fumé sauvage avec une salade verte et pour le dessert un vacherin glacé au cassis qu’elle a commandé dans la même boulangerie, et qui ressemble beaucoup à celui utilisé au cours du repas de mariage. Le tout est accompagné de champagne.
Elle remet la robe moulante de leur premier rendez-vous, se maquille et se coiffe avec soin. Elle est prête quand la porte d’entrée s’ouvre sur sa chérie qui, les bras chargés, bougonne en italien.

Léonora, en italien :-« Payer le même prix qu’un Poussin ou un Watteau, pour des agrandissements photographiques mis les uns à côté des autres, tout juste digne de panneau publicitaire, cela me dépasse ! »

Béatrice l’entendant râler, chose très inhabituelle, se précipite à sa rencontre.

Béatrice :-« Il y a un problème mon amour ? »

L’immortelle pose les toiles dans l’entrée, accroche son manteau dans le vestiaire et la prend dans ses bras pour l’embrasser.

Léonora :-« Non ma chérie, simplement, je ne comprends toujours pas l’engouement pour le pop art. »

Béatrice, avec un sourire bienveillant :-« La galeriste s’est encore pâmée devant l’œuvre d’Andy Warhol que tu lui as achetée, dédaignant les deux autres toiles ? »

Léonora :-« Elle a même dit qu’il était inadmissible que la côte du new yorkais soit si basse. J’avais envie de lui rétorquer que pour le temps que cela lui a pris pour faire ça, s’était encore bien trop cher. Mais je me suis retenue. J’aurais peut-être encore des toiles à lui acheter. »

Elles se câlinent quelques minutes, jusqu’au moment où le châtaine remarque la tenue de sa douce.

Léonora, inquiète :-« J’ai oublié que nous sortions ou qu’aujourd’hui nous fêtions quelque chose ? »

Béatrice, après l’avoir embrassée :-« Mais non, mon amour, tu n’as absolument rien oublié. Veux-tu prendre une douche avant de prendre un petit apéritif ? »

Léonora :-« C’est un minimum, si je veux être à la hauteur de ta beauté. »

Elles s’embrassent à nouveau puis l’immortelle s’éclipse. La brune sait qu’il ne faudra que cinq minutes pour que son amour soit prête. Elle a juste le temps de sortir le coffre, qui est posé sur des planches à roulette de déménageur, de la deuxième chambre pour le mettre dans la cuisine. Elle intercepte de justesse sa compagne en allant dans le séjour.

Béatrice :-« Viens ! Tout est déjà préparé. »

Elle lui prend le bras et l’installe sur le canapé.

Béatrice, feignant de chercher quelques choses :-« Oh ! Attends-moi quelques secondes, j’ai oublié un truc dans la cuisine. »

Elle revient en poussant son cadeau qui est caché par un drap blanc. Léonora est surprise.
La brune se met à genou devant elle.

Béatrice :-« Léonora, la première fois que je t’ai vue, j’ai cru être face à un ange. Tu m’as détrompée avec force et tu avais raison. Car depuis cet instant où j’ai eu l’immense plaisir de poser mes yeux sur ton magnifique visage, tu occupes mes pensées et fait battre mon cœur. Tu n’es pas un ange mais ma déesse de l’amour. Je sais que ta modestie va en souffrir mais c’est ma réalité. Ces quelques mois à vivre à tes côtés ont été tout simplement merveilleux. Maintenant que je sais que le bonheur c’est de vivre avec toi, il m’est impossible d’envisager mon existence sans ta présence près de moi.
Léonora, mon amour, veux-tu m’épouser ? »

L’immortelle ne lui laisse pas le temps de découvrir le coffre. Elle la saisit à la taille et la soulève jusqu’à elle pour l’embrasser avec passion. Elle essaie de lui transmettre tout son amour et sa reconnaissance par ce baiser. Cela dure aussi longtemps qu’elles le peuvent. Leurs joues sont ruisselantes de larmes de joie mais elles n’y font nullement attention. Elles sont seulement préoccupées à se noyer dans le regard de l’autre.

Léonora :-« Oh oui, j’accepte de devenir votre femme, Béatrice. Rien n’est aussi fondamental à mon existence que de partager votre vie, à part peut-être vous regarder dormir ou me réveiller dans vos bras. Vous avez redonné un sens au mot vivre. Je veux, de toutes mes forces, continuer à goûter au bonheur, de vous côtoyer et de vous aimer. »

Béatrice :-« Merci. »

Elles restent enlacées jusqu’au moment où la châtaine demande ce qui se cache sous le drap. La brune se lève, quittant à regret les bras de sa douce, et soulève le drap. Léonora reconnaît immédiatement le coffre comme étant un cassone.

