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 Hanna - Aerin

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YulVolk
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MessageSujet: Hanna - Aerin   Hanna - Aerin Icon_minitimeMar 17 Juin 2014 - 21:44

Pseudo de l'auteur : Aerin

Nombre de chapitres : 1


Rating de l'histoire : G
Genre de l'histoire : Dramatique

Résumé de l'histoire :  Les derniers moments d'Hanna et d'Aurore, courte histoire d'un combat contre la maladie qui touche à sa fin. Flashbacks, vie au présent...

Remarques diverses : Nouvelle un peu inspirée par la bande dessinée "Le Bleu Est Une Couleur Chaude" de Julie Maroh.  


Terminée et Corrigée


Dernière édition par YulVolk le Mar 22 Juil 2014 - 20:33, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Hanna - Aerin   Hanna - Aerin Icon_minitimeMar 17 Juin 2014 - 21:52


8h47

Hanna avait toujours refusé de se faire soigner à l'hôpital, même lorsque sa maladie s'était aggravée. L'hospitalisation était nécessaire, elle était en phase 3, mais après sa greffe de moelle osseuse, elle aussi nécessaire, Hanna avait réussi à obtenir des soins à domicile.

En ce moment, elle dort paisiblement, comme si la maladie était absente. Aucune trace de douleur ou de souffrance sur son visage.

Je suis réveillée depuis au moins une bonne heure et je contemple Hanna. Ces derniers jours, je la sens plus faible, plus pâle. Les moments où elle repousse le mal qui la ronge au fond d'un tiroir se font rares. Je la sens s'éloigner sans rien pouvoir faire pour la maintenir dans la réalité. Les années que nous avons vécues ensemble, heureuses et sans problèmes, semblent loin maintenant. Par moment, je retrouve dans son regard la Hanna qu'elle a été autrefois, pleine de vivacité et souriante. Je me suis jurée de ne jamais la laisser, mon amour pour elle est trop grand et je veux l'accompagner jusqu'au bout.

Plus le temps passe, moins elle parle. Elle s'enferme dans sa bulle, les yeux dans le vide. Cependant, il suffit d'une caresse, d'un baiser, pour que je la ramène près de moi.

Certains matins, elle se réveille plus forte, l'espoir montre le bout de son nez et ces journées-là s'annoncent rayonnantes. Elle veut sortir, aller au parc, contempler l'eau. Elle sort mais fuit l'agitation. Je l'accompagne et lorsque sa main glisse dans la mienne, je retrouve les sensations du début de notre relation. Nous nous asseyons, et pendant des heures nous restons ainsi, nos pensées s'échappent, nous discutons de tout et de rien.

Les conversations portant sur l'avenir sont rares. Nous savons toutes deux que nous ne pouvons pas prévoir grand-chose. Le médecin nous a dit que sa maladie, l'anémie aplastique de Negli, se soigne mais qu'elle est quand même mortelle.

Hanna n'a rien voulu me dire concernant les détails de cette maladie, sans doute pour m'éviter du chagrin et de la souffrance. Elle a demandé au médecin de ne rien me dévoiler non plus. Mais je ne pouvais rester dans l'ignorance et j'ai commencé à me documenter.

J'ai appris que l'anémie aplastique est le fait que le corps ne produit plus de globules rouges. Il existe trois stades. Lors du premier, on constate une légère diminution des cellules sanguines. Le traitement consiste en des transfusions de sang mensuelles. Si cela ne fonctionne pas, le manque de globules rouges se généralise, c'est la deuxième phase. La troisième phase demande une hospitalisation et une greffe de moelle osseuse, ainsi qu'éventuellement l'ablation de la rate.

Lorsque Hanna a appris qu'elle était malade, elle se trouvait entre les phases 2 et 3, ce qu'on appelle le rebroussement. Avait alors suivi un traitement intensif et long, aussi fatigant pour elle que pour moi. Le médecin nous avait précisé que, comme toute maladie, l'anémie peut provoquer de nombreuses réactions émotionnelles chez la personne atteinte, ainsi que chez son entourage, dû au stress provoqué par la maladie et les traitements médicaux. Les attentes souhaitées n'étaient pas arrivées.

Le troisième stade avait commencé. Elle avait trente-quatre ans, la greffe de moelle osseuse était recommandée pour les personnes de moins de trente ans. Mais le médecin avait précisé que si un donneur se manifestait il procèderait à la greffe si son état chutait.