Léonora, en se redressant pour venir admirer de plus près son cadeau :-« Comment savez-vous que c’est ce qu’on offrait à sa fiancée dans ma jeunesse ? »

Béatrice :-« Grâce à internet. »

L’italienne est à genoux pour scruter chaque détail de la peinture et du travail du bois. Elle ouvre le couvercle. Apparaît alors un nu de toute beauté, dans la plus pure tradition florentine, dont elle parcourt les formes du bout des doigts. Béatrice récupère l’écrin qui se trouvait au fond du coffre. Elle l’ouvre et le présente à son aimée. Celle-ci, étonnée, regarde la bague. La brune la prend et doucement la lui passe à son annulaire gauche.

Léonora, abasourdie :-« C’est quasiment ainsi que je rêvais, jeune fille, que mon prince charmant me déclare sa flamme. »

Béatrice :-« Tu ne pouvais pas me faire meilleur compliment. Que manque-t-il ? »

Léonora, souriant :-« Un cheval et une moustache. »



Un peu plus de trois mois plus tard, le samedi 25 juin dans le parc devant la mairie

La famille et les amis de la brune sont disséminés dans tout le jardin. Ceux ayant des enfants sont aux jeux, les autres attendent la venue des deux futures mariées assis sur un banc. C’est ce qu’ont fait les parents de Béatrice accompagnés de la grand-mère maternelle.

La grand-mère :-« C’est tout de même étrange qu’elles s’habillent toutes les deux, chez elles et arrivent dans la même voiture. »

La mère :-« Maman ! Je te l’ai déjà dit, c’est pour que Léonora ne soit pas avec des inconnus alors que Béatrice serait entourée de sa famille. Elles sont donc habillées, coiffée et maquillée par des professionnels, chacune dans une chambre. Et elles ont voulu être les premières à s’admirer pour la même raison. »

Le père :-«  C’est, aussi, pour cela que je ne peux emmener ma fille devant monsieur le maire. Elles y vont ensemble sous nos yeux ébahis. »

La grand-mère :-«  Cela ne vous chagrine pas un peu, mon gendre ? »

Le père :-«  Si bien sûr mais je comprends et approuve leurs façons de faire. »

La grand-mère à sa fille :-« En tout cas, ça y est ? Ton marathon des essayages s’achève. A partir de lundi, tu vas pouvoir te reposer. »

La mère :-« Oh oui ! Même si, en réalité, cela n’a duré que le mois de Mars pour le choix de la robe et celui de juin pour les essayages, j’ai eu l’impression de ne penser qu’à ça depuis qu’elles ont décidé de se marier. »

La grand-mère :-« Tu ne pouvais pas laisser ta future belle-fille seule dans un moment pareil. »

La mère :-« Bien sûr, elle est orpheline et sans réelle amie à cause de tous ses voyages humanitaires qu’elle a fait depuis qu’elle est majeure. En plus, ce n’est pas avec elle que cela a été le plus compliqué.
Pourtant j’ai eu un peu peur quand Béatrice m’a dit, après que je me sois proposée de l’accompagner, qu’elle voulait une robe typique de sa ville natale. Je me voyais déjà courir toutes les boutiques de la capitale à la recherche de cette perle rare, en plus dans des délais ridiculement courts. Mais pas du tout !
Elle nous a simplement emmenés à Florence avec un jet privé et ça les cinq fois. Je dois te dire que j’ai été bluffée. En la côtoyant, tu oublies tout à fait sa fortune. Le week-end précédent, elle était venue aider au déménagement d’Elodie, avec toute la famille. Elle a porté des cartons et participé au lessivage de l’appartement de la cousine de sa fiancée sans jamais rechigner. C’est même elle qui a préparé le pique-nique, un véritable délice. »

Le père :-« Tu sais, pour moi, le plus extraordinaire c’est qu’elle fait des missions humanitaires, depuis cinq ans et toujours dans des zones de conflit. Elle a vraiment le cœur sur la main. »

La mère :-« Oh, oui ! »

La grand-mère :-« Quand Béatrice est venue me la présenter, j’ai tout de suite vu que c’était une fille bien. »

Le père, avec un sourire :-« C’est parce qu’elle a fait la cuisine ! Ce que vous n’avez jamais aimé faire. »

La grand-mère :-« Dîtes donc, mon gendre, ce n’est pas parce que j’ai soixante-quinze ans que je ne peux pas te donner un coup de pied aux fesses. »

Le père :-« Oh je le sais bien c’est pour ça que j’en profite d’être assis. »

La grand-mère :-« Et alors, sa robe ? »

La mère :-« Elle est magnifique. Elle est en satin blanc rehaussée de volutes bordeaux. C’est un compromis, de toute beauté, entre la robe renaissance et celle de mariée actuelle. »

La grand-mère :-« Et celle de Béatrice ? »

La mère :-« Après des dizaines d’essais, elle a finalement pris la première qui lui avait tapé dans l’œil. Tu verras, elle lui va à ravir. Elle est simple en satin blanc cassé, près du corps et avec une traine. Leur thème est le blanc et le bordeaux. Or, depuis le début, Béatrice a précisé vouloir se marier en blanc, sûrement des réminiscences de ses rêves de petite fille. Leonora en a profité pour lui offrir un rubis en forme de cœur de cette couleur prétextant que c’était pour qu’elle soit en harmonie. »

Le père :-" Il est si gros, qu’avec votre fille, nous avons d’abord cru que c'était une fantaisie quand Béatrice est venue nous le montrer. C’est quand elle a dit en rigolant que l’avantage avec un rubis de cette taille, c’est qu’aucun voleur ne pensera qu’il s’agit d’un vrai, que nous avons compris notre méprise. »

La mère :-« Et nous n’avons pas été les seuls à nous être trompés. Béatrice l’a évidemment porté pour choisir sa robe. Mais devant passer la journée à arpenter les rues et les magasins, nous étions en jeans et basket, Béatrice avait tout de même pris la paire de talons hauts blancs qu’elle comptait mettre pour la cérémonie.
La deuxième ou troisième boutique où nous sommes rentrées était celle d’un grand créateur. La vendeuse, venue s’occuper de nous, était encore plus snobe que les clientes qui nous entouraient.
Elle nous prit tout de suite de haut, sûrement à cause de la tenue décontractée.
Après avoir essayé cinq robes trop compliquées, Béatrice en passe une pas trop mal mais avec encore trop de froufrous.
Devant notre manque d’enthousiasme, la jeune femme, excédée, lui aboya presque, qu’il était impossible de se rendre compte de la qualité de la robe en la portant avec ça. Elle montrait, dédaigneusement son bijou.
Ta petite fille, sans un mot, fait tomber sa tenue au sol. Ce qui était facile puisqu’elle ne tenait que par ses bretelles.
Elle l’enjambe et seulement vêtue de son soutien-gorge et de sa petite culotte, va se rhabiller dans la cabine d’essayage.
En sortant, elle jeta un billet de cent euros au pied de la vendeuse avec un « pour le dérangement » aussi hautain que le « bonjour » qui nous avait accueillies. Elle attendit qu’elle le ramasse pour se planter devant elle.
Elle lui a, alors, rétorqué qu’elle avait raison. L’exceptionnelle et la magnificence de son rubis tout droit sorti des mines birmanes, ne pouvait, effectivement, pas supporter la médiocrité quand bien même, elle serait l’œuvre d’un créateur de renom.
Nous sommes sorties et avons passé le quart d’heure suivant à évacuer cet incident en cassant du sucre sur le dos de la vendeuse et sur les six modèles essayés. »

Le père :-« Ma fille a du caractère et de la classe. Je suis fière d’elle. »

La grand-mère:-" Vous avez raison mon gendre ! En tout cas, je suis impatiente de voir mes deux petites filles, elles ont l'air magnifique."

La mère:-" Elle le sont."

Amarante vient d’arriver avec Jean à son bras. Elle est en tailleur Dior bordeaux. Voyant les parents de son amie, elle vient les saluer.

Le père :-" Bonjour les jeunes mariés ! Alors cette première semaine de vie maritale ? "

Amarante :-" Nous l'avons passée à écrire des remerciements à tous ceux qui sont venus."

La mère :-" D'ailleurs, nous avons reçu votre carte et nous avons trouvé très belle la photo de vous deux."

Amarante :-" Merci et cela tombe bien, Béatrice a pris le même photographe."

La grand-mère :-" En tout cas félicitations pour vous deux."

Amarante et Jean :-" Merci."

Le père :-"Nous n’avons pas pu vous demander, samedi dernier mais vous partez en voyage de noces ? »

Amarante :-" Oh oui ! Mais nous ne faisons pas comme Béatrice et Léonora un demi-tour du monde. Nous allons plus simplement faire une croisière en méditerranée qui nous permettra de visiter plusieurs villes sans trop me fatiguer. »

La mère :-« Cela semble un bon compromis. Jean, cela ne va pas être trop dur d’être éloigné si longtemps des chevaux ? »

Jean :-« Oh non ! En plus je pense arrêter les compétitions l’année prochaine. »

Le père :-« Vous ferez quoi alors ? »

Amarante :-« Il m’aidera pour la gestion de mon centre équestre et de ma fondation pour la recherche sur la sclérose en plaque. »

La mère :-« Béatrice m’a dit que tu as hérité d’une somme conséquente d’une tante du côté de ta mère. C’est vraiment généreux de l’utiliser pour une telle fondation. Beaucoup se seraient contentés de la dépenser. »