Je la regarde toujours, plongée dans le sommeil, et pense qu'elle a eu de la chance que la greffe réussisse. On a eu de la chance. Le risque zéro du rejet du greffon n'existe pas et jusqu'à ces derniers jours nous ne savions pas le résultat de l'opération.

Je sens qu'aujourd'hui va être une de ces fameuses journées où Hanna repousse la maladie, où elle se sent plus forte.

Elle bouge dans son sommeil.


Octobre.

Son visage est près du mien. Comme à mon habitude, je me suis réveillée plus tôt et je la regarde dormir. Je ne peux m'empêcher de passer mes doigts sur sa joue. Elle frémit sous ce contact mais ne se réveille pas pour autant. Nous avons une journée chargée aujourd'hui et le luxe de traîner au lit n'est pas possible. Le soleil a fait son apparition dans la pièce plusieurs minutes plus tôt et je décide qu'il est temps de réveiller Hanna.

Je me penche vers elle pour déposer un léger baiser sur son épaule tout en laissant ma main glisser le long de son dos.

Elle émerge lentement des bras de Morphée et vient se réfugier dans les miens. Elle marmonne un bonjour en m'embrassant dans le cou puis relève la tête vers moi.

Elle me regarde de ces yeux verts si intenses, qui me font fondre comme toutes les fois où elle me lance ce regard. Puis elle m'embrasse en souriant de plus belle, ayant deviné que je cèderais à ses avances.

Oh, et puis tant pis, nous avons bien le droit à une pause tendresse avant de commencer réellement la journée
.


9h05

Ce mouvement annonce son réveil. Elle se tourne vers moi, sans ouvrir les yeux.

Je la laisse se réveiller, caressant seulement son bras du bout des doigts. Elle ouvre un œil, me regarde. Elle a ce petit sourire qui me prouve que je ne me suis pas trompée : aujourd'hui sera une bonne journée, elle va bien.

Je lui souris à mon tour. Elle me regarde pendant de longues minutes, savourant le simple plaisir de se réveiller aux côtés de l'être qu'elle aime.

Mon sourire s'agrandit. Je pense que j'ai bien fait de préparer en avance cette journée. J'ai envie de lui faire plaisir, de goûter à ce sourire toute la journée. J'ai longuement réfléchi à ce qui pourrait lui faire oublier ces dernières semaines, ce qui pourrait la faire se sentir pleine et vivante. J'ai envie de la voir plusieurs heures durant sourire, avec de la vie dans les yeux, sans qu'un nuage sombre ne vienne obscurcir son plaisir. Je vais l'emmener voir la mer. Nous sommes en février mais tant pis pour les températures, la mer est toujours belle. Elle n'est qu'à trois heures de route de chez nous et nous n'y sommes pas allées aussi souvent que nous le souhaitions.

Hanna se rend compte que je souris plus que d'accoutumée et me demande pourquoi.

" Je me trompe, ou tu es dans une de ces journées où la maladie te laisse un peu de répit ? " lui demande-je. Elle ne répond pas tout de suite, me regardant avec une lueur vive dans les yeux.

- Aurais-tu une idée en tête ? demande-t-elle, avec son regard qui me fait comprendre qu'elle souhaite une chose bien particulière.

- Et bien, dans l'immédiat oui. Mais j'ai aussi une idée qui s'étendrait au reste de la journée.

- Et quelle est cette idée ?

Je lui explique alors que c'est une surprise. J'ajoute qu'elle ne sera pas déçue, sachant très bien qu'elle n'aime pas les surprises. Pendant quelques minutes, elle essaie de me soutirer des informations sur cette journée et les moyens qu'elle utilise sont tout sauf légaux et je finis par céder à ses avances. Sans rien lâcher de mon scénario pour aujourd'hui.

Hanna comprend que je ne dirai rien et lorsqu'elle devine que je veux en revenir à la première idée qui me trottait dans la tête, elle vient se coller contre moi.

Sa bouche vient facilement à l'encontre de la mienne et nos corps fusionnent. Je la prends dans mes bras et il n'y a plus de vide entre nos deux corps. Nos peaux s'électrisent sous les caresses, les baisers. La pièce s'emplit d'un plaisir difficilement contrôlable et je suis heureuse que la journée commence si bien, ne songeant plus qu'au bonheur que me procure Hanna.


Novembre.

Les températures d'été ont laissé la place à celles plus rudes de l'hiver. Hanna et moi nous promenons dans les rues piétonnes, épaule contre épaule. De temps en temps nous nous arrêtons devant une vitrine, observons les mannequins derrières les vitres. Et nous rentrons dans le magasin si celui-ci nous plaît.

Une heure plus tard, nous avons fini de déambuler parmi les badauds. Hanna est partie chercher un vin chaud au stand qui reste fidèle aux mois de novembre et décembre de chaque année.

Je l'observe de loin et ne peux m'empêcher de la trouver magnifique. Voilà bientôt deux mois que nous sommes ensemble et le désir est toujours présent comme au premier jour. De la fumée glisse sur ses lèvres lorsqu'elle dit au revoir à l'homme qui tient le petit stand. Elle revient vers moi. Elle s'appuie à mes côtés contre le mur et nous goûtons en silence le breuvage qui nous brûle les mains et le palais. Mais c'est si bon.

Nous regardons passer les gens sur la place, marchant vite pour chasser le froid mordant de cet hiver qui commence fort. Quelques personnes nous arrachent des sourires malgré elles.

Hanna a fini son verre avant moi et s'en débarrasse en le jetant dans la poubelle. Puis elle vient contre mon épaule et contemple encore un peu les passants. Je bois la dernière gorgée de mon vin chaud et sitôt fait, Hanna se tourne vers moi et m'embrasse. Nous n'avons pas peur des regards des autres, si ce geste quelconque les gêne qu'ils détournent les yeux et gardent leurs remarques pour eux. Je rends son baiser à la femme avec qui je veux partager ma vie et goûte à nouveau au vin chaud par l'intermédiaire de ses lèvres.



10h37

Hanna a tenu à emporter un pique-nique, même si elle ne fera que grignoter. Après nous être levées, avoir déjeuné, nous être préparées et rassemblé le peu dont nous avions besoin nous prîmes la route.

Hanna dort, confortablement installée côté passager. La musique tapisse le silence. Comme à chaque fois que nous faisons un long trajet, ce qui ne nous était pas arrivé depuis longtemps, Hanna a emporté de la musique. A peine avions nous quitté le village, qu'elle branchait son mp3 et la musique emplit la voiture. Mais cela ne nous empêcha pas de parler durant la première demi-heure. Puis la fatigue était revenue et Hanna avait sombré dans le sommeil. J'avais alors baissé le volume de la musique.

La voix de V.V. Brown, l'artiste qui passe en ce moment, accompagne mes pensées.

Je pense déjà au sourire qui naîtra sur les lèvres de ma bien-aimée lorsque nous serons arrivées. Elle n'avait reposé aucune question concernant notre destination et le fait qu'elle se soit endormie m'aidait à maintenir l'effet de surprise. Avec un peu de chance elle ne se réveillerait pas avant notre arrivée.

Je tourne la tête un court moment dans sa direction pour la regarder. Je ne m'en lasse pas. Cependant je ne peux m'empêcher de la trouver pâle. Rien d'étonnant en effet, sa maladie lui avait déjà fait perdre quelques couleurs. Suite à la greffe, sa peau avait retrouvée une teinte plus chaude, signe que son corps n'avait pas rejeté le greffon. Mais depuis deux jours, elle était redevenue pâle.

Je me rappelai malgré moi, les premières semaines qui avaient suivies la nouvelle de sa maladie. Ça n'avait pas été facile, l'ambiance avait souvent été tendue. Je faisais de mon mieux pour l'aider, faisant en sorte qu'elle se sente bien. J'avais quitté le poste que j'occupais au sein d'un journal important de la région et elle n'avait pas accepté tout de suite ce fait. Mais le temps passait et elle me remerciait en silence d'avoir fait ce pas et d'être près d'elle jour après jour. Nous avions eu une discussion mouvementée un soir, elle nous avait permis de faire le point de ce que l'on ressentait et suite à ceci, l'atmosphère s'était adoucie. Hanna avait accepté que je l'aide plus qu'elle ne l'aurait voulu, elle qui avait toujours refusé une trop grande dépendance dans le rapport à l'autre. De mon côté, j'avais compris qu'elle avait parfois besoin d'être seule. Les premiers jours, elle me soupçonnait de ne rester que par pitié et m'avait plusieurs fois poussée à sortir pour rencontrer quelqu'un d'autre et finir par l'oublier. Puis elle avait compris que le fait qu'elle soit malade ne changeait rien à mes sentiments. Quelques temps plus tard, nous nous étions installées ensemble, dans notre propre petit studio.

Cela avait été dur, mais nous avions réussi à vivre avec sa maladie, à l'intégrer dans notre quotidien.