Amarante :-« Vous savez, c’est complètement intéressé. Plus la recherche fait de découvertes importantes sur la SEP, meilleur sera mon espérance de vie. »

Le père :-«  En tout cas, la journée est belle et chaude. L’après-midi dans le parc du château va être très agréable. »

La mère :-«  Surtout qu’une immense tente est prévue pour nous protéger du soleil. En plus des jeunes filles et de nombreuses animations sont organisés pour occuper les enfants. Ainsi nous seront tranquilles. »

Amarante :-« Et nous allons avoir un repas digne d’un restaurant italien quatre étoiles. »

La grand-mère :-«  Ah bon ! »

Jean :-«  Oh, oui ! C’est Léonora qui a cuisiné. Elle s’est occupée du repas de notre mariage et jamais je n’avais aussi bien mangé. »

Le père :-« Tout était absolument exquis. »

La grand-mère :-« Mais c’est son mariage elle ne doit rien faire ! »

Amarante :-« C’est sa façon de remercier ses invités. »

La grand-mère :-« Mais comment a-t-elle pu tout préparer et se pomponner pour la cérémonie ? »

Amarante :-«  Vous savez, pour notre mariage, elle a réussi à faire seule, un repas complet pour deux cents personnes et là nous ne sommes qu’une cinquantaine. »

Le portable de la rousse sonne. Elle décroche, parle quelques secondes avant de raccrocher.

Amarante :-«  Elles arrivent. Il est temps de rentrer dans la salle des mariages. Nous vous laissons pour prévenir les autres. »

La mère de Béatrice entre la première dans la pièce, encore vide, avec son mari et sa mère. Elle est suivie par ses deux frères et leur famille. Les deux sœurs de son époux arrivent, accompagnées de leurs tribus, au moment où elle s’assoit.
Entre, alors, une femme d’une quarantaine d’années, mal à l’aise dans son tailleur et avec ses talons hauts, accompagnée d’un homme aussi grand qu’elle est petite, habillé d’un costume noir. Ils ont avec eux deux garçons, des adolescents de 17 et 15 ans et une jeune fille de 11. Ils s’asseoient le plus discrètement possible au fond de la pièce. La grand-mère les a pourtant vus.

La grand-mère :-« Qui est cette famille qui vient de rentrer ? »

La mère :-« C’est Nathalie, son mari et ses trois enfants. C’est la gérante de l’entreprise de Béatrice. C’est une perle. Elle a beaucoup d’humour et est très efficace. »

Le père :-« C’est vraiment une chance que Béa l’ai trouvée. J’ai eu l’occasion de lui parler, elle est compétente en matière de gestion. En plus, comme c’est aussi une infirmière, elle sait ce que c’est que le travail d’aide à domicile ou faire une toilette. »

La mère :-« C'était la chef de service de Béatrice quand elle travaillait à l'hôpital."

Jean et Amarante entrent à leur tour et se mettent à la place des témoins.

La marche nuptiale de Lohengrin de Richard Wagner commence alors. Les deux splendides mariées apparaissent et remontent l’allée jusqu’au maire. Tous sont muets d’admiration. Les femmes ont la larme à l’œil et les hommes une boule dans la gorge par l’émotion.


Les jeunes mariées partent, le lendemain, pour six mois en voyage de noces. Elles visitent les continents américain et océanique. Elles essaient de tout voir, l’extraordinaire comme l’indigne, les plus beaux paysages comme les bidonvilles. Au final, c’est, surtout, un merveilleux moment rien que toutes les deux. Mais il est vrai que les souvenirs qu’elles se firent, alors,  alimenteront leurs conversations toute leur vie.
Elles reviennent pour les fêtes de Noël qu’elles organisent pour toute leur famille, chez elles.


20 mai 2017, 8 heures du matin.

Béatrice est dans leur salle de bain, Léonora dans leur chambre mais elles poussent, ensemble, le même cri de surprise et de joie « Amour ! »

L’immortelle, beaucoup plus véloce, pénètre dans la salle d’eau avant que la brune n’ait bougée. Elles se regardent, les yeux brillants d’émotion. Incapables de parler, elles se montrent ce qu’elles ont dans leur main respectives mais l’autre ne comprend pas plus. C’est, comme toujours, l’ancienne infirmière qui parle en premier.

Béatrice, en montrant son test de grossesse :-«  Je suis enceinte ! »

Léonora, en montrant sa brosse à cheveux :-« J’ai deux cheveux blancs ! »

Béatrice, au comble du bonheur :-«  Nous allons vieillir ensemble ! »

Léonora, un sourire jusqu’aux oreilles :-«  Nous allons être mamans ! »

Elles s’enlacent et s’embrassent heureuses et comblées.


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