Je reviens au présent, chassant ces pensées et je me concentre sur les paroles d'un chanteur que je ne reconnais pas. La route défile, il n'y a pas grand monde, nous serons vite arrivées.

Au fond de moi j'ai peur. Et je ne sais pas d'où me vient cette peur si forte que je n'ai jamais ressentie.


Décembre.

Pour échapper au froid de ce dernier mois de l'année nous restons calmement au chaud chez nous. Nous avons tenté le cinéma mais les salles de celui de notre village n'étaient pas chauffées et nous avons décrété que rester chez nous serait le mieux.

Hanna me regarde du coin de l'œil et c'est seulement lorsque je relève la tête que je le remarque. Elle semble pensive, mais me sourit. Elle écrit beaucoup ces temps-ci. Elle m'a demandé de faire de la cuisine. Son plat préféré. Elle se lève, me rejoint et s'appuie contre l'évier, à côté de la gazinière.

- Ça sent rudement bon. Je vais me régaler.

- J'espère bien, réponds-je en lui rendant son sourire.

Elle vient se coller contre mon dos. Je dois juste me concentrer sur la cuisson et ce contact me fait du bien.

- On est bien toutes les deux là. C'était une bonne décision que de s'installer ensemble.

Je me retourne, baissant un peu le feu de la gazinière et passe mes bras autour de son cou.

- La prochaine étape c'est la maison et les enfants, dis-je en riant.

- Tu en voudrais combien ?

- Je n'y ai jamais bien réfléchi… Commençons par un.

Elle rit à son tour, caresse ma joue.

J'adore ces petits moments.

J'aime sentir ce bonheur qui m'inonde toute entière.

J'aime son sourire, ses yeux qui me dévorent.

Je ne pourrai plus me passer de sa présence. Je sais que c'est avec elle que je veux avancer dans la vie, avec qui je veux la partager.



13h20

Je vois Hanna bouger. Elle se réveille, s'étire. Elle tourne sa tête vers moi, sourit. Puis son regard se porte à l'extérieur de la voiture et son visage s'illumine quand elle reconnaît l'endroit où nous nous trouvons. Encore quelques minutes et nous serons face à la mer. Ses doigts viennent caresser ma joue, elle murmure un faible " merci… " et se replonge dans la contemplation des paysages qu'elle affectionne tant.

Nous voilà au bord de mer. Je m'arrête derrière une butte de sable. Hanna descend précipitamment de la voiture, vient ouvrir ma porte et m'entraîne à sa suite sur le sable. Je ne l'ai jamais vue aussi énergique depuis avant et ça me rend heureuse.

Le vent souffle. Nous arrivons juste au bord de l'eau, les petites vagues s'arrêtent à nos pieds. Hanna laisse son regard glisser sur l'eau. Je regarde autour de moi. Nous sommes seules, ce coin nous appartient pour la journée.

Puis j'entends le souffle de Hanna, qui va un peu trop vite, et me tourne vers elle. Je suis rassurée de voir qu'elle est toujours debout mais je l'interroge quand même pour savoir si tout va bien.

- Ça va passer, répond-t-elle en m'attirant contre elle. Merci encore une fois de m'avoir emmenée ici.

- Je sais que tu adores cet endroit et c'était le meilleur moyen de se changer les idées.

Elle m'inonde à nouveau de son magnifique sourire. Et je l'embrasse, tant pis si ça fait cliché.

Ici, on est bien, loin de tout, loin des problèmes.


Décembre.

Hanna avait semblé plus faible et plus pâle que d'habitude ce matin-là. Les forces semblaient lui manquer. Ses yeux avaient coulé et elle avait saigné du nez.

Je l'avais emmené chez le médecin qui l'avait auscultée et effectué un prélèvement de sang.

Une semaine plus tard, nous revoilà dans son bureau. M. Mercier nous a demandé d'attendre un moment dans cette pièce que je déteste déjà, pressentant un mauvais événement.

Je ne me suis pas trompée. Plus le médecin parle, plus je sens la main de Hanna serrer un peu trop fort la mienne. Il ne détaille pas grand-chose mais nous fait comprendre qu'elle est atteinte d'une maladie grave. Il essaye de nous rassurer. Je n'arrive pas à me concentrer sur ses paroles. Je devine ce que peut ressentir Hanna. Ma main la retient, je suis son seul lien avec la vie.

Elle me l'avait dit elle-même. Et même si sur le coup le ton semblait trop tragique, il ne faisait qu'annoncer ce qui arriverait par la suite.



14h00

Elle est retournée au bord de l'eau après avoir mangé un peu. Je la rejoins tranquillement, heureuse de cette belle journée. Une journée comme on en avait pas eu depuis longtemps.

Je souris en approchant de Hanna.

Mais arrivée à sa hauteur, je me fige. Dans un premier temps, je n'ose pas me retourner vers elle. Le rythme de cette respiration, je l'ai entendu trop de fois pour me tromper sur sa signification. De loin, je n'avais pas remarqué sa position, légèrement penchée en avant. Je me place face à elle, redresse son visage et découvre des larmes silencieuses qui roulent sur ses joues. Son nez saigne.

- J'ai mal, articule-t-elle avec difficulté.

Je sais très bien ce qui est en train de se passer. Lors de sa dernière rechute, c'était pareil. La pensée que le prochain stade est enclenché me percute. Mais je réalise que le dernier stade était déjà arrivé. La greffe qui avait fonctionné, l'opération qui avait réussi. Son corps rejette le greffon, j'en suis persuadée, le médecin nous avait prévenu que le rejet pouvait intervenir plus longtemps après qu'on ne le pensait et que nous ne pouvions être sûrs de rien les semaines suivantes.

Je saisis Hanna, passe mon bras autour de sa taille pour la ramener à la voiture et l'emmener à l'hôpital de la ville où nous sommes.

J'entends son souffle rauque, comme si elle venait de fournir un effort considérable.

Je repense à tout à l'heure, où je trouvais qu'elle reprenait sa pâleur des premiers jours.


Janvier.

Nous sommes dans les bras l'une de l'autre. La soirée que nous avons passée s'était terminée en beauté. Même si le traitement de Hanna l'affaiblissait un peu, je l'avais trouvée en pleine forme la veille au soir.

Pour une fois, Hanna s'est réveillée avant moi et m'a tiré du sommeil en m'embrassant tendrement.

Je lui souris, caresse sa joue, descends mes doigts sur son cou.

- Imagine que ton traitement fonctionne.

- Imagine que je veuille passer le rester de ma vie avec toi, que ce rêve devienne réalité.

- Mais nous le commençons juste ce rêve, il ne s'arrêtera pas.

Je l'embrasse à mon tour et nous nous laissons aller à nos désirs, retrouvant l'alchimie que nous avons partagé toute une partie de la nuit.



14h10

Il y a une énorme agitation tout autour, je crois qu'on me fait allonger. Je sens la main d'Aurore dans la mienne. Elle se penche vers moi, dépose un baiser sur mon front. Ses lèvres sont si douces. Je l'entends qui me dit qu'elle sera là, qu'elle m'attend. Je le sais qu'elle va m'attendre. Depuis le début elle a été là pour moi, elle a tout fait pour nous, pour que tout se passe bien, j'ai pu compter sur elle, elle sera là pour moi après, et elle fera encore plein de choses pour moi, pour elle et pour nous. Malgré la maladie, elle est restée et j'ai résisté grâce à son amour et sa présence.

Je me sens partir, ça se brouille autour de moi, mes yeux ont du mal à rester ouverts. J'arrive à croiser son regard, je tente un sourire qu'elle me rend. Je murmure " je t'aime, je reviens ". J'entends ma voix mais ne la reconnais pas. Aurore me répond " je t'aime ", sa main serre une dernière fois la mienne, trop fort je trouve. Puis je sens qu'on m'entraine loin d'elle, nos mains se lâchent.

Je me souviens des paroles que j'avais prononcées dans le cabinet du médecin. J'ai peur soudain loin d'elle, il faudra que je pense à la remercier d'être là pour moi.


Juillet.

Je n'ai pas réussi, comme le souhaitait Hanna, à me lier avec quelqu'un d'autre. Je suis pourtant sortie. J'ai un ami sur qui je peux compter. Mais je n'ai pas réussi à repartager ma vie avec une autre femme, j'ai laissé l'amour dans un placard.

Ses dernières paroles, son dernier regard me reviennent tous les matins quand je me retourne vers son côté et que je découvre que le lit est vide.

J'ai tout essayé, mais nos souvenirs, je ne peux les oublier.

J'ai toujours sa voix dans ma tête, je sens toujours son regard sur moi, je crois sentir son odeur autour de moi parfois.

J'aurais voulu qu'elle revienne. Qu'elle me revienne.

J'avais prévu cette dernière journée pour elle, pour moi, pour nous.


